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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Charles EPHEYRE Parution: 1892
    Le professeur Bakermann, savant passionné par les microbes, les collectionne, les étiquète, les bichonne, les élève. Ses ambitions – hormis le fait de boire des bocks avec ses amis  Rodolphe Muller, César Pück et Valérian Grossgold -  est de créer une race de microbes résistants et invulnérables. Après d’acharnées recherches, il atteint son but en transformant le microbe du beurre rance en un petit monstre. Il le baptise du nom de " Morti-fulgurans ". Lui-même est immunisé, mithridatisé, résistant à tous les microbes connus et inconnus, y compris le Morti-fulgurans.
    Ce n’est pas le cas de Mme Joséphine Bakermann épouse aigre, mégère non apprivoisée et jalouse de surcroît. Soupçonnant M. Bakermann de quelque liaison avec une ancienne servante, elle fouille son laboratoire pour y découvrir des preuves de sa trahison sans se douter qu’elle s’infecte avec le nouveau microbe pendant que M. Bakermann vide des bocks. Elle meurt au bout de trois heures des résultats d’une contamination foudroyante.
    M. Bakermann, atterré, y reconnaît l’activité du Morti- fulgurans. Par acquis de conscience il fait appeler le Dr.Rothbein qui prétend que la mort est causée par l’influence pernicieuse d’un microbe du Dahomey, le "koussmi-koussmi ".
    " Il examina quelques instants la malade et secoua la tête d’un air navré. -  Eh bien ? —Ah ! mon pauvre ami, du courage, du courage ! - Mais quelle est cette affreuse maladie ?  osa dire Bakermann. Rothbein réfléchit un instant ; puis, après un nouvel examen minutieux : Ca, dit-il, c’est une maladie extrêmement rare, qui ne se voit presque jamais en Europe : c’est le koussmi-koussmi du Dahomey. -Vraiment ! " dit Bakermann. "
    L’infection se répand comme une traînée de poudre,  d’abord dans la bonne ville de Brunnwald, puis de proche en proche, jusqu’à Berlin, Munich, et de là à travers le monde :
    «La rapidité avec laquelle se développait ce microbe maudit empêchait toute mesure préventive. Point de quarantaine possible. Plus d’entraves aux frontières. En douze heures, avec les chemins de fer à vapeur surchauffée, on va de Cadix à Saint-Pétersbourg. Ce n’est plus comme au XIXème siècle où l’on faisait péniblement 60 kilomètres à l’heure. Aussi en une nuit, l’Europe entière fut-elle empoisonnée. La ville de Brunnwald, à moitié anéantie, Berlin, Vienne et Munich comptant déjà quelques cas de mort et probablement infectées en tous les points ; Paris, Londres, Rome, Saint-Pétersbourg envahis, sans qu’on puisse arrêter l’invasion, et en quarante-huit heures l’humanité anéantie, tel était le bilan de l’heure présente. (…)  
    La désolation régnait. Chacun se répétait que la fin du monde vivant était venue. Un grand nombre d’individus, préférant une mort rapide aux angoisses d’une douloureuse et invincible maladie, s’étaient tués pour échapper à la mort. Toutes les affaires étaient suspendues. Plus de chemin de fer, plus de bateaux, plus de police, plus d’administration. Quelques crimes furent constatés. C’étaient des gens, ordinairement pacifiques, qui, affolés, reçurent à coups de revolver des fournisseurs qui essayaient de pénétrer chez eux. La sauvagerie humaine, latente en nous tous, avait repris le dessus. Le monde civilisé, si fier de sa civilisation, était redevenu barbare comme aux premiers temps de l’humanité. On reculait à l’époque de la pierre polie, même au delà. "
    Le professeur Bakermann se sent responsable du désastre. Ira–t-il se dénoncer ? A quoi cela servirait-il, surtout s’il reste le dernier être humain vivant sur terre ? Etant le seul à être immunisé contre son microbe, il se met au travail pour trouver une parade. Et il la trouve. Il suffisait de mettre le corps infecté en contact avec de "l’énergie électrique positive" pour que Morti- fulgurans (alias koussmi-koussmi) soit tué. En expérimentant son procédé sur ses amis buveurs et menacés, il prouve au monde son éclatante réussite. L’humanité reconnaissante lui élève des statues. Bakermann comblé, riche et libéré de son épouse savoure de nouvelles bières et sa victoire sans nuages.
    Une petite nouvelle injustement oubliée  pleine d’ironie et d’un humour noir qui n’est pas sans entretenir quelques rapports avec celui des dadaïstes.

  2. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Alexandre TORQUET Parution: 1997
    L’action se déroule à Tbilissi, en Georgie. Klevchine, agent du KGB, découvre sur le mont Kazbek la momie en très bon état d’une guerrière identifiée comme une amazone datant de 5000 ans. La femme (une princesse) a dû être surprise par le froid et mourir rapidement. Le docteur Diomka qui l’examine, découvre en elle un embryon parfaitement conservée et peut-être viable. D’où son idée qui consisterait à implanter cet embryon dans l’utérus d’une femme d’aujourd’hui.
    Svekta Bagratouni, la femme de Klevchine est stérile. Voilà une excellente occasion pour tenter l’essai. Svekta deviendra mère porteuse d’un enfant de sexe féminin, du nom de Daria, censé être la vraie fille de la momie amazone que l’on baptise Mzekhala. A la naissance de Daria, Svekta qui milite pour la promotion des femmes, est arrêtée et envoyée en camp de travail forcé. Daria sera élevée dans ce camp. Durant de longues années, les deux femmes seront soumises à un labeur inhumain au fond de la mine, et Svekta en concevra une haine indicible à l’égard de tous les mâles, haine qu’elle fait partager à Daria :
    " …les wagonnets qu’elle devait pousser étaient lourds, les galeries obscures et les gardiens brutaux. Alors, chaque soir après le travail, les deux femmes la réconfortaient, la baignaient, la massaient. Et puis, pour la consoler, elles lui racontaient la découverte de cette princesse d’autrefois dans un glacier, en lui expliquant que cette princesse était sa vraie mère. Elles lui promettaient un avenir féerique. Héritière d’une famille régnante, elle aurait une destinée hors du commun lors de la grande révolution des femmes. "
    Guillaume Lenk appartient à la Croix Rouge suisse. Il se trouve à Tbilissi pour y travailler dans l’humanitaire et incidemment y retrouver Alice, son ancienne compagne qui l’a quittée avec ses deux enfants. Alice adhère la «Womyn’s Promotion» qui a édifié un camp près de Tbilissi, le camp de Gombori :
    " Sur les murs de toutes les cités du monde on pouvait lire le slogan de ce mouvement : PEACE AND LOVE. La paix et l’amour, mais entre femmes. Quant aux hommes, la WP les rejetait au point d’avoir remplacé par un " y " le " e " de " women ". Ses adeptes pratiquaient l’entraide, recueillaient les alcooliques, les prostituées, les femmes battues ou abandonnées. Elles avaient ouvert plusieurs villages dans des pays en guerre ou en difficulté et regroupaient là des veuves, des orphelines, des femmes et des filles seules, à l’exclusion absolue de tout élément mâle. "
    Ce village, exclusivement féminin, est établi sous la direction de Nan Potters, assistée de Svekta qui deviendra la voix de la libération des femmes :
    " Ici même, en URSS, les femmes travaillent quatre vingt heures par semaine, dorment quatre heures par nuit, reçoivent la moitié du salaire que reçoivent les hommes, sont astreintes à de durs travaux sur les routes ou dans les champs .Elles doivent porter tous les fardeaux, tous les soucis sur leurs épaules, sont à la fois la mère de leurs enfants et celle d’un mari infantilisé. Epuisées, à bout de forces, elles n’ont que l’avortement pour moyen de contraception. Elles n’ont jamais accès aux postes de responsabilité et leur sexe ne leur vaut que du mépris. "
    Mzekhala représente pour elles le parfait symbole de la révolte. Lorsque les amis de Guillaume sont assassinés, celui-ci, protégé par Alice,  trouve refuge au camp de Gombori, malgré les réticences des femmes. A Gombori, on y enseigne la haine des mâles et leur éradication :
    " Il s’apprête à regagner son lit lorsque deux enfants de six ans l’aperçoivent. Elles le désignent du doigt et, aussitôt, une meute de filles se masse contre le grillage, vociférant, grimaçant, crachant et tirant la langue en le regardant. L’institutrice rit en contemplant la scène. "
    On y a installé un centre de procréation assisté où seules survivent les filles. Guillaume,  étant le seul à connaître l’endroit où Mzekhala a été entreposé par Diomka, devient un élément précieux pour les féministes qui désirent par-dessus tout se réapproprier leur symbole :
    " Mzekhala était là, éclairée par quatre chandelles, prête à bondir, le poing prêt à frapper, la bouche prête à mordre ou à vomir des insultes.(…) Elle incarnait un cauchemar de vengeance imméritée, venue du fond des âges "
    Les autorités russes s’inquiètent de ce qui se trame à Gombori et entreprennent, sous le commandement de Klevchine, une opération "récupération" au village : Guillaume est à tort soupçonné d’avoir trempé dans l’assassinat de ses amis, alors qu’il est de notoriété publique que c’était à cause de l’action de la mafia russe. Il est caché par les femmes puis accompagnera Daria à Londres dans le cadre d’une action de propagande, et surtout pour donner la preuve au monde entier par des tests génétiques que Daria est bien en parenté avec la momie. Les discours féministes de Daria mettent le feu aux poudres. Elle s’aliène les ligues fascisantes  et masculines. Expulsé d’Angleterre, le couple rejoint à nouveau Gombori où se pratique dorénavant le clonage d’embryons féminins. Afin de stimuler l’ardeur révolutionnaire des femmes qui avaient tendance à s’endormir, Svekta fait tirer sur le village par les "Monitrices", les sections d’assaut des féministes, prétextant une attaque de la mafia (et de mâles extrémistes).
    L’exemple de Gombori fait tache  d’huile. Partout dans le monde surgissent des contestations ; les femmes, bien que surveillées de près, s’arment. A Gombori, afin de survivre économiquement  et éviter la tutelle russe, les femmes vendent du caviar génétiquement modifié. Lorsqu’une explosion se produit soudain à Tbilissi, au moment où, une nouvelle fois le village est fouillé par la milice,les Monitrices vont porter la révolution en ville même. L’hôtel de ville est pris d’assaut.
    L’U.F.G. (Union des Femmes de Géorgie) prend le pouvoir. Rejetée de la présidence à Tbilissi, Daria prétend mettre la main sur Gombori. Elle se heurte à Alice qui représente la tendance modérée, qu’elle déstabilise. Après un affrontement verbal dont Daria sort vainqueur, avec pour argument la présentation de jeunes asexués crées génétiquement et destinés à devenir l’esclave des femmes, Alice et Guillaume sont définitivement chassés du village. Le couple se réfugie chez Diomka tandis que l’organisation du camp se transforme en véritable dictature.
    Svekta se rend compte que Daria va trop loin : les femmes du camp courent à leur perte. Gombori est un échec. Svekta brûle ce qu’elle a adoré : elle aide Guillaume et Alice à s’enfuir de Géorgie, en compagnie de leurs enfants. Poursuivis par les Monitrices, Svekta reste à l’arrière-garde et se sacrifie pour que le couple puisse se sauver. Quant à Klevchine qui n’arrive pas à surmonter son échec, il se suicide. En compagnie des plus modérées des féministes fugitives, Guillaume et Alice, toujours avec l’aide de la Womyn’s Lib, fondent un nouveau village, à Markakert, à la frontière de la Géorgie.
    Le "Matin des femmes" est un récit novateur à deux titres. Premièrement, l’auteur, généticien de renom, articule la thématique du roman sur la science qu’il connaît bien et dénonce l’exploitation de la femme dans le monde, notamment dans les pays de l’Est. Deuxièmement, en se servant du présupposé de l’amazone, il ancre historiquement le sens de la révolte des femmes et de la lutte des sexes   

  3. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 1 Auteur: Pierre Barthélémy GHEUSI Parution: 1931
    Claudie Argal, en compagnie d’un groupe de réfugiés, dont ses amis Violette Kauffmann et Olivier Ghersaint, attend le sous-marin « le Marsouin » qui les prendra à bord près de la côte bretonne. L’engin est de la conception de Robert Argal un savant et ingénieur français, père de Claudie. Enorme, sophistiqué, invincible, le submersible croise contre la flotte mongole dans l’Atlantique, qui appuie l’invasion jaune sur l’Europe. la France à genoux comme tous les autres pays européens, Paris envahi a dû s’incliner devant la race jaune – Chinois, Japonais, Mandchous, Touchkènes, etc.- qui a déferlé, avec, à sa tête, Tamerkhan le tyran asiate :
    «L’occupation totale de l’Europe par les Asiates est terminée ; mais les diverses contrées n’ont pas souffert des mêmes maux. Ainsi, l’Espagne et le Portugal, reconquis surtout par l’islam, n’ont pas subi de massacres. Madrid, Séville et Lisbonne sont intacts. Hélas ! Paris et Londres, submergés par l’Asie Centrale, ont été détruits ; deux millions de victimes ont péri dans leurs ruines (…) Les Mongols ont asservi les survivants. La terreur règne partout où il sont, sauf en Ecosse et dans les montagnes difficiles à occuper, les Alpes, les Pyrénées, quelques hauts plateaux du massif d’Auvergne. Rouen, Brest, Bordeaux, Orléans, Lyon sont démantelés : Bruxelles et Anvers jonchés de décombres. En Allemagne, par contre, Berlin, Dresde et Francfort, aux mains des soviets et des Mandchous, restent indemnes, n’ayant pas voulu résister. Là, les vaincus aident les Asiates à installer une nation neuve. »
    Des îlots de résistance subsistent, comme celui symbolisé par le Marsouin. Avec ses torpilles à l’argalite, un puissant explosif, Robert Argal coule un grand nombre de vaisseaux mongols. Le commandant du Marsouin recueille donc les réfugiés ainsi qu’une pièce de choix arrachée des mains des Mongols : Vigorde Médéric.
    Ancien partenaire d’Argal, savant renommé considéré comme son fils spirituel, Médéric n’a su résister au sang slave qui coulait dans ses veines. Il avait enlevé Martine, la femme d’Argal, exigeant en contrepartie de sa libération, les plans du Marsouin. S’étant rallié à la cause des Jaunes, il s’était acoquiné avec Tamerkhan en commandant les unités indiennes du dispositif d’invasion.
    Seize ans durant, Martine fut détenue sur l’îlot de St. Roman, près des côtes brésiliennes où Médéric avait installé une base sous-marine. Bientôt ses divergences de vue avec les Mongols  condamna Vigorde Médéric à être démis de ses fonctions et fusillé. C’est là qu’Argal le prit à son bord, avec la joie qu’on lui soupçonne.Bien que Médéric, dégoûté à jamais des Asiates, s’était dit prêt à se soumettre avec ses unités indiennes aux ordres des Européens, en délivrant enfin Martine, il n’en fallut pas moins que les supplications conjuguées d’Olivier, de Violette et de Claudie pour que Robert Argal cède,  et lui fasse à nouveau confiance.
    Enfin, le Marsouin, piloté par Médéric, mit le cap sur l’îlot de St. Roman. Hélas ! trop tard. Martine, lassée de ses seize années de captivité (on la comprend !) venait de s’enfuir avec un pilote américain, prisonnier lui aussi, un « old timer» dont la passion était la remise en état de son vieil avion. S’étant trompé de route, les évadés s’abîmèrent en mer avant d’être recueillis par les Mongols, sur le vaisseau même de Tamerkhan. Dès que, à bord du Marsouin, l’on sut la vérité, la traque recommença, et l’on coula les navires mongols les uns après les autres. En face de ce danger, Tamerkahn libéra la femme d’Argal avant de prendre lui-même la fuite vers le continent, se réfugiant d’abord dans une de ses bases en Gironde, puis à Paris.
    Lorsque le Marsouin fut rejoint par son frère jumeau, le Dauphin, dont Médéric prit le commandement, la reconquête de l’Europe put commencer, ces deux formidables engins étant appuyés sur terre par les troupes américaines d’une part et la résistance européenne d’autre part. Partout, l’on élimina des millions de Jaunes en un élan irrésistible, auquel se joignirent les forces indiennes de Vigorde Médéric. La France enfin reconquise, l’on se battit dans les ruines de Paris :
    « Et Paris, dévasté par la barbarie orientale, apparut à tous les yeux dans l’horreur de son bouleversement. Un gigantesque chaos de décombres, dominés ça et là par des pans d’architecture calcinées, une nécropole immense au lendemain d’un tremblement de terre, les vestiges de vingt cités en une seule après l’éclatement de ses poudrières, tel fut le funèbre spectacle qu’embrassèrent de leurs regards épouvantés les témoins de la rage asiatique (…) Le Louvre, brûlé, ne dressait plus au bord du fleuve que sa colonnade de l’est, et, le long de la rue de Rivoli, les dépendances du Musée des Arts décoratifs, saccagés de fond en comble, mais encore abrités de façades noircies et de vastes toitures effondrées à demi. Sur l’Arc-de-Triomphe, les bas-reliefs étaient brisés ; mais « l’arche » démesurée avait cassé les dents du fauve asiatique et se dressait, ébréchée à peine, sur un amoncellement de caissons et d’affûts en morceaux.»
    Les derniers envahisseurs, galvanisés par l’arrivée du dirigeant suprême, l’ascète Liou-Tchang, le marxiste ultime, s’y cramponnaient encore. En face de la forte pression occidentale et se voyant en difficulté, Liou-Tchang proposa une alliance à Robert Argal pour qu’ensemble ils établissent en Europe – devenue l’Eurasie- cette société rouge marxiste dont il défendait les valeurs. Argal refuse avec horreur cette proposition et lui préfère la constitution des Etats-Unis d’Europe. Alors Claudie, plein de haine et de rancune envers ce personnage, le tua d’un coup de fusil électrique, malgré l’immunité parlementaire  de ce dernier (ce qui n’est pas bien !).La guerre terminée, le « Mascaret rouge » endigué, Claudie et Vigorde, accompagnés d’Olivier et de Violette purent enfin convoler en justes noces.
    Un roman à l’eau de rose sur fond de péril jaune. Peu convainquant dans son intrigue, il présente de belles descriptions de Paris, humilié et ravagé par les Jaunes, et surtout sa très belle illustration de couverture…

  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Arthur C. CLARKE Parution: 1993
    La vie du capitaine Robert Singh, commandant du vaisseau « Goliath », est indissociable de sa mission qui l’entraîne aux confins du système solaire, vers Kali, un astéroïde de la famille des Troyens. Détecté par le professeur Millar, un astronome amateur, en dépit du programme « Spaceguard » mise en place par la NASA vers 2100 dans le but de répertorier tous les menus objets du système solaire, Kali, avec ses milliards de tonnes de roche, de fer et de poussière, fonce vers la Terre :
    « Nous sommes en présence d’un petit monde criblé de cratères, en forme d’haltère ou de cacahuète, et d’une masse de deux milliards de tonnes. Par malchance il se déplace sur une orbite rétrograde, en sens inverse de toutes les planètes. Rien de bien inhabituel, la comète de Halley fait pareil, mais cela veut dire qu’il percutera la Terre à pleine vitesse et de plein fouet. C’est pourquoi nous devons absolument dévier sa trajectoire, sinon notre civilisation, et peut-être même notre espèce, sera rayée de la surface du globe. »
    Le parcours personnel de Singh, son travail de spécialiste sur Mars, entre Phobos et Deimos, l’a désigné tout particulièrement pour cette dangereuse mission. A bord du Goliath, un long vaisseau minier en forme de tube, il aura pour obligation, avec ses compagnons et l’ordinateur de bord David, de fixer Atlas, une grosse tuyère propulsive, sur Kali,  pour dévier sa trajectoire, « comme une souris qui pousserait un éléphant. »
    Arrivé dans les parages de Kali, les géologues de la mission recherchent le meilleur endroit d’arrimage. Atlas est mis en place et fonctionne très correctement durant cinq secondes, puis s’éteint définitivement. Quelques exaltés de la nouvelle religion syncrétique terrestre, le Christislamisme, ont décidé que rien ne devrait entraver le plan de Dieu en sabotant Atlas, là-bas, sur Mars.
    La situation est gravissime car le temps presse. Après un moment de découragement, les hommes du Goliath fixent leur propre engin à Kali pour en faire un propulseur, situation vécue avec intensité sur la Terre. Mais un autre danger surgit. Sous l’influence du vent solaire, l’astéroïde commence à dégazer, créant des forces perturbatrices opposées à celles engagées par Goliath, annulant la déviation prévue.
    Comme deux issues possibles valent mieux qu’une, les Etats terrestres ont aussi activé le projet « Excalibur » qui consiste à faire exploser l’astéroïde par un missile atomique, ancienne arme de la « guerre des étoiles » terrestre, du temps de la guerre froide entre les blocs. Une fusée à forte charge nucléaire prend le départ pour Kali, condamnant à mort le Goliath et ses passagers. Fait incroyable, arrivée à destination, la fusée fait long feu, épargnant les hardis pionniers qui déjà s’étaient apprêtés à mourir. Mais son action ne fut pas nulle. L’ impact cassa Kali en deux par son milieu. L’une de ses parties, avec le Goliath accroché à ses flancs, dériva dans l’espace d’où l’on pourra ultérieurement recueillir les naufragés. L’autre, se dirigeant vers notre planète, rebondit sur son atmosphère non sans avoir, au préalable amorcé une catastrophe planétaire :
    « Par chance, le principal impact thermique se produisit au-dessus de l’Antarctique, le seul continent capable de l’absorber. Pourtant, même si Kali n’eut pas la force d’arracher au pôle Sud son manteau de glace, le Grand Dégel bouleversa le tracé des côtes sur l’ensemble de la planète.
    Parmi ceux qui entendirent passer Kali et survécurent, nul ne peut en décrire le bruit et les instruments n’enregistrèrent qu’un faible écho. Bien sûr les images vidéo furent superbes et les hommes pleins d’effroi les regarderaient pendant des générations. (…) Deux minutes après avoir effleuré l’atmosphère terrestre, l’astéroïde repartait vers l’espace. Au plus près, il avait frôlé la Terre à soixante kilomètres. Pendant ces deux minutes, il avait causé cent mille morts et fait pour trois milliards de dollars de dégâts. »
    Avertissement sans frais pour les Terriens qui, à partir de maintenant, regarderont l’espace d’un autre œil.
    Un grand savoir-faire littéraire et scientifique se dégage de cet ouvrage de Clarke qui se lit d’une seule traite. En chapitres courts et denses, sans que jamais l’intrigue principale ne se perde de vue, est brossée en arrière-plan une société du futur proche,  crédible quant à ses motivations sociales et ses développements technologiques.

  5. Type: livre Thème: menaces climatiques, menaces cosmiques Auteur: R.O. SHERRIFF Parution: 1941
    L’avant-propos du roman explique ce que représente le Manuscrit Hopkins : un des seuls vestiges ayant survécu de la culture anglaise, un témoignage sur les derniers jours de la civilisation occidentale, retrouvé quelque mille ans plus tard, "un fragile, un solide cri d’angoisse qui perce les ténèbres grandissantes de l’Angleterre moribonde".
    Qui donc est cet Edgar Hopkins à qui l’on doit le manuscrit? Célibataire de quelque cinquante ans, de petite bourgeoisie, ancien professeur de mathématiques qui a pu se retirer grâce à un petit héritage soigneusement géré. Son dada, l’élevage des poules, dont il est très fier, et qui lui a apporté quelques délicieuses satisfactions d’amour-propre dans les comices agricoles locales. Autre occupation, l’astronomie, plus particulièrement l’étude de la lune, ce qui lui permettra d’être au coeur du drame.
    Hopkins met un soin maniaque à décrire ce qui fut la vie quotidienne du temps de la catastrophe  qui détruisit son monde familier. Dans le même élan, il se met à nu avec ses petits triomphes, ses découragements, ses élans de générosités et son égoïsme… Dans un moment de colère vite regretté, il accepte d’endosser les risques de la construction d’un téléscope par la société d’astronomie dont il fait partie. Les risques financiers que représente cette entreprise deviennent sa hantise. Aussi est-il désespéré quand il reçoit une convocation pour une réunion exceptionnelle où il va devoir endosser la honte de ne plus pouvoir assumer ses responsabilités ; il en est convaincu, il court à sa perte quand un miracle a lieu: une catastrophe imminente! Une force inconnue rapproche la lune de la Terre qu’elle fera s’écraser sur celle-ci dans sept mois. Quel soulagement pour lui!
    Quand peu à peu, il comprend le sens de l’événement, il commence par éprouver la naïve satisfaction d’être parmi les "élus qui savent". Car la nouvelle sera cachée le plus longtemps possible à la population, même si , dès le départ, le gouvernement entreprend la construction de vastes abris qui permettront de sauver au moins une partie de la population. Au milieu de ce drame, Hopkins continue sa vie tranquille et s’étend sur ses préoccupations quotidiennes. C’est ainsi qu’il décrit son invention de "perchoirs métalliques chauffants" pour les poules qui "pondent des oeufs d’une qualité incomparablement supérieure ". Mais voyez la bêtise humaine: dans "l’Echo du mercredi de Mulcaster", ses "perchoirs chauds feraient éclore les oeufs à l’intérieur des poules"...
    L’attachement enfantin à sa petite vie, à ses rites quotidiens, à ses vanités, c’est sa manière à lui de résister à l’épée de Damoclès suspendue sur sa tête, que son cerveau a acceptée mais que son instinct, sa vanité d’homme, refusent de reconnaître. Il se rend compte que la construction de l’Abri, devenue la préoccupation unique du village de Beadle, a quelque chose de futile, d’irréel, mais il y participe activement, parce qu’il faut le faire, et en même temps, il savoure en gorgées attentives les petits plaisirs d’une vie quotidienne pourtant si insipide. Et puis la catastrophe va lui apporter son premier et seul vrai bonheur, la rencontre avec la famille Parker.
    Le cataclysme tant attendu finit par arriver. Dans un sursaut de dignité humaine, Hopkins, comme les Parker, a refusé de se réfugier dans l’Abri: " Le ciel, atroce et terne, se fit lumineux; cette souillure brunâtre fut traversée d’une traînée rouge - sang, qui s’enfla et emplit le ciel. Le vent ne soufflait plus par rafales;  il se précipitait en un torrent mugissant et continu. Je restai près de la fenêtre, fasciné. Il m’était impossible de bouger. Alors, retentit un déchirement formidable, comme si la colline s’entr’ouvrait, et je vis les hêtres géants se roidir, broncher, et choir, comme le maïs sous la faux. "
    La lune, en frôlant l’Angleterre, déclenche un formidable ouragan destructeur qui entraîne la mer jusqu’au fond de la vallée, noyant la plupart des hommes dans l’Abri, tuant M. Parker mais donnant à Hopkins une nouvelle famille dans les personnes de Pat et Robin. Courageusement, ils vont entreprendre de revivre comme les autres survivants d’une Angleterre meurtrie. La Lune ne s’est pas contentée de frôler la Terre, avant de partir se perdre dans l’espace. Elle s’est abattue dans l’Océan Atlantique, qu’elle bouche, du Canada à la France. Or, il se trouve qu’elle contient d’immenses richesses minérales vite convoitées par les Européens. Et, pour l’Angleterre seulement, s’ajoute un problème lancinant: la Lune barre ses routes maritimes vers ses colonies (le livre fut écrit en 1941). Alors se produit l’inconcevable: la guerre entre Européens.
    L’un après l’autre, Robin et Pat, en bons citoyens, s’engagent dans l’armée britannique. La mort de sa poule favorite dénoue les derniers liens de Hopkins avec Beadle alors que, peu à peu, l’Angleterre et toute l’Europe sombrent dans le chaos. Il se retrouve dans un Londres devenu terrain de chasse de quelques cinq mille humains démunis. Au même moment il apprend qu’un homme s’est levé à l’Orient, Sélim le Libérateur, qui avait annoncé aux peuples opprimés que la Lune était leur dieu et que bientôt "elle descendrait sur la terre pour détruire les Blancs qu’ils haïssaient". Là s’arrête le manuscrit Hopkins.
    Un récit élaboré où la narration à la première personne accentue l’effet de réel. Plus anglais que nature, le texte est à classer dans la veine du catastrophisme britannique dévolu au "home sweet home ", et à l’idée de la précarité insulaire, île dans la tourmente de la 2ème guerre mondiale.  "Le manuscrit Hopkins", avec son souci maniaque du détail, son humour à froid (les héros profitent de l’approche de la lune pour jouer une partie de cricket de nuit!), son désespoir en filigrane est une ode au masochisme anglais et une pierre de taille dans le genre qui nous intéresse. A lire absolument pour son originalité.

  6. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: HERGE Parution: 1952
    Qui ne connaît la bande dessinée de Hergé – sinon il faudrait d’urgence combler cette lacune – mettant un scène l’archétype du savant fou?
    Jo et Zette, enlevés en mer par une bande de pirates, se réveillent à l’intérieur d’une base sous-marine où des inventions scientifiques extraordinaires sont à la disposition du «Maître», un gnome contrefait barbu et bossu comme le professeur Tornada dans le roman de Couvreur, «une invasion de macrobes ».
    Pillant les navires de ligne en utilisant un gaz soporifique de son invention pour se procurer le financement nécessaire à ses néfastes projets, il a conçu un robot, prototype d’une armée de métal destinée à envahir le monde. Grâce à Jocko, et par les lois du hasard, le robot géant aux gestes fous, fait perdre la raison à son créateur, le transformant pour de bon en « savant vraiment fou », ce qui permet la fuite des deux enfants. S’engouffrant dans un engin d’exploration sous-marin, ils aborderont une île habitée par des cannibales, ce qui promet une suite croustillante dès le deuxième volume de la série.

  7. Type: livre Thème: le dernier homme, menaces climatiques Auteur: Edgar PANGBORN Parution: 1954
    Nous sommes en 2080. Le Maestro de Babylone est un très vieil homme de quatre vingt seize ans qui s’appelle Brian. Il est le dernier - du moins le pense-t-il - survivant  d’une guerre " de Sécession " qui a affecté les USA et provoqué des changements climatiques avec une montée lente de l’eau. Ancien musicien, joueur de piano, il vit  à New York, en homme primitif, ayant élu domicile dans ce qu’il appelle " le Musée " et " le Temple de la musique ". Il s’agit de deux pièces dans lesquelles il a rassemblé tous les instruments de musique qu’il a pu sauver, ainsi que des chefs-d’oeuvre picturaux et plastiques, notamment une statuette d’art primitif, qu’il aime par-dessus tout.
    Son obsession est de jouer à la perfection une oeuvre d’un compositeur du passé, Andrew Carr,  sur son piano Steinway. Il s’y essaye à de nombreuses reprises mais il lui manque l’auditoire approprié.  Vivant en sauvage, sale et dégingandé, il se laisse aller à une primitivité qui lui fait regretter davantage la civilisation perdue. Une nuit, il perçoit le rougeoiement d’un feu, et, tout énervé, en déduit que c’est l’oeuvre d’autres êtres humains. La rencontre se fera avec Jonason et Paula, un très jeune couple qui est à la recherche " d’un vieux qui sait ", afin qu’il puisse les marier :
    " le garçon dit: Nous avons besoin de vieillards. Les autres sont morts. Celui qui nous disait de l’appeler Jonas nous conseillait de ne pas nous guider d’après le sentier du soleil lorsque nous naviguions pendant de longs jours, mais de garder toujours la terre à bâbord. Nous avons besoin de vieillards pour parler de... pour parler... Le Vieil Homme est-il en colère? "
    Brian se rend compte que quelque chose va de travers. Les jeunes sont méfiants, la communication difficile. Leur culture est étrangère à celle de Brian et ils manifestent une terreur religieuse absolue en sa présence. N’importe, Brian a trouvé son public. Très lentement, pour ne pas les effaroucher, il leur propose de leur faire entendre de la musique, ce qu’ils ne comprennent pas. S’installant à son Steinway, il joue le concerto d’Andrew Carr comme jamais il ne l’avait joué. Ses deux auditeurs, frappés de stupeur, s’enfuient et se livrent dans la salle de Musique à des rythmes barbares à l’aide d’instruments de percussion.
    A l’arrivée de Brian,  ils détalent à nouveau en emportant sa petite statuette car ils le prennent pour un démon maléfique. Le vieil homme, qui ne veut plus rester seul, tente de les suivre avec son canoë, le long de l’Hudson. Plus vigoureux que lui, ils le distancent. Dépité, en colère, Brian leur lance sa pagaie, geste dérisoire  qui scelle sa mort,  puisqu’ entraîné par le courant et ne sachant  nager, il débouche en pleine mer...
    Une nouvelle présentant le thème du dernier homme sous l’angle de l’obsession artistique. La communication est rompue entre l’Ancien et le Nouveau et le héros meurt sans regrets ayant parachevé son oeuvre musicale.

  8. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Léopold FRACHET Parution: 1946
    Lord Bedford, le roi du cuivre anglais, propose au jeune français Jacques Maurois d’accéder à la main de sa fille tout en défendant sa patrie. Il a eu vent de ce que les Allemands s’apprêtaient à détourner le cours du Gulf-Stream en édifiant, par un procédé secret, un mur de polypes vivants au large de la Floride. La Manche et l’Atlantique se verraient gagnées par les glaces et, le climat s’inversant, il en serait fait de la suprématie anglaise sur les flots. Discrètement, ils arment  le " Médina ", un petit voilier. Jacques Maurois revêtu d’un scaphandre, va s’attaquer au mur ainsi édifié pour le détruire par un moyen chimique qui tuerait les polypes :
    " L’ingénieur voyait à présent se dresser, à une trentaine de mètres à peine – la portée des rayons du projecteur – une masse sombre aux reflets rougeâtres : le fameux barrage vivant qui se fût opposé un jour, si l’on n’était intervenu, au passage des eaux chaudes du Gulf-Stream vers les mers d’Europe. "
    Qui a construit ce mur ? Au cours d’une de ses plongées, il a la chance de pouvoir neutraliser un autre scaphandrier, le Herr Doktor Julius Warner, maître du projet contre l’Angleterre. Les Allemands ne l’entendent pas de cette oreille. A partir d’un sous-marin, ils bombardent le " Médina" et le coulent. L’arrivée opportune d’un vaisseau anglais permet de récupérer les naufragés. Le mur disparaîtra, le Gulf-Stream reprendra son cours normal, les Allemands seront vaincus, Jacques Maurois épousera la fille de Lord Bedford et l’Angleterre sera sauvée. Que demander de plus ?

  9. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: George FRONVAL Parution: 1946
    Comme d'habitude, le héros, journaliste à "Paris-Journal", Robert Marchal, se trouve au siège de la rédaction, quand arrive en morse et après le brouillage des ondes radio, les menaces d'un certain Tenax qui se proclame le Maître du monde:
    "Moi, Tenax, maître tout-puissant, déclare à l'univers une guerre sans merci. Je ne redoute personne. Ma force est invincible. Grâce aux moyens dont je dispose, je saurai réduire à néant mes adversaires et quiconque aura la témérité d'oser se dresser sur ma route. Avis aux hommes fous qui tenteront de contrecarrer mes projets (...) Aujourd'hui, j'adresse l'ultimatum suivant: le gouvernement français devra abandonner immédiatement toutes ses prétentions sur ses possessions asiatiques. Le gouvernement britannique devra cesser toute domination aux Indes et dans les îles de l'Archipel. Quant à Washington, il devra abandonner toute idée de domination dans le Pacifique. Dans quarante-huit heures, les trois gouvernements en question devront évacuer les concessions internationales et française de Shanghai. J'ai dit".
    Les menaces sont rapidement mises à exécution quand, après l'apparition d'un nuage pourpre au-dessus de la zone concernée, suivi d'une grande détonation, la cible est détruite. Ainsi, un paquebot britannique disparut corps et biens en mer, puis, un épouvantable incendie embrasa la totalité des champs pétroliers du Nouveau-Mexique, enfin l'on apprit la destruction par le feu de l'île de Sainte-Marie, près de la Réunion. Indubitablement, Tenax  en voulait au genre humain.
    Jacques Dusmenil, le rédacteur en chef, confiera l'enquête à Marchal. Celui-ci s'adjoint dans sa quête son ami Blanchard, puis l'explorateur Langeville, enfin un garçon débrouillard, mécano de son état, Ludovic Bougon. Le groupe saura où chercher, le repaire de Tenax ayant été localisé dans une région désertique des hauts plateaux du Tibet. Embarquant immédiatement à bord de leur avion, ils s'envolent vers le cap prévu quand, arrivés sur zone, leur moteur s'arrête brutalement, les obligeant à un atterrissage d'urgence. Une agression ciblée de la part de deux mongols surgis de nulle part, et voilà nos héros entraînés dans le repaire souterrain du savant fou. La base dans laquelle ils pénètrent est immense, constitué d'innombrables couloirs, de nombreux bâtiments annexes et d'appartements, confortables par ailleurs, dans lesquels ils seront enfermés avant une confrontation avec le maître des lieux. Le physique de Tenax est bien en harmonie avec sa personnalité:
    "Cet homme, c'était Tenax. il avait un aspect étrange et ressemblait à un fantôme. Drapé dans une ample cape noire au col relevé, il était petit de taille. Il avait la figure osseuse et décharnée. Son front nu, aux proportions anormales, était auréolé de cheveux blancs. D'épais sourcils noirs, surmontaient de profondes orbites cernées de bistre, au fond desquelles brillaient des yeux vifs, encadrant un nez crochu, semblable à un bec de vautour. Son teint bilieux accentuait la ressemblance avec un oiseau de proie."
    Le savant fou les accueille, enjoué et ravi d'expliquer ses origines, sa carrière et ses intentions à un auditoire attentif et soumis. S'étant fait moquer dans son enfance par ses petits camarades (ce qui n'est pas bien!), de condition modeste quoiqu'intelligent, il a grimpé les barreaux de l'échelle sociale en se cultivant et en gagnant sagement sa vie par ses inventions. Mais jamais il n'a réussi à s'intégrer. La perte d'un de ses bras, dans un incendie intentionnel,  a été la cause de sa haine à l'égard du genre humain. Passant à l'action, il a fait construire sa base en ces lieux désertiques par une armée de mongols qu'il a subjugués et rendus muets en leur coupant la langue (ce qui est aussi très vilain!) Utilisant un appareil de vision immédiate comme on le ferait avec une télévision, il a réussi à être présent partout dans le monde, y compris au sein de la rédaction de "Paris-Journal", ce qui lui a permis de connaître dans le détail les intentions de ses adversaires. Provoquer l'arrêt du moteur de l'avion au moyen d'ondes magnétiques était un jeu d'enfant eu égard à la menace qu'il fait planer sur le monde en concentrant l'énorme énergie produite par un immense champ d'accumulateurs, mobilisable instantanément. Muni de tels pouvoirs il ne doute pas un instant que ses prisonniers collaboreront avec lui.
    De retour dans leur cachot pour réfléchir, ils feront la connaissance fortuite d'un autre homme, le professeur Staylon, un savant suédois, enlevé depuis fort longtemps avec sa fille, et qui leur donnera une autre version de la puissance de Tenax. Celui-ci n'a rien inventé mais lui a tout pris, abusant de sa confiance et se servant de sa fille comme otage.
    Quelques jours plus tard, un moment d'inattention du gardien mongol donne à Robert Marchal l'occasion d'explorer les lieux. il découvre Tenax en train de finaliser une autre de ses inventions, d'immenses hommes de fer, des robots de quatre mètres de haut, le noyau d'une future armée d'invasion. Ayant rapporté la nouvelle à ses amis, il leur apparaît indispensable d'agir au plus vite. Tous ensemble, avec l'aide de Staylon, ils investissent l'armurerie. Découvert par Tenax, ce dernier, écumant de rage, tue Blanchard d'un coup de couteau. C'est alors qu'ils seront sauvés par une intervention extérieure. Des vagues d'avions, en provenance de plusieurs pays qui ont rassemblé leurs forces, lâchent de nombreuses bombes sur la cité. Les accumulateurs sont touchés, privant le démoniaque Tenax de moyens pour répondre à l'agression:
    "Un petit groupe, descendant à faible altitude, frôlant la mort, lâcha à proximité un chapelet de bombes qui explosèrent dans un bruit assourdissant. La chambre aux accumulateurs géants venait d'être détruite. Ainsi, Tenax se trouvait désarmé, étant dans l'impossibilité de se servir désormais de l'appareil aux rayons Gamma. Plus rien ne gênait les agresseurs. Le nuage pourpre, brusquement, s'était dissipé dans le ciel, ils avaient le champ libre. Descendant en piqué, plusieurs escadrilles se succédant entreprirent un bombardement nourri et lâchèrent sur le repaire de Tenax plusieurs tonnes d'explosifs"
    Les robots, mis malencontreusement en marche, seront dirigés par Marchal qui s'empare de la télécommande. Ils se dirigent droit sur le savant qui disparaîtra, écrasé sous le talon de fer d'un de ses créatures:
    "Poussant un rugissement, tel  un fauve traqué dans la jungle, l'infernale créature, les yeux démesurément ouverts, la bouche tordue dans un hideux rictus, comprit que l'heure du châtiment était alors arrivée. Dans un dernier sursaut d'orgueil, il tenta de se lever, mais en vain. Le moment de payer sa dette à la société, pour tous les crimes monstrueux dont il s'était rendu coupable, était venu. Rien ne devait le soustraire à son destin. Le premier automate le frôla tout d'abord, puis la pression s'accentuant, pesa de toutes ses forces sur la masse inerte. Tenax lança une dernière plainte, mais celle-ci cessa brusquement. Le Robot l'avait écrasé, tel un fétu de paille. Tenax  n'était plus."
    Les portes de la liberté s'ouvrent devant nos amis, les mongols ayant tous mystérieusement disparus. Avant de s'éloigner du repaire maudit, ils auront minés les lieux qui sauteront définitivement. Recueillis dans un monastère bouddhiste après une éprouvante traversée du désert, ils aboutissent à Shanghai via un séjour à Lhassa., puis à Paris où journalistes et photographes les attendent avec impatience.
    Ce récit où se mêle les divers ingrédients du genre populaire est écrit de façon adroite et didactique par l'un des piliers de ce type de littérature, habituellement plutôt orienté vers le western. Ce texte, aujourd'hui désuet, aura cependant passionné plus d'un jeune lecteur à l'époque.


  10. Type: livre Thème: menaces idéologiques, guerres futures 2 Auteur: Robert Hugh BENSON Parution: 1910
    La Grande-Bretagne vers la fin du deuxième millénaire. Le socialisme " utopique ",  suivi par un socialisme "scientifique " a triomphé en Europe. La technologie est à son niveau le plus haut. Des " aériens " (dirigeables) abolissent les distances et transportent confortablement les voyageurs d’une capitale à l’autre. Les angoisses existentielles ont été supprimées. L’ère de l’athéisme est instaurée et les citoyens, quand ils l’ont décidé (ou qui ne peuvent plus se décider) sont euthanasiés en douceur et en musique. Le temps de l’Etre Suprême a débuté sous la férule bienveillante des valeurs judéo-maçonniques :
    " Ce soir-là, au dîner des prêtres, il y eut un grand entretien sur l’expansion extraordinaire de la franc-maçonnerie. Cette expansion durait déjà depuis bien des années, et les catholiques avaient toujours parfaitement reconnu ses dangers. C’avait été, d’abord, au début du vingtième siècle, l’assaut organisé par les francs-maçons contre l’Eglise de France; et ce que l’on avait soupçonné était devenu une certitude, lorsque, en 1918, le P. Jérôme, ex-franc-maçon devenu moine dominicain, avait fait ses révélations sur les secrets de la maçonnerie. "
    La Franc-Maçonnerie humaniste et libertaire s’est emparée des esprits et partout  exorcise les fausses croyances, pacifie les coeurs, supprime les menaces de conflits encore existants de par le monde, surtout celles de l’Orient vis-à-vis de l’Occident.
    Olivier Brand, jeune élu socialiste, est heureux en ce monde confit en douceurs. Habitant confortablement un cottage près de Westminster, en compagnie de sa jeune femme Mabel, de sa vieille mère, de son secrétaire Phillips, son étoile brille de plus en plus fort dans le ciel politique du pays. Remarquable orateur, il est distingué par Felsenburgh, l’étoile flamboyante, le leader spirituel, le Franc-Maçon essentiel, le mystérieux Président à vie de l’Occident,  qui impulse la paix dans cette société. Lors de sa consécration dans la cathédrale de Westminster :
    " L’enthousiasme de la foule avait cessé de se contenir. Un véritable océan de têtes et de bras s’était soulevé dans toute l’Abbaye, l’air s’était rempli d’une clameur énorme, et les voûtes et les colonnes avaient tremblé,  secouées par une frénésie pieuse. Et ainsi, parmi la lumière surnaturelle, sous un fracas de tambours, entremêlés au tonnerre de l’orgue, dix mille voix affolées avaient proclamé Felsenburgh leur Seigneur et leur Dieu. "
    A l’autre extrémité, se trouve Percy Franklin. D’abord simple curé, puis Cardinal-Protecteur anglais, Percy maintient le flambeau d’un christianisme agonisant dans un monde athée et hostile. Les Catholiques sont persécutés, chassés de toutes les institutions, éradiqués.
    Le pape s’est retranché, pour survivre, dans la ville de Rome qui lui appartient encore, avec ses derniers fidèles. Cette ville est non seulement dévote mais aussi anti-technocratique. Les Catholiques n’admettent pas la main-mise des Francs-Maçons sur les affaires du monde. De plus en plus menacés, ils sont condamnés à disparaître car de nombreuses défections se font jour dans leurs rangs. Ainsi en est-il du père Francis, ancien ami de Percy, qui propose à Felsenburgh l’adoption d’un rituel " laïc " calqué sur la liturgie chrétienne.
    Les camps socialistes connaissent aussi leurs misères. De temps en temps des frémissements d’inquiétude mystique traversent les âmes, notamment celle de la maman d’Olivier qui réclame un prêtre à son chevet lors de son agonie. Mabel, quant à elle, est troublée par les attentats anti-catholiques qu’elle considère comme autant de mises à mort, prouvant que le socialisme n’a pas encore éradiqué la bête en l’homme :
    " Devant Mabel passait un grand brancard supportant une figure humaine, dont un bras pendait, avec les mains traversées comme de clous. Puis venait le corps nu d’un enfant, empalé sur une pique de fer, la tête tombant sur la poitrine, les bras dansant à chaque pas des porteurs. Et puis, c’était la figure d’un prêtre, encore vêtu d’une soutane noire avec une aube blanche ; et sa tête, sous une calotte noire, s’agitait, sautait avec la corde qui le soutenait. "
    Alarmé par les tensions idéologiques continuelles, le pape rappelle le cardinal Percy pour consultation à Rome. Celui-ci lui suggère, devant la gravité de la situation, de modifier totalement la hiérarchie catholique qui devra dorénavant s’abstenir de tout ornement et s’intituler "l’Ordre du Christ Crucifié " en adoptant une structure militaire.
    Le pape, vieux et usé, proche de la mort, se rend aux arguments de Percy et, avant de mourir, le désigne comme son successeur. Percy devient le nouveau pape sous le nom de Sylvestre. Un complot anti-étatique ayant été découvert durant cette période en Angleterre,  dans lequel auraient trempé certains Catholiques, en guise de représailles, Felsenburgh décide l’éradication totale de l’église en bombardant Rome :
    " Les journaux du lendemain apportèrent les détails de la catastrophe. Ils disaient comment, par une chance merveilleuse presque toute la hiérarchie de l’univers chrétien s’était trouvée rassemblée au Vatican, qui avait été le premier endroit attaqué. A présent, pas un seul édifice, à Rome, ne restait debout. La Cité léonine, le Transtévère, les faubourgs, tout avait été anéanti ; car les aériens s’étaient soigneusement partagés, la ville étendue au-dessous d’eux, avant de commencer à lancer les explosifs ; et, cinq minutes après le premier choc et le premier éclat de fumée, l’entreprise de purification était terminée. Alors, les aériens s’étaient dispersés dans toutes les directions, poursuivant les automobiles et autres voitures qui emmenaient des fuyards ; et l’on supposait que plus de trente mille de ces fuyards aient été ainsi réduits à néant. "
    Au même moment Sylvestre, accompagné par certains de ses cardinaux, échappe au massacre. La tête de l’église chrétienne s’implantera discrètement en Palestine, près de Nazareth, et Sylvestre restera en communication radiophonique avec quelques-uns de ses vicaires chargés d’une mission œcuménique de par le monde.
    L’action abominable décidée par le " Leader Maximus " et approuvée par son propre mari,  a écoeuré Mabel à un point tel qu’elle décide de mettre fin à ses jours en se rendant volontairement dans une maison d’euthanasie, à l’insu d’Olivier. Peu de temps après, la retraite de Sylvestre est éventée de par la traîtrise d’un cardinal d’origine russe (!), nouveau Judas. Le lutte finale a sonné pour le Catholicisme. Le bombardement de Nazareth, et par extension, de l’ensemble de la Palestine,  est décidé d’un commun accord entre les diverses sommités socialistes des Etats Européens. Alors que l’armée des " aériens " s’approche de la retraite de Sylvestre, celui-ci, ayant rappelé à lui tout ce que le monde comporte de dignitaires ecclésiastiques , se prépare à mourir en un ultime sacrifice, lors d’une dernière messe solennelle :
    " Dans une lumière éclatante, il voyait devant lui, s’offrant à son choix, les deux cités de saint Augustin. L’une était celle d’un monde né de soi-même, s’organisant soi-même, et se suffisant à soi-même, d’un monde interprété par des forces socialistes, matérialistes, hédonistes et se résumant enfin dans Felsenburgh. Et quant à l’autre monde, Percy le voyait déployé devant ses yeux, lui parlant d’un Créateur, d’une création,  d‘un but divin, d’une rédemption, d’une réalité transcendante et éternelle, dont tout avait jailli et où tout aboutissait. "
    Quand les bombes tombent et écrasent définitivement toute étincelle spirituelle dans ce monde, le climat lui-même se modifie. Des nuages courent dans le ciel, des orages grondent et des tremblements de terre ponctuent le crime qui vient de s’accomplir.
    Ce roman, avec un thème difficile et facilement caricatural à travers son manichéisme, aurait pu sombrer dans le pathos d’une bouillie littéraire innommable. Il n’en est rien, car soutenu par la puissance du style et la large vision de Robert - Hug Benson. Jamais ridicule, atteignant par moments au sublime, l’auteur pousse à l’excès, sous les oripeaux d’une fiction littéraire, les craintes de son époque livrée aux luttes anti-cléricales. Prenant clairement parti, il démontre que le combat entre Dieu et les hommes ne se situe pas au même plan et n’utilise pas les mêmes armes. Ce faisant, il nous livre l’un des meilleurs ouvrages du genre.