Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Le Volcan Des Sirenes - Par BenF
Vol. 01 : Le volcan des sirènes, Fleuve Noir éd., 1985, coll. " Anticipation " N°1410, 1 vol. broché, in-12 ème , 183 pp. couverture illustrée par Michaël Embden. roman d’expression française
1 ère parution : 1985
En une Europe future, décadente et répressive, vouée à l’artificiel, où les gens s’adonnent volontiers au suicide, des dissidents manifestent leur volonté de réagir en établissant secrètement, à travers les océans du monde, des bases sous-marines. Grâce à une opération spectaculaire de greffe de branchies qui leur permet de vivre indifféremment sous l’eau ou à l’air libre, ils enlèvent, de manière organisée, des savants tout prêts à rejoindre leur rangs.
En Méditerranée, le volcan sous-marin Volutanis (apparu après des convulsions terrestres) est l’une de leurs bases, et Natis, jeune et jolie espionne amoureuse de Jarci, le fils du chef, est missionnée pour ramener Uliss, un architecte sous-marin, en leur base. Hélas !, le vilain Sloane, ancien ami de Natis et agent de la Sûreté Répressive, arrive à s’infiltrer dans la cité sous-marine, à communiquer sa position et rameuter ses agents. L’ensemble des dissidents quittera la cité en train sous-marine après avoir miné toute la structure, ce qui entraîne les méchants policiers dans la mort.
Un récit gentillet mais on eût aimé lire, à la page 170, " cache " (retraite sûre, cachette, etc.) au lieu de " cash " !
Vol. 02 : les Combattants des abysses , Fleuve Noir éd., 1986, coll. «Anticipation» N°1471, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée par Michaël Embden. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Les fugitifs de la cité de Volutanis seront pris en charge par les résidents de celle de Zabib, base sous-marine proche des côtes françaises, d’où continuera le combat contre la dictature mondialiste installée à Paris. Jacir, patron de la cité, apprend que le Premier Représentant et le Grand Elu envisagent de détruire la base, centre de terrorisme pour eux. Il s’agit donc de frapper, et vite. Deux intrépides et sexy agentes seront envoyées auprès d’eux , après qu’on leur eut enlevé tous souvenirs récents, afin de séduire le Premier Représentant, pendant qu’une force « d’hommes-poissons », aptes à respirer par des branchies, s’entraînent pour l’intervention décisive.
Natis et Wind, jouant de leur culot et de leur corps, rencontrent les dirigeants du gouvernement mondialiste à paris, et leur plaisent. Elles procèdent à l’enlèvement du N°2 du régime, le ramènent avec elles lors d’un retour mouvementé en leur base secrète. Ceci amène le Grand Elu à avancer la date de réunion de tout le gratin mondialiste dans le but de mettre au point une stratégie de destruction des opposants sous-marins. C’était sans compter sur la célérité des hommes-poisssons, qui, remontant le long des canaux et des égouts, élimineront d’un seul coup tout ce beau monde lequel empêchait la fraternité de tous avec tous, ouvrant du coup l’Europe meurtrie, irradiée, affamée, au vaste champ des produits inépuisables de la mer.
Un deuxième volume qui met un point final à cette aventure filandreuse et insipide. Sentiment partagé, semble-t-il, par l’auteur, tellement pris dans son écriture qu’il nommera «Kalod », à la page 28, l’un des personnages du récit, appelé « Kalid » par ailleurs.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 361 vues
-
Le Virus Du Nevada - Par BenF
Le narrateur, le général Lindstrom, commandant en chef de la zone de quarantaine établie autour de Los Angeles, s’entretient avec Adams III, un commercial envoyé par la Cosmopolitan Life Insurance Company. Ce dernier tient à tout prix à obtenir une autorisation pour pénétrer en ville malgré la menace que ferait peser sur sa vie le " virus du Nevada ", un germe inconnu hautement infectieux, peut-être en provenance de l’espace, et qui éradique tous les êtres humains passés de quarante ans. Adams III dévoile certains secrets de ce virus, déjà connus par les médecins militaires et jalousement gardés jusqu’ici. Il sait que trois pour cent des individus survivent à l’infection et en sortent radicalement transformés, beaucoup plus jeunes et pleins de santé, c’est du moins ce qu’avait découvert un certain Fleming, statisticien de son état. Adams III tient absolument à vérifier ce fait.
Linstrom accède à sa demande avec réticence, mais se rend vite compte qu’il a été joué. Adams III – en réalité Fleming lui-même qui a usurpé cette identité- veut acquérir une nouvelle jeunesse, prêt pour cela à mettre sa propre vie en jeu. Lorsque les soldats de Lindstrom le retrouvent, il est déjà trop tard : ils mettent la main sur un homme mourant, rongé par les abcès et couvert de moisissures. Et la pandémie poursuit tranquillement son petit bonhomme de chemin…
Un traitement du thème faustien dans le cadre cataclysmique.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 066 vues
-
Le Virus 34 - Par BenF
Georges Darboy, compositeur émérite mais amoureux déçu, se refait une santé dans les îles des mers du Sud. Devenu capitaine d’un voilier, il fait la connaissance de Thimothée Floche, une personne extraordinaire de drôlerie et qui se dit journaliste. Floche s’était fait expédier à la mer par le patron chinois d’une goélette et recueillir par Darboy qui devient son ami. En réalité, Floche est détective privé. Il suit la piste du savant hongrois Jazierski qui aurait découvert un virus (le Virus 34) destiné à détruire toute culture de blé dans le monde :
«Il était en bonne voie sur la piste d’un procédé qui eût détruit en quelques heures, tout le blé de la nation assez folle pour rompre la paix. Mais il avait tout récemment conçu des doutes sur les motifs qui faisaient agir les vrais chefs de cette confrérie scientifique. Il avait eu l’impression nette, à la suite de recoupements, que leur pacifisme déclaré n’était qu’un masque, et qu’ils servaient, en fait, les projets de revanche d’une caste militaire de proie.»
Par une coïncidence inouïe, Jazierski est aussi le mari de Germaine Parent, la cantatrice responsable des déboires sentimentaux de Darboy. Nos héros poursuivent la goélette du chinois. Ils perdent sa trace dans la brume mais abordent une île de Papouasie qui - autre coïncidence- est précisément celle où Jazierski poursuit ses expériences. Darboy y retrouve Germaine qui craint pour sa vie. Alors Floche et son ami montent un stratagème en vue de démasquer le malfaiteur. Darboy prendra la place d’un émissaire envoyé vers le savant pour l’aider. Jazierski trompé sur son apparence lui demande de transvaser le virus 34 dans des fioles prêtes à être exportées dans le monde entier et lui fait l’aveu de sa haine :
" L’humanité, je la méprise parce qu’elle est lâche, et je la hais. C’est pour ça que je me suis mis au service de la caste qui rêve encore d’imposer sur le monde une hégémonie germanique ! (…) Elle sera balayée, elle aussi, par cette anarchie formidable que déclenchera chez les hommes la perte de leur pain quotidien. Ce seront des convulsions folles, la tourmente la plus fantastique qu’aura jamais connue l’histoire "
Saisi d’un doute, il s’apprête à se débarrasser de Darboy ce qui serait fait sans l’intervention inopinée de Floche. Nos deux amis poursuivront Jazierski qui a pris place sur la goélette du Chinois. Finalement, c’est le canon d’un navire militaire anglais croisant dans les parages qui mettra un point final à l’épopée du savant fou. Darboy convolera en justes noces avec Germaine sortie toute frémissante des griffes du monstre. Une récompense bien méritée !
Beaucoup de termes techniques de marine, une anglomanie linguistique constante, de l’aventure, l’embrun des vagues et des personnages hors du commun font de ce roman une œuvre honorable dans le champ de la littérature populaire.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 627 vues
-
Le Vieux Et Son Implant - Par BenF
La "Maladie", d’origine cosmique, s’est abattue sur l’espèce humaine et les grands mammifères. En trois jours, elle a signé leur disparition. Tel est le temps nécessaire avant que les jeunes isolés (les " Quêteurs ") ne meurent s’ils ne trouvent impérativement un Vieux (le " Support ") auprès duquel ils pourront vivre comme " Implants ".Car le virus inconnu est de nature duelle et ne peut exister qu’en une symbiose unique jeune/vieux… Toute autre forme de vie est condamnée dans un délai de trois jours. Un Implant sans Support disparaît et, comme les vieux meurent plus tôt que les jeunes, de nombreux Implants se transforment en Quêteurs. Cent ans après l’épidémie, il ne subsiste plus de société, ni de vie économique. Seuls des couples isolés Support/Implant survivent tant bien que mal dans un paysage redevenu hostile.
Laura, une jeune fille, a perdu son Support, Maltus. Elle est près de mourir lorsqu’elle rencontre Phil, un jeune à l’air maladif, qui survit curieusement tout seul, sans Support. Il est originaire d’un " Refuge ", sorte d’enclave protégée, mise en place par un médecin de jadis honoré aujourd’hui sous la dénomination de " Seigneur Berthaudet. " Là, des Implants maladifs comme lui ont survécu. Laura ne peut en croire ses oreilles bien que la présence de Phil lui sauve la vie. Sa deuxième rencontre extraordinaire fut avec Tony, un Support adulte en provenance d’une " Communauté ". Lui aussi connaît les enseignements de Berthaudet. Il est à la recherche d’habitants des Refuges puisque eux seuls peuvent: " Libérer l’adulte, guérir le vieillard, sauver le jeune. "
La «Communauté», de type scientifique, contrairement aux Refuges, de type religieux, forment l’autre face de la solution trouvée par le génial Berthaudet pour sauver l’espèce humaine. Il avait constaté que les humains affectés par la maladie de la leucémie de type B étaient réfractaires à la Maladie. Donc leur sang, en infectant les jeune Implants les libéraient des Supports tout en les préservant de la mort. L’action de la leucémie avait pourtant l’inquiétant pouvoir de les faire vieillir trop rapidement. Ceci pouvait être contrebalancé par le sang d’un Support, infecté par le virus extraterrestre antinomique du Virus B. Grâce à Tony qui comprit le premier le processus d’enchaînement, Phil put donner son sang à Laura. Par la suite, au sein de la Communauté, c’est Tony qui sauva Laura de la vieillesse en lui donnant à son tour de son sang. Par cela, l’espèce humaine se retrouva enfin libre.
Une idée originale mise au service d’une intrigue riche en possibilités relationnelles, tel est le roman de Bera qui exploite la voie opposée de celle de Rosny Aîné dans " la Force mystérieuse ".
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 221 vues
-
Un jour, sans que rien ne l’annonce, la France est envahie, piétinée, violée, pénétrée par un agresseur inconnu, au Sud comme au Nord. La mobilisation générale est décrétée d’urgence. Cela ne fait pas l’affaire de six jeunes gens post-adolescents, parmi lesquels le narrateur. Ils décident de déserter sur l’heure pour se diriger vers le Sud, en Ardèche. En une épopée héroïque et une charge sauvage, dans l’esprit des westerns, ils tuent tous ceux qui feront obstacle à leur avancée : des gendarmes méfiants, des soldats maladroits, des individus ignobles et de gentils enfants. Empruntant divers véhicules, ils se nourrissent sur le terrain, risquant à chaque instant une mort qu’ils attendent. Leur progression est favorisée par l’état de déliquescence du pays. Leur destin va s’accomplir près d’Aubenas lors du contact fatal avec l’ennemi, mais non sans panache. Jouant aux kamikazes, ils chargent à l’épée et à l’arc, comme dans les films qu’ils aimaient tant. Seulement là, ce n’était pas pour de semblant mais pour de vrai !
Un bien beau petit récit, adolescent dans son essence et réducteur de par son intrigue - après tout, la France envahie, ce n’est pas encore la fin du monde ! - car, comme le dit le narrateur page 103, il est inutile de " se boucher les yeux ". Doit-on pour cela se " voiler le nez " devant l’ouvrage ? La question reste ouverte.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 217 vues
-
Le Vent De Nulle Part - Par BenF
C’est le combat des hommes contre une force naturelle : le vent. Que faire contre celui-ci, sinon attendre qu’il ne tombe? Mais voilà, il ne tombe pas, au contraire, il augmente en puissance à chaque heure qui passe. Plus rien ne résiste à ces super-ouragans qui soufflent à des centaines de kilomètres par heure. De villes, il n’en subsiste plus sinon à l’état de débris :
"New-York est rayée de la carte. Manhattan se trouve sous trente mètres d’eau, presque tous les gratte-ciels sont tombés. L’Empire State Building s’est écroulé comme une simple cheminée d’usine. Même chose ailleurs. Le nombre des morts se chiffre par millions. A paris, à Rome, à Berlin... rien que des ruines et des gens terrés dans les caves." Métros, mines, tunnels, égouts, caves, les rescapés s’enfoncent dans le sol pour survivre. Même là, le danger est présent pour beaucoup de gens : " Juste au-dessous d’elle, très près dans le champ de l’objectif, apparaissait l’entrée de la station de métro. Par ces portes maintenant ouvertes jaillissait une cohue que l’on voyait gesticuler, se pousser, se battre en cherchant frénétiquement à s’échapper. Tels des pétales arrachés à une fleur courbée par le vent, ils se détachaient des portes, faisaient quelques pas au hasard, puis étaient renversés, balayés d’un trottoir à l’autre, roulés comme des sacs de plumes qui crevaient et répandaient leur contenu à mesure qu’ils allaient s’empaler sur les crocs des poutrelles qui pointaient hors des décombres. "
Le vent a brisé les barrages, tunnels, égouts, métros sont inondés... Un homme pourtant fait face à la furie : Hardon, individu milliardaire et mégalomane. Il a fait construire la "Tour Hardon ", une pyramide de béton et fer qui, seule, s’élève encore au-dessus d’un monde ravagé. Avec sa milice personnelle et une poignée de techniciens triés sur le volet, il attend que se calme l’ouragan. Mais la " Tour " construite sur un sol meuble ne résiste pas aux assauts d’un vent soufflant à plus de 800km/h. Elle glisse, bas se brise. Hardon meurt et avec lui, le vent de nulle part, qui a fini par s’épuiser.. . Reste à refaire le monde, un monde vide et plat...
L’un des romans de Ballard à traiter des quatre éléments. Un classique !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 300 vues
-
Le Trust Du Soleil - Par BenF
La famille Horsford passe ses vacances entre Paramé et Saint-Malo. Elle se compose de M. et Mme Horsford, toute confite en confitures, Annie, la fille de la famille, et Charlie, son fiancé. Les Horsford sont des Anglais tout ce qu’il y a d’honorables, donc conservateurs. Seule Annie présente quelques tendances déviantes puisqu’elle revient des Etats-Unis, où comme journaliste, elle a vécu les conditions d’une ouvrière d’usine pour pouvoir comprendre le sort fait à ces femmes. Les Horsford sont autant anti-américains, ces sauvages incultes, qu’anti-français, ces êtres pusillanimes et dangereux à la fois :
" M. Horsford avait conçu contre la nation américaine entière une haine rancuneuse et vivace ; il avait fait une affaire personnelle des succès et du vacarme américains. S’il arrivait à l’Amérique quelque désagréable affaire, il se réjouissait ; lorsque, par exemple, le vaisseau Maine sauta dans la baie de Santiago, il donna un dîner à ses amis, et but à l’abaissement des rivaux de l’Angleterre. "
Appréciant la bonne chère et le bon vin à l’instar de nombreux autres de leurs concitoyens, ils programment leurs vacances au bord de mer, en France. Annie, ayant eu un message de la part d’un homme d’affaires américain, M. Fudge, à faire transmettre à l’ingénieur Dargentin, les Horsford, toujours prêts à parasiter, vont, comme un seul homme, accompagner la jeune femme.
La composition de la famille Dargentin rappelle étrangement celle des Anglais : M. et Mme Dargentin, leur fille Suzanne, bien gentille, le lieutenant des hussards Le Brissais, amoureux de Suzanne, enfin une petite peste, le frère cadet de Suzanne, Jean. N’ayant aucune prévention contre les Anglais, Dargentin les accueille dans son laboratoire. Mal lui en prend ! C’est là que, tout confiant, il annonce à M. Horsford qu’il expérimente actuellement le cristal d’éther méthylique que M. Fudge, qui l’avait découvert par hasard, lui avait expédié. Ce cristal, que Dargentin baptise "calorium", possède une étrange propriété unique et dangereuse : il emmagasine l’énergie solaire pour la restituer ultérieurement et progressivement comme une espèce d’accumulateur. Si le rendement en est pauvre, c’est qu’une grande partie de la chaleur se perd dans l’environnement sous forme d’orages magnétiques et de perturbations électriques de l’atmosphère :
" Vous avez, d’un mot traduit ma pensée: très puissant pour le mal, beaucoup moins pour le bien ! Vous comprenez que, pour emmagasiner quelques degrés de chaleur sous une forme très réduite et d’un maniement commode, il faut condamner des contrées entières au froid perpétuel, détruire le climat, en un mot, la chose est impossible et ne se discute même pas. Et quand je dis : détruire le climat, je n’exagère pas. En constatant les désastreux effets d’un morceau de calorium d’un si faible volume, songez à ce que cela serait, lorsqu’il s’agirait de blocs de plusieurs kilos… "
En utilisant le calorium, les conséquences seraient effroyables : troubles atmosphériques, chute brusque de la température, pluie et brouillard incessants qui se déclencheraient dans une zone géographique centrée sur le cristal. Dargentin se refuse donc à envisager une exploitation industrielle du calorium. Horsford et Charlie ne l’entendent pas de cette oreille. Ils désirent à tout prix s’approprier la découverte de l’ingénieur pour assurer la suprématie politique et économique de l’Angleterre sur la France et même sur les Etats-Unis en dépit des risques encourus :
" En somme, c’est dans son intérêt que nous agirons, reprit M. Horsford ; il ne peut tirer parti de son invention ; quelqu’un doit lui aider à le mettre en valeur ; si c’est l’Amérique, il n’aura rien ; si c’est l’Angleterre, nous partagerons avec la France. Il n’y a que dans le cas où notre puissance navale serait en jeu que nous prendrions le tout pour nous seuls. Tout s’efface devant l’intérêt patriotique ! Certes, l’Angleterre est naturellement généreuse ! déclara Charlie avec conviction. Elle a pris les royaumes des rajahs de l’Inde, mais elle leur fait des pensions. "
En ce but, ils subvertissent le petit Jean afin qu’il vole pour eux le cristal, comptant sur son innocence d’enfant. Dargentin, mis au courant du procédé, expulse les Horsford de chez lui et s’apprête à détruire le calorium sans se douter que Jean avait réussi à en subtiliser un fragment. Il en résulte une gigantesque explosion qui manque de tuer le savant. Alors que le scientifique avec toute sa famille se remet de ses blessures dans une propriété en Tunisie, le couple de voleurs anglais, munis du fragment de calorium, rencontrent M. Fudge qu’ils associent à leur projet, en dépit de leur répugnance, car lui seul est le légitime propriétaire du cristal. Ainsi se constitue le « trust du soleil ».
Fudge, en bon commerçant, voit tout le profit de l’affaire. Il accepte la collaboration avec les Anglais et tous trois cherchent un pays loin de chez eux, pas trop froid, pas trop chaud, pour essayer le calorium en grandeur nature. Ils se mettent d’accord pour la Tunisie et se rendent dans une mosquée désaffectée du Sud tunisien. L’effet de leur expérience ne tarde pas à modifier le climat : un temps épouvantable, froid et pluvieux s’installe en cette partie du pays ce qui fait soupçonner à Dargentin que quelqu’un de malintentionné se sert de sa découverte :
" Le lendemain matin, même ciel gris, même pluie battante. Rien ne saurait rendre l’aspect de désolation de la villa, de ses jardins, de l’oasis entière, sous ces nuées de plomb, dans cette température froide et brumeuse ; l’eau coulait en ruisseaux sur les feuilles des grands palmiers, les oliviers gris semblaient noyés dans la brume ; les petits ruisseaux s’enflaient, roulaient une eau boueuse ; c’était un spectacle beaucoup plus attristant que ne l’est la pluie dans une ville du Nord. "
Le Brissais, avec une compagnie de hussards, investit la place où opèrent les trois bandits qui nient, et leur vol et leur expérimentation. Fudge dissimule le morceau de calorium mais Charlie le dérobe et s’enfuit en compagnie de son futur beau-père, laissant leur ancien complice aux mains de Le Brissais. Annie, ayant appris entre temps le rôle trouble de Charlie dans cette affaire, arrive sur les lieux du drame, détruit les réserves caloriques. Une gigantesque explosion secoue la région, dont la jeune femme sort miraculeusement indemne :
" Puis une explosion inouïe se produisit… quelque chose de comparable à tous les canons de toutes les flottes du monde tirant à la fois !… Une trombe de chaleur intense, torride, effroyable comme une grande flamme d’incendie, balaya toute l’oasis, et s’en alla à travers les chotts, jusque vers Gafsa, où l’on crut à quelque feu souterrain achevant de détruire la Tunisie !… "
Les Horsford ont donc repris le bateau en partance pour Marseille. Annie, qui connaît leur destination, les accompagne. Elle supplie Charlie de lui confier l’unique morceau de calorium restant, sous la menace de ne plus l’épouser s’il n’y consent. L’homme est faible : il cède. Annie jette le cristal à la mer, mettant un point final à cette sombre histoire qui, par ailleurs, se termine bien pour l’ensemble des protagonistes (y compris pour Fudge).
Un récit d’aventure destiné aux enfants sages du début du siècle. Les personnages y sont tout d’une pièce : odieux ou droits, mais caricaturaux. La haine anti-yankee, l’anglophobie s’y révèle sans ambiguïté. L’idée du "calorium" est suffisamment originale pour fournir une base pseudo-scientifique qui rend la fiction crédible. A rapprocher de la bande dessinée d’E.P. Jacobs " S.O.S. météores ".
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 543 vues
-
Jean Decorail, un jeune homme pauvre et mignon, est sauvé par Andrée Ravière et son amie Raymonde, à bord de leur petit avion personnel atterrissant à cause d’une panne mineure. Pris à bord, réconforté, puis emmené dans l’appartement d’Andrée, Jean deviendra l’observateur privilégié des mœurs de cette nouvelle société bâtie par les femmes qui se sont emparées du pouvoir politique lors de la Révolution de 1950 :
« On n’ignorait pas que maintenant les femmes étaient électrices et éligibles, qu’elles avaient accès à la plupart des fonctions publiques, mais on en riait sans deviner la révolution économique qui s’élaborait. Il est vrai qu’elle s’accomplissait petit à petit, sans à-coups brusques. Et tandis que la nationalisation du sol et l’établissement des monopoles d’Etat avait déchaîné la guerre civile, le règne féministe s’établissait solidement au milieu de l’indifférence générale. »
Il rencontrera les responsables féminins qui détiennent les postes-clé. Andrée, aux multiples compétences, parlant six langues, députée, adjointe de la grosse et redoutable Mme Milner, patronne du puissant trust des métaux, sera troublée par Jean. Elle lui permettra de vivre chez elle au «Splendide Hôtel » pour qu’il se refasse une santé. L’hôtel abrite beaucoup d’autres femmes de premier plan qui toutes se connaissent. Mme Aïdos, par exemple, la directrice de la banque franco-bulgare qui travaille en étroite collaboration avec Mme Milner ; la doctoresse Kibieff ou Jane Symian, la poétesse droguée à l’opium, dont l’usage est licite. En face, le panthéon des hommes, voués aux fonctions secondaires, puisque la république des femmes – idéal utopique des féministes au XIXème siècle - les a asservis et dévirilisés. Ils servent comme agents de liaison ou … étalons pour des dames trop prises par leur travail :
«Je m’étais laissé dire que ces messieurs des « Maisons closes » en (=«dragées d’Hercule», sorte de Viagra) faisaient journellement usage pour être toujours prêts ! -Jamais de la vie ! (…) On obtient leur virtuosité exceptionnelle grâce à une sévère sélection des mâles, à de très courtes périodes de service suivies de longs farnientes à la campagne, enfin à une hygiène sévère et à une nourriture choisie. Malgré ces précautions d’ailleurs, la plupart de ces pauvres diables n’atteignent pas la quarantaine… »
Il s’est donc développé un harem d’hommes entretenus, êtres ambigus, dont l’homosexualité s’affiche ouvertement, occupés uniquement à séduire, à se disputer ou à discuter de frivolités :
« Les hommes, eux, ont endossé l’habit de soirée qui, par un caprice de la changeante mode, copie les costumes chatoyants du XVIIème siècle : pourpoint de soie céladon ou rose, hauts de chausse de satin blanc bordés d’argent ou formant des nœuds, bas de soie, souliers à ponts-levis, canne à rapière, rabat de mousseline bordée de guipure, vaste feutre gris à plumes blanches. »
Fêtes somptueuses, habillements baroques, stupre, relations sexuelles éphémères, argent facile, défilent devant les yeux de Jean que sa condition provinciale et son état de pauvreté ont protégé jusque là.Très vite, il sera entouré d’un groupe «d’amis », tels que Pierre levée, Roger lemire, Xaintraille ou Luis Diego dit «Louisette», qui se chargeront de le déniaiser:
«Des hommes en cheveux longs, en grands chapeaux empanachés, en costumes tapageurs, déambulaient à pas lents, le poing gauche à la hanche, la main droite sur une haute canne à pomme d’or. D’un sourire lascif ils aguichaient les femmes aux terrasses des cafés et d’autres, indifférents, adressaient leurs œillades aux deux sexes, car jamais l’homosexualité n’avait fleuri aussi abondamment. »
Par eux il connaîtra les hauts lieux du Paris «branché» comme le « Cathleya-bar », lieu des rendez-vous interlopes, ou les fêtes décadentes chez Mme Milner, sans que cela aide à le convaincre de céder à Andrée à l’égard de laquelle pourtant il nourrit un tendre sentiment.Les hommes, « les vrais» sont, soit employés à des travaux de force dans les mines ou l’industrie, et laissés incultes, soit se retrouvent au sein de minuscules groupes d’opposition conservateurs siégeant au Parlement. Le Dr. Lorris est l’un de ceux-ci, qui analyse le marasme économique, l’instabilité internationale et l’affairisme d’état comme amplifiés par le pouvoir féminin lequel a joint aux travers des hommes la volonté de revanche des femmes :
« Puisque grâce à nos discussions, à notre fatigue, disons le mot, à notre veulerie, vous êtes arrivées au pouvoir, vous auriez dû en profiter pour mettre en pratique vos idées, vos théories, votre idéal. Or, qu’avez-vous fait depuis 1972, date des premières élections qui assurèrent la majorité féministe? Rien que pervertir les syndicats ouvriers et les trusts patronaux qui forment le collège électoral. (…) Quand vous voudrez, je vous prouverai que vous vous êtes contentées d’être nos pâles imitatrices. Vous n’avez rien inventé, rien démoli, rien innové ; vous avez rendu vôtres, en les tournant à votre profit, nos lois, notre organisation, notre société telle qu’elle est sortie de la révolution de 1950, parce que vous n’avez pas d’idées originales, pas de théories neuves, pas d’idéal personnel. (…)Allons, il fallait avoir le courage d’avouer la vérité, si peu séduisante qu’elle fût ; les femmes avaient su accroître la misère sociale et l’inégalité. A la dureté masculine, elles avaient substitué un égoïsme plus féroce, une injustice plus criante. L’homme était impitoyable et brutal, la femme était complètement amorale. Son désir exaspéré de paraître, d’éclabousser, de triompher, effaçait chez elle tout autre sentiment, détruisait toute bonne volonté»
Car la situation intérieure et extérieure de la France est inquiétante. Le racisme sordide introduit de solides clivages dans cette société féminine supposée unie :
«C’est encore Peau de goudron qui fait des siennes. Cheveux crépus, nez épaté où par la pensée on suspendait un large anneau d’or, lèvres proéminentes, celle qu’on avait baptisé de ce surnom était un remarquable échantillon de la race nègre. Son goût pour les chemisettes claires et les cravates aux couleurs éclatantes joint à une compréhension lente l’exposaient aux farces, quelquefois méchantes, de ses collègues. Elle souffrait d’autant plus d’être leur risée que son orgueil l’empêchait de reconnaître son infériorité intellectelle. Quand Irma lui affirmait « qu’une blanche vaut deux noires », elle discutait âprement et au bout d’un quart d’heure s’apercevait enfin qu’on se moquait d’elle. »
Les syndicats féministes avec à leur tête Irma Bozérias sont relayés au Parlement par une passionaria, Mme Launey, présidente du groupe des «Bellamistes». Elle dénonce les tripotages électoraux, le détournement des biens publics, les lois sur la propriété d ‘Etat en annonçant une grève dure que devra briser Mme Blanzy la présidente de la république , soutenue par les trusts des métaux, notamment celui de Mme Milner qui signe un traité d’approvisionnement d’armes avec les …Chinois, espérant relancer par là le travail et casser la grève :
« Le Japon au commencement du siècle, la Chine un peu plus tard avaient prouvé à la vieille Europe que sa supériorité économique n’était qu’un mot. L’émancipation sanglante de l’Indo-Chine et de l’Inde où les jaunes levant le masque avaient audacieusement mis en vigueur la doctrine de Sen-Chou-Chian, «l’Asie aux Asiatiques», avait porté le dernier coup au prestige de la race blanche. Les petits hommes aux yeux bridés s’étaient réveillés soudain de leur nirvana séculaire. Guéris de l’opiomanie qui les engourdissait, galvanisés par la volonté d’empereurs énergiques, ils s’affirmaient les maîtres de l’heure et la guerre sino-australienne n’était qu’une des phases tragiques de ce duel des deux races. »
Elle charge son adjointe Andrée Ravière, torturée par des scrupules de conscience, de se charger de cette délicate négociation. Les terrains étatisés, l’interdiction de leur transmission par héritage, l’Etat propriétaire de tous les logements fournissent à une nomenklatura féminine d’apparatchiks (es) la possibilité de se goinfrer, au propre comme au figuré. Le Dr. Lorris est conscient que la race blanche se suicide, non seulement à cause d’une politique insensée mais surtout par le fait de deux fléaux conjugués qui amplifient le désastre : l’abandon du rôle de mère par les femmes et le refus de faire des enfants. Elles les confient à des «Maternités nationales», sortes d’orphelinats d’état où , en grandissant, ils apprennent la haine et l’amertume de la solitude. Comme les multiples fonctions des femmes ne leur permettent plus de consacrer du temps à engendrer, elles se livrent au plaisir sans arrière-pensée en absorbant des abortifs ou en se faisant stériliser. Jean, en compagnie des «ruffians » est soigné, pomponné, poudré, prêt à un emploi qu’il condamne au grand malheur d’Andrée :
« La toilette du jeune ruffian était terminée. Après l’avoir massé, épilé, la doctoresse avait examiné la denture, mesuré la sensibilité des réflexes, présidé au nettoyage de la chevelure. Elle n’avait pas volé ses deux louis quotidiens. »
Il voudrait vivre de sa plume en composant des poésies. Aidé par la jeune femme, une relation de Mme Herbert, il rencontre la Directrice du journal « l’Universel » qui lui fait abandonner de suite ses illusions :
« Elle expliqua que les vers étaient une très belle monnaie ancienne qui n’avait plus cours. Quant à la prose, elle comportait deux catégories : celle dont la publication était payée par l’auteur et celle dont la publicité rémunérait tous les frais. Tel roman célébrait l’efficacité des pilules Finck ou de la pâte dentifrice Luna, tel conte vantait les charmes des randonnées accomplies à l’aide des avions Bérault. L’habileté consistait à tourner la réclame de telle façon que le lecteur fût dupe et n’aperçût pas le bout de l’oreille. »
Profitant d’un voyage d’affaires de sa protectrice, Jean s’écarte d’Andrée, veut disparaître de sa vie. Il pense se réfugier chez un homme marié, son vieil ami Victor où il expérimente le drame de la sujétion masculine :
« Mon pauvre Jean, voilà le seul moment de la journée où je suis tranquille. D’ailleurs ce n’est pas encore terminé. Avant de me mettre au lit, il faudra que je cire les chaussures de la mère et des enfants. Et demain comme chaque jour, je serai le premier levé. Je dois m’occuper de Tutur et d’Euphrasie qui vont à l’école, les laver, les habiller, préparer leur petit déjeuner. Dès qu’ils sont partis, je songe au chocolat de ma femme. Ah ! quelle existence!-De galérien, appuya Jean. Je ne la supporterais certainement pas. »
Ce qu’il voit l’horrifie à tel point qu’il échouera dans la rue, avec les clochards. Andrée, de retour de son voyage, est désespérée. Elle aime réellement Jean qu’un sordide fait divers lui permettra de retrouver. «Louisette», pour un collier de perles, a assassiné son vieil ami Roger Lemire et s’apprêtait avec deux comparses à cambrioler l’appartement de Mme Milner. Les policières arrêteront à temps les suspects et, effectuant une rafle dans les environs, elles prendront par hasard Jean dans leur nasse qui sera reconnu et sauvé par Andrée. Alors que l’Australie tombe définitivement dans les griffes de l’empire jaune qui étend sa domination sur le monde occidental, Jean et Andrée reviennent de voyage de noce. Enceinte, elle a démissionné de sa fonction, heureuse enfin de s’affirmer pleinement femme, au grand effroi de son ami Raymonde :
« Elle en souffre, elle aussi, de s’être façonné comme ses contemporaines une âme masculine, d’avoir étudié la métaphysique et la physiologie, d’avoir plongé dans le gouffre glacé du raisonnement où l’on ne trouve en fin de compte que la négation, où l’on erre entre ces deux pôles contradictoires : la matière qui est peut-être aussi de l’esprit, l’esprit qui est sans doute de la matière !
Ah ! comme elle les envie, les grand’mères futiles, préoccupées de la coupe d’une robe, de la couleur d’une écharpe, de la forme d’un chapeau ou simplement absorbées par les soucis du pot-au-feu quotidien ! »
«Le Triomphe des Suffragettes» reste un livre d’actualité avec des accents et des préoccupations contemporaines. Se situant dans la vieille lignée du thème du « matriarcat » et du « féminisme », Jacques Constant, endossant les oripeaux de l‘utopie socialisante pousse la simulation jusqu’à la charge pour constater – mais n’est-ce pas encore un fantasme mâle - que des femmes au pouvoir agiraient encore plus mal que des hommes. Non seulement elles n’élimineraient pas la guerre, dont les féministes trouvent l’origine dans « la politique du mâle », mais n’en finiraient plus avec des jeux de pouvoirs exacerbés par leur nature féminine. Un brûlot féroce, parfois jusqu’à la caricature, mais une description minutieuse et des intuitions justes, font de ce roman un travail d’entomologiste éclairant les rapport entre les sexes. A méditer, même aujourd’hui !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 425 vues
-
Le Triomphe De L'homme - Par BenF
François Léonard décrit une vaste épopée : celle de l’espèce humaine dans un futur lointain. Avec des accents héroïques, proclamant leur foi en la toute-puissance de la science, les héros de Léonard sont des savants qui trouvent la réponse à toutes les questions que se pose l’humanité, aussi bien du passé que du futur. La terre s’est transformée en une utopie, où il fait bon vivre, le "jardin planétaire", couvert par un réseau électrique dense. Les continents sont reliés, le passé exhumé (notamment la ville de Paris). Les gens se déplacent par " électro-stryge ". Les continents sont refaçonnés. C’est dans un tel contexte que Neil, esprit ambitieux, fait une découverte d’importance : celle de pouvoir propulser la terre hors de son orbite en direction de Véga " au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ". La proposition est adoptée et l’engin construit. La Terre se déplace pour ne plus jamais revenir sur son ancienne orbite. Mais la surface en est bouleversée, les océans bougent, les chaînes de montagnes se transforment, le froid et la glace gagnent:
" Mais déjà, le long des côtes de la Terre de Feu, de la Patagonie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie du Sud, roulaient, avec un bruit de tonnerre des raz de marée comme on a en avait jamais vus. Les rocs, les caps, les promontoires étaient détruits, emportés, roulés les uns sur les autres, et peu à peu s’émiettaient à la surface des golfes où les colères liquides s’entrechoquaient, énormes et lourdes, ainsi que des montagnes. Ce fut alors, parmi ceux qui le virent, une épouvante échevelée. On s’entre-tua pour atteindre les aéronefs fragiles que l’ouragan guettait; on vit fuir vers le Nord des ballons auxquels s’accrochaient, sous la nacelle, dans les cordages, au gouvernail, de véritables grappes humaines. Ainsi qu’une traînée de poudre, se répandaient des nouvelles sinistrement démoralisantes. On disait que la Nouvelle-Zélande avait été toute entière engloutie sous les flots; que l’Australie était condamnée au même sort; que l’eau s’étendait déjà jusqu’aux Monts Parker et menaçait de dépasser leur crête; on disait...Mais que ne disait-on pas ?
Le vrai et le faux étaient accueillis partout avec la même promptitude. Dans le désordre général, on oublia de se servir des appareils télégraphiques, et ce fut heureux, car ainsi la peur resta localisée loin des grandes masses de peuples. Les plus importantes de celles-ci s’étaient formées, selon le reflet parti de chaque continent, dans les plaines de l’Afrique septentrionale, du centre du Brésil, de l’Amérique du Nord et dans les steppes d’Europe et d’Asie. "
L’espèce humaine d’abord s’adapte, grâce à la science, puis tout au long du trajet. La route étant longue, elle oublie peu à peu l’usage scientifique et ses bienfaits, sombre dans le chaos, puis le primitivisme :
" Plusieurs générations se succédèrent; le froid ne fit qu’augmenter; les combustibles s’épuisèrent vite; une fois de plus, le travail régulier des mines fut insuffisant. Alors, de nouveau, des millions de bras abandonèrent leurs occupations habituelles pour extraire de la terre tout ce qu’elle pouvait contenir de possibilités calorifiques. On fouilla les derniers gisements de charbon et de radium; on vida les tourbières; on rechercha, jusqu’à des profondeurs incroyables, du bitume, du naphte, du pétrole; on abattit enfin des hectares et des hectares de forêts...Mais, de génération en génération, la crainte d’une lente agonie devenait plus générale et se transforma en certitude, en désespoir. Comme la goutte d’eau qui, d’année en année, creuse davantage un roc, l’obsession de la fin proche du monde usait une à une toutes les volontés. Lentement, la société se désagrégeait. Une plèbe nouvelle, égoïste, exaspérée, formant la lie d’une civilisation stagnante, apparut bientôt dans les villes, mêlant à l’épouvante de vivre le désir sauvage de tuer. Et cette vague d’humanité basse, soulevée par son destin, se heurta d’abord avec indifférence, puis avec haine, à des foules supérieures. La fraternité, cette conseillère ancienne des peuples, n’était plus. Progressivement, la vie s’écrasait; les villes devenaient silencieuses, désertes même; toutes les forces, d’autrefois dispersées, se concentraient autour de leur noyau social. L’aristocratie scientifique, isolée dans quelques rares constructions gigantesques , semblait se désintéresser de la masse populaire. Celle-ci, attachée seulement aux travaux du sol, s’enfermait dans la tiédeur des serres. Quant à la plèbe, depuis longtemps, elle négligeait tout ce qui ne servait pas uniquement son instinct de conservation. "
Enfin arrivée près de Véga après de longs millénaires, la Terre se réchauffe à nouveau, la croûte se remodèle, des espèces inconnues naissent:
" Partout, la vie, multipliant les formes, unissait la grâce à la force, l’instinct cruel à la beauté, et mêlait la joie de vaincre à l’épouvante de la mort. Le prodigieux mystère, sorti de la bataille des atomes, se développait en batailles. La vie créait et détruisait, voluptueusement, atrocement, merveilleusement, sans arrêt, sans repos, sans aucun plan visible, avec mille apparences contradictoires, toujours vers mieux, et sans raison. Même aux profondeurs vierges de l’océan, elle s’était développée. Les eaux, de plus en plus tièdes, avaient vu naître des poissons inconnus, des mollusques bizarres. Le long des côtes, dans les endroits jadis fréquentés uniquement par les hommes et les phoques, d’autres êtres ouvraient à présent des gueules monstrueuses et affamées. Déjà, nouvelles victimes servant à alimenter de nouvelles existences, de nombreux hommes avaient été broyés par les mâchoires des crocodiles. Aussi, ne pouvant se défendre suffisamment les tribus humaines, à chaque alerte, avaient fui et s’étaient retranchées dans des îles non encore envahies par la végétation, ou sur des rivages rocailleux où les herbes étaient rares. Mais les herbes avaient poussé; les îles s’étaient couvertes de mousse. L’Homme, pris entre deux dangers, avait imploré l’Ennemi Vert. "
Pourtant, à cause d’une infime erreur de calcul, la Terre se précipite vers son nouveau soleil qui la vaporise:
" Depuis longtemps, toutes les races étaient mortes. La Terre n’était plus qu’un globe tournoyant, sans atmosphère, sans eau, et dont le relief complexe rappelait à peine ce qui avait été jadis l’Europe , l’Asie, l’Afrique, l’Amérique et l’Australie. Jaune et craquelée, la surface de ce globe se modifiait tachée de feu parfois. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, partout, des effondrements brusques entremêlaient des massifs de montagnes; des glissements, des soulèvements, des dislocations de surfaces énormes, en chaos divers, heurtaient des. houles de porphyre, de marbre, de minerais et de granit; à chaque instant, des terres veinées de crevasses, crêtées de chaînes nouvelles, se bousculaient en de fantastiques assauts; souvent, au milieu du tumulte, s’ouvraient des craères gigantesques; et l’attraction de Véga, unie aux soubresauts des forces centrales de la Terre, crispait douloureusement l’ancienne face d’un monde sous les cieux infinis.
Pendant des siècles, la Terre roula, se rapprochant peu à peu de l’Etoile. Sa vitesse avait doublé, triplé, quintuplé, décuplé ; la distance à franchir était encore énorme. Mais l’espace diminuait cependant de jour en jour, de minute en minute; le temps, vainqueur de l’abîme, guidait le projectile vertigineux vers ce globe éblouissant de couleur d’ocre, de pourpre, de phosphore et de cuivre, que des hommes jadis baptièrent Véga, et qui, tournant sans raison sur son axe, se déplace sans raison vers un but inconnu. Enfin, la Terre frôla les flammes. Telle une poussière grise ou un tourbillon, elle tressaillit, tournoya, bondit, fut entraînée comme une bulle légère sur la crête déchiquetée d’une vague de feu, aux écumes d ‘ambre jaune mêlé de rubis liquide; des gerbes d’or en fusion, striées de lueurs bleues, l’entourèrent; elle crépita, tomba dans des gouffres rouges, rebondit comme une étincelle; enfin, elle éclata, et sa matière, volatilisée en clartés neuves, se perdit parmi les clartés anciennes, comme un petit groupe d’atomes dans l’infini. C’est ainsi que se dispersa, dans l’atmosphère lumineuse d’un astre plus grand, ce qui avait été un monde pour les Hommes. "
Avec une prose de type épique, ce récit vaut par sa tension, la vision qui habite l’auteur et qui s’apparente à celle de Stapledon (" les Premiers et les Derniers "), de Clarke (" la Cité et les astres) " de Campbell (" Crépuscule "). Récit héroïque écrit à la gloire de l’espèce humaine professant une totale confiance dans la science et ses applications. Oeuvre originale et importante.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 378 vues
-
Le Tournant Decisif - Par BenF
La Terre est au pouvoir des rats, conséquence de la guerre atomique de 1992 qui a fait disparaître l’homme en tant qu’espèce dominante. Le rat mutant, grâce à sa fécondité prodigieuse, a occupé la niche écologique de ce dernier. S’étant développé en taille et en intelligence, il a permis le maintien de quelques tribus humaines dans quelques enclaves éloignées et barbares, car il se rappelle avec nostalgie sa cohabitation de jadis, la relation amour/haine qu’il entretenait avec le bipède déchu :
« La situation ne manquait pas d’ironie. Les rats, de par leur expérience immémoriale de l’homme, lui portaient des sentiments curieusement ambigus : ils se rappelaient avec fureur les pièges, furets et raticides de jadis ; mais ils se souvenaient aussi, avec une sorte d’émotion, qu’un surmulot ne vivait vraiment heureux que dans le voisinage de l’homme. Non pas seulement pour les avantages de la nourriture et du gîte, mais pour le plaisir aussi d’avoir des gens autour de soi. »
Mais, pour que jamais plus l’homme ne reprenne le dessus, le rat contrôle rigoureusement sa fécondité, stérilisant au préalable tout humain en âge de procréer. A cette seule condition, il permet à certains d’entre eux d’émigrer au loin, dans ces enclaves sauvages, où les humains qui haïssent trop les rats pourront encore mener une misérable existence.Sans le savoir, ce vingt août 2067, ce rat, fonctionnaire du Bureau de l’Emigration de l’Empire, venait de vivre le tournant décisif pour sa race. Ce jour-là, il a permis à Walter Nolan, un opposant irréductible, et à sa femme Gloria, d’émigrer. Non sans s’être assuré que l’individu avait été soigneusement stérilisé et que la femme, qui avait fait une fausse couche peu de temps auparavant, avait subi une ovaritectomie. Ce qu’il ignorait, c’est que rien de tout cela n’était vrai. L’embryon, parfaitement viable, avait été transitoirement implanté dans le péritoine du mâle ce qui lui permettra de survivre jusqu’à ce qu’il retrouve son logement primitif dans l’utérus de la femme. Encore quelques cas de ce genre, et le glas de l’Empire des rats sonnerait à l’horloge de l’éternité.
Une nouvelle intelligente et ironique menée de main de maître.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 288 vues