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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Alain BILLY Parution: 1975
    " Il faisait encore jour sur son monde d’origine ; mais, dans le ciel malade, strié d’éclairs de toutes les couleurs, des nuées fort inquiétantes s’enroulaient, gonflaient, éclataient sous le vent hurlant mêlé à des grondements de tonnerre incessants. " l’apocalypse ", pensa Rek, épouvanté. D’énormes masses de poussière se soulevaient, tournoyaient dans l’atmosphère chargée d’électricité, retombaient en crépitant sur les reliefs déchiquetés. Le jeune homme aspira une gorgée d’air acide, se mit à tousser, les yeux remplis de larmes. "
    Une terre ravagée, à l’agonie par on ne sait quelle catastrophe avec de rares survivants qui s’y battent pour subsister. Parmi eux, Rek, un jeune homme artiste, Prof, un ancien proxénète, Orda-Blue, la prostituée qui travaillait pour lui, et Bolk, l’ami de Prof. Ils imposent leur présence à Rek qui trouve Orda-Blue sympathique. En fouillant dans les ruines, Rek déniche un cristal qui a la capacité, avec l’aide la lumière lunaire, de créer un passage en un autre monde parallèle à la terre, par le biais de la surface d’une toile peinte.
    En ce monde parallèle, chacun de nos protagonistes possède son double, légèrement décalé. C’est un monde barbare, dominé par Hur le Grand (Bolk) qui entretient un harem à l’oriental ou Kerlie (Orda-Blue) et sa favorite et Klam (Prof), le castrat qui la chaperonne. Profitant de la confusion entre les doubles, Rek met bon ordre à cela, éliminant Hur-le-Grand. Avec Kerlie et Orda-Blue, il traverse à nouveau le miroir (pardon, le tableau) poursuivi par les gardes. Prof, qui avait pris la place de Klam, retient ces derniers en se sacrifiant. Ils reviennent sur la Terre, mais une nouvelle terre parallèle, débarrassée de toutes les souillures de l’ancienne et vierge de tous barbares.
    Un récit adolescent avec des préoccupations d’adolescent dans une collection pour adolescents, sans véritable innovation.

  2. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: K.R. DWYER Parution: 1975
    Trois actions parallèles se partagent le récit. Celle de Canning, agent spécial de la CIA chargé d’une mission à Peking pour y découvrir le déclencheur humain appelé "Libellule", un Chinois porteur d’une bombe bactériologique extraordinairement puissante. Le microbe libéré agit avec une virulence extrême, faisant des centaines de milliers de morts dans la nomenklatura du Parti, suffisamment pour que Taïwan intervienne et que les Russes, inquiets, entrent à leur tour en scène.
    Le déclencheur passera à l’action par suggestion post-hypnotique et ne peut être que l’une des trois taupes de la CIA infiltrée en Chine Populaire. Canning est aidé dans sa recherche par Tanaka,  une charmante  et efficace interprète.
    Celle de Mc Allister, le supérieur de Canning et responsable de la CIA est toute aussi essentielle. En connection directe avec le président des Etats-Unis, il a compris que certains des membres de la CIA étaient des infiltrés du "Comité", une synarchie d’extrême-droite ayant déjà à son actif l’assassinat de Kennedy .  Dirigés par des milliardaires dont A.C. West, s’appuyant sur des fascistes notoires comme Herringtons, après avoir développé la bombe bactériologique dans un laboratoire secret, ils sont avertis des faits et gestes de Mc Allister par Rice, le propre secrétaire du président US, un homme-lige à leur dévotion,  placé de longue date au sommet du pouvoir en ce but.
    Le troisième est celle du clan des méchants. Leur objectif est de s’emparer du pouvoir présidentiel après avoir provoqué le déclenchement d’une guerre mondiale triangulaire russo-sino-américaine qui, espèrent-ils, fera disparaître le communisme de la surface du globe.  A cet effet, dix autres  Libellules, russes cette fois-ci, sont déjà en place dans le bloc de l’Est. Manipulant par induction post-hypnotique  la pauvre Libellule afin de la contraindre à s’autodétruire, ils seraient déjà passés à l’action s’ils n’avaient commis une bévue.  
    En simulant chez le porteur - un important membre du Parti- lors de l’implantation de la capsule bactérienne durant son séjour aux USA, un comportement décadent (il se serait laissé aller à voir une prostituée), ils n’ont pas prévu qu’il irait expier ce péché à l’égard du marxisme dans un camp agricole, ce qui l’éloignait pour quelques temps des personnalités visées.  Ce délai permet à Mc Allister et à Canning d’agir en vue de désamorcer in extremis la bombe. A cette fin, il aura fallu, pour l’un, de  remonter jusqu’à Rice trahi par son vice, et pour l’autre, jusqu’à Webster le propre ambassadeur américain  en poste à Péking,  afin d’écarter la terrible menace en tuant Choa-Hong, le porteur de la bombe, Webster, le complice des fascistes et le général Ling, manipulé lui aussi par le Comité.
    En définitive, la guerre mondiale sera remise à plus tard. Canning sortira de son état de célibataire en épousant Kanata, Mc Allister débarrassera le monde des derniers maillons du Comité trahis par un Rice manipulé à son tour. Fin heureuse suivie pourtant par une conclusion pessimiste quant au pouvoir des hommes de se diriger eux-mêmes.
    Un roman efficace, une action soutenue. De quoi lire sans désemparer…

  3. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Henri BELLAMY Parution: 1975
    Affolement dans les locaux de la banque de France. Un arrivage de lingots d’or en provenance de l’étranger s’est révélé être formé de barres de plomb. Vérification faite, monsieur le Gouverneur de ladite banque et ses collaborateurs s’aperçoivent que c’est l’ensemble des réserves d’or françaises qui se sont mystérieusement transformées :
    " Les grands diamantaires ne perdaient pas tout. Mais pour les petits bijoutiers, c’était la fin. On rapporta un cas de morts subites véritablement tragique. Le père, un bon vieux juif du marais, en présence de sa vitrine ravagée, tombe raide. Sa femme se précipite : " Mon pauvre Jacob ! " Puis elle voit la devanture ruinée. C’en est trop ; elle tombe à son tour ! Le grand’père accourt, du fond de l’arrière-boutique. Il porta la main à sa gorge. Il roule, troisième sur les deux cadavres. "
    L’affolement gagne M. le préfet et les personnalités religieuses et politiques. Force est de constater que tout ce qui est or s’est transformé en plomb, y compris les fausses dents et les objets du culte. La rumeur publique s’amplifiant, le préfet, pour éviter le débordement de la foule, fait cerner les bâtiments publics par la troupe. La Bourse plonge et la presse se déchaîne. Le parti de " l’Action française ", sous la coupe d’Isaac Davidet, en attribue la responsabilité aux Démocrates et Républicains :
    " Quand je disais à tous les suce-pieds et podosuceurs du parlement et de la presse, que cette vieille guenippe de Stellar le locarnien, avec sa bobine de chien crevé –Tardieu dixit- finirait par les conduire, derrière ses chausses, dans l’ordure la plus abjecte, il y avait encore de bons coyons pour insinuer que j’exagérais. Bons coyons et sublimes podosuceurs, vous y êtes ! vous y êtes jusqu’au ventre ! Tripes et boyaux (…)
    Allons, gensses du gouvernement de la chose publique, précieux pédérastes et fustigés, tous les marinés dans le stupre, la simonie, l’escroquerie, le trafic d’influence, qu’est-ce que vous faites ici ! Fichez le camp ! Place au bien-aimé Roy !. "
    De l’étranger parviennent des nouvelles préoccupantes. Devant le phénomène, qui ne semble toucher que la France à partir de Paris, l’Angleterre et l’Allemagne s’inquiètent. Ils exigent que la France rembourse immédiatement ses dettes, avec une fin de non recevoir de la part du président Stellar. Le vieux professeur Cymbol, en une séance remarquable à l’Académie Française, après une étude statistique de la propagation du mal, conclut à une " onde radiante " qui émanerait du centre de Paris. Quelque part, quelqu’un en veut à la France.
    Une chasse à l’homme est annoncée et la tête des malfaiteurs mise à prix. C’est là qu’intervient le rondouillard mais perspicace Agénor Jubin, journaliste au " Métropole ". Il réussit le premier, grâce à son flair, à découvrir le responsable de la transmutation, le savant Paolo Arriegias, noble et vertueux vieillard , ainsi que sa jeune compagne, Fleur. Ce dernier a mis au point le " transmuteur " qui agit par " ondes inductrices " sur tel ou tel métal - l’or en l’occurrence-, par modification de la composition moléculaire.
    Agénor Jubin, après une première explication orageuse, deviendra le chroniqueur officiel d’Arriegas, en distillant une information choisie en direction de son journal.  Le quotidien s’arrache, mais Jubin demeure introuvable. Dans les sphères politiques, l’atmosphère s’envenime, surtout à l’annonce d’une attaque aérienne conjointe des autres pays européens sur la capitale. Paris, affolée, se vide de ses habitants :
    " Les autobus, pris d’assaut, la foule s’y entassait à étouffer, s’agrippait aux toits. " Chauffeur, conduis-nous, vite, loin…" Ils se ruaient en avant, vers les portes les plus proches. Parfois il y avait de terribles accrochages. Ou un assaillant glissait du toit. La lourde machine avait alors un cahot mou et on entendait un cri horrible : elle venait d’écraser un homme. "
    De longues files de fugitifs se traînent aux sorties de la ville. Le président Stellar, laissé pour mort, est remplacé par Tarval, le populiste. Lorsque Arriegas apprend la traîtrise des pays européens, il allonge le champ d’action de ses ondes, privant l’Angleterre, comme l’Allemagne ou la Russie de son or, ce qui change les données économiques et politiques :
    " Le gouvernement de Berlin passa par des alternatives de décision et d’hésitation. L’attaque de la France sans le concours anglais devenait périlleuse. Et puis, on allait se battre contre quoi ? Que recélait en possibilités meurtrières cette force mystérieuse qui, contre toutes les lois connues de la physique et de la chimie, venait, aux ordres d’un homme, désintégrer un métal et spécialement ce métal-là ? Si l’or, pourquoi pas le fer et l’acier ? Et, dans ce cas, les avions et les armes… "
    Stellar, revenu de son éclipse politique, les gouvernements envisagent de mettre en place une "union monétaire européenne" pour parer à la menace, ce qui provoque la colère des Américains. Arriégas est satisfait. Son opération de déstabilisation dans le but de promouvoir la paix et l’union a porté ses fruits. Stellar, qui a analysé les motivations du savant, suggère qu’au lieu de le poursuivre en tant que criminel, on l’accueille au sein de l’hémicycle comme conseiller.
    Arriégas, avec Agénor, se rend à l’invitation de Stellar, provoquant un étonnement sans bornes. Pendant que les Européens l’écoutent, médusés, l’hostilité des représentants des grands groupes industriels américains croît en proportion. Deux jours plus tard, au moment où les deux hommes allaient produire leur allocution au Parlement, ils sont mystérieusement assassinés. Fleur, qui apprend la mort de son compagnon, se suicide non sans avoir au préalable détruit le transmuteur.
    "L’or en folie" d’une écriture mordante et ironique met l’accent sur le cynisme des mobiles humains et sur la difficulté des réformes. Pourtant, La belle idée d’une Europe unie, audacieuse dans ce roman  d’avant la guerre mondiale, actualise d’autant plus ce récit

  4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Pierre SURAGNE Parution: 1975
    Quatre destins différents dans une société française du futur qui ressemble étrangement à la nôtre.  Le premier, c’est celui de Daniel Keyes, psychothérapeute qui se retrouve coincé dans son bureau avec Patricia, sa secrétaire, lors d’un tremblement de terre. Seuls survivants de l’immeuble en ruines, du moins le croyaient-ils, ils seront rejoints par deux psychopathes qui ont beaucoup de comptes à régler avec leur analyste…. Jorge de Vila, l’anarchiste, rencontre son destin en échappant à la police pour se diriger vers la ville, qu’il n’atteindra jamais, car la centrale nucléaire de Fessenheim vient d’exploser, la ville est détruite, les citoyens irradiés… :
    "  Avant, la bête gigantesque, hérissée, était plantée sur le décor plat de la ville. La bête qu’on appelait aussi Centrale Nucléaire, la bête aveugle surplombait de toute sa taille la ville de Fessenheim. Et maintenant, la bête était morte. Tuée. On n’avait rien retrouvé de ses os, rien de son cadavre : à cet endroit où elle était assise, il y avait la terre ouverte, il y avait le cratère et le bouillonnement de la lave. Une trappe ouverte sur l’enfer. "
    Lovskovitch, le policier traqueur d’anarchistes, se trouve en ville lorsqu’un ciel rouge et jeteur de feu, des séismes, des explosions, un tremblement de terre, le coincent sous une dalle de béton. Il mourra écrasé. Le gouverneur de la France, Saint-Jenet, aux deux visages, (l’un, son visage réel, l’autre, un masque sous lequel on le connaît),  est en vacances sur la côte d’azur lorsque un épouvantable ciel rouge recouvre toute la région. Il tente de fuir, tout en se rappelant qu’il devait expérimenter ce jour-là une nouvelle arme " le Cauchemar 065 " dans le complexe militaire de la région d’Apt. En fait, elle a bien été expérimentée cette arme,  puisque chacun des quatre protagonistes précédents a subi une injection qui lui aura fait vivre une fin du monde selon ses fantasmes, ce dont aucun ne s’en remettra jamais. Seul Saint-Jenet, volontaire,  et parce qu’il a subi une dose minimale,  en réchappera. Les autres, détenus et condamnés à mort, mourront dans d’atroces souffrances !  Comme l’avenir est radieux dans cette France du futur !
    Un récit sans vraie surprise, acceptable dans le cadre d’une série populaire. Un roman vite fait, bien fait.  Mais qui, en 1975,  aura  osé jeter la première pierre à Pelot ?

  5. Type: livre Thème: épidémies, sociétés post cataclysmiques 2 Auteur: Paul BERA Parution: 1975
    La "Maladie", d’origine cosmique, s’est abattue sur l’espèce humaine et les grands mammifères. En trois jours,  elle a signé leur disparition. Tel est le temps nécessaire avant que les jeunes isolés (les " Quêteurs ") ne meurent s’ils ne trouvent impérativement un Vieux (le " Support ") auprès duquel ils pourront vivre comme " Implants ".Car le virus inconnu est de nature duelle et ne peut exister qu’en une symbiose unique jeune/vieux… Toute autre forme de vie est condamnée dans un délai de trois jours. Un Implant sans Support disparaît et, comme les vieux meurent plus tôt que les jeunes,  de nombreux Implants se transforment en Quêteurs. Cent ans après l’épidémie, il ne subsiste plus de société, ni de vie économique. Seuls des couples isolés Support/Implant survivent tant bien que mal dans un paysage redevenu hostile.
    Laura, une jeune fille, a perdu son Support, Maltus. Elle est près de mourir lorsqu’elle rencontre Phil, un jeune à l’air maladif, qui survit curieusement tout seul, sans Support. Il est originaire d’un " Refuge ", sorte d’enclave protégée, mise en place par un médecin de jadis honoré aujourd’hui sous la dénomination de " Seigneur Berthaudet. " Là, des Implants maladifs comme lui ont survécu. Laura ne peut en croire ses oreilles bien que la présence de Phil lui sauve la vie. Sa deuxième rencontre extraordinaire fut avec Tony, un Support adulte en provenance d’une " Communauté ". Lui aussi connaît les enseignements de Berthaudet. Il est à la recherche d’habitants des Refuges puisque eux seuls peuvent: " Libérer l’adulte, guérir le vieillard, sauver le jeune. "
    La «Communauté», de type scientifique, contrairement aux Refuges, de type religieux, forment l’autre face de la solution trouvée par le génial Berthaudet pour sauver l’espèce humaine. Il avait constaté que les humains affectés par la maladie de la leucémie de type B étaient réfractaires à la Maladie. Donc leur sang, en infectant les jeune Implants les libéraient des Supports tout en les préservant de la mort. L’action de la leucémie avait pourtant l’inquiétant pouvoir de les faire vieillir trop rapidement. Ceci pouvait être contrebalancé par le sang d’un Support, infecté par le virus extraterrestre antinomique du Virus B. Grâce à Tony qui comprit le premier le processus d’enchaînement, Phil put donner son sang à Laura. Par la suite, au sein de la Communauté, c’est Tony qui sauva Laura de la vieillesse en lui donnant à son tour de son sang. Par cela, l’espèce humaine se retrouva enfin libre.
    Une idée originale mise au service d’une intrigue riche en possibilités relationnelles, tel est le roman de Bera qui exploite la voie opposée de celle de Rosny Aîné dans " la Force mystérieuse ".

  6. Type: livre Thème: guerres futures 2 Parution: 1975
    contient les nouvelles:
    le Voisin (Robert Silverberg)
    Sentinelle (Frederic Brown)
    Honorable adversaire (Clifford D. Simak)
    Mauvais contact (Idris Seabright)
    Le Porte-guigne (Mack Reynolds)
    Mars est à nous (Alfred Coppel)
    les tranchées de Mars (Fritz Leiber)
    Votre soldat jusqu’à la mort (Michael Walker)
    la Première et dernière demeure (Joseph Wesley)
    Hymne de sortie du clergé (Fredric Brown)
    la Ville (Ray Bradbury)
    la Guerre est finie (Algis Budrys)
    le Sacrifié (Philip K. Dick)
    la Libération de la terre (William Tenn)
    Champ de bataille (J.G.. Ballard)
    Bienvenue, camarade! (Simon Bagley)
    Si les mythes m’étaient contés (Fritz Leiber)
    Les Défenseurs (Philip K. Dick)

  7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Claude AUCLAIR Parution: 1975
    Préfiguration de «Simon du fleuve», «Jason Muller» s’ouvre sur une série de petits récits post-cataclysmiques. La civilisation moderne, bouleversée par l’atome, a disparu. Subsistent encore des enclaves technologiques, dont celle de Mont-Verne, où opère Jason, à la recherche d’individus évolués en des sociétés retournées à la culture de la terre et au nomadisme.
    Jason pilote l’unique barge anti-G qui permet un déplacement rapide par la voie des airs. Mais par pour longtemps. Un organisme extraterrestre, ramené malencontreusement d’une expédition planétaire antérieure, a prospéré dans l’atmosphère terrestre. Comme il menace des nomades, Jason le détruit en y laissant son engin volant. Il pourra retourner à Mont-Verne grâce à une fusée découverte au centre du village nomade.
    Dans le deuxième épisode, Jason Muller lutte contre un soi-disant dieu qui guérit et fait des miracles. En réalité, avec ses acolytes, celui-ci espère asservir les nomades attirés par sa réputation et ses médicaments retrouvés dans les ruines de Paris. Jason démasque les oppresseurs, défait la bande des malfrats, s’attirant la sympathie des nomades.
    Le chef de Mont-Verne est relevé de ses fonctions par une nouvelle hiérarchie militaire qui veut une action plus musclée à l’encontre de nomades réfractaires. Lors de l’attaque d’un camp, Jason prend leur défense. Mis à pied, il sera exclu de Mont-Verne.
    En déplacement solitaire dans le sud de la France, le long d’une autoroute détruite, il arrache d’abord Lise des griffes d’une bande de soudards, puis l’ensemble d’un groupe de nomades. Il les mène en un lieu sûr où ils pourront s’établir.
    Le dernier épisode ne concerne pas Jason Muller. Dans Paris envahi par la végétation, deux hommes pistent une jeune fille dont il espère faire un partenaire sexuel. Elle les mène dans un piège où, capturés par ses consoeurs, ils termineront leur vie dans une « fosse aux mâles », rendus responsables par ces dames de la détresse du monde actuel.
    «Jason Muller», annonce par le trait vigoureux et la philosophie écologiste d’Auclair, sa haine de l’oppression et de la technologie qu’il développera plus longuement dans «Simon du fleuve »

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques, la nouvelle glaciation Auteur: Paul BERNA Parution: 1974
    Sept adolescents défavorisés ou en rupture de ban avec la société,  s’apprêtent à vivre une grande aventure. Le centre d’accueil qui les héberge leur propose une virée à cheval, dans des conditions difficiles, qui devra les amener dans le sud de la France, en Languedoc, par les Cévennes et la Lozère.
    Sous la conduite de Stève, Billie, Josette, Claris, Robin et Christian, ainsi que Raphaël, vont vivre une épopée sans se douter de ce qu’elle leur réserve, au bout d’un trajet à caractère initiatique. Car une comète, appelée Kryla, devrait croiser l’orbite terrestre cet été-là et l’on prédisait de par le monde de fâcheux événements, sans que cela n’entame en rien la détermination de vivre " à la dure " de la part de nos héros. L’ambiance du groupe n’est pas franchement gaie et l’agitation inaccoutumée des automobilistes, lorsqu’ils leur arrivent de couper des nationales, est de mauvais augure. Les gens se déplacent en masse, peut-être effrayés par la comète:
    " l’apparition de Kryla ne justifiait donc qu’à demi la frénésie collective qui s’était emparée des foules citadines, les avait lancées sur les routes, dans toutes les directions . Peut-être fallait-il chercher ailleurs l’origine de ce malaise, dans l’humanité même de cette fin de siècle, d’abord endormie, puis submergée par une vague de progrès qui l’avait dépouillée peu à peu de sa véritable force morale... "
    Nos amis continuent de cheminer ainsi, avec leurs petits soucis personnels, en s’endurcissant au fur et à mesure de leur avancée. Monsieur Anglade, le directeur de leur centre, leur a même préparé une position de repli en faisant appel à l’un de ses vieux amis, Marc Peyrolles, qui habite une ferme isolée près de Mende, l’Hospitalou d’Ajenc, laquelle pourra leur servir de base arrière en cas de problèmes.
    Or, des problèmes, il allait y en avoir! La comète se rapproche et se fait de plus en plus inquiétante: " La tête de Kryla, un noyau d’or entouré d’une chevelure de flammèches et d’aigrettes, touchait déjà un horizon crénelé formé dans le sud-ouest par les montagnes du Quercy et l’arrière-plan plus ténébreux des Pyrénées. Elle déployait en arrière une fantastique écharpe lumineuse qui s’incurvait sous la voûte du firmament, frangée à sa base par des ondulations, des frémissements de draperies multicolores, pourpres, roses, dorées, violettes, ou d’un bleu-vert très délicat, comme celles des grandioses aurores polaires. Tout au bout, ce flamboiement s’effilochait peu à peu en laissant de pâles traînées vaporeuses à travers lesquelles on voyait scintiller de nouveau les constellations. L’extrémité de la queue commençait à se détacher de l’horizon nord-est barré par le massif alpin. La nuit noire, une belle nuit d’été, remontait lentement dans ce coin de ciel. "
    Les gens qu’ils rencontrent deviennent de plus en plus agressifs et ceci les incite à rester sur leurs gardes. Stève finit par convaincre ses compagnons qu’une solution sage, pour résister à une sécheresse de plus en plus forte, serait de faire un arrêt chez Marc Peyrolles. Celui-ci les attend, heureux d’accueillir dans sa solitude des jeunes aussi débrouillards et sympathiques. Il leur fait visiter sa demeure et leur montre les possibilités offertes par des caves et des souterrains jadis utilisés par les templiers. A l’aube du 2 août, date à laquelle la comète se rapproche le plus de l’orbite terrestre, l’ambiance se détériore. L’aube n’est pas celle d’un jour d’été. Soudain, c’est le cataclysme:
    " La coupole jaune recouvrant la terre venait d’éclater comme une bulle au-dessus de l’horizon, dévoilant un pan de ciel très noir, piqueté d’étoiles. Les lèvres de cette plaie béante se distendaient à vue d’oeil, ourlées d’une lumière bouillonnante qui s’effilochait en draperies multicolores, animées d’un mouvement spasmodique. Le froid de l’espace interstellaire se ruait par cette ouverture à la même vitesse que Kryla dans sa course aveugle. "
    La comète, dans sa course, avait arrachée une partie de l’atmosphère terrestre. Le froid mortel de l’espace s’abattit à l’instant sur la Terre, congelant immédiatement l’ensemble du monde vivant. S’étant réfugiés in extremis avec leur hôte au fond des souterrains, descendant de plus en plus bas pour échapper à l’étreinte mortelle du froid, les adolescents survivent. Leur situation apparaît intenable. Par manque de vivres, ils seront obligés de remonter en surface pour y constater un spectacle d’horreur : du ciel totalement noir, même en plein jour, tombe une neige drue qui ensevelit le paysage dans un linceul blanc.
    Lorsque Marc Peyrolles meurt de froid, Steve ne se décourage pas. Meneur naturel, il oblige les autres à quitter l’abri de la ferme, à avancer dans l’obscurité vers le seul salut possible: la direction du sud. S’étant fabriqués des skis, et prenant appui pour dormir dans quelques villages silencieux, ils avancent lentement et s’habituent à l’horreur quotidienne:
    " Ils aperçurent les premiers cadavres à l’entrée de Sainte-Enimie, dans la lueur jaune des falots balancés par les skieurs. Des gens débraillés assis le long du trottoir, écroulés en longue file à la porte d’une épicerie, ou dressés comme des figures de cire derrière une vitrine étoilée de givre, les yeux fixes et la bouche ouverte, pétrifiés sur place dans leur dernière attitude. "
    A un moment donné, ils suivent le couloir des gorges du Tarn dont la route, encombrée de voitures enlisées dans la neige avec leurs cadavres à bord, devient de plus en plus difficile à pratiquer. Stève, après avoir découvert Manuel, un agent d’entretien de la SNCF encore vivant, décide de continuer  la route en déblayant le terrain à l’aide d’un bulldozer remis en état par Manuel. La température augmente au fur et à mesure que les éléments se stabilisent et bien qu’il ne fasse pas encore jour, à la neige succède la pluie. Nouveau péril. Des trombes d’eau s’abattent et, sous peine d’être noyés ou en proie aux épidémies qui ne manqueront pas d’éclater, il leur faut progresser sans trêve. Le bulldozer est bientôt oublié. C’est à pieds, avec leur sac à dos, qu’à bout de force ils continueront leur chemin. A la limite de l’épuisement, ils suivent les traverses du chemin de fer vers Béziers, s’attendant à trouver un climat meilleur dans le sud, vers la mer. Mais à la sortie d’un tunnel,  nouvelle déception. Ils aperçoivent  avec horreur:
    " Une mer couleur de boue dont la surface étincelait faiblement sous le ciel blême. Elle était toute proche et puait horriblement. Ses molles ondulations poussaient un énorme bourrelet d’épaves contre le nouveau rivage. Il pleuvait moins, mais le plafond nuageux restait aussi opaque et la ligne d’horizon à peine visible se perdait dans cette grisaille. On apercevait çà et là des pitons dénudés, quelques villages émergeant comme des îlots, des clochers, des cheminées d’usine qui jalonnaient le territoire englouti et, très loin, les plus hautes maisons d’une grande ville qui semblait perdue au large.
    -C’est Béziers! bégaya Manuel. Et voilà tout ce qui reste du Bas  - Languedoc. "
    La catastrophe est donc universelle. Au moment où ils abandonnent tout espoir, ils rencontrent un groupe de survivants retranchés dans des H.L.M. sous la férule d’un individu qui s’intitule " le général " Caroube et qui compte remettre en route l’embryon de société ainsi constituée en y insufflant les fantasmes d’une organisation sociale fondée sur la loi du chef. Si Manuel consent à rester en ce lieu, Stève et ses compagnons refusent de se plier à une structure féodale. Ils reprennent la route, vers le nord cette fois - ci, et en hauteur, sur les pentes abruptes de la Valdonne, ils espèrent découvrir, maintenant que le temps s’améliore et qu’un bout de ciel gris apparaît, de nouvelles raisons de vivre.  Des idylles se sont nouées entre les garçons et les filles, êtres nouveaux dans un monde nouveau où la vie , malgré tout, persiste:
    " Tu as trouvé quelque chose? dit-il en accourant. Elle écarta l’herbe brûlée et lui montra son trésor : une mince touffe de graminées d’un vert éclatant qui commençait à remonter par-dessous l’humus. Au milieu, le bijou le plus fabuleux du monde : une minuscule fleur rouge à six pétales qui rayonnait faiblement dans le jour gris. "
    " La dernière aube " est un roman pour adolescents ni puéril ni fade. Des caractères trempées, un style sans défaut, une description terrifiante des épreuves qui attendent les héros, font de ce roman une oeuvre rivalisant avec les plus grandes du genre.

  9. Type: livre Thème: menaces animales Auteur: Berton ROUECHE Parution: 1974
    Lester, rédacteur à la revue « Modern Science » et Liza, un jeune couple de citadins, sont séduits par la vie à la campagne. Ils s’installent à Amangansett, une région boisée de l’île de Long Island et abandonnent leur chat dans la campagne environnante pour se sentir plus libres. Un voisin les avertit :
    « A mon avis, les véritables responsables, ce sont les gens qui perpétuent cet état choses. Je pense en particulier aux estivants qui viennent ici pour la saison et qui prennent un petit chat pour amuser leurs gosses. Quand vient le moment de retourner en ville, ils ne s’embarrassent pas de scrupules: hop, ils déposent le minet au bord d’un chemin et le laissent se débrouiller comme il pourra. »
    Ceci n’est pas bien du tout et le reste du récit le prouvera. Des signes inquiétants leur révèlent que des chats, beaucoup de chats, sont très présents autour de la propriété :
    « Je tournai la poignée et entrouvris la porte de quelques centimètres. Ils étaient toujours là. Il semblait y en avoir encore plus qu’avant. La cour en était remplie, ainsi que l’allée jusqu’à la limite du pré et de la forêt. Ils encerclaient la maison. Ils étaient tous tournés vers elle, parfaitement silencieux, assis ou allongés sur le côté, leurs yeux obliques à demi-clos, dans une attitude d’attente. »
    Bishop, un fermier, signale de nombreuses disparitions de bêtes domestiques. Un cerf est découvert mort, avec de graves blessures et les yeux crevés.  En un mot, les félins ne se contentent  plus d’observer les êtres humains ; à l’occasion, ils les attaquent. Leur voisine Julia en fera les frais, puisque mordue à la main par l’un des chats, elle mourra de septicémie à l’hôpital. De même, leur vieux chien Charlie se fera agresser à mort dans les bois. Lester se demande comment il pourrait se débarrasser du fléau. Une première visite auprès de Castelli, le gardien de la fourrière, ne produira aucun résultat sinon d’apprendre que les chats abandonnés sont légion en cet endroit. Il faudra la mort de l’un des policiers, le sergent Kruzer, envoyé en observation et sauvagement assailli, pour que les autorités municipales, après de nombreuses délibérations, prennent la décision de nettoyer ce coin de forêt où se sont rassemblés les félins :
    « Le gros chat état là, couché dans l’herbe flétrie de l’hiver. J’espérais qu’il était bien mort. Car un autre chat, celui de tout à l’heure, marron et gris, était penché sur lui, occupé à lui déchirer les entrailles. Il m’entendit, ou bien me vit, et releva la tête. Ses crocs étaient sanglants. Je le mis en joue. Il ne bougea pas. Je tirai. Sa tête vola en éclats. »
    Une battue sera organisée par tous les gens de bonne volonté dans le but d’éliminer définitivement le danger en tirant les chats au fusil ou en les repoussant à l’aide de gaz lacrymogène vers la rivière où ils se noieront. Lester pousse un soupir de soulagement : sa femme et lui pourront vivre en paix ! C’est en rentrant chez lui après cette dure journée qu’il aperçoit, sur le pas de la porte, un chat en train de se lécher…
    Un roman pour jeunes enfants dans lequel l’auteur envisage la révolte animale, certainement comme réponse aux vilenies des humains, et le danger que constitue la multiplication incontrôlée d’anciens animaux domestiques. Un petit récit sans grande surprise.

  10. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l’humanité, Adam et Eve revisités Auteur: Manuel DE PEDROLO Parution: 1974
    La jeune Alba sauve le petit Didac de la noyade. En ressortant de l’eau, les deux enfants constatent que toute vie s’est arrêtée sur terre. Ils reviennent en courant vers leur village en ruines, aux maisons fissurées, effondrées, laissant apparaître partout des cadavres :
    « Et partout, à moitié ensevelis par les ruines, à l’intérieur des voitures arrêtées, dans les rues, il y avait des cadavres. Un nombre incroyable de cadavres qui avaient tous le visage contracté en un rictus étrange, et la peau d’un jaune rosé. Ils n’avaient pas été tués par des pierres ou des poutres, car certains gisaient au milieu d’espaces vides, intacts, sans blessures ni saignements apparents, comme s’ils étaient simplement tombés sous le coup d’une crise d’apoplexie. »
    Alba, qui a 14 ans, s’occupera de Didac, qui a 9 ans. Tout en s’interrogeant sur l’origine du désastre et en pleurant leurs familles mortes, ils se rendent compte que l’ensemble du pays est dans le même état. Le premier choc passé, ils songent à fuir Benaura, le village martyr.
    L’avisée Alba, ayant établi une liste des choses à emporter sur une charrette à bras, part avec Didac s’établir dans les bois qu’elle connaît bien, à cinq kilomètres de tout lieu fréquenté. Ce fut un effort terrible pour ces jeunes enfants qui durent s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir établir un campement de fortune au bord d’un ruisseau. Leur premier nettoyage dans l’eau appelle une série de questions de la part de Didac :
    « Comment se fait-il que les filles soient différentes ? demanda-t-il au bout d’un moment.
    Alba se rendit compte qu’il était gêné d’avoir posé cette question et lui sourit.
    -Si nous étions tous pareils, il n’y aurait ni hommes ni femmes, dit-elle.
    -Et tu es contente d’être une fille, toi ?
    Cette fois Alba éclata de rire .
    -Oui, Didac. Comme tu seras content plus tard d’être un homme. »
    la question du racisme est aussi abordée dans la franchise, Didac étant noir :
    « -Je préférerais être blanc, moi
    -Pourquoi ? le noir est très joli.
    -Mais au village les autres se moquaient de moi. Et quelques grandes personnes aussi.
    -Maintenant cela n’arrivera plus, Didac, il n’y a plus que toi et moi. »
    Jour après jour, ils organisent leur vie, jouant à Robinson, subsistant grâce aux aliments emportés, ainsi qu’aux champignons, pignons ou truffes trouvés dans le sous-bois. Alba est consciente de la précarité de leur condition, et inquiète de l’avenir. Elle pousse Didac à s’instruire en mécanique tandis qu’elle même s’intéresse fortement à la médecine. Ainsi le jour où elle se cassera le tibia, pourra-t-elle se soigner elle-même en pratiquant les gestes appropriés.
    Une année s’écoule ; Alba a quinze ans. Explorant les environs, ils découvrent dans une ferme vide à quelques kilomètres de leur grotte, une poule redevenue sauvage, et des pommes de terre dans une réserve. Grâce à la poule, leur nourriture s’enrichit désormais d’œufs. Pour faire face à la dureté de leur vie quotidienne Alba insiste sur une propreté absolue :
    « Et ainsi ils se lavaient chaque matin, au réveil, car Alba insistait sur la nécessité d’observer une hygiène rigoureuse ; à ses yeux, cela constituait la condition essentielle d’une bonne santé. La crainte de tomber malade continuait à la tourmenter, et elle ne passait pas un jour sans lire un passage du dictionnaire médical. »
    Tout en éduquant Didac, Alba le pousse à se procurer des livres pour pouvoir parer à toute éventualité. Didac, devenu habile en mécanique, remet en marche le vieux tracteur de la ferme grâce auquel, prudemment, ils poussent jusqu’au village. Les cadavres, toujours présents, ont maintenant la peau parcheminée d’où percent les os, un spectacle qui n’émeut plus  les deux adolescents. De retour avec des jerrycans d’essence, ils aperçoivent dans le ciel des appareils de forme étrange : ils ne seraient donc pas seuls sur cette terre ?
    A présent Alba prend des précautions. Elle ne tient pas à être découverte, ne sachant si elle a affaire aux ennemis qui auraient éradiqué l’espèce humaine. Cela est d’autant plus compliqué que Didac tombe malade, présentant tous les symptômes d’une rougeole qui manque de le terrasser. Alba le soigne avec dévouement, sachant il leur faut changer d’alimentation et de lieu.
    A peine ont-ils décidé de partir, qu’ils aperçoivent à nouveau l’un de ces étranges vaisseaux en perdition qui s’abîme dans les lointains. Se guidant sur la fumée dégagée par l’accident, Alba et Didac s’approchent, observant la scène à l’aide de puissantes jumelles. Ils aperçoivent une créature curieuse et inquiétante :
    «De dos, ainsi qu’ils la voyaient, elle avait l’apparence d’un pygmée doté d’un cou très long avec, au bout, une protubérance en forme de poire renversée, à savoir que sa partie supérieure était beaucoup plus large que sa partie inférieure. Sa peau, rose comme celle d’un porcelet, ne semblait porter ni poils ni cheveux et donnait une désagréable impression de nudité. »
    Alba a l’intime conviction que c’est son ennemi. Sans hésitation, avec son fusil, elle le tue et ramasse le curieux objet qu’il portait, qui s’avère être une arme calcinant tout à portée de rayon. Après avoir enterré l’extraterrestre, ils savent qu’ils ne sont plus en sûreté désormais dans leur grotte et conviennent de partir immédiatement. Juchés sur leur tracteur, ils quittent la région de Bénaura où la décomposition des choses s’accélère. Nulle part, le long de la route qui les conduit vers Barcelone, de signes de vie, mais partout la tristesse des tôles froissées, la solitude des villages, l’empilement des ruines qui les empêchent de progresser normalement :
    « De temps en temps, presque toujours au ras des fossés, ils trouvaient des motos renversées, les occupants changés en squelettes gisaient à terre, une jambe coincée sous la machine, leur casque protecteur sur le crâne. »
    Toute la campagne semble bouleversée comme si une main gigantesque avait broyé les terrains géologiques. Apercevant enfin une caravane abandonnée, ils l’utiliseront comme résidence en l’attachant à leur tracteur. L’exploration de Barcelone apporte de nombreuses déceptions. La ville est quasi impraticable, la nuit, l’absence de lumière les gêne. Que faire en ces lieux sinon récupérer ce qui peut leur être utile dans les bibliothèques, des livres dont ils font une ample moisson.
    Plus tard, Ils prennent leurs quartiers dans une villa, sise au bord de la mer,  entre Hospitalet et Llobregat, retournant parfois en ville avec une jeep remise en état. Même si leur exploration les amène parfois sur la piste d’un hypothétique survivant, ils n’en rencontreront jamais.Leur vie est douce au bord de la mer. Ils lisent et se cultivent. Alba a acquis de très bonnes connaissances en médecine. A la plage, ils pêchent des crabes, s’aventurent parfois en barque, se prennent en photos … et découvrent l’amour :
    « Ils s’enlaçaient, s’embrassaient avec un sentiment de bien-être et d’affection qui, peut-être, à leur insu, commençait à se changer en amour. Didac, à onze ans, avait déjà l’apparence d’un bel adolescent et il semblait à Alba que, depuis ce jour où ils s’étaient baignés à la plage, il la considérait désormais comme une femme. »
    Déconseillant à Didac d’apprendre à piloter un avion  à cause du risque encouru, Alba et son compagnon mettent en place un vaste projet. Tout d’abord, retourner sur leurs pas, jusqu’à la grotte initiale,  pour prendre une série de photos-témoins de la catastrophe. Puis, préparer un yacht et longer la côte espagnole jusqu’en Italie et en France. Didac s’y emploie avec ferveur et patience, ne laissant rien au hasard. Même leurs livres trouveront un abri dans la caravane –bibliothèque.
    Au printemps d’après, Alba ayant dix sept ans et Didac onze, ils prennent la mer, cap au nord-est, s’abritant dans les calanques, musardant le long de la Costa Brava jusqu’au Golfe du Lion.
    Un jour, à la Spezia, ils observent le long de la plage, une personne vivante. Tout à leur émotion, ils ne s’aperçoivent pas qu’ils sont tombés dans un piège. Les individus, au nombre de trois, envisagent de tuer Didac et de violer Alba. Celle-ci, toujours prudente, ayant en mains l’arme des extraterrestres, les tue sans remords. Pourtant cet épisode ternit quelque peu leur voyage.
    Lorsque l’été s’étire dans l’automne, ayant participé dans une fête de tous les sens à la beauté de la nature, ils décident de revenir chez eux. Ils savaient maintenant qu’ils étaient vraiment seuls sur terre, eux, et le petit être que portait Alba, enceinte de Didac.
    De retour à Barcelone, ils comprennent que toute leur vie doit être orientée vers le bébé à naître. Didac se plonge dans des ouvrages d’obstétrique, prenant très au sérieux son rôle de père. Il se soucie de tout ce dont a besoin l’enfant : des montagnes de boîtes de lait, des couches, des médicaments s’accumulent dans leur villa. Didac ne néglige ni le jardin, ni le poulailler, poussant de nombreuses fois jusqu’à Barcelone. Jusqu’à ce jour, le dernier, où il meurt écrasé par un mur branlant. Alba, qui le cherche toute la nuit, désespérée, le découvre enfin :
    « Mais Didac ne répondit pas, et elle ne le trouva pas non plus dans l’entrepôt où elle pénétra alors. Elle ressortit et là, éperdue d’angoisse, regarda autour d’elle. La lumière du jour était plus intense, à présent, mais son désarroi était si grand qu’elle n’identifia pas tout de suite comme une jambe, la chose sombre sur laquelle elle posa les yeux, et qui émergeait d’un tas de pierres à quarante ou cinquante mètres de l’endroit où elle se tenait. »
    Elle assurera seule le rituel funéraire du père de l’humanité :
    « Vers le milieu de l’après-midi, elle s’assit par terre à côté du jeune garçon et prit une de ses mains entre les siennes. Pendant deux heures, elle demeura immobile, ne remuant que les lèvres tandis qu’elle se remémorait en silence, pour elle-même et pour lui, l’histoire de peine et d’amour qu’ils avaient partagée. Elle resta là jusqu’au soir. Puis elle s’agenouilla et, penchée sur lui, embrassa ses lèvres froides tout en le réchauffant de ses dernières larmes. »
    Le texte s’achève par une postface ou d’érudits intervenants s’interrogent sur la vérité de ce récit qu’ils considèrent comme le manuscrit de la mère de l’humanité puisqu’aujourd’hui, l’on sait de quelle manière les habitants de Volria, à la recherche d’une planète où s’établir, ont utilisé le système Grac/D lequel, arrêtant les cœurs des humains et induisant des vibrations dans toutes les microstructures, a décimé l’humanité, à l’exception d’Alba et de Didac.
    Un roman de formation destiné aux adolescents, remarquablement intelligent et sensible. En cinq cahiers successifs (cahier de la destruction et du salut, de la peur et de l’étrangeté, du départ et de la sauvegarde, du voyage et de l’amour, de la vie et de la mort), le récit montre un raccourci de la vie avec ses hauts et ses bas et donne les moyens de la survie. Cahier intime, leçon de vie, leçon de choses, conte moral, roman cataclysmique, le « Deuxième matin du monde» fait exploser les limites dans lesquelles ont voudrait le maintenir. Un chef-d’œuvre.