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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean-Jacques NGUYEN Parution: 1992
    La fin du monde a eu lieu, inexplicablement, laissant en présence un couple, Claire et Jacques. Lui, dernier représentant mâle sur terre, du moins le croit-il, convoite Claire, qui se refuse à lui, comme d’habitude dans ces cas-là. Elle espère encore revoir Bernard, un énarque, à qui elle était fiancée.La situation semble bloquée jusqu’à l’apparition d’un robot, dit « la Puce Thomson », dévoué à leurs personnes et dont la présence reste mystérieuse. Il faut dire que le couple, maintenant qu’il est seul sur terre, arrive à concrétiser ses fantasmes inconscients et crépusculaires. C’est  un de ces soirs qu’apparaîtra le fameux Bernard, vêtu en barbare et accompagné par trois jeunes filles niaises et à peine nubiles.
    Il dit s’appeler Beluga le Barbare et vient reprendre son bien, c’est-à-dire Claire. Très agressif à l’égard de Jacques, Beluga lui cherche querelle.  Les deux hommes se battent à coups de tisonnier et d’épée. Jacques sorti vainqueur du combat, Bernard s’effondre en pleurnichant, prêt à écouter son adversaire dans sa tentative d’expliquer leur vécu, ce que le lecteur attend aussi avec impatience. Pour Jacques, cette situation étrange est au fond banale ; il ne s’agirait que de la mise en scène du fameux triangle classique, le mari, la femme et l’amant, mais vu du côté d’extra-terrestres qui, siégeant dans des univers parallèles, se délecteraient du spectacle ! En projetant dans l’esprit de chaque être humain l’illusion qu’il est le dernier représentant de son espèce, ils analyseraient une sorte de pantomime grotesque pour leur édification personnelle. D’ailleurs le robot et les filles niaises ne seraient que des éléments non essentiels au déroulement du récit. (Le lecteur partage cet avis).
    Cette thèse aurait quelque  vraisemblance puisque, ailleurs, au fond de l’espace-temps, deux extraterrestres, l’un appelé « le Maître » et l’autre dit « Blorg » arrêtent leur surveillance pour rendre compte de leurs actes au « Conseil Impérial » dont ils relèvent.. Mais, peut-être, tout ceci n’est-il au fond qu’un rêve dont sortent nos trois protagonistes après une soirée exagérément arrosée.
    Une tentative (ratée) de présenter les situations de la dramaturgie classique sous les oripeaux de la science-fiction. En s’emparant du schéma éculé de « la fin du monde », par une intrigue des plus banales,  assaisonnée d’une distanciation qui se veut ironique, émaillée de «private jokes », l’auteur espère captiver son lecteur. Mais non!. Ledit lecteur se félicite finalement que ce texte très court ait eu une diffusion confidentielle.

  2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Guy CHARMASSON Parution: 1992
    Vol.01 : la Vengeance, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation "N°1634, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée. roman d’expression française
    1ère  parution : 1988
    Raff al Raff est le nom d’un gigantesque vaisseau extraterrestre qui croise au-dessus de notre planète. C’est de là que sont originaires les Raffs, des êtres tenant à la fois du félin et de l’ours, à la civilisation avancée, au code d’honneur intangible et pratiquant l’eugénisme dans un souci constant d’amélioration de leur race. Daniel Ivols est le nom de l’un des derniers terriens ayant participé à la bataille d’Elmendorf où les humains ont failli battre les Raffs. Aujourd’hui, habitant caché dans la Zone, sorte de no man’s land canadien où se retrouvent tous les marginaux agressifs et désaxés, Ivols, toujours efficace, la quitte pour venger la mort de sa femme et de sa fille, carbonisées par des Raffs chasseurs.
    Au-delà de la Zone, c’est le monde normal, celui de la société humaine qui collabore et qui est soumise aux Raffs lesquels dominent l’humanité par l’intermédiaire des "Chiens", sortes de cyborgs humains dans le cerveau desquels est implantée toute une électronique incitant à l’obéissance. Quant aux autres, le niveau de civilisation que leur ont laissé les extraterrestres, les incite à la mollesse et la vie facile. Ivols, l’un des derniers tueurs d’Elmendorf, prend contact avec le M.O.R.T., une organisation secrète de résistance, peu efficace par ailleurs. L’organisation a besoin d’Ivols pour relever son prestige en lui proposant de tuer Jill Tarr le Raff, ministre de la Culture interraciale et incidemment meurtrier de la famille du héros.
    Vol.02: la Mission, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation " N°1639, 1 vol. broché, in-12 ème , 187 pp. couverture illustrée.
    1 ère  parution : 1988
    Nanook le Zonard, tueur d’ours et de Chiens, alias Ivols, le dernier des tueurs d’Elmendorf, s’apprête à liquider Jill Tarr, le chef des Raffs envahisseurs, sur l’instigation de Felice, l’un des dirigeants de M.O.R.T., mouvement de résistance à Raff Al Raff, le vaisseau des extraterrestres. Un doute lui fait épargner la vie du Raff. Bien lui en prend. Caché par Joanna Guanwista dans son appartement, Ivols apprend avec stupeur, et en un renversement absolu, l’incroyable vérité de la bouche même de celui qu’il a failli tuer. Felice est l’un des responsables des "Trois", les supérieurs des Chiens. La bataille d’Elmendorf a été gagnée par la Terre mais, dans le vaisseau des envahisseurs, les Trois, désireux de faire perdurer la pression exercée sur la société terrestre, ont obligé les Raffs à assumer leur rôle d’oppresseurs, eux, qui n’avaient qu’un désir, celui de repartir dans l’espace avec leur engin enfin réparé !
    En désespoir de cause, et pour sauver l’honneur de sa Maison lors de la cérémonie du Kriss ou automutilation rituelle, Jill Tarr partage son secret avec Ivols : c’est lui, le chef Raff qui a subverti le M.O.R.T., c’est lui qui a travaillé dans l’ombre pendant plus d’une vingtaine d’années pour détourner la colère des Terriens sur les Chiens et non plus sur les Raffs, c’est lui enfin qui a surveillé et protégé Ivols pour le conduire vers la Zone d’où pourront sortir les nouveaux libérateurs de la Terre  afin que les Raffs puissent enfin s’en retourner dans l’espace.
    Un récit intelligent, structuré, original qui vaut par la crédibilité que l’on  accorde à ces félins extraterrestres à travers la description de leurs rites sociaux et psychologiques. Un bon roman noyé malheureusement dans une gigantesque collection proposant une marée d’ouvrages illisibles.

  3. Type: livre Thème: la cité foudroyée Auteur: J. et D. LE MAY Parution: 1971
    Sur une Terre redevenue sauvage subsistent quelques clans d’humains, longtemps après le « Grand Cataclysme » dont la Tradition a gardé un vague souvenir :
    « Les hommes se laissèrent finalement entraîner par les apparences qui les submergèrent et commencèrent à dévaster le monde en lui arrachant la presque totalité de sa force de vie. La nature fut écrasée. L’eau ne fut plus bonne pour les poissons. L’air se refusa au vol des oiseaux, avant de devenir un poison pour les êtres vivants de toutes sortes. Des monstres naquirent et la plupart des espèces de ce temps effroyable périrent. Les cités disparurent, moururent. Il ne resta qu’une poignée de femmes et l’enfant mâle… »
    Ces clans, habitant à flanc de montagne, ont régressé au stade préhistorique, gardant une crainte révérencieuse à l’égard des ruines de la « Cité morte » hantée par les «Chimères », des monstres technologiques, tenant à la fois du robot et du bulldozer, qui seraient les derniers avatars des humains de jadis. Leur domaine est la Cité morte d’où elles chassent tout ce qui est vivant.
    Sri Ea Sul , une timide jeune fille, et Ion de Sul, jeune garçon mince et vigoureux, s’aiment. Ce qui n’est pas facile dans un clan figé par une Tradition fondée sur le matriarcat. Mara Han Sul, la vieille Mère du clan, hait ces deux jeunes qui échappent à son autorité. Elle décide de donner Sri a  à un homme du clan voisin, Kar De Ho, ce qui devrait déclencher un « défi » de la part de Ion. Contrainte d’obéir aux règles du clan, Mar Han, lors de la réunion générale, commande au vainqueur du défi de rapporter une tête de chimère, « trophée de la cité morte ».
    Les deux adversaires prennent le chemin de la Cité, décidés à en découdre. Ces hommes du futur ont cependant des atouts étonnants, comme par exemple la télépathie, qui permet à Sri de réconforter Ion, ou l’acte de « fliter », c’est-à-dire de contrôler leur corps (et la gravité) lors de chutes dans le vide. Rapidement Kar de Ho, plus fort, plus fruste, ayant déjà combattu des chimères, capture son adversaire. Le menant au bout d’une laisse, il établit son repaire au sommet d’une tour en plein dans la Cité.
    Après discussion, il s’avère qu’ils ne sont pas du tout des rivaux, Kar de Ho lui-même étant amoureux de Erle de Ho. Sa position envers Ion avait été manigancée par la Mère de son clan. Ion est follement inquiet pour Sri qui est poursuivie par Erle engagée dans une lutte à mort.
    Mais les deux hommes n’ont plus le temps de s’appesantir sur leurs dissensions : les chimères arrivent. Trois d’entre elles, crachant le feu, tentent de déloger les deux êtres humains. Ion, de par son habileté au jet de fronde, crève les yeux électroniques d’une des « bête ». La deuxième, ses antennes arrachées, devient comme folle et s’auto-détruit, et la troisième, renonçant à la lutte, disparaît.
    Ion, profitant de l’accalmie, s’échappe pour porter secours à Sri. Durant le combat, il blesse gravement Erle, ce qu’il ne souhaitait pas. Les deux couples se retrouvent donc ensemble, s’activant longtemps à la guérison de Erle. S’estimant mutuellement, désireux de fonder un nouveau clan, d’échapper à l’emprise des Mères, de partir loin de la Cité morte, ils prendront le chemin du Sud.
    Un récit fluide qui, débarrassé de son embonpoint, aurait pu faire l’objet d’une excellente nouvelle. Le décor banal d’une préhistoire « post-atomique » vaut surtout par le mystère qui entoure le passé de ces êtres : le lecteur n’apprendra jamais d’où proviennent ces dangereuses chimères.

  4. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: John CHRISTOPHER Parution: 1924
    Vol. 01 : Les Montagnes blanches, Ecole des Loisirs éd.,1988, 1 vol. broché, in-12ème ,156pp. couverture illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)
    1 ère  parution : 1967
    La Terre souffre sous la coupe des tripodes, immenses machines extra-terrestres, qui l’ont envahie :
    « Enfin nous entendîmes le ronflement lointain, grave et rythmé, dominant le son des cloches, et il y eut une sorte de soupir général Le ronflement se rapprocha ; soudain, nous le vîmes au-dessus des toits des maisons, vers le sud : le grand hémisphère de métal brillant se balançait dans les airs sur ses trois pieds articulés, plusieurs fois haut comme l’église. Son ombre le précéda et tomba sur nous quand il s’arrêta, deux de ses pieds enjambant la rivière et le moulin.»
    La société technologique n’est plus qu’un souvenir, les hommes étant réduits en esclavage, conditionnés par les tripodes, depuis plus de cent ans. En Angleterre, Will, un adolescent de quatorze ans, attend avec impatience et crainte la cérémonie de la «Coiffe», comme en un rituel,  où l’on placerait une résille métallique sur sa tête, moyen par lequel les Tripodes asservissent les humains. De cette collaboration forcée tripodes/humains est issue une nouvelle féodalité, avec tous ses avatars : abandon de la technologie, de la rationalité, prééminence des titres seigneuriaux, chasse à courre que les tripodes ont adopté lorsqu’ils traquent des êtres humains :
    « Quand les tripodes sont arrivés – ou quand ils se sont révoltés- il y a eu des choses terribles. Les villes furent détruites comme des fourmilières, et des millions et des millions de gens furent tués ou moururent de faim. Des millions… J’essayai d’imaginer, mais impossible ! Notre village, qui n’était pas réputé petit, comptait environ quatre cents âmes. Il y en avait une trentaine de mille dans la cité de Winchester et alentour.
    Quelques réfractaires au conditionnement, les «Vagabonds», sillonnent le pays. Les uns sont vraiment fous, d’autres simulent car ce sont de vrais résistants. Ozymandas est un vagabond résistant qui conseille à Will de se sauver, de gagner les « Montagnes Blanches » où se cache une poignée de réfractaires. Il lui donne une carte pour se diriger. Peu avant la cérémonie de la Coiffe , Will Parker prend la fuite,  accompagné de  son cousin Henry. Ils progressent en se cachant des hommes et des tripodes.
    En une bourgade étrangère où Henry faillit être maintenu en captivité, ils font la connaissance de Beanpole, un adolescent à l’allure d’échalas, à l’intelligence aiguisée et rationnelle. Beanpole, durant leur marche, les rendra attentifs à l’excellence des produits technologiques des anciens, dont il reste des débris. Empruntant le «Chuinte-fer» (wagons sur rails tirés par des chevaux), ils atteignent une grande cité (Londres ?) détruite par les tripodes : « Certains immeubles s’étaient effondrés, sous l’effet des années et des intempéries, mais par endroits, beaucoup – parfois des rangées entières- avaient été comme aplatis, écrasés par un marteau descendu du ciel »
    Les ruines recèlent des trésors, notamment des sortes d’œufs explosifs (grenades ?)  que Will ramasse dans les souterrains d’un ancien métro.  Ils continuent leur route vivant toujours de rapines. Un jour, Will se blesse gravement. Découverts par la comtesse du château de la Tour rouge, nos trois amis y trouvent refuge soin et compréhension. Surtout Will qui s’amourachera d’Eloïse, la fille de la Comtesse, au point d’en oublier ses amis.
    Eux, devant son inertie, se décident à poursuivre leur objectif : rejoindre les Montagnes Blanches. Laissant le jeune adolescent à sa passion, ils se remettent en route. Bientôt, Will se rendra compte qu’il a commis une erreur. Surtout lorsque s’approche le jour de la Cérémonie et qu’il découvre qu’Eloïse est coiffée d’une résille, et qu’il est étroitement surveillé par un tripode.
    Profitant d’un moment d’inattention générale, il prend la fuite à cheval constamment poursuivi par le tripode, ce qui ne laisse pas de l’étonner. Il retrouve ses deux amis dans une vallée proche des Montagnes Blanches. Grâce à Beanpole, Will comprend l’acharnement du tripode: un émetteur avait été implanté dans sa peau ! Beanpole , non sans mal, le débarrasse du mouchard électronique, ce qui rend le tripode furieux.Agressivement, il attaque les jeunes gens qui se défendent en utilisant « les œufs » découverts dans la cité détruite :
    « J’ai senti la terre trembler encore et encore, avec de plus en plus de violence. Puis un des pieds du Tripode traversa le bleu ; j’ai vu l’hémisphère noir contre l’arc du ciel, et j’ai essayé de m’enfoncer dans la terre. A cet instant, le hurlement s’est arrêté. Dans le silence, j’ai entendu le sifflement différent de quelque chose qui cinglait l’air, et, regardant craintivement, j’ai vu deux ou trois buissons déracinés et jetés au loin. »
    Finalement, ils accèdent au but et seront recueillis par une douzaine de résistants dans les grottes des Montagnes Blanches.
    Vol. 02 : La Cité d’Or et de plomb, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème ,  169pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)                                                                                                                           
    1 ère  parution : 1967     titre original : the City of gold and lead
    Beanpole, Will, Fritz et Henry s’entraînent aux « jeux » dans le refuge montagneux, loin des tripodes. Leur objectif est de participer au concours qui permettra au plus fort d’entre eux de pénétrer à l’intérieur de la Cité des « Maîtres », les envahisseurs extraterrestres utilisant les tripodes comme armes. Bien que non dénuée de danger, l’opération est essentielle pour pouvoir récolter un maximum d’informations sur les extraterrestres.
    Les Jeux se déroulent dans le nord de l’Allemagne. Ils s’y rendent par voie fluviale, non sans peine. Finalement seuls Fritz et Will auront la chance d’être choisis. Ils seront acheminés au sein de la Cité par un tripode pour servir d’esclaves aux Maîtres, que Will aperçoit pour la première fois :
    « Ils étaient beaucoup plus grands qu’un homme, presque deux fois plus, et larges en proportion. Leur corps était plus gros à la base, faisant environ un mètre cinquante…, mais réduit en haut à quelque trente centimètres pour la tête. Si c’était bien la tête, car il n’y avait aucune continuité, aucune trace de cou…Le corps se mouvait non pas sur deux jambes, mais sur trois, celles-ci étant épaisses mais courtes. Ils avaient aussi trois bras ou plutôt trois tentacules émergeant d’un point situé à mi-hauteur de leur corps. »
    Les conditions régnant à l’intérieur de la cité sont épouvantables pour les humains : une chaleur tropicale, une atmosphère verte, irrespirable et une gravitation augmentée font qu’au bout de deux ans la majorité d’entre eux sont au bout du rouleau, se rendant d’eux-mêmes au lieu de «l’heureuse Délivrance », en fait l’euthanasie.
    Will et Fritz furent choisis chacun par un Maître différent. Celui de Fritz, sadique et brutal, le frappe constamment. Celui de Will est un intellectuel. Il désire faire de Will « son ami » comme le font les humains avec les chiens et va jusqu’à lui montrer ses collections, qui font la fierté des envahisseurs :
    « Regarde, garçon. J’ai regardé, et la sueur salée de mon visage s’est mêlée au flux plus salé des larmes –pas seulement des larmes de tristesse, mais de colère ; de la colère comme jamais je n’en avais éprouvé, je crois. Le curé de Wherton avait une pièce qu’il appelait son bureau, et dedans il y avait un meuble de bois ciré aux nombreux petits tiroirs. Un jour on m’avait envoyé lui faire une commission et il avait ouvert les tiroirs pour me montrer ce qu’ils contenaient. Sous du verre, il y avait des rangées et des rangées de papillons épinglés, leurs jolies ailes étendues. J’ai pensé à cela en découvrant ce qui était exposé là. Car il y avait des rangées de coffres, tous transparents, et dans chacun reposait une jeune fille vêtue de beaux atours. »
    Ravalant sa haine, Will, en lui obéissant en tout, le met en confiance, ce qui lui permet de soutirer des renseignements utiles. La géométrie de l’étrange cité, l’atmosphère létale (il ne se déplace qu’avec un casque), les comportements curieux des Maîtres lui seront bientôt chose coutumière. Malgré leur aspect grotesque, les Maîtres sont d’une mortelle efficacité. D’ailleurs Will apprend qu’ils projettent, d’ici quelques années, de modifier totalement l’atmosphère terrestre à leur profit, condamnant tous les humains à mort. Il devient urgent de faire connaître ces données à Julius.
    Un jour, Will, découvert par son Maître, n’a d’autre alternative que de le tuer, car il connaît son point faible, situé entre le nez et les « bouches ». L’adolescent rejoint ensuite Fritz, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Celui-ci lui indique une voie pour quitter la Cité, soit se laisser emporter par la rivière souterraine qui la traverse de part en part, les Maîtres ayant un absolu besoin d’eau. Proche de l’asphyxie, Will émerge au-delà de l’enceinte, recueilli par Beanpole qui surveillait les lieux. Alors que Fritz se sacrifie pour la cause, Will et Beanpole se dépêchent de relater à Julius la véritable nature des envahisseurs et de la menace qu’ils font planer sur le monde.
    Vol. 03 : le Puits de feu, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème,  168pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)                                                                                                                           
    1 ère  parution : 1967     titre original : the Pool of Fire
    La lutte s’organise. Grâce aux informations de Will, Julius met en place un plan d’attaque contre les envahisseurs. Il s’agit de pénétrer à l’intérieur de la cité, y tuer les Maîtres en y introduisant l’oxygène terrestre,  mortelle à leurs poumons. Pour que le plan réussisse, des conditions impératives doivent être remplies. Tout d’abord, il importe de connaître leur point faible afin de les mettre hors d’état de réagir, au moins un certain temps. L’on envisage de capturer un Maître qui servira de cobaye.
    Ensuite, il faudra très précisément minuter l’opération. Les Maîtres ayant établi trois bases sur terre en contact permanent entre elles, sur le continent américain, européen et en Asie. Chaque adolescent aura une mission particulière.
    Beanpole travaillera au quartier général, à l’aspect scientifique du problème. Will (rejoint par Fritz qui a pu se sauver en dernière extrémité) devra stimuler la foule en suscitant partout des cellules de résistance. Ils iront vers le Sud jusqu’en direction de la Turquie.
    Mais, avant tout, comment s’emparer d’un Maître ? Une stratégie est mise en place avec Will comme appât. Peint en vert (couleur inhabituelle censée soulever la curiosité de la proie), le jeune homme attirera le tripode dans un piège creusé à même le sol. Le Maître en est extrait et enfermé en une cellule de préservation.
    Longtemps l’extraterrestre restera une énigme pour les humains. Ce n’est que fortuitement qu’ils apprendront que son système nerveux réagit à l’alcool, dont une infime quantité le plonge en catalepsie. La décision prise amènera un groupe-commando, dont Will et Fritz, à pénétrer au sein de la cité, de s’y faire oublier le temps nécessaire à la fabrication d’une grande quantité d’alcool.
    Au moment prescrit, dans les trois cités, l’alcool sera versé dans les réserves d’eau pour priver les Maîtres de conscience. Le plan réussit. Par le démantèlement d’une porte de sas, ils arrivent à faire pénétrer l’air terrestre dans la cité. Le dôme éclatera à cause de la différence de pression, en causant la mort des envahisseurs. Mais la cité d’Amérique, situé sur le canal de Panama, fait de la résistance . Julius, toujours prévoyant,  y dirige sa toute nouvelle force aérienne, mise au point par Beanpole. Des aéroplanes, bourrés d’explosifs, sont censés faire éclater le dôme. Finalement, ce sont des ballons dirigeables qui emporteront la décision, et notamment le sacrifice d’Henry qui se fera exploser avec sa charge à l’aplomb exact du dôme.
    La terre est sauvée. Même la menace du vaisseau extraterrestre s’évanouit puisque, avertis par une mystérieuse forme d’empathie, les envahisseurs repartiront vers leur planète non s’en avoir fait sauter les têtes de pont que constituaient les trois cités.Au moment même où, une année plus tard, les outils technologiques du passé étaient redécouverts, où de toute évidence il s’agit pour les humains de se serrer les coudes, Julius, qui rêvait d’un grand consensus mondial, est contesté politiquement. Les hommes retournent à leurs égoïsmes :
    « Le premier délégué des Etats-Unis a dit : « Nous sommes venus ici de bonne foi, prêts à travailler avec les hommes de tous les pays. Nous avons entendu des querelles mesquines, des injures à un grand homme. Les livres d’histoire nous avaient dit que les Européens étaient ainsi, qu’ils ne pourraient jamais changer, mais nous ne les croyions pas. Eh bien, nous les croyons maintenant. Cette délégation se retire donc de cette Conférence grotesque. Nous avons notre propre continent et nous pouvons nous débrouiller seuls. » Ils ont repris leurs affaires et se sont dirigés vers la porte. »
    Alors que Will, désabusé, pense se lancer à la découverte de régions encore inconnues, Fritz se contentera de « cultiver son jardin ».
    Une fin amère pour un grand roman !


  5. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: Pierre BARBET Parution: 1982
    La France après une guerre nucléaire qui ne lui était pas destinée. Des missiles américains ou russes au système de radioguidage détruit ont explosé un peu partout au-dessus de notre beau pays, au hasard. Les membres d’une même famille, séparés au moment de la catastrophe, connaîtront des sorts divers. Le père, d’abord, Henri Dubois. Méticuleux, prévoyant, bien au fait des aléas de l’atome, tente de regagner son abri anti-atomique de Montfort-l’Amaury.
    Pas de chance : il se trouve à Paris lorsque le flash a lieu. Les monuments effondrés, les incendies, les rues entravées par les épaves de voiture, lui font préférer la fuite par la Seine. Se protégeant imparfaitement contre les retombées, il espère que Marceline et Germain, son vieux couple de factotums, auront pu descendre dans l’abri. Il rejoindra finalement son havre de paix mais pour y mourir. C’est le vieux couple qui profitera de sa largesse et de ses ultimes conseils. La fille, Christine, file le parfait amour avec Jean, à bord d’un voilier, au large de Nice. L’explosion d’un missile dans l’arrière –pays niçois donnera le temps au jeune couple de gagner la Corse où ils seront bien accueillis jusqu’à ce que, quelques mois après le désastre, un psychopathe se donne le titre de Napoléon IV en soumettant l’île à sa volonté. Ils fuiront à nouveau. Recueillis par un bateau marocain, ils termineront leur trajectoire en Australie qui n’a subi que des dégâts mineurs. En attendant les inévitables retombées, les Australiens auront le temps de s’y préparer.
    Micheline Dubois, l’épouse, en vacances près de Batz a pu gagner un abri de fortune. Là, avec Louis Duroc, un médecin voisin et Sophie la fille de celui-ci, ils attendront sagement la fin de l’orage. Alors que l’Europe entière s’enfonce inéluctablement dans l’anarchie se dessine un nouveau moyen âge, des « Seigneurs de la guerre » émergent, enrôlant à leur profit tous ceux qui n’ont su se protéger à temps. N’ayant plus rien à perdre, rongés par les maladies de peau et les leucémies, ils finissent la dévastation, tuant ou réduisant en esclavage les rescapés. Ayant pris appui en d’antiques forteresses comme celles du Château-Gaillard aux Andelys, ils y subsistent, puissamment armés jusqu’à ce que la petite population de « l’Ecole de Grignon », anciens scientifiques, gens sensés et maire à poigne, mettent un terme final à la menace en les empoisonnant collectivement à la cholchicine. Germain et Marceline, qui ont rejoint la communauté, joueront les anges exterminateurs.
    Louis Duroc aura une fortune malheureuse. Il disparaîtra, battu à mort par les « Ankous », d’abominables sauvages méprisables et malades, donnant ainsi leur chance à Sophie et Michelle de rejoindre une communauté dans le Guérandais. Partout, les Français survivants devront s’habituer à leur nouvelle vie, car les pays du sud, moins touchés, n’interviendront  pratiquement pas dans un monde où compte désormais le « chacun pour soi » :
    « La population décimée, devrait désormais revenir aux normes anciennes, reprenant les habitudes de ses ancêtres du Moyen Age. Labourage et pastourage… Plus de techniques compliquées, rien que des artisans travaillant dans leurs échoppes, avec les moyens du bord et le souvenir lancinant des machines qui, naguère, se chargeaient d’innombrables tâches. (…) Petit à petit, la vie s’organisait. Des cercles se créaient, animant des jeux divers abandonnés comme désuets avant la catastrophe. Comme il n’y avait plus ni télévision ni radio, ni cinéma pour égayer les grises soirées d’hiver, les traditions avaient repris. Pendant que les femmes cousaient, que les hommes sculptaient ou jouaient aux cartes, des conteurs narraient des histoires, d’autres effectuaient des tours de prestidigitation. »
    Enfin, Christine, enceinte, mettra au monde son fils en Australie où –oh ! miracle!- celui-ci révélera des qualités psy et télékinésiques importantes, conséquences d’une mutation bénéfique.
    Un roman vraisemblable, documenté (sauf pour le dérapage final) qui évoque avec lucidité l’âge sombre de l’après-guerre atomique, rendu encore plus réaliste part la mise en place d’un décor familier au lecteur français

  6. Type: livre Thème: guerres futures 2, menaces telluriques, Adam et Eve revisités Auteur: Raymond CAEN Parution: 1950
    Les membres de la famille Dubrankman, lors d’un pique-nique, étaient loin de se douter que le destin allait leur jouer un tour.
    A cause d’une combinaison moléculaire extraordinaire, le fromage ingurgité contribua à faire d’eux des « Stas » (pour « Stabilisés »), soit des êtres humains improbables, figés dans une immobilité physiologique pour l’éternité. Leur cœur ne bat plus, ils ne respirent, ils ne mangent plus et surtout, ils ne meurent plus.
    Pour Hector Petitpas, le gendre, l’immobilité fut lourde de conséquences. Survenue au cours de la sieste érotique d’après-repas, il fut affligé d’un priapisme persistant identique à celui du « Bandard fou » de Moebius. Situation qui lui valut le succès auprès des dames pour les siècles à venir sans qu’il en retire une satisfaction quelconque, ses sens eux-mêmes s’étant stabilisés.
    Marie, la petite bonne paysanne, inculte et sauvageonne, mit à profit sa longévité pour acquérir une culture telle qu’elle devint, quelques siècles plus tard, une exploratrice interstellaire, disparaissant en une mission extragalactique.
    Juliette, la femme d’Hector, se trouvait enceinte au septième mois lorsque le phénomène eut lieu. Elle garda son enfant trente quatre ans dans son giron puis eut la douleur de le perdre quand, après une césarienne réussie, celui-ci put vivre une vie d’adulte normal, puis de vieillard, à côté d’une maman toujours aussi jeune.
    Plus tard, les Stas ne purent dénombrer leur descendance tant elle était nombreuse, sans toutefois que celle-ci pût profiter de leur pouvoir.
    Mais le véritable héros du livre est Léopold Dubrankman, dont le nom « Léopold » se déforma en « Popoff » après la catastrophe mondiale qui s’inscrivit autour des années 3770. Témoin modeste et ironique des siècles futurs, il vécut 2324 ans avant d’être annihilé sur un bûcher funéraire, le feu seul pouvant avoir raison d’un Stas. Il avait ouvert un journal intime pour y relater sa formidable expérience d’homme-dieu.
    Devenu immensément riche après un judicieux placement d’argent, il s’intéressa aux divers secteurs de la culture (politique, linguistique, économique…) pour finalement jouer un rôle effacé dans l’histoire des hommes qu’il se contenta d’observer.
    Au cours des premiers millénaires, la science fit d’énormes progrès, y compris dans l’exploration du cosmos jusqu’à l’invention du « transmut », un appareil de transmutation permettant la métamorphose de tout en tout ( du sable en poulet, par exemple, ou de l’eau en vin) offrant le paradis à une humanité laborieuse.
    Laborieuse mais agressive. Un désaccord avec des extraterrestres amènera sur eux la malédiction des cieux, soit la disparition totale de l’espèce humaine, des catastrophes géomorphologiques généralisées, un bouleversement des continents et la disparition de toute vie :
    « Après ces hors-d’œuvre prometteurs, ce fut le chaos, le cauchemar d’un feu d’artifice dans toute sa splendeur. Les continents pétaient comme des châtaignes. La carte du monde changeait à chaque instant. La France, notre belle province, ne fut pas épargnée.
    Si la Manche disparut entre le Pas-de-Calais et les environs de Douvres, un coup bien placé, fit de Brive-la-Gaillarde un port de mer, l’Atlantique s’étant engouffré dans une crevasse ouverte par une explosion atomique, entre le Massif Central et Arcachon. »
    Seul Léopold Dubrankman, le dernier Stas survivra au désastre, grâce à sa nature. Il entreprit de marcher à la rencontre d’autres hypothétiques survivants, traversant des années durant des territoires stériles, vides d’animaux mais couverts d’une épaisse forêt :
    « Inde, Chine ou URSS, c’est toujours la sempiternelle forêt, sans bêtes, sans oiseaux, sans hommes. Et je poursuis ma randonnée solitaire, avec pour tout bagages et richesses : ce présent cahier, mon stylo Eternit, mon portefeuille bourré de dérisoires billets de banque, un costume qui commence à n’en plus vouloir et des chaussures qui n’en veulent plus du tout. »
    Le froid, la neige, la température glaciale ne constituaient pas de barrières pour lui. Se dirigeant vers les plus hautes montagnes du monde –d’après lui, l’Indou-Kouch -, il eut l’immense surprise de découvrir une tribu humaine, oubliée de l’histoire, les « Kouchiques », qui l’adoptèrent comme un dieu.
    Là, de façon paternaliste, il conseilla ses sujets dans leur évolution, tout en évitant de leur donner des indications technologiques propres à les mener sur la voie du progrès scientifique. Comme démocrate il déplora que le réflexe agressif réapparaissait cycliquement dans l’être humain et ne put que s’incliner lorsque de hardis explorateurs marins kouchiques, partis sur l’océan indien, revinrent en rapportant les expériences malheureuses du contact avec des sauvages de « Cinghalaisie », des descendants d’anciens rescapés australiens survivants sur une île-continent apparue au cours du cataclysme.
    Les Cinghalaisiens, ayant tué quelques-uns de leurs camarades, l’on décida d’une expédition punitive malgré les conseils de prudence du dieu « Popoff ».
    Léopold, pour mettre du piment dans sa vie, accompagna l’expédition guerrière qui, prise au piège, fut anéantie. Lui-même, à cause de ses pouvoirs ,  considérés comme malfaisants, brûla sur le bûcher :
    « Popoff renonça à se défendre et à se disculper. Il se laissa aller à son destin. Est-ce lassitude ou conviction d’impuissance ? Les deux hypothèses sont plausibles.
    Vingt-trois siècles d’existence suffirent peut-être à son désir de vivre et son instinct de conservation, s’en était émoussé d’autant. Sans doute aussi, l’impossibilité de se faire comprendre dans la langue cinghalaisienne, lui enleva ses dernières velléités de résistance. »
    Son journal intime, retrouvé par hasard dans une strate archéologique par une nouvelle civilisation humaine, fournira la preuve que jamais l’évolution humaine ne se fait de manière progressive mais que l’être humain, prisonnier d’un cycle de développements et de régressions, était condamné à répéter sans fin les mêmes erreurs :
    « Grâce aux Stas, et singulièrement à Popoff, nous savons maintenant, en toute humilité, que l’on n’invente rien. On recrée tout au plus. Le progrès scientifique dont nous jouissons aujourd’hui, n’est pas l’apanage exclusif de notre temps. Le même stade de perfectionnement technique a existé sous l’ère chrétienne et vraisemblablement donc, sous les ères précédentes. »
    Les Stas, journal d’un dieu, forme une petit ouvrage intéressant.Sans que jamais l’auteur ne se prenne au sérieux et avec une grande économie de moyens littéraires, il développe pourtant, avec finesse et ironie, ce que l’on peut lire dans des pavés conséquents (comme ceux de Stapledon), soit l’application des thèses d’Oswald Spengler sur le déclin de l’Occident. Un récit plaisant et profond. A rééditer.

  7. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Pascal DHUICQ Parution: 1997
    La trame du roman couvre cent huit ans, de 1962 à 2070. Elle relate le passage de la terre et du système solaire du plan physique au plan ethérique, en une vaste épopée futuriste et ésotérique. Rapportée par les faits et gestes de Marie Delacroix, le personnage principal, cette évolution s’articule autour de deux thèmes essentiels : l’Apocalypse de St Jean et les prophéties de Nostradamus autour desquelles tourne une pléiade de thèmes mineurs fortement ancrés dans le domaine de l’ésotérisme, à savoir, : le rôle (présumé) de la Franc-Maçonnerie, la Grande Loge Blanche, l’Atlantide et les Atlantes, les voyages dans l’Astral, le New Age et la réincarnation, la réalité spirituelle et les extraterrestres, la méditation et le pouvoir des cristaux, les Supérieurs Inconnus, etc. etc.
    Le récit est agencé de manière à former une intrigue cohérente dans laquelle les thèmes se déduisent avec logique les uns des autres et interfèrent avec la vie de Marie, pivot fondamental de l’action. Les grandes envolées dithyrambiques sur l’évolution spirituelle des êtres s’enracinent en contrepoint dans le prosaïsme d’une science-fiction cataclysmique vécue au jour le jour. Car, avant d’atteindre la plénitude de l’âge d’or, il convient  pour l’auteur que la vieille humanité disparaisse, que la "Babylone" soit détruite, que la "Bête" étende son emprise sur le monde.
    Tout commence lorsque le père de Marie, Jean-Michel, s’adonnant avec passion à la méditation et aux voyages dans l’Astral, est assassiné par les "Forces de l’Ombre" parce qu’il a découvert une vérité essentielle. Plus tard, Marie, grandissante, redécouvre le secret de son père après une enquête policière,  pendant que l’univers social se dégrade autour d’elle. Sa mère s’est remariée avec Claudio un Italien et vit à Florence. Son frère Simon avec lequel elle ne s’est jamais entendue, se livre à toutes sortes de trafics. Seul son oncle Mathieu, informaticien, est prêt à l’aider dans sa recherche. Elle s’initie à la méditation et la sortie hors du corps physique. Lors d’un de ses voyages, elle rencontre l’âme de son père qui la confirme dans ses soupçons d’un vaste complot envers l’humanité de la part des " Forces de l’Ombre " (des extraterrestres ?) qui emprunteraient les traits de la mafia et ceux de l’intégrisme musulman :
    " Ils commencèrent par noyauter l’Eglise, à l’époque où celle-ci avait un grand poids sur le vieux continent : cela donna l’Inquisition, brisant des organisations initiatiques (Templiers, Cathares,…), des idées scientifiques révolutionnaires (Galilée…) et imposant une vision du monde monolithique et archaïque, qui retarda de beaucoup l’évolution humaine. Heureusement le courant de l’Histoire fut plus fort que les freins de l’Inquisition, et cette tentative échoua. Ils continuèrent de noyauter la politique à l’époque où celle-ci commençait à gagner ses lettres de noblesse avec la démocratie comme système de gouvernement. Ils créèrent ces mélanges hideux de politique et de nationalisme militaire appelé Nazisme ou Fascisme selon les pays. Ces Forces de l’ombre comme je les appelle, voulaient alors dominer le monde par les armes et le totalitarisme, et briser d’autres organisations initiatiques (Franc-maçonnerie et Rose-croix…) Ils furent à deux doigts d’y parvenir, tant le pouvoir de séduction d’Hitler fut grand sur les foules toutes acquises à sa cause. Depuis l’Inquisition, ils étaient devenus plus habiles à manipuler les masses. (…) Depuis les années 60, ils tentent de bâtir un empire économique plus puissant qu’un état : la Mafia internationale avec comme profits principaux ceux de la drogue et de la prostitution. "
    La 3ème  guerre mondiale éclate d’une manière soudaine par la faillite complète des banques et des systèmes monétaires internationaux. En une semaine s’installe le chaos : disparition de l’électricité, des biens de consommation, de toute organisation policée dans la cité. Marie, remontée de Lyon à Paris, fuit la ville non sûre. Elle se dirige vers le nord de la France trouvant un refuge inespéré dans une famille d’agriculteurs de Picardie, chez Chantal et Thomas Guilloux à Haramont. Lors d’une de ses sorties, attaquée par des voyous, elle est sauvée par Philippe, ancien journaliste devenu milicien. Il épousera Marie et lui donnera un fils, Jean. Tandis que Philippe patrouille dans le sud de la France pour y former d’autres miliciens, l’Europe est envahie par les intégristes musulmans.
    Trois pays (selon les prédictions), la Libye, l’Algérie et la Turquie déclenchent un conflit sans pitié. L’Espagne, l’Italie, le sud de la France tombent entre leurs mains :
    " Les nouvelles qui nous parvenaient du Sud étaient à la fois rassurantes et inquiétantes. En France, l’invasion intégriste remonta encore mais fut stoppée à Lyon. Elle semblait butter à ce niveau sur une résistance qui s’organisait dans tout le pays. Ainsi, seul le Sud-Est de la France restait occupé. Par contre, la Libye envahit l’Espagne par la mer, ce qui provoqua un second front pour la Résistance française au niveau des Pyrénées (…) Les USA, quant à eux, ne bougeaient pas trop préoccupés à faire fonctionner un embryon d’économie, en partie grâce à leur pétrole : le sort de l’Europe leur était indifférent. "
    Claudio est tué et Sylvia, la mère de Marie,  rejoint celle-ci à Haramont. Le pape Pierre II (anciennement Monseigneur Lustiger!) est assassiné à Avignon. En 2012, Philippe qui a réussi à se sortir des pièges tendus par les intégristes, rejoint sa femme puis tous deux entrent dans un mouvement de résistance actif contre l’oppresseur. Cette fois-ci ils obtiennent l’aide américaine. Les Intégristes sont battus et repoussés au-delà des frontières :
    "Parallèlement, les nations arabes, vaincues mais non éliminées de l’échiquier géopolitique, ruminaient une vengeance. Elles eurent l’idée d’approvisionner en pétrole les pays de l’Est dont les milliers de chars, hérités de l’époque communiste, rouillaient dans les hangars. Ainsi, dès avril 2014, les chars russes roulèrent avec du pétrole arabe. "
    A peine sortie du péril, la France épuisée voit se poindre un nouveau danger : des chefs de guerre russes remplacent les Arabes. Il ne reste plus qu’à fuir en Angleterre. Accueillis par Marie-Laure, une Française vivant à Falmouth, nos héros y passent quelques semaines. La crainte de Marie, qui a développé de grands pouvoirs supra-normaux, augmente car elle entrevoit une catastrophe majeure dans laquelle périront des millions de gens par " le Feu du ciel… " C’est à cause de l’éclatement d’une bombe AM (pour anti-matière) lancée par les Américains que la quasi-totalité de l’Europe est désertifiée :
    " Grâce à une explosion thermonucléaire d’antimatière, on projeta une masse considérable d’antimatière afin de détruire toute matière sur son passage. La propagation fut plus rapide là où il y avait moins de matière pour la stopper, dans l’air par exemple. Alors que le sol, les rochers, ou des murs épais, pouvaient arrêter une poussée d’antimatière. (…) D’énormes masses d’antimatière se déversèrent sur les zones où les bombes avaient éclaté. Résultat : tout le Bassin méditerranéen, du 45 ème  parallèle au tropique du Cancer, fut ravagé en quelques minutes. (…) On estime grossièrement, puisque rien ne subsista, pas même les corps, que deux cent millions de personnes périrent en quelques minutes. "
    La guerre est terminée. L’humanité vacillante, s’emploie à panser ses plaies. Elle se donne un nouveau maître en la personne de Perry Fox, voyant en lui un grand chef spirituel.  Mais Marie sait qu’il est le représentant des " Frères de l’Ombre " et que c’est lui qui est responsable de la mort des membres de sa famille. La lutte se poursuivra au plan spirituel. A la recherche de l’Atlantide, Marie et Philippe découvriront les lieux cachés et souterrains où se sont réfugiés les derniers Atlantes (le Conseil des 12) après la destruction de leur continent. Ces derniers sont prêts à aider l’humanité à franchir le petit pas qui la sépare d’une autre vie. Les agissements de Perry Fox qui joue avec les forces ethériques de la terre engendrent une nouvelle catastrophe : un raz-de-marée gigantesque qui balaie les côtes d’Europe et d’Amérique faisant resurgir de dessous les eaux le continent atlante.
    Finalement, en concentrant ses forces vibratoires, Marie arrive à éliminer Fox et son cénacle d’adulateurs. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’humanité qui bascule entièrement au plan ethérique introduisant du même coup dans le monde l’âge d’or. Elle sera guidée par la " Fraternité Blanche " des sages de la " Cité de Shamballa " et par le Conseil des 12, l’autorité suprême.  Toute cette histoire nous est contée en flash-back par une Marie âgée de 84 ans alors que le soleil physique a disparu durant trois jours, plongeant l’univers entier dans les ténèbres, avant de réapparaître sous sa forme ethérique de " Soleil  Noir " éclairant une humanité régénérée.
    Un roman formellement bien construit malgré quelques fautes de grammaire. La description réaliste et concrète des catastrophes qui frappent cette pauvre humanité rachète l’agaçant fourre-tout " new-âge ". L’intention apologétique de l’auteur est évidente et nous fait classer cette œuvre parmi les " Hétéroclites " selon la belle expression de Pierre Versins

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques, menaces idéologiques Auteur: Alexeï TOLSTOÏ Parution: 1925
    Ignace Rough, le grand magnat de la finance, invite sur son immense voilier, le Flamingo, une poignée de financiers hors-pair, le « Groupe des Cinq » qui projettent de se rendre maîtres du monde en s’attaquant, par une spéculation définitive , à la Bourse, et en s’emparant de tous les leviers de commande industriels :
    « Nous dirigerons la pointe de la terreur  sur la Bourse. En quelques jours, nous aurons fait s’effondrer toutes les valeurs. Nous les rachèterons pour une bouchée de pain. Quand, sept jours plus tard, nos ennemis reprendront leurs esprits, il sera trop tard. Et nous publierons alors un manifeste sur la paix éternelle et la fin de la révolution sur terre. »
    L’ingénieur Corvin qui les accompagne, leur explique comment réussir ce beau coup. Il s’agira de profiter du passage dans notre ciel de la comète de Biéla pour déclencher un processus qui amènera la ruine de notre lune. Dans une île qui appartient à Ignace Rough, à l’écart de la civilisation, les usines tournent à plein rendement. Elles ont pour objectif d’envoyer une série de bombes sur les failles lunaires qui affaibliraient la cohésion naturelle de notre satellite. La comète se chargera du reste. En passant au périhélie, elle créera une telle tension sur le centre de gravité lunaire que la lune éclatera en plusieurs morceaux. La terreur et les faillites de l’économie mondiale qui en résulteraient permettraient au groupe des Cinq de prendre tous les contrôles à vil prix et d’imposer leur ordre politico-économique, en supprimant toute velléité de résistance. Comme les morceaux de lune, d’après les calculs de Corvin, ne s’abîmeraient dans l’atmosphère terrestre que dans cinquante mille ans, le délai est jugé largement suffisant pour procéder à l’opération. Bien entendu, une fois le forfait accompli, l’on ferait disparaître les malheureux acteurs inconscients du drame, les ouvriers et les techniciens.  Le plan fut donc appliqué selon les prévisions et la lune vola en éclats :
    « Surgissant au loin, derrière le hideux chapiteau pointu d’un gratte-ciel de quatre-vingt étages, la lune venait d’émerger dans le ciel. Elle était couleur de cuivre terni. Elle paraissait plus grande qu’à l’ordinaire et tout entière enrobée de vapeurs. Mais le plus effrayant était que son disque vacillait et ondoyait, à la manière d’une méduse (…) La lune, on le voyait nettement à présent, s’était disloquée en plusieurs morceaux. La comète de Biéla agissait sur leurs parties inégales, et celles-ci se détachaient l’une de l’autre. Le spectacle de ce monde brisé en miettes était si terrifiant qu’au cours des premières heures une multitude de gens en perdirent la raison : ils se jetaient du haut des ponts dan l’eau des canaux, ils se donnaient la mort, impuissants qu’ils étaient à surmonter leur effroi. »
    S’étant rendu maître de la terre, Ignace Rough, s’étonne du changement rapide dans l’attitude des gens vis à vis du travail… Une fois la pure période de terreur surmontée, une sorte de mollesse poétique entretenue par des intellectuels jeunes, imberbes ou chevelus,  anarchistes ou amoureux, s’emparent des sociétés qui,  dès lors, envisagent uniquement de s’amuser, de jouer, de vivre, de paresser au lieu d’enrichir Ignace Rough. Le complot a eu des conséquences inattendues !
    Une nouvelle étonnante et jubilatoire où le prétexte cataclysmique véhicule un message libertaire.

  9. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Daniel F. GALOUYE Parution: 1963
    La Terre, avant le jour de « l’Horreur », qui a lieu, chaque année, en septembre. Des maisons détruites, des ruines, une humanité réduite à sa plus simple expression, plus aucune naissance et, partout dans le monde, des forteresses étranges formées de cubes, de cônes, de pyramides, qui brillent de mille feux :
    " Derrière un rempart scintillant s’élevaient des rangées de structures d’un éclat pur, aveuglant. Force brute? ? Energie rudimentaire ? Maddox s’abrita les yeux devant ces fontaines étincelantes, ces collines d’essence lumineuse, ces éblouissants nimbus géométriques, ces voiles de lumière indolents qui flottaient d’une mince flèche à l’autre. Il brava cette impudente splendeur, et put distinguer d’immenses cubes verts, des pilônes oranges gracieux élancés, des pyramides émeraude, de miroitants obélisques gris qui paraissaient trompeusement contenir les partis les plus solides de la ville. "
    Tout ceci est l’oeuvre des «Sphères», sortes d’entité immatérielles qui ont envahi le monde il y a dix ans déjà, détruisant l’espèce humaine en s’adonnant aux rituels de la «Chasse» (humains poursuivis et mis à mort de façon aléatoire) et de la «Sélection» (notamment celle des enfants et des femmes enceintes). Chaque année, à la même date, le ciel se couvre d’une «grille» lumineuse et les humains exposés sont pris par d’atroces souffrances, croyant apercevoir un soleil étrange qui les brûle jusqu’aux tréfonds de leur être :
    " Une bourrasque arracha les volets. Par la fenêtre, il vit le soleil, un disque de lumière tamisé à l’éclat terni qui tremblota, s’éteignit comme il le regardait. Et, à sa place, se gonfla une gigantesque boule d’un feu violent, surnaturel, qui parut aspirer les éléments de la Grille, se nourrir de leur essence pour enfler encore et lancer des vagues de nausée et de chaleur toujours plus terribles. "
    Pour Maddox, le dernier commandant terrien et son petit groupe de soldats, il ne s’agit pas d’une illusion : c’est bien un soleil extraterrestre qui luit et vers lequel la Terre, étrangement attirée sous l’impulsion des Aliens, semble vouloir se diriger :
    " Et chaque fois, l’interrompit Uhlrich, il a été remplacé par une énorme boule d’un éclatant feu d’enfer. C’était le soleil coexistant qui amènera inévitablement la mort de la race humaine. Il émet des rayonnements dans un spectre dont on ne connaît pas d’autre exemple. Il stimule directement les centres de perception du cerveau. Il provoque la Seconde Vue, ou Vision Pénétrante. Il brûle, il s’enfonce dans les chairs, nous ne pouvons nous cacher. Imaginez ce qui arrivera quand nous y serons complètement et définitivement exposés, au lieu de le supporter seulement quelques secondes par heure. "
    Cependant, la psychologie des Sphères reste mystérieuse et il n’est pas envisageable de les abattre avec nos armes. La lutte devra se poursuivre sur le plan mental car les Sphères réagissent à l’inconscient des êtres humains en se servant d’une substance de base, immatérielle, le « Psychon » qu’ils modulent à leur guise. Maddox hérite de deux anneaux, objets extraterrestres, récupérés lors d’un raid dans l’une des forteresses. Il s’aperçoit que le fluide mental du Psychon s’écoule de ces anneaux et il apprend à son tour à contrôler le flux jusqu’à en faire une arme décisive à opposer aux Sphères. L’urgence en est absolue puisque le prochain jour de l’Horreur chassera définitivement la Terre hors du système solaire provoquant l’extinction totale de l’humanité.
    Comme si cela ne suffisait pas, Maddox et les siens doivent aussi lutter contre les agissements de Gianelli, sorte de maire auto-proclamé d’un village humain, jaloux du pouvoir du commandant, et contre une secte de fanatiques, les tenants du «Jugement dernier» , adorateurs des Sphères. En dominant le Psychon par un entraînement assidu qui doit les purger des scories de l’inconscient, Maddox, Linda et Edie entraînent un petit groupe de soldats.
    Le temps presse. La forteresse à base de Psychon qu’ils arrivent à élever les protège de justesse contre les forces de la haine alors que débute l’ultime jour de l’Horreur. Une seule possibilité subsiste encore pour éviter l’innommable : empêcher les Sphères d’accomplir leur œuvre de mort, en détruisant toutes les forteresses étrangères répandues sur le globe. Pour cela il leur faudra acquérir les pouvoirs de télékinésie et de translation que seule domine pour le moment Edie. Sur le point d’échouer, Maddox fait une découverte fondamentale : les anneaux qui s’agrandissent à volonté sont capables de projeter leur propriétaire soit dans le passé, soit dans le futur.
    Plus aucune hésitation n’est permise. Maddox et Edie traversent les anneaux…. pour se retrouver en un endroit étrange de l’avenir de la terre, en face d’une cité lumineuse, entièrement constituée de Psychon, façonnée par les humains, à côté de statues les représentant,  tandis qu’une foule immense vient à leur rencontre. Les Sphères ont disparu de notre monde en laissant à l’humanité renaissante des pouvoirs supérieurs dans la manipulation de l’esprit,  dont la télépathie et la domination mentale sur la matière.
    Un roman curieux dont l’action passe par la confrontation entre forces psy, et description de formes de vie radicalement irréductibles aux nôtres. Il n’est pas sans rappeler le « Grand Silence » de Silverberg ou la « Terreur grise » de J. Hunter Holly.

  10. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean BARDIOT Parution: 1956
    Le récit s’ouvre sur un réquisitoire contre tout ce qui était vivant. Dans le domaine social, l’homme, hypocrite et menteur, impose un progrès débilitant. Aujourd’hui, la nature est vide de l’homme :
    « L’homme s’était évanoui mais l’énorme machinerie terrestre fonctionnait avec la même automaticité qu’au temps où il y avait des faneuses en juin et des laboureurs en novembre. Les étés flambaient sur les sommets sans arbres et sans fleurs. Les mers les plus belles, animées par le rythme amoureux des marées, fouaillées par les vingt-quatre vents antiques, tordues par les colères des équinoxes hurlaient, glapissaient comme de vieilles folles. Les tempêtes de neige encapuchonnaient les Alpes inutiles. »
    En réalité, ce monde devait mourir. Car la bête l’avait emporté sur l’homme qui a inventé la corruption, la passion imbécile du bruit, l’érotisme vide, l’inceste et la zoophilie. Socialement, le type humain était décadent, ce qui a précipité le mouvement :
    « Un magistrat aussi vertueux n’eut certes point commis l’erreur de saluer ce grand poète de l’autre siècle qui sentait la punaise le pipi et l’absinthe. Il avait eu le tort de naître à une époque où le sodomite n’était qu’un asocial aux mœurs unanimement décriées. Depuis, des rois, des maréchaux, de hauts dignitaires avaient contribué activement ou passivement à la promotion étonnante du philopède. Le septième cercle de l’Enfer était devenu un salon immense peuplé de gens de bien. »
    Avec le règne des psychotechniciens, les hommes se sont rangés en classes sociales distinctes. Au bas de l’échelle, se situent les « zobréros », la valetaille des vaincus, les prolétaires qui pourrissent dans des conditions révoltantes, canalisés par la religion. Les patrons sont soutenus par les «bocadors », conférenciers charismatiques à leur dévotion , dont l’image est véhiculée à travers des médias manipulés. L’amour du sang, dont la chasse est un reflet, prouve que les Dieux sont à l’image de l’homme, rendant toute religion inutile, y compris le christianisme.
    Le pouvoir, en ce monde futur de 2050, est détenu par six dictateurs, purs produits de la méchanceté et décadence de l’époque, qui s’appellent eux-mêmes les « homotimes » . Ce sont des vieillards qui vivent en un château isolé, dans la sierra de Los Lobos :
    « L’ascension des six sages à la magistrature suprême était sanctionnée automatiquement par l’abandon de tous leurs biens au profit de la communauté. Mais chacun d’eux savait que trois mois après son élection il se retrouverait à la tête d’une fortune dont il ne jouirait d’ailleurs pas. Galbo était d’une cruauté néronnienne, Néra pédéraste, Latek gâteux, Elba ivrogne, Shobim hystérique et Agman, le doyen, sinueux comme un membre d’archevêque. »
    Détenant un pouvoir sans limites, ils exercent une effrayante répression sur une masse amorphe et coupable. Sous les oripeaux d’une pseudo-démocratie, la terre s’étant mise en république mondiale, ils suivent une Constitution soi-disant originale, en fait « un démarquage d’anciennes Constitutions en pire ». Ils dressent un constat cynique de l’état du monde. Bien que les guerres entres races s’étaient toutes éteintes puisqu’il n’y avait plus que des métis, les millions d’assassinats particuliers qui se déroulaient sur terre, ne suffisaient pas à enrayer la progression du mal. L’amollissement dû au confort moderne avait bloqué toute initiative :
    « Une multitude de petites trouvailles domestiques, ingénieuses ou farfelues, transforme la vie du civilisé en un paradis (…). Nous ne nous apercevons pas que cette civilisation nous asservit à la chaussette inusable et à la chemise-qu’on-ne-repasse-pas. C’est une civilisation de paresseux. (…) Elle fait de nous les esclaves satisfaits du confort, de la mayonnaise préfabriquée et du spaghetti-minute. »
    La civilisation n’est donc plus qu’un mot, l’humanité un échec et l’homme une faillite. La dégénérescence collective repose sur celle de l’individu. Des mâles dévirilisés,  asexués répandent une androgynie inacceptable :
    « Les grands géniteurs n’existent plus. J’ai cherché en Russie et en Afrique des boxeurs poids lourds. Il ne reste plus que des mouches. Il y a deux siècles on trouvait encore des piliers de rugby velus comme des orangs. C’étaient de magnifiques animaux. Aujourd’hui nos athlètes n’ont pas plus de poils que des filles. »
    La mémoire culturelle des siècles passées sera, elle aussi, annihilée par des invasions plus que probables :
    « Permettrez-vous que des millions de nichilodos à peau blanche, noire ou safranée, campent victorieux et saouls, au cœur de Rome ou de Paris ? Voulez-vous voir dans les Champs- Elysées, les feuilles de marronniers palpiter sous les millions de poux apportés par les vainqueurs ? »
    Se sachant aussi misérables et méprisables que leurs concitoyens, les six Sages prendront la décision d’anéantir l’humanité, de vider la terre de la présence humaine, en agissant de manière concertée et rationnelle, chacun d’entre eux devant s’occuper d’un secteur spécialisé. Lorsqu'ils auront réussi dans leur entreprise, mais seulement à ce moment-là, ils font le serment de se suicider pour clore définitivement le programme.
    Des armes à virus , forgées en des usines souterraines, seront lancées sur tous les pays du monde, en commençant par les villages, en une répétition générale, suivies par les îles afin d’isoler les continents. Elle seront suivies par des armes de destruction massive, champ de prédilection de l’un des Six :
    « Il devint lyrique lorsqu’il étudia les possibilités miraculeuses de ses derniers engins. Ils pulvérisaient le granit. Ils faisaient fondre l’acier même lorsqu’il était noyé dans le béton. Ils le sentaient. Ils le détectaient. Ils avaient la haine du métal. Les bombes s’attaquaient sans hésitation aux ponts, aux viaducs, aux canalisations, aux rails, à tout ce qui était métal, de la grue géante à l’évier, de l’automotrice à la cuiller à pot. »
    Avant cela, il importe de détruire toute trace des œuvres humaines, surtout les plus belles. C’est Agman, le chef des Six et le plus pervers, qui aura pour tâche de parfaire cette importante mission. Il fera convoyer en avion, de partout dans les monde, les œuvres picturales les plus célèbres , toutes celles qui donnèrent de la société une idée trop favorable, pour les livrer avec délectation aux flammes :
    « Il frissonna en voyant le beau ventre de Bethsabée se gonfler comme un pet-de-nonne avant d’éclater sous la morsure du feu. (…) Il voulait voir…oui… il voulait voir craquer les cuisses de l’Olympia et suivre sur le visage de la belle Zélie le cheminement des flammes à l’assaut des accroche-cœur du front. Mais il se promettait bien, cette fois, de procéder avec une lenteur gourmande. »
    Cette destruction précéda de peu des troubles sociaux de plus en plus importants, que l’on suscita en de nombreux pays. Avec l’émergence dans les peuples d’une mystique de la destruction, puisque la fin du monde aurait été prédite et que l’on devait suivre la volonté de Dieu, des déplacements de masse jetèrent sur les routes des millions de pèlerins voués à la mort, que précédaient des prophètes, ce qui simplifia la tâche des Six, qui aidèrent, comme il se doit les malheureux dans leur quête :
    « Une heure ou deux avant l’aube, alors que la flamme des cierges devenait plus pâle, des rockets passaient et repassaient silencieusement à cent mètres puis à vingt au-dessus des champs bossués par les corps. En quelques minutes tout était consommé. »
    Par moments, les « Sanguinaires » s’étonnèrent de la facilité de leur entreprise. Aucune opposition ne s’était dressée contre eux, ce qu’ils auraient presque souhaité. Ils mirent cette passivité sur le compte de la déchéance humaine :
    « Devaient-ils abandonner l’espoir de voir se dresser contre eux un révolutionnaire… un vrai…un Spartacus…un Savonarole… un Ferrer… un de ces conducteurs de peuples qui apparaissent brusquement aux époques où la foule hurle à la mort. Hélas ! les trublions nobles, les mendiants de la liberté s’étaient en quelques siècles, mués en esclaves, des esclaves gras et satisfaits. »
    Les éradications en masse, les suicides collectifs prenaient encore trop de temps. Il fallait accélérer le processus si l’on voulait terminer dans un délai raisonnable. Alors, ils firent édifier des usines cyclopéennes où l’on fabriquait à la chaîne des engins de mort sans pilote, lâchés immédiatement au-dessus des grandes villes, Rome, Londres ou Paris :
    « Larguée de vingt mille mètres de hauteur à la verticale de Notre-Dame, la bombe stoppa aussitôt tous les gestes de la vie à l’intérieur d’un cercle parfait de 20 kilomètres de diamètre. On eût dit qu’une épidémie foudroyante de paralysie avait fondu sur la ville et les départements voisins. Tous les êtres vivants avaient été surpris dans l’attitude même qui était la leur à 16h 36 ce jour-là. (…)  Les vitres des maisons n’avaient pas bougé, mais les habitants, victimes d’une affection cardiaque collective, s’étaient immobilisés, celui-ci au volant de son camion, cet autre le nez sur sa chope, dans la banalité des gestes quotidiens.
    Quinze jours après, atteints à leur tour par la lente pourriture de la pierre et de l’acier, toutes les maisons, tous les palais de Paris tombaient en poussière. »
    On aida, dans les villes restantes, la lie du monde à s’exprimer :
    « La cruauté avait ses artistes. Ils sculptaient les oreilles ou les nez à coups de couteau ou s’acharnaient sur les jeunes seins qu’ils coupaient comme des grape-fruits. Les plus ignobles avaient trouvé un jeu de mardi-gras qui amusait les autres. Ils se faisaient des moustaches brunes, blondes ou rousses avec le pubis des filles.»
    Tous ceux qui désiraient encore respirer, tous ceux qui avaient assez de conscience personnelle ou un instinct de survie exacerbé, qui se réfugiaient dans des cavernes, des abris, des caves, des retraites blotties au fond des bois, furent traqués par des armées spécialisées et renvoyés au néant, jusqu’à l’expiration des derniers humains libres.
    Puis, ils s’attaquèrent aux animaux, ce qui fut plus facile, afin d’éviter que la vie vers l’évolution ne reprenne un mauvais chemin. Ils empoisonnèrent l’atmosphère du monde entier avec des poisons volatils et indétectables, utilisant les vents comme vecteurs de mort. Légitimement satisfaits de leur entreprise, les Six, lors de la dernière séance du Conseil, firent inscrire dans le marbre le beau souvenir de ce jour béni où une Terre vierge, débarrassée de la vie qui la polluait, pourrait poursuivre sa route inutile pour l’éternité. Enfin, ils se firent trancher la gorge par de jeunes aides, lesquels, à l’instar des serviteurs des pharaons d’antan, moururent, mécaniquement enfermés avec leurs maîtres. L’humanité était morte.
    Un texte difficilement soutenable mais indéniablement original. L’auteur s’est lancé à cœur joie dans le dérèglement moral, appuyant le sadisme et le cynisme de ses remarques sur le rejet des valeurs humanistes. Un texte foncièrement réactionnaire, qui stigmatise le progrès et toutes les valeurs positives, telles que la bonté, l’amour, la création, la fraternité, ne retenant de l’homme que sa partie animale, avec une préférence pour les dérèglements sexuels, en utilisant, au plan formel, la métaphore globalisatrice de «la fin du monde ».
    Au plan du fond, le style maniéré, amphigourique, poseur, qui emploie des termes depuis longtemps disparus de la langue – scions, priola, foal, nichilidos, jambot, frairie – prouve la recherche permanente d'une pose de l'auteur dans l’atteinte d’un « statut littéraire ».