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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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L’universitaire Nuggent Miller, pacifiste convaincu, a pressenti le danger d’une guerre nucléaire lorsque le Chinois menacèrent Formose. S’étant caché durant de longs mois dans un réseau de grottes aménagées, il fut le seul survivant de l’holocauste. Maintenant, toujours prudent, son compteur Geiger à la main, il cherche désespérément un autre être humain vivant. Or, il découvre non pas une, mais plusieurs traces laissées par cinq femmes, qu’il rejoint dans une clairière.
O bonheur ! Elles sont toutes jeunes et désirables mais menées par Miss Denis, ancien professeur de maintien, féministe convaincu qui affiche sa haine de l’homme, responsable du désastre, et celle du mâle, responsable de l’oppression féminine. Elle refuse tout contact avec Nuggent Miller, le faisant même chasser à coups de pierres par ses élèves. Pour le survivant, l’enjeu est trop important. Il ne peut se laisser déposséder ainsi de ce qui lui revient de droit par un legs de l’humanité. Prêt à tout pour retrouver ces filles, il renie ses valeurs fondamentales en affûtant son couteau…
« Une minute plus tard, le dernier civilisé avait disparu de la surface du globe. Avec lui périssaient le dernier des pacifistes, le dernier des objecteurs de conscience, le dernier des amateurs d’art, le dernier des bibliophiles. A la place de ces figures admirables se dressait Miller, couteau au poing et promenant tout autour de lui, de par la forêt, un regard farouche. (…)
Miss Denis n’allait pas tarder à voir surgir devant elle, hirsute, sale, puant et massue brandie, le condensé horrible de l’abominable espèce mâle tout entière. Il espéra qu’elle aurait néanmoins le temps de comprendre, de se rendre compte que c’était elle-même qui avait ressuscité la brute des cavernes.»
Une charge humoristique et ironique contre les excès du féminisme et des généralisations.
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Les Evades De L'an 4000 - Par BenF
Dans la société future, le soleil s’étant refroidi, une nouvelle glaciation s’étend. L’humanité, réduite à sa plus simple expression, s’est enterrée pour rechercher un peu de chaleur dans les entrailles de la Terre. Cette société conserve un statut scientifique avancé. Ce n’est qu’aux Tropiques que subsistent à l’air libre certaines villes, comme Tombouctou 2, par exemple.
Evy de la Condamine, Pat Sendersen, Wasserman sont les héros du récit. Evy, jeune fille révolutionnaire, est la nièce d’un savant réputé qui milite en faveur de la sortie des humains de dessous la terre et de l’évacuation d’un ultime couple de Terriens vers Vénus, le soleil se refroidissant inexorablement et provoquant d’une manière inéluctable la fin de la race humaine . Elle se heurte dans ce projet au maître de la société terrienne, le Président, chargé de maintenir coûte que coûte la société dans la stabilité et l’ordre:
" Je vous disais que toute la politique du Conseil exécutif dérive de ce principe fondamental, d’une clarté enfantine: régler la courbe d’ascension démographique sur la courbe d’extraction du radium. Les huit cents grammes de radium que vous demandez représentent une chute de 15% de la réserve mondiale. Ce serait donc 15% de l’humanité, soit près de deux cents millions d’individus, qui se trouveraient privés de leur couverture radioactive. "
Mais le soleil, de l’aveu même du "Directeur du Soleil", savant chargé spécialement de suivre son évolution, est "touché à mort":
" Le Soleil n’en a plus que pour un ou deux millions d’années. Mais que ce chiffre ne vous rassure pas, monsieur le Président. Avant dix ans nous aurons une baisse de température de 20° au niveau du sol, et nous ne pourrons plus compter que sur une température moyenne de moins de 18° à l’équateur et à l’air libre. C’est à dire que nous serons au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, en c’en sera fini de la vie. "
Il faut donc prendre une décision drastique: celle de s’enterrer plus profondément, d’arrêter tous les projets en cours et de condamner à mort, car les ressources énergétiques deviennent insuffisantes, la majeure partie de la population mondiale.
L’état d’alerte est déclaré. Le "Club pour l’expansion intégrale" est interdit. A Tombouctou 2, Pat, amoureux d’Evy, assiste à une réunion subversive en sa compagnie. Le professeur Sandersen, l’oncle de Pat, a trouvé le moyen de lancer une fusée dans l’espace. Le Président, que ce projet contrarie, le fera enfermer comme fou à Sainte-Hélène, devenu un bagne glacé sur une mer gelée. Sandersen s’y retrouve en compagnie de Pat. Les détenus politiques à Sainte-Hélène sont des savants de tout acabit, dangereux pour l’ordre établi. Là-bas, entourés par la banquise glacée, on les laisse poursuivre leurs expériences :
" Chaque jour, pourtant, le soleil semblait se faire plus froid. L’un après l’autre, les thermomètres sautaient. L’encre des stylos gelait sur les poitrines. La carapace de glace couvrant l’île prenait des consistances d’acier et une étrange lourdeur allât jusqu’à s’emparer de l’air lui-même".
Malgré ces conditions infernales, Métro-Goldwinn Pasteur, un scientifique, trouve la formule de l’hibernation et la confie à Sandersen pour un usage futur. Durant ce temps, Evy continue d’agiter les foules en faveur du voyage sur Vénus.
Un autre danger se prépare. En s’enterrant de plus en plus profondément, les êtres humains sont sensibles aux rayons "hyper-cosmiques" qui ont une action néfaste sur leur intelligence: les hommes se crétinisent! Encerclés de partout par une nature hostile, les derniers hommes se rendent à l’évidence: il faut qu’un couple puisse quitter la Terre condamnée pour perpétuer l’espèce. Ils suivent donc Evy dans sa quête ; La Présidence est renversée, Sandersen et Pat libérés. Devenu dernier Président des Etats-Unis du Monde, Sandersen met son projet à exécution en envoyant Pat et Evy sur Vénus, nouveaux Adam et Eve d’une société future:
" Tandis qu’il rêvait dans le soir, Evy s’était silencieusement éloignée. Mais, proche ou lointaine, n’emportait-elle pas son image vivante dans son regard? Elle revenait vers lui, il la regardait gravir la pente dans l’auréole de gloire que lui faisaient les derniers rayons du soleil jouant sur sa chevelure. Il l’attendait, allongé sur le sol, le buste soulevé, l’accueillant par avance de toute sa confiance heureuse. A quelques pas de distance, elle tendit vers lui le bras et la main. La main tenait une chose ronde et rouge. Et le regard de Pat ne put se détacher de cette chose...Très loin en lui, par delà une nuit sans limites, il lui semblait que quelque part, ailleurs, il avait déjà vu ce que ses yeux présentement voyaient. Et des mots vinrent d’eux-mêmes à ses lèvres, avant qu’il en retrouvât le sens: -Un fruit d’une espèce disparue, une pomme... "
"Les Evadés de l’an 4000" brille surtout par un festival d’innovations scientifiques et de théories neuves (à l’époque) dans le champ de la science fiction prouvant que Jacques Spitz a su égaler les meilleurs romanciers américains du genre.
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Les Enfants Du Soleil - Par BenF
La Terre soumise au rayonnement ardent du soleil est désertée par ses habitants. La couche d’ozone disparue à cause de la pollution humaine, les eaux, par suite de la fonte des calottes polaires, ont recouvert la plupart des villes et régions côtières. De rares humains, surnommés les «Taupes» ou les « Enfouis » subsistent encore dans des cavernes ou des caves pour ne sortir à l’air libre qu’à la nuit venue. Ils évitent ainsi le sort des « Survivants », les misérables déchets d’humanité, aveugles et rongés par des cancers de la peau.
Vic, Syl, Gaël, Fran sont des « Enfants du soleil », des enfants étranges, des mutants qui partagent le sort d’un groupe d’Enfouis dont Rod est le chef. Non seulement ils connaissent le livre de Jeremiah Noland , le prophète qui a entrevu la fin du monde, mais encore, doués de pouvoirs psy, ils partagent entre eux leurs pensées et, par télékinésie, sont capables de déplacer les obstacles. Tout naturellement, ils prennent la direction du groupe pour se diriger vers la ville de Byrag où sont censé subsister des êtres humains. Capturés par les séides du Commandeur, un tyran local, tout le groupe trimera dans les mines. Mais les Enfants du soleil ne l’entendent pas ainsi et, avec l’aide de Rom, un ancien moine, ils découvrent l’arche, immense vaisseau où les attendent nombre de leurs semblables. Alors que le Commandeur est assassiné par Jos, la ville, privée d’énergie, sombre dans le chaos. Les petits mutants prennent le large, parachevant le projet grandiose de rétablir la couche d’ozone grâce au canon de Kapitsa, une arme susceptible d’engendrer des orages titanesques.
Un récit cataclysmique à la thématique touffue qui se ressent du manque d’innovation.
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Les Enfants De Noe - Par BenF
Simon, quelques années plus tard, se souvient. Il évoque la catastrophe qui l’a affecté en ces jours de printemps, lui, ses parents et sa soeur Noémie. Avec précision, il relate sa vie lors d’une saison épouvantable de l’an 2006, en compagnie de ses parents dans un chalet situé dans les hautes prairies des Alpes. En raison d’expériences nucléaires effectuées dans le grand Nord, la neige avait fait son apparition. Une neige mortelle, épaisse et ouatée qui n’arrêta pas de tomber des jours et des jours durant, ensevelissant le chalet sous une chape glacée de neuf mètres de haut:
" Le spectacle, en effet, était encore plus stupéfiant que la veille. La neige avait cessé de tomber, mais elle recouvrait tout le paysage, en effaçait les replis, et le rendait méconnaissable. Oui, c’était un autre monde, nivelé, simplifié, et sous cette vaste étendue blanche que la tempête avait modelé comme une houle, j’avais de la peine à situer le jardin, le pré, la route ou, plus loin, les crêtes et les vallées qui m’étaient familières. Au-dessus pesait un ciel bas, uniformément gris, mais comme phosphorescent. Le soleil restait invisible. Il n’y avait dans l’air immobile, aucun signe de vie. "
Repliés sur eux-mêmes, Simon et Noémie, Pa et Man ne purent compter que sur leurs propres forces pour survivre dans cette arche isolée sur une mer blanche. Grâce aux deux animaux, une chèvre et une vache, ils purent se procurer l’essentiel. Le père, soucieux mais précis assigna une fonction à chaque membre de la famille, structura leur temps et leur permit d’éviter le pire.
La mère, bonne cuisinière, leur redonna le moral lorsque celui-ci flanchait, à travers des repas attendus et appréciés. Ce temps de vacance - et non de vacuité - permit à chacun de se découvrir soi-même, d’user ses forces contre la dureté du monde, d’acquérir une maturité suffisante pour distinguer l’essentiel de l’accessoire:
"Que de jours nous avons passés, près de l’âtre, dans cette pièce basse qui nous enserrait et nous protégeait, comme l’une de ces cavernes où vécurent, pendant des milliers d’années, nos lointains ancêtres! Un rien, et je m’y serais cru! La pénombre, la lueur du feu, la muraille grossière, l’odeur de bois et de fumée, et jusqu’à la barbe de mon père, de plus en plus hirsute, auraient pu faire illusion. "
L’essentiel est préservé: le sens du travail bien fait, le respect des rythmes naturels, l’amour de la nature. L’analyse de l’auteur met en évidence la lente montée de l’angoisse dans le groupe et surtout chez les petits, ensuite la peur devant l’inexprimable: le sentiment de rester les seuls êtres au monde face à la mort.
Cette angoisse culmina avec la maladie de Man et surtout l’arrivée des loups, surgis d’on ne sait où dans ce désert blanc, menace qui coagula les fantasmes les plus archaïques.
La notion du " sens " se fit de plus en plus pressente à leur esprit: pourquoi cette épreuve ? Et quoique les personnages ne soient pas religieux, ils ne purent manquer de s’interroger sur l’étrangeté du phénomène. En quoi l’être humain serait-il responsable de ce qui survenait ?
" Le mal , notre monde l’a commis pendant tout le siècle dernier, dont l’histoire est abominable, et plus encore dans les années récentes où se sont déchaînés l’orgueil, le cynisme, la haine, la violence, la destruction. Les dernières illusions de progrès se fissuraient, les robots devenaient incontrôlables, partout on voyait surgir les monstres.
Je lis encore: " Et moi, je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra. " Pour nous, c’est un déluge blanc, glacé, figé: celui donc que nous avons mérité. "
La tendresse cependant survit à tout et l’on sent la famille soudée dans la pire épreuve qui ne lui ait jamais été imposée. Le père, surtout, apparaît comme un héros. Ancien avocat, tournant le dos à la société de consommation pour exister en fonction des " vraies " valeurs, se forgeant une âme d’artiste, d’organisateur , de technicien, de pédagogue et de chef spirituel, il est le porte-parole des idéaux écologiques de l’auteur. A la manière de Thoreau, il semble prouver que celui qui vit selon les rythmes de Gaïa ne peut se tromper:
" En revanche, depuis que nous étions retranchés du monde, ces séances avaient repris une nouvelle vigueur. La radio et la télévision n’étaient plus là pour nous tenter. Le visiaphone était hors d’usage. Par la force des choses, nous ne voyions personne. Les mots devenaient notre seule ouverture: ils étaient comme des fenêtres et des trouées dans la muraille de neige. Désormais nous écoutions avec une sorte de gravité ce que nous lisait notre père. "
Pour Simon, encore petit, il est l’incarnation du héros. Grâce au père, la situation se stabilise et la famille sera sauvée. Quant à Simon qui vit une situation " limite ", l’aventure est pour lui une véritable initiation aux vraies valeurs sociales et humaines. Lorsque la neige disparaîtra et qu’ils seront en mesure d’établir un contact avec les autres habitants isolés des alpages, tout aura changé en lui et Noémie. Plus mûrs, adultes et responsables ils seront prêts à affronter un monde sans pitié:
" Quoiqu’il en soit, nous ne sommes plus les mêmes. Les illusions, l’orgueil, la démesure ont été rabaissés. Nous avons retrouvé la patience; l’humilité, le sens de l’effort, et beaucoup de nos concitoyens affirment que le bien est sorti du mal, et qu’il faut en remercier Dieu. "
Ce roman, destiné aux enfants, d’une bonne facture, est un précis écologique et un roman cataclysmique. L’ensemble des événements est rapporté à travers les yeux d’un enfant. La sensibilité, l’honnêteté, l’analyse psychologique la plus fine ne se démentent pas un seul instant et donnent à l’oeuvre un intérêt soutenu. Encore une fois, c’est dans la catégorie trompeuse "d’ouvrages pour adolescents" que l’on trouve les plus intéressants du genre
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Les Enfants De L'hiver - Par BenF
Switch, Shrug, Paladin, des adolescents, obéissent à Jacko qui protège le Vieux, l’un des derniers rescapés de l’époque d’avant la catastrophe glaciaire. Le Vieux fascine Jacko avec ses histoires du temps jadis, quand le paysage était vert. Ils habitent dans un clocher d’église qui émerge isolé au-dessus de l’étendue blanche sous laquelle repose le village.
Pour se nourrir, après avoir creusé des galeries dans la glace, ils pillent un supermarché local, le vidant de ses boîtes de conserve. Les conditions extérieures ont donc radicalement changé. Plus de trains ni de voitures, mais des traîneaux à voiles ou tirés par des " taupes des neiges ". Ils traquent aussi le " pad ", sorte d’ours blanc vaguement télépathe tout en se gardant d’autres groupes survivants, anthropophages ceux-là.
Sous l’impulsion de Jacko, qui rêve de gagner les lieux mythiques dont lui parle le Vieux, les enfants de l’hiver abandonnent leur havre de paix. L’expédition n’est pas facile car, avec le temps, ils sont devenus agoraphobes et se sentent très mal à l’aise devant les étendues désertes:
" La neige était là, une vaste étendue de blancheur argentée, entraînée par le vent sous un ciel également blanc, si semblables qu’il ne pouvait dire où les deux se rejoignaient, celui qui était en haut ou celui qui était en bas. C’était une vision d’un infini composé de deux éléments physiques, la neige et le ciel; et Switch, petit mammifère accroché au bord de cette immensité, était absolument insignifiant. "
Le voyage, de type initiatique est parsemé d’obstacles: Cockade, l’amie de Switch qui est enceinte accouche avec difficulté, des hommes redevenus sauvages les attaquent et ils perdent plusieurs de leurs compagnons. Pourtant, le groupe progresse et quand le dangereux périple approche de son terme:
" Lorsqu’ils atteignirent enfin la terre, ils ne s’en rendirent d’abord pas compte. Le terrain devint un matin un peu plus accidenté (...) Jacko ouvrit l’écoutille et sortit sur le pont arrière. Il considéra, apathique, l’éternelle neige qui avait un aspect plus déplaisant que jamais ce matin-là; éparse, par flaques lépreuses, pas du tout lisse et blanche à laquelle il était habitué. De grands espaces chauves, noirâtres apparaissaient. La Croix du Sud en aborda un; les taupes continuèrent de tirer, subitement le frottement brusque fit hurler les patins du traîneau. Des cris d’alarme jaillirent dans la cabine. Shrug en sortit, les yeux papillotants suivis de Mignon et de Brog. -Je...je crois que nous y sommes, dit Jacko, hésitant." "
Ils venaient enfin d’aborder les territoires mythiques dont parlait le Vieux. Hélas!, incapables de s’adapter à l’absence de blanc, à la couleur verte ou au jaune sale du terrain, ils décident de rebrousser chemin vers leur pays natal fait de glace et de neige.
Dans les " Enfants de l’hiver " Michael Coney s’intéresse en entomologiste à la psychologie collective et aux réactions individuelles d’un groupe d’adolescents. Il met en évidence la force des habitudes, la ténacité des êtres et leur faculté de survie dans des conditions extrêmes. Les personnages typés, les descriptions réalistes se lisent avec plaisir. A comparer avec " Blizzard " ou " le Sixième Hiver "
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Les Enfants D'hiroshima - Par BenF
Une chanson qui se veut un plaidoyer en faveur d’un monde libéré de la menace nucléaire. Rappelant l’horreur des guerres « qui bouleversent la terre et déchirent nos bras », Rosalie Dubois se sert du témoignage de l’histoire récente :
« Enfants d’Hiroshima
Il faut montrer vos plaies
Afin que plus jamais
On ne revoie cela… »
Voulant croire malgré tout à la fraternité et l’universalité de l’amour humain :
« Nous rêvons à l’amour
Chacun dans nos pays
Voyons les mêmes jours
Dormons les mêmes nuits ;
Est-ce dur à trouver
Par-delà les contraintes
La formidable étreinte
Qu’on appelle amitié ? »,
Elle rythme la mélodie par un refrain dont la répétition en abîme dénonce les errements d’un passé qu’elle souhaite définitivement enfoui.
Une chanson contestataire d’une grande puissance d’évocation.
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En cette ère mondiale nouvelle et heureuse, entièrement régie par le collectivisme et le matérialisme, Jean Malfaict, journaliste à "la Fraternité Mondiale", s'entretient avec son patron, Morbihan, au sujet d'une conférence sur le monde spirituel ou "subtil" donnée par un certain Dr. Nox. Depuis quelques temps d'ailleurs, alimentée par ce savant et d'autres événements curieux, la foule se préoccupe davantage du monde spirituel. Il semblerait que l'on ait découvert les preuves de l'existence d'un monde invisible, et que des ponts puissent être établis entre celui-ci et le monde des vivants:
"Le docteur Abiran, professeur émérite de l’Université d’Alexandrie, découvrit la matière originelle de la vie et calcula que dans un centième de milligramme d’air, vit un monde de quatre-vingt quinze milliards d’atomes Anima. Il réussit à en isoler quelques-uns qu’il cultiva, soigna et en vint au résultat surprenant de voir ces atomes invisibles se transformer. Ils se développèrent d’abord en un insecte, puis en une espèce de grenouille, pour terminer leur évolution en un poisson ressemblant fortement au brochet. Le docteur Abiran déclara dès lors qu’il devait exister une force spéciale qui faisait pénétrer partout la matière originelle de la vie ; il prétendit également qu’il existait des quantités formidables de ces atomes dans le cerveau humain."
Malfaict, parfait libre penseur, sceptique et épicurien, est l'un de ces esprits forts qui ne croit pas à tout cela. Néanmoins, il accompagne Morbihan à la séance de Nox où il fait la connaissance d'un collègue, un être singulier, du nom de Nathanaïel Assur, journaliste vedette de "la Thau", organe de presse universellement connu. Assur portant lui-même sur son front une Thau rouge, est juif et franc-maçon, grand maître de la loge maçonnique de Sion. Dès la première de leurs nombreuses rencontres il affirme être plus qu'un homme, une sorte d'élu dont le règne arrivera bientôt. Il faut dire que les événements curieux se multiplient et s'amplifient partout dans le monde; des tremblements de terre, des cataclysmes vont jusqu'à faire décaler légèrement l'axe du monde, des ténèbres de noirceur et de sang se répandent dans l'atmosphère, des prophéties, de plus en plus nombreuses, annoncent pour bientôt l'apocalypse de ce monde matérialiste et jouisseur.
Nous sommes par ailleurs à un moment privilégié où "l'Union Européenne" fêtera à l'hôtel "Universo" à Rome les éclatantes festivités qui célèbrent la naissance du collectivisme mondial. Jean Malfaict y est envoyé pour, avec tous ses confrères, couvrir l'événement. En cours de route, il a appris le suicide par "impatience" de son supérieur, Morbihan, pressé d'abandonner son corps matériel pour converser avec les esprits. Ce cas n'est pas isolé. La jeune femme, assise en face de lui dans l'avion qui l'amène à Rome, en témoignera également, puisqu'elle sautera de l'avion au-dessus de Milan, prétendant faire voler son corps subtil dans l'atmosphère éthérée. Malfaict en déduit que le nombre des psychopathes est en nette augmentation.
Arrivé à Rome, il en profitera pour dénicher une interview inédite. Celle d'"Ultimo Pietro", le pape déchu de la secte chrétienne, un vieillard cacochyme, habitant dans un immeuble populaire, sans aucun pouvoir ni gloriole:
"Il lut tout en bas de la dernière page, à la dernière ligne : «Ultimo Pietro, rue de la Tombe, n° 33, surnommé Saint Père et Pape. Chef des croyants. Reçoit beaucoup. Fait du spiritisme, de l’exorcisme, dit la bonne aventure et des formules magiques. » -Tiens ! serait-ce le type à interviewer, dont le Président m’a parlé ?... L’après-midi est belle, une promenade me fera du bien et une interview avec cet homme sera un début original pour ma tâche de journaliste à Rome."
Il aura du mal à le rencontrer car ce dernier, ayant troublé l'ordre public en annonçant des temps nouveaux, sera mis en prison et aussitôt mystérieusement libéré par un être singulier habillé d'un manteau bleu qui dit s'appeler Elie le Thesbite.
En attendant, les fêtes se préparent en vue d'exalter les vertus de la société collectiviste qui a fait disparaître en chacun l'angoisse existentielle. Tout a été réduit au corps et à la finance. Les femmes sont achetées et vendues comme esclaves. Cela semble d'ailleurs leur plaire. Ainsi en est-il de la merveilleuse Dolorès, la compagne achetée par Malfaict, dont il est éperdument amoureux. La jouissance est la seule occupation de chacun et quand rien ne va plus, le suicide est autorisé, encouragé. Mourir n'est plus qu'une formalité administrative que remplissent , sans aucune émotion, les individus fatigués de la vie:
"(...) l’inhumation des corps, comme on le faisait anciennement, accompagnée de rites religieux ou officiels, n’existait plus ; les moments ou les cérémonies de la mort et de l’enterrement étaient réduits à leur expression la plus simple et se faisaient le plus rapidement possible. Le service mortuaire de la ville de Rome, bien organisé, disposait de nombreux camions-corbillards, d’ailleurs indispensables pour la province romaine, très étendue. Celui qui décédait chez lui ou mourait sur la route n’encombrait pas longtemps les vivants ; il suffisait d’indiquer l’endroit, la rue et le numéro, et, quelques instants après, le corbillard chargeait le cadavre, le transportait au four crématoire où, en un clin d’œil, tout était pulvérisé. Cela se passait ainsi aussi bien pour le haut fonctionnaire de la ville que pour l’homme de la rue ; il n’y avait que les tarifs qui différaient. Un autre département du service mortuaire était l’exploitation du suicide. Comme quatre-vingt dix sur cent des humains mouraient d’une mort volontaire, ces institutions étaient généralement très prospères et constituaient une source de revenus appréciables. Tout était arrangé pour que cela se passât facilement et agréablement. Contre paiement d’un supplément, on provoquait une atmosphère spéciale, d’après l’espèce de mort que le client désirait. L’institution occupait un vaste terrain et comptait une série de bâtiments magnifiques, très en vogue auprès du public et s’adaptant parfaitement à l’opinion générale de la collectivité. Tel l’homme, telle la mort !"
Quant aux enfants, ils sont élevés, vendus et achetés dans des fermes d'Etat pour la plus grande joie du capitalisme.:
. -Les garçonnets quittent à l’âge de sept ans, docteur ? -A huit ans, Monsieur Malfaict. A cet âge, ils deviennent la propriété de la collectivité. Alors nous sommes obligés de les céder au prix convenu ; on les incorpore dans tel ou tel métier, d’après leurs aptitudes ou leur goût et on les spécialise. Les fillettes, par contre, restent la propriété de la firme ou des particuliers jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; elles ne deviennent complètement libres qu’à partir de ce moment. Nous devons les instruire jusqu’à douze ans. -A quel âge les vendez-vous le mieux, docteur ? -De quinze à seize ans. -La firme fait-elle de bonnes affaires ? -Votre question est plutôt indiscrète, Monsieur Malfaict, mais je puis vous répondre affirmativement ; ce n’est pas étonnant, d’ailleurs, car nous ne nous occupons que d’une marchandise d’élite. Tout enfant normal est soigneusement examiné à la naissance et tout ce qui est jugé être de seconde qualité va directement aux fours crématoires. Les bons produits, par contre, sont soignés méticuleusement et bien enseignés. La demande surpasse toujours l’offre. -Alors, vous n’avez que peu ou pas de réserves, docteur ? -Non, il y a chaque année un petit restant que nous exploitons nous-mêmes ; les lois de l’Union nous autorisent à en disposer jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; après leur seizième année, il n’y a plus aucun moyen d’en obtenir de hauts prix".
Il est étonnant, dans un tel monde, que la viande de boucherie d'origine humaine ne soit pas encore disponible sur les étals! Tout le monde profite donc au maximum de la vie (femmes, sexe, cigares, nourritures fines, etc.) Pourtant, ce monde semble condamné. Elie le Thesbite réapparaît en plusieurs lieues pour annoncer la venue du Christ selon les canons définis par l'Apocalypse de Jean. Assur - en réalité Satan- jubile en attendant le jour où il règnera définitivement sur la Terre. Il est convaincu, à juste titre d'ailleurs, que la totalité de l'humanité lui appartiendra. Son unique enjeu est d'arriver à convaincre le libre-penseur Malfaict et le gagner à sa cause. Jean deviendra ainsi, à son corps défendant, le dernier homme libre et celui qui, par sa décision, rédimera ses frères humains.
En attendant, dans les fermes d'Etat, naissent des monstres. Les tremblements de terre, de plus en plus forts, de plus en plus fréquents, rythment le jour des festivités lorsqu'un rassemblement inouï de personnes à la gloire de Satan défilent devant les yeux de Malfaict:
"Trente chevaux noirs ailés étaient attelés devant un char en or de dimensions gigantesques. Leurs pieds ne touchaient pas le sol, mais se mouvaient fièrement quelques mètres au-dessus du pavement ; leurs ailes, larges et fortes, battaient en cadence ; leurs bouches et leurs narines exhalaient du feu ; les roues tournaient également au-dessus du sol ; la grande masse glissait sur l’air. Le char était en forme d’un escalier, haut de cinquante mètres, dont les marches étaient en or et en pierres précieuses ; de magnifiques anges d’enfer étaient agenouillés sur les marches, la tête inclinée en adoration, les mains jointes ; sur leur svelte dos rose pendaient leurs ailes noires repliées; au-dessus de l’escalier se dressait une lourde T dont les poutres étaient en métal précieux…contre l’étendard de l’enfer s’appuyait Nathanaiël Assur, grandiose et triomphant ! -Salut à la Thau ! Gloire à la Thau !
C’était le cri triomphal des millions d’hommes devant lesquels le char défilait. Jean et Dolorès regardaient le cortège par une fenêtre ouverte de l’hôtel Universo"
En effet, Assur a réussi à convaincre les hommes, par la voie des médias et sa propre force de persuasion spirituelle, qu'il s'engagerait à côté de l'humanité pour combattre le Dieu si injuste qui a décidé de leur mort. Son succès est immense et le signe rouge de la Thau brille sur tous les fronts, comme le sera dans le futur au bras l'emblème nazi de la Svastika. Déjà, Jérusalem n'est plus. A sa place, à l'endroit exact de l'ancien Golgotha, s'est élevé un gigantesque volcan:
"Une terrible secousse fit trembler la colonne ardente ; pendant quelques minutes elles flamboya avec une nouvelle ardeur et puis s’éteignit brusquement sous un hurlement infernal. Plus blanche que la neige apparut alors la Colline des Crânes, baignée par la lumière d’un soleil invisible, près de laquelle la lumière solaire de la terre n’était qu’une ombre ; brillants et étincelants se trouvaient là, contre les flancs de la colline, des milliers de squelettes ; sur le sommet, une croix qui jeta des rayons aveuglants et qui scintilla comme le diamant…puis, la Colline se détacha de la terre, de la terre maternelle brûlée et monta tout droit vers le ciel où elle disparut comme une comète lumineuse dans les hauteurs incommensurables de l’Espace. A l’endroit où se dressa autrefois le Golgotha, il ne restait plus que le triste plancher vide et noir de la terre brûlée."
Malfaict, accompagné par Dolorès, gagnée à la grâce divine et sûre de la venue de l'apocalypse, se rend sur les lieux. Il contemplera comme témoin final l'immense armée des morts qui se succèdent devant la Jérusalem céleste. Assur apparaît maintenant dans toute sa gloire et triomphe. Il pense dominer le Temps, le Monde, la Mort, le Mouvement et surtout Dieu. mais Malfaict, le dernier homme, gagné enfin à la vérité spirituelle, les yeux dessillés, mettra sa confiance dans le Christ juste avant que la terre ne disparaisse dans le chaos final:
"Jean Malfaict et la Mort moururent dans les bras l’un de l’autre. Les mondes entrèrent en collision dans l’Espace ; la terre se crevassa, vola en éclats, qui, incandescents, se heurtèrent contre d’autres mondes… Tout brûla, bouillonna, trépida, hurla et tonna un instant dans l’espace et il ne resta plus rien des soixante-dix centaines de fois les soixante-dix centaines de milliers de mondes ! Le Mouvement fut écrasé dans le dernier heurt des mondes et le temps se mourut dans l’Eternité. Le vain néant plana de nouveau dans l’Espace… et dans le Néant retentit le son des trompettes des anges qui nous appelleront vous et moi à comparaître au dernier jugement."
Avec Les Derniers jours de la Terre de Jef Scheirs on est devant une oeuvre troublante. Incontestablement une oeuvre eschatologique, un brûlot stigmatisant les incroyants, une oeuvre d'édification morale mais aussi un roman de science-fiction. la description de cette société utopique et matérialiste est extraordinaire de vérité du même niveau que peut l'être le "Meilleur des mondes" de Huxley. L'intrigue, qui se déroule le plus souvent sous la forme de dialogues, met en présence deux personnages hors du commun, Assur et Malfaict. Le personnage du "Maudit" se situe bien dans la vision d'un catholicisme début de siècle qui associait le satanisme aux Juifs et à la franc-maçonnerie (Léo Taxil n'est pas loin). Les interventions constantes des prophètes, parfois lourdes, sont heureusement rachetées par la destruction jubilatoire d'une Terre condamnée. Au final, nous sommes devant une oeuvre rarissime et curieuse qui, malgré son atmosphère symboliste et spiritualiste, méritait de figurer dans notre bibliographie.
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Depuis longtemps, la terre est à l'agonie. Le soleil éclaire moins, chauffe moins, les glaces se sont répandues jusqu'à l'équateur ne laissant de libre qu'une étroite bande de terre centrée autour de ce qui fut jadis le fleuve Congo. Le paysage tropical a disparu, remplacé par des pins enneigés dans un univers plat et glacé. Dans ce dernier endroit survit le dernier groupe humain de la tribu du "Rayon Ardent", une trentaine de d'hommes, de femmes et d'enfants qui, la plupart du temps, s'abritent au fond d'une grotte. Dirigés par Homb, l'ancêtre, les hommes ont une activité réduite qui consiste à se pourvoir en nourriture par la pêche , en cassant la glace du fleuve- et à rechercher du bois pour entretenir le feu. Ces derniers hommes, bien qu'ils apparaissent aussi démunis que les premiers, gardent néanmoins la mémoire de ce qu'ils furent jadis. Le soir, lorsqu'ils se serrent les uns contre les autres, Homb évoque le brillant destin humain. Il leur raconte comment l'homme s'est élevé au sommet de l'évolution, comment il a fait régner la paix, a gagné les planètes environnantes, a instauré un gouvernement unique, a pratiqué l'eugénisme pour ne garder que les meilleurs de l'espèce:
"Maître de la Terre, l'homme songea à l'espace. La Lune, ce satellite mort éclairant la glace de nos nuits, fut le premier objet de ses désirs. Exécutant enfin les pensées folles des aïeux, il réussit à vaincre la force de l'attraction comme il avait asservi les autres énergies, il quitta le sol terrestre, il franchit l'atmosphère, pénétra dans l'invisible éther, et, à mesure qu'il allait, il voyait, ô prodige, l'astre patrie s'effacer et blêmir dans le ciel noir, tandis que la Lune grandissante et dorée remplissait tout l'espace et lui révélait ses cratères sans flammes et ses océans sans feu; il put enfin fouler un sol vierge, contempler à la fois le Soleil et les étoiles et s'étonner d'un silence éternel."
Longtemps l'être humain a dominé le monde. Il s'est aperçu que sur Mars ont existé jadis des êtres semblables à lui, et qui ont disparu. Il a su que sur Vénus, planète encore jeune et proche du soleil, l'évolution était à venir. Mais il a compris aussi que le soleil déclinait peu à peu, que cela affecterait toute vie sur la Terre en proie à un refroidissement généralisé et intense:
"Alors le froid remporta son premier triomphe: les hivers polaires amassèrent la neige en montagnes, et la mer gela; le pouvoir humain vaincu dut céder, car ni les feux du Soleil, ni ceux de l'onde électrique ne parvenaient à réchauffer cet immense désert blanc; l'homme quitta les pôles; quand l'été revint, il en tenta la reconquête, mais les hivers se succédèrent si rapides et si cruels qu'il fallut perdre toute espérance; on abandonna pour toujours les cités superbes que la neige ensevelit, et les peuples exilés refluèrent vers des terres plus clémentes."
La race humaine est peu à peu descendu de son piédestal et a involué vers davantage de primitivité. Les grandes et merveilleuses cités ont disparu. la technologie n'a plus été comprise, la guerre est réapparue, les sociétés ont fondu en nombre, l'espace vital s'est rétréci, le froid intense a tué la plupart des survivants. Aujourd'hui, dans cette grotte glacée, Homb est sans espoir. Il se bat avec ses compagnons pour une survie au jour le jour, se demandant notamment comment échapper à la grande tempête d'hiver:
"La neige tombait toujours, inlassable et indifférente; le ciel était d'un blanc laiteux à l'orient, d'un blanc grisâtre à l'occident, et la terre, toute blanche, montrait d'énormes entassements de neige qu'on n'aurait pas soupçonné, si l'on n'avait vu les arbres s'enfoncer peu à peu dans ce linceul qui effleurait leurs premières branches et voulait s'élever toujours plus haut, et les sapins noirs et les bouleaux décharnés attendaient immobiles la mort qui montait. Et les hommes eurent une vision fugitive: ils se virent eux aussi debout dans la neige enveloppant leurs pieds, s'accumulant jusqu'à leurs genoux, escaladant leurs cuisses, entreprenant l'ascension de leur buste tout doucement, sans violence et sans heurt, mais sûre d'atteindre le cou qui se gonfle, la bouche qui crie, les narines qui s'élargissent désespérément et se referment remplies de flocons, les yeux grands ouverts dans le spasme de l'asphyxie."
La tempête se déchaîne à son maximum au moment où manque le bois. L'équation est simple: il faut trouver de quoi se chauffer ou se résigner à mourir de suite. Homb envoie les guerriers les plus jeunes, en dépit du danger, hors de la grotte pour coupe les derniers sapins poussant au bord du fleuve. Ils ne reviendront jamais, gelés debout, enchâssés dans la neige. Au matin, lorsque la tempête s'apaise, il ne reste que sept survivants de l'ensemble de la tribu. Homb a succombé. Har, le plus volontaire, rappelle aux autres que jadis existait en aval du fleuve un autre groupe humain. Peut-être existe-t-il encore? Avec réticence, ils quittent leur caverne familiale, désormais une tombe où reposent les leurs. Progressant avec difficulté le long des rives glacées, ils se heurtent à un obstacle inattendu lorsqu'il leur faut joindre l'autre rive. Si le printemps débutant facilite leur progression, il fragilise également la glace. Seul Har atteint son but, en rampant sur la surfface gelée. Ses compagnons, trop pressés, se noient. Har se retrouve seul survivant, le dernier homme sur terre. Malgré tout, là où vivait l'autre tribu, au fond d'une caverne, il découvre Fléa, une jeune femme, dernière survivante et dernière femme. Elle deviendra sa compagne pour cet ultime printemps. Vivant intensément leur union, le couple goûte les derniers instants de la beauté du monde. Le bref dégel printanier leur permet de se nourrir et de se chauffer. Mais dès les premières chutes de neige, Fléa succombe au froid. Har, désespéré mais résolu, attend la mort assis, solitaire, en face d'un soleil couchant d'une beauté impitoyable:
"Har regarda autour de lui. Le Soleil atteignait l'horizon. Alors la surface immense de la glace s'enflamma, et toute la mer parut rouge, comme un océan de rubis; le flamboiement se perdait dans l'infini et la neige rosissait, le ciel s'empourprait, toute la nature resplendissait d'une fantastique lueur rouge. Puis l'astre qu'aucun oeil humain ne verrait plus s'enfonça sous la glace qui pâlit, devint rose, blanche,comme le linceul de neige; le ciel aussi modifia ses couleurs, se vêtant de pourpre foncé et de violet éclatant, enfin de lilas et d'indigo. Alors Vénus flamboya à l'occident, et une à une les étoiles étincelèrent, Aldebaran, les flammes orangées de Bételgeuse et les scintillements de Sirius."
La terre toute entière plonge dans la mort, gelée en profondeur, tout en poursuivant aveuglément sa course dans l'espace:
"L'atmosphère se liquéfia, et de nouveaux océans d'oxygène, d'hydrogène et d'azote furent la robe bleue de la Terre, mais océans sans vie. (...) Et ces mers elles aussi se couvrirent d'une glace étrange et se solidifièrent jusqu'en leurs abysses, et la terre fut alors une sphère très dure à la surface transparente, un diamant roulant sur son orbite inchangée."
"Les derniers jours du monde" de Charles de l'Andelyn est le jumeau littéraire de l'ouvrage de Poudeybat, les "derniers hommes" même trame narrative, même voyage vers la mort, même pessimisme. Le reste tient au style. Le récit de l'Andelyn est plus poétique, ses descriptions d'un univers transfiguré par la neige (on sent l'influence des hivers alpestres) forment la texture substantielle du récit. L'idée même de la mort par extinction progressive du rayonnement solaire est largement tributaire des théories scientifiques du moment. L'on sait aujourd'hui que le Soleil, avant de s'éteindre, connaîtra des convulsions inouïes, projetant ses couches superficielles brûlantes dans l'espace, qui vaporiseront les planètes du système solaire, avant de plonger dans la nuit. L'ouvrage est rare, écrit avec un soin particulier, montrant l'affection de cet auteur pour l'anticipation scientifique et dont ce volume n'est pas la seule incursion dans le domaine.
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Sol 3, c’est la Terre. Elle n’a plus que peu de temps à vivre; c’est ce que nous scande jusqu’à la nausée la petite phrase qui ouvre quasiment chaque chapitre en un procédé qui se veut stylistique : "D’un instant à l’autre... d’un instant à l’autre...".
Que se passera-t-il "d’un instant à l’autre " ? La Terre volera en éclats. Par augmentation inexpliquée de la pression interne, elle se fend un peu de partout. En ce XXIème siècle, l’humanité sait construire des fusées, et les survivants (car il n’y aura pas de place pour tout le monde) partent pour Vénus. Sauf nos héros, qui sont au nombre de sept. Chacun, pour une raison personnelle, reste sur Terre, sous l’aile protectrice du Père Maubry, qui les rassemble à Notre Dame. C’est encore la France éternelle et la ville de Paris qui résistent le mieux alors que l’Amérique est depuis longtemps un lac en fusion...
La situation permettrait une exploration psychologique fine des personnages, mais les auteurs n’y voient que caricatures et catalogue de fantasmes les plus niais: collectionner les tableaux dans les musées, se déguiser en Napoléon avec les vrais habits de l’Empereur, organiser une course de voitures dans Paris, lancer des missiles sur les villes évacuées. Ils passent leur temps à se lancer des injures racistes à la tête (il y a un Noir et un Juif), à se disputer le pouvoir (il y a un ancien général), à discuter de tout et de n’importe quoi. Y aura-t-il au moins une juste fin pour tous ? Même pas. Se rappelant d’un coup qu’il existe des " plateformes volantes " qu’il suffit de rafistoler pour survoler le cataclysme avant que Vénus ne puisse venir à leur secours, trois survivants sur les sept réussiront leur pari: échapper à la fin du monde.
Un récit bâclé, une intrigue floue, des personnages caricaturaux. F.R. Bessière n’a rien à dire et le fait savoir.
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Cet ouvrage est mentionné uniquement pour son titre et sa rareté. Les seuls éléments en rapport avec notre thème sont représentés par des glaces polaires descendues jusqu’à l’équateur sur une terre à son déclin, appelée Hyranie. Pour le reste, l’ensemble du récit représente une charge féroce des mœurs politiques corrompus d’Hyranie – en fait ceux de la Troisième République - et qui n’ont rien perdu de leur force de contestation encore aujourd’hui.
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