Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Le Maître De La Terre - Par BenF
La Grande-Bretagne vers la fin du deuxième millénaire. Le socialisme " utopique ", suivi par un socialisme "scientifique " a triomphé en Europe. La technologie est à son niveau le plus haut. Des " aériens " (dirigeables) abolissent les distances et transportent confortablement les voyageurs d’une capitale à l’autre. Les angoisses existentielles ont été supprimées. L’ère de l’athéisme est instaurée et les citoyens, quand ils l’ont décidé (ou qui ne peuvent plus se décider) sont euthanasiés en douceur et en musique. Le temps de l’Etre Suprême a débuté sous la férule bienveillante des valeurs judéo-maçonniques :
" Ce soir-là, au dîner des prêtres, il y eut un grand entretien sur l’expansion extraordinaire de la franc-maçonnerie. Cette expansion durait déjà depuis bien des années, et les catholiques avaient toujours parfaitement reconnu ses dangers. C’avait été, d’abord, au début du vingtième siècle, l’assaut organisé par les francs-maçons contre l’Eglise de France; et ce que l’on avait soupçonné était devenu une certitude, lorsque, en 1918, le P. Jérôme, ex-franc-maçon devenu moine dominicain, avait fait ses révélations sur les secrets de la maçonnerie. "
La Franc-Maçonnerie humaniste et libertaire s’est emparée des esprits et partout exorcise les fausses croyances, pacifie les coeurs, supprime les menaces de conflits encore existants de par le monde, surtout celles de l’Orient vis-à-vis de l’Occident.
Olivier Brand, jeune élu socialiste, est heureux en ce monde confit en douceurs. Habitant confortablement un cottage près de Westminster, en compagnie de sa jeune femme Mabel, de sa vieille mère, de son secrétaire Phillips, son étoile brille de plus en plus fort dans le ciel politique du pays. Remarquable orateur, il est distingué par Felsenburgh, l’étoile flamboyante, le leader spirituel, le Franc-Maçon essentiel, le mystérieux Président à vie de l’Occident, qui impulse la paix dans cette société. Lors de sa consécration dans la cathédrale de Westminster :
" L’enthousiasme de la foule avait cessé de se contenir. Un véritable océan de têtes et de bras s’était soulevé dans toute l’Abbaye, l’air s’était rempli d’une clameur énorme, et les voûtes et les colonnes avaient tremblé, secouées par une frénésie pieuse. Et ainsi, parmi la lumière surnaturelle, sous un fracas de tambours, entremêlés au tonnerre de l’orgue, dix mille voix affolées avaient proclamé Felsenburgh leur Seigneur et leur Dieu. "
A l’autre extrémité, se trouve Percy Franklin. D’abord simple curé, puis Cardinal-Protecteur anglais, Percy maintient le flambeau d’un christianisme agonisant dans un monde athée et hostile. Les Catholiques sont persécutés, chassés de toutes les institutions, éradiqués.
Le pape s’est retranché, pour survivre, dans la ville de Rome qui lui appartient encore, avec ses derniers fidèles. Cette ville est non seulement dévote mais aussi anti-technocratique. Les Catholiques n’admettent pas la main-mise des Francs-Maçons sur les affaires du monde. De plus en plus menacés, ils sont condamnés à disparaître car de nombreuses défections se font jour dans leurs rangs. Ainsi en est-il du père Francis, ancien ami de Percy, qui propose à Felsenburgh l’adoption d’un rituel " laïc " calqué sur la liturgie chrétienne.
Les camps socialistes connaissent aussi leurs misères. De temps en temps des frémissements d’inquiétude mystique traversent les âmes, notamment celle de la maman d’Olivier qui réclame un prêtre à son chevet lors de son agonie. Mabel, quant à elle, est troublée par les attentats anti-catholiques qu’elle considère comme autant de mises à mort, prouvant que le socialisme n’a pas encore éradiqué la bête en l’homme :
" Devant Mabel passait un grand brancard supportant une figure humaine, dont un bras pendait, avec les mains traversées comme de clous. Puis venait le corps nu d’un enfant, empalé sur une pique de fer, la tête tombant sur la poitrine, les bras dansant à chaque pas des porteurs. Et puis, c’était la figure d’un prêtre, encore vêtu d’une soutane noire avec une aube blanche ; et sa tête, sous une calotte noire, s’agitait, sautait avec la corde qui le soutenait. "
Alarmé par les tensions idéologiques continuelles, le pape rappelle le cardinal Percy pour consultation à Rome. Celui-ci lui suggère, devant la gravité de la situation, de modifier totalement la hiérarchie catholique qui devra dorénavant s’abstenir de tout ornement et s’intituler "l’Ordre du Christ Crucifié " en adoptant une structure militaire.
Le pape, vieux et usé, proche de la mort, se rend aux arguments de Percy et, avant de mourir, le désigne comme son successeur. Percy devient le nouveau pape sous le nom de Sylvestre. Un complot anti-étatique ayant été découvert durant cette période en Angleterre, dans lequel auraient trempé certains Catholiques, en guise de représailles, Felsenburgh décide l’éradication totale de l’église en bombardant Rome :
" Les journaux du lendemain apportèrent les détails de la catastrophe. Ils disaient comment, par une chance merveilleuse presque toute la hiérarchie de l’univers chrétien s’était trouvée rassemblée au Vatican, qui avait été le premier endroit attaqué. A présent, pas un seul édifice, à Rome, ne restait debout. La Cité léonine, le Transtévère, les faubourgs, tout avait été anéanti ; car les aériens s’étaient soigneusement partagés, la ville étendue au-dessous d’eux, avant de commencer à lancer les explosifs ; et, cinq minutes après le premier choc et le premier éclat de fumée, l’entreprise de purification était terminée. Alors, les aériens s’étaient dispersés dans toutes les directions, poursuivant les automobiles et autres voitures qui emmenaient des fuyards ; et l’on supposait que plus de trente mille de ces fuyards aient été ainsi réduits à néant. "
Au même moment Sylvestre, accompagné par certains de ses cardinaux, échappe au massacre. La tête de l’église chrétienne s’implantera discrètement en Palestine, près de Nazareth, et Sylvestre restera en communication radiophonique avec quelques-uns de ses vicaires chargés d’une mission œcuménique de par le monde.
L’action abominable décidée par le " Leader Maximus " et approuvée par son propre mari, a écoeuré Mabel à un point tel qu’elle décide de mettre fin à ses jours en se rendant volontairement dans une maison d’euthanasie, à l’insu d’Olivier. Peu de temps après, la retraite de Sylvestre est éventée de par la traîtrise d’un cardinal d’origine russe (!), nouveau Judas. Le lutte finale a sonné pour le Catholicisme. Le bombardement de Nazareth, et par extension, de l’ensemble de la Palestine, est décidé d’un commun accord entre les diverses sommités socialistes des Etats Européens. Alors que l’armée des " aériens " s’approche de la retraite de Sylvestre, celui-ci, ayant rappelé à lui tout ce que le monde comporte de dignitaires ecclésiastiques , se prépare à mourir en un ultime sacrifice, lors d’une dernière messe solennelle :
" Dans une lumière éclatante, il voyait devant lui, s’offrant à son choix, les deux cités de saint Augustin. L’une était celle d’un monde né de soi-même, s’organisant soi-même, et se suffisant à soi-même, d’un monde interprété par des forces socialistes, matérialistes, hédonistes et se résumant enfin dans Felsenburgh. Et quant à l’autre monde, Percy le voyait déployé devant ses yeux, lui parlant d’un Créateur, d’une création, d‘un but divin, d’une rédemption, d’une réalité transcendante et éternelle, dont tout avait jailli et où tout aboutissait. "
Quand les bombes tombent et écrasent définitivement toute étincelle spirituelle dans ce monde, le climat lui-même se modifie. Des nuages courent dans le ciel, des orages grondent et des tremblements de terre ponctuent le crime qui vient de s’accomplir.
Ce roman, avec un thème difficile et facilement caricatural à travers son manichéisme, aurait pu sombrer dans le pathos d’une bouillie littéraire innommable. Il n’en est rien, car soutenu par la puissance du style et la large vision de Robert - Hug Benson. Jamais ridicule, atteignant par moments au sublime, l’auteur pousse à l’excès, sous les oripeaux d’une fiction littéraire, les craintes de son époque livrée aux luttes anti-cléricales. Prenant clairement parti, il démontre que le combat entre Dieu et les hommes ne se situe pas au même plan et n’utilise pas les mêmes armes. Ce faisant, il nous livre l’un des meilleurs ouvrages du genre.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 288 vues
-
L'annee Du Grand Fiasco - Par BenF
Potiphar Breen est un statisticien émérite. Il n’est pas étonné lorsque, à l’arrêt d’un bus, il aperçoit Meade, une jeune fille, en train de se déshabiller. Elle est l’une de celles qui se livrent sans raison apparente à cette activité. Et, comme telle, elle s’inscrit dans ses prévisions mathématiques. Tout en la prenant sous sa protection, puis en lui témoignant son affection, il lui explique la puissance des mathématiques matricielles.
Selon lui, toutes les courbes concordent : les événements les plus divers, les plus imprévus, se réunissent en faisceaux pour tendre vers la même direction ; elles convergent en un point ultime, vers une date précise où se produira le "grand fiasco", c’est à dire un événement mondial d’une grande gravité. Les variables de toute nature, tremblements de terre, émeutes, guerres civiles, menaces de toutes sortes et même des événements insignifiants ou aberrants, comme ce qui est arrivé à la jeune Meade, prennent place dans le prévisionnel de Breen.
Potiphar, en compagnie de Meade qu’il a réussi à convaincre, liquide ses avoirs, prépare sa voiture et quitte une ville qu’il sait menacée. Il a même déterminé son itinéraire en fonction des courbes d’encombrement des routes. Ils arrivent juste à temps assez loin pour ne pas ressentir les effets de la première bombe thermonucléaire qui éclate sur la ville de San-Fransisco :
"Ils allaient remonter en voiture quand quelque chose comme un lever de soleil s’annonça soudain vers le sud. Une lumière rosée se diffusa presqu’instantanément, elle emplit le ciel puis disparut. A l’endroit où elle était apparue montait un nuage en forme de colonne, d’un rouge violacé, qui s’étalait en un champignon au sommet. Breen le regardait comme hypnotisé, puis il jeta un coup d’oeil à sa montre et dit d’une voix rauque: " En voiture ". -Potty c’est... c’est...
- C’est... c’était Los Angeles. En voiture ".
Ils s’établissent dans un petit refuge, en pleine montagne. Hélas!, les prévisions ne s’arrêtent pas là. Les courbes grimpent encore et traduisent cette fois-ci un déséquilibre cosmique. Meade et Potiphar se rendent compte que l’activité solaire est instable. Les taches solaires augmentent, visibles à l’oeil nu. Il ne leur reste plus qu’à s’installer confortablement pour assister à la fin du monde:
" - Assieds-toi et nous le regarderons." Elle s’assit à côté de lui et il lui prit la main. "Tu vois cette tache sur le soleil? Tu peux la voir à l’oeil nu ? " Elle ouvrit de grands yeux. " Ca, une tache solaire? On dirait que quelqu’un a mordu dedans. Il plissa les yeux pour l’observer à nouveau. Bonté divine, il avait bien l’impression qu’elle avait grossi... Meade eut un frisson. " J’ai froid. Mets ton bras sur mes épaules. "
Il obéit et lui reprit la main . Oui, elle était nettement plus grosse. Il la voyait grossir. Qu’y avait-il de bon dans la race humaine? Des singes, pensa-t-il, avec leur petit coin de poésie au coeur, qui s’agglutinent sur une planète de deuxième grandeur dont ils gaspillent les ressources, près d’une étoile de troisième grandeur.
Elle se blottit contre lui. " Réchauffe-moi ". - Il fera bientôt beaucoup plus chaud. Je veux dire, je vais te réchauffer.
-Cher Potty! " Elle leva les yeux. " Potty, ce coucher de soleil est soudain très bizarre " -Non, chérie, c’est le soleil lui-même -J’ai peur. -Je suis là , mon petit "
Il jeta un coup d’oeil à la revue qui était encore ouverte à côté de lui. Inutile d’additionner deux chiffres et de diviser par deux pour connaître le résultat. Alors, il lui serra passionnément la main, car il savait bien, avec un chagrin soudain et écrasant que c’était la...FIN "
Une nouvelle classique, non tant par le traitement des conditions par lesquelles se traduit la fin du monde (bombe thermonucléaire, instabilité solaire...) que par le style enjoué et ludique qui conditionne ce traitement.
L’idée originale, qui apparaît comme un aboutissement à la théorie du chaos, est que la fin du monde peut se prévoir grâce à l’outil statistique. Les courbes des événements les plus insignifiants, à condition qu’ils traduisent la totalité de la vie, dégagent un sens nouveau plus important que la somme de leurs parties.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 418 vues
-
Sixieme Colonne - Par BenF
En un futur indéterminé mais après l’an 2000, les Etats-Unis sont envahis et terrassés par les Pan-Asiates, Mongols, Chinois, Indiens qui, ayant débordé la Russie Soviétique, font peser une poigne de fer sur les USA :
" La soviétisation de l’Asie en avait chassé les occidentaux, et tout particulièrement les Américains, beaucoup plus efficacement que n’aurait pu le faire n’importe quelle décision du Congrès. "
Les Américains, numérotés, immatriculés, parqués en des camps de concentration vivent le sort des esclaves sous la férule d’un " Prince Royal ". Seule, dans toute l’Amérique, une base secrète, située près de Denver, n’avait pas été découverte. Là, différents scientifiques s’appliquent à la mise au point d’un appareil spécial, sorte de "transmetteur de matière". Une mauvaise manipulation tue la quasi-totalité des ressortissants de la base, à l’exception de quelques scientifiques.
Voilà la situation que découvre le colonel Withney Ardmore lorsqu’il prend le commandement des scientifiques présents, Thomas Graham, Robert Wilkie, Herman Scheer, le major Brooks et le colonel Calhoun. La question qui se pose est la suivante : comment, lorsqu’on a si peu de moyens, résister à l’envahisseur ? Ses espoirs reposent sur trois idées. La première est l’exigence d’une obéissance totale et inconditionnelle aux ordres reçus. La deuxième suppose une utilisation des techniques de bluff et la maîtrise des communications. La troisième consiste en l’achèvement de ce qui pourrait devenir l’arme ultime, le fameux transmetteur, qu’il baptise le " ledebetter " en hommage à son inventeur disparu. Puisqu’il est impossible de résister aux Jaunes par la force, Ardmore constituera une 6ème colonne, chargée de les déstabiliser. Par le truchement d’une religion crée de toutes pièces – les Jaunes ne comprenant rien aux Dieux occidentaux - il implantera des temples sur l’ensemble des Etats-Unis, et créera une prêtrise ad hoc, thuriféraire du nouveau dieu "Mota". Ce travail sera sensiblement facilité par le rayon Ledbetter, véritable outil multi-fonction. Ce dernier présente des possibilités qui tiennent du miracle : découper de plaques de granit, soulever, tirer, pousser des objets très lourds, assommer, désintégrer les êtres humains, et in fine, transmuter les métaux en or.
Le réseau s’organise rapidement. Des nouveaux venus, soigneusement triés formeront la prêtrise ; chacun d’entre eux gagnera un temple, muni d’un "bourdon", une application individuelle du rayon ledbetter, et d’un émetteur-récepteur qui leur permettra d’adapter leur gestuelle aux attentes des fidèles. Vêtus d’une manière appropriée, ils en imposeront aux Pan-asiates d’autant plus facilement qu’ils les arrosent littéralement de pièces en or chimiquement pur et d’affirmations réitérées de soumission à l’autorité du prince Royal. Les temples où s’opèrent les "miracles " , uniquement réservés aux Blancs, attirent de plus en plus de monde par l’offre d’un repas gratuit ou d’une guérison-minute à travers l’entremise du transmetteur.
Les Pan-asiates, dépassés, réagissent tardivement mais seront incapables de s’opposer à la lutte psychologique que leur livre Ardmore. Une agitation violente s’étend de proche en proche. Il est d’ores et déjà trop tard pour que les masses jaunes puissent se reprendre. Alors qu’elles s’apprêtent à investir les temples, Ardmore donne l’ordre d’engager le combat final. De chaque temple rayonne la mort relayée par les hélicoptères issus de la "Citadelle". Les envahisseurs, déprimés devant une situation qu’ils ne contrôlent plus, se suicident en masse obligeant le prince Royal à donner l’ordre d’évacuer les Etats-Unis.
Un roman ancien dont l’idée de base n’a pas pris une ride, quoique l’écrasement d’une armée d’invasion par six hommes seulement, tient du conte de fées. Quant à l’opinion de l’auteur, elle est tout entière résumée en ces lignes :
" Ce satané culte a attiré toutes les cervelles un peu fêlées du pays, les hommes aux cheveux trop longs et les femmes aux cheveux trop courts
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 316 vues
-
La Reine Au Masque Vert - Par BenF
Pasacalon et Le Bozec sont deux inspecteurs de la P.J. envoyés de Paris à Sens, aux alentours de Noël, pour enquêter au sujet d’un crime commis sur la personne de madame Péchut, une mère maquerelle notoire. Morte assassinée, elle présente des taches vertes sur le corps, signe d’un empoisonnement. Mais lequel ? Et comment ?
Ils mènent une enquête serrée auprès des commensaux de madame Béchut : Véria et Brevin, deux médecins retraités, Victor, le cousin, Doudou et Flora, pensionnaires de la « maison d’illusions ». L’enquête piétine alors qu’autour d’eux « la mort verte » fait des ravages. Les cadavres se comptent par dizaines puis par centaines. En présence d’une épidémie foudroyante qui se propage par l’haleine, la morgue et l’hôpital sont débordés :
« Aux abords de l’hôpital Saint-Jean, la ruée des malades se faisait plus dense, rendue plus lamentable encore par le mauvais temps. La salle d’attente étant désormais trop petite pour recevoir tous les postulants à l’admission, les derniers venus devaient rester dehors. Dans le nombre, il y avait des morts récents, déjà recouverts d’un linceul de neige, qui leur donnait l’aspect de statues allongées sur une pierre tombale.»
Comme nos deux enquêteurs, ainsi que Véria et Flora ne sont pas atteints, ils supposent avoir été immunisés d’une manière quelconque ; en l’occurrence, ils soupçonnent le produit contenu dans la fumée des cigarettes rares offertes par Véria à Flora, et qui, à son tour et sans le savoir, les a proposées aux inspecteurs, malgré la défense de Véria.
Automatiquement, les soupçons de la mise en œuvre de la mort verte retombent sur Véria que les inspecteurs prennent en filature. Entre temps Sens et sa région ont été mises en quarantaine par les services sanitaires de l’armée américaine (nous sommes dans l’immédiate après-guerre). Nul ne sort plus de la ville. Des étrangers, pourtant, y entrent, un Chinois (To Van Ba), deux Suisses allemands (qui se disent représentants de commerce) et un comte italien, le comte d’Ella Croce, alias Vittorio Spoletta, alias Demonax, un bandit et assassin notoire, lié à la mafia. Pour Le Bozec, ces arrivées traduisent la volonté de pays étrangers de s’approprier le microbe inconnu pour un usage militaire. Une entrevue entre les malfrats éliminera Chinois et Allemands, laissant le champ libre à Demonax, qui n’hésitera pas non plus à perpétrer des attentats contre les deux inspecteurs. L’épidémie provoque des ravages dans la population :
« Dès que le fourgon, quittant les grandes artères centrales, se fut engagé sur la route du cimetière, il rejoignit et dépassa d’autres cortèges funèbres, presque tous sommaires, improvisés, dépourvus de tout faste : charrettes de campagne, voitures à bras, voire même brouettes, chargées de cercueils, la plupart faits de planches de sapin hâtivement rabotées, sans un drap noir pour les recouvrir. Plus on se rapprochait du champ de repos, plus cette circulation macabre devenait intense. Le verglas donnait à ce pitoyable défilé une allure grotesque. Les chevaux glissaient, s’abattaient sur les genoux, leur conducteur les relevait en jurant. Les rares piétons qui suivaient leurs morts butaient à chaque instant, tombaient, se remettaient debout et, au risque de choir de plus belle, couraient pour rattraper le convoi. Un tombereau empli de cadavres entassés, recouverts d’une bâche que le vent soulevait, laissait entrevoir, par intervalles son lugubre chargement. »
Alors que Brévin est mitraillé par mégarde, un dernier et mystérieux personnage entre en scène, que l’on peut confondre avec Véria. Il (ou plutôt elle) s’avère être la sœur jumelle de Véria, Héléna, la vraie responsable de la dissémination du microbe mortel, laquelle a agi par vengeance envers une humanité détestée.
Blessée à mort par Démonax (toujours lui), Héléna indique à Le Bozec l’endroit où elle a caché, et le réservoir à microbes, et son antidote. L’épidémie sera enrayée mais Démonax s’éclipsera, emportant avec lui un échantillon de l’arme biologique. Tout le monde est content. Surtout Le Bozec et Pascalon qui, en cette veille de Noël, et avant de rejoindre leurs familles respectives, consommeront gratis à la pension de feu Madame Béchut.
Un roman policier dont l’argument épidémique cède le pas à l’évocation d’une ambiance crépusculaire et provinciale, deux personnages de policiers avisés un brin franchouillards, des morts par centaines, entretiennent l’intérêt du lecteur.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 339 vues
-
2 Morts... 20 Milliards - Par BenF
Pascalon et le Boazec, inspecteurs à la P.J., enquêtent à Saint-Germain-Lembron (Auvergne) au sujet d’une mystérieuse affaire : dans un camion de transfert de fonds un chargement de deux milliards de francs en billets se serait volatilisé sans que les scellés apposés n’aient été défaits. Interrogeant habilement la faune locale, il ne leur faut pas très longtemps pour remonter la piste, surtout après l’assassinat d’un jeune homme, François Vaillard, qui semblerait lié au vol.
Le pivot de l’affaire est Germain Scouarlez, le roi des chiffonniers, apparemment riche, mais en réalité ruiné. Celui-ci ayant eu vent récemment du «rayon Epsilon», découverte faite par son frère, le savant Aristide dont François était l’étudiant, il assassine le second comme il s’était débarrassé du premier. Il désire frénétiquement s’approprier le " rayon Epsilon " produit par une machinerie complexe, qui possède une propriété unique, celle de détruire totalement tout support lié à la cellulose.
En l’enclenchant à bon escient, Germain espère se délivrer de tous soucis : plus de traites imprudemment signées, plus de lettres de change, plus de reconnaissances de dettes à l’égard de son deuxième frère, Paul-Emile, qu’il hait mais dont il se rapproche, l’associant à ses affaires défaillantes pour se renflouer. Il envisage même de sacrifier sa fille unique, Florette, par un mariage non voulu qui l’unirait à Georges Miolis, apparenté à Paul-Emile.
C’était sans compter sur la perspicacité des deux inspecteurs. Ils débrouillent l’affaire, arrêtent Germain au péril de leur vie, avertissent Paul-Emile de la culpabilité de son frère, récupèrent la machine génératrice du rayon Epsilon. Mais déjà il est trop tard.
Germain a vendu l’invention à une mystérieuse association anarchiste, la P.O.L.M. (la Paix ou la Mort) qui déclenche le fatal rayonnement sur la totalité du monde libre afin d’y imposer son ordre. Tout papier, toute cellulose disparaît de la surface du globe. Le Bozec et Pascalon se promènent dans un Paris soumis au désordre. Partout la chienlit, des émeutes, des scènes de pillage, des suicides, partout la paralysie de toute activité économique, la disparition de toute forme de bureaucratie, la chute du gouvernement. Les désordres tournent à la lutte armée lorsque des factions du P.O.L.M. investissent une ville déjà à genoux :
" Des trompettes, des tambours résonnèrent. Venant de la rue Montmartre, une troupe s’avançait en bon ordre. Sur quatre rangs, des hommes en uniforme gris, mitraillette sur l’épaule, marchaient au pas. La foule s’écartait sur leur passage et s’étonnait de leur tenue martiale, de leurs casques métalliques surmontés à l’insigne parlant de la POLM, une tête de mort et un rameau d’olivier entrelacés. Des tanks, des autos blindées, suivant au ralenti les fantassins, produisaient un vacarme étourdissant.(…)
– On se bat dans Paris ! murmurèrent-ils, fort émus en songeant que le sang français coulait, versé par des Français. La physionomie de la grande ville n’avait plus aucun rapport avec ce qu’elle était quelques heures plus tôt. Les rues étaient plongées dans l’obscurité. Les foules de badauds qui se promenaient durant l’après-midi, dans une ambiance de Mardi-Gras, avaient disparu, se terraient sans doute chacun chez soi, tous volets clos, par peur de la guerre civile. Une lourde angoisse, un silence écrasant, uniquement rompu par les échos de la canonnade et des mitraillades, pesaient sur la cité noire. "
Tout est perdu, y compris pour nos deux héros recherchés, capturés et condamnés à mort pour activité anti-Germain Scouarlez, devenu le meneur du P.O.L.M.
Heureusement pour eux… ce n’était que le cauchemar de Le Bozec, qu’interrompt le coup de feu final de Germain, qui préfère se suicider plutôt que de passer sous la guillotine.
Le roman, à l’intrigue uniquement policière, aurait pu se terminer lors de la capture du criminel. Mais l’auteur, dans les deux derniers chapitres, s’est amusé à tirer toutes les conséquences de sa petite invention en réglant avec humour et ironie quelques comptes avec l’institution. Dans notre domaine, il faut parfois traquer les éléments cataclysmiques là où on les attend le moins.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 259 vues
-
L'horreur Tombee Du Ciel - Par BenF
Le journaliste Germain Laurent assiste, au lieu-dit «l’Arouette», au sud de Chartres, à l’arrivée d’une soucoupe volante qui libère des " choses noires " sur le sol. Il passe pour un fou lorsqu’il en parle à ses concitoyens, notamment à l’inspecteur Bouffard. Obsédé par sa vision, Laurent se met à fouiller le terrain d’atterrissage et met à jour un " objet noir " qui semble vivant et dangereux puisqu’il annihile tout être vivant à sa portée. L’être qui sort de terre se présente comme une sorte de cellule gigantesque en croissance rapide, absolument invulnérable à toutes les attaques.
Le Cosmozoaire – c’est son nom- représente le mal absolu car il parvient (on ne saura pas comment) à dévier la terre de son orbite, en l’éloignant du soleil, ce qui la plongera dans une nouvelle ère glaciaire avant de la faire disparaître définitivement dans le néant et ses habitants avec elle :
" Le niveau des océans et des mers baisse partout puisque l’eau n’y retourne plus par les rivières gelées, continua le Dramalien. Par conséquent, le fond des mers supporte un poids moins important, et se fissure par contrecoup, sous l’effet de la pression interne. Il y a de véritables tremblements de terre, de vraies éruptions volcaniques sous-marins. Des laves d’une température de plusieurs milliers de degrés font irruption dans les abysses, provoquant un réchauffement brutal de toutes ces énormes masses liquides, des torrents de vapeur d’eau surgissent à la surface…, l’évaporation s’accentue, s’aggrave…, le niveau des océans continue à baisser. La Terre va être entourée de nuages de plus en plus denses, le jour va s’obscurcir encore (…) Les hommes vont se réfugier dans des cavernes, toute vie s’arrêtera. "
C’est du moins ce qu’affirment les compagnons d’Arièle, Claude Eridan, Gustave Moreau (eh oui !) et Arssette de Dramalia, originaire de la planète Anisotroppa, tous opportunément venus au secours de la Terre de très, très loin (des " milliards de milliards d’année de lumière " ), appelés à l’aide par le Professeur Béranger dont Arièle est la fille, partie filer le parfait amour avec Claude sur la planète Gremska et restée, malgré la distance, en liaison constante avec son papa.
Il était plus que temps : la planète Terre s’enfonce de plus en plus dans un néant ténébreux. Heureusement, l’idée de génie d’un savant du CNRS (Ah ! les savants français !) consiste à alimenter l’entité avec une nourriture " dextrogyre ". Comme elle est constituée de substance " lévogyre ", comme vous et moi, cette nourriture la tue. Tout se remet en place et nos héros pourront reprendre une activité normale.
Un tutti frutti de notions pseudo-scientifiques mal assimilées, un zeste de spiritualisme satanique, un comportement de franchouillard attardé, un style proche de la simplicité évangélique et voilà un roman-catastrophe qu’il vaut mieux éviter.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 285 vues
-
Le colonel chinois Ni hait les Américains. Engagé au plus haut sommet de l’état maoïste grâce au Général Lo Jui Ching, il imagine une revanche diabolique, eu égard à son enfance malheureuse, en manipulant les divers éléments du système politique chinois. La mise en place de sa machine infernale commence par Yu, un agent secret que Ni envoie étudier les horaires des vols Air France à Orly. Suscitant partout des troubles dans le pays en y aiguisant diverses haines, celle des gardes rouges contre les Révisionnistes, celle de l’Armée contre les Impérialistes, celle de la Police Secrète, dont il était le chef incontesté, contre tout le monde, il met en échec la politique de Liou Chao Chi, le faisant passer pour un traître révisionniste. Parallèlement à cette action menée avec brio et avec l’appui involontaire de Mao Tse Toung, il envisage le largage d’une bombe atomique sur New York.
Toujours avec grand soin, il réunit une brochette de scientifiques et techniciens dans une base secrète déjà opérationnelle. La bombe A devrait être introduite aux USA par un vol régulier d’avion de ligne, en l’occurrence celui d’Air France à destination de New York. La bombe camouflée à l’intérieur de la carlingue, l’équipage sacrifié, les voyageurs constitués par des prisonniers de guerre américains soi-disant libérés, tout devrait inspirer la confiance:
" Très à l’aise, le colonel approuva par son mot favori : - Exact. - Or, d’après l’exposé détaillé que tu viens de faire, tout semble dépendre de cet homme qui sera ou ne sera pas dans l’autre avion. Supposons qu’il ne soit pas dans cet avion et que par conséquent le vol régulier continue normalement sa route sur New York ? - Je m’attendais à cette question et, bien que je vous aie dit que la responsabilité de cette partie de l’opération m’incombait, je vais vous répondre. Effectivement, tout dépend de lui. -Tout dépend de lui, mais lui ne le saura pas? -Il ne saura rien. Cet homme s’appelle Yu. Cela fait des années qu’il travaille pour mes services. Il a toujours obéi et souvent risqué sa vie. Mais malgré cela, il est hors de question que je lui fasse totalement confiance cette fois-ci. Car cette fois-ci, pour lui, il y a au bout de la mission la mort certaine "
Lorsque le véritable avion, dans lequel se sera trouvé Yu et ses explosifs, aura disparu au-dessus de l’Atlantique, il serait immédiatement remplacé par le faux vol d’Air-France. En prétextant une panne radio, il survolerait New York sans que le système américain d’alerte aura été en mesure de réagir. Malgré la faible opposition de Liou Chao Chi et de son petit groupe de partisans à cette action criminelle, l’avion-porteur arrive en vue de New York selon le plan prescrit. La bombe est larguée. Les Américains réagissent en mettant en œuvre la " phase Trois ", c’est-à-dire la mise en alerte de tous les moyens de dissuasion possibles. Ils sont persuadés que les Russes sont à l’origine de la tragédie et s’apprêtent à déclencher une riposte nucléaire totale.
Un roman de politique-fiction à la frontière du roman catastrophe. Il vaut surtout par l’excellente démonstration du fonctionnement du système révolutionnaire chinois, système à irresponsabilité illimité, rendant possible l’actualisation des fantasmes haineux de n’importe quel psychopathe suffisamment habile pour s’élever dans la hiérarchie d’un Parti totalement verrouillé. La théorie de la " Bombe sous le paillasson " est décrite de manière convaincante.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 361 vues
-
Le Jour Se Leve - Par BenF
« Les têtes nucléaires tournoyaient haut dans le ciel, et le fracas de leur passage ébranlait la montagne. »
Le survivant avait tout prévu : un abri blindé, des vivres, le costume de protection (rarissime) qui lui permettrait de sortir aussitôt le forfait accompli. A l’aube, il voulut savoir et émergea de son abri :
« Au bout d’un moment le brouillard se dissipa et il put contempler le paysage. Des arbres jaunes et de l’herbe jaune, se découpant sur un ciel jaune dans lequel se tordaient d’immenses nuages ».
En butant contre les restes pitoyables de la société de consommation – kleenex, listes d’achats froissées, chaussettes de nylon- , il progressa le long des rues :
« Il avait du mal à suivre un trajet régulier, car les rues étaient encombrées de véhicules détruits et les trottoirs souvent barrés par des poutres ou des façades entières d’immeubles écroulés. »
Au loin, sur une colline, il aperçut le bâtiment fédéral. De là-haut, la vue devait être magnifique. Il fallait y parvenir. Mais :
« Il savait qu’autour de lui, dans le noyau de la cité, se trouvaient d’autres êtres, certains accomplissant des actes de pitié, d’autres portant héroïquement secours. Mais il les ignora tous, car ils étaient morts à ses yeux. Quelques-uns d’entre eux le hélèrent, mais il poursuivit son chemin sans les écouter, sachant que leurs paroles n’étaient que des râles de mourants. »
Touchant enfin au sommet, puis au bâtiment, négligeant les soldats hébétés qui s’y traînaient , il entra dans la dernière pièce, le dernier bureau, d’où la vue sur les ruines devait être fantastique :
« A l’horizon la nuit se mêlait à la brume, mais il n’y avait pas d’obscurité. Les petits foyers d’incendie s’étaient étendus, apparemment avec l’arrivée du vent, et maintenant il contemplait une marée de flammes grandissantes. Les clochers tordus et les édifices ravagés se noyaient dans les vagues pourpres. Tandis qu’il regardait, ses larmes revinrent, mais ii savait qu’il n’y aurait jamais assez de larmes sur terre pour éteindre les feux. »
Un chef de guerre, un général, regardant par la fenêtre, lui tournait le dos. Au moment où il déplora cette vision de mort,
« il vit le visage exultant, presque joyeux, du général.
-Que voulez-vous dire ? dit le fier guerrier en se rengorgeant. Nous avons gagné ! »
Un tableau sinistre des effets d’une guerre nucléaire, un témoignage probant de la sottise humaine, et plus encore, de la stupidité militaire. Un classique !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 2 258 vues
-
Joseph Bloak se réveille au premier matin de l’an 2000 en un univers de cocagne, technologique et hypersophistiqué, où sa jolie femme et ses brillants enfants remplissent tous ses vœux.
Cependant, la réalité est toute autre. Grattant des poux sur sa tête, étendu au fond d’une grotte, se réveillant aux paroles d’une femme revêche, il sera encore obligé de relever les collets dans la lourde neige du dehors s’ils veulent subsister en ce premier jour de l’an 2000 d’après la catastrophe.
Une très courte nouvelle à l’impact accentué par ce parallèle rigoureux.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 347 vues
-
La Grande Decharge - Par BenF
La Terre est devenue un gigantesque poubelle, tellement énorme que, sur tous les continents, dans toutes les villes, jusqu’aux plus petits villages, des montagnes de détritus, des murs colossaux de déchets, empêchent désormais toute communication entre les êtres humains. Or Romain est amoureux de Sabine qu’il a entrevue dans le village voisin. N’étant pas dénué d’ingéniosité, il travaillera au rapprochement des corps et des esprits, souhaitant, avec un explosif de son invention, faire disparaître l’immense obstacle qui les séparait :
« Lorsqu’on se rendit compte ce de qu’il avait combiné et qu’on voulût l’arrêter, il était déjà trop tard. L’étincelle initiale avait jailli… Dans une débauche de chaleur et de lumière, la Grande Décharge au complet fut annihilée et également, par suite d’une regrettable erreur de calcul sur les effets de la réaction en chaîne, son support : la Terre. »
L’absurdité du cumul d’ordures poussée jusqu’au délire en une métaphore transparente.
- En savoir plus…
-
- 1 avis
- 4 242 vues