Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Jessica Richter et Cornélia, deux sœurs, résident à Obermenzing, en Allemagne. Jessica, souffrante, prête à essayer tous les remèdes « spirituels » qui guérissent, vit avec Karli Schwöhrer qui dort toute la journée, et « un certain Michaël », n’hésitant pas, à l’occasion, à se faire faire un enfant, le petit Ménélik, par Tobias Seelewig, lesquels deviendront des personnages fondamentaux dans la suite du récit. Jessica fait aussi la rencontre d’Eugène, dit «Nostradamus Deux », un charlatan doué, enseignant les sciences spirituelles de « l’Ere du Verseau ». Cependant, ce fut Cornélia qui s’entichera le plus de cette personne et qui connaîtra une carrière fulgurante grâce à la rencontre inattendue de Jessica avec un vaisseau extraterrestre. Ces immenses engins spatiaux atterrissent un soir près de Paderborn :
« Quand quatre-vingt-huit vaisseaux spatiaux avec des Saints d’or à leur bord atterrirent le vendredi 2 janvier, par une chaude journée annonciatrice du printemps, dans le territoire mentionné, les maisons, les forêts, les clôtures, les gens et le bétail furent aplatis comme par un gigantesque fer rouge. »
Après quelques heures, l’un des vaisseaux repartit non sans avoir prélevé des échantillons de la faune et de la flore terrestre. Jessica fut témoin de l’événement et, en fouillant les ruines avec Nostradamus Deux, elle découvrit un objet extraordinaire, une sorte d’artefact bleu pyramidal qu’elle baptisera « trèfle » et qui s’avèrera être un instrument de communication pour extraterrestre. A partir de ce jour Cornélia, enseignant « l’amour extraterrestre de l’Ere du Verseau », devint célèbre et riche par ses conférences données dans tout le pays. Elle parcourut le monde avec Eugène en écrivant de nombreux ouvrages.
Un deuxième atterrissage, puis un troisième, en Autriche, mit l’émotion à son comble. Cette fois-ci, Cornélia, bien décidée à prouver la sainteté des extraterrestres, suivie d’une foule nombreuse, s’approcha du gigantesque vaisseau en susurrant des mots d’amour et de bienvenue. Ce fut sa dernière tentative puisqu’elle fut proprement décapitée par un rayon issu de l’engin. Sans le savoir, l’humanité venait de basculer dans la nouvelle « Ere du Verseau »! Le premier contact avait eu lieu en 1993. En 2011, la Terre est totalement envahie. Partout s’étaient posés des vaisseaux extraterrestres grands comme des cathédrales :
« Aux premières heures du jour (heure d’Europe centrale), les Saints d’or apposèrent sur le globe à peu près à la hauteur du cinquantième parallèle une marque au fer rouge ayant la forme d’une couronne : tous les cent ou deux cents kilomètres, il y eut une brûlure qui fit siffler la terre et transforma en fumée et en cendres tout ce qui se trouvait sous les sceaux incandescents : les hommes, les animaux, les plantes, tout. »
Les « Saints d’or » ou les « On-ne-peut-plus-Vénérables » - c’est ainsi que l’on nomme les E.T.- sont incompréhensibles, énormes, muets, luisants et roulants, et se déplacent à grande vitesse. Ils n’entrent pas en relation avec les Terriens mais les exterminent en accaparant leurs territoires. Jessica – toujours muni de son trèfle d’or, appelé « Treutling », - y entend par hasard la voix de Nostradamus Deux, enlevé par les Aliens. Cette voix lui conseille de vénérer les Saints d’or qui, lors d’une sortie d’extermination, découvrent les sabots en bois portés par un autochtone autrichien. Poussés par on ne sait quelle motivation, ils demandent immédiatement une immense quantité de ces sabots. Les Européens, ne sachant comment lutter contre les entités, accèdent à leur désir en contrepartie d’un contrat qui leur laisse encore quelques terres à cultiver. L’intermédiaire privilégié et obligé entre les extraterrestres et les habitants d’Obermenzing est un certain Seelewig, dont le (supposé) fils Ménélik note les faits et les gestes .
Sous la pression étrangère, l’humanité a fondu. Il reste encore de par le monde quelques cinq cents millions d’êtres humains menacés également par l’effet de serre et la montée des eaux :
« A partir de cette époque, nous vécûmes au sein d’une communauté qui ressemblait à la fois à une forteresse assiégée, à une petite bourgade médiévale et à un îlot perdu au milieu du chaos. Comme les médias disparaissaient, les gens perdaient la vue globale des choses (…) Notre «village» fortifié compta tout d’abord cinq à six mille habitants, plus tard, quelques autres « villages » de ce genre, à l’ouest de l’ancienne Munich, se joignirent à nous pour constituer finalement une ville moyenne comptant quelque vingt mille habitants. « Village fortifié » n’est pas simplement une métaphore ; peu à peu on construisit effectivement autour du Grand-Menzing une enceinte surveillée jour et nuit. A l’extérieur, la violence et la peste faisaient rage. »
Ménélik, maintenant adulte, continue la relation des événements. Deux camps d’extraterrrestres se partagent la terre, les Saints d’or bleus en Europe, les « Violets » en Amérique, deux clans antagonistes. Les Bleus refusent que les Violets poussent plus avant leurs conquêtes territoriales. S’étant avisés que la seule arme terrienne susceptible de les anéantir était le bruit, ils chargent les habitants d’Obermenzing, sous la conduite de Tobias Seelewig, d’anéantir les Violets infiltrés dans la haute vallée du Rhin. Grâce à la « sirène atomique », un engin humain inventé à l’occasion et qui produit un son terrifiant, les hommes font littéralement « fondre » les Saints d’Or envahisseurs qui abandonneront la région. En contrepartie, les vainqueurs, dans leur réserve d’Obermenzing, seront choyés par les «Bleus » qui leur distribuent de la nourriture ainsi que des Treutlings, appareils agissant sur le cerveau humain à l’instar de drogues mais qui font tomber l’utilisateur en poussière au bout de quelques années :
« Certes, la pollution de l’environnement diminua et il n’y avait plus de plastique. Les nuits de pleine lune étaient longues et romantiques, et quand une jolie fille en jupe courte traversait la rue, tenant une cruche à la main gauche et une lanterne dans la main droite, pour aller chercher une bière à la buvette – peut-être pour son amant épuisé-, c’était un spectacle charmant. Mais quand un incendie se déclarait, comme c’était parfois le cas, et que les puits étaient vides, quand on entendait les hurlements d’un violeur que l’on éventrait sur la Steuber-Platz ou d’un voleur de petits pains auquel on coupait la main, quand les latrines, par temps lourd, répandaient leurs émanations nauséabondes et quand, comme chaque année, le grand fléau des mouches vertes s’abattait sur Grand-Menzing, les choses étaient très différentes. Les charmantes vitres en culs-de-bouteille des petites maisons de la Kemnahten-Strasse étaient ravissantes, mais quand un arracheur de dents opérait sans anesthésie et que les hurlements de son patient s’élevaient bien haut au-dessus du parc du château, ceux qui se souvenaient encore du bon vieux temps se disaient qu’il aurait tout de même été préférable que les Saints d’or ne vinssent pas nous « sauver ».
La situation reste critique dans la réserve à humains. Hormis la fabrication des sabots en bois, l’économie a disparu, la médecine remplacée par un chamanisme dégradée dont Jessica est la grande-prêtresse. Sous la tutelle de Seelewig, les humains filent doux sauf Burschi, le contestataire, qui suggère d’essayer la sirène atomique contre les Bleus, «ceux-là de là-bas qui nous ont volé nos terres ». Avec une bande de révoltés extérieurs à Menzing, il vole la sirène et entreprend une campagne victorieuse contre les Saints d’or. Rolff, le correspondant extraterrestre de Seelewig, affolé, demande aux humains « fidèles » d’éradiquer le péril, leur confiant l’arme à « rayons oranges découpeurs ». Burschi et les siens seront exterminés. Pour fêter l’événement, grande distribution de Treutlings. Quant à Seelewig et famille, ils accèdent à un statut de commandement privilégié.
En 2035, il ne reste plus que quelques centaines d’humains sur Terre, tous réunis dans le village d’Obermenzing, dont Ménélik et Jessica, maintenant vieille et toujours souffrante. Pour éviter à jamais toute révolte, les derniers humains, parqués dans le « zoo Menzing » devront avoir une jambe coupée, sauf Seelewig, évidemment. Ménélik, choyé par Jupp le remplaçant de Rolff, sera le dernier terrien. Il aura pour mission de relater le plus sincèrement possible, à l’usage des extraterrestres, ce qu’a pu être la civilisation humaine du temps de sa splendeur :
« Pendant un certain temps, je ne remarquai même pas que j’étais le dernier homme en vie. C’est lorsque six semaines eurent passé sans que j’eusse vu un unijambiste ou une femme que je commençai à m’inquiéter et que j’inspectai toutes les maisons les unes après les autres.Je criai, mais il n’y avait plus personne pour me répondre.
Récemment, j’ai rêvé que Mara était revenue. Elle avait onze ans et disait qu’elle continuait à rêver le monde, que je pouvais être assuré. Mara était âgée de plusieurs centaines d’années et elle était complètement nue. Elle portait le chapeau rouge puceron de tante Jessica. Dans mon rêve, Mara me dit qu’elle avait cessé de rêver les Saints d’or. Le monde n’est qu’une chimère argentée sortie des rêves de Mara. Je suis rassuré. »
Un récit grinçant, dérangeant, burlesque, révolutionnaire, relatant sous la forme d’une immense métaphore, la rencontre des Européens avec les Américains primitifs, et ce qui en résulta. Avec un style foisonnant, baroque (même en traduction, ce qui donne à penser de l’original), l’auteur s’attaque aux tares humaines : l’égoïsme, les jeux de pouvoir, les fausses religions et les combinaisons méprisables. Un récit à mettre en parallèle avec celui de Silverberg « le Grand Silence ». Une réussite !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 229 vues
-
Deux savants archéologues du futur en provenance du phalanstère atlasien universellement connu, sont à la recherche du site de Paris. Denis Zabulon et Jérémie Artémias, descendants de vaillants découvreurs dans l’art de se faire la guerre, traversent en « steam-table le ruisseau qui sépare l’Afrique de l’ancienne France ». Eblouis, ils découvrirent :
« du haut des airs quatre-vingt kilomètres de ruines moussues, lesquelles, d’après leurs calculs, devaient appartenir à l’ancienne capitale de la France, nommée Paris, selon les uns, et, selon les autres, mieux instruits, Parigi ou Lutétia, mot qui signifiait dans une ancienne langue, boue. »
Avec les « aides-famille », ils dressent leurs tentes près des ruines de l’arc de Triomphe. L’approche de la défunte cité est malaisée à cause d’une vaste forêt de lianes, ce qui les mène à un temple grec ou romain. Ils y découvriront une mosaïque que Zabulon date de 1848, soit de la plus haute antiquité. A partir des tronçons de phrases (les restes de l’inscription figurant au fronton de l’église de la Madeleine), qu’il interprète comme « Madeleine a trouvé un mari sous sa maison », il démontre que ce temple était dédié à la vertu domestique. Donc, contrairement à ce que prétendent certains historiens concurrents, les mœurs de cette époque étaient loin d’être corrompues.
Plus loin, ils tombent en arrêt devant une colonne (la colonne Vendôme) où le nom de « Nea Polion » démontre à coup sûr qu’elle avait été érigée à la gloire du général « Nea Polio », celui qui termina la guerre commencée par Germanicus. Elle daterait de 1805 et prouve également que la langue latine était encore usitée à Paris en ce temps-là. Enfin, ils exhumèrent la preuve d’un passé depuis longtemps disparu à cause , notamment, du sage roi Spirigh qui, en 3235, fit incendier tous les livres pour que la terre n’étouffe pas sous leur poids :
« La terre était sur le point de n’être plus habitée que par des livres ; les insectes et les animaux rongeurs qui vivent des papiers imprimés, se multipliaient d’une manière effrayante, et il aurait bientôt fallu que l’homme abandonnât les villes aux bibliothèques et aux vers. Le sage roi Spirigh, le conquérant éclairé des trois parties du monde, a donc rendu un véritable service aux hommes en livrant au feu ces innombrables montagnes de livres, qui ne servaient plus qu’à infecter l’atmosphère ; car ils étaient devenus si nombreux que leur masse formidable décourageait la science et l’instruction. »
Ainsi administrèrent-ils la preuve qu’au XIXème siècle l’on parlait un latin dégénéré sous des rois habillés en César. La découverte d’une statue en bronze (le cavalier de Louis XIV place des Victoires) incite pourtant les deux savants à la prudence. Le personnage est identifié sans erreur possible comme étant une représentation de l’empereur Adrien, mais pourquoi cette perruque ? La seule déduction possible est que :
« les peuples qui ont habité ce pays devaient tous porter d’énormes perruques pour défendre leurs têtes contre une atmosphère toujours humide ou glaciale. »
Car les monuments n’ont pas été détruits par violence, ils ont fondu sous un déluge universel en ce pays de froid, de neige et de glace. La fontaine (de Jean Goujon au Marché des Innocents) leur parle des nymphes et du paganisme puisque le christianisme n’était pas connu à Paris à cette époque. Les ruines de l’ancienne école de Droit, du côté du Panthéon, les confortent en cette théorie :
« - Oh ! s’écria Zabulon, voilà qui est décisif ! regarde à tes pieds, frère Artémias ; ceci est une plaque de marbre détachée d’une muraille de ce monument voisin, élevé autrefois en face du Panthéon. Lisez ces deux mots : JUS ROMANUM. 1853 – Jus romanum ! dit Artémias en croisant ses mains par-dessus son front. En 1853, Paris était gouverné par le droit romain ! Les pères y coupaient la tête à leurs enfants, et l’esclavage n’y était pas aboli ! Grand Dieu, que la terre a été longtemps acharnée dans ses erreurs. »
Ayant engrangé un savoir incomparable, après une escale à « Marsyo » ou « Marsalia », en des ruines disposées en face d’Alger, ils reviennent, triomphants, chez eux. Zabulon, qui appartient à la « Société du Portique des Amis de la Vérité » produit sa prestation devant ses pairs. Il a pu démontrer que les ruines de Paris sont les derniers témoins d’un lieu exécrable :
« Figurez-vous un océan de boue noire, soulevé en vagues énormes par la tempête et subitement glacé dans sa folle insurrection. L’œil a de la peine à distinguer la maison du citoyen de la demeure des rois et des dieux. Une teinte uniforme couvre ces collines artificielles et l’air n’y sonne d’autre bruit que la plainte continuelle des gouttes d’eau sur les feuilles, et le croassement des corneilles qui tourbillonnent dans le brouillard.»
Ce qui explique le paganisme de ses habitants qui auront vécu « à l’ombre de la mort et de l’erreur ». Les savants se félicitent de vivre à leur époque, si lumineuse, si agréable, comme ils le chantent par cent mille voix reprises en refrain:
« Frères, chantez ! voici les temps prédits ;
Dieu, sur la terre, a mis le paradis. »
Une nouvelle peu connue d’archéologie fantaisiste rejoignant les textes du Dr. Mettais (An 5865), de Henriot (Paris dans 3000 ans), de Béliard (Découverte de Paris), de Bonnardot (Archéopolis) et, plus récemment, de Mc Aulay (la Civilisation disparue) ou de Waydelich (Mutarotnegra). L’impact sur le lecteur en est toujours aussi fort et la leçon évidente, incitant à la prudence dans le cadre de la restauration historique basée sur des ruines pénétrées de mystères.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 329 vues
-
Une première lettre envoyée par l’Amiral Quesitor au Ministère de la Marine relate la découverte de Paris. Partie de Nouméa, l’expédition archéologique jeta l’ancre de ces trois vaisseaux dans une baie immense et sûre, à proximité des ruines de Paris, prouvant déjà la montée des eaux qui avaient englouti ces côtes primitives. Ils furent accueillis par les autochtones, curieux, sympathiques, fiers de leur cité, mais barbares et attachés à leur sol, doués d’un intérêt viscéral envers la politique :
« Il y a d’ailleurs bien d’autres difficultés à résoudre pour organiser le pouvoir chez une peuplade où tout le monde brûle de commander, et où personne ne consent à obéir. Les plus modestes rêvent une fonction publique, qui leur livre au moins quelques subalternes à gouverner ; mais tous, même les plus misérables et les plus ignorants, se croient parfaitement aptes à régir la tribu, parlent à tort et à travers des affaires de la cité, émettent des idées, des théories, des principes aussi insensés que disparates, et ne les voyant pas adoptés, se sentent envahis par un impérieux désir de révolte. »
D’après Quesitor, ce sont les descendants des Français d’antan. Accompagnés par les naturels, il se rend au sommet d’une petite colline pour avoir une vision complète de la cité antique :
« C’était bien Paris, nul de nous n’en douta, ces ruines grandioses étaient bien le tombeau de la reine du vieux monde. Sa tête orgueilleuse plane encore au-dessus de ces espaces désolés.
Dans une vallée, dont nos yeux pouvaient à peine embrasser l’étendue, se dressaient pêle-mêle des dômes, des colonnes, des portiques, des flèches élancées, des combles immenses, des frontons, des statues, des chapiteaux, des entablements, des crêtes, des corniches ; et à notre gauche nous voyions se profiler, fier et hardi sur le ciel noir, le couronnement de l’arc triomphal élevé par un des derniers Poléons de la France à la gloire de ses armées. »
Le déblaiement des ruines aussitôt commencé avec de grands moyens amena son lot de découvertes et de fausses interprétations, les restes de la flore et de la faune prouvant que l’endroit était jadis fortement habité. Des statues furent mises à jour comme celle du Laocoon, et les hardis explorateurs s’attachèrent à relever l’arc de Triomphe au bout de « l’Avenue des Chefs Illustres » » (les Champs Elysées). La découverte de l’obélisque entièrement engravée d’une écriture inconnue les plongea dans la perplexité. La lettre de Quesitor provoque la constitution d’une séance de «l’institut de Calédonie ». L’enthousiasme sera immense et la discussion acharnée autour de la nature d’une statue féminine découverte, appelée "la République". La conclusion de l’Institut fut sans appel. Il s’agissait « d’une Minerve qui a été fondue dans la ville d’Orléans sous le gouvernement de la Reine République ».
On attribua aussi la médaille d’honneur aux hardis navigateurs. Pendant ce temps, à Paris, la curiosité des indigènes se fait de plus en plus vive à l’égard des étrangers dont ils ont assimilé les principes politiques et les institutions :
« Nos institutions politiques leur sont aujourd’hui connues dans leurs moindres détails, et ils les critiquent tout haut. Chose étrange, dès qu’ils abordent ce sujet, la passion les emporte et la raison semble les abandonner.Ces barbares, absolument étrangers, il y a quelques mois, à notre organisation sociale, sur ce point encore nous proposeraient volontiers des perfectionnements ; ils ont déjà à nous offrir deux ou trois systèmes complets, plus insensés les uns que les autres, et qui renversent toutes les idées reçues en matière d’impôts, d’instruction publique, de religion, de franchises municipales, etc…, etc…. Ils seraient enfin charmés de nous voir adopter le principe fondamental de leur gouvernement, qui consiste à changer de chef le plus souvent possible. »
Pourtant les fouilles continuent, livrant d’abondants trésors comme cette magnifique Vénus sans bras qui fut attribuée au sculpteur du XVIème siècle, « Karpeau », ou la Mairie du Louvre qui fut reconnue comme un bâtiment dédié à « la Sainte Marie du Louvre ». L’exhumation de deux fioles et d’un bouchon prouvèrent que les Français de l’époque participaient grandement à des libations, surtout à l’époque de la dynastie des « Poléons » dont une médaille votive prouva sans contestation possible le règne.
La dernière lettre de Quesitor sera alarmante et terrible. Il dit que ses marins se sont mutinés en faisant cause commune avec les natifs, fraternisant dans leur idéal de liberté. Les mutins le convainquirent aussi de se joindre à eux sans qu’il ne perde rien de ses titres ou prérogatives. L’amour de la politique chez les barbares avait contaminé les explorateurs:
« Ma dépêche d’hier a été interrompue par la visite de notre nouveau chef. Il venait me développer les idées politiques qui serviront d’assises à son gouvernement, et m’exposer les réformes sociales qu’il médite. Quelques-unes m’ont paru, en réalité, fort sensées, fort urgentes même ; car, à bien des égards, les bases sur lesquelles repose la société moderne sont barbares, injustes et heureusement vermoulues. Je n’ai donc pas cru devoir lui refuser mon concours et l’appui de ma longue expérience .D’ailleurs, à moins de regagner Nouméa à la nage, force m’est bien de demeurer ici, puisque tous mes marins m’ont abandonné et que l’on a confisqué ma flotte. »
« les Ruines de Paris en 4875 » forment une courte nouvelle par lettres , une étude fine et ironique de la difficulté à établir la vérité historique et une critique des moeurs politiques du régime impérial en un style d’une grande virtuosité.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 338 vues
-
Les Ruines De Paris - Par BenF
" Ce qui fut l’île de la Cité, le berceau de Lutèce, le centre de Paris, n’est plus qu’un amas confus de pierres éboulées que la mousse recouvre. Des chênes, robustes et forts, ont éventré les voûtes; les lézards se chauffent au soleil sur les autels de Notre-Dame. Les deux grosses cours démantelées, échancrées, à demi effondrées, élèvent encore au-dessus des fourrés épais leurs squelettes déchiquetés. Un pan de muraille se soutient encore, appuyé sur un arc-boutant qui repose dans un taillis, et troué par les hautes fenêtres dont les ogives se sont affaissées.
De temps en temps un bruit sec éclate dans le grand silence, effarouchant les lézards et les couleuvres, seuls bêtes de ces ruines. C’est une pierre qui se détache, laissant un trou béant, et qui vient rejoindre sur le sol verdoyant les autres pierres, ses soeurs. Les vieux piliers trilobés de la cathédrale se sont couchés, pareils à des géants de granit fatigués du lourd fardeau porté pendant des siècles.
A terre gît tout ce peuple de dragons, de goules, de hiboux, de démons, nuée sinistre qui s’était abattue sur l’église gothique. A demi brisés, ils dorment dans les hautes herbes, peu à peu recouverts, ensevelis par la marée montante des ronces et des broussailles."
Enumérant les divers monuments connus de Paris, Notre-Dame, le Panthéon, l’Arc de Triomphe, l’auteur les décrit tels qu’en son imagination la végétation les transforme.
Dans la plus pure tradition de la poésie romantique établie par Volney, Clarétie précède l’architecte Speer qui, par la présentation d’une maquette, a enthousiasmé Hitler avec sa vision d’un Berlin futur. Une description touchante et fugace de la grande métropole française.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 401 vues
-
Les Rives Du Crepuscule - Par BenF
En un futur lointain, la Terre qui a cessé de tourner, présente une large frange crépusculaire et deux faces, l’une au jour éternel, l’autre à la nuit. L’espèce humaine, clairsemée, car il ne subsiste plus que deux cents individus, habite dans de somptueuses villas, à la technologie raffinée, éparse dans les différentes zones :
" Le soleil éternellement au zénith brillait sur la mer. L’étendue d’eau bleue et libre de marées était parfaitement immobile. La plage blanche qui montait jusqu’à la maison était déserte, comme toujours ou presque. Sur la Terre diurne, les gens vivaient loin les uns des autres. Leurs demeures étaient autosuffisantes et les transports rapides. Les villes n’avaient aucune utilité. Ce qui s’en rapprochait le plus, c’étaient les quelques bâtiments qui abritaient naguère les bureaux administratifs . "‘
Mais une maladie mortelle la ruine : tous les individus sont devenus stériles. La stérilité, comme l’immobilité de la terre, sont les conséquences de l’action dévastatrice d’extraterrestres appelées le Raid. Depuis ce moment, les humains se livrent aux fêtes, aux extravagances, soit une manière comme une autre pour remplir le temps qui reste à vivre avant de disparaître définitivement de la surface de la planète :
" Dans deux cents ans, nous aurons disparu du monde. De l’espèce humaine, il ne restera que quelques ossements et quelques bâtiments. Nul ne peut nier que nous devons nous efforcer d’éviter cela ; pourtant chacun sur Terre semble s’être replié sur lui-même ; il règne une apathie à laquelle je ne m’attendais pas.
Même l’accès aux étoiles ne représente plus pour eux un objectif. Après un premier voyage catastrophique vers Titan dans lequel disparut le grand savant Orlando Sharvis, ils abandonnèrent la course aux étoiles à cause d’une maladie surnommée " la douleur de l’espace " qui fait périr tout homme se trouvant loin de la Terre durant plus de trois mois. Clovis Marca, un jeune homme fatigué, en provenance de la zone crépusculaire, recherche Orlando. Il a abandonné pour cela toute implication dans la politique et se contente d’observer ses semblables en leurs fêtes futiles. Bien que stérile, la jeune Fastina Cahrmin n’est pas insensible au charme de Clovis. Elle en fera son amant, en dépit de la jalousie d’Andros Almer. Alors que plusieurs de ses compagnons tentent de concevoir une dernière réalisation avant le moment ultime, Fastina et Clovis se réfugient dans une région isolée du monde pour y jouer à Roméo et Juliette:
" Le temps passait et cela leur était égal. Un bonheur euphorique et un plaisir à se trouver ensemble les avaient saisis, bonheur qu’ils ne pouvaient ressentir que loin de la société. Ils vivaient un amour primitif, ils le savaient, qui ne se répéterait sans doute jamais. Ils désiraient le faire durer. S’ils n’avaient embarqué aucun moyen de mesurer le temps, ils avaient en revanche des vivres en quantité. Ils poursuivirent ainsi leur périple sur un océan d’huile, sans presque plus rien se dire, mais en souriant beaucoup, en riant parfois aussi, et en restant toujours l’un près de l’autre comme s’ils redoutaient, une fois séparés, de ne plus jamais se retrouver. "
Le reste de la société se décompose rapidement. Un mystérieux groupe de destructeurs surnommés " la Confrérie de la Coulpe " incendie des demeures ou tue des êtres humains, actes incompréhensibles pour une société terrienne qui avait depuis longtemps abandonné toute agressivité. S’opposant à eux –mais dans une même perspective de sauvagerie - apparaissent les tenants d’un " ordre nouveau " avec à leur tête le " Guide suprême " Andros Almer. Jouant aux jeux du pouvoir, par le glaive et le mensonge, celui-ci élimine tous ses opposants, sabote tous les projets individuels, poursuit Clovis et Fastina de sa vindicte. Sans l’intervention du mystérieux Rafle aux pouvoirs surhumains qui met le couple en sûreté au sein d’une tour-maison, il y serait parvenu.
Clovis Marca et Fastina s’accommodent de cette situation de cloîtrés jusqu’à ce qu’un des sbires d’Andros les découvre. S’emparant de son aéronef, Marca poursuit Rafle en sa retraite au sein de la lune (tombée sur terre durant le Raid), en plein océan Pacifique. Là, au centre d’un village à l’architecture démente, il fera la connaissance d’êtres qui n’ont plus d’humains que le nom. Ce sont les anciens compagnons du savant Sharvis, dont fait partie Rafle. Orlando serait revenu de Titan avec la maîtrise de l’immortalité. En dépit du danger, Clovis souhaite rencontrer Sharvis pour lui demander de le transformer bien que l’immortalité ne se donne pas sans contrepartie. Il n’est que de voir l’apparence de Sharvis :
" Il s’attendait à voir un homme, mais c’est un monstre qui se présenta à ses yeux ; un monstre magnifique cependant. La tête d’Orlando Sharvis ressemblait à celle d’un serpent. Son long visage étroit était moucheté de rouge et de rose ; il avait des yeux à facettes comme une mouche, un nez camus et bien formé, et une bouche édentée aux lèvres rentrantes. Quant au corps, il n’avait rien de reptilien ; il était presque cubique et très massif. Jambes courtes et solides, bras et jambes, quand il les remuait, comme dépourvus de charpente osseuse. "
Sharvis le rendra effectivement immortel mais dans un corps dénué à jamais d’émotions. A Fastina, il donnera le pouvoir d’enfanter. Quant à Andros, qui les avait suivi en ces lieux dangereux, il lui procurera le pouvoir éternel mais sur l’obscurité, ayant fait se mouvoir la Terre de telle sorte que le royaume du dictateur se retrouvât dans les ténèbres définitives.
" Les rives du crépuscule " est un livre étrange, exhalant des sentiments de tristesse, de désespoir et de mort, dans lequel des personnages jouent à des jeux vains et inutiles dans une ambiance de fin du monde. Le récit est à rapprocher de l’œuvre du même auteur, le cycle des " danseurs de la fin des temps. "
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 331 vues
-
Les Rivages De Lumiere - Par BenF
François Renaud, parisien de son état, dirige le Bureau Central des Services Internationaux de la rotation terrestre. Or la Terre perturbée sans raisons apparentes, d’abord d’une manière infinitésimale puis de plus en plus nettement, ralentit sa course : " Le lendemain à l’observatoire de Paris, le relevé indiquait un retard de 2 millisecondes. 86 400 secondes et 2 millisecondes. Rien que l’homme de la rue puisse percevoir, mais assez énorme pour ébouriffer François. "
Avec ses deux collègues au nom transparent de Tocante et de J.&B., François tente d’alerter les édiles politiques sur la singularité du phénomène. Selon ses projections, la Terre s’arrêtera de tourner dans neuf ou dix mois, plongeant la moitié du globe dans l’obscurité :
" Du côté jour, il y aurait autour de l’équateur une région très chaude et humide, due à l’évaporation des océans. Au-delà, vers le nord et le sud, on trouverait des régions sèches, puis progressivement des régions plus froides au fur et à mesure que l’on s’éloignerait de l’équateur. Autour de l’équateur on devait imaginer des températures avoisinant 40°C, peut-être plus. Et ces températures allaient devenir permanentes. 40° ou 50°C tout le temps, toute l’année, à jamais, sans nuits pour faire tomber la température. Celle-ci monterait-elle beaucoup plus haut ? Difficile de répondre. (…) Du côté nuit, la situation serait terriblement simple. Il n’y aurait plus de réchauffement par le soleil et peu de transport de chaleur du côté jour vers le côté nuit, du fait de la forte diminution de la circulation atmosphérique et océanique. Ainsi, si Paris se situait dans cette nuit éternelle, les températures seraient celles rencontrées en hiver en de ça du cercle polaire, c’est-à-dire entre moins 20° et moins 30°C, sans exclure quelques pointes à moins 50°C. "
Les conséquences économiques, écologiques, humaines d’un tel événement étant dramatiques, la seule question à laquelle il faudra trouver réponse est de connaître la position finale de l’hémisphère éclairé :
" -Si le phénomène se poursuit… et que la planète s’arrête de tourner, quels pays vont se retrouver dans l’obscurité ?
François soupira. (…) Le président avait posé la bonne question, car si la rotation de la Terre sur elle-même ralentissait au point qu’elle présente toujours la même face au Soleil, il allait devenir fondamental, primordial, de savoir au plus vite quelle partie allait se retrouver dans la nuit. "
Alors que le black-out est décidé pour éviter une panique généralisée, le Président constitue une cellule d’études et de prévisions du phénomène, avec à sa tête François, coiffé par le directeur de Cabinet, Richard Chambaz, dont le scientifique sent l’hostilité à son égard.
La vie de François basculera tout d’un coup. Devenue la personne du monde la mieux protégée, il disposera d’un garde du corps, Rémy, il habitera à l’Elysée, sa famille même étant mise au secret pour éviter la divulgation de la nouvelle. Comme un bouleversement n’arrive jamais seul, il rencontre Nathalie, une jeune femme mystérieuse, qui prendra soin de ses enfants. Son ami J.&B. en face de l’horreur du phénomène à venir, s’acoquine avec Chambaz et complotera contre François. Partout, dans le monde, des comités scientifiques divulguent la nouvelle et les Etats se mobilisent dans l’attente de la réponse ultime : quels pays resteront éclairés ? A Paris en proie à quelques convulsions sociales, les amis et la famille de François commencent à organiser leur survie. Enfin, la cellule d’étude est en mesure de donner une réponse : la France, au moment fatal restera éclairée ! C’est une explosion de joie dans le pays qui prend toutes les mesures nécessaires pour bloquer l’invasion sur son sol des nouveaux immigrants fuyant leur destin, en provenance d’Amérique du Sud, notamment :
" Il tira. La boule de feu alla s’écraser en mer à quelques centaines de mètres de la côte de l’île d’Oléron. D’autres avions furent abattus de la même manière.(…) Quelques heures plus tard, les fuyards qui songeaient encore à partir pour l’Europe renoncèrent pour la plupart, et les avions demeurèrent sur les pistes des aéronefs civils ou clandestins d’Amérique latine. "
Mais, pour une raison indéterminée, un grain de sable cosmique (survenue d’une comète dans le système solaire, aimantation du soleil ?), une légère perturbation allongera finalement le processus, inversant la position des hémisphères face au soleil : c’est l’Europe et non l’Amérique qui souffrira des affres du froid et de la nuit éternelle ! Aussitôt la nouvelle connue, les structures sociales de la France explosent :
"Quel Etat accepterait que des millions de Français débarquent sur son territoire ? L’annonce par la Chine de la fermeture de ses frontières le 23 février (…) accentua la panique. Les jours suivants, à Paris, le ministère des Affaires Etrangères – à demi déserté - ordonna l’installation au Trocadéro et à la Concorde, de deux mappemondes lumineuses gigantesques, divisées en deux moitiés égales – la nuit d’un côté le jour de l’autre. On pouvait y suivre du regard quels pays, au fil des heures, fermaient leurs frontières au reste du monde. Après la Chine, vinrent le Japon, l’Inde, le Pakistan, la plupart des Etats de Malaisie et d’Indonésie. "
François sera enlevé, mis en hôpital psychiatrique et sa mort simulée. Difficilement, Mano (le père de François) et Rémy le tireront de cette mauvaise situation. La vie n’étant plus possible dans le pays, le petit groupe programme son départ vers Tahiti où résident d’autres membres de la famille (une chance !). Le départ vers la Rochelle pour y embarquer sur le voilier " Sun Society ", appartenant à un oncle de Nathalie, s’avère extrêmement compliqué. Les routes bloquées, l’agressivité générale, l’affolement et l’effondrement de l’économie n’empêcheront pas la réussite du groupe mais sans Nathalie, disparue mystérieusement dans la foule. Le 23 juin, à Paris, l’on célèbre dans une tristesse infinie , le dernier coucher de soleil :
"Quand les derniers rayons du Soleil disparurent, une immense clameur s’éleva, relayée bientôt dans toute la ville par des cris de ferveur, de crainte, de désespoir, de douleur, des pleurs , des gémissements, des chants religieux, des hurlements hystériques et les vociférations de ceux qui, des ponts, se jetaient dans la Seine. (…) Et soudain la luminosité, déjà faible, diminua encore. François leva la tête et comprit. Sur les cieux désormais bleu foncé et rouge flamboyant se découpaient une multitude de points noirs venant de l’Est, qui se dirigeaient vers l’Ouest. Les oiseaux. Des millions d’oiseaux traversèrent le ciel de pairs pour voler vers la lumière. La plus grande migration jamais observée devait durer trois jours. La France venait d’entrer dans la Grande Nuit… "
Navigants sur une mer encombrée, évitant les actes de piraterie, se défendant de toute pulsion humanitaire, les fugitifs auront à affronter en plein océan l’ultime barrage à leur fuite, la " Vague ", une gigantesque turbulence marine produite par le choc thermique entre le front froid et le front chaud, séparant la zone éclairée de la zone obscure :
" Grelottant, François regardait cet himalaya d’eau, de vent, de tornades et de crêtes gigantesques. (…) Jusqu’à quelle altitude s’élevait-elle ? Les avions de ligne qui volaient à dix mille mètres y échappaient-ils ? Et quelle était la largeur de cette ceinture infernale ? Cent, deux cents, trois cents kilomètres ? Quels autres phénomènes insensés la démarcation jour-nuit engendrait-elle ? "
Arrivant vaille que vaille à Papetee, François, requinqué physiquement n’a pourtant pas perdu tout espoir de retrouver Nathalie. Sa décision est prise : il repartira vers la France, vers Paris pour ramener son amie en lieu sûr. Cependant, les conditions climatiques ont profondément modifié le paysage. Abordant l’océan atlantique désormais gelé en profondeur, François s’agrégera à une caravane des neiges, s’y déplaçant en traîneau, engoncé dans un " Skadi ", un vêtement-réchauffeur inventé depuis peu qui lui permet de survivre à une température de moins cinquante-sept degrés :
"Quand François eut les pieds sur l’Atlantique gelé, il contempla à travers son casque ce spectacle invraisemblable. Malgré sa Skadi, il ressentait déjà les effets du froid. Le blizzard devait souffler à plus de cent cinquante kilomètres à l’heure. Une bouteille d’eau, tombée de la cabine (…) avait gelé en quelques secondes. A son poignet , le thermomètre de la Skadi indiquait moins 57° C. Il ne put s’empêcher de se dire : " Mon Dieu, c’était ça, la grande Nuit ! "
La France, le pays gelé, ne montre plus aucun signe de vie : les survivants, tant bien que vaille, se sont réfugiés sous terre. Paris, envahi de congères, présente une vision sinistre, amplifiée par la dictature de fer que fait régner sur la ville un certain Richard Chambaz, qui a pris le pouvoir à la mort du président :
"Paris était couvert de plusieurs mètres d’une neige lumineuse. L’Arc de Triomphe, la Madeleine , Notre-Dame de Paris, le Trocadéro, l’Odéon et tous les monuments étaient à peine reconnaissables sous leur lourd manteau blanc. Les rues étaient régulièrement débarrassées de leur couche de neige… qui retombait sans cesse. (…) La circulation était souvent impossible, en raison de l’épaisseur de la neige qui atteignait plusieurs mètres. On progressait avec des raquettes, des crampons et des piolets. (…) le 23 juin, le dernier coucher du Soleil avait été filmé par des milliers de caméras. Sur des écrans géants répartis un peu partout, on en diffusait des images en boucle, pour que les gens n’oublient pas. "
François, apprendra de la bouche même du traître J.&B. que la disparition de Nathalie n’est pas due au hasard mais programmée par Chambaz lui-même, puisqu’il est son père. Finalement, la jeune femme, mise au courant de la présence de François, le rejoindra ,alors que, dans le même temps, le lecteur apprend que la rotation terrestre a repris (une coquetterie de l’auteur, certainement !)
Un récit dense où se côtoie, comme dans tout roman cataclysmique qui se respecte, la sphère privée, sentimentale et la sphère sociale, dramatique. Les notations précises et scientifiques, la descriptionde l’atmosphère englobant les événements, accentuent l’effet de vraisemblance, déclenchent le suspense qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin, malgré quelques " coups de pouce " de l’auteur pour forcer le destin des personnages. Dans l’ensemble, un roman agréable et réussi.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 293 vues
-
Les Refugies De Roentgen - Par BenF
L’explosion de l’étoile Sirius ayant balayé la Terre de ses rayons de mort, faune et flore ont péri sous un flux mortel de 8500 roentgens durant trois jours :
« Alpha Canis Majoris A, Sirius, l’Etoile du Chien. Une étoile gaspilleuse d’énergie à pas tout à fait neuf années-lumière de la terre, deux fois aussi grosse que le Soleil et vingt-cinq fois plus brillante, bien que possédant seulement le tiers de sa densité. Une candidate peu plausible au statut de supernova, vu sa position dans le diagramme de Hertzsprung-Russel.
Elle explosa cependant, déchargeant entre 10(49) et 10(50) ergs d’énergie sous forme de rayons cosmiques, produisant une énorme marée dans les couches supérieures de l’atmosphère terrestre, et arrosant toute la planète d’une dose de radiation maximum atteignant 8500 roentgens au niveau de la mer, et pendant trois jours (…)
Trois milliards d’êtres humains périrent en conséquence. Ceux qui n’étaient pas à l’abri.La plupart des oiseaux et des autres animaux périrent également, ainsi que les poissons des eaux peu profondes. La plus grande partie de la flore fut défoliée –mais récupérait de façon asexuée, ou par l’intermédiaire de graines et de spores. Le ciel s’enflamma de rose, de vert, et de violet, à cause des particules chargées que piégeait le champ magnétique terrestre. Il n’avait jamais été plus beau.
Les vastes plaines de l’Afrique du Sud se sont transformées en d’immenses cimetières jonchés de squelettes blancs. La moitié de l’humanité est morte, mais pas les ressortissants blancs des pays développés qui ont pu se réfugier sous terre.
Aujourd’hui, un groupe d’ingénieurs agronomes, chargés de surveiller les champs de céréales indispensables à la survie, discutent entre eux de l’aspect moral de l’événement : comment Dieu a-t-il pu être aussi injuste en sauvant les favorisés et en condamnant à mort les misérables ? Pour le major Woltjer, positiviste, cela aura été providentiel pour la Blancs qui pourront prendre un nouveau départ :
« Bien d’autres créatures en-dehors de nous, les gens de couleur, n’ont plus à se sentir coupable de prendre de la place » (…) Comme tous les grands mammifères. Une bonne chose, hein, Major ? Adieu éléphants, girafes et chameaux. Adieu baleines, phoques et dauphins. Adieu corbeaux, aigles, colombes et faucons. Adieu, adieu. (…) A partir de maintenant, le monde sera un monde de très petites créatures. L’homme sera énorme et triomphant. A part lui, il y aura les insectes, les micro-organismes, et évidemment quelques poissons dans les mers. Mais principalement l’homme. Un homme de six pieds, dominant tout. Les graines sont très résistantes aux radiations, l’homme arrivera donc à se nourrir, de céréales et de plantes. Un monde végétarien, enfin! Quelques millions de gens mourront encore avant qu’il y ait assez à manger. Dans les pays les plus pauvres, inutile de le dire. »
Andréa Diversley, la botaniste, se déculpabilise en faisant l’amour avec le généticien hindou, l’un des rares rescapés de sa race. Siméon, un autre technicien, se torture l’esprit pendant qu’ils roulent vers la ferme expérimentale de Smitsdrop. Leur rencontre inopinée avec une misérable troupe de Bantous conduit par un missionnaire blanc leur fait comprendre toute l’abomination de l’événement : Dieu ne les a pas sauvés ! Il les a condamnés à vivre en enfer pour très, très long temps…
Une nouvelle expérimentale dont le traitement messianique altère quelque peu la force.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 282 vues
-
Klix, après le suicide de son chef Hulz au Kol-200, se sent menacé à son tour. Il faut dire qu’ayant neutralisé son psycor (appareil du contrôle de la volonté situé dans le cerveau) par un sekor (brouilleur mis au point par les révolutionnaires), il devient suspect au cerveau électronique répondant au doux nom de Zupa, qui contrôle la société de Pâal Zuik. Il vole la fusée AS-13 en compagnie d’Ino, sa fiancée, et d’un groupe d’amis. Ils fuient l’astéroïde où quelques milliers de terriens dégénérés avaient trouvé refuge, redécouvrent la terre, cachée sous un écran d’invisibilité, sur laquelle ils atterrissent.
Ils constatent qu’elle est ravagée par la pollution et qu’une seule île reste verdoyante. Là, ils font la connaissance des Chouks, une tribu de primitifs bien plus costauds qu’eux-mêmes. Ceux-ci deviennent leurs amis, leur montrent l’entrée de la cité sous-marine d’Aquatorg dans laquelle Klix s’est fait entraîner par les sbires de Zuika, descendante de l’initiateur Pâal Zuik, restée sur Terre afin de se préparer un petit nid douillet après avoir éliminé quelque trois milliards d’individus, responsables, selon Pâal Zuik l’ancêtre, de la pollution généralisée. Zuika espère devenir la reine de terriens regénérés en les personnes des Chouks, ses sujets d’expérimentation. Mais Klix le bien-nommé, grâce à son polyray cracheur des rayons, met fin à ce rêve.
Avec l’appui de Nura et de Hotar, des Chouks très forts, il fait exploser Aquatorg. Zupa, désorganisé, en fait de même pour la société des " psycorisés " de Pâal Zuik. Ce qu’il avait d’ailleurs de mieux à faire. Résumons-nous : il reste les Chouks, Klix et quelques-uns de ses amis sur une terre polluée (mais pas là où ils se trouvent) prêts à repeupler ce misérable monde.
Un récit minimaliste au plan de la forme et du fond qu’il aurait mieux valu désintégrer d’un coup de polyray. Bravo ! l’auteur, quelle imagination !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 284 vues
-
Trois soldats, dans leur forteresse roulante, derniers survivants (peut-être) d’une guerre nucléaire générale, roulent vers le Sud, dans un environnement de ruines radioactives :
«Au crépuscule, ils passèrent à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de ce qui avait été la troisième ville de France. Malgré la distance, ils découvrirent le ciel rougeoyant d’incendies, ou plutôt d’un unique foyer qui devait s’étendre sur l’ensemble de l’agglomération, chaudron de sorcière dans lequel avaient péri plusieurs millions d’êtres humains, en quelques minutes, quand trois bombes à hydrogène avaient explosé simultanément, à la verticale de la colline de Fourvière. »
Margi, le sergent, et Pilote quitteront leur blindé, le troquant contre une énorme auto à chenilles. Poursuivant leur route, ils s’interrogent encore sur le bien-fondé de leur mission quand ils recueillent Aviateur, un pilote ennemi vivant, éjecté de son appareil. Leurs relations sont tendues jusqu’à ce qu’ils aboutissent au bord d’un océan là où aurait dû se trouver la vallée du Rhône : les calottes polaires volatilisées par les charges nucléaires ont provoqué une montée brusque de la mer.
Ils longent ce terrain transformé en côte et ressentent comme une présence maléfique qui les poursuit. Dans un village, ils seront même cernés par des habitants-zombis, cadavres redevenus vivants, à moins qu’il ne s’agisse d’hallucination. Les faits étranges s’accumulent : Aviateur – censé s’exprimer en allemand - parle soudain un français parfait, comme s’il était possédé. Il explique à ses compagnons que les Dieux Anciens sont revenus pour honorer le « Maître » et qu’à eux trois, ils forment « les Prophètes de l’Apocalypse », ce qui est également le titre du roman dont rêve Pilote dans ses cauchemars. La présence obsédante se fait plus lourde, surtout lorsque Margi se transforme physiquement en cadavre. Dans le doute, Pilote le tue :
« Pilote pensa à une arme nouvelle, terrible, une sorte de bombe à neutrons perfectionnée qui aurait laissé les objets intacts en faisant disparaître toute matière organique, en l’entraînant vers le néant… Cela pouvait être une solution. Mais il y en avait une autre, trop incroyable, sur laquelle il n’osait pas se fixer. Ce n’était pas une bombe ni une arme secrète qui détruisait la vie, mais leur approche. C’étaient eux, les rescapés de l’Apocalypse, qui portaient la mort, messagers pervertis d’un nouvel Ordre, ayant reçu sans même le savoir la mission de traquer l’ancienne vie pour la faire disparaître à tout jamais. »
Avec Aviateur, il poursuit sa route vers le Sud comme s’il tenait à rejoindre Bénédicte, la femme de ses cauchemars – sa femme peut-être ! - censée se réfugier dans les Pyrénées.
Lors d’un nouvel arrêt pour cause de ravitaillement, les hallucinations guerrières le reprennent encore plus fortement. Il assiste notamment à une confrontation entre deux armées de chevaliers du moyen-âge. Les deux rescapés s’enfuient, puis rencontrent une femme-soldat, surgie du néant, survivante, comme eux, semble-t-il. Sa présence provoquera la rivalité entre Pilote et Aviateur, aboutissant à la mort de ce dernier. La femme disparaissant aussitôt, Pilote restera seul en proie à des cauchemars d’une guerre sans fin qui mélange les périodes historiques :
« Pilote comprit qu’ils avaient sombré cette fois dans la guerre totale, celle qui n’a ni frontière ni âge, celle où tous les soldats du monde, de tous les siècles, se relèveraient toujours pour célébrer le nouveau Maître en continuant éternellement leurs combats. (…) Maintenant, la Terre entière allait devenir le théâtre de gigantesques carnages et tous pourraient revivre leurs combats, savoir enfin pourquoi ils étaient morts, et tous allaient célébrer le Maître dans cette boucle sans fin. »
Ce chevauchement lui fait douter de sa propre réalité : vit-il réellement où n’est-il lui-même que le jouet des fantasmes littéraires d’un auteur ? Le récit s’achève sur cette interrogation.
Ainsi, par un manque de cohérence interne, à travers des personnages inconsistants et un prêchi-prêcha moralisateur, par une description des effets de la guerre proche du voyeurisme, par une confusion constante des plans du réel, cet ouvrage se donne comme un roman inabouti, ou écrit à la hâte, en tous les cas, de peu d'intérêt pour le lecteur courageux.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 305 vues
-
Les Portes De Thule - Par BenF
Fred Vasseur, le directeur du département géologique du CEMONEG (Centre Mondial d’Etudes Glaciaires) est appelé par le général Finlay via son secrétaire, le capitaine Mac Callum, à se rendre en Islande, dans l’arrière-pays de Reyjavik, afin qu’il parte à la recherche du professeur Villungson et de son assistant Olsen qui, tous deux, ont mystérieusement disparu.
La Terre, en ce 23ème siècle, a singulièrement rétréci. Les calottes polaires se sont agrandies jusqu’à menacer la totalité du globe, à l’exception d’une ceinture équatoriale, et de l’Islande, terre de volcanisme, où s’est déplacée la capitale mondiale de l’humanité survivante, Reyjavick, encore libre de glaces. L’avancée des pôles, suite à la déstabilisation du climat provoquée par les armes atomiques lors du siècle précédent, est inéluctable, rendant les quelques millions de Terriens survivants pessimistes quant à leur avenir.
Echappant mystérieuse à une énorme tempête de neige, Fred Vasseur, muni de renseignements précis, recherche donc, avec ses compagnons, les professeurs Mangati, Schiller et Pal Thovarensen, un Islandais gigantesque, la trace des savants disparus, dans une grotte, près du volcan Askja. A Reyjavick même, il avait été pris en charge par l’horrible et obèse secrétaire de Mc Callum, laquelle s’avèrera plus tard être une alliée précieuse, plus connue sous le nom de ode de « Viviane ».
Le petit groupe ne trouve pas Villungson mais Viviane les dirige vers une autre grotte, appelée « la tête de Chien », non sans qu’ils aient entre aperçus dans leur déplacement des nains, les trolls de la légende, hauts de 30 cm. Sur site, ils retrouvent effectivement Villungson et son compagnon, survivant chichement dans un environnement hostile puisqu’il n’a pu prévenir les autorités, faute de moyens, de sa découverte, soit l’existence, au fond de la grotte, d’une cité merveilleuse qu’il assimile à « l’Ultima Thulé » et dans laquelle vivent des « trolls » et des « fées » . La grotte semble être une porte d’accès vers ce royaume situé sur une Terre parallèle à la nôtre mais interdit d’accès. Ce qui n’empêche pas Thovarensen d’être enlevé par une bande de trolls, commandés par une fée, en l’occurrence la reine Lurn-Dyjia, à des fins de jouissance immédiate.
Désireux de prévenir Finlay de leur découverte, le groupe de savants est arrêté à la sortie de leur tunnel par une troupe armée, les « Poliarms », la police de cette époque, afin d’être conduits à Mc Callum pour interrogatoire. Heureusement le troll Rulgoo (un ami !) veille au grain. Il explique à Fred Vasseur les fils d’une intrigue passablement embrouillée ; lui est l’élément avancé d’un commando opérationnel visant à sauver les Terriens de la glaciation en leur offrant la possibilité d’émigrer dans le monde de Thulé. D’ailleurs leur cheftaine, la ravissante Shun-Loha, alias Viviane, alias la grosse Peggy, sous la gouverne du savant Ryl-Drug, a depuis longtemps infiltré l’état-major terrestre et aidé Vasseur en le protégeant des menées de Mac Callum, un autre infiltré, sbire de la méchante reine Lurn-Djya, régnante du royaume des fées appelé de son vrai nom Oklinda-Gzuur, et qui s’oppose, elle, à cette immigration. Elle a cependant quelque excuse, puisqu’elle est folle et toute prête à être destituée :
« Notre monde – analogue à ce qu’était le vôtre voici seulement deux siècles, sur le plan du climat – ne possède plus que deux cités géantes où vit la quasi-totalité de mes semblables. Seule la race de notre ami Rulgoo est prospère ; mais sans nous, sans notre technologie, elle serait vouée à une régression certaine. Depuis des millénaires, nous faisons bon ménage ; une « symbiose sociale » s’est établie entre eux –que vous baptisez trolls, ou d’autres noms légendaires- et nous, les Gzuurs. Vos ancêtres nous appelaient les « fées » et plus particulièrement « Aes Side » dans les légendes irlandaises. »
La situation se règlera au profit des Terriens, notamment de Fred qui épousera Shoun-Loha, après une révolution de palais réussie. Comme quoi, quand on veut…
Une sotte intrigue de notre ami Guieu qui en profite pour étaler ses fantasmes à grands renforts de « authentique », ajoutés en bas de page. Tout y passe : les « Supérieurs Inconnus », infiltrés dans la société humaine, les mythes nordiques de « Thulé », la « fraternité des Polaires », les «Trolls » et les « Fées » des sagas hyperboréennes. Même les soucoupes volantes (un fantasme récurrent chez lui) ne sont pas écartées, puisque les trolls se déplacent en «curlachs » islandais. Un vrai catalogue de l’ésotérisme populaire sur fond cataclysmique.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 202 vues