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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Les Pionniers Du Deluge - Par BenF
L'aventure débute sous la forme d'un récit d'enquête policière classique. A Sydney, en Australie, le célèbre détective Tom Biglaw et son fils Bob, qui a de qui tenir, débutent une enquête en parallèle, laquelle connaîtra la même issue heureuse. Bob et son copain Jimmy sont sans nouvelles de la petite Minnie Learning, la fille du savant atomiste Bartholomew Learning, leur voisin. Minnie, ainsi que sa mère, semble avoir disparu. Un indice les met sur la piste d'un chauffeur patibulaire, conduisant une Vauxhall mystérieuse. D'autre part, le savant interrogé chez lui, semble hésitant, inquiet mais affirme pourtant que tout est en ordre. Tom, de son côté est contacté par la richissime Mrs Joss inquiète des agissements de son gendre, le financier Julius Gartner. Ce dernier a liquidé toutes ses actions et mis en vente la maison familiale sans avertir Mrs Joss. Elle demande donc à Tom de faire la lumière sur ce comportement mystérieux.
D'un autre côté, Bob et Jimmy avancent dans leurs recherches. Ils sont de plus en plus persuadés que Minnie et sa mère ont été enlevées. Ils filent le chauffeur patibulaire qui les repère à son tour, les emprisonne et les drogue. Ils se réveillent à bord d'un avion, entourés de gardes et habillés avec une combinaison chauffante. Atterrissant en Antarctide sur la glace de la terre de Wilkes, dans une base secrète, ils seront immédiatement enfermés dans une des nombreuses unités d'habitation autonomes , réservées au personnel prénommé "les pionniers du déluge". A terre, il règne une grande animation: deux hydravions, un navire flottent à quai, destinés à l'on ne sait quelle évacuation. Finalement, amenés devant un pseudo-général, en réalité le banquier Julius Gartner, ils se rendent vite compte que le bonhomme est fou à lier:
"Mes valeureux Pionniers! Qui seront bientôt les maîtres du monde! Grâce à moi! Grâce à mon génie! Vous aussi, mes garçons, vous appartiendrez à la formidable équipe qui commandera sous mes ordres, à ce qui restera du genre humain! Finis, balayés, les rois et les reines, les gouvernements, les parlements, les armées! Nous aurons tout à reconstruire! Ahahahahahahah!"
Non seulement il a enlevé l'épouse et la fille de Learning pour forcer le savant à travailler pour lui, mais aussi il envisage, en toute simplicité, de déclencher un déluge généralisé en faisant exploser, à l'heure convenue, les multiples thermo-réacteurs, une invention de Learning qu'il lui a escroquée:
"Mais c'est impossible de tout faire fondre à la fois! Il y a des millions de kilomètres carrés! -Hélas!, si, Bob, c'est possible! Chaque thermo-réacteur renferme cent grammes d'uranium! de quoi faire fondre cent montagnes de glace comparables à notre mont Kosciusko ou vingt-cinq Mont Everest ou encore cinquante Mon Blanc! - Effroyable! murmura Bob anéanti".
De nombreuses unités atomiques miniaturisées, répandues sur la surface glacée de l'Antarctide devront vaporiser la glace, créer un puissant courant atmosphérique chaud qui déséquilibrera le climat, noyant les continents sous un déluge universel. La catastrophe n'épargnera personne sauf lui et ses sbires, les pionniers du déluge, qui se cacheront en une retraire sûre. En attendant ce moment décisif, les deux garçons se retrouvent dans leur cellule.
Mais Bob et Jimmy, toujours astucieux, trouvent le moyen de se glisser à l'extérieur, grâce à Minnie qui arrive à leur transmettre l'outil approprié à leur libération (une clé à molettes). Ils avertiront le monde du danger qui le menace en lançant à l'aveuglette un S.O.S. en morse, à partir du poste émetteur d'un des hydravions non gardés. D'autre part, en discutant avec le savant, prisonnier lui aussi, ils apprennent que l'engin déclencheur de la catastrophe pourrait être neutralisé par les deux petits thermo-réacteurs que leur remet Learning. Ils utiliseront le premier pour couler l'un des hydravions, à la fois pour gagner du temps et aussi pour faire diversion. Quant au deuxième, il servira à faire fondre le poste de commande d'où partirait l'ordre fatal.
Entre-temps, l'on a averti Tom du message lancé par son fils, intercepté par la marine australienne. Immédiatement, avec l'aide du ministère, il se fait parachuter non loin de la base glaciaire des bandits. Neutraliser les gardes est pour lui un jeu d'enfant. Avec le savant Learning, et son fils enfin retrouvé, il menace le fou , le maîtrise, le ligote étroitement. La base sera détruite par l'armée et les aigrefins mis à l'ombre.
Ce récit, sans surprise et naïf par endroits, est l'un des nombreux à présenter le thème du savant fou durant les années soixante. La miniaturisation des armes atomiques fait bon ménage avec les désirs du lecteur de vivre une aventure scientifique. Parfois les ficelles de l'intrigue sont grosses comme lorsque l'auteur aborde les motivations du méchant, devenu "fou" parce que la reine a refusé de l'anoblir:
"Je pense qu'Augustus Gartner est victime de ses origines et des luttes qu'il a dû soutenir pour arriver à la fortune. Il a gardé, une fois la richesses atteinte, le complexe de ses origines. Sans doute aussi a-t-il surpris bien des fois, sur le visage des grands de ce monde qu'il recevait chez lui, des sourires qui sous-entendaient bien des choses! Il est possible que ce soit cela qui l'ait incité à chercher comment il pourrait éviter à son fils cette sorte d'infériorité héréditaire en lui léguant un titre de baronet. Vous savez comment sa Gracieuse majesté a écarté les présents de notre homme et comment elle a refusé de l'anoblir!"
De même, l'image du "chercheur" est quelque peu écorché, décrit le plus souvent comme un individu falot, lâche, hésitant, entièrement investi dans ses travaux, mais humainement peu sûr. La débrouillardise des jeunes et l'expérience de papa apportent la caution morale que doit offrir tout roman pour adolescent à l'époque. Un roman qui se lit sans ennui, surtout quand on a quinze ans.
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" -Ainsi, père, la nuit, il y a beaucoup d’étoiles dans le ciel ? -Beaucoup d’étoiles, oui… La lune est tantôt ronde, et tantôt, elle ressemble à un arc fin qui se cambrerait…
Les nuits sont belles, là-haut, mon enfant… - Et les forêts… Je n’ai jamais vu d’arbres… Et la mer !… Oh, papa, quand remonterons-nous à la surface de la terre ? - Bientôt, mon petit… Quand la guerre sera finie. "
Parce que la guerre atomique fait rage au-dessus d’eux, les peuples vivaient sous la terre, dans de grandes cités. Réduits à deux blocs antagonistes, depuis trente ans, les hommes s’arrosent avec des bombes. Parfois une accalmie de quelques années permet à la nature de reconquérir le terrain perdu, comme en ces ruines fleuries qui avaient été la cité de Paris :
"A l’emplacement des villes, il n’existait plus que de gigantesques monticules recouverts de végétation…
Une verdure folle, presque monstrueuse, avait recouvert les ruines des immeubles, des monuments, des avenues, de tout ce que la civilisation des hommes avait patiemment édifié au cours des siècles. Plus de ponts en travers des fleuves, plus de champs cultivés et de vignes suspendues au flanc des coteaux. C’était une terre de Préhistoire (…) Toutes sortes d’animaux animaient la surface de cette Europe rendue à la vie primitive… "
Vania, la fille du professeur Merklin, sera enlevée par Patrick, un jeune officier, espion et traître à sa patrie. Prétextant être amoureux de Vania, il l’entraîne vers la Seine, où l’attend un sous-marin de poche. Elle servira d’otage car le professeur Merklin met la dernière touche à sa "fusée-vrille asphyxiante", arme secrète qui devrait définitivement assurer la suprématie des troglodytes. L’arme mise au point est lancée. Contrairement aux prévisions, les ennemis ne meurent pas mais sont uniquement endormis, le temps pour Merklin de retrouver sa fille.
La guerre enfin terminée, tous sont heureux de pouvoir ressortir sans crainte à l’air libre. Pour que jamais plus un tel processus ne s’enclenche, Merklin réunit l’ensemble du corps des savants et, à leur insu, leur fait absorber une drogue qui leur enlève la mémoire. Une solution radicale pour arrêter la marche néfaste de la science !
Du pittoresque, des descriptions convaincantes, des tueries, des ruines, une situation originale. En faut-il davantage pour captiver le jeune lecteur de ces fascicules populaires ?
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Les Ombres De Demain - Par BenF
Rapportées du cœur de l’action, ces notes de guerre, rédigées par le narrateur-soldat, médecin de son état, représentent un effroyable témoignage. Engagé dans une guerre moderne où deux armées s’affrontent avec un arsenal scientifique, le témoin observe et étudie les bactéries nocives, les gaz inédits, les armes sophistiquées, et leurs effets sur des êtres humains qui pataugent dans la boue, la sanie et la peur. Les gaz, tout d’abord. Incolores, inodores qui, en 24 heures pourrissent le corps de l’individu. Ou, au contraire, parfumés à l’odeur de violette, d’amande amère, de réséda ou de moutarde, qui s’infiltrent dans les combinaisons, rendent aveugles, asphyxient, en bloquant les poumons :
« Gaz puants et irritants à peine dangereux, acides liquéfiés, gaz amoniac, donnant une fausse impression de sécurité, servant parfois à masquer la présence de gaz mortels, à odeur faible tel l’acide cyanhydrique, poussières impondérables de composés persistants et caustiques capables de corroder la peau à travers les vêtements. »
Ils obligent au port d’un masque lourd, gluant, incommode qui fait de l’homme un monstre. Le champ de bataille, ensuite. Terre dévastée, noire, inondée par endroits, parsemée de cadavres, où flottent des nappes de fumée suspectes : là s’affronteront les « ombres de demain ». :
« L’horizon s’est nivelé. A nos yeux se présente une plaine qui, au loin, devant nous, se perd dans une grisaille de brume où ne se devinent même pas les lointains renflements des coteaux. Une plaine, ou plutôt un cadavre de plaine, crevée d’innombrables abcès où stagne une eau bourbeuse. Cloaques parfois réunis les uns aux autres par des lignes plus sombres. Sans répit une pluie fine, tenace, hargneuse, nous harcèle. »
Les infiniments petits, végétaux ou animaux, dont l’apparente et inoffensive petitesse cache une puissance maléfique, créatures de terribles maladies, comme l’actinomycose, due à un champignon microscopique dont le siège est les poumons. La gangrène gazeuse, conséquence de la prolifération du vibrion sceptique dans une plaie infectée, provoquera, elle, le pourrissement généralisé du corps du soldat. Les effets en sont spectaculaires :
« La sueur perle à ses tempes, il hoquette doucement, un peu de bave s’échappe entre ses lèvres. Sa jambe est déjà toute noire, la cuisse est devenue énorme. L’enflure gagne du terrain, continue sans arrêt sa marche ascendante. Hier on ne songeait pas encore à l’amputation, maintenant toute intervention est inutile. »
Il en existe encore d’autres, comme le bacille de Koch, (tuberculose) ou le bacille d’Eberth (typhoïde), de toutes les formes, soigneusement concoctés par les génies militaires, expédiées sur l’ennemi à l’aide de fléchettes empoisonnées ou de grenades en verre.
Une offensive sur un terrain miné s’est terminée par la mort mystérieuse de nombreux soldats, un nuage d’hydrogène arsénié ayant eu raison d’eux. L’attaque s’est faite en fonction du vent dominant car il ne faut pas que les gaz puissent se retourner vers ceux qui les ont lancés. La famille des composés du cyanure impose le port du masque : la légèreté en ce domaine se paye au prix fort :
« Il en est qui n’ont sans doute pas eu le temps de mettre leurs masques. D’autres, peut-être pour faciliter leur fuite, l’ont enlevé, ont fait quelques mètres, et se sont effondrés là, sans blessures, la poitrine broyée par l’étau de fer des gaz. Ils tournent vers le ciel leurs yeux révulsés, leur face tordue dans un rictus d’agonie, dans un dernier effort pour respirer. »
Les vivants et les morts forment un ensemble sur le champ de bataille, paysage d’enfer sillonné de fantômes blancs ou gris :
« On s’efforce de trouver un chemin moins mauvais, et on continue à se heurter aux troncs sales et boueux, à s’empêtrer dans les lianes épineuses et rouillées des fils barbelés, à trébucher sur les cadavres, à tomber dans des fondrières insoupçonnées, à s’effondrer dans d’inextricables amas de tubes de fer de toutes formes, de toutes dimensions. On s’écorche, on se meurtrit, on se déchire, on se relève, couvert de boue. »
Aucune amitié ne dure longtemps, étouffée dans l’œuf par la mort rapide :
« Je soulève doucement la pauvre tête. La face aux yeux d’ombre se couvre d’une teinte bleu-âtre. Son corps raidi est horriblement froid, malgré les couvertures. J’essaye de lui faire prendre un peu de boisson. Il ne peut avaler. Maintenant le délire s’empare de lui. (…) Puis brusquement, il suffoque, il s’effondre, prostré.(…) Et bientôt, je n’ai plus dans mes bras qu’une pauvre chose inerte. S… a maintenant rejoint les fantômes du royaume des ombres. L’Arsenic ne pardonne pas. »
Parfois, par jour clair, il lui arrive de sentir la nature qui souffre sous le déferlement de fer et de feu, lors d’une action hors des « boyaux ». Le temps qui passe et l’inaction forcée des combattants augmentent leurs angoisses. Les armes se modifient, insensiblement, toujours plus efficaces dans leurs fonctions mortifères. Certains gaz ne seront plus utilisés. D’autres apparaissent, inédits. L’Anhydride sulfureux, par exemple, qui s’enflamme à l’air, à l’eau, au contact des tissus humains, s’alimentant de l’humidité contenue dans les corps.
Autour des combattants, s’étendent des champs laissés à l’abandon, des bourgs morts annihilés par les déluges d’obus, les gaz, les maladies. La mort à brève échéance est parfois supplantée par des épidémies que l’ennemi espère voir éclater dans la population, ce qui affaiblirait l’adversaire. Il compte sur la peste, ou le typhus, ou le choléra dont rats, puces et autres parasites seront les vecteurs de dissémination.
Ainsi va la vie quotidienne remplie de nuages artificiels qui dissimulent l’ennemi, d’attaques-surprise, de fatigue, de crasse et de peur. Parfois, lors d’une sortie, des chars précèdent les fantassins, apportant une touche fantastique à l’apocalypse :
« Les lourds chars d’assaut, non montés, commandés à distance électromécaniquement précèdent notre avance. De leur masse énorme, ils écrasent les invraisemblables amas de barres, tubes, cerceaux, fils, ferrailles jetés là, parsemés d’embûches. Quelques monstres disparaissent dans un volcan soudain surgi sous eux, à la place du mastodonte : un trou. »
Parfois, il arrive que l’on reconquiert des ruines sur lesquelles flotte un drapeau déchiré de la Croix-rouge, sans que l’on sache le nom de ce village, concassé, anéanti, disparu. nLa guerre chimique du futur ne fera que des perdants, des adversaires réunis dans un même sort. Des gaz corrosifs dont les effets ne peuvent même pas se décrire guetteront chacun d’entre nous. C’est ainsi que le narrateur, ayant respiré sans même sans douter une bouffée de ces gaz, se sentira mourir doucement, lentement et douloureusement. Il aura juste eu le temps de transmettre ces notes à un ami…
« Les Ombres de demain » représente un témoignage précieux sur les conditions d’une guerre bactériologique ou chimique «totales », si elles devaient survenir un jour. Largement basées sur l’expérience des tranchées de 14-18, sur sa pratique de médecin et ses connaissances scientifiques, les notations impressionnistes de l’auteur font surgir un monde infernal, fantastique, un enfer déshumanisé crée par l’agressivité humaine. Un ouvrage à mettre au niveau de ceux de Malaparte ou de Barbusse.
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Les Oiseaux - Par BenF
Un couple de canards, Curtis et Daffy, le mâle plutôt optimiste et la femelle plutôt angoissée, s’interrogent sur leur avenir en un monde pollué. Déjà leur unique rejeton est mort-né. Ne trouvant plus rien à manger, leurs ailes lourdes comme du plomb, ils décident de partir vers le Sud, sous de meilleurs climats, en faisant très attention aux voitures qui pourraient les écraser et aux rats qui souhaiteraient les manger. Mais leurs ennemis naturels sont tous morts, ou presque, sauf le dernier rat qui, hélas ! égorgera Curtis :
« Sur toute la longueur du fossé, il y avait des rats à divers stades de décomposition, ainsi que deux belettes mortes et un hibou à moitié dévoré. Daffy considéra cette légion d’ennemis hors d’état de nuire avec un mélange de peur et de triomphe. D’un côté le monde serait certainement meilleur sans animaux de proie, mais de l’autre… Elle ne savait pas exactement ce qu’il y avait sur l’autre plateau de la balance, mais il y avait à coup sûr quelque chose. »
Daffy, restée seule, prend son envol au-dessus de la mer. Enfin libre ! Pour peu de temps, puisqu’elle terminera sa course morte dans l’eau, aplatie par le souffle du Concorde au-dessus d’elle.
Une délicieuse nouvelle, tellement bucolique, qui adopte enfin le point de vue du pollué dans un monde que nous détruisons.
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Les Oiseaux Lents - Par BenF
La Terre a une époque indéterminée (La Russie s’appelle "Russ" et l’Amérique "Méric"). La grande joie des villageois survivants, notamment ceux de Tuckerton et d’Edgewood, est de pratiquer le patin à voile sur des surfaces circulaires, parfaitement planes et vitrifiées. Celles-ci sont le résultat de déflagrations des "oiseaux lents", sortes de missiles planant silencieusement à hauteur d’homme au-dessus du paysage terrestre. Depuis plus d’un siècle, leurs apparitions et disparitions aléatoires, ainsi que leur nature, demeurent mystérieuses. A la suite d’une rivalité, le jeune Daniel Babbidge se fait attacher sur l’un de ces oiseaux. En dépit des efforts de son frère Jason pour le libérer, il disparaît soudainement avec l’artefact.
L’ épisode affecte gravement la santé mentale de Jason qui transforme sa façon de penser au contact de la mort symbolisée par le cylindre d’acier. Il prêchera, le reste de sa vie une philosophie du néant et du vide, un zen désespérée, repris en chœur par nombre de ses concitoyens, la vitrification des enclaves humaines restantes accentuant la pression.
Puis, un jour, Daniel revient, toujours aussi jeune, en face d’un Jason vieilli. Il connaît maintenant la clé du mystère : les " oiseaux lents ", sont des armes, produits technologiques de deux races qui s’entretuent "ailleurs", par machinerie électronique interposée. Ne pouvant s’atteindre directement, ils envoient leurs missiles par-delà le temps terrestre avec les conséquences prescrites par la relativité : une heure de leur temps représente un siècle du nôtre. Désireux de mettre un terme à leur extermination, ils ont renvoyé Daniel sur terre avec, en sa possession, tous les plans nécessaires à la destruction des missiles et aussi ceux de la construction d’arches stellaires. Cette explication heurte trop violemment son frère Jason qui ne peut l’admettre. D’un coup de canne, il voudra tuer son frère. Celui-ci, non seulement ne meurt pas mais se transforme avec le temps en une sorte "d’anti-prophète " en suscitant ses propres adeptes. La rivalité prendra fin à la mort de Jason. Les forces de vie triomphantes mettront un point final à la période des oiseaux lents , sur une terre appauvrie et dévastée.
Un concept intéressant de guerre relativiste dont la richesse du thème aurait pu mieux s’épanouir dans une forme de narration plus longue.
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N° 154 : La Montagne noire
savants fous et Maîtres du monde
Victor Vincent, Jim Morisson, Jenny Favrel et Epervier Volant se voient confier une nouvelle mission par le chef de l’I.S. Un bombardier volant qui devait relier l’Inde à l’Angleterre a disparu soudainement au-dessus de l’Himalaya, ainsi qu’un B.23 venu à sa rescousse. On compte donc sur le petit groupe pour éclaircir le mystère. Sur place, dans leurs « hurricanes », ils repèrent les débris d’un appareil reposant sur le sol d’une haute vallée. Jenny, après avoir atterri, est capturée par des «diables jaunes» puis libérée , la nuit, par Epervier Volant, appuyé par ses amis bombardant le pont suspendu par où les ravisseurs allaient disparaître.
Le journal de bord de l’avion accidenté leur révèle l’existence d’une «Montagne noire», plus haute que l’Everest, que nos amis s’empressent de découvrir. La fantastique construction artificielle repérée, ils y atterrissent «oubliant» le déficit d’oxygène à cette hauteur. Soudain, un magnétisme puissant les attire dans un tunnel où leur apparaît Fu-Mandchou (encore lui !), le Maître du monde. L’abominable Chinois leur explique patiemment dans l’ascenseur qui les entraîne dans les tréfonds de la terre où, sous l’immense barrière himalayenne, se cache la cité diabolique Jaune qui s’y prépare à conquérir le monde :
« Il montra un étrange appareil posé sur le sol et continua :
-Voici la détente de la bombe. Elle est inoffensive sans elle. Le jour où ce sera nécessaire, je visserai cette détente dans la culasse. Dès ce moment, des décompositions chimiques mettront la bombe en mouvement. Elle se vrillera vers le centre de la terre où la chaleur du feu éternel la fera éclater et notre globe s’éparpillera dans l’espace en une infinité de grains de poussière… »
Il leur apprend aussi que l’équipage du B.23 est vivant mais prisonnier et qu’ils rejoindront bientôt les captifs car lui, Fu-Mandchou, a de vastes projets pour eux. Une ultime tentative de révolte sera vite matée. Qu’arrivera-t-il à nos amis ?
Le capitaine Ricardo (!) signe là encore un de ses innombrables (mauvais) récits composés à l’emporte-pièce, dans lequel le texte est irrémédiablement gâché par l’américanomanie de son auteur. Pas une ligne sans : « O.K.», « Go, Mates », « avec les engines », « By Jove », «the Devil », etc. et avec, de-ci, de-là, des annotations racistes : « ces Jaunes sont des ânes », des « diables », etc.
N° 416 : la Terre gronde
menaces et guerres nucléaires
Les quatre héros prennent en charge un nouvel « engine » révolutionnaire qui les fera se déplacer à une vitesse supersonique. Décidés d’aller voir ce qui se passe du côté de New York, ils suivent leur boussole devenue folle et atterrissent à Mexico. Le « vrai Nord » a disparu et un «faux Nord » leur a indiqué une mauvaise direction. Morrison corrigera le coup mais se perd en conjectures sur l’origine de la perturbation. Reprenant sa route vers la Californie, le moteur qui les y propulse cale et les fait atterrir d’urgence dans la Vallée de la Mort. Très vite, un cavalier solitaire (qui n’est pas Zorro !) leur explique tout. Lui, contrairement aux apparences, n’est pas un cow-boy mais le professeur Dale, concepteur d’une usine à fabriquer des bombes atomiques dont le plan lui a été dérobé par son adjoint et remis entre les mains d’un nazi revanchard, Ernst von Hauser, lequel rêve d’une vengeance éclatante . Hell ! By June !
Avec des repris de justice en goguette, von Hauser a fait édifier cette usine en plein désert, dont le fonctionnement journalier fausse les boussoles en créant un « faux Nord » et fait caler les moteurs d’avion. Mais seulement de jour, car la nuit, comme tout le monde dort, la machinerie s’arrête.. Avec Dale pour guide, Morrison et cie s’introduisent dans la place, détraquent le fonctionnement de l’usine, programmant l’éclatement de quelques bombes atomiques, et se sauvent dans leur avion super-puissant. L’explosion qui suit n’est pas anecdotique puisqu’elle dégage une radioactivité sur la région pour au moins six mois ( !) et fait trembler la terre alentour (d’où le titre de l’épisode). Evidemment , von Hauser y a laissé sa peau : il ne manquerait plus que les nazis gouvernent le monde !
Encore un épisode brillamment conçu et rédigé par le Capitaine Ricardo.
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Les Naufrages De Paris - Par BenF
Une épidémie détruit le papier. L’éditeur Veyrier s’en rend compte rapidement lorsque des rouleaux de papier se déchirent sans arrêt. Au départ, la menace n’est pas prise au sérieux, les techniciens incriminant l’humidité de l’air ou la trame du papier. Le phénomène s’amplifie pourtant touchant toutes sortes de papier jusqu’au jour fatidique de juillet ou l’ensemble du papier utilisé en France se dégrade spontanément: livres, journaux, magazines, actes officiels, mandats, lettres, se liquéfient en une pâte grise.
Le clan Veyrier, en bourgeois prévoyants, sent la catastrophe se concrétiser sous la forme d’un effondrement de la société. Veyrier envisage donc de se trouver un abri sûr en attendant la fin de l’orage. Une propriété située dans la campagne, en Ardèche, formera sa base secrète. Comment y arriver? Il lui faut d’abord convaincre Lucienne, sa secrétaire avec qui il entretient une relation, et sa fille Sonia, réticente et amoureuse de Tyrosse, le musicien. Rapidement, tout bascule dans l’anarchie. L’activité économique se ralentit puis s’arrête. Les échanges commerciaux ne se font plus. Des grèves éclatent. La disette apparaît en ville, alors que des stocks alimentaires pourrissent ailleurs. Les gens, en majorité, restent chez eux en proie à un malaise profond et les rues sont de moins en moins sûres.
Sonia, en traversant Paris de nuit pour avouer son amour à Jacques Tyrosse, et vivre avec lui, manquera de peu de faire les frais de la violence urbaine, alors que Lucienne se fera accoster par un jeune homme qu’elle ne connaît pas et qui souhaite vivre avec elle, puisque, selon lui, les temps ne sont plus à l’hésitation. Lucienne, d’abord agacée, finira par céder à la forte sollicitation et dorénavant elle, et Pierre Legros, resteront ensemble pour la vie.
Les clivages comportementaux deviennent de plus en plus marqués. Veyrier songe avant tout à sauver sa peau, à peine libéré par ses ouvriers qui l’avaient séquestré en son usine. Quant à Sonia et Tyrosse, ils pensent venir en aide aux miséreux de la capitale en s’engageant dans une sorte d’armée du salut qui apporte à domicile la soupe populaire. Même cela se défait car la France a été mise en quarantaine par les USA qui ne sont pas atteints par l’épidémie. Veyrier a du mal a convaincre les siens de partir avec lui:
"Bien entendu, les villes sont devenues d’autant plus inhabitables qu’elles étaient grandes et pourvues de tous les avantages de la civilisation. Heureusement, en France, la plupart des citadins ont gardé des attaches à la campagne. Cela ne veut pas dire que tout s’arrange facilement, mais pas mal de gens arrivent à se faire héberger. Il y a aussi les camps, où règne, paraît-il, une espèce de communisme. Bref, ceux qui ont un refuge campagnard assez confortable doivent s’estimer heureux, et, si vous voulez mon avis, plus tôt nous aurons gagné le nôtre, mieux cela vaudra. "
Finalement les voilà aux portes de la capitale dans une puissante voiture, avec toutes leurs affaires. Ils n’iront pas loin. Le système central, en s’effondrant, a laissé les coudées franches aux chefs locaux, anciens maires, militaires en retraite ou non, notables, qui imposent leur échelle de valeurs. Près d’Orléans, ils tombent dans un guet-apens dressé par des déserteurs mais des militaires locaux les tirent du pétrin. Pas pour très longtemps puisqu’on leur confisquera leur voiture:
" Que vous connaissiez ou non le général Ducastillon, monsieur, cela m’importe peu. Le général Ducastillon fait ce qu’il veut dans sa région. Mon domaine à moi s’arrête juste au-delà de la Loire et le reste ne m’intéresse pas, j’ai assez à faire ici. Je vous reçois parce que je ne suis pas un sauvage, mais je voudrais que vous compreniez qu’il y a deux choses qui me sont aussi précieuses que la vie: premièrement, mon temps, deuxièmement, l’essence. "
Ils repartent à pieds, avec leurs valises. Partout ils se heurteront à l’indifférence et l’égoïsme des autres, alors que leurs orteils sont si douloureux et qu’ils sont si fatigués... Proches du désespoir et de l’abandon, ils effectuent une dernière tentative dans une ferme. A peine ont-ils eu le temps d’être menacés par le fermier que celui-ci est agressé à son tour par une bande de malandrins arrivés en auto, qui leur volent tout, notamment les lingots d’or, et, avant de s’enfuir, tirent sur Tyrosse. Celui-ci agonisera sur le bord de la route, entourés par les siens impuissants.
Un couple de bons samaritains s’arrête. Elle est médecin, lui ingénieur. Décidés de se mettre au vert dès le début de la catastrophe, ils ont emménagé dans une ferme où nos héros pourront se remettre à flots.Enfin guéris, psychologiquement et physiquement, ils reprennent la route et atteignent leur refuge au Rousset dans la Creuse où déjà règne Madame Veyrier. Cette aventure les a beaucoup changés. Ils comprennent à quel point les anciennes valeurs culturelles, sociales, morales ont disparu et que pour survivre dans le tourbillon rien ne vaut de cultiver la terre, de vivre en famille, de prier Dieu comme l’a dit si souvent le Maréchal.
La bonne nouvelle leur tombera du ciel sous la forme de tracts largués par un avion, annonçant l’éradication de la bactérie papivore par les Américains:
" L’avion vira et revint, plus bas encore. Il passa au-dessus de la vigne en vrombissant de son vieux petit moteur, et redressa au-dessus de la prairie. Et là, juste en redressant, il laissa tomber sa neige. D’abord cela ressembla à un oiseau blanc surgi juste au-dessous de lui, à plusieurs colombes voltigeantes, puis elles s’ouvrirent et furent ces flocons, ces innombrables flocons blancs. Ils descendaient lentement en tournoyant et en s’éparpillant, et les hommes et les femmes qui les regardaient sentaient battre leur coeur. L’avion avait de nouveau viré et il s’éloignait. Les flocons de papier descendaient en tournoyant et en grossissant, chacun était un rectangle blanc, éblouissant au soleil, éblouissant comme les villes blanches et les robes de mariées, comme la pierre des statues, comme la blancheur sur laquelle l’Humanité écrit son histoire. "
Un récit qui se rattache à la catégorie de "la disette d’éléments " où l’auteur se pose la question d’école: que se passerait-il si ?... En ce cas, c’est la disparition du papier qui est à l’origine d’une dissolution sociale, un événement possible au moment de l’écriture du roman (1957), époque non encore informatisée. La chute de la société y est analysée dans la veine de " Ravage ", vue à travers les yeux d’un petit groupe de bourgeois réactionnaires, affligés par la disparition de leur morale, pétris par les conventions sociales et mus par un égoïsme sans nom.
On pressent que l’auteur aimerait bien mettre un nom sur la cause du désastre mais que, plus avisé que ses émules des années 20, les Bessières et les Pierre Dominique, il préfère laisser planer le doute...
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Si Lord Killyett n’avait pas été si plein de morgue à l’égard de Maxime-Jean Darnozan, rien ne se serait produit. Mais il se trouve que Darnozan, jeune Français robuste et intelligent, ayant sauvé du naufrage le « Lapwing » sur lequel se trouvaient Lord Killyett et sa fille Héléna, non seulement essuya le mépris de ce dernier mais encore se vit refuser la main de sa fille , Lord Killyett se pinçant le nez devant la roture.
Maxime-Jean, de caractère fier et ombrageux, promit de se venger et de faire plier l’obstiné vieillard, en déclarant la guerre à l’Angleterre. Son projet, chimérique à première vue, fut soigneusement élaboré.A son arrivée en Amérique, il consulta un banquier qui lui accorda un prêt pour démarrer son entreprise. Il réunit une quarantaine d’aventuriers prêts à risquer leur vie pour parfaire leur fortune. Des meilleurs, il en fit ses lieutenants : Pontins, Kasaloff, Kellner, Lamanon, qui jouèrent un si grand rôle dans la conquête du pouvoir. Il sut également se faire respecter et éliminer les profiteurs et les instables.
En leur dévoilant son projet de conquête, il leur indiqua la première étape à atteindre, celle de se procurer l’armada navale de base en l’empruntant à l’Angleterre même, par d’audacieux coups de mains, partout dans le monde, et de garnir ces cuirassés de marins habiles aptes à en découdre :
« -Vous, Pontins, quel compagnon voulez-vous ?
-Je demande à opérer seul
-Comment ferez-vous ?
-J’irai chercher à Salé, sur la côte du Maroc, trois ou quatre mille gaillards qui s’ennuient joliment depuis une quinzaine d’années, et qui viendront pour rien »
Sa fortune ayant été augmentée par le don inattendu d’Ata-Capac, authentique descendant des rois incas, Maxime-Jean officialisa son entreprise :
« Je veux fonder l’Empire des mers. Je veux que toutes les îles du globe nous appartiennent un jour. L’Angleterre, qui avait acquis la plus grande puissance maritime du monde, a joué naguère une comédie infâme pour s’emparer de l’isthme de Suez, qu’elle convoitait depuis longtemps. Elle s’est moquée de l’Europe. (…) L’Europe ne regimba pas. Eh! bien, messieurs, ce que l’Europe n’ose pas faire, nous le tenterons, nous, avec l’aide de Dieu. Nous attaquerons l’Angleterre sur son terrain favori, sur toutes les mers ; nous la battrons, c’est du moins mon espérance ; nous la diminuerons, nous la détruirons, et nous aurons ainsi accompli le plus grand acte de justice des temps modernes.»
Se proclamant roi de Pola, Maxime-Jean Ier, basé sur l’île de Perim, envoya en Angleterre son ministre plénipotentiaire Boilucas pour exiger une entrevue avec Gladstone :
« Toute l’Angleterre fut prise d’un rire inextinguible quand le Times révéla au monde que le roi de Pola, en sa qualité de souverain océanien, prétendait avoir quelque droit au règlement des affaires d’Egypte et surtout du canal de Suez.»
Il prépara donc une opération de vaste envergure avec pour cible les arsenaux de Woolwich où se construisait la flotte anglaise. Au moyen d’aérostats qui lui permirent également de s’échapper, il les fit incendier. Le Premier ministre anglais écuma de rage et promit de venger l’affront. Sa colère s’accentua quand il apprit, que partout dans le monde, les vaisseaux commerciaux anglais étaient pris pour cible, attaqués et pillés, menaçant la suprématie anglaise dans le cadre du commerce international. La population anglaise accusa les Irlandais d’être de mèche avec l’aventurier.Le coup le plus dur fut asséné à Gibraltar où Maxime-Jean enleva deux vaisseaux avec leurs équipages, orgueil de la flotte anglaise, puis il établit sa base près de Madère, attendant la réaction anglaise.
L’amiral Hopkins commettant l’erreur de sous-estimer son adversaire lors de la bataille de Pontevedra, et par une tactique militaire et navale supérieure, la flotte de l’Empereur des mers coula les navires anglais.Le succès de l’aventurier entraîna un nouveau jeu des alliances en Europe; alors que la France resta en une stricte neutralité, l’Espagne prit parti pour l’Angleterre et l’Italie pour l’Empereur des mers, escomptant un substantiel profit dans cette affaire.
La lutte continua. Chypre est enlevée, les navires de Maximilien-Jean semblent partout, dans le canal du Mozambique, dans les Antilles où Haïti, la république Dominicaine, Madagascar seront investis par Kellner et Smith. En Angleterre l’on vota des crédits massifs pour venir définitivement à bout du trublion ; une flotte moderne sera mise à l’eau, commandée par l’amiral Beauchamp Seymour. Elle cingla vers Gibraltar dans le but de pénétrer en Méditerranée dont l’accès était gardé par les « tortues » de Maxime-Jean :
« S’inspirant, en la rendant pratique, de l’idée qu’a eue, il y a vingt-cinq ans, l’amiral russe Popoff, il avait demandé aux ingénieurs américains de lui construire d’immenses bâtiments entièrement ronds, d’un diamètre de quatre cents mètres environ, pouvant contenir dans leurs flancs une garnison considérable, couverts d’un toit en acier d’une épaisseur prodigieuse et bâti en dos de tortue, de façon à ce que les obus ennemis ne fissent que ricocher sur cette glissante carapace. »
Douées d’une force de frappe prodigieuse, appuyant le reste de la flotte polane, les tortues s’opposèrent avec efficacité aux nouvelles armes anglaises, navires en forme d’obus destinés à accrocher l’ennemi, bateaux-volcans en forme de cigares. Rien ne put venir à bout de l’arme secrète de l’aventurier :
« Jamais on ne vit pareille fureur dans l’attaque, ni semblable vigueur dans la défense. Chacune des tortues s’entourait à chaque minute d’un cercle de feu et vomissait d’épouvantables projectiles. »
Finalement, le reste de la flotte anglaise dut se replier dans un port espagnol. En Angleterre la fureur redoubla. Partout, de par le monde, l’on rappela les unités anglaises et sur terre les réservistes. La bataille maritime dite des Trois-Jours allait décider du sort de l’Angleterre. A nouveau devant Gibraltar, se rencontrèrent les deux formidables armadas :
« Des béliers furent lancés contre les cuirassés du roi des Iles et allèrent les ébranler dans les profondeurs de leur carènes, pendant que les obusiers envoyaient en l’air de formidables poids. »
La réponse ne se fera pas attendre :
« Presque au même instant, une espèce de radeau qui n’avait l’air de rien, et qui sortait aussi des flancs du Vésuve, s’avançant entre les deux flottes se dirigea vers l’endroit où se tenaient les torpilleurs et les petits navires de guerre. (…) Les Anglais tirèrent dessus avec rage, mais l’autre avançait toujours. Il aborda par tribord un cuirassé de station, et l’on vit, tout à coup, de grands bras de fer se dresser en l’air automatiquement et s’abattre sur le bâtiment qui fit de vains efforts pour se soustraire à cet embrassement terrible ; puis on entendit une explosion, un déchirement effroyable, et tout s’effondra pour disparaître, brûlot et cuirassé, dans la mer. »
La bataille devint décisive à la fin des trois jours, par l’héroïque sacrifice de Pontins et l’admirable percée de William Smith, qui, séance tenante, devint Duc de Gibraltar.
A cette catastrophe répondit la chute du ministère Gladstone. Toutes les îles de la Méditerranée tombèrent dans l’escarcelle de Maximilien-Jean, la géopolitique de la région fut bouleversée, ainsi qu’en Asie, où les place-fortes anglaises furent réduites les unes après les autres :
« Dans la mer des Indes, et au même moment, Lamanon, comme contre-amiral, Joshua Klett et Prytz comme généraux d’armée, attaquaient successivement les Philippines, les Célèbes, les Moluques, Bornéo, Sumatra, Java, la Nouvelle Guinée, et parvenaient à installer partout des garnisons composées d’Indous et de Malgaches, de Malabars et de Malais. »
Alors que le roi des îles réclamait son dû, soit la main de Lady Héléna, l’Angleterre joua sa dernière carte en fomentant des sabotages sur les navires de l’Empereur, allant jusqu’à la tentative d’assassinat sur sa personne même, tentative qui échoua. L’idylle, rendue enfin publique, divisa les Anglais. Les uns, accusant Lord Killyett de haute trahison voulurent le forcer à céder, les autres - en majorité des femmes - trouvèrent une telle situation si romantique :
« Il n’est donc pas étonnant que le cœur ratatiné de toutes les vieilles misses dont la fatale destinée est d’être vouées au célibat se soit agité, sous la cendre, en faveur de ce galant marin qui bouleversait l’univers entier et ruinait totalement un peuple puissant, par l’unique raison qu’il était amoureux d’une héritière. »
Lady Héléna, elle aussi se montra sensible à l’appel du Napoléon des mers. Une rencontre fortuite à Paris entre les deux tourtereaux décida Maximilien-Jean d’envahir l’Angleterre afin que son mariage soit béni par l’Archevêque de Dublin. L’Irlande investie – et qui ne demandait qu’à l’être, les navires du roi des Iles acheminèrent en divers endroits de la côte anglaise les vagues d’invasion qui toutes devaient converger vers Londres. Bousculant les ultimes lignes de défense mises en place dans la hâte, cheminant avec rapidité, les armées de Maximilien-Jean réalisèrent sa promesse, scellant le sort de l’Angleterre pour les années à venir à cause de l’obstination d’un vieil homme cacochyme.
Ouvrage original, d’une écriture passionnée et frémissante, rempli de fureur et de bruit, « les Malheurs de John Bull » est l’un des meilleurs romans anti-anglais de l’époque. Dans un post-sciptum l’auteur explique son animosité envers la «perfide Albion » qu’il accuse de mépriser les autres nations. Prenant une revanche fantasmée sur la réalité historique où fut vaincu le véritable Napoléon, Camille Debans invente aussi des engins extraordinaires – proches de ceux de Robida - qui assureront le succès de son héros. Un récit qui mériterait d’être réimprimé.
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Attention, chef-d’œuvre ! Voici une chanson qui dénonce toutes les guerres, passées ou futures, toutes les invasions, présentes ou à venir, toutes les spoliations, celles de jadis et celles de l’avenir. La figure archétypale du loup avec son comportement en meute renvoie aussi bien à celui des nazis qu’à celui de toutes les troupes d’occupation. Ancrée dans la réalité historique de l’invasion de la France par les Allemands et de l’occupation de Paris, elle s’ouvre aussi sur un temps mythique, un Ailleurs barbare, un monde d’avant le désordre où « le rire d’Elvire » se fige en une grimace affreuse. Les causes de la catastrophe sont connues, telles que la lâcheté, l’irresponsabilité, l’abandon de tout valeur :
« Les hommes avaient perdu
le goût de vivre
Et se foutaient de tout
Leur mère, leur frangin, leur nana
Pour eux, c’était du cinéma
Le ciel redevenait sauvage
Le béton bouffait le paysage. »
Le vide moral, l’égoïsme et le développement technique ouvrent des opportunités à toutes les forces obscures de l’univers, les loups» qui, lentement, répondant à leur nature archaïque, se préparent pour la curée. Ayant regardé vers Paris, de la « Germanie », de la «Croatie», profitant de la neige et du froid, du vide des rues comme de celui des cœurs, ils s’infiltrent par « Issy » (ou « Ici ? ».) Peu féroces au début, ils montrent une face de plus en plus agressive, jusqu’à envahir totalement Paris :
« Attirés par l’odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire garousse, liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France »
Le seul remède à la situation réside dans le sens du courage et de la responsabilité, dans « l’amour et la fraternité ».
Cette chanson résonne comme un avertissement, un devoir de mémoire, un glas funèbre. «Les Loups» suggère un univers de misère moral où, malgré tout, subsiste un fragile espoir. A comparer avec l’ouvrage de Calonne « Hurleville» qui apparaît de peu de consistance, malgré ses deux cents pages, en face de cette force d’évocation fantastique et sauvage
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Les Loups Dans La Ville - Par BenF
l’Europe au XXIème siècle. Un gouvernement technocratique de gauche préside aux destinées d’un pays encore paisible. Pourtant des signes de dysfonctionnement apparaissent : de l’agitation sociale et des émeutes localisées parmi les jeunes, une augmentation des vols, des crimes gratuits et de diverses autres exactions. Tout se passe comme si la société craquait aux entournures :
" On annonce la proclamation de l’état de siège en Suède où les émeutes s’étendent…. Au Caire cinq mille étudiants ont incendié l’université. Le recteur et plusieurs professeurs ont failli être massacré et la milice a ouvert le feu. Le chiffre des tués n’a pas été communiqué… En Chine, le régime a rétabli la discipline de fer de l’époque révolutionnaire pour essayer d’endiguer la vague d’anarchie. "
Le père de Luc est un paisible bourgeois , un journaliste confortablement installé dans la vie. Inquiet pour son fils, il se pose de plus en plus de questions sur sa fonction, se transformant en témoin soucieux d’une société malade.
" Ce métier me dégoûte. Mais je suis lâche et je me prostitue depuis vingt-cinq ans. La grande presse capitaliste était une usine à merde ; celle d’aujourd’hui est une manufacture d’opium. Journalistes d’hier et d’aujourd’hui : tous mystificateurs, et dont la plupart finissent par être dupes de la mystification ".
Il entreprendra un journal quotidien et raisonné des faits. Les adolescents, y compris Luc, constituent une énigme à ses yeux. Partout, ils s’affranchissent des contraintes sociales et refusent les valeurs des adultes et des bourgeois pour faire naître leur propre monde , impénétrable à d’autres yeux, dans le sang et la douleur :
" Et je revois la meute. Les cheveux en casque, teintés de couleurs insolites, rose, bleu pastel, mauve, vert d’eau. Le buste bardé d’un pourpoint fourré. Les jarrets nerveux gainés de plastique brillant. Les chevilles cerclées de bracelets. Je revois les masques de candeur cruelle, prunelles séraphiques et rides précoces. (…) D’un poignet négligent ils faisaient tourner doucement chaînes, fouets à grenailles de plomb ou matraques. "
Luc lui-même sera attiré vers sa nouvelle famille. Sa façade conventionnelle se lézarde, il déserte le foyer familial pour disparaître à jamais. Soudain la société réalise qu’elle a fait naître en son sein de véritables mutants pour lesquels la vie ou la mort n’a plus aucune importance. Les villes seront mises à sac :
" Vingt étages plus bas, la place brumeuse remue des ombres indéchiffrables et des couleurs violentes. Des vagues de son étouffés meurent au pied de ma falaise. Les monceaux d’ordures couvrent les pelouses ravagées, débordent des bassins asséchés, croulent des trottoirs jusque sur la chaussée. En arrière, la Seine luisante charrie de menues épaves. Les projecteurs des vedettes de police fouillent inlassablement les quais. La grève des Services publics qui dure depuis plus de deux mois paralyse à demi la ville qui fermente dans ses propres déchets. Des êtres furtifs et rapides hantent les hauts lieux de cette immense décharge. A eux la nuit. "
L’agitation gagne d’autant plus qu’un romancier, Quéril , dans son ouvrage « le Temps des Purs » sera le seul à saisir l’importance de la nouvelle psychologie des jeunes, et de leur radicale différence d’avec le reste du monde. Devenu bouc émissaire, il sera considéré par «l’Establishment» comme responsable d’ avoir lancé en direction des adolescents un appel au meurtre. Pour cela, il sera jugé et condamné, ce qui ne fera qu’accroître la tension qui, partout, en Europe, atteint des sommets dans la destruction des centres urbains :
" Et les loups continuent d’envahir la planète. On apprend à l’instant que la plupart des activités ont subitement cessé dans toute la Confédération d’Europe Centrale. On se bat dans les usines de Poznan et de Prague. Un début d’émeute semble avoir été jugulé à Zurich. Rome est désormais une espèce de ville-fantôme où règnent le viol, le meurtre et la rapine. Ce qu’il restait d’adultes s’est regroupé au Vatican ou a fui dans les campagnes. Dans Milan et Turin en état de siège, les attentats à la bombe ne se comptent plus "
Son fils disparu, le monde du narrateur bascule dans l’horreur complète. Les révoltes urbaines, durant lesquelles policiers et militaires restent inactifs comme s’ils pressentaient ne plus pouvoir défendre une cause déjà perdue, entraînent la société à la faillite. Par une curieuse bizarrerie, les diverses bandes d’adolescents le laissent aller à sa guise dans la ville, le gardant comme témoin fondamental de la subversion des choses ; car la mutation est maintenant complète. Une autre langue, d’autres coutumes, d’autres valeurs, d’autres comportements sont nés, impossibles à appréhender pour les adultes : c’est la fin de l’ordre social tel que nous le connaissions :
" C’est une grande chose. Font ce qu’ils peuvent les anges. Ils ont déferlé. Par toutes les rues, campagnes, usines nucléaires, centrales de photosynthèse. Se sont fait péter, brûler, radioactiver la gueule. Mais tout submergé. On fait remonter l’abîme à la surface. Tandis que moi je gratouillais la peau de la terre pour y enfouir mon songe aimé. Ont fait dégorger les profondeurs. Ont retrouvé vieilles vomissures ravalées, caillots, glaires. Qu’est-ce qu’ils vont faire de tout ça, Quoi leur reste à faire au milieu des tripes de dieu ?(…)
Ce qui mûrit, c’est la destruction de l’humanité. Une humanité qui n’a pas compris que son existence était mise en cause, même sans cataclysme thermonucléaire, par ses petites habitudes quotidiennes. "
Quelques années avant l’explosion de la révolution de mai 68, l’écrivain a su pressentir et magnifier le malaise de la jeunesse, du power flower au punks, en l’analysant jusqu’en ses dernières extrémités. Analyse aux prémisses justes mais à la conclusion erronée puisque l’expérience prouve qu’il n’y a qu’à attendre qu’un jeune vieillisse – ce qui ne tarde guère - pour qu’il devienne un « vieux » avec les valeurs qui vont avec !
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