Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Le Rat Blanc - Par BenF
Alan Whitman est professeur d’université, marié à Isabel et père d’une jeune Sally. Avec sa mentalité d’appartenir à la classe blanche moyenne, il vit bourgeoisement près de Londres, en sa maison de banlieue. Mais des menaces s’accumulent avec les désordres en Afrique, fomentés par les Chinois qui font éclater là-bas une dizaine de bombes atomiques provoquant la mort de millions de personnes. Les survivants – et il en reste !- émigrent vaille que vaille, délaissant leur continent agonisant pour l’Europe, plus particulièrement pour l’Angleterre. Les premières arrivées, sur des bateaux pourris, seront suivies avec intérêt par les Anglais et des associations de bienfaisance se portent au-devant des Noirs pour les accueillir :
« Nous les considérions avec une fascination mêlée d’angoisse. Il y avait des hommes, des femmes et des enfants. La plupart d’entre eux étaient dans un état d’inanition avancée : des membres squelettiques, un ventre gonflé, distendu, des yeux hagards dans un visage creux, et, chez les femmes, une poitrine plate, des seins tombants, translucides, attiraient les regards. La plupart étaient nus ou presque. Les enfants n’arrivaient pas à se tenir debout. Ceux que personne ne voulait porter restèrent sur le bateau.»
Cela dure peu de temps. L’arrivée continuelle des Africains (les « Afrims ») remet en cause l’équilibre sociale du pays. L’invasion pacifique sera prise très au sérieux mais divisera la population anglaise en deux camps, ceci jusque dans les rangs de la police et des forces militaires. Les «Sécessionnistes » appuient les Afrims et les arment dans leur désir de s’implanter sur le territoire anglais. Les «Nationalistes», émanation du nouveau gouvernement d’extrême-droite du président Treghar, les combattent violemment. En cette guerre civile d’un nouveau style, d’un côté comme de l’autre, les exactions sont nombreuses et horribles, le plus grave étant que les Afrims et leurs amis conquièrent pouce par pouce les villages et villes de Grande-Bretagne, s’appropriant les maisons, tuant ou jetant sur la route des centaines de milliers d’Anglais légitimes.
Whitman et sa famille feront partie des spoliés. Sales et crasseux, ils vivront d’expédients, tandis que leurs conditions empirent au fur et à mesure. Leur voiture, prise immédiatement d’assaut, leur a été volée. Dans leur errance, ils constatent la dégradation des niveaux de vie qui entraîne une dégradation morale. Whitman, se souvenant de la manière dont il a conquis Isabel, se rappelle aussi de sa frigidité et de sa mauvaise humeur. D’un commun accord, le couple décide de se séparer, Sally restant avec son père. Whitman, après une rencontre avec une bande de Blancs tirant des chariots, décide de se joindre à eux, faisant confiance au chef, un dénommé Lateef qui, en homme avisé, prend les décisions pour l’ensemble du groupe. Grâce à un fusil trouvé dans des décombres, il deviendra même le bras droit de Lateef. Le groupe doit être très prudent pour éviter les embuscades des Afrims ou les traquenards des Nationalistes, se terrant parfois dans les bois ou négociant leur passage.
Un jour, Whitman menacé par des Afrims, se vit enlever Sally dont il connaît d’avance le destin : soit assassinée en peu de temps, soit mise au travail dans le grand bordel collectif noir de la banlieue londonienne. Quittant Lateef, il tente de retrouver Sally en se dirigeant d’abord vers la côte. Totalement clochardisé, il eut cependant la bonne fortune de se refaire une santé dans un village, sorte d’enclave fortifiée où, grâce à une discipline de fer, les habitants vivaient comme à l’habitude, essayant d’oublier coûte que coûte l’immense désastre du déclin de la société européenne. Le désir de retrouver Sally revenant en force, Whitman quitte le village, cheminant le long de la plage vers une concentration afrim où il espère avoir des nouvelles fraîches. Celles-ci lui parviendront plus vite que prévues sous la forme de deux cadavres souillés de pétrole, disposés sur le sable : les deux corps d’Isabel et de Sally :
« Tandis que je marchais, mes pieds s’enlisaient continuellement dans les plaques de goudron qui recouvraient les galets. Les corps étaient à peine visibles de loin ; si je n’avais pas su qu’ils étaient là, je les aurais confondus avec les larges taches d’huile figée ; Il y en avait dix-sept tous noirs. Ils étaient nus et à l’exception d’un seul, c’étaient des corps de femmes. La noirceur de leur peau n’était pas due à l’huile de la plage ou à la pigmentation naturelle, mais à de la peinture ou de la poix. J’errai parmi eux et ne tardai pas à découvrir Isabel et Sally. »
Alors qu’il était disposé à déposer ses armes et à se soumettre à son destin, cette vue ranime en lui toute la haine dont il est capable et le fait basculer dans la résistance aux Afrims. Il s’enfonce à l’intérieur des terres anglaises…
Sans aucune fioriture littéraire, en flash-back permanents et par le montage alterné des épisodes, Christopher Priest nous fait part du désespoir vécu au quotidien d’un être médiocre à travers l’évocation forte d’une inquiétude contemporaine largement partagée par d’autres auteurs comme Jean Raspail dans son « Camp des saints » , par exemple.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 565 vues
-
Le Jour Se Leve - Par BenF
« Les têtes nucléaires tournoyaient haut dans le ciel, et le fracas de leur passage ébranlait la montagne. »
Le survivant avait tout prévu : un abri blindé, des vivres, le costume de protection (rarissime) qui lui permettrait de sortir aussitôt le forfait accompli. A l’aube, il voulut savoir et émergea de son abri :
« Au bout d’un moment le brouillard se dissipa et il put contempler le paysage. Des arbres jaunes et de l’herbe jaune, se découpant sur un ciel jaune dans lequel se tordaient d’immenses nuages ».
En butant contre les restes pitoyables de la société de consommation – kleenex, listes d’achats froissées, chaussettes de nylon- , il progressa le long des rues :
« Il avait du mal à suivre un trajet régulier, car les rues étaient encombrées de véhicules détruits et les trottoirs souvent barrés par des poutres ou des façades entières d’immeubles écroulés. »
Au loin, sur une colline, il aperçut le bâtiment fédéral. De là-haut, la vue devait être magnifique. Il fallait y parvenir. Mais :
« Il savait qu’autour de lui, dans le noyau de la cité, se trouvaient d’autres êtres, certains accomplissant des actes de pitié, d’autres portant héroïquement secours. Mais il les ignora tous, car ils étaient morts à ses yeux. Quelques-uns d’entre eux le hélèrent, mais il poursuivit son chemin sans les écouter, sachant que leurs paroles n’étaient que des râles de mourants. »
Touchant enfin au sommet, puis au bâtiment, négligeant les soldats hébétés qui s’y traînaient , il entra dans la dernière pièce, le dernier bureau, d’où la vue sur les ruines devait être fantastique :
« A l’horizon la nuit se mêlait à la brume, mais il n’y avait pas d’obscurité. Les petits foyers d’incendie s’étaient étendus, apparemment avec l’arrivée du vent, et maintenant il contemplait une marée de flammes grandissantes. Les clochers tordus et les édifices ravagés se noyaient dans les vagues pourpres. Tandis qu’il regardait, ses larmes revinrent, mais ii savait qu’il n’y aurait jamais assez de larmes sur terre pour éteindre les feux. »
Un chef de guerre, un général, regardant par la fenêtre, lui tournait le dos. Au moment où il déplora cette vision de mort,
« il vit le visage exultant, presque joyeux, du général.
-Que voulez-vous dire ? dit le fier guerrier en se rengorgeant. Nous avons gagné ! »
Un tableau sinistre des effets d’une guerre nucléaire, un témoignage probant de la sottise humaine, et plus encore, de la stupidité militaire. Un classique !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 2 258 vues
-
Dr. Seisme - Par BenF
Remo « l’Implacable », en compagnie de son maître de Sinagan Chiung, fut amené à mettre ses talents exceptionnels au service de la Californie condamnée à subir le « Big One » provoqué par le Dr. Séisme.
Sous le pseudonyme de Blomberg, il entra dans la conspiration unissant les personnalités les plus riches du comté de San Aquito, soumis au chantage des deux jumelles Jacki et Jill, filles du Dr. Séisme. Contre de l’argent, elles menacent le gouvernement des Etats-Unis de déclencher l’enfer le long de la faille de San-Andréas, en utilisant une invention de leur père, « le canon à eau polarisée ». Le shériff Wyatts, intermédiaire semi-volontaire (il touche de l’argent) attire , par ses allers et venues, l’attention de la mafia locale qui désire s’approprier l’invention maléfique.
Remo parsème son périple de cadavres, aidé par Chiung. Il fait cesser les interférences mafieuses, remonte jusqu’aux deux jumelles, troublé par leur insolente vibration érotique. Ayant récupéré l’argent gouvernemental, Wyatt sera éliminé par Jill. Remo arrête les criminelles et le processus de mise en route du séisme, projetant les premières au fond de la faille et bloquant le second. Ce qu’il ignorait, c’était la culpabilité du Dr. Séisme lui-même. Sans l’intervention de Chiung, la Californie se serait détachée du continent américain. Le plus fort étant que le Dr. Séisme travaillait aussi pour le gouvernement des Etats-Unis.
Une aventure rondement menée avec les qualités presque supra-normales de l’Implacable. Une lecture aisée, des phrases du style oral, du sexe et du sang, voilà qui ne posera guère de problèmes aux lecteurs habituels de la série.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 216 vues
-
"Annee 500.000" - Par BenF
Un savant original, solitaire et quelque peu brouillon, le professeur Weinach, au moment de rejoindre son lieu de travail, est pris dans un « repli » de l’espace-temps qui l’envoie en l’an 500 000 :
« La chaleur était infernale, aucun arbre, aucun arbuste sous lequel il eût pu s’abriter un peu, pas un brin d’herbe, pas un animal, pas un oiseau, ni même un de ces pauvres petits lézards des sables… Rien ! (…) Au loin, une mer d’huile miroitait au soleil : pas une vague qui vînt en animer la surface. Il promena lentement son regard alentour. Les «bâtiments » qu’il lui semblait apercevoir n’étaient, en réalité, qu’un amoncellement de ruines informes »
Se réveillant dans un monde de désert incendié, une mer étale, un soleil rouge, prêt de mourir par déshydratation, il se réveille peu après dans la cité sous-marine B.93. Son guide, le savant Xarao, le met au courant des modalités de la nouvelle société dans laquelle il vient de s’insérer inopinément.
Vivant dans des cités sous-marines d’une haute technicité et au nombre de cent, servis par d’impressionnants robots, tenant en esclavage les « Untermen », qui ressemblent étrangement à Weinach, les « Vrais Hommes », la classe dominante, se différencient de notre savant par le haut du crâne, énorme, luisant et sphérique, abritant un immense cerveau :
« Il remarqua simplement que le crâne des hommes peuplant cette hallucinante nécropole de verre n’était « normal » que du menton jusqu’aux tempes. A partir de là, la calotte crânienne n’était plus qu’une énorme bulle de métal brillant et jaune comme de l’or. On aurait dit que l’on avait scié le haut de la tête pour y greffer cette calotte métallique destinée à recevoir un cerveau bien trop volumineux pour le corps… »
Ils se sont établis en une théocratie dont Z’ang est le grand-prêtre, appuyés sur une dictature policière incarnée par le grand Xaranz. Ces « Vrais Hommes », réfugiés sous la mer depuis si longtemps qu’ils ont perdu de vue le cataclysme universel qui les y a menés, survivent en greffant le crâne des « Untermen » sur un corps métallique afin d’en faire des serviteurs conditionnés. Ils utilisent également le ventre des femmes (fort jolies) des Untermen pour assurer leur progéniture et font travailler les mâles dans les fermes de « N’nuras », des sortes de champignons dont ils se nourrissent, dans des lieux aménagés à l’extérieur en de profondes cavernes.
Weinach ne reconnaît plus rien de la géographie terrestre. Le monde a basculé ses continents lors d’un ravage thermonucléaire général qui eut lieu peu après le XXème siècle et a mis un point final au développement de l’humanité dont il faisait partie :
« les bombes atomiques qui se déversèrent sur la terre furent des fabricants de mutations… petit à petit (…) la terre se mit à se peupler de monstres (…) je (c’est Weinach qui parle) suis persuadé que votre espèce est le produit d’une de ces mutations imposées à la nature… la terre brûlée se révéla vite incapable de contenir la vie qui, comme à l’origine, retourna à la mer… petit à petit vos ancêtres gravirent les échelons de la connaissance et s’adaptèrent à la vie sous-marine. Les femelles de votre espèce ne réussirent pas, pour une raison que j’ignore, à s’adapter et disparurent. Ils eurent donc, par obligation, des rapports avec celles des «survivants normaux » qui réussirent à leur engendrer, de temps à autre, des enfants semblables à eux. » L’ordre politique à relent nazi qui règne aujourd’hui sous l’océan lui est intolérable, surtout depuis qu’il connaît la belle Sarah, une « Untermen », à qui il a fait un enfant. Il n’aura de cesse de faire comprendre au grand Xaranz les faussetés de sa vue, appuyées sur une mythologie de type biblique selon des règles édictées par le grand ancêtre Moshe.
Il démontrera, grâce à la découverte inattendue d’une «capsule temporelle » immergée sur le site de l’ancienne ville engloutie de New York que cette société est bancale, que les « Vrais Hommes » sont les produits d’une mutation positive qui, avec le temps, ont dénié aux autres survivants le statut d’êtres humains, afin de s’en servir comme esclaves ou comme pièces de rechange pour leur propre vie.La démonstration impitoyable de Weinach, sa présence même en ces lieux, allument les feux de la révolution. Dans une caverne à « N’nuras » où il a trouvé un refuge, Weinach assiste, effondré, à la mort de Sarah lors de sa accouchement durant lequel elle met au monde un mutant à grosse tête pendant que les Untermen-robots se font hacher menu par les troupes de Z’ang et de Xaranz.
C’en est trop pour lui. Tout espoir définitivement balayé, Weinach, lors d’une ultime tentative de fuite, ressentira à nouveau les douleurs du « repli temporel » qui l’amènera à terminer sa vie dans un hôpital psychiatrique de l’an 2827.
Une intrigue alerte, des personnages stéréotypés, une action rapide et dense qui n’incite guère le lecteur à philosopher, des idées manichéennes et un vocabulaire basique (mais où vont-ils chercher les noms de leurs personnages ?) inscrit ce livre dans la moyenne de ce que l’on est en droit d’attendre de la collection « Anticipation ».
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 451 vues
-
La Masse Pritcher - Par BenF
La Terre est en en proie à une terrible épidémie, la pourriture rouge, générée par les spores de plantes dont l’existence est due à la pollution généralisée. Les hommes, totalement protégés, ont installé leur cité sous bulle, en milieu aseptisé, pour éviter tout contact avec l’extérieur. Repliés sur eux-mêmes, les humains ont malgré tout gardé un haut niveau de technicité.
Le héros, Chaz Sant, est un être psycho-sensible qui tente d’accéder à la " Masse Pritcher ". Tel est le nom donné par son découvreur à une sorte "d’inconscient collectif" réunissant les meilleurs esprits aux aptitudes parapsychiques avérées en vue de rechercher, par le biais de la pensée dirigée, une nouvelle terre où la survie de l’espèce humaine serait assurée.
N’accède pas qui veut à la Masse Pritcher. C’est par des tests que le héros, au destin singulier, se trouve connecté et immédiatement repéré par les tenants de la "Citadelle", une mafia qui souhaite préserver pour son propre compte la Masse Pritcher, en abandonnant le reste des humains à son triste sort. Il est aidé dans ses périls par Eileen, une jeune "Sorcière", c’est ainsi que l’on prénomme les êtres aux capacités psi qui ont échoué aux tests.
Chaz, après diverses péripéties, se retrouve à l’extérieur de la bulle où il fait la connaissance des "Roux", des hommes naturellement immunisés contre le fléau. Avec leur aide, il envisage de provoquer l’ouverture irréversible de la bulle, ce qui condamnerait à mort les citoyens, mais permettrait aux émeutiers de s’attaquer à la Citadelle. Fait prisonnier, il apprend que la Masse Pritcher est totalement infiltrée jusqu’à son plus haut niveau par les responsables de la Citadelle. C’est à ce moment-là qu’il a la certitude de pouvoir jouer le rôle d’un catalyseur en parvenant à réunir tous les esprits humains en réseau. La pourriture rouge, qui n’était en fin de compte qu’une maladie psychosomatique, est balayée, et le chemin des étoiles s’ouvre devant une humanité libérée :
" Les spores de la pourriture qui étaient touchées mouraient instantanément, comme elles mouraient dans les poumons des sorciers et des exilés immunisés. L’ouragan grossit et rugit. Un tourbillon se forma, montant vers les nuages les plus bas. (…) La force massique éventra le ciel, allant vers l’ouest, détruisant les nuages et la pourriture sur son passage. Une longue déchirure s’ouvrait dans l’épaisse couverture de nuages au-dessus de la ville. Comme le printemps fait éclater la glace d’une terre longtemps gelée, le soleil brilla soudain à travers cette déchirure dans un ciel sans nuage au-dessus d’un horizon libéré. "
Le lecteur se trouve face à un récit confus qui exploite de nombreux thèmes – pollution, parapsychologie, dystopie, etc.- sans jamais pouvoir les relier avec harmonie. Un roman peu convaincant!
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 347 vues
-
Megalopolis - Par BenF
1.Prélude à Mégalopolis
2. Discours du président Directeur Général de l’Europe
3.Arche de Noé
4. Sérénade
5. Radio taxi
6.la Cuisine, le Ménage et l’Amour
7. les tapis roulants
8. Chez nous
9. le P.A.P.E.
10. confession d’un cadre supérieur
11. Mégapocalypse
12. le printemps d’après la fin du monde
«Mégalopolis» est une œuvre musicale ambitieuse s’articulant sur une chorégraphie soignée, qui décrit le passage d’un monde dystopique (le nôtre) à une société utopique à travers un cataclysme technologique lequel, comme dans « Ravage » de Barjavel, provoque la chute de la cité. Le fil conducteur y est assuré par un jeune et sympathique couple et leurs enfants vivants au sein de l’enfer technologique. Ils parviendront à survivre au cataclysme pour se fondre dans le noyau de la société future.
La société dystopique est analysée au plan politique et idéologique, débutant par la conférence du Président Directeur Général des Etats-Unis d’Europe, Maxime Vanderlove , qui promet, à qui veut le croire la « liberté d’entreprendre et l’édification de communications plus étroites » :
« Cette bataille de la circulation sera notre victoire. Le Rhin, le Danube, le Tibre, la Seine et la Tamise, ces merveilleuses voies de circulation naturelles seront recouvertes de béton pour nous permettre d’aller plus vite et plus loin. Nous avons les autoroutes, nous aurons les auto-fleuves ! »
Coupé par des flashs publicitaires, le discours trouvera un écho auprès des militaires engagés dans une guerre impérialiste sous le prétexte de défendre les valeurs occidentales (rappel transparent de l’engagement américain au VietNam), et à qui l’on promet l’impunité pour leurs crimes :
« Soldats !
Avant de quitter le pays
Rasez-moi les fermes et les villages !
Pour cette dernière sortie
Droit de vol, de viol et de pillage !
Groupés autour du drapeau
Vite de l’héroïne aux héros
We’re ready, let’s go ! »
La situation des citoyens connectés, conditionnés, répertoriés, particules de l’immense réseau planétaire leur donne l’illusion d’une liberté consistant à consommer les gadgets d’une société post-industrielle par un travail répétitif et abrutissant :
« Au premier click du Métronome des Métropoles
Les portes claquent
Et les gens quittent leurs alvéoles
Et en avant
Les tapis roulants ! (…)
Remplis ton sac au bric à brac électronique
A des prix choc.
La viande en stock c’est plus pratique
Et en avant
Sur tapis roulants. »
Bien que le jeune couple vive replié sur leurs amis et fasse de la résistance passive, autour d’eux la ronde infernale se poursuit jusqu’à ce qu’un accident mineur, mais analysé dans le détail, déclenche l’apocalypse avec son cortège de malheurs :
« Tout a commencé
le mardi 6 décembre
Il neigeait ce soir-là
des flocons couleur cendre
Sur la ville oxydée
Que traquait le destin… »
Un avion géant en perdition a percuté un noeud électrique privant Mégalopolis d’énergie au sein de l’hiver :
« Carcasses et tripes de ferraille
percutent au cours de leur descente
Un bras de la Centrale quarante
En superélectropagaille
Et l’Europe thermonucléaire
Reçoit partout ce choc sauvage
Et à la vitesse de la lumière
La panne se propage… »
Les conséquences en sont terribles : arrêt des activités, arrêt des transports, désorganisation sociale, famine, manque de chauffage. Le froid et la neige s’abattent sur les hautes tours de béton qui illuminent la nuit :
« 10 millions de passagers
se trouvent prisonniers du métro
Rayons X poumons d’acier
S’arrêtent dans tous les hôpitaux (…)
Et le lendemain
Sous un ciel de Norvège
On a vu la cité
qui flambait sous la neige ! »
La mort, l’agressivité dans le malheur, la peur des épidémies enclenchent les réactions égoïstes. Chacun se calfeutre dans son malheur, la société régresse vers la barbarie :
« La ville est retombée
dans un étrange moyen âge
et les supermarchés
sont les vedettes du pillage
les forces de police
ont employé les grands moyens
la faim systématique
multiplie les assassins (…)
Les morts qui s’amoncellent
Dans les places et dans les rues
Appellent des gourmands
Dont on ne se souvenait plus
Les rats, oui, par milliers,
Les rats remontent à la lumière
Avec la rage aux crocs
Avec la peste en bandoulière… »
A pieds, avec leurs enfants, le couple traverse la ville vers la campagne glacée où se manifeste la guerre de tous contre tous:
« Et voilà les révolvers
qui se gavent de munitions
Je te creuse une boutonnière
Pour deux tranches de jambon
Et voilà les tours d’hier
Qui se dressent en châteaux forts
Les vivants se font la guerre
On ne compte plus les morts,
La guerre a commencé. »
De loin, Mégalopolis, comme un monstre asphyxié, a cessé de vivre. Seules les carcasses tordues des voitures témoignent encore de sa grandeur passée. Ni l’argent, ni les appels politiques, ni les lamentations oiseuses du pape ne parviennent à enrayer le processus de décomposition :
« Je suis malade
je suis malade
je sens les forces m’abandonner
Maître céleste
Il ne me reste
Même plus le temps de me racheter…
Sur les plaies sanglantes de la terre
J’ai souvent pleuré, mais
Par prudence, oui, Mon Père
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 420 vues
-
La Fin Du Rêve - Par BenF
Dans ce récit d’un réalisme terrifiant, le narrateur nous fait vivre l’agonie de notre planète. La période se situe entre 1970 et 2023. Le texte s’assemble sous forme de rapports et réunit des faits, des enquêtes ainsi que des analyses. Le tout permet de suivre l’évolution désastreuse vers laquelle l’homme amène inexorablement la planète:
" 1975. Date de non-retour. Déjà dans les années précédentes, il y avait eu bien des désastres qui n’étaient que les signes annonciateurs des pires malheurs. A Londres, un "smog" avait durant quatre jours causé plus de mille morts par jour. Un pétrolier, le Torrey Canyon s’était échoué et fracassé, polluant une bonne partie des côtes de la Manche.
Les écoulements des puits de pétrole sous-marins au large de la Californie avaient rapidement atteint Santa Barbara et les alentours. Tous les grands fleuves d’Amérique étaient affreusement pollués. Le lac Erié était " mort ". Les lacs communicants, Michigan, Ontario, Huron étaient "mourants."
La technologie galopante, la course à la consommation, entraînent les grandes et petites industries à produire plus et plus vite. La pollution suit le même rythme. Centrales nucléaires, usines chimiques, alimentaires, industries minières, pétrolières, automobiles, militaires, chacun apporte son lot de déchets:
" Dès 1970 on estimait que l’industrie et les activités humaines connexes déversaient dans l’environnement au moins un demi-million de composés chimiques dont beaucoup d’une incroyable complexité, dont des dizaines de milliers étaient connus pour leur effets toxiques sur certaines espèces, ou dont on pouvait prévoir les dangers. Ces additifs aboutissaient à la mer, entraînés par les cours d’eau, le ruissellement des pluies. Et si les quantités étaient faibles pour certains produits, ils se déversaient néanmoins dans la mer par milliers ou par dizaines de milliers de tonnes. En 1980, les mers de la planète charriaient plus d’un million de produits chimiques... "
Les tentatives pour alerter l’opinion restent vaines, ou alors:
" Les gens tournèrent le bouton pour ne plus entendre parler des nouvelles sans cesse plus alarmantes quant aux dangers courus par leur environnement. Ils étaient fatigués, ils en avaient marre... Ce qui advint ensuite, quand on fit un effort pour forcer l’industrie et les villes à mettre un terme à la pollution, fut pire. Une telle entreprise impliquait des pénuries passagères, et cela, les populations, menées par les syndicats, se refusaient à le supporter. "
Quelque part, une écume verte mutante se développe. Ailleurs, une rivière devenue poubelle, explose à la suite d’une réaction chimique. Il y aura plus de cent mille victimes dans l’agglomération se situant sur ses rives. Ailleurs encore, les habitants d’une grande ville d’Amérique sont fauchés par millions, l’air qu’ils respirent devenant toxique. Un virus qui détruit le riz dans les pays du Tiers Monde, et c’est la fin. La mer charrie des milliards de vers qui attaquent toute vie animale et humaine.
La recherche de nouvelles énergies provoque le cataclysme final. L’Antarctique malmené entre dans une période d’activité volcanique. Les glaciers fondent, le niveau des mers monte. Mers polluées, atmosphère polluée, radioactivité, smog, formes de vie mutantes, climats bouleversés, tremblements de terre, monée du niveau des océans, telle est la situation en 2023. L’homme n’a plus aucun avenir.
La "Fin du rêve" est un roman prémonitoire qui met l’accent sur la généralisation des pollutions en ce fin de siècle. Avec le "Troupeau aveugle" de John Brunner, il constitue l’avertissement le plus net quant à la probabilité d’une vraie catastrophe dans le monde réel du XXème siècle si aucune mesure n’était prise pour minimiser le phénomène. Or ce qui sépare le réel de la fiction est que ces mesures commencent à être prises.
Néanmoins, en 2001, la mer Baltique reste une étendue d’eau polluée par les sous-marins soviétiques en train d’y pourrir, les rejets porcins en Bretagne stérilisent une terre devenue acide, les nappes phréatiques sont régulièrement polluées par les nitrates, les centrales nucléaires en Russie demeurent obsolètes et très dangereuses, la pollution aérienne par jours de grand beau temps au-dessus des villes atteint des pics dangereux. Et là, ce n’est plus de la fiction...
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 337 vues
-
La Mort De Chaque Jour - Par BenF
Dick, le soldat blessé d’une guerre atomique future, se dirige vers l’hôpital militaire où on le soignerait. Enthousiaste en ce début de conflit prometteur pour les siens, il profitera de son séjour à l’hôpital pour saluer sa tendre amie Miriam, blessée elle aussi depuis deux jours.
Les couloirs sinistres et vides, l’absence d’infirmiers et de médecins, la forme allongée et quasi-mourante de Miriam le firent douter de la réalité. Doute qui devint certitude lorsque Miriam lui apprit que la guerre durait depuis plus de dix ans, qu’il s’était écoulé autant de temps avant qu’il ne vînt la voir, et que les médicaments donnés quotidiennement aux soldats contenaient une drogue abolissant la mémoire, rendant ainsi chaque jour nouvelles les impressions vécues, comme si elles dataient de la veille. Les ennemis étaient à genoux, la guerre terminée depuis longtemps, mais elle continuait son horrible ballet dans un activisme sans fin. Terrifié, Dick, en compagnie de Miriam disposée en chaise roulante, traversa la ville–forteresse souterraine pour prendre le chemin d’un exil hasardeux mais sans nul doute plus heureux que l’enfer qu’ils espéraient quitter
Une nouvelle sensible qui étire dans l’éternité le sentiment du soldat broyé par une guerre absurde
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 408 vues
-
La Grande Decharge - Par BenF
La Terre est devenue un gigantesque poubelle, tellement énorme que, sur tous les continents, dans toutes les villes, jusqu’aux plus petits villages, des montagnes de détritus, des murs colossaux de déchets, empêchent désormais toute communication entre les êtres humains. Or Romain est amoureux de Sabine qu’il a entrevue dans le village voisin. N’étant pas dénué d’ingéniosité, il travaillera au rapprochement des corps et des esprits, souhaitant, avec un explosif de son invention, faire disparaître l’immense obstacle qui les séparait :
« Lorsqu’on se rendit compte ce de qu’il avait combiné et qu’on voulût l’arrêter, il était déjà trop tard. L’étincelle initiale avait jailli… Dans une débauche de chaleur et de lumière, la Grande Décharge au complet fut annihilée et également, par suite d’une regrettable erreur de calcul sur les effets de la réaction en chaîne, son support : la Terre. »
L’absurdité du cumul d’ordures poussée jusqu’au délire en une métaphore transparente.
- En savoir plus…
-
- 1 avis
- 4 241 vues
-
Les Oiseaux - Par BenF
Un couple de canards, Curtis et Daffy, le mâle plutôt optimiste et la femelle plutôt angoissée, s’interrogent sur leur avenir en un monde pollué. Déjà leur unique rejeton est mort-né. Ne trouvant plus rien à manger, leurs ailes lourdes comme du plomb, ils décident de partir vers le Sud, sous de meilleurs climats, en faisant très attention aux voitures qui pourraient les écraser et aux rats qui souhaiteraient les manger. Mais leurs ennemis naturels sont tous morts, ou presque, sauf le dernier rat qui, hélas ! égorgera Curtis :
« Sur toute la longueur du fossé, il y avait des rats à divers stades de décomposition, ainsi que deux belettes mortes et un hibou à moitié dévoré. Daffy considéra cette légion d’ennemis hors d’état de nuire avec un mélange de peur et de triomphe. D’un côté le monde serait certainement meilleur sans animaux de proie, mais de l’autre… Elle ne savait pas exactement ce qu’il y avait sur l’autre plateau de la balance, mais il y avait à coup sûr quelque chose. »
Daffy, restée seule, prend son envol au-dessus de la mer. Enfin libre ! Pour peu de temps, puisqu’elle terminera sa course morte dans l’eau, aplatie par le souffle du Concorde au-dessus d’elle.
Une délicieuse nouvelle, tellement bucolique, qui adopte enfin le point de vue du pollué dans un monde que nous détruisons.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 980 vues