Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Pirate De La Science - Par BenF
En 2045, chez le docteur Terry Conway, un cambrioleur est arrêté. Mis en prison, on le retrouve mort sans raison apparente. Fait divers banal, attirant cependant la perspicacité de l’inspecteur Pick qui découvre plusieurs marques bizarres sur le corps du cadavre. Pick procède manière peu orthodoxe en pénétrant subrepticement dans le laboratoire de Conway où de nombreuses pièces animales disposées dans du formol attirent son attention. Après s’être entretenu avec le professeur Bud Gains, ancien confrère de Conway, Pick n’est pas plus avancé.
Parallèlement se développe une autre affaire, liée à un vol curieux de pièces d’or. La société d’assurance engage, pour découvrir la vérité, le détective Mike Arlen et son assistante Nancy Riestley. Le piège tendu par ces deux derniers révèle la nature extraordinaire du voleur, une araignée gigantesque dont le classement dans le règne animal s’avère impossible. On est en face d’une chimère.
Alors que Mike rencontre Pick, Conway disparaît. Très loin de là, la petite population –environ une cinquantaine de familles - de l’île de Toua dans le Pacifique, est sauvagement exterminée par des êtres improbables, des sortes de singes. Ces animaux, appelés « Bias » sont les créations de Conway, actionnées par ses deux complices Igor Sedov et Fred Marcus, à partir du laboratoire secret et souterrain qui sert de base retirée au savant renégat, lequel eut la précaution de l’installer préventivement dans l’île voisine de Novo :
«Cette machine –un générateur d’impulsions bio-électriques d’attaque - envoya aussitôt en direction de la plage les consignes silencieuses et invisibles qui touchèrent les monstres toujours alignés au bord de la rive. L’onde d’inhibition qui paralysait le potentiel propre des BIA’s se relâcha peu à peu…Après quinze secondes, les BIA’s –ces monstres velus et musclés- s’agitèrent. Tout en se dandinant sur place comme des ours, ils commencèrent à faire bouger leurs bras énormes. Ils tournaient la tête de gauche et de droite et les naseaux de leur face palpitaient. (…) Une ou deux minutes s’écoulèrent, puis les BIA’s se mirent à marcher. Des lueurs cruelles éclairaient leurs prunelles rondes. L’odeur du sang humain les attirait, les appelait. »
L’équipe d’intervention envoyée sur zone est elle-même accueillie par des insectes à la piqûre mortelle. D’abord des guêpes, puis des mouches géantes et venimeuses.Le capitaine Flag sera l’émissaire du gouvernement britannique pour s’occuper de l’affaire ; le danger devenant pressant, Conway et ses complices déménagent dans une île de l’archipel des Phoenix dans laquelle Flag fait la connaissance d’une nouvelle bête curieuse, une espèce de kangourou, très passif, qu’il capture pour analyse. Hélas ! Dans son avion, la bête devient brusquement furieuse et massacre le capitaine Flag.
Conway, se doutant des suites de cet événement, piège son repaire, le transformant en un fort chabrol «électro-biologique ». Après une réunion de crise, à laquelle participent Pick et Mike, décision est prise d’en finir avec le fou et d’attaquer son repaire. Nancy, partie avec les belligérants, sera fait prisonnière avec son avion par des créatures bio-mécaniques de Conway, lequel se retranche derrière une armée de babouins, sur terre, et de squales , sous mer, télécommandés.
Pourtant, à Toua, le détective progresse. Il s’approche du poste de commandement de Conway lequel utilise toutes les armes qu’il a conçues dans sa folie : mouettes explosives, poissons-volants à percussion, guêpes à piqûre létale :
« Ce fut un chaos hallucinant. Les mouettes tournoyaient éperdument autour des deux hélistats qui éjectaient leur gerbe de gaz mortels. Frappées en plein vol, elles mouraient, battant des ailes et tombant comme des projectiles. Sur le nombre, beaucoup percutèrent les hélistats et explosèrent comme des grenades atomiques. En moins de deux minutes, les deux appareils furent réduits en miettes »
Le forcené pense également se servir de Nancy comme otage pour éliminer ses adversaires : il la piège littéralement. Par une opération aux cicatrices quasiment invisibles, il introduit dans son corps, à la place d’un rein, un engin explosif devants sauter au moment voulu, anticipant (mais n’est-ce pas le rôle d’un roman « d’anticipation » ?) l’action des kamikazes islamistes actuels. Nancy relâchée et interrogée par Mike et ses amis, doit la vie sauve à Mike qui, au tout dernier instant, évente le pot aux roses, parvenant à désamorcer la bombe. C’en est trop pour les représentants de l’ordre qui ordonnent la destruction totale de l’île. Ils seront aidés dans leur entreprise par la fausse manœuvre d’Igor qui, maladroitement, lève le blocage psychologique des animaux. Conway et consort seront illico taillés en pièces par leurs créations et ne verront même pas les bathyscaphes de l’armée qui nettoient le secteur à l’aide d’un armement atomique. Le dernier mot restera à l’armée qui, avant la destruction finale, aura réussi à mettre la main sur les documents de Conway : on ne sait jamais, ils pourront toujours servir…pour le bien de l’humanité. On croit rêver ! Enfin, Le feu d’artifice final est tiré par Mike et Nancy qui se marient (même si elle n’a plus qu’un seul rein).
Un récit qui propose (assez intelligemment) l’un des innombrables avatars du thème du «savant fou» qui parsèment le champ de la littérature populaire. L’auteur fait progresser de manière vivante l’intrigue et, avec ce thème archi-rebattu, donne une intéressante description du conditionnement animal, sujet dont la science se fit l’écho durant les années d’après-guerre.
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Le Deluge A Paris - Par BenF
L’auteur envisage avec ironie les conséquences d’un nouveau déluge à Paris en 4859.
Avant, " tous les vices ont soudain disparu, toutes les bonnes qualités sont à l’ordre du jour. " Tout le monde devient franc, honnête, vertueux (même les Académiciens).
Pendant, tandis que des escouades de ballons survolent la ville, les " flots vengeurs " déferlent. Une baleine entre dans le Panthéon, une huître " baîlle d’ennui " devant l’Institut.
Après (trois mille ans après), les eaux ont reflué et les archéologues du futur se livrent aux exhumations, en apportant la preuve de l’existence d’une ancienne civilisation par la découverte d’un jupon-carcasse qu’ils prennent pour un squelette métallique, et de l’obélisque "qui fut l’épine dorsale d’un poisson échoué ".
La conclusion, elle, est toute entière inscrite dans la morale : " dans tous les déluges et tous les cataclysmes, une seule chose surnagera toujours sans le secours d’aucune Arche de Noé, et cette chose, c’est le ridicule. "
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Vol. 01. Jag le félin, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12ème (présenté conjointement avec « Blade » N°47), 215pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française.
1 ère parution : 1985
L’univers rétrécit, la flèche du temps défile à l’envers, c’est l’époque du « Big Crash ». Le monde en est bouleversé. Des «chutes» de débris technologiques divers achève de détraquer le temps. Les sociétés s’effondrent. Dans l’après-civilisation l’obscurantisme et le règne de la férocité façonnent un nouveau mode de vie qui se résume à tuer ou être tué.
Patch, l’errant, rencontre « Jag » (pour Jaguar), un enfant terrorisé mais rempli de potentialités. En l’adoptant, il lui enseigne sa science du combat et sa mentalité de survivant. Le jeune garçon apprend durement, surtout lorsque Patch est éliminé par son ennemi personnel, Bascom. Celui-ci emmène Jag comme esclave pour l’échanger finalement contre une mule chez des fermiers. Utilisé à la place d’une bête de trait, placé sous le joug, Jag tire le soc et la charrue durant quelques années, ce qui parfait son éducation. De retour dans la région, Bascom et sa bande voient tout le profit qu’ils pourront tirer du jeune homme. Ils se débarrassent des fermiers et, s’emparant à nouveau de Jag, l’entraînent dans une ville où il devra participer à des jeux de cirque mortels.
Jag attend son heure. Elle viendra lorsque Galaxius, le potentat local, lui permet de défier Bascom et sa bande des quatre. Le combat est âpre. Jag, se rappelant (intuitivement) le récit des Horaces et des Curiaces, tue successivement ses opposants jusqu’à Bascom, qu’il épousera avec beaucoup de plaisir. Désormais, il appartiendra à l’écurie de Galaxius qui, pour le marquer, lui passe un collier de rétention apte à l’étrangler s’il s’éloigne de trop.
«Jag» forme une chronique post-cataclysmique, à l’instar du «Survivant» promotionnel par la même maison d’édition. Donc le cocktail est le même : sexe et viol, violence et meurtre, horreur gore, assassinats et idéologie fascisante, ceci tout au long des 34 épisodes. Armons-nous de courage !
Vol. 02. le Collier de la honte, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12 ème, 216pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française.
1 ère parution : 1985
Jag, muni de son nouveau collier anti-évasion, s’embarque à bord du train de Galaxius, censé mener la joyeuse bande à Tombal City pour «affaires». Jag, chouchouté, soigné, bichonné est destiné à la cour de Galaxius pour devenir son giton préféré. Mal lui en prend car Jag ne navigue pas à voile mais à vapeur. C’est pourquoi il sera rétrogradé, par un Galaxius très irrité, dans la loco de tête où, sous le commandement du chef mécanicien Potrero, il remplira la chaudière. Le train traverse diverses régions affectées par les «Chutes» et subira une attaque des «Contaminés» qui veulent faire largement profiter les voyageurs de leurs disgrâces radioactives. Jag, participant à la défense, s’en tire avec honneur. Il soulève l’attention de Cavendish, le chien de garde du groupe, qui lui propose de devenir son adjoint. Jag accepte, son collier sera provisoirement désactivé et notre héros retrouve une relative liberté en cet univers impitoyable.
Vol. 03 : la Compagnie des os, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12 ème, 219 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1985
Jag, toujours accompagné de Cavendish et prisonnier de Galaxius, soumis au collier d’étranglement dit «Peau de chagrin», à commande électrique, arrive dans le territoire de la Compagnie des os. Ce sont de terribles cannibales, sans aucun sentiment humain et dont la principale fonction est de démembrer leurs adversaires avant de les faire griller (Ce qui se prête mieux à la dégustation, convenons-en!). Le train de Galaxius s’arrête en pleine nature. Le contrat établi avec Cerasalmo, le chef de la Compagnie, étant devenu obsolète, il s’agit d’avancer avec prudence vers la ville de Palizada, étape incontournable et capitale des cannibales.
Deux portes d’entrée immenses condamnent la ville et empêchent l’accès aux rails. Un commando sera constitué, formé de spécialistes dynamiteurs, de techniciens mitrailleurs, avec, à leur tête, Jag et Cavendish. Il s’agit pour eux de faire sauter ces portes pour que le train, qui les appuiera, puisse poursuivre sa route. Toujours amoureux de Monida , et attiré par Angel, l’étrange enfant-mutant dotés de capacités psy, Jag s’apprête au pire. Quelques massacres plus tard et après une éprouvante reptation dans un tunnel de mine abandonné débouchant sur les portes, le commando réalise son objectif. La voie est ouverte au moment où surgit le train, le tout se mêlant en un combat titanesque dans lequel se tranchent les membres, volent les têtes, se récurent les os :
« C’était dément.Il en venait de partout. Certains, nantis de grappins, avaient entrepris l’escalade des wagons. Les gardes en abattaient un, deux, voire trois, puis ils finissaient par succomber sous le nombre et alors les sauvages éventraient les voitures par le toit, à coups de hache. Ayant fait le tour de la loco, Curtice mit son lance-flammes en batterie. Les jets de feu firent des trouées spectaculaires et bientôt une abominable odeur de barbaque grillée plana sur l’endroit. »
Lorsqu’enfin s'achèvele combat, Galaxius est mort et Jag définitivement libéré de sa « Peau de chagrin » mais triste d’avoir perdu Monida. Il se consolera en partant vers d’autres aventures avec Cav. Et en adoptant Angel.
Vol. 04 : la Poudre de vie, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1985
Jag chevauche sur de hauts plateaux, Angel attaché sur son dos. Deux êtres gigantesques ressemblant à des singes s’attaquent à lui. Après avoir eu beaucoup de mal à les exterminer, surpris, il aperçoit Cavendish qui, échappé du train de Galaxius, trimballant un sac rempli d’objets en or, robinetteries, tuyauteries, etc., souhaite accompagner Jag vers la ville d’Eden. Eden est un endroit magnifique où des êtres jeunes et beaux, les «Immortels» consomment une drogue, une mousse bleue qui pousse sur les hauts plateaux, et qui est supposée allonger définitivement la vie. Mais tout s’achète et seuls ceux qui ont de l’argent peuvent se permettre de vivre éternellement.
C’est pourquoi il y a l’envers du décor : des marécages, entourant la ville, peuplés par les «Blancs », requins affamés et invincibles, et, dans la ville même, des endroits de vice où toutes les déviances sexuelles sont tolérées, voire encouragées ainsi que des lieux de revente d’êtres humains monstrueux consommés dans les jeux sexuels :
« Les seuls enfants que l’on apercevait dans la ville venaient de l’extérieur. Ils avaient dans le meilleur des cas, été achetés à des parents en rupture d’affection ou bien plus simplement volés pour remplir les maisons closes de la cité en phénomènes impubères. Seulement un phénomène répond fatalement à un critère d’anormalité. Et comme la plupart des enfants ou adolescents récupérés n’offraient aucun caractère extraordinaire, il fallait alors remédier à cette carence en fabriquant des monstres selon la demande ou le pourcentage de décès de leurs prédécesseurs.
Ainsi, selon la tendance, on les mutilait, les amputant d’un ou plusieurs membres,, on les castrait, on leur arrachait les dents pour adoucir les fellations, on les alésait en déchirant leurs sphincters, on allait même jusqu’à leur forer d’autres « orifices » pour certains maniaques ; bref le catalogue des atrocités était sans fin. »
On entre dans la cité par des points sûrs dont son garants les « Passeurs ». Cavendish, qui connaît Eden, y est venu pour deux raisons. La première est de tuer Shoen, un géant noir dépravé et maître de ces lieux. La deuxième est de retrouver Andy, son jeune frère, transformé en objet de plaisir. A l’aide du «Rat», un passeur sans jambes porté par Jag et de l’or comme sésame, ils espèrent voir s’ouvrir toutes les portes. Rapidement Jag, le baroudeur géant, et Angel, de par son apparence larvaire, susciteront la convoitise de Corta, l’un des vigiles qui enlèvera Angel pour l’offrir à Shoen comme produit tératologique de luxe. Jag sera enfermé dans la forteresse centrale et laissé entre les mains expertes d’Alesia, une vieille immortelle dépravée et perverse. Cavendish, lui, se rapproche de son but en tuant Corta mais sera fait prisonnier avant d’avoir pu porter secours à Jag.
Se servant d’Alésia comme bouclier, Jag tente de se libérer. Hélas ! Il finira dans le bassin privé de Shoen luttant pour réussir l’épreuve qui consiste à échapper aux Blancs. Vous vous doutez de la suite. Follement acclamé, il émerge de l’eau défiant le Maître en combat singulier, un Shoen qu’il foudroie en lui enfonçant son mini-poignard lui servant de pendant d’oreille dans le bulbe rachidien. Jag, Cavendish et Angel récupéré, quitteront cette ville maudite où plus rien ne sera comme avant.
Vol. 05 : le Peuple ailé, Plon éd., 1986, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Quelques mots à déguster en guise de hors-d'oeuvre: "Balzaner- rapatelle – le Maufrait – Justacul- roufinger –céramite – merluchon – ravets- rocailles trichydiques – vastitudes-sacredire- se barbifier – fifrelis- steppeur – jumart –sursomme –mémarchure – solamire-grimacement "
Jag et Cavendish poursuivent donc leur quête (au fait que cherchent-ils ?), parcourant un désert glacé. Soudain, une construction industrielle se profile au loin : des baraquements, une usine ? Quatre êtres humains au moins y vivent ; un vieillard, Gary, alerte et à l’œil vif, ainsi que trois femmes improbables, une mère et ses deux filles, crasseuses, couvertes de jupons sales, inquiétantes de par leur étrangeté:
« Gary les considéra d’un œil maussade. La plus âgée, rongée par une espèce de scorbut, n’avait plus de dents et son menton était en permanence maculé par un filet de sanie qui découlait de ses gencives purulentes. La plus jeune, nerveuse comme une biche, forte comme un bûcheron, était plus sale qu’une fosse sceptique à laquelle son fumet faisait invariablement songer. L’autre n’offrait aucune particularité si ce n’est qu’elle avait un peu des deux, à savoir qu’elle était grise de crasse et toute délabrée de l’intérieur. La nuit surtout, on l’entendait tousser à s’en extraire la pomme d’Adam et on s’étonnait toujours, au petit matin, de la trouver encore de ce monde. »
Malgré toutes les précautions prises, Jag, Cav. et Angel tombent entre leurs mains. Que désirent-elles ? Vont-elles les manger ? Que nenni ! La vielle prépare un brouet à base d’une racine locale, un aphrodisiaque tellement puissant qu’il fait perdre l’esprit aux deux hommes qui pensent à copuler sans discontinuer, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ce sort tragique leur sera épargné par Gary qui foudroie les trois femelles à bout portant avec sa pétoire. Il a tué de ses mains sa propre femmes et ses deux filles pour échapper lui-même au harcèlement quotidien dont il a été la victime allant jusqu’à s’émasculer pour ne plus être un objet entre leurs mains. La venue de Jag lui a fourni l’occasion tant attendue.
D’autres surprises attendent nos héros. Angel, le petit monstre informe, se métamorphose soudain en un merveilleux mutant ailé et télépathe. Il fait partie du «Peuple ailé » dont il montre par la pensée le destin à Jag. Les siens, situés loin dans la montagne, se font actuellement exterminer par une bande de mercenaires qui récupèrent sur les cadavres un organe spécial, producteur d’une huile extraordinaire et qui se monnaye très cher.
Angel appelle à l’aide son père adoptif. Gary possède la solution. Ancien mécanicien d’avions et passionné de vol, il a entretenu, avec la foi du collectionneur, un Junker JU 87 B «Stuka» de la 2 ème guerre mondiale, susceptible de prendre l’air. Le départ est épique et, sans l’aide télépathique d’Angel, jamais Jag n’aurait réussi à piloter, remplaçant Gary au pied levé, ce dernier mort d’extase en plein ciel. Atteignant enfin leur objectif, ils cassent du bois tout près des mercenaires, leur annonçant qu’ils viennent de loin pour participer à la curée.
Jag s’éclipse immédiatement en direction du sommet du plateau où se cache le peuple ailé. Arrivé sur site, il comprend ce qui retient les mutants : un enfant ailé est sur le point de naître. De leur côté, les mercenaires ne sont pas restés inactifs. Ayant percé à jour Cavendish, ils l’ont réduit à l’impuissance avant de commencer leur escalade. Ils n’iront pas loin. Jag, se servant de sa force herculéenne, les écrasera sous des blocs de rocher et Cav., par ruse, se libère de son geôlier pour participer à l’ultime élimination des chasseurs de prime. La séparation d ‘Angel et de Jag est émouvante. Longtemps après le départ de son fils adoptif qui suit ceux de sa race, Jag, songeur, reprend la route avec son grognon de compagnon.
Vol. 06: le Monde fracturé, Vaugirard éd., 1986, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par Jean-François Penichoux. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
A nouveau, Jag et Cavendish se retrouvent sur le chemin. Devant eux s’étend une immensité blanche et floconneuse, peu engageante. Après une hésitation, ils s’y engagent pourtant avec leurs chevaux. Rapidement, Cav perd tout ressort, toute volonté, tout dynamisme met pied à terre, refusant de continuer. Jag lui aussi est sensible à ce courant de défaitisme et constate que même les cheveux sont atteints. Déjà des cohortes de vautours se profilent au-dessus d’eux prêts à déguster leur chair. Mal leur en prend puisqu’ils seront étrillés par la mitrailleuse d’un hélicoptère qui se pose près des mourants. Lorsque Jag se réveille dans un lit, encore faible, Teri Dean, dit le «Patriarche» lui explique ce qui leur est arrivé : ils ont été atteints de la «maladie de la Lande » mortelle. A cause de l’explosion d’une station orbitale, ce bout de terre, avec ses deux communautés, dont celle de Spade forte de cinq cents hommes, avaient été piégées, contaminées et, avec le temps, encerclée par une sorte de gelée contenant des milliards d’œufs de grenouille mutantes qui ne demandaient qu’à éclore :
« Eh oui, des œufs de grenouilles. La radioactivité n’a pas seulement détruit, elle a aussi provoqué une mutation chez certaines variétés de batraciens qui hantaient nos marécages. Au lieu de disparaître, comme la plus grande partie de la faune, ces grenouilles, des Dendrobates, ont commencé à se reproduire à une vitesse effroyable. L’ennui, c’est qu’en temps normal, les Dendrobates sont des amphibiens dont il vaut mieux éviter le contact car leur peau sécrète un alcaloïde dangereux, quelquefois mortel s’il passe dans le sang. Le phénomène de mutation n’a rien arrangé, au contraire. Les nouveaux Dendrobates ont triplé de volume et ils sont agressifs. Ils sont plus venimeux aussi. Soumis à leur contact, on est pris d’affreuses démangeaisons ; la peau brûle à ce point qu’on commence à s’écorcher vif. Puis les membres se mettent à gonfler, le corps double de proportions et dans le plus mauvais des cas, lorsque le cœur est robuste, on finit par mourir d’étouffement dans d’atroces souffrances… »
Cette marée d’écume, par les poussières invisibles qu’elle répand dans les airs, possède la propriété d’abolir la volonté de l’être vivant qui l’inhale, et, à terme, de le faire mourir. Cavendish et Jag ne doivent qu’à leur constitution robuste d’avoir survécus. Piégées, les communautés le sont doublement. Vers le sud, un autre danger empêche les hommes de quitter ce lieu maudit. Une mystérieuse rangée de tanks, formidables et immobiles, constitue une barrière infranchissable puisque douze expéditions successives lancées pour le résoudre ont disparu. Devant cette menace et parce que tout choix semble exclu, Jag se propose avec Cavendish, Roddy le Noir et Armyan, un adolescent dégingandé mais cultivé, d’en avoir le cœur net.
Arrivés en face des tanks, ils se rendent compte que ceux-ci sont comme bloqués par un effet magnétique qui dégage un froid intense. Grâce aux informations d’Armyan, Jag en conclut que ces engins sont tombés dans une faille temporelle lors d’un engagement guerrier et qu’ils sont toujours actifs. Pour débloquer la situation, peut-être suffit-il de manœuvrer l’un de ces tanks afin qu’il rompe la ligne de front. Le résultat ne se fait pas attendre mais au détriment de Jag et de ses amis, car le tank les entraîne dans son continuum.
Lorsqu’ils reprennent conscience, les deux héros, seuls, se retrouvent au début de leur histoire là où ils s’apprêtent à pénétrer sur le territoire maudit, comme si leur vécu ultérieur n’était que fantasme. Pour en avoir le cœur net, Jag galope vers Spade, facilement puisque la mousse toxique n’existe pas encore. Armyan qu’il rencontre à nouveau et qui comme lui, est un témoin privilégié de cette aventure, le confirme dans sa certitude : puisqu’ils ont une seconde chance, il va falloir quitter la zone au plus vite, avec toute la communauté, avant que la catastrophe ne se produise.
Vol. 07 : la Ville piège, Plon éd. 1986, 1 vol. broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Cavendish et Jag en route vers de nouvelles aventures. Devant eux s’étend, anachronique, une ville de l’Ouest américain. Les rues vies, les cabarets désaffectés font planer un mystère sur ces lieux qui s’épaissit lorsqu’ils croisent leur premier cadavre dans un 4X4, puis un deuxième en la personne d’un motard pendu à un gibet en place publique. Pourtant la ville est accueillante par ailleurs , surtout dans les chambres d’hôtel dans lesquels ils se délassent. La nuit venue, à leur grande surprise, les rues s’animent, parcourues par des cow-boys rigolards ayant entre eux des airs de famille.
Cavendish qui était censé de surveiller la rue depuis sa chambre, a disparu. Jag le retrouve au saloon, avec difficulté car il est entouré d’une dizaine d’autres Cavendish s’adonnant à diverses occupations. Des femmes également, aguichantes. Jag, ne pouvant résister à l’appel de la chair, monte avec l’une d’elles qui essaiera de la tuer durant le coït. Lui tordant le cou, il a la surprise de la voir saigner d’un sang vert et fétide. Manifestement, elle ne semble pas humaine. Trahi par un faux Cavendish, mené dans une prison souterraine par Malore, un faux cow-boy, Jag apprend la vérité sur les «Taupes». Ce sont ces mutants d’origine végétale, à la technologie raffinée, qui ont crée Dodge-City, ville typique du Far-West, dans l’espoir d’y attirer des gens tels que Jag ou Cavendish. En véritables vampires, ils pompent le sang de leurs prisonniers et, après de nombreux tests physiologiques, ils les reconstituent en duplicatas parfaits, à la vie brève. Les originaux étant rapidement épuisés, il leur faut à chaque fois du sang neuf. Dans Dodge-city, de faux rodéos sont censés attirer les rares humains encore actifs alentour, qui fourniront les duplicatas de demain. Jag mettra bon ordre à cette forme d’invasion. Apparemment soumis, il se laisse manipuler par les Taupes qui sont ravis par sa puissance physique. Le soir, durant le rodéo, il aura à lutter contre « Oldie » leur champion qui est un autre lui-même, et contre des « Skrullers », des animaux immondes et dangereux.
Les Taupes sont dirigés par la «Mère» qui a pris l’enveloppe d’une petite fille prisonnière déjà depuis un certain temps. C’est elle qui dirige les opérations durant la fête, éclipsant les participants lorsque ceux-ci mordent la poussière. Alors que Jag se débarrasse d’Oldie, le véritable Cavendish (reconnaissable à son sang rouge), passe à l’action. Croyant tuer la Mère d’un coup de fusil, il dévoile la véritable nature de celle-ci, un mutant végétal, un nœud de lianes aux épines venimeuses, dont la taille croit de manière exponentielle :
« Dans les gradins, la chose ne s’avouait pas vaincue, loin de là. De son corps cent mille fois tailladé émergeaient des lianes qui couraient en sifflant contre les gradins, s’enroulant autour des jambes de ses tourmenteurs, les tirant avec une telle puissance qu’ils rebondissaient de degré en degré, avant d’être abandonnés, disloqués ; ailleurs, la fibre végétale strangulait, laissait des visages noirs, des langues pendantes. »
Seul le feu est capable de réduire le danger. Pendant que Dodge–City est la proie des flammes, carbonisant et les Taupes et la Mère, les autres spectateurs fuient, terrorisés. Encore une fois l’alliance de la force et de l’astuce a permis d’éviter le pire en ce monde post-cataclysmique.
Vol. 08 : les Hommes Tritons (avec Serge Brussolo), Plon éd., 1986, 1 vol. broché, in-12 ème, 219 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
en construction
Vol. 09 : la Cité de fer, Plon éd., 1986, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Pour échapper aux crocs de babouins en furie, Jag et Cavendish seront emportés par les flots d’un oued puissant jusqu’au centre d’une étrange cité, la «cité de fer», hautement mécanisée. Accueillis avec amitié par des êtres humains à la peau recouverte d’or, ils seront soignés avant de rencontrer « l’Homme-des-Visions », à l’aspect étrange, avec des phallus greffés en de multiples endroits de son corps :
« L’homme-des-Visions s’était fait greffer quatre phallus de babouin, caoutchouc rosâtre, pendouillant, achevé d’un petit gland noueux. Le premier, planté en plein front, probablement pour réduire le long cheminement des connexions nerveuses entre le cerveau et le sexe, lui retombait sur l’arrête du nez. Les deux suivants, plus prosaïquement, et pour respecter vraisemblablement la carte des zones érogènes, avaient été greffés sur la pointe des seins, en lieu et place des mamelons. Le quatrième, factice, porté en guise de fétiche, momifié dans sa position ardente, émergeait du nombril comme un doigt accusateur.»
Il leur parle en un langage curieux, évoquant l’existence d’une maladie, la « Rouille » , qui dévasterait la ville, et d’endroits inconnus tels que « la Spirale » ou « l’œil de la cité ». Séduits par le calme ambiant, ils envisagent de séjourner quelque temps dans cette cité. En visitant les lieux, ils découvrent un gigantesque puit aux parois rainurées, au fond duquel, et à des profondeurs impressionnantes, rougeoie un fleuve de lave. C’est la fameuse spirale avec son œil. Les rainures sont formées par un chemin qui peut être parcouru à bord d’un engin mécanique.
La nuit vient, et avec elle, la Rouille. Tout le monde s’enferme chez soi, sauf eux. Surgissent des hordes de gens exaltés, agressifs aux corps modifiés présentant des phallus greffés en érection et des poings frappeurs en métal, qui se divisent en deux camps, les « Bats » et les « Birds ». Tous traquent Cav. et Jag, utilisant leurs armes favorites; pour les uns, des oiseaux, pourtant inoffensifs d’habitude, tels que des hirondelles ou des pinsons, et pour les autres, des chauve-souris vampires. Nos deux héros trouvent un refuge dans une canalisation aérienne, non sans mal, Jag ayant déjà subi l’agression meurtrière d’un milliers de becs de pinsons perforant sa peau, et Cavendish ayant fait le vide autour de lui en brûlant des hardes de chauves-souris. Leur seule issue est de sauter dans une machine roulante et de descendre au fond du puits le long de la spirale. Se croyant hors de danger, ils déchantent à la vue de poursuivantes, car ce sont des femmes, qui les forcent à s’arrêter.
Jag et Cavendish apprendront de leurs bouches ce qu’est la cité de fer, soit un énorme satellite à vocation biologique, échoué sur Terre. Les docteurs, directeurs et surveillants, devenus fous et impuissants avec le temps, ont modifié leurs corps par des greffes, puis par génie génétique. Chaque nuit, soumis à leur folie (la « Rouille »), ils défoulent leur agressivité en essayant d‘assassiner leurs compagnes, à défaut de pouvoir les satisfaire. Ce qui n’est pas le cas de nos deux héros qui prouvent, une fois de plus, leurs compétences sexuelles et leurs facultés de fécondation. Honorés, fêtés, puis saturés de leur fonction d’étalon, ils songeront à repartir. Avec l’approbation de toutes ces femmes enfin enceintes, ils franchissent les portes de la cité de fer, poursuivie par la troublante image d’un avenir où, en ce lieu, se promèneront de nombreux petits Jag et Cavendish.
Vol. 10 : les tourmenteurs (avec Serge Brussolo), Vaugirard éd. 1987, 1 vol. broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par Jean-François Penichoux. roman d’expression française
1 ère parution : 1987
Encore une traversée du désert pour Jag et Cavendish, au propre comme au figuré. Heureusement, ils découvrirent au bout de la zone de sécheresse la cité d’Unionville et ses jeux pervers. Jag, après quelques moments d’incertitudes, élimina une brute épaisse au fond d’un puit rempli d’eau quasi-bouillante. Le médicament et le rebouteux qui restaurèrent sa peau malmenée absorbèrent tous leurs gains. Il ne leur resta plus, pour se refaire, qu’à contacter Wolfgang Zoon, le chef d’une entreprise de convoyage d’objets en tout genre.
Avant de le rencontrer, ils franchirent une lugubre ceinture de déchets mécaniques dont certains, en équilibre instable, menaçaient de les blesser à mort. Wolfgang Zoon sembla satisfait de les voir puisque peu parvenaient à lui sains et sauf en empruntant cette voie. Il leur proposa donc de convoyer une série de cercueils qui devaient être enterrés proprement chez eux, c’est-à-dire, fort loin. Nos deux amis, sentant bien qu’il y avait anguille sous roche, ne se dérobèrent pourtant pas car ils avaient trop besoin d’argent.
Sous la direction de la plantureuse Tania, vétérinaire de son état, du haut de son Talmok, une bête de quinze mètres de haut, semblable à un éléphant, forteresse imprenable et sûre, ils prirent la route. Les dangers survinrent rapidement. D’abord une tempête de sable pétrifiante, susceptible, avec ses grains minuscules, de momifier les corps sous une chape de poussière aussi dure que du béton, si des mouvements incessants ne contribuaient à empêcher l’étouffement. Puis des nuages de gaz empoisonnés, parcourant aléatoirement ces étendues désertes. Des masques à gaz, encombrants pour les humains, et un deuxième poumon spécialisé pour les Talmoks purent venir à bout de cette autre menace.
Mais le plus terrible, le plus incessant des dangers consistaient en des attaques de la part de pillards du désert qui s’en prenaient uniquement aux cercueils qu’ils tentaient d’arroser de terre. Qu’espéraient-ils donc ? Jag le sut assez vite, découvrant qu’ils convoyaient des momies étranges, entièrement recouverts d’inscriptions terribles. Ces momies –surnommées « les Tourmenteurs »- étaient en réalité des mutants sanguinaires, indestructibles qui reprenaient vie dès qu’elles retrouvaient un sol approprié, comme le fit jadis le géant Antée. La seule manière de conjurer le fléau consistait, depuis de siècles, de les conserver à l’état de momie en les empêchant d’atteindre le sol. Le but des attaquants du désert, membres d’une secte apocalyptique, était, au contraire, de les libérer de leur état en leur fournissant la terre adéquate. Ils s’y employèrent résolument, jusqu’à creuser des galeries à l’intérieur du corps du Talmok de tête, pour arrêter la caravane.
Grâce à Jag et ses amis, et avec la complicité du vent du désert qui recouvrit les momies d’une chape de béton, le péril fut jugulé, ce qui permit à Tania , récompensée par la fougue virile de nos deux héros, d’observer avec tristesse le départ du duo.
Vol. 11 : le Maître des orages, Plon éd., 1987, 1 vol.broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1987
Jag et Cavendish toujours en chemin, rencontrent, en une région dénuée de toute végétation, un être singulier, maigre, affamé et manifestement perturbé qu'ils baptisent Hippocrate. Celui-ci jouit pourtant d'un extraordinaire pouvoir de télékinésie qui pompe aussi toutes ses forces. Soudain, des nuages mauves apparaissent dans le ciel qui dissolvent toute chair par une pluie acide. Hippocrate sauve nos amis en leur permettant de se réfugier en son antre. C'est de là également qu'ils verront l'approche d'une horde motorisée qui suit le front d'orage en ramassant les bêtes carbonisées par la pluie. Des êtres humains vissés sur des motos, sur des tourelles de mitrailleuse, des chars traînés par des noirs vigoureux suscitent la curiosité de Jag d'autant plus que Cav. et Hippocrate se sont faits capturer. Il se faufile donc à l'intérieur d'un de ces chars pour y trouver un obèse hors normes, être singulier, aux intestins à découvert et butinés par des larves. Celui-ci lui explique que tout dépend du "Maître des orages" , en une structure dont il fait partie intégrante. Les larves, arrivées à maturité, copuleront dans les nuages mauves en produisant la pluie acide qui carbonise tout être vivant. La horde, aux individus hautement spécialisés, rapporte ces aliments à la base du Maître situé au bord de l'océan, chacun remplissant ainsi le rôle qui lui est assigné.
Mais Jag a pour seul objectif de délivrer son ami. Lorsqu'il aperçoit la base, une centaine de squelettes de balénoptères enfoncés à moitié dans le sable, face à une mer hostile et déchaînée, il grimpe subrepticement à l'intérieur d'une de ses structures où des gaines d'un tissu souple permettent un déplacement aisé. Jag, tailladant les parois, sautant de gaines en gaines, évitant les pièges de ce monde surréaliste, les soldats-mitrailleurs, les tortionnaires en chapeau claque, les bras souples et flexueux des Noirs, finira par rencontrer le Maître des lieux, une abominable larve géante et intelligente au rostre hyper-développé. Ce dernier tient à l'intégrer à son système. Il lui proposera de lui rendre son ami à condition qu'il lui permette d'insinuer son rostre dans sa nuque (sans douleur) pour lui voler le contenu de son crâne. Pour preuve de sa bonne foi, il lui fait amener un Cavendish déjà décérébré. Jag, pour se tirer d'affaire, suggère au monstre de plutôt essayer Hippocrate et de profiter du nouveau pouvoir de télkinésie que le Maître ne connaît pas. Aussitôt dit, aussitôt fait. La larve, enivré par sa nouvelle toute-puissance, fait s'élever l'ensemble de la base à plus de cent mètres de hauteur. Puis, son énergie épuisée, les squelettes de baleines retombent, se fracassant sur le sol et tuant leurs occupants. Jag, Cavendish (menée à la baguette) et Hippocrate se sauveront de ce piège mortel en se laissant choir au sol le plus vite possible. Tout danger étant enfin écarté, Jag a la surprise de sa vie: l'esprit de Cavendish (et sa gouaille et son ironie) est entré dans le corps d'Hippocrate alors que l'ancien corps de Cav. n'est plus qu'une coquille vide et abrutie. Qu'à cela ne tienne! Hippocrate/Cav. est optimiste et mise sur le fait, qu'à un moment précis du futur , il réintégrera sans problème son corps. En attendant, il le fait marcher à la baguette, en route vers de nouvelles aventures.
Vol. 12 : le Doigt du Seigneur, Plon éd., 1987, 1 vol.broché, in-12 ème, 217 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1987
en construction
Vol. 13 : le Cœur Noir, Plon éd., 1987, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1987
en construction
Vol. 14 : les Enfants du feu, Plon éd., 1987, 1 vol. broché, in-12 ème, 218 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Jag et Cavendish, poussés par la nécessité, se retrouvent à bord d’un trois-mâts dont la mission est de rendre inoffensives les « requins-torpilles », des bombes flottantes qui explosent au moindre contact avec toute masse métallique, même la plus infime, reliquats technologiques d’un passé à jamais disparu. Nus, armés d’outils en bois, les démineurs abordent les dangereux objets, y laissant souvent leur peau. De retour, un délassement attend les valeureux ouvriers sous la forme de putains embarquées. Ainsi en est-il de la blonde Blondine que Jag reconnaît sans qu’il arrive à en préciser ce souvenir.
Mais l’océan recèle bien d’autres dangers. Notamment le «Sergaçao», algues mutantes, hostiles, intelligentes, mortelles, avec leurs épines acérées, leur suc acide et leurs vésicules qui se remplissent du sang de leurs victimes. Cantonnées dans les eaux chaudes, elles ne semblent pas constituer une menace pour nos marins. Mais un calme plat, qui leur permet d’aborder le navire, puis un coup de vent violent, qui leur permet de voler dans les vergues, est la cause d’un destin mortel. Jag mène la lutte contre elles, dominant par sa force et son intelligence, secondé par Cavendish.
Les survivants, exténués, le bateau, malmené, tombent sur un troisième péril, le plus redoutable de tous. La zone dans laquelle ils se trouvent recèle un volcanisme sous-marin intense, d’une ampleur telle qu’il est à l’origine d’un cimetière d’anciens navires de guerre en acier, fondus en un magma informe, un enchevêtrement surréaliste de tôles avec des niches coupantes, abritant les «Enfants du feu», des rescapés défigurés par des cloques, rendus fous dans leur isolement et qui y ont fait souche. Dorénavant, ces malheureux ont pour seuls objectifs de se répandre dans le monde, en capturant tout ce qui passe à leur portée. A l’aide de fragments de tôle aiguisés et brûlants, ils font subir un rituel d’initiation à leurs captifs avant de les intégrer à leur société (Du moins ceux qui survivent !). Tremper un visage dans les cendres d’un brasero est un préalable à la cérémonie:
« Déjà les gardes poussaient les marins en direction des braseros. Lorsqu’ils furent arrivés devant les terribles chaudrons de fer ardent, ils posèrent une main gantée sur la nuque des victimes aux yeux bandés… et leur plongèrent le visages dans les braises ! Un affreux grésillement s’ensuivit, immédiatement accompagné d’un hurlement épouvantable de bête blessée à mort. Les suppliciés se rejetèrent en arrière, d’un violent coup de reins, les cheveux en feu, tournant vers l’assistance une face sanguinolente d’écorché fraîchement décapé. »
Jag et Cav. en compagnie de Blondine qui a appris à notre héros que son père adoptif, Patch, qu’elle connaissait, n’est pas mort mais qu’il sert d’esclave à quelque « Proctor » (entendez « Maître »). Avec l’aide astucieuse de Flinty, le mousse, ils arrivent à se sortir des griffes de leurs dangereux tortionnaires, se réfugiant dans un entrelacs de tôles, puis de là, en nageant vers leur trois-mâts. Avant de prendre le large, ils mettront définitivement fin à la menace que constitue les Enfants du feu en foudroyant le cimetière marin avec trois requins-torpilles.
Vol. 15 : les Yeux d’encre, Presses de la Cité éd., 1988, 1 vol. broché, in-12 ème, 210 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1988
Entrés dans une forêt étrange qui les menace par sa densité, Jag et Cavendish font connaissance des créatures menaçantes qu’elle renferme, animaux ou hommes dénaturés,animés par la seule volonté de tuer. Tous montrent des yeux uniformément noirs comme s’ils étaient investis par la même entité ou force, ce qui est le cas, bien entendu. D’autres pièges se dressent également devant eux, comme ce brouillard carnivore qui menace de les dévorer, ne laissant des morts que les dents. Ces dents, qui traînent de-ci, de-là sont convoitées par des nains, descendants des serviclones de Galaxius, suites de manipulations génétiques, coincés eux aussi, dans cette forêt abominable.
Bordj, le chef des nains, après un moment de défiance compréhensible, leur avoue que la poudre de dents est seule efficace pour contrer l’influence mystérieuse qu’exerce sur les humains cette entité démoniaque qui assimile tout ce qui vit. C’est pour cela qu’il est réticent à leur montrer son village. Nos compagnons pénètreront à sa suite dans un lieu fortifié par un mur de carcasses de voitures abritant la micro-société de nains dominés par un vieillard acariâtre et savant nommé Aguir.
Durant la nuit, Jag sous l’influence d’un rêve hypnotique est réveillé par Cav : des entités sauvages tentent d’investir la place. Une barrière à l’électricité générée par des turbines constitue l’unique rempart encore efficace. Mais comme le flux de la rivière souterraine alimentant les générateurs s’est soudain tari, le duo héroïque s’engage à faire sauter l’obstacle pendant que, au-dessus d’eux, le menu peuple se fait hacher menu, rejoignant la légion des « Yeux d’encre ». Jag, arrivé sur site, découvre une statue en boue, vivante par quelque sortilège, qui l’agresse avec violence. Après avoir dégagé la salle des turbines, entraîné par l’eau et toujours poursuivi par le golem, Jag constate que l’explosion a rendu son ennemi inoffensif et minuscule. Par la même occasion les Yeux d’encre se résorbent dans l’air et disparaissent ; Qui est responsable d’un tel gâchis ? Certainement Aguir, sorcier à ses instants perdus et qui avait perdu le contrôle de ses créations, payant cet égarement de sa vie. Les oiseaux qui chantent, les biches qui les frôlent, les accortes petites naines qui prodiguent leur affection aux deux héros prouvent que les temps de la démence noire sont passés. Après un long repos bien mérité, les deux compagnons reprendront le chemin de l’exil.
Vol.16 : les Vierges de pierre, Plon éd., 1988, 1 vol. broché, in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1988
en construction
Vol.17 : l’Ile de Lune, Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1988
Dans un établissement de plaisir situé en pleine forêt, Jag fait la connaissance de Shanna, une maîtresse-femme, qui le persuade de l’accompagner dans la jungle, par le rio Sobredo, où l’on trouve de l’or à gogo, dans un site appelé «l’île de Lune ». Jag, d’abord réticent, est convaincu, suite au massacre perpétré par de redoutables jivaros, et par la disparition de Cavendish. Le couple, s’embarquant sur un radeau de fortune, tente de gagner la colonie du « Chinois », un poussah dangereux et avisé homme d’affaires, qui pourrait les aider. Ils le rencontreront, mais très mal en point. Jag, contaminé par le venin de myriades d’araignées mutantes, vit une expérience hallucinatoire et spirituelle. Il combattra les hommes du Chinois dédoublé sous la forme de son totem le jaguar, sa nature animale. Shanna et lui resteront en vie. Mais drogués, donc inaptes à se défendre, ils gagneront en prisonniers l‘île de Lune, une terre noire veinée de bleue, territoire des « Indiennes blondes », de redoutables amazones qui dominent des hommes, prisonniers et esclaves. Ceux-ci sont contraints d’extraire de l’or de ce sous-sol singulier, en réalité le substrat d’une météorite.
Clegg, un prisonnier atypique, spécialiste du latex dans une région où abondent les arbres à caoutchouc, informe Jag de son sort, alors que Cavendish, retrouvé entre-temps, et Shanna, seront emmenés à des fins de reproduction et de plaisir. Le sol météorique est instable. Du gaz, circulant dans des tunnels, en se détendant brusquement, congèle les malheureux fouisseurs. Les ruminations de notre héros, se demandant comment se sortir de ce guêpier, seront brusquement interrompues par un tremblement de terre qui secoue l’ensemble du sol, fractionnant la météorite en unités plus petites, lesquelles, à l’instar de l’île de Laputa, s’élèvent dans les airs, de plus en plus haut. Comme ils survolent déjà la canopée, la situation appelle une réaction urgente, si Jag et consorts ne souhaitent pas se retrouver dans la haute atmosphère. Avec l’aide de Clegg, qui met en place une longue corde faite d’hévéa durcie, ils retrouveront le sol par un prodigieux saut à l’élastique, alors que les amazones blondes, les esclaves et les restes de la météorite s’évanouissent dans les hauteurs. Shanna, qui ne perd jamais le nord, leur propose d’accéder aux richesses mises à jour par la disparition de la couverture minérale du météore. Dans cet épisode, les événements se suivent sans queue ni tête, Jag se disputant sans arrêt avec Shanna et Cavendish. On est loin du début de la série.
Vol. 18 : Désert mécanique, Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1988
en construction
Vol. 19 : les Mangeurs d’âmes, Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché, in-12 ème, 216 pp. couverture illustré par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1988
Toujours en goguette, Jag et Cavendish aboutissent dans un village ressemblant à l’enfer. Tout en combattant des nuées d’insectes volants, ils aperçoivent, étendus sur le sol, des monceaux de cadavres, tous témoins d’une mort violente. Ils n’auront pas le temps de réfléchir à tout cela car, aussitôt après fait la connaissance de Zoé, une androïde contrefaite, seul être « vivant » dans les décombres, ils seront attaqués par un hélicoptère. Jag et Zoé parviendront à se soustraire au danger. Cavendish sera capturé et amené devant Salomon, le grand maître singulier d’un lieu singulier appelé Sororro, une ville où tout le monde est libre mais marqué d’une étoile au front, cependant, comme l’explique Salomon à Cav., nul ne peut franchir l’enceinte extérieure de cette cité, haute de plusieurs centaines de mètres.
En attendant Jag, dont la venue est certaine pour son compagnon, Cavendish écoute les tirades du grand maître Salomon. Celui-ci parle d’obligation, de confiance, de sacrifice librement consenti, à l’instar de tous les thaumaturges ou religieux. En ce qui concerne Cavendish, seule, lui dit-il, la « supernova » pourra le sauver. Il croit que Jag est l’incarnation de celle-ci, détectée par l’appareillage électromagnétique de l’hélicoptère. En attendant la venue de Jag, les journées de Cav. seront remplies de séances de télévision se déroulant et boucle et montrant des séquences de la vie d’avant le Grand Bouleversement, mais diffusant aussi des images subliminales incitant au sacrifice suprême.
Sororro est, en réalité, un immense centre d’extermination, dirigé automatiquement par un organisme-robot, une sphère magnétique réglant le sort de la population carcérale. Les êtres humains, enlevés ou attirés dans Sororro y perdent leurs âmes et leurs corps en masse. Jag et Zoé, suivant le flot des condamnés, cherchent à entrer dan la ville, chacun avec une mission différente. Pour Jag, il s’agit de retrouver son ami. Pour Zoé, il s’agit de détruire le centre pénitentiaire.
S’aidant l’un l’autre, utilisant l’extraordinaire compétence des hommes-crapauds, - encore des mutants-, capable de souffler un nuage méphitique et fluide d’une matière qui se solidifie progressivement, les deux complices, enveloppés dans cette dernière, s’élèvent au-dessus du mur. Puis, Jag, bandant tous ses muscles, abaisse le pont-levis, seule voie de sortie pour les condamnés. Zoé, se transformant en belle femme tel le phénix de la fable, produit une vibration insoutenable qui fait éclater la structure de cette cité mortifère.
Salomon meurt, la tête éclatée par l’énergie libérée dans l’explosion alors que le mur tremble, puis se disloque. Sa substance, constituée d’ âmes humaines dérobées de longue date aux victimes, est restituée aux corps auxquels elles appartenaient, des corps figés en une stase de vie suspendue. La terrible menace écartée, la ville enfin ouverte, Jag et Cavendish en profitent pour prendre quelques jours d’un repos mérité.
Un récit intéressant, sortant quelque peu de l’ordinaire de la série, malgré les relents d’un mysticisme douteux.
Vol. 20 : les Ventres mous, Presses de la Cité éd., 1989, 1 vol.broché, in-12 ème, 222 pp. couverture illustré par José de Huescar. roman d’expression française
1 ère parution : 1989
Toujours dans le désert (ce monde futur n’offre que des déserts et des villes en ruines), et toujours affamés, Jag et Cav. se rapprochent d’une curieuse bâtisse, à moitié enterrée dans les sables. Ils ignorent qu’il s’agit d’un « translateur temporel » qui les expédiera illico à des milliers d’années-lumière de la Terre et en l’an 3000 en un autre bâtiment lequel s’avérera être un pénitencier de l’espace. Ils s’y retrouvent en compagnie d’un groupe de soldats américains d’un autre temps, piégés eux aussi et arrachés à leur jungle vietnamienne. Sont présents l’intellectuel du groupe, qui explique à Jag l’aspect technique de leur aventure, un Noir, Joshua, symbole de l’anti-racisme et un baroudeur, un dur de dur, Baxter, vouée à sa seule mission qui est de tuer tout ce qui bouge.
Pourquoi donc ont-ils tous été ainsi « shangaïés » ? On le saura ultérieurement car un péril imminent déstabilise leur esquif qui flotte dans l’espace ; une « ville migrante » (clin d’œil à Blish et ses « Villes nomades »), soit l’île de Manhattan, les frôle et les entraîne :
«Bouches bées, les huit hommes découvrirent alors un spectacle qui termina de leur couper le souffle. La première masse, sphérique, ressemblait à s’y méprendre à une énorme gemme, une formidable topaze renfermant en son cœur une machine volante aux lignes pures, une espèce d’aile delta longue, incroyablement profilée avec une tête plongeante, manifestement articulée, un superbe oiseau de fer (peut-être le « Concorde » ? = note du rédacteur) -Bon sang, qu’est ce que c’est que ça ? siffla Joshua. On dirait un avion entouré d’une gangue de glace, ou bien d’un cristal (…) Traversant les brumes célestes, constellée d’étoiles scintillantes, une fantastique banquise se rapprochait doucement, emplissant les écrans, laissant entrevoir une formidable concentration d’immeubles. -Manhattan ! souffla Billings. C’est bien Manhattan… »
Prenant pied dans cette nouvelle cité à partir des docks, ils auront à combattre d’abord les féroces « requins-chiens » à la langue préhensile, formes mutantes gardiennes de cette cité perdue, et ensuite des «femmes», anciennement humaines, aujourd’hui défigurées et quasiment indestructibles, qui en veulent terriblement aux mâles de les avoir rendues ainsi, en propageant les germes d’une maladie universelle qui décima la gent féminine normale (Ah ! si les hommes avaient pris l’habitude de se laver les mains on n’en serait pas réduit à ces extrémités !)
Jag et consort auront bien du mal à éliminer ces tigresses , surtout qu’un autre danger majeur se présente, une colonie de méduses énormes, les «Ventres mous» qui enserrent totalement l’île de Manhattan, ainsi qu’une fusée ancienne naviguant de conserve, surnommé « l’Oiseau de feu » ou le « Mayflower ». C’est là que se trouve la clé de l’énigme. Car tous ces mondes dérivent vers la « Grande Blonde », soit un nid immense de Ventres mous, proliférant dans ce coin de l’espace.
Jag sera choisi, en cours de route pour sa pureté génétique, par la dernière forme consciente de cette humanité future (sous la forme d’une belle adolescente), résidant à bord du Mayflower, en tant que géniteur et dernier espoir de régénération de l’espèce humaine. Quant aux ventres mous, ce ne sont pas du tout des ennemis. Ils sont là pour protéger la précieuse graine des agressions d’un extérieur vicié. Jag, ayant accompli sa mission avec le brio que nous lui connaissons, se retrouvera à nouveau catapulté dans le temps et sur la Terre avec son ami Cavendish, au moment où toute l’histoire a débuté . N’est ce pas qu’ils ont de la chance ?
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Yves débarque dans sa ville natale, une bourgade provinciale de 7000 âmes. C’est l’été et il fait une chaleur écrasante. En provenance de Paris, criminologiste et écrivain, il initie une année sabbatique qu’il passera dans sa maison d’enfance en compagnie de Maria, la bonne qui l’a élevé et qui, bien que vieille, est toujours active. Il retrouvera son ami de toujours, Pergaud, ainsi que d’autres collègues policiers, Michel et Jaubert.
Cette année sera également une année de réflexion, loin de son épouse Mireille et proche de sa belle-sœur Marie qu’il a toujours aimée en secret. Toutes les conditions sont donc réunies pour faire de ce temps un temps de vacuité, mais les événements en décident autrement. Le premier suicide réussi n’est guère suspect. Il est, peu à peu, suivi par d’autres, tout aussi inexplicables :
" Mais le lendemain, 8 juin, avant même que le journal local ait fait état de la mort de Madeleine Larose, deux autres cas sont enregistrés. Un homme de soixante-dix ans, Victor Marot, se pend dans sa cuisine. Il est veuf et il vit seul, ses deux enfants travaillant à l’étranger. Il est pensionné depuis quatre mois. Et le même jour, Sébastien Defrance, étudiant, vingt ans, se tire une balle dans la tête à la terrasse d’un café de la ville basse. "
Des cadavres de citoyens sans histoire s’accumulent sans que Jaubert ou Lorelle, le médecin - chef de l’hôpital, ne puissent établir aucun lien entre ceux-ci. L’ambiance de la petite ville se transforme et, lorsque les maisons de la carrière exploitée par le maire et Jean-Marie Suc son gendre et adjoint explosent, l’énervement devient perceptible. Yves est confronté à un insondable mystère : pourquoi tous ces gens se suicident-ils ? Lorelle envisage l’hypothèse d’une imprégnation psychologique, par télépathie, Jaubert une contrainte d’ordre social ressemblant à celle des lemmings, ou encore une épidémie d’origine inconnue.La chose est prise très au sérieux par la préfecture et lorsqu’un suicide d’une famille qui a quitté la petite ville se constate à Lyon, les autorités bouclent la bourgade de crainte d’une propagation.
Le colonel Costello est chargé avec son unité d’encercler la ville, d’y établir des barrages pour que nul ne s’échappe. Le contact avec l’extérieur est maintenu par hélicoptère. Cette vive tension, ressentie par les habitants, se traduira non seulement par une montée en flèche des suicides mais encore par une nuit d’émeute où des maisons incendiées, des jets de pierre sur les autorités, signent le désarroi de la population. Lorelle propose une théorie sur l’évolution des divers états de l’agonie chez l’individu en la rapprochant de ce qui se passe au niveau social :
" En fait, on pourrait dire que c’est le véritable début de l’agonie, que le délabrement général qui conduit à la mort est imminent. Vous m’avez compris, n’est–ce-pas ? Vous avez saisi le parallèle que je suggère ? Notre ville vient de connaître sa période combative. Je prévois, je prophétise même qu’elle ne va pas tarder à entrer dans sa période dépressive. Et alors, mon cher commissaire, vous verrez que ce ne sera plus par dizaines que l’on dénombrera les cadavres… "
Plus de cinquante suicides se perpétuent ainsi jusqu’à ce que la morgue de l’hôpital soit encombrée. Le médecin, qui se dévoue corps et âme aux soins, bascule dans la déraison. Yves semble " immunisé ", contrairement à Lortac, dont la femme s’est suicidée, qui met à profit le désordre ambiant pour empoisonner à l’arsenic, Jaubert, son chef qu’il déteste, sans y parvenir cependant. Soudain, l’épidémie semble marquer un arrêt : avec le temps qui passe, l’on enregistre une diminution notable des cas de suicide. Le dernier en date, clôturant la série, est celui de Marie laquelle - mystérieusement - a décidé de se tuer en sortant définitivement de la vie d’Yves. Lorsqu’en novembre, l’état de siège est levé, Yves repart vers Paris, différent de ce qu’il était, aussi bien moralement que physiquement, sans avoir pu résoudre l’énigme de cette vague de mortalité
Un roman à l’approche behavioriste dont le cadre en huis clos augmente l’intensité de l’intrigue. La minutie des descriptions jusqu’au moindre détail crée une atmosphère d’angoisse autour de personnages qui paraissent marqués par le destin. Les relations entre eux s’établissent dans l’ambiguïté, les sentiments sont exacerbés par la violence de la pulsion suicidaire. Un ouvrage original, à la limite du genre, entre enquête policière et catastrophe sociale.
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01 . Akua Nuten (Le Vent du Sud), pp. 11 –25
Kakatso le Montagnais est un solitaire. Il est heureux dans ses chères montagnes où il se débrouille sans le secours de la technologie. Laissant femme et enfants, il part pour une virée dans les Laurentides. Au bout de quelques jours, il ressent une angoisse que rien ne vient étayer. S’établissant au bord d’un lac magnifique, il y vit soudain amerrir un hydravion. Le pilote, une femme et son mari, un enfant, semblent terrorisés. Ils lui apprennent qu’une guerre atomique a éclaté dans le sud et qu’ils ont besoin de ses services pour survivre en ces lieux isolés. Kakatso, méprisant l’argent offert, entrevoit en un instant la possibilité pour l’indien qu’il est, de prendre sa revanche sur le blanc qui l’a maintenu en tutelle de si longues années. Alors, il les abandonne à leur sort et s’enfonce dans la forêt. Deux mois après, les radiations, amenées par un vent du sud, laissent sur son corps les premiers stigmates de la mort radioactive.
02. la Continuation, pp. 37 – 49
" Après la bombe, il ne restait de tout Paris que des quais de la Seine –mais peu, des pans ici et là, une amorce de pont, les piliers d’un quai de bateaux-mouches – et bien au loin, les ruines surprenantes d’une tour de radio-contact, en direction d’Orly. Le reste n’était qu’un amas de débris, de miettes pierreuses. Tout ce qui était combustible avait péri, le reste avait été réduit en cette couche presque égale, creuse de deux mètres et plus, qui marquait l’emplacement de la Capitale du monde. "
Flavie a survécu à la grande explosion. Du côté de la Loire, la jeune fille vit chichement élevant deux poules et une chèvre. Parfois, elle voit passer des gens sombres qui se dirigent en pèlerinage vers la capitale détruite. Alors, elle aussi se sent prise de la même envie. Avec l’arrivée de Jean, qu’elle prendra pour mari, ils abandonnent la petite exploitation pour " monter " sur Paris. Les monceaux de ruines, les cendres soulevées par le vent achèvent de les désespérer. Ils trouvent refuge pour la nuit dans un souterrain, celui de l’ancien hôpital des enfants malades où ils sont mis en contact avec des aiguilles de radium abandonnées. Les vomissements de Jean se déclenchent quelques jours après. Flavie, moins malade, retourne à sa petite ferme. Enceinte des œuvres de Jean, elle accouchera d’un monstre.
Ironie désabusée et désespoir tranquille se partagent la vedette en cette nouvelle.
03. le Monde meilleur, pp. 57 – 70
Une bombe atomique tombée sur Manhattan laisse un délai suffisant pour que dans un abri souterrain de Brooklyn survive un groupe de new-yorkais. Livrés à eux-mêmes, effondrés, ils se ressaisissent à l’exhortation d’un vieux curé qu’ils connaissent bien. Celui-ci leur dit que des temps nouveaux sont venus; qu’il faut remercier Dieu pour sa bienveillance; qu’il est l’heure de bâtir un monde meilleur et plus juste. Ses auditeurs en ont les larmes aux yeux. A ce moment, arrive, titubant sur les escaliers, venu d’en haut, un métis. Heureux d’avoir été épargné, celui-ci leur annonce que c’est par pur miracle qu’il n’a pas été irradié. La foule se recule avec horreur devant lui. Avec répugnance et par peur de la contamination, ils le projettent sur les rails du métro où il s’électrocute.
Une nouvelle brève et désespérée.
04. Yuri, pp. 75 – 88
Yuri le moscovite est renversé par une Zim, conduite par un aparatschik. Admis à l’hôpital public, il fait la connaissance de Vassily, dans sa chambre. Celui-ci lui explique les règles du jeu : dans cette société où tout le monde espionne tout le monde, où chacun se tient mutuellement, il faut parler plus fort que les autres, montrer sa hargne. Yuri y gagnera en considération car la crainte en face de quelqu’un de si sûr de lui est un sentiment universellement partagé par ses concitoyens. Yuri, l’éternel opprimé, met longtemps, trop longtemps à mettre en pratique les leçons de vie de Vassily. Lorsqu’il s’y décide enfin, il est transformé en énergie pure comme tous ses semblables par une bombe atomique de cinquante mégatonnes larguée sur Moscou.
Une nouvelle à l’ironie amère et au ton juste.
05. Rocco, pp. 95 – 105
Rocco a deux amours. " Suzanne et les Vieillards " et " la Vénus au bain ". Ce sont elles qui ont décidé de sa vocation de gardien de musée aux Offices de Florence. Pour le reste, comme les tensions internationales, cela ne le concerne pas. Aussi n’est-il même pas surpris lorsque la ville de Florence est soufflée par une bombe atomique. Seul survivant dans ces ruines – par quel miracle ? – avec un enfant dont il se désintéresse – Rocco suit une seule obsession : celle de repeindre les tableaux disparus – mais pour qui ? –
Une nouvelle brève qui démonte le mécanisme de l’âme humaine.
06. le Monde éclaté, pp. 113 – 122
L’action se situe dans une salle de rédaction, au Québec, à Montréal, peu de temps avant le jour fatal. Drolet, bien que très compétent, a été mis depuis longtemps au placard par Jullien, le rédacteur du matin, journaliste engagé dans la politique séparatiste du Québec. Drolet, qui a travaillé toute la nuit à comparer les données internationales, sait que le monde court à sa perte. Il suggère à Jullien un titre pour la parution du matin, soit : " le monde éclate ". Ce dernier accueille avec mépris la proposition. Il connaît, lui, un bien meilleur titre, soit : " Triomphe des séparatistes : au pouvoir dans deux mois. " Lorsque le journal paraît, tout sera obsolète : Montréal a été rasée par la bombe.
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Le monde a cédé à la pollution due à l’emploi abusif du charbon. Toutes les basses terres d’Australie sont noyées dans un smog impénétrable. Il reste quelques survivants, les "Perms" qui vivent dans le Smog et qui sont dangereux, ainsi que quelques groupes humains basés dans des villages de hautes montagnes, au-dessus du smog. Farouchement fermés sur eux-mêmes, ces petits clans évitent – et au besoin tuent - tout ce qui est étranger. Ils subsistent sur les ruines d’une civilisation technologique brillante dont ils utilisent les miettes comme, par exemple, des voitures qui fonctionnent à la vapeur. Paradoxalement, l’énergie ne leur manque pas puisqu’ils ont réussi à remettre en activité l’une ou l’autre station hydroélectrique :
" Qu’est-ce qui avait mal tourné à ce moment-là pour l’espèce humaine ? Difficile à dire, car il ne restait que peu de données. Mais la cause première de l’effondrement n’avait-elle pas été cette tendance des minorités à s’attaquer aux structures sociales existantes, sans avoir, pour les remplacer, le moindre système viable ? Détruire était devenu trop facile. Il y avait eu d’abord ce sabotage hystérique de deux centrales nucléaires. Suivi de l’incendie des mines de charbon pour tenter d’inverser la tendance ! La plus grande partie du Smog marron qui recouvrait toujours le Dehors, à l’ouest et au sud, provenait de cet incendie des mines à ciel ouvert de Yallourn et de Morwell, feux immenses qui avaient fait rage bien avant la naissance de Roy "
Roy, un jeune homme, est peu à l’aise dans son milieu . Il recherche un contact avec l’extérieur. Chaque nuit il contemple dans le ciel un satellite artificiel qui doit, selon lui, abriter des hommes évolués, lancés à la conquête de l’espace quelques siècles plus tôt. Défense est faite à quiconque d’entrer en contact avec le satellite car il est présumé dangereux.
Avec l’aide d’Ev, la bibliothécaire, et Jill, sa petite amie, Roy transgresse l’interdit. Il communique avec le satellite par signaux lumineux. Vaya, une troublante jeune femme extraterrestre – quoique âgée de plus de cent vingt ans – répond à ses appels et lui propose un échange : les secrets de sa très grande longévité contre des artefacts d’ancêtres terrestres. Roy, ayant précédemment découvert une sorte de musée, s’y rend en compagnie de ses nouveaux amis. Repéré par les siens, immédiatement stigmatisé comme traître, il est recherché par Max Lang et Snowy pour être mis à mort.
Les extraterrestres, des colons terriens peuplant maintenant Merodak, une planète lointaine de type terrestre, se dévoilent alors à tous et offrent de nombreux cadeaux aux terriens survivants. Roy, réhabilité, se prépare à partir avec Jill, pour un voyage sans retour sur la planète Mérodak. Tout de suite après le départ, ils ont vent de la véritable nature de leurs nouveaux amis : Vaya ainsi que les autres, sont des robots actionnés à distance par d’anciens Terriens que des siècles de manipulation génétiques ont transformé en monstres bienveillants à quatre bras. La longévité est à ce prix…
Un space-opera plat qui se déroule sur fond de décor cataclysmique Rien ne ressort à la lecture sinon une seule question: quelle forme ont-ils vraiment, ces extraterrestres?… C’est beaucoup de mots pour pas grand-chose...
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La Glace Et Le Fer - Par BenF
Ils forment une équipe de chercheurs avec Highsmith dit le "Pêcheur ", le Reconstructeur Jeanmarie, banque de données vivantes, Harley le médecin, et le pilote censé les amener rapidement sur les lieux d’une nouvelle découverte balisée par les groupes 2 et 3. Ils se trouvent aux avants-postes hostiles d’une région du Canada exposée à une avancée glaciaire:
" Highsmith savait bien qu’il ne devait pas s’attendre à des fleuves de glace s’écoulant au clair de lune: ce genre d’absurdité était bon pour les poètes qui n’arrivaient pas à saisir l’énormité du désastre, la masse de la muraille. La glace représentait la mort et la destruction; la muraille en marche était une calamité.
La vraie glaciation, c’était une couverture de glace, de boue et de pierre, gris noir, bourgeonnant sans cesse, qui descendait inexorablement du réfrigérateur de l’Arctique et envahissait les Etats adjacents. D’innombrables bourgs et villages étaient écrasés par celle-ci tandis que d’innombrables villes demeuraient désertées dans l’attente de leur tour. La capitale d’été d’Ottawa avait été abandonnée pour de bon, et l’on pensait qu’elle finirait par être engloutie par les glaces. (...)
L’inlandsis du Groenland se mit à prendre de l’ampleur, rejetant lentement à la mer les colonies côtières, et de nouvelles mesures de la plate-forme avaient révélé que l’épaisseur maximale de la glace avait augmenté de quatre-vingt-dix mètres. Les glaciers endormis reprirent vie et redescendirent dans leurs antiques plaines de piémont en Alaska, suivant la route des glaces vieilles de douze mille ans; le détroit de Béring ne dégelait plus en été. Des plaques de banquise flottante devinrent un spectacle courant au large des îles Féroé. "
Sans que jamais ne soit définie l’époque (nous la supposons d’un futur proche au nôtre), ni la raison de cette avancée soudaine des glaces immolant tout le nord de l’Amérique, l’intrigue se déploie autour de la découverte en ces lieux d’étranges objets primitifs - morceau de canoë, artefact polygonal, briques de glaise séchée - et d’éléments humains - poisson, membres d’êtres humains - tombant brusquement sur la glace venus de nulle part.
Ces apparitions soudaines culmineront avec la découverte d’un être primitif complet et vivant, qui ne résistera pas longtemps au froid, à la grande désolation de Highsmith. Se basant sur la théorie de Charles Fort dans son livre des "Damnés ", et grâce à un artefact qui s’avère être une sorte de pistolet aux propriétés curieuses, Highsmith suppose l’existence d’un temps post-glaciaire où, pour des raisons militaires, certains primitifs seraient malencontreusement projetés dans leur passé, c’est-à-dire dans ce présent glacé. Une lutte sans merci opposerait en ces temps futurs des femmes évoluées à des primitifs qu’elles utilisent comme esclaves. Avec toutes ces données, Highsmith élabore une hypothèse:
" Il fit un geste . Cette glaciation. Je suis en train d’élaborer un modèle à partir de cette glaciation. Comme il ne s’intègre pas à l’histoire que nous connaissons, il appartient donc à l’histoire à venir; à la nouvelle période interglaciaire et au réchauffement qui suivra cette glaciation-ci. Quelque part, là-bas, dans trois, quatre, ou cinq mille ans, des hommes primitifs repartent à zéro et des femmes civilisées les abattent et nous les envoient. ".
Mais l’avancée du glacier, les conditions infernales qui règnent sur la région, la résolution quasi-certaine de l’énigme, obligent les protagonistes à arrêter leur mission.
Un récit avec une composition en parallèle montrant les recherches présentes (époque glaciaire) et les actions futures qui les provoqueront (époque interglaciaire). Le thème cataclysmique est prétexte à jouer avec les paradoxes temporels.
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Un immense vaisseau extraterrestre apparaît dans le ciel de la planète bleue, au-dessus de la France. Branle-bas de combat. Le premier Alien qui en sortit était énorme, totalement différent des Terriens, au propre comme au figuré. Sa langue incompréhensible, aux racines étymologiques proches du sanskrit, mit longtemps à être déchiffrée.
De cela, les Aliens ne s’inquiétaient pas trop. Ils suivaient leur petit bonhomme de chemin, installant en divers endroits du globe d’étonnantes unités techniques. Lorsqu’enfin le contact put être établi, les Terriens apprirent avec stupeur que les Dendi – c’était leur nom – se trouvaient là pour les protéger contre les Troxxt, une race de vers évolués dont le but était de conquérir la galaxie, et par conséquent, la Terre. Non que celle-ci soit particulièrement visée. Mais elle devait servir de base stratégique aux Dendi dans cette lutte contre les Troxxt, qui, à terme, était celle des Terriens
Après discussion, les habitants de la Terre se rassemblèrent autour de cette idée et fournirent aux Dendi, expressions de la volonté de la Fédération Galactique, toute leur aide, ainsi que du matériel et des lieux appropriés. En conséquence, Washington fut évacuée, des masses humaines déplacées, des montagnes arasées. Lorsque les vaisseaux Troxxt apparurent dans le ciel, les Dendi étaient fin prêts :
« De chaque canon maintenant en mouvement se dégageait une série de nuages écarlates qui poursuivaient avidement les Troxxt jusqu’à ce qu’ils soient contraints par leur perte de vitesse à retomber sur la Terre. Là, ils produisaient un malheureux contrecoup. Toutes les régions peuplées sur lesquelles ces pâles petits nuages rouges s’abattaient se trouvaient rapidement transformées en cimetières (…) Les habitants de ces infortunées localités étaient soumis à d’énormes augmentations de température. Leur peau rougissait, puis noircissait ; leurs cheveux et leurs ongles rétrécissaient ; leur chair se transformait en liquide et bouillonnait en se détachant de leurs os. Ce fut vraiment une désagréable manière de mourir pour un dixième de l’humanité. »
Le combat acharné fit directement quelques millions de morts parmi les Terriens, puis, avec les dégâts collatéraux , encore d’autres millions. Les Troxxt reculèrent, réattaquèrent et vainquirent. Les Dendi prirent la fuite, remplacés par les Troxxt. L’indispensable épuration consommée, quelques millions de morts plus tard, les Troxxt mirent un comble à l’ahurissement des Terriens, en leur démontrant toute la fausseté des Dendi, des créatures à base siliceuse qui avaient décidé d’éradiquer toute vie protoplasmique, tels que eux , les Troxxt, dans l’univers. Donc, en dépit des différences morphologiques entre Troxxt et Terriens, ces deux dernières races étaient plus proches l’une de l’autre que ne pouvaient jamais l’être les Dendi et les Terriens. Par conséquent, les Troxxt, ayant libéré les Terriens, demandèrent instamment à ceux-ci d’entrer dans la ligue « protoplasmique » pour repousser définitivement les arrogants Dendi. Après un moment d’hésitation, les Terriens acceptèrent :
« Et au-dessus de tout cela –veillant courtoisement sur nous tel un parent intelligent – il y avait nos mentors marchant à pas de géant pour tout superviser avec leurs béquilles métalliques, tandis que leurs pâles petits corps étaient tapis dans les hamacs qui étaient accrochés à chacune de leur paire de pattes brillantes. Vraiment, même au sein d’une paralysie économique complète occasionnée par la concentration de toutes les facilités essentielles de production sur d’autres armements militaires détachés de ce monde et en dépit des cris d’angoisse de ceux qui souffraient de blessures industrielles particulières que nos médecins n’étaient pas équipés pour traiter, au sein de cette désorganisation torturante, il était quand même très réconfortant de se rendre compte que nous avions pris notre place légale dans le futur gouvernement de la galaxie et que nous contribuions même maintenant à préserver l’Univers et sa Démocratie. »
Cela ne devait pas durer bien longtemps, puisqu’ils furent «relibérés » par les Dendi, revenus en force qui, pour marquer le coup, firent sauter l’Australie et désertifièrent quantité de villes au moyens d’armes atomiques. Quoique la Terre n’eut aucune importance sur le plan stratégique (elle n’était qu’un petit relais perdu dans l’espace), les Dendi vainqueurs consentirent à oublier l’affront qui leur avait été fait mais demandèrent dorénavant une franche coopération de leurs alliés dans la lutte qui les opposaient aux Troxxt.
Ainsi, de libération en re-libération, de re-libération en re-re-libération, la Terre fut réduite en cendres, ses océans pollués, son économie ruinée, ses populations annihilées. Les quelques survivants, réfugiés dans des cavernes, constatèrent, à la disparition des deux belligérants qui poursuivaient leur lutte dans la zone de Proxima du Centaure, que l’axe même de leur planète avait bougé, modifiant défavorablement et durablement le climat :
« Ceci se passait il y a neuf générations, mais l’histoire qui s’est transmise de père en fils, n’a pas perdu beaucoup de ses détails. Je vous l’ai contée presque exactement comme on me l’a contée. Mon père me la racontait pendant que je courais avec lui de flaque en flaque dans la chaleur desséchante du sable jaune. Ma mère me l’a racontée tandis que nous aspirions de l’air et saisissions frénétiquement les arbrisseaux verts lorsque la planète en-dessous de nous, était ébranlée par un sinistre spasme géologique qui aurait pu nous faire disparaître au sein de ses entrailles consumées ou par une giration cosmique qui menaçait de nous projeter dans le vide de l’espace. »
Un essai philosophique sous la forme d’une nouvelle ironique, grinçante et bouleversante qui met l’accent sur la fragilité des faibles, sur le mépris des hommes de guerre à l’égard des masses, dont la mort n’est que l’indispensable rouage d’un jeu joué par d’autres. N’est-ce pas, général Gamelin ?
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La Ruee Vers L'est - Par BenF
Jerry Franklin est plénipotentiaire et fils du sénateur de l’Etat de New York, envoyé avec son compagnon Sam pour négocier l’arrêt de l’expansion territoriale en direction de l’Est entreprise par les Séminoles. A sa grande surprise, ce sont les Sioux, déjà présents à Trenton, qui l’accueillent. Le vieux chef Trois-Bombes-à-Hydrogène, plein d’humanité et de pitié envers Jerry comprend les difficultés de sa démarche, contrairement à son fils Faiseur-de-Radiations, empli de haine et de mépris pour ces Blancs, dégénérés rétrogrades, osant se dresser sur son chemin. La situation américaine a fondamentalement changé dans les temps futurs. Les Blancs se sont exterminés. Abâtardis, redevenus des sauvages, sans forces et sans technologie, ils sont profondément divisés, l’état fédéral et les titres du pouvoir n’étant plus que des leurres.
Partout subsistent encore de petites enclaves, comme celle de New York. Partout, dénonçant les multiples traités signés avec les Blancs, les nations indiennes revendiquent leurs territoires de jadis. Plus organisés, plus avancés technologiquement (ils ont même des lampes à pétrole !), ils avancent, comme le font les Séminoles, dans les diverses régions en éradiquant ce qui reste de la race blanche :
« Oui, à quoi pouvons-nous donc encore renoncer ? Et où pouvons-nous nous retirer encore ? Il ne reste rien des Etats-Unis d’Amérique, juste quelques kilomètres carrés et il faudrait que nous nous éloignons encore ? Du temps de mes ancêtres, nous étions une grande nation d’un océan à l’autre, d’après les légendes de mon peuple, et maintenant nous sommes misérablement entassés dans un coin de notre terre, affamés, sales, malades. Notre race s’éteint et on continue à nous humilier. »
Jerry, malgré les cadeaux extraordinaires qu’il a apportés au vieux chef, ne réussit pas dans son entreprise de médiation. Trois-Bombes-à-Hydrogène consent pourtant à un échange, lui offrant une arme merveilleuse (un pistolet !) et lui permettant d’emmener la fille du « Président à la Cour Suprême des Etats-Unis », une jeune femme blanche, otage consentante des Sioux parmi lesquels elle désire s’intégrer en fréquentant le fils du chef. Jerry, avec Sam, saoûlé à mort par les Indiens, suivit le conseil amical de Sylvester Thomas, un Noir ambassadeur auprès du vieux chef, conseil donné en raison de sa très vieille appartenance aux valeurs de la nation américaine :
« Dans quelques heures, votre gouvernement ne sera plus qu’un souvenir. Le chef avait eu vent de ce projet, c’est pourquoi il lui a semblé nécessaire d’établir une sorte de tête de pont sur la côte avant que tout cela ne soit entériné. En occupant le New Jersey, il empêche la jonction des Séminoles et des Ojibwas. Mais il s’est pris d’amitié pour vous, comme je vous l’ai dit, et il voulait que je vous avertisse pour que vous ne retourniez pas chez vous.
Ils devraient galoper droit vers l’Est et s’éloigner d’un pays où ils n’auraient plus leur place. Au bout d’un trajet chaotique où son cheval a failli être dévoré plusieurs fois par des réfugiés blancs affamés qui fuyaient devant l’avancée des Séminoles, Jerry rencontra l’amiral Chester, chef suprême de la flotte des Etats-Unis, trois goélettes de quinze mètres de long, que ce dernier mit à sa disposition. Peut-être, en faisant route vers l’Est, vers une Europe aux mains des Tartares, vers ces « terres légendaires où l’homme blanc a le droit de vivre debout », y aura-t-il encore un avenir possible?
Une nouvelle très fine, magnifiquement écrite qui joue à la fois sur les peurs d’un avenir douteux et sur l’esprit de revanche des races qu’opprimèrent jadis les Blancs américains. Avec une mordante ironie et une efficace simplicité, l’auteur, à travers la distanciation que provoque l’inversion des situations, crée un malaise propice à une réflexion sur l’histoire récente de ces peuples. Un petit bijou!
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La Generation De Noe - Par BenF
Elliot Plunkett est un homme prudent. Il a cessé ses activités de pasteur pour s’acheter une ferme en vue de se livrer à l’élevage intensif des poulets. Cette activité–prétexte lui a permis de se prémunir contre une éventuelle menace atomique. Avec l’argent que lui rapporte son élevage, depuis des années, il a fait construire une cave souterraine bétonnée, véritable unité de survie autonome dans laquelle sa famille de neuf enfants (ainsi que deux petits voisins et le chien Rusty) pourront survivre en attendant des jours meilleurs, au cas où…
Pour ne pas être pris au dépourvu par un déclenchement inopiné du conflit, il entraîne ses enfants, chronomètre en mains, à atteindre l’abri souterrain dans les délais prévus. Les punitions corporelles distribuées aux plus lents n’y marqueront que davantage dans leur esprit les nécessaires réflexes de survie. Quand enfin le monde explosera autour d’eux, Elliot Plunkett pourra fièrement contempler sa nombreuse famille réunie autour de lui, tel un deuxième Noé dans son arche.
Une nouvelle touchante d’un thème aujourd’hui usé.
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