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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Garry KILLWORTH Parution: 1986
    " Juillet. Des dessins de givre ornent les vitres de la fenêtre. Maman disait qu’il faisait chaud autrefois, en juillet. Quand elle était jeune. Je ne la crois pas. C’est encore une histoire comme celle de l’homme qui venait avec un sac plein de cadeaux. Rien que des histoires. "
    Telles sont les paroles de cette petite fille à propos des conditions de vie dans une Amérique post-nucléaire, glacée et sauvage. Elle s’inquiète pour sa mère et son frère Anselme. Son père étant décédé, sa mère a été vue accomplissant des rites chrétiens. Or les Chrétiens sont détestés, le village étant retourné au paganisme. La mère s’est enfin décidée à quitter le village avec sa petite fille, mais il est trop tard. Arrêtée par les notables, elle sera emmenée vers le bûcher, lieu du supplice, sous le regard désabusé de son enfant.
    En peu de mots, et sur un thème rebattu, un terrifiant avant-goût de l’enfer.

  2. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Divers Auteurs Parution: 1986
    contient les nouvelles :

  3. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: Georges G. CHESBRO Parution: 1985
    L’enquête de « Mongo » Frederickson, le nain détective, et de son frère Garth, débute de manière curieuse au Nebraska, à Peru County, lors de l’enterrement d’un petit neveu, Tommy, et de son copain Rod. Assassinés tous deux, semble-t-il.
    Une première piste mène les détectives auprès de la Volsung Corporation, une mystérieuse entreprise de traitement du maïs, installée dans la région. Mongo sera poursuivi par Jack Bolesh, un ancien ennemi d’enfance, devenu shérif pour le compte de la Volsung,  qui ne supporte pas que le nain puisse se mêler de l’affaire du « double suicide ». Pourtant, les deux frères arrivent à faire la preuve que les jeunes ont bien été assassinés parce qu’ils s’étaient trop approchés du bâtiment mystérieux. La Volsung appartiendrait à Sigmund Loge, un savant charismatique, deux fois prix Nobel,  et fondateur, à ses moments perdus, d’une secte religieuse aux ramifications multiples.
    Pour en savoir plus,  ils font appel à  Lipitt, un agent extérieur et ancienne connaissance de Mongo, qui a travaillé pour Loge. Arrêtés à nouveau par Bolesh, celui-ci décide de les mettre définitivement sur la touche en leur injectant un mystérieux produit qui, insensiblement, provoquera leur régression physiologique. Garth se couvrira de poils et développera des réflexes foudroyants alors que  Mongo, parfaitement photophobe,  présentera des mains et des pieds palmés ! c’est Lipitt qui tuera Jack Bolesh, pour libérer les deux frères et qui leur dira la vérité au sujet des Loge : il y a Obbie, le plus jeune, un adolescent vaniteux et égoïste, Siegfrid, son père, un être malfaisant et savant de son état, enfin Siegmund, le grand-père, qui se fait passer pour Dieu aux yeux de ses adeptes. Il semble qu’ils procéderaient,  sous le couvert de la Volsung, à des expériences de manipulations génétiques dont Mongo et Garth ont déjà fait les frais :
    « Supposons que l’objectif du Projet Walhalla soit d’obtenir la capacité de provoquer une rapide dégénérescence chez les humains d’âge adulte et leur progéniture au sein de certaines populations bien précises. Il ne s’agit pas de tuer ; ça, les bombes et les balles savent le faire, et tout le monde est largement pourvu dans ce domaine. Et, bien évidemment, il ne sert à rien de simplement déformer les gens. Le processus de dégénérescence doit être contrôlé, discret et quasiment indétectable. Disons qu’il faut trouver une sorte de sérum qui déclenche une dégénérescence conduisant à la création d’êtres humains stupides et dociles qui ne seront plus véritablement des humains. Pour simplifier, imaginons des créatures d’apparence humaine, se situant quelque part sur l’échelle de l’évolution entre le néanderthalien et  cromagnon. »
    Mystérieux et protégé par une force spéciale appelée «les Gardiens», sans doute appuyé par des lobbies gouvernementaux d’extrême-droite, Siegmund est en passe de boucler le «Projet Walhalla». Il ne lui reste plus  qu’à mettre la main sur Garth et Mongo, cobayes précieux à ses yeux. Il est d’ailleurs le seul à pouvoir leur administrer l’antidote à leur mal. Pour connaître sa retraite, les deux détectives se feront passer pour des adeptes, en s’introduisant dans une des cellules religieuses du savant fou. C’est à Centralia, en Pennsylvanie que travaille Siegmund.
    Curieux mélange d’ambiance romantique à la Wagner et du «Seigneur des anneaux» de Tolkien, les bâtiments de Centralia sont situés sur un terrain volcanique et instable. D’emblée, Garth et Mongo se feront repérer par le gardien des lieux, un immense gorille (Golly) doué d’une certaine intelligence, qui les remet entre les mains d’Obbie et de Siegfrid. Ceux-ci se pourléchant à l’avance du plaisir qu’ils prendront à les torturer, leur montrent « la Chambre Noire»,  un puits aboutissant à des tunnels que hantent les échantillons ratés de la science génétique des Loge. Surveillés par Golly et Hugo, un géant ancien condisciple de cirque de Mongo, les deux frères seront soumis à des tests et prélèvements physiologiques complets. Ce délai permettra à Mongo de tenter de convaincre Hugo du danger que représente le projet Walhalla, auquel celui-ci refuse de croire. Pourtant Hugo, et même Golly, devront se rendre à l’évidence quand Mongo leur fera visiter la Chambre Noire. Surpris par les Loge, Hugo sera précipité dans le puit.
    C’en est trop pour Golly qui tue Obbie pendant que Mongo se débarrasse de Siegfried. C’est donc un groupe curieux constitué par un nain, un géant, un gorille parlant et une sorte de brute prognathe (Garth au bout de sa régression) qui s’enfuira de Centralia en direction du repaire secret de Siegmund, quelque part au Groenland. Garth et Mongo manqueront de périr de froid,  mais le choc thermique leur fera retrouver leur état normal. Finalement, parvenus jusqu’à l’antre du savant fou, ils seront amenés à écouter son discours délirant :
    « -Dieu est au courant.
    Les yeux de Loge s’emplirent de larmes ; des larmes de bonté et d’amour.
    -Hein ? Quoi ?
    -Je dois avouer que je n’ai pas été totalement franc avec vous, dit le vieil homme d’une voix vibrante d’extase tout à coup. J’ai dit qu’il n’existait pas de dieux, mais Dieu existe… le Dieu de l’univers, notre Dieu à tous. Il m’a parlé pour la première fois quand j’avais douze ans, il m’a dit de commencer à collecter les images et les extraits de films que vous avez vus. Depuis ce jour, il me parle régulièrement, il me guide dans mon travail. C’est Dieu qui m’a donné le système mathématique dont j’avais besoin pour appliquer la parabole de Triage à l’humanité, c’est Dieu qui m’a poussé à prendre la responsabilité de développer le Projet Walhalla. J’exécute la volonté de Dieu. Voyez-vous, messieurs, je suis réellement le messie. Sur ce, adieu. »
    Libérés par le gardien Leviticus enfin convaincu de la folie de Loge, laissant derrière eux des bâtiments en feu, ils seront ramenés par Lipitt à Peru Coutry où ils jouiront d’un repos mérité.
    « les Bêtes du Walhalla » concentre la thématique du grand guignol, du roman noir et du genre cataclysmique. Ses gentils monstres, à l’instar de ceux du film « Freaks », mettront en évidence la monstruosité psychologique du savant fou. Quant aux prouesses de Mongo et consort, elles se suivent sans désemparer obligeant le lecteur à s’accrocher au récit, quoiqu’il arrive.

  4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: David GRAHAM Parution: 1985
    Jonah Scott, le commandant de bord du 747 « Delta Tango», en compagnie de son adjoint Jerry Chambers et de Kate, première hôtesse à bord et dans son cœur, était loin de se douter du destin extraordinaire qui l’attendait en ce jour de l’année 1995, lors d’un vol vers les USA, alors que l’atterrissage sur une piste de l’aéroport JF Kennedy retenait pleinement son attention. Le monde avait changé. Les Etats-Unis, sous le triple coup de butoir que représentait la faillite économique, la chute vertigineuse du dollar et l’impossibilité de s’approvisionner en pétrole, avait perdu leur leadership :
    « Et c’est alors que l’on vit le premier grand schisme de la population américaine : les gens affamés mais encore civilisés commencèrent à quitter les villes. A pied, à vélo, mais pas en voiture car depuis le Vendredi noir, il n’y avait plus d’essence et toutes les avenues et toutes les routes étaient complètement bouchées par les véhicules abandonnés.Ceux qui restèrent étaient habitués à vivre de leur débrouillardise. Les sans-abris, les pauvres, les criminels et les fous pillèrent et saccagèrent comme on ne l’avait encore jamais vu. »
    Les conséquences en furent rapides et effroyables. New York, comme toutes les autres grandes villes américaines se présentait comme une ville sans lumières, dangereuse, sans vraie autorité  et sillonnée par des bandes de voyous, des crève-la-faim, désireux de survivre quelqu’en soit le prix. Le crime, parfois jusqu’au cannibalisme, était omniprésent, et les déambulations dans les rues impossibles sans une sérieuse protection. D’autres part, les émigrants vers d’autres pays qui avaient moins soufferts, comme l’Angleterre, étaient impitoyablement refoulés.
    Jonah, qui avait ses habitudes lors de ses escales, et grâce à quelques cadeaux alimentaires, avait acquis la confiance de Charlie, un noir herculéen, reconverti en chauffeur d’un taxi fonctionnant au méthane produit à partir de la fiente de poulet. Charlie attendait l’équipage pour le mener à leur logement habituel à Manhattan. L’immeuble lui-même était constamment sous  la garde de John Capel, un ancien du VietNam, devenu l’ami de Jonah.
    Les retrouvailles furent perturbées par des voyous qui voulurent forcer la porte de l’appartement, durant la nuit. Grâce à John Capel, blessé dans l’action, et celle de Jonah, pour qui ce fut le baptême du feu, les assaillants, seront tous tués et jetés sur le pavé, sans autre forme de procès. Jonah se disait qu’il vivait dans une curieuse époque où le meurtre était banalisé à un point tel qu’il apparaissait comme légal. Le retour vers l’aéroport fut du même acabit. Chambers,  ayant entre temps récupéré Nickie, une jeune fille qu’il aimait, la décision fut prise en commun, de la camoufler à bord pour lui permettre d’entrer illégalement en Grande-Bretagne. D’ailleurs, pendant que l’on y était, la même proposition fut faite à Capel, immédiatement prêt à partir, lui aussi.
    Avec la complicité plus ou moins ouverte des autorités directes de Jonah à l’aéroport  américain, le Boeing 747 put repartir, emportant en son sein quelque six cents passagers. Parmi ceux-là, Jonah releva la présence de quatre savants Olaffsen, Moshe Rabbin, Waldheim et Volgel, qui revenaient d’un congrès,  de quelques politiques russes enfin d’une compagnie de soixante membres des SAS, commandés par le major Brand, qui avait mené une action de protection civile aux USA.
    La destination finale de l’avion, soit Londres-Heathrow, ne fut jamais atteinte, car, très peu de temps après le décollage, des nouvelles angoissantes parvinrent à l’équipage : Israël aurait largué des bombes thermonucléaires sur les pays arabes suite à un récent empoisonnement de son eau potable ayant provoqué la mort de plus de deux cent mille Juifs.  Le cycle de la violence s’était enclenché à une vitesse inouïe :
    « -Taisez-vous Ben. Morty, passez votre message.
    -Roger 626. Je vais vous lire le signal que nous avons reçu de Londres-Heathrow il y a huit ou dix minutes. Le Caire, Beyrouth et Damas ont été attaqués simultanément à 2h 00 GMT par des missiles nucléaires sol-sol lancés, croit-on savoir, par des bateaux de guerre israéliens mouillés en Méditerranée orientale. Tout contact a été coupé avec ces villes et les zones avoisinantes jusqu’à dix miles de distance. Des stations séismologiques de Turquie, du Golfe Persique, de l’Afrique orientale ont signalé des secousses d’environ six degrés sur l’échelle de Richter. »
    Les Russes, ainsi que les Chinois, supposant l’Amérique à terre, voulurent en profiter pour lui donner le coup fatal en l’accusant d’avoir soutenu les Israéliens. Mais l’Amérique, quoique affaiblie, gardait intacte sa force de frappe. En quelques minutes, les ogives fleurissent sur le monde entier :
    «Il me montra le ciel à bâbord. Environ 30 degrés au-dessus de l’horizon invisible, on pouvait voir un nuage sphérique et lumineux de la grosseur d’une balle de tennis tenue à bout de bras. Il pouvait se trouver à 50, 500 ou 5000 miles. Il était orange sombre au centre, vert sur le pourtour, rayonnant d’une façon cauchemardesque, un peu comme un champignon phosphorescent dans une forêt ténébreuse. Il semblait palpiter comme s’il avait été vivant. »
    Même l’Angleterre, agressée par les Irlandais qui désirent leur indépendance, soutenus par Cuba, entre dans la danse. Les endroits les plus isolés, que l’on pourrait supposer épargnés, subissent le feu nucléaire à cause de bases militaires proches. En l’espace de deux heures, les pays du monde entier détruits, atomisés, radioactifs, cessent d’exister.
    Pour l’équipage du 747 et Jonah en particulier, son désarroi légitime maîtrisé, le problème consiste à faire atterrir son avion géant sur un aérodrome à portée de navigation, ou, à défaut, sur un terrain plat suffisamment long. Le commandant de bord réunit une cellule de crise à laquelle sont conviés en particulier les Russes, les savants et le major Brand. D’entrée, les Russes tentent un coup de force espérant détourner l’appareil vers Cuba. Mais le major veille et avec Capel, ces derniers seront tués, leurs cadavres déposés dans la soute :
    «Capel m’aida à me relever. Mes jambes étaient engourdies. Kate me fit rapidement avaler un grand verre et je jetai un coup d’œil circulaire tout en touchant avec délicatesse ma nouvelle tonsure. Nabokov était au sol, il regardait le plafond de ses yeux qui ne verraient plus. Sifflotant entre ses dents, Brand essuyait son poignard d’un air satisfait. L’homme du KGB, Sergei était face contre terre… La hache de Capel l’avait atteint presqu’horizontalement sur la nuque, sectionnant net la colonne vertébrale : il était mort bien avant de s’affaisser au sol. La seconde victime de Capel était avachie contre le bar. Il regardait avec une étrange indifférence le sang giclant de son bras gauche presque détaché ». De temps à autre, sa tête tournait d’un côté puis de l’autre. Il n’avait pas du tout l’air en forme, pensai-je. »
    Dans le poste de pilotage, de nombreux messages radios en provenance d’autres avions ou du sol leur montrent que la situation est désespérée. Les aéroports pressentis se ferment tous les uns après les autres, impraticables parce que bombardées ou soufflés dans les explosions. Décision est prise par Jonah de voler vers le Sud où il espère moins de retombées. L’aéroport de Funchal, dans les îles Madères est enfin prêt à les accueillir. Une demi-heure seulement avant l’atterrissage, le radio au sol les prévient que des mesures de fermeture ont été mises en place, suite à une catastrophe provoquée par un pilote fou qui a ignoré les procédures d’atterrissage : la piste est en feu !
    Toujours en vol, ils accrochent l’émission d’un radio-amateur dans les Açores qui leur précise que l’atterrissage serait possible dans un parc de la ville puisque le proche aéroport de Latjes aurait été soufflé dans une explosion de grande envergure. Or, en survolant la zone, Jonah voit que les installations de cet aéroport restent opérationnelles, contrairement aux êtres vivants qui eux, sont tous morts.  D’après Volgel, cela serait le résultat d’une bombe à neutrons.
    Jonah pose Tango Delta sans problème et est accueilli par Ed Burns, seul survivant du désastre, protégé par le sous-sol. Les voyageurs, guidés par Kate se sentent soulagés et se croient définitivement sauvés. Il n’en est rien. La nourriture est rare et la radioactivité en augmentation constante. Il faudra repartir, toujours plus au sud, peut-être dans les îles Falklands ou en Antarctique où existe la base scientifique de Mc Murdo, certainement épargnée. En restant constamment à l’écoute du monde, Johah finit par accrocher Red, un jeune officier du bout du monde,  qui l’informe des conditions météorologiques, topographiques et techniques. Muni de ces renseignements précieux, Jonah bat le rappel soucieux de voir s’établir au-dessus de leurs têtes un immense nuage de cendres radioactives, nuage gris voilant le soleil.
    Mais un choix drastique s’impose : comment décoller et toucher une destination à plus de 13 333 kilomètres sans réservoir supplémentaire, c’est-à-dire, sans alléger l’avion du poids de nombreux passagers, abandonnés à leur sort à Latjes ?
    Une autre et immense surprise les attend lorsque arrive un Antonov 10 russe, un gros porteur, en errance depuis la mer Noire, piloté par la jeune Valentina Borofsky, en compagnie, de nombreuses femmes et des enfants, Le contact se fera aisément et l’on oubliera les rancoeurs nationalistes dans la poursuite d’un but commun, car Valentina, en proposant de prendre à son bord des passagers du premier avion, soulagera Jonah dans sa décision.  Départ est pris. Les deux avions abandonnant toutefois quelques sacrifiés volontaires, volent de conserve vers la base Mc Murdo. Avant tout, il faut atteindre l’altitude maximale qui leur permettra de toucher leur destination avec des réserves d’essence calculées au plus justes, et donc de traverser le couvercle de plomb du nuage radioactif. Jonah s’y risque en premier. Une demi-heure de vol dans l’épaisseur de cet espace lugubre, durant laquelle ils encaisseront tous entre 200 et 300 REM pour surgir dans le ciel bleu :
    « Chambers vomit un peu et se plaqua un mouchoir sur le nez. L’air était humide, fuligineux, épais et malsain, un mélange de crémation insoutenable et d’atroces cendres d’origine écoeurante. J’entendis Ben qui suffoquait, impuissant, dans un quelconque récipient et je sentis ma bouche se remplir de bile. Ce cauchemar sans fin continuait toujours… Le poste de pilotage était rempli de l’odeur intolérable des fumées sulfureuses, des vapeurs acides et douloureuses qui collaient la langue et brûlaient les yeux. Il semblait sans importance de savoir que la saloperie que nous avalions était radioactive et mortelle… nous étions assis, apathiques, baignant dans cette cochonnerie nauséabonde, tandis que notre avion vibrait et tanguait dans de violentes turbulences. »
    Pour Valentina, la situation est plus délicate. Pour y parvenir, l’appareil doit encore s’alléger. Le sacrifice héroïque d’une quarantaine de femmes qui sautent dans le vide, lui redonnera vie et espoir. Ils atterriront, l’un à la suite de l’autre, sur le ventre, dans une épaisse couche de neige, à la base Mc Murdo où ils sont impatiemment attendus :
    « Le Delta Tango voguait dans un océan de douceur blanche comme s’il avait flotté dans du coton hydrophile et je commençai à perdre la notion de mouvement. Le vertige faisait de l’équilibre sur le garde-fou de ma raison, essayant d’y pénétrer, et la glissade continuait toujours. (…) Nous finîmes par ralentir et nous arrêter complètement enneigés, dans un silence brisé seulement par le sifflement de la neige et de la glace qui fondaient sur le métal chaud, très loin à l’arrière. Je notai – sans en prendre vraiment conscience-  les bruits de claquement sec qui accompagnent le refroidissement du métal. »
    Fêtés par les scientifiques présents dont ils rompent l’isolement, ils apprennent vite à vivre dans ce milieu hostile et froid qui sera pour longtemps leur seconde patrie. Du moins le croient-ils. Car, au bout de quelques semaines, Jonah remarque que le soleil a changé sa course dans le ciel, qu’il paraît plus brillant, que la neige commence à fondre. D’après le groupe des scientifiques, il semblerait que les chocs répétés des super-bombes dans l’hémisphère nord auraient entraîné un décrochage de l’axe de la terre, dont l’effet, à terme, est encore incertain. Il semble pourtant bien que l’Antarctique, dans un futur peu lointain basculerait sur une position proche de l’équateur, nouvelle que les survivants accueillent avec satisfaction :
    « C’est sur ce point, dit-il simplement, que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord. Il y a trois possibilités : 1. le mouvement va se ralentir et l’axe arrêter dans une nouvelle position. 2, il va atteindre une position limite et revenir à sa position originelle. 3. le mouvement va continuer indéfiniment, de sorte que la terre va continuer à tourner autour de son axe et l’axe va continuer à tourner par rapport à un point relatif de l’espace. (…) Notre position actuelle va, si l’on peut dire, remonter presque jusqu’à l’Equateur, redescendre partiellement, remonter à nouveau et finir par se stabiliser sous une latitude subtropicale. Le nouvel Equateur passe par l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud. »
    Hélas ! Ce n’était qu’une illusion. La vérité  est que le régime des vents modifié amène en masse les cendres radioactives vers les pôles où d’ores et déjà se font sentir l’effet des radiations mortelles. Le roman s’achève sur l’image de Jonah et de Valentina, seuls, se marchant dans un immense désert glacé pour y mourir :
    « (…) Ils descendirent dans la neige et marchèrent .Jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une neige profonde, vierge et humide autour d’eux, il n’y avait qu’un rayonnement blanc, qui devint rouge sombre et finalement noir et ils ne purent plus voir. Et vint le temps final, après qu’ils eussent combattu longtemps et vaillamment et que la faiblesse se fût emparée d’eux et ils s’allongèrent ensemble dans la paix silencieuse et le silence se transforma doucement en Eternité. »
    Un excellent thriller apocalyptique mêlant adroitement thèmes catastrophistes et technologie. L’auteur, amoureux de l’aviation, est d’une précision extrême pour nous faire participer au quotidien de la vie d’un pilote et des conditions de vie d’un équipage. Se référant explicitement au «Dernier rivage», il établit, par un style tendu et de multiples rebondissements, une intrigue dans laquelle les événements tragiques s’enchaînent inexorablement. Le fait que la quasi-totalité de l’action se déroule à l’intérieur d’une espace clos, en l’occurrence la carlingue de l’avion, concentre le drame par une unité de lieu, principe de base du classicisme. Un livre dense et prenant, qui se lit d’une seule traite. Un petit bémol (concernant la traductrice) : comment peut-on traduire trois cents cinquante pages en confondant systématiquement le participe passé et l’infinitif complément? Je me perds en conjectures…

  5. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Tanith LEE Parution: 1985
    Cent cinquante ans déjà depuis que les Envahisseurs ont balayé l’espèce humaine sur terre avec leurs «araignées» hautes de huit mètres. Esther, une adolescente, survit dans l’un des derniers complexes souterrains où un groupe d’êtres humains s’est habitué à l’obscurité. Standish, leur leader auréolé de mystère, ne sort plus de son appartement. Esther est une rebelle. Bravant les interdictions et les soldats, elle monte à l’air libre dans un tunnel désaffecté pour s’habituer aux ruines de la cité et à un environnement étrange :
    «Avec l’été, elle abandonna de plus en plus souvent les bâtiments à cause de la chaleur fétide qui y régnait. Elle se promenait sur l’asphalte bouillant où les fleurs et les mauvaises herbes ouvraient des lézardes. Tout un après-midi, elle demeura étendue sur le flanc de l’un des véhicules rouillés et renversés (…) Durant ces mois de canicule, elle se sentait entièrement en paix et chez elle dans la ville, malgré les squelettes et autres traces de violence qu’elle avait découverts . Ces choses-là ne la troublaient pas. La cité était son jouet ; elle n’éprouvait à son égard aucun sentiment de responsabilité personnelle. Ces murs semblaient exister depuis la nuit de temps ; ils avaient dû abriter une race qui n’avait aucun rapport avec la sienne. »
    Quelque temps après, sa peau brune la dénonce et elle sera conduite devant Standish, le leader. Le vieil homme détecte en Esther le futur chef qui pourrait prendre en mains les destinées du groupe. Il permet à Esther l’accès libre à son réduit pour qu’elle puisse se cultiver. Respectée par le sergent Steiner et ses hommes, Esther apprendra comment les êtres humains ont subi leur lourde défaite. Lors d’une ultime sortie vers les «Haut», elle fait la connaissance de Cury, un jeune homme bizarre qui lui dit s’être caché des Envahisseurs dans les ruines. A sa demande, elle l’introduit dans la taupinière au moment même où Standish meurt.
    Esther, par un véritable coup de force prendra le pouvoir décidé à lutter contre l’ennemi du dehors. Dans le même temps, Cury, esclave-collaborateur des Envahisseurs, ayant fait sauter le générateur et provoqué un incendie, obligera les humains à remonter à la surface  où ils seront capturés, acheminés vers la Cité des extraterrestres. Cury montre un faible pour Esther qu’il protège, tandis que la jeune fille le traite en «chien» au propre comme au figuré. Car, dévoyé dans son corps et son âme, Cury s’adonne à des pratiques masochistes (fouet, coups) qu’il adore par-dessus tout. Esther, bien qu’elle s’en défende, ne pourra s’y refuser. Les humains seront parqués, soignés, alimentés et libres de leur mouvement au sein de « l’Enceinte » mais impitoyablement éliminés en cas de révolte. Esther habitera dans un appartement humain de la Cité, selon le vœu d’un Envahisseur qui se livre à une expérimentation sur sa personne.
    Lorsqu’enfin celui-ci apparaît, elle s’aperçoit qu’il ressemble à un être humain ordinaire. Sa monstruosité, son «inquiétante étrangeté » est psychologique. Vieux de plus de deux cents ans, sans émotions, doté d’une logique sans défaut, d’une rigueur implacable, il est de plus télépathe, capable de lire en Esther ses moindres pensées, même encore informulées. Elle restera pourtant la rebelle, essayant mentalement et de toutes les manières possibles de fuir sa condition de rat de laboratoire. Peine perdue. Peu à peu, elle s’habituera à sa condition de cobaye psychique, comblée dans tous ses désirs par l’intermédiaire de Cury, jusqu’à ce fameux jour où elle sera amenée à faire l’amour avec l’Envahisseur. Puis, brutalement, de manière surprenante, l’Envahisseur lui apprend qu’il est le dernier représentant de son espèce sur terre. Les autres sont soit partis, soit ont été éliminés de sa propre main sans qu’Esther n’en apprenne la cause. Seul, désabusé, l’Envahisseur désire disparaître à son tour, définitivement, ce qui fera s’écrouler autour de lui toute la technologie qui le soutenait :
    « Avant tout, nous ignorons la pitié. Tu t’en rendras compte quand nous serons partis. Personne ne viendra te déranger. Aucune vengeance ne descendra des cieux. La Terre sera à toi. Je te rends ta planète. Prends-la. Et si l’espèce humaine te déplaît, fais en sorte de l’améliorer. Elle en aura besoin avec le  chaos qui s’annonce. »
    Il sera tué par Steiner à qui l’Envahisseur avait attribué cette mission. Steiner et Esther se trouvent en face d’une terre en ruines où la civilisation est à reconstruire.
    Un récit féministe dans lequel l’auteur explore les arcanes de l’âme humaine, articulant sa fiction autour des mythes grecs et égyptiens de Perséphone et d’Anubis : la Terre ne revient pas de plein droit à l’homme, elle se mérite ! Sur ce soubassement rhétorique, le personnage central d’Esther proclame le destin d’une femme exceptionnelle. Un beau livre humaniste - aux accents parfois désespérés - sur fond de cataclysme.

  6. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: Jacques GOIMARD Parution: 1985
    contient les nouvelles :

  7. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: Harry Adam KNIGHT Parution: 1985
    A Londres, une série de contaminations par des Champignons terrifiants inquiètent les autorités. La responsable en est une biologiste, Jane Wilson, qui,  avec les meilleures intentions d’éradiquer la faim dans le monde, a provoqué une mutation du mycélium à l’aide d’un virus. Les résultats, par suite d’une dispersion accidentelle du catalyseur, dépassent toutes les espérances. Les spores, par milliards, s’infiltrent dans les corps animaux et humains, en les transformant en « choses » monstrueuses :
    « A première vue, la grosse femme noire semblait intacte. Puis Carter remarqua les profondes gerçures qui crevassaient ses membres et son torse. Il étudia son visage. Les yeux étaient ouverts mais la surface des globes oculaires étaient ternies par un voile gris. Le même duvet gris tapissait les fissures dans sa peau. Heureusement, elle ne respirait pas. »
    Carter lui-même, le médecin qui avait donné l’alerte, n’échappera pas à l’infection :
    « La tête de Carter disparaissait sous d’épaisses écailles brunes aussi rugueuses que l’écorce d’un arbre. Elles s’enfonçaient à l’intérieur du col de sa chemise trop ample pour en gonfler les épaules. Seul son œil gauche était encore visible au fond d’une fente dans les croûtes. Une crevasse s’ouvrit à l’endroit où aurait dû se trouver sa bouche. Sa voix était rauque et sifflante. »
    La contamination se répand à une vitesse foudroyante, transformant la ville de Londres et ses habitants. Une équipe d’intervention est mise en place pour récupérer la formule du Dr. Wilson qui seule permettra de sortir de la catastrophe. La Task force comprend le mari de Jane, Barry, enlevé de force à Belfast où il résidait, et qui seul sera capable de retrouver son épouse à Londres, Le Dr. Kimberly Fairchild, une jeune femme spécialiste des champignons et Gloocok, un baroudeur sans scrupules, exclu de l’armée pour meurtre.
    Dans un half-track puissamment armé, ils s‘ouvrent un chemin vers l’enfer, temporairement immunisés contre l’infection. Ils n’auront qu’une semaine devant eux pour éviter une dissémination  de l’horreur à l’échelle de la Grande-Bretagne.
    Les hostilités entre Barry et Gloocok, qui auraient pu mettre en péril la mission, seront gommées par la vision d’apocalypse qu’offre la ville noyée sous le mycélium :
    « A l’approche de Londres le paysage devint terriblement déprimant. Le tissu urbain était trop dense pour qu’ils puissent éviter systématiquement les agglomérations. Elles étaient méconnaissables sous leurs couvertures surréalistes. Aucun angle droit, les maisons disparaissaient sous des tumulus informes. Entre les bâtiments poussaient de monstrueux bolets, coulemelles ou clavaires. Des coprins chevelus étalaient leurs tignasses noires et gluantes sur les trottoirs. Les boules blanches des vesses-de-loup avaient la taille de stations radar. Les champignons sortaient à l’évidence vainqueurs de la guerre qu’ils livraient à l’humanité. »
    Autour d’eux des zombies, êtres vivants transformés, les traquent sans relâche. Ils subissent aussi des bombardements d’une variété géante de spores, les « sphaerobolus », attirées par la chaleur dégagée par le half-track. Lorsque les spores envahissent finalement l’habitacle, les membres de l’équipe présentent un début de contamination alarmant :
    « Wilson continuait à dormir. La moisissure remplissait tout l’habitacle mais elle n’était pas assez dense pour vraiment gêner sa respiration. Elle avait dévoré ses vêtements et sa couverture sans qu’il en prît conscience. Ses hyphes, en fait, n’avait rien laissé d’organique qui leur fût accessible ; Ils avaient dissous ses cheveux et digéré les particules de nourriture coincées entre ses dents. S’infiltrant dans tous ses orifices, ils avaient vidé ses intestins, curé ses oreilles, dégagé ses narines du mucus desséché. En même temps, ils s’attaquaient aux cellules mortes de son épiderme. Ce fut ce qui le réveilla : une insupportable démangeaison. »
    Obligés de laisser leur véhicule, ils poursuivent la quête à pieds ; s’ouvrant la voie aux lance-flammes qui grille d’innombrables formes semi-humaines et semi-végétales, ils progressent très lentement. Kimberly sera capturée, puis violée par un Gloocok répugnant, tout couvert de mycélium. Wilson, poursuivant bravement sa route vers le quartier d’Oxford découvre enfin le repaire de Jane, au sommet de la tour de la Grande Poste de Londres,  où elle réside, gardée par des fidèles végétaux. La rencontre avec Jane est explosive. Son ex-épouse semble encore normale et veut persuader son ex-époux de se « convertir au nouvel ordre », comme s’il devait entrer en religion. Mais  Barry ne s’en laisse pas conter : décapitant Jane à coups de barre de fer, il met à jour un être monstrueux, une forme de vie symbiotique intelligente, totalement étrangère à l’humanité :
    « Décapité, le corps de Jane chancela devant lui. Un filet de liquide vert suinta de la blessure et se perdit dans le col de la blouse. Battant des bras, le cadavre fonça vers Kimberly. Il frappa de sa barre de fer. La lance improvisée transperça la poitrine sans rencontrer de résistance. La chose fit encore quelques pas puis s’écroula. »
    Il n’en est pas sauvé pour autant ; traqué par les autres entités, il se réfugiera sur la terrasse du toit de l’immeuble pour y attendre un hypothétique secours.
    « L’immonde invasion » se présente comme un roman gore, mais aussi comme une texte enlevé d’épouvante pure, aux descriptions soignées. Les scènes de frénésie, l’étrangeté d’une nature devenue folle, nous empêchent de quitter le récit, qui, pour une fois, s’achève dans le pessimisme le plus noir. Le roman se donne comme l’exercice de style d’un grand écrivain qui semble s’y être beaucoup amusé.

  8. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2, menaces animales Auteur: Jean-Michel DAGORY Parution: 1985
    Les A.E. (Anglais - Enculés) lâchent sur le continent une petite troupe de loubards habillés en costume de personnage historique (Dagobert, Musset, Cromagnon, Grand Charles, Vercingétorix, Murat, etc.).  En France, ceux-ci s’achemineront vers le sud  afin de comprendre ce qui s’est passé cinq ans auparavant. Car tout et tout le monde a disparu sur terre, et en France notamment, à l’exception de l’Angleterre qui reste la seule nation active. Comment cela a-t-il pu arriver ? Nul ne le sait encore :
    " Enfin on est arrivé. La ville n’avait pas trop souffert ; ce qu’on voyait d’abord, c’était l’énorme bunker, enterré jusqu’aux oreilles, que les Rosbeefs avaient construit dare-dare quand la CHOSE s’était produite, couic ! Paris s’était tu, et la France et, depuis, rien…  Pas de nouvelles du reste de l’Europe, un vrai rêve d’Anglais. Mais pas de nouvelles non plus de l’Amérique, ni de l’Afrique, ni de rien. Plus jamais… (…)
    On aurait pu croire que tous les habitants étaient partis la veille faire un pique-nique. Mais, à la réflexion, ça ne nous rassurait pas du tout, car on savait que les habitants n’étaient pas partis. Ils avaient disparu… Un coup des Russes ? Dans ce cas-là, les vainqueurs auraient donné signe de vie, et le Parti Communiste Britannique aurait enfin gagné des adhérents. Une erreur de manipulation d’un vague plombier atomique, déclenchant une réaction en chaîne ? Pourquoi l’atome fou n’avait-il pas traversé la Manche ? Il y avait des ferries pour ça. Sinon, quoi ? "
    Le narrateur et ses amis vont apprendre ce qu’il en coûte, de s’enfoncer au centre du continent avec leurs motos. Contrastant avec un paysage uniformément gris, leurs souvenirs, extraordinairement vivaces, concrets et colorés, les assaillent comme en une véritable reconstitution surréelle, absurde et mortelle.  Depuis des fermiers qui en décapitent certains avec leurs faux, dans un "vert paradis des amours enfantines ", jusqu’à la mort de la quasi-totalité des membres du groupe, tués par des jouets devenus énormes et menaçants, les morts jonchent le parcours :
    " Ce fut comme le signal de l’orage ; tous à la fois des centaines, des milliers de jouets se précipitèrent sur nous, crépitant sur les nappes blanches, faisant exploser les bouteilles, écorchant les crânes, aveuglant ceux qui se précipitaient vers la sortie. Il y eut une bousculade, les plus paniqués glissant sur les jouets amoncelés, les suivants leur passant dessus. Des cris, des types qui lançaient les jouets vers le plafond, un motard qui s’ouvrit la main en sautant par une fenêtre. "
    Un livre à moitié détruit détenu par Musset, le leader du groupe, évoquerait vaguement l’annihilation de l’espèce humaine (à l’exception des A.E.) par des Martiens, outrés par l’action polluante de Terriens trop remuants. Ils les auraient donc tous " gelés " en rendant meurtriers leurs souvenirs. C’est pour trouver une parade à ce génocide que Musset a besoin du souvenir du narrateur qui a survécu à  l’événement de l’incendie d’un cinéma, au temps de sa jeunesse, lequel a détruit la bibliothèque qui contenait le seul exemplaire complet de l’ouvrage. Mais l’évocation sera la plus forte et personne ne sortira vivant d’un enfer grotesque et fantasmatique.
    Un récit dur, saccadé, abrupt, aux trouvailles souvent inattendues et au style dynamique. Une atmosphère baroque avec des accents de fantastique flamand qui augmentent le malaise du lecteur jusqu’à l’angoisse. Une réussite colorée tranchant sur la grisaille habituelle de la série.

  9. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Anthony BURGESS Parution: 1984
    En un montage en parallèle, trois centres d’intérêt narratif se partagent le roman. Premièrement, Sigmund Freud dont l’auteur nous relate la vie, depuis ses débuts à Vienne jusqu’à son arrivée en Angleterre, lorsqu’il répond à la sollicitation d’Ernest Jones et de Marie Bonaparte qui tentent de le soustraire au danger nazi. L’accent est mis sur les doutes du personnage, son caractère entier, ses engagements et la trahison de ses proches (Otto Rank, Ferenczi, Jung, Adler), ainsi que sur la maladie horrible qui devait l’emporter :
    « - Le Dr Adler était un faiseur et le Dr Jung un charlatan. Exigeriez-vous d’un peintre qu’il ait un diplôme de peinture avant de commencer à barbouiller des toiles ? Et Shakespeare aurait-il dû être diplômé de littérature dramatique ? La psychanalyse est un art. J’ai tout remis entre les seules mains de ma fille. Ah ! », fit-il. Car l’homme au parapluie, celui qui avait dit : "J‘aime Berlin" parlait maintenant sur les ondes, prêt à déclarer la guerre à l’Allemagne. Ils écoutèrent Chamberlain, puis Freud éteignit la radio. Jones dit :
    « Tous, ils assurent que ce sera la dernière guerre.
    - Pour moi, oui, certainement… Eh bien, quelle efficacité ! »
    Deuxièmement, l’arrivée de Trotski à New-York, son désir de convaincre les travailleurs américains pour qu’ils participent à la lutte des classes, son amour qui balance entre Olga, sa secrétaire et Tatiana, sa femme légitime, enfin son départ précipité pour le Mexique où il sera finalement assassiné sur les ordres de Staline. La « geste » de Trotski est relatée sous la forme d’un opéra avec comme acteurs divers protagonistes qui chantent et dansent comme en un ballet.
    Troisièmement, en un futur indéterminé mais proche du nôtre, l’arrivée imminente dans le système solaire de «Lynx», un astre vagabond plus grand que la terre qui est destinée à la percuter  au bout de sa trajectoire,  en ayant au préalable entraîné la lune dans son orbite. Ce sera donc la fin de notre monde décrite à travers les aspects canoniques du thème : submersion des cités côtières, inondations gigantesques des plaines et des bassins, marées terrestres de grande amplitude, incendies et désagrégation sociale avec leurs cortèges de violence, de haine, de désespoir . Dans cet enfer d’une terre métamorphosée, l’auteur s’attache à suivre le destin de personnages séparés les uns des autres dont il relie les fils pour une apothéose finale.
    Val est écrivain de science-fiction. Contestataire et alcoolique il représente le « témoin », celui qui vérifie la dégradation des situations. Marié à Vanessa Frame, qui l’adore alors qu’elle le laisse de glace, Val est méprisé par son beau-père, Frame, grand fumeur devant l’éternel et incidemment promoteur du projet devant permettre à quelques élus, triés sur le volet, de sauver leur peau, en prenant la direction de l’espace, en vue d’y perpétuer l’espèce.  Frame convainc le président des Etats-Unis de mettre en œuvre le projet ultra-secret de « l’arche spatiale Amerika II » au Kansas, région devant rester la plus stable dans le cours des événements à venir. Mais Frame est mourant, car il a trop fumé durant sa vie (comme Freud.).  L’arche emportera des êtres jeunes et sains, quelques savants tout de même, même s’ils sont déjà vieux et, pour que l’ordre règne, il en confiera la direction à Bartlett, un psychopathe à l’ego surdimensionné, qui instaure une discipline de fer. Vanessa sera du voyage. Elle insiste pour que Val le soit, lui aussi, l’imposant contre l’avis de Frame.
    Mais Val est trop occupé à écluser des verres avec son nouvel ami falstaffien, Willett, grand buveur, poète, lettré et fataliste. Il ratera le rendez-vous de l’arche à cause d’une immense tempête qui noie la ville de New-York dont seules les plus hautes tours resteront à l’air libre, et qui, plus tard,  s’abîmera totalement dans les flots :
    «La lune et Lynx, seigneur et vassale, unis cette nuit-là en une gravitation unique. Puis les sens de Val, frappés d’inertie par cette vision, se réveillèrent sous l’aiguillon de la peur : la consommation suprême était proche. La chambre tanguait comme le nid-de-pie d’un navire. Sous Val, l’hôtel grinçait et gémissait comme un grand mât, de tout l’élancement vigoureux de sa structure ; la grêle et la pluie cinglait la fenêtre : le feu lacérait le ciel et le tonnerre grondait à pleine gueule(…) il fut effaré de ce qu’il vit : des vagues écumeuses chargeaient comme des dragons, trois étages plus bas. (…)
    « Enfin la terre s’ouvrit , se gorgea d’eau et se referma aussitôt comme pour se gargariser. Skilling, (= maire de New York) maître de la plus grande mégalopole du monde, trois fois candidat, trois fois élu eut le temps d’embrasser du regard l’immense ossuaire, soudain asséché, des quartiers morts et rasés, mais qui, par un miracle d’ironie, gardaient ici et là des configurations de rues et d’avenues. Puis d’autres flots , où déteignait la rouille du soleil, arrivèrent au galop net recouvrirent tout et New York rejoignit les cités antiques englouties par les mers à travers les siècles. »
    Lorsque la mer se retire, Val décide, en compagnie de Willett, de se rendre malgré tout au Kansas, à travers un paysage bouleversé dans lequel se déroulent des faits atroces de cannibalisme, de meurtres  ou de viols collectifs :
    « Le crâne chauve et la bouche édentée d’un vieillard grimaçait au bout d’une corde attachée à un réverbère tordu et démantibulé. On avait pendu le corps par le cou et le ventre avait été grossièrement ouvert. Des phalanges manquaient aux doigts et aux orteils et, de toute évidence, de minces lambeaux de chair et de peau avaient été découpés dans les membres et le torse. Il était mort depuis des jours, des semaines peut-être : la cavité de l’abdomen grouillait d’asticots gras et luisants. »
    Entre-temps le secret de la construction de l’arche est éventé, ce qui conduira Calvin Gropius un prédicateur chaismatique, en compagnie de toute sa famille, dont fait partie notamment son frère Dashiell, tenancier et joueur de cartes professionnel acoquiné avec la mafia, à se déclarer l’élu qui est habilité de plein droit à prendre place à bord de l’Amerika II, rebaptisé en « Bartlett II »,  au moment fatal où Lynx s’apprête à heurter la terre.
    Du coup, les événements se précipitent. Seuls Val, Gropius frère, une jeune femme enceinte et Willett accéderont au saint des saints. Willett hésite, ne tenant pas à partir dans l’espace : il regagne la surface terrestre pour y mourir. Bartlett, décidément trop autoritaire, est éliminé. L’arche prend son envol pour un voyage sans retour par-delà le système solaire et la terre se tord dans les dernières affres de l’agonie :
    « La première surface terrestre à subir le choc fut le nord des montagnes Rocheuses(…) la terre explosa –noyau tout eau dansante, écorce en poudre – pour former aussitôt, plus à l’extérieur que la poussière de lune, un second anneau, satellite de son successeur dans les annales vertigineuses de la chorégraphie solaire. Il y eut donc le cercle de la lune, et l’autre plus grand, de la planète pulvérisée, tournant déjà selon une parfaite concentricité, poussières lumineuses dans la composition desquelles entraient les moutures corpusculaires de Willett, de Skilling, des frèresTtagliatelle, de Calvin Gropius et de sa famille (sans oublier le chat), comme des milliards d’êtres humains qui, tous, en fait, avaient gratté jadis la surface fertile du globe et regardé les merveilles sorties de l’esprit naître, grandir, se développer. Mozart aussi faisait partie de cette fine farine dorée, là-bas, et en même temps, miracle !il était dans ce salon, tendre, triomphant, noyant jusqu’aux pleurs bruyants d’un petit enfant. Ainsi, portés par les cadences mozartiennes, s’enfoncèrent-ils dans les espaces infinis à l’aube des aubes de leur grand voyage, devenu le nôtre. »
    Plus tard, bien plus tard, les descendants des premiers habitants de l’arche se feront une image mythique de notre civilisation et de sa vie culturelle. Car, pour toutes archives, ils n’ont que deux témoignages, aussi improbable l’un que l’autre : la vie d’un certain Sigmund Freud mort d’un cancer de la bouche qui aurait écrit une sorte d’opéra-bouffe intitulé « Trotski à New-York. » !
    Ce bref résumé est impuissant à rendre compte du style baroque, foisonnant, chargé d’humour noir de Burgess. Le fourmillement des personnages qui se rencontrent ou disparaissent, l’éclatement du récit en trois intrigues apparemment dissociées, relèvent de la technique narrative. En réalité les deux thèmes fondamentaux à l’œuvre sont bien ceux de la mort (mort de Freud, de Trotski, de la terre), ainsi que de la psychologie traditionnelle, de la culture révolutionnaire, de la civilisation, et puis ceux de la jouissance (jouissance libertaire, narrative ou romanesque). Œuvre décapante, insérée dans le main-stream, elle constitue un exemple de plus, s’il en était besoin, de ce que peut rendre notre genre littéraire en des mains créatrices.

  10. Type: livre Thème: menaces cosmiques, menaces telluriques, invasions extraterrestres Auteur: Louis THIRION Parution: 1984
    Lorsque R’Saanz parut la Terre allait déjà très mal mais avec lui les choses ne firent qu’empirer. Marécages, cyclones, tempêtes, effet de serre grandissant, voilà le lot quotidien de N.S., alias Swimmer, le savant qui prit soudain conscience que l’axe de la terre était entré en oscillation, avec tous les désagréments liés à une telle situation. R’Saanz l’extra-terrestre, robot semi-humain, bagnard et forçat, en était directement le responsable. Venu du fond de la galaxie, ayant échappé à la mystérieuse " Cortward ", il vola le "Galactic Shooter", un engin gigantesque encore expérimental qui progressait par voie ultra-luminique,  en s’appuyant sur le rayonnement " anti-grav ". C’est l’usage de ces rayons aux abords du système solaire qui déclencha un cataclysme universel, c’est-à-dire une vague gigantesque qui noya les continents sous une masse d’eau énorme, lorsque R’Saanz atterrit :
    " Il y avait devant lui ou une monstrueuse chaîne de montagnes… ou une vague haute comme une montagne ! L’estomac tordu, les yeux agrandis, NS regardait se creuser le gouffre en dessous. C’était une colline d’eau géante qui montait jusqu’aux nuages, une colline effrayante mais finalement peu dangereuse parce que elle ne déferlait pas. Nelson sentit le bateau escalader cette pente infernale (…) Puis tout à coup ce fut le sommet. Un vent hurlant frappa le bateau qui commença une descente aussi terrifiante que l’avait été la montée. Plus tard, le vacarme de cette énorme masse d’eau se brisant sur le rivage éclata comme un tonnerre de fin du monde, un épouvantable grondement qui résonna comme un cauchemar sans fin. "
    L’agresseur n’avait pas choisi la Terre au hasard. Il comptait se tailler un empire sur mesure, rendre les terriens survivants esclaves de par son incroyable force mentale et s’opposer à la Cortward qui le pourchassait. Mais c’était sans compter avec N.S. , alias Swimmer, et surtout sans le mystérieux "Veilleur" chef de la "Secte en Télécommunications mentales Cosmiques " (rien que cela !), en réalité un physicien génial et méconnu qui avait suivi de près l’arrivée de R’Saanz. Il donna à Swimmer le moyen de survivre au déluge et, avec l’aide d’un émetteur- concentrateur de rayons télépathiques,  et de Lisbeth, une jeune résistante acquise à sa cause, il lui permit de s’opposer à l’extraterrestre.
    La lutte fut terrible. R’Saanz envoya à la rescousse ses escadrons d’esclaves volants cherchant ses ennemis jusque dans le dépôt d’ordures où nos deux opposants avaient établi leur refuge. En dernier recours N.S., alias Swimmer, servit d’intermédiaire psychique aux esprits de la Cortward qui reprogrammèrent Oscar, le tout puissant ordinateur du  Galactic Shooter . R’Saanz vaincu, sans force mentale, sans appui électronique,  sera abattu par une simple et primitive flèche. Quant au Galactic Shooter, il se sabordera, laissant une Terre meurtrie panser ses plaies.
    Un petit récit plaisant, parfois intéressant par la description quasi-surréaliste de la catastrophe, parfois tiré par les cheveux lorsque l’auteur sent le besoin de tirer à la ligne…