Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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«Alphabet» ou l’analyse minutieuse de l’automaticité des événements qui enchaînent la Grande Catastrophe. Tout est déclenché par le doigt appuyant sur le bouton «A». Mécaniquement, se joue la valse des protons, de lettres en lettres, de points en points, d’Etats en Etats, de vengeances en vengeances, d’irresponsabilités en irresponsabilités : bombardements, «sanglants hachis» en «I» où «la Chaleur fut elle
Qu’elle gagna le point L »,
Virus et microbes que dissémine la guerre bactériologique :
« Toute la faute est en T
Dont les virus disparus
S’étaient égarés sur U »,
Jeu mortel des alliances :
« La panique a émigré
Dans l’Etat qu’on nomme Y
Qui chétif cherche des aides
Pour assommer le grand Z »,
qui rythme le cycle d’une violence éternellement recommencée, lorsque le point
« Z, à son tour ne rata
ne rata pas le point A ».
Une chanson douce-amère susurrée par une voix sucrée en un leitmotiv ou complainte du désespoir. Guy Béart – contrairement à l’opinion qu’en a Pierre Versins- s’adonne au grand art.
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Un Amour De Vacances - Par BenF
La pollution atmosphérique a recouvert la terre, rendant l’air radicalement irrespirable pour les hommes. Un nouvel agencement de la société prévaut. Les uns s’établissent sous des dômes où l’air est filtré. Le métabolisme des autres a réussi à s’adapter à la pollution, qui vivent à l’air libre, à l’extérieur des dômes dans des cités anciennes en ruines et désertées. L’antinomie est complète entre les deux groupes humains.
L’ennui se répandant dans les dômes, une nouvelle activité touristique se développe: sortir des abris sous la conduite d’un "extérieur" pour escalader les grands buildings.
Rom est l’un de ces guides qui pilotent un groupe de touristes, jeunes gens et jeunes filles issus d’un dôme proche. Engoncés dans des scaphandres, tout contact direct leur est impossible avec leur guide. Rom a cependant l’habitude de flirter et de faire l’amour avec les jeunes filles des dômes qui, éblouies par ses capacités physiques, ne gardent que leur filtre à air pour tout vêtement.
Cette fois-ci, il tombe réellement amoureux de Liottie, jeune fille du "dedans". Son sentiment est partagé. Ils vivront une brève mais intense liaison au sommet d’un building, au-dessus des nuages rouges et méphitiques, dans la contemplation du soleil levant. Cet amour sera sans suite, chacun des deux amants rejoignant sa propre "niche écologique" pour ne se revoir jamais.
Une nouvelle brève et bien menée à partir du thème célèbre de Tristan et Yseut.
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La Terreur Grise - Par BenF
A Woodbridge, une petite ville du middle-west, il se passe d’inquiétants phénomènes. Alexandre Kirkland (Kirk), sa famille et ses amis se trouvent au centre du tourbillon. Des "Ombres", informes, curieuses, insaisissables et menaçantes se répandent dans la campagne, font disparaître les êtres humains, dont il ne reste plus que les vêtements :
" Trois ombres de taille moyenne, se mirent alors à danser sur la pelouse, à quelques cent mètres de là. Il les observa tandis qu’elles glissaient légèrement devant la maison, puis il leva les yeux vers le ciel pour observer les nuages dont elles étaient la projection (…) Il se leva et scruta le ciel, les jambes tremblantes sous le coup d’une panique soudaine. Le ciel, où scintillaient des points transparents d’intense luminosité, s’étendait bleu, tout autour de lui… Il n’y avait pas le moindre nuage. "
Kirk est épargné, ce qui éveille les doutes de gens malveillants qui le soupçonnent d’être de mèche avec les Ombres. Formées "d’énergie pure", elles sont apparues partout dans le monde pour traquer les êtres humains.Plus d’un million d’hommes sont anéantis chaque jour à travers le monde sans que l’on puisse arriver à résoudre l’énigme que pose " la Terreur Grise " :
" -J’étais persuadé qu’il s’agissait d’un phénomène localisé, d’un phénomène propre à Woodbridge. -Oh, que non… Ces sacrés trucs ont envahi toute la Terre. -Comment le savez-vous ? et Kirk se redressa sur sa chaise. -Le dernier bulletin d’informations que nous transmettions a été interrompu avant la fin de l’émission, mais nous avions reçu toutes les informations avant la coupure du courant. Les Ombres sont partout dans le monde. Il n’y a plus aucune activité, nulle part. Energie électrique, finie. Pas de téléphone, pas de radio, aucun moyen de communication. Plus possible d’entrer en relation avec qui que ce soit. Je me suis cramponné ici dans l’espoir que le courant reviendrait et maintenant me voilà littéralement pris au piège. "
C’est à Kirk qu’il appartiendra de résoudre le problème. L’ayant appelé à elles, communicant avec lui par télépathie après qu’il ait subi une sorte d’expérience d’outre-monde, les Ombres lui révèlent leur nature. A la recherche de "l’Esprit", elles sont décidées à éradiquer l’être humain qu’elles jugent responsable de leur impossibilité à accéder à la "Gloire", un état de conscience supérieur de leur vision de l’Esprit.
" -En d’autres termes, vous voulez notre Terre rien que pour vous. -Pas votre Terre. Elle nous appartient aussi. Nous sommes de la Terre tout comme vous. Nous sommes multicentenaires. Il se trouve simplement que nous ne nous manifestons que rarement.Trop de mondes nous séparent pour que nous puissions nous comprendre -Alors vous étiez ici avant ? -Nous avons toujours été ici. (…) -Quelle est donc votre manière d’exister ? Que faites-vous ? Que peut la force pure ? -Nous existons et nous pensons. Vous existez et vous agissez. (…) Nous sommes en train de perdre notre puissance. Et ceci par la force de l’Homme. Et cette situation a pris tellement d’ampleur que nous ne pouvons plus la tolérer, nous devons en faire disparaître la cause. -Ce qui explique, dit doucement Kirk, que vous êtes ici pour nous éliminer. -Vous tous, fut la réponse, dite sans émotion, sur un ton froid et tranchant. "
Elles le chargent de faire comprendre à ses frères humains qu’il est indispensable de changer ou de périr. Aidé par Redhorse, l’indien "sensible aux voix", par Prin, une jeune femme qui l’aime, par Haines, qui seul a foi en lui, Kirk entreprend une croisade désespérée qui l’entraîne très près du lynchage, pendant que les disparitions dramatiques se multiplient. Dans le but de contrer la Terreur Grise, Kirk fait appel à d’autres entités, plus normales celles-là mais dont les Ombres refusent l’existence, à savoir les fantômes. C’est le fantôme de Nancy, sa femme décédée, qui encourage Kirk à continuer la lutte :
" Je ne suis venue que pour t’apporter un témoignage. Ne permets pas à la Terreur Grise de te tuer. La Terre est trop belle. Je m’en souviens. Ne laisse pas détruire la capacité que l’Homme possède pour en jouir. Alex, la Terreur grise a raison. Jadis existait cette Gloire qui était connue de nous également. Trouve-là, Alex. Elle est trop merveilleuse pour être perdue. "
A l’ultime moment, alors qu’il va être tué par des paysans en colère, Kirk arrive à comprendre totalement les Ombres, leur but et leur stupéfiante réalité. Les hommes, les animaux et les entités atmosphériques que sont la Terreur Grise, représentent un seul et même objet, c’est à dire un Esprit universel qui se vit sur des modes totalement différents. La mort des entités est à la base de l’âme humaine et la mort des hommes crée les Ombres. Le tout forme l’Esprit. Comprenant enfin à quel point il est suicidaire pour les Ombres d’anéantir l’espèce humaine, la Terreur grise accepte de surseoir à son exécution. En contrepartie, Kirk les aperçoit telles qu’elles sont : non pas une sombre grisaille, mais des êtres d’énergie vibrants de pure beauté :
"Le groupe d’Ombres était gris. Mais, tandis qu’il les observait, elles se nuancèrent d’un gris plus doux. Son cœur bondit, empli de joie. Soudain, les Ombres s ‘épanouirent devant lui. Rouges et vertes, jaunes et bleues, oranges et violettes. Elles scintillèrent et luirent, rayonnèrent et clignotèrent, avec une phosphorescence comparable à l’aurore, dans sa plénitude éclatante. Elles étaient énergie, énergie scintillante dans sa pureté. L’épanouissement lumineux de leur mutation l’aveuglait. "
Ayant acquis à travers cette expérience incommunicable des pouvoirs psy étendus, il rappelle à lui les fantômes des personnes disparues pour qu’elles l’aident à convaincre les incrédules de la réalité du phénomène. Une nouvelle ère de bonheur semble donc être prête à s’installer sur terre où les hommes et l’Esprit dont ils font partie vivront en symbiose.
Un roman à la sauce Blavatsky, aux frontières du cataclysmique et de l’ésotérique, du spirituel et de l’hétéroclite. En un fourre-tout médiumnique, les animaux aident à la prise de conscience de l’homme, les fantômes se mettant eux aussi à l’ouvrage, en attendant que l’Esprit Universel noie l’humanité sous une dégoulinante bonté. Un brûlot moralisateur entouré des oripeaux de la science-fiction qui démontre une fois de plus à quel point notre genre est protéiforme.
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Robin Cruso est conducteur automobile comme l’ensemble des gens habitants sur la planète. Tout se fait en automobile, y vivre et surtout y mourir. Il faut trois jours pour faire cinq mètres, pare-chocs contre pare-chocs. Tout dans cette société dystopique est réglé en ce sens: les automobilistes sont happés, concassés, écrasés, tirées, décapités, vrillés:
"Il existait parfois une hiérarchie parmi les policiers, divisés en plusieurs groupes. Le premier groupe, situé en bas de l’échelle, était formé de viseurs d’omoplates. Les viseurs d’omoplates étaient des tireurs spécialement entraînés pour atteindre à bout touchant, entre les omoplates, les individus blessés couchés sur le trottoir. Les autres groupes étaient conditionnés d’une façon générale pour réagir à tout ce qui pouvait nuire au conducteur de voiture. Deux cent mille policiers de plus dans le pays. C’allait être l’enfer."
Les pièges innombrables ne suffisent pas à faire diminuer le nombre des automobilistes, car sur la Terre, submergée par la tôle, plus personne n’arrive à vivre. C’est du moins le but que se propose le Grand Cerveau qui dirige toutes les opérations. Il invente sans cesse de nouveaux moyens de torture, des fausses pistes pour les conducteurs, des éliminations en masse, au cyanure ou à l’acide:
"Dans le compartiment entrèrent trois personnes. Un homme, une femme et un enfant, guidés par des grands bras d’acier articulés, commandés de façon invisible. La première cuve se remplit d’acide et l’homme y fut plongé. La seconde, celle qui était sur pied, s’emplit de métal en fusion et le bras métallique y enfonça la tête de la femme. La troisième s’emplit d’huile bouillante et l’enfant y fut assis. J’étais suffoqué d’horreur."
Robin Cruso, ne tient pas à mourir. Il tente d’échapper aux multiples pièges qui se dressent devant lui, et il y arrive, parfois. Le Grand Cerveau, un cerveau humain greffé sur un corps d’automobile, une Rolls en diamant, tient à comprendre pourquoi Robin Cruso possède tant de chance car il surveille tout sur la planète et tout le monde, y compris ses opposants:
"Le Préfet, qui chaque soir s’adressait aux foules à la télévision, était un mannequin à l’image de son ancienne enveloppe charnelle, dont la boîte crânienne en plastique contenait un magnétophone transistorisé. Je comprenais maintenant pourquoi chacun de ses discours était semblable aux autres et je songeai que, dans le passé, la chose avait dû être fréquente. Depuis l’invention de la télévision, combien d’hommes politiques, s’adressant à la nation, n’étaient autres que des mannequins de plastique agités en dehors des caméras par d’ingénieux dispositifs mécaniques."
Or, c’est chez ces opposants, les Piétons, qu’aboutit Robin. Modifiés selon les lois darwiniennes, ils vivent dans des galeries entre la terre et le béton, comme des rats. Ils sont impuissants à se révolter et la Grande Machine à Coudre aura bientôt raison d’eux. Seul, Robin, grâce à son inventivité échappe à l’aiguille destinée à lui percer la poitrine. Alors, le grand Cerveau se révèle à lui:
"Ceux qui semblaient diriger, qui croyaient diriger ont toujours été entre les mains de véritables forces. Je me suis emparé du système, Robin Cruzo, c’est-à-dire de ces forces. Je n’ai presque rien eu à faire. Le monde entier dépendait de l’automobile. Devenant le Maître de l’automobile, je devins le maître du monde. Mais je n’ai rien changé aux apparences. Il y a toujours des présidents, dans le monde, qui pérorent, ronronnent, annoncent, déclarent, proposent, refusent, selon ma volonté. Il y a toujours des polices qui obéissent, des agents qui frappent, des militaires qui tuent, sans savoir d’où viennent les ordres, quelles en sont les rai-sons. Sans savoir - permettez-moi cette plaisanterie- qui est le cerveau?»
Il lui propose une association puisqu’il a besoin, pour la suite de son programme humanitaire (!), de ministres intègres (ce qui est rare). Flatté en un premier temps de participer au Grand Oeuvre, Robin Cruso déchante rapidement lorsqu’il voit à quoi sont réduits les ministres: leurs corps servent d’aire de stationnement à la Rolls du Grand Cerveau et leurs cervelles fonctionnent à l’intérieur de bocaux. Une dernière tentative de résistance lui donne pouvoir sur le Grand Cerveau.
Cruso le prive de son disque de commandement mais lui permet de s’implanter dans une fusée, qui est censée être son nouveau corps. Le Grand Cerveau disparaîtra de la terre en emmenant avec lui son peuple de ministres-cervelles. Il annonce à Robin Cruso qu’il lui laisse le monde en héritage, l’évolution automobile ayant atteint un tel point de pollution qu’elle sera à l’origine d’une immense apocalypse technologique. Robin Cruso, resté seul de son espèce, fait revivre les humains grâce aux graines accélératrices d’évolution, en repassant de coelacanthe à homo sapiens en un temps record. Il espère créer une espèce écologique délivrée de l’obsession technique. Il lui faudra déchanter quand l’homme réinvente la roue.
Une satire à la limite de la charge. Le sadisme naturel qui s’étale dans ces pages - en dépit de son appartenance à l’esprit d’Alfred Jarry - donne au lecteur une sensation de malaise liée à l’invraisemblable attirail des procédés utilisés pour détruire l’être humain . C’est aussi un roman anti-technologique dans la veine des années soixante-dix, dans lequel les fantasmes d’une domination absolue de l’automobile sur l’être humain pointent avec humour ce que Ballard décrit sérieusement dans " Crash ". Un ouvrage curieux et original.
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Le Dr. Franklin, chercheur libre, océanographe célèbre, enseignant dans une université privée américaine, amateur des poésies de T.S. Eliott., affrète un bateau scientifique pour vérifier, en trois jours, certaines de ses théories. En compagnie d’Olga – qui est « la » capitaine du navire - , dont il tombera amoureux, et avec l’aide de Harvey Harry, un étudiant brillant, il se livre à une série de sondages au large de la zone pélagique nord-américaine. Les mesures récoltées confirment ses soupçons : une puissante source d’infection est en train de faire disparaître l’oxygène de l’océan. Cette contamination s’étend et Franklin est le seul à en connaître la cause : un désherbant de type viral mis au point par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam, qui a la capacité de se reproduire en transformant les végétaux mêmes en porteurs de mort. Or, une quantité importante du poison a échappé à la vigilance des autorités militaires, sur un navire qui a été coulé.
Depuis ce temps le désherbant prolifère en infectant le plancton marin, privant tous les animaux d’oxygène et, à terme, menaçant l’humanité elle-même. La C.I.A., mystérieusement prévenue, ne peut empêcher le chercheur de communiquer la mauvaise nouvelle à l’ensemble des universitaires et, au-delà, aux politiques et aux médias :
« Car nous avons confondu le Christ et Darwin. En effet, si nous continuons à agir sans réfléchir, avec négligence, nous détruirons non seulement l’humanité, mais aussi, ce qui est pire, les poissons, les oiseaux et toute la faune. Tous des innocents et des ignorants qui n’ont pas commis le moindre péché. Qui nous a permis de gouverner cette planète ? »
Une nouvelle militante dont la forme légère contraste avec la noirceur des idées, celles d’une fin programmée de l’humanité à cause de l’incompétence des structures politiques et militaires.
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Catastrophe (Anthologie) - Par BenF
contient les nouvelles :
Catastrophe (J.G. Ballard)
Le Maître du rétable de Milford (Thomas M. Disch)
L’Invasion sexuelle de l’Angleterre (Gavin Ewart)
Il ne se passe vraiment rien d’extraordinaire (Maxim Jakubowski)
La Fêlure (Emma Tennant)
A l’intérieur du cube (Andrew Travers)
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Le Soleil Va Mourir - Par BenF
Sur Vénus, trois êtres humains observent l’évolution de la terraformation: Pierre le vulcanologue, Monique la biologiste et Stefan l’astronome. La planète a pu être déplacée de son orbite par une civilisation terrienne du futur afin de lui assurer des conditions optimales de transformation. Monique et Stefan, rappelés sur Terre, croisent en cours de route des débris radioactifs traînants dans l’espace et mis là par nos ancêtres du XXIème siècle. Puisque ces déchets constituent un danger pour la navigation interplanétaire, la base terrienne conseille à nos deux astronautes de se charger de nettoyer le terrain. La décision est prise d’envoyer les reliquats dangereux dans le soleil: celui-ci pourra les absorber facilement. Aussitôt dit, aussitôt fait. Sur Terre, après un temps de repos bien mérité, Monique et Stefan sont appelés auprès de Messigny, l’astronome le plus réputé de la planète.
Messigny est inquiet : il a constaté une recrudescence de l’activité solaire qui semble encore augmenter. Après avoir croisé ses mesures avec d’autres, il n’a plus aucun doute : le soleil est entré en phase explosive de nova. Il reste à la Terre trois mois de survie avant que le soleil n’explose, balayant la totalité du système solaire. C’est la consternation totale devant l’inanité des efforts à entreprendre pour se protéger de l’épouvantable sort qui attend le monde. Le délai est trop court pour qu’une quelconque action soit entreprise. Pourtant Messigny surprend son monde : un livre de science-fiction appelé " le soleil va mourir " et qui lui a été envoyé par un amateur, propose une solution audacieuse. Etant donné qu’il n’est pas possible d’éloigner la terre du soleil ou de se protéger de l’explosion, il ne reste plus qu’à jouer sur la relativité du temps, faire en sorte que la terre vive en un temps relatif beaucoup plus lent que celui du cosmos, lui donnant la possibilité d’un délai suffisant pour trouver une solution de secours. Par la " ceinture de Messigny ", un nombre suffisant de satellites génère un cocon protecteur de particules relativistes autour du globe, l’excluant totalement du reste de l’univers. Le temps sur la terre s’écoule désormais beaucoup plus lentement ; les trois mois de délai de grâce deviennent dix mille ans. Il était moins une: déjà l’augmentation de la chaleur avait provoqué divers désastres écologiques:
" Il se mit à pleuvoir.A l’intérieur du compartiment, Stefan se leva pour aller fermer la fenêtre. La pluie tambourinait clair sur les vitres. C’étaient des grosses gouttes tièdes, de celles qui appartiennent aux fins d’orages, de celles qui font les pluies tenaces. Stefan revint s’asseoir. -Qui pourrait croire que le soleil s’est emballé ? On aurait pu au moins espérer une fin d’été torride. Mais non : la saison est pourrie, comme presque tous les ans.
-Au contraire, dit Monica d’une voix terne. Cette pluie est l’une des preuves que l’activité solaire augmente: la chaleur favorise l’évaporation. Il faudra nous attendre pendant quelques semaines à de gros orages ; les masses d’air équatorial et tropical vont se heurter de plus en plus violemment aux masses d’air polaire. "
Cependant Monique et Stefan ne purent admettre que Pierre, resté sur Vénus, soit condamné. Ils convainquirent les édiles qu’ils étaient prêts à le chercher, se condamnant ainsi eux-mêmes à revenir sur une terre plus vieille de mille ans,. Considérés comme des héros et charge pour les vivants d’aujourd’hui de transmettre leur mémoire aux générations futures afin qu’ils pussent être accueillis correctement à leur retour, nos amis partent. Ils rejoignent Pierre in extremis, mais la fusée capote et se couche : il n’est plus possible de repartir de la planète condamnée. Vénus commence à ressembler à une succursale de l’enfer. Les roches se mettent à fondre :
" Autour d’eux, les vapeurs délétères se dégageaient en lentes fumerolles qui rampaient au ras du sol. Des pierres éclataient ou se fendaient sous leurs pieds. D’autres commençaient à fondre; elles changeaient de forme à vue d’oeil, prenaient un relief plus mou et se mettaient finalement à couler comme autant de bougies. "
Soudain les condamnés voient une sorte d’engin spatial extraordinaire, sous forme de soucoupe, s’abattre auprès d’eux. Ils y pénètrent. Sauvés, voguant dans l’espace, ils mettent du temps pour comprendre - grâce d’ailleurs au fameux roman " le soleil va mourir " seul témoin d’un passé auquel ils pouvaient encore se raccrocher - que cet engin a été envoyé à leur secours par des terriens de dix mille ans en avance sur eux (c’est à dire de trois mois plus âgés selon leur temps) et qui avaient réussi à déplacer la terre vers le centre de la galaxie, évitant de peu la fin de leur monde:
" Stefan ouvrit le livre. Les pages étaient jaunies, cornées, usées par des milliers de doigts: elles s’effritaient lorsqu’on les feuilletait trop vite. Pierre s’exclama: - Ceux qui ont envoyé ce vaisseau sur Vénus... Ils savaient! Ils ont abandonné ce roman ici... Pourquoi? -Pour que nous puissions le comprendre, dit Stefan. - La fin! dit Monica. Nous allons sûrement savoir... Vite, lisons la fin du livre. Stefan, le coeur battant, arriva aux dernières pages. Ils se penchèrent. Ils lurent... "
Un roman pour adolescent, correctement ficelé et lisible, dont la cohérence interne - malgré la fameuse entorse à la "convention romanesque " - assure l’intérêt. Une idée originale pour traiter un thème usé.
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La Peste A New York - Par BenF
Unité de temps, de lieu, d’action comme dans une tragédie classique, en trois phases.
Phase 1 : la jeune fille riche, Sarah Dobbs revient de Californie porteuse de la peste pneumonique récoltée sur son écureuil apprivoisée et préférée. Elle est contaminée mais ne le sait pas. Durant son trajet, par effet ping-pong, elle contamine une soixantaine de personnes et meurt deux jours plus tard au Metropolitan Hospital :
« Ils firent basculer le lit de façon qu’elle soit presque assise, Bergman la pencha en avant et écarta la chemise de nuit de l’hôpital, mouillée par la transpiration, pour mettre à nu son dos. « regardez ça ! » s’écria-t-il. Ca et là, sous la surface lisse de la peau, fleurissaient des taches bleues et rouges. « Super bizarre ! »
Le docteur Hart, directeur du centre de prévention de New York, et son supérieur, sont alertés. L’autopsie de la malheureuse conforte la crainte des médecins : une forme extrêmement contagieuse de peste en est à ses débuts. Il est vital de l’éradiquer au plus vite. Alors que certains de ceux mis en contact avec Dobbs meurent à leur tour (notamment les médecins et infirmières qui ont soigné la jeune fille), Hart, avec Dolorès, son assistante (plus tard sa maîtresse) se livre à une course contre la montre. En essayant de convaincre les autorités de Manhattan de décréter l’état d’urgence, ce qui n’est guère facile devant la crainte des administrateurs de déclencher une panique, il se livre à une enquête policière pour identifier les porteurs secondaires dangereux, à qui il injecte la tétracycline salvatrice.
Phase 2 : un contaminé passe entre les mailles du filet. Celui-ci meurt de la peste, incognito, en en profitant pour contaminer sa compagne, une Portoricaine des bas quartiers. Celle-ci répand le fléau en phase explosive à travers la ville. Les hôpitaux sont débordés. Quatre jours après le déclenchement de la maladie, le maire de New York fait appel au pouvoir fédéral.
Phase 3 : Le général Cosgrove et Marks, du cabinet du Président, sont très inquiets. Mis au courant de la situation, ils soupçonnent une attaque bactériologique d’un pays ennemi (en l’occurrence Cuba), étant donné que de nombreux Portoricains touchés se trouvaient être des indicateurs locaux du FBI. Ils préconisent l’envoi de troupes armées pour boucler l’île de Manhattan.
Pendant que Hart, à cause de son imprévoyance, est touché à son tour, dans les deux jours suivants, la situation se dégrade totalement, la ville se décomposant aussi vite qu’un cadavre. Les rats font leur apparition. Les morts se comptent par centaines de milliers. Les zones de pouvoirs se sont effondrées. La rue est livrée à l’anarchie. Hart, à son réveil dans un hôpital bourré de morts, n’a qu’une seule idée : celle de retrouver Dolorès :
« Il arriva devant une porte sur laquelle il put lire : SOINS ; il l’ouvrit. Un nuage de mouches lui bourdonna au visage. La pièce sentait la putréfaction. Il vit trois cadavres. L’un était vraisemblablement mort sur la table d’examen. Un homme portant un vêtement blanc éclaboussé de sang s’était effondré sur une chaise dans une attitude bizarre et le troisième gisait à même le sol. Lui aussi portait le pyjama vert de l’hôpital. Le rictus de la mort lui donnait l’air de sourire. »
Il traversera la ville du nord en sud en échappant aux rats, aux snipers, aux déments malades, aux pilleurs, et en trébuchant sur les cadavres :
« Les gens s’étaient noyés dans leur propre sang. Certains parmi ces corps ressemblaient aux sacs d’ordures disséminés un peu partout. Hart vit plusieurs corps ballonnés au point que leur ventre gonflé rappelait les caricatures grotesques des obèses. Le soleil et la chaleur en étaient responsables. Ils activaient la décomposition particulièrement dans les intestins. L’estomac d’un mort avait fait sauter les boutons de sa chemise blanche, toujours attachée à la taille. D’autres cadavres avaient explosé. »
Retrouvant son amie qui a survécu elle aussi, ils tentent de rejoindre un centre de médecine préventive mis en place à Central Park mais tombent entre les mains de jeunes Portoricains issus de gangs. En réalité, c’est une chance, car ceux-ci représentent la seule force organisée mise en place par Katz, un ami de Hart. Entre temps Cosgrove et Marks suggèrent de cautériser la plaie en noyant la ville sous un aérosol innervant qui provoquera la mort de tout être vivant susceptible de propager l’épidémie.
Le président se rend à leurs arguments. Le groupe d’autorité new yorkais, apprenant fortuitement la décision fédérale, organise son plan de survie : en distribuant de l’atropine aux centaines de milliers de personnes encore saines, ils espèrent atteindre à temps le Queens par un tunnel routier en construction. L’évacuation s’organise dans l’ordre tandis que les premiers hélicoptères apparaissent, arrosant la ville avec les capsules de gaz :
« A l’horizon, une longue ligne en pointillé : des hélicoptères. Leur vrombissement rappelait le bourdonnement des mouches. Une volée de mouettes s’éleva au-dessus du réservoir, dont elle mit en éclats la surface ridée. Un coup de vent secoua les branches des arbres. Le bruit des hélicoptères emplissait maintenant le ciel, il emplissait toutes choses. Se déplaçant sous la ligne des hélicoptères, arrivaient des rangées inégales de lames blanches, tournoyant sur elles-mêmes, qui commencèrent à s’abattre entre les immeubles. Le bruit retentit dans la poitrine. « Prenez l’atropine, MAINTENANT ! »
L’épidémie se terminera aussi brutalement qu’elle aura commencé un demi-million de cadavres plus tard, et dans une mégapole ruinée.
Les deux auteurs, journalistes et spécialistes en leur domaine, signent un roman d’une redoutable efficacité où la rapidité du fléau à se transformer en pandémie donne froid dans le dos. Une machinerie efficace.
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Nancy Kearns, une femme-médecin, participe à une expérience de simulation de guerre nucléaire. Avec ses deux compagnons, Dave et Farman , elle est prête à passer trois mois sous terre dans un abri anti-atomique pour y tester son efficacité. Même l’explosion est simulée pour que les résultats soient les plus proches de la réalité. L’expérience prend une tournure inattendue. Au sortir de l’abri, tout autour d’eux, le paysage est méconnaissable, ravagé, soit un désert de sable pulvérulent s’étendant là où l’on trouvait des montagnes, des lacs, en cette région de Californie, proche de San Diego. Quelque chose s’est passé. Mais quoi ? Un cataclysme formidable et surprenant, une sorte de secousse tellurique intense a fait basculer dans la mort le monde entier, semble-t-il, sauf eux trois, préservés par l’abri anti-atomique.
Pas pour longtemps en ce qui concerne les deux hommes. Une puissante voiture jaune surgie de nulle part et animée d’intentions malveillantes, tente de les écraser en fonçant sur eux. Nancy ne doit la vie sauve qu’à l’arrivée inopinée d’un chevalier servant, Mickael Dobretsko, qui, avec sa Mercedes blindée et ses mitrailleuses bricolées, pulvérise l’agresseur. Nancy apprend de sa bouche que le monde a basculé dans l’horreur depuis quelques mois déjà , qu’il ne subsiste plus ni villes ni sociétés, et que seuls de pauvres groupes humains survivent avec difficulté dans le désert qu’est devenu la terre (et surtout cette région).
Mickael, est un solitaire qui ne désire pas s’attacher à Nancy. Il l’emmène dans le clan de James Rabek, son ami, lequel saura sûrement utiliser les compétences en médecine de la jeune femme. Nancy, réticente car déjà secrètement amoureuse de Mickael, se rend à l’évidence : elle sera davantage en sécurité dans le clan de Rabek où le bon géant McGinn veillera sur elle. Les hostilités perdurent ; la bande adverse, celle de Garush, ne cesse de harceler Rabek. A l’intérieur même du clan , Scott Trévor un psychopathe lâche et veule, se révélera être un ennemi pour Nancy. Le danger le plus terrible reste celui que font planer les voitures jaunes, les " autos de l’apocalypse ", venues d’on ne sait où, sans conducteur, animées d’intentions meurtrières à l’égard de tout ce qui bouge. Mickael veut connaître leur origine. La bande de Garush étant finalement décimée par les véhicules assassins, il profite de cette opportunité pour en capturer un. En l’examinant, il s’aperçoit qu’une série de micro-caméras disposées autour de la carrosserie, enregistrent tous les mouvements et gestes alentour. La voiture semble télécommandée car , lorsqu’elle manque d’essence, elle abandonne le combat, pour retourner dans son repaire. Mickael, avec Rabek et Nancy (celle-ci s’impose à la place de McGinn), décident de la suivre. La poursuite les entraîne sur un ancien site industriel, encore en parfait état de marche où des chaînes de montage robotiques construisent et réparent les voitures jaunes. Celles-ci, lorsqu’elles sont prêtes, partent commettre de nouveaux assassinats.
La clef de l’énigme réside dans la personne d’un ingénieur électronicien , présent sur ce site et rendu fou par la catastrophe. Affichant une haine féroce à l’égard de tout ce qui reste en vie, il a reprogrammé les chaînes de montage dans un but meurtrier. Mickael met fin à l’aventure du dément. Peu à peu, la vie reprend comme autrefois (si l’on peut dire), avec une petite différence toutefois : c’est avec Nancy que Mickaël sillonnera dorénavant les solitudes désolées.
Un roman parfois naïf parfois original par son inventivité et qui distille une angoisse sourde en un suspense bien dosé. Il n’en faut pas davantage pour lire sans ennui ce livre, témoin de la peur d’un machinisme incontrôlé.
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Comme chaque matin, Shadrak Mordecaï, le médecin personnel du dictateur du monde Gengis 2 Mao IV, se réveille. Relié par des implants informatiques à son auguste supérieur, il est averti immédiatement des états kinesthésiques de Gengis, se transformant pour lui en une sorte de prothèse électronique. Gengis 2 Mao IV ne tient pas à mourir en ce matin de l’an 2100. S’étant hissé au sommet du pouvoir mondial, il a instauré le règne de la dictature prolétarienne absolue, reposant sur la théorie de la double redondance.Grâce à lui, un semblant de cohésion sociale existe encore de par un monde irrémédiablement réduit à quelques dizaines de millions de personnes, en diminution constante. Tout a commencé avec le réveil du volcan Cotopaxi en Amérique du Sud qui, en crachant des nuages ininterrompus de cendres empoisonnées a déstabilisé l’écologie de la planète :
"L’air s’est raréfié et refroidi, il porte une âcre odeur de soufre. Ce n’est encore que le milieu de l’après-midi, mais la cendre tombe si dru qu’il faut déjà éclairer les rues, où la couche de fine neige grise atteint la hauteur des chevilles –tandis que le Cotopaxi gronde et siffle, et que les gens se pressent en désordre vers le nord. Mordecai sait ce qui va se passer (…)L’explosion n’est plus loin, celle qu’on entendra à des milliers de kilomètres de là, puis il y aura le tremblement de terre, les nuages de gaz empoisonnés, le déversement insensé de tonnes de cendre volcanique qui effaceront le soleil de l’horizon de la planète entière ; en cette nuit du Cotopaxi, les anciens dieux courront libres à la surface du monde, et les empires s’effondreront. "
Des troubles politiques et sociaux s’en sont suivis à travers les populations fragilisées, provoquant des guerres totales qui ont fait basculer tous les régimes et détruit tous les systèmes gouvernementaux existants. Enfin, la " Guerre virale " a provoqué le syndrome du " pourrissement intérieur", maladie qui affecte le patrimoine génétique de l’homme. L’être humain n’a plus que le choix de mourir soit très vite (forme rapide de la maladie), soit en pourrissant sur pieds (forme lente) :
" Ici tout le monde souffre du pourrissement organique, mais la chose est acceptée et ne provoque aucune panique. Les corps des New-Yorkais sont transparents ; Shadrak voit rougeoyer les légions internes, les zones de purulence et de décomposition, les éruptions, les érosions, les suppurations qui affectent intestins, poumons, tissus vasculaires, péritoine, péricarde, rate, foie, pancréas. La maladie se signale par des vagues de pulsations électromagnétiques qui martèlent lourdement sa conscience, rouge, rouge, rouge. Ces gens sont bourrés de trous de la cave au grenier… "
L’empire de Gengis, dont la capitale mondiale se situe à Oulan-Bator, s’est répandu universellement, comme l’énonce son journal fictif :
" L’ancienne société se meurt. Il y a seulement dix ans, je pensais qu’un bouleversement fondamental était impossible; puis il y a eu le volcan, la terreur, les soulèvements, la Guerre virale, le pourrissement organique. Trois milliards d’êtres humains ont péri et les institutions s’écroulent comme autant de mauvaises constructions, frappées par un tremblement de terre. Je ne partirai pas d’Oulan-Bator. Je crois que mon heure est enfin venue. Mais le gouvernement que je vais constituer ne portera pas le nom de République populaire. "
Instaurant un état dictatorial absolu, une sorte de stalinisme technologique selon la théorie de la " dépolarisation centripète " où tout le monde est surveillé vingt quatre heures sur vingt quatre, où tous les noms sont enregistrés, où la police est omniprésente à travers le système de surveillance de Vecteur 3, où le monde est dirigé par un vieillard de plus de quatre vingt dix ans qui n’a plus rien d’humain. Ses organes internes sont régulièrement remplacés de telle manière qu’il puisse se survivre à lui-même, sinon éternellement, du moins le plus longtemps possible. Des banques d’organes sont constamment réapprovisionnées avec les opposants – supposés ou non - du régime. Son seul problème est le remplacement de ses neurones. Craignant à terme que la sénilité le gagne, Gengis a ordonné la mise en œuvre de trois projets qui devraient assurer sa survie.
Le premier consiste à créer un double mécanique, miroir de sa personnalité. Le deuxième recherche toute possibilité de faire repousser les neurones. Le troisième envisage le transfert de l’esprit de Gengis en un nouveau corps plus jeune. Il compte utiliser à cet usage son neveu Mangu. Mais Mangu se suicide. Gengis attribue cette mort à une action terroriste et, du haut de sa sénilité, décrète une immense purge. Même les dignitaires du régime se sentent menacés. Shadrak qui informe constamment le Khan de son état de santé, apprend de la bouche du chef de projet N°3 que le dictateur s’est réservé le propre corps de Shadrak en remplacement de celui de son neveu.Troublé, déchiré par sa vocation médicale qui met sa loyauté au service du vieillard et désireux cependant de préserver sa propre vie, Shadrak s’autorise un voyage autour du monde pour prendre ses distances par rapport à un avenir menaçant.
Lui, comme les autres dignitaires du régime, sont régulièrement préservés du pourrissement lent par le sérum "Roncevic ", du nom de son découvreur. Contrairement aux annonces officielles qui destine le médicament au monde entier, celui-ci est réservé à l’élite politique de Gengis. Shadrak découvre dans sa pérégrination autour du monde, le mal dans toute son horreur : Jérusalem, Istanbul, Pékin offrent le même visage de décomposition et de mort. A Pékin, il est accueilli par le chef de service de la police de Gengis qui est envoyé pour le ramener chez le dictateur. Shadrak apprend que Gengis souffre d’atroces maux de tête dus à une accumulation du liquide céphalo-rachidien, ce qui augmente la pression intracrânienne.
Une intervention est décidée afin de mettre en place, à l’intérieur même du cerveau de Gengis, une dérivation à l’aide d’une valve. Trouvant là une solution à son problème, Shadrak, avec l’aide d’un informaticien contestataire, se fait greffer un implant-maître dans sa main gauche qui aura pour effet d’inverser le sens d’ouverture de la valve lorsque le médecin serre le poing ce qui tuerait à coup sûr Gengis. A partir de ce moment, Shadrak tient au sens propre du terme la vie du dictateur dans sa main et pourra le diriger telle une marionnette. Gengis, vaincu, accède à sa demande de devenir le directeur de l’autorité médicale mondiale dans le but de faire distribuer le médicament salvateur au restant des populations.
Une œuvre originale qui, comme souvent chez Silverberg, explore l’inconscient de ses personnages, tous d’exception, fouille leur motivation, décrit leur évolution psychologique, le tout sur fond de cataclysme et de décrépitude. Un roman qui atteint au classicisme dans le genre.
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