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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: la cité foudroyée, après la Bombe… Auteur: Emilio DE ROSSIGNOLI Parution: 1965
    " H sur Milan " est la description de la vie quotidienne dans une ville sinistrée, Milan en l’occurrence, alors que la bombe thermonucléaire vient d’être lâchée et que l’Europe a été complètement anéantie. Description macabre et sans complaisance des êtres qui survivent au terrible événement durant les quelques jours où ils resteront en vie avant de mourir à leur tour dans les ruines, brûlés par les radiations :
    " Maintenant les survivants sont au nombre de quatre ou cinq. Je vois une grosse femme, avec une robe à pois, elle tient à la main un morceau de fer rouillé. Elle gratte avec acharnement la surface sale d’une colonne restée debout. L’ombre d’un homme est restée sur cette surface comme un calque noir et goudron Elle dispute furieusement cette image à la pierre, arrachant de minuscules lambeaux, sombres, frisés et gluants.
    Elle répète : "Je ne le laisserai pas ici." Elle travaille de la main droite, recueillant dans la main gauche ces copeaux humains. Quelques écailles de réglisse, informes : quatre-vingts kilos d’os et de chair, cinquante ans, une profession, des pensées, des sentiments, des ambitions. Tout cela finit un bel après-midi de juin Pourquoi certains sont-ils vivants et certains morts? Pourquoi est-ce que je marche et que lui est une décalcomanie sur la pierre? Un garçon de café en smoking, un plateau à la main sort par la précaire coulisse formée par un reste de mur de restaurant. Son noeud papillon est de travers et d’énormes déchirures aux genoux laissent voir des mollets maigres et velus. Il porte une cuiller d’argent sur le plateau "  Avec ceci, cela ira mieux, madame", dit-il d’un ton professionnel. Je me mets à rire, la dame me regarde avec haine et tend vers moi son gros bras . Elle a de grands cernes de sueur sous les aisselles. Elle hurle d’une voix aiguë : "Corbeau !" Sa bouche se déforme, révélant les secrets métalliques de sa prothèse dentaire. Un fil de salive coule sur son menton et devient une bave argentée, qui goutte sur la robe à pois. Je continue à rire.
    Cette manière de mourir n’est pas tragique, solennelle, douloureuse, mais seulement ridicule. Sur le parvis, dans un triangle de pavé, resté inexplicablement intact, un enfant de trois ans, assis sur une ombre, en dessine le contour de son petit doigt incertain. Il s’arrête juste un instant pour balbutier " maman ". Les ombres sont partout, j’en vois là-bas sur ce qui reste du mur du bar, alignées comme des soldats. J’en vois sur chaque surface restée debout. J’en vois sur le sol. Elles se sont substituées aux morts dans la lumière du soleil, mais dans l’obscurité des maisons écroulées, sous les poutres, sur les blocs de pierre, sous les briques et le ciment, il y a aussi les vrais morts intacts et sanglants. "
    C’est également une histoire d’amour entre le narrateur, homme d’âge mûr, porte-parole de l’auteur, déjà gagné par la nouvelle morale qui doit régner dorénavant, faite d’égoïsme et de sang,  et Sylvia (appelée Geiger vers la fin) jeune fille de seize ans qui devient son amante pour le peu de temps qu’il lui reste à vivre.
    Le décor est omniprésent avec ses éboulis, ses espaces vitrifiés, ses tunnels de métro effondrés, ses amas de gravas. Les êtres aussi, avec leurs tares atomiques, physiques, psychologiques ou morales. Le désespoir halluciné, la soif intense, les quelques tentatives de reconstruction sociales, le culte de la force, l’ignominie des faibles et la constante recherche de la survie font de ce roman un livre intéressant et un exemple rare de description dans l’immédiateté de l’explosion qui peut se comparer au film de Watkins " la Bombe ".
    Les héros parcourent cet univers délabré en un trajet qui, en quelques jours, les transforme, jusqu’à la mort de Sylvia. Ils pensent tout d’abord à se créer un repaire fortifié, sachant que tout le mal affluera à leur porte. Puis, ils vont à la recherche de l’eau, rationnée et rare, polluée de toute façon.
    D’où leur rencontre avec les "vers", tronçons humains pensant et glissant ou des travestis inquiétants qui scalpent les femmes pour se revêtir de leurs cheveux ainsi que des aveugles qui essayent désespérément de reconquérir leur vie, et, pour finir, un médecin " philanthrope " soignant avec rien des êtres tarés et condamnés.  Nos héros se dirigent de la périphérie vers le centre de la ville pour se procurer une denrée rarissime supposée les guérir, c’est-à-dire des doses "antirad " à base d’iode mais qui finalement ne leur seront d’aucun secours.
    Livre désespéré et désespérant avec la complaisance froide de l’auteur pour les descriptions les plus horribles et les mutilations de tout ordre, " H sur Milan " se situe dans la veine hyper-réaliste du roman apocalyptique.

  2. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: EMILE- PIGNOT Parution: 1925
    Le " lendemain du Grand Soir " ou la vie de Jacques Humus, dont le nom est tout un programme. Professeur d’université, intellectuel révolté par l’exploitation sociale, Jacques Humus, le libre-penseur chrétien,  se retrouve à  la tête d’une organisation révolutionnaire dont le but est la prise de Paris.
    Avec ses vrais amis, Franard, le révolté tuberculeux, bras armé de la révolution, et ses faux amis, Beuchin, l’idéologue puritain et traître à la cause, le Grand Soir peut commencer.
    Auparavant, comme Jésus au Mont des Oliviers, Jacques Humus s’abstrait des futurs lieux de combat , pour aller en Normandie où il rencontrera l’évêque Charles, le prédicateur de Notre-Dame, avec qui il joutera loyalement, en lui démontrant tout ce que l’Eglise a raté en se rangeant du côté des possédants. Il lui arrivera également de croiser la route de Tatiana, la "Princesse" russe, vraie noble, fausse semi-mondaine, vrai agent double et future épouse de Jacques. La prise de Paris, sur l’instigation de l’exalté Franard et du douteux Beuchin, a lieu. Les combattants courent les rues. Le Peuple se lève, dans un élan victorieux :
    " Eventrée, la colline de Montmartre croulait, entraînant, dans son effondrement, la basilique dont les pierres étaient projetées à plusieurs centaines de mètres. Une pluie de bombes venait de déchirer de part en part la Sainte chapelle et le Palais de Justice, qui gisaient dans un chaos effrayant de ruines fumantes. Des centaines de maisons s’écroulaient en un fracas de tonnerre. Des incendies gigantesques dressaient leurs vagues de flammes sous un ciel rouge de feu et noir de fumée. Des hurlements de blessés emplissaient de nombreux quartiers d’une clameur confuse et rauque. L’horreur de la mort passait, tel un spectre innombrable, dans les rangs compacts des combattants."
    Un Comité de Salut Public se met en place. La nationalisation des biens et des terres est proclamée. Jacques Humus tempère l’ardeur de ses compagnons. Il sait que le succès est fragile et qu’il reste à pérenniser les nouvelles institutions. Il n’a pas tort puisqu’il apprend de la bouche même de Tatiana repentante,  que la Révolution a été trahie par Beuchin à la solde de la Ligue contre-révolutionnaire.
    Les " infâmes " ont laissé faire en un premier temps pour prendre la totalité du peuple dans la nasse, à l’occasion des grands rassemblements. Tous les corps d’armée stationnés en Province sont en train de converger vers la capitale. L’élan révolutionnaire est brisé. Beuchin, découvert, tire sur Jacques Humus. Quant à Franard, convulsé à l’idée de la trahison, il meurt d’une crise tuberculinique. Jacques Humus, toujours bon et aimant, passe en jugement dans le cadre d’un grand procès inique où se côtoient tous les prédateurs de la Réaction:
    " Financiers douteux, anciennes demi-mondaines, converties sur le tard et devenues " dames - patronnesses " de leurs paroisses; jeunes gens aux allures équivoques; hommes d’affaires en mal de combinaisons, parmi des groupes de vedettes des établissements à la mode; publicistes - marrons, déshonneur de la presse; vieux beaux reniflant l’occasion, au passage des petites filles, de stupres nouveaux; toute la tourbe qui déferle dans l’omnipotence de la sanie aux jours des sociétés corrompues, passait et repassait dans les couloirs, esquissant des gestes louches et lassés, s’apostrophant de mots à double-sens, murmurés aux oreilles; une bacchanale de vices, grouillant dans la mêlée des rencontres d’où s’exhalait une âcre odeur de parfums dont tous ces corps s’étaient empreints pour refouler la puanteur des âmes ".
    En dépit du témoignage sincère de l’évêque Charles, du cri de Tatiana, il est condamné à vingt ans d’exil... en Espagne.
    Il coulera une retraite paisible dans sa maison " le Refuge ", dans le village de Loyola, en compagnie de Tatiana qui l’a suivi dans son malheur De là, en observateur privilégié, il mettra ses idées sur papier, toujours abondamment pourvues de citations en latin tirées de l’évangile. L’évêque Charles, qui a été prié de méditer dans un couvent espagnol après son témoignage en faveur de Jacques, lui rend une ultime visite. Pour remercier ce " Cher grand Ami ", le couple de révolutionnaires en exil donneront son nom à leur futur fils.
    Un livre qui se veut prophétique et qui n’est que prétentieux. On comprend que l’histoire de la littérature ne l’ait pas retenu en dépit de tous les témoignages en exergue des contemporains " qui comptaient " à l’époque de l’auteur. Quelques belles pages évoquant de la chute d’un " monde bourgeois ", catastrophe affectant une classe sociale obsolète (dans le roman évidemment!)

  3. Type: livre Thème: le dernier homme, l’apocalypse réalisée Auteur: Elise GAGNE Parution: 1853
    C’est à Cousin de Grainville qu’Elise Gagne a emprunté le personnage d’Omégar, dernier homme sur terre.
    Les péripéties du premier « Omégar » se déployaient dans un environnement que l’on peut considérer comme rationnel, avec une intrigue crédible,  malgré l’emphase et la boursouflure du style.
    Ici, au contraire, le personnage sert de support à l’apologétique. Tout entier dévolu à sa mission, soit la défense et l’illustration de la foi chrétienne, il montre la voie de l’excellence par la pratique de la dévotion et de la vertu. Car ce qui attend le méchant, c’est la fin du monde.
    L’œuvre, qui n’est pas un roman mais « une proso-poésie dramatique », c’est-à-dire une épopée théâtrale précédée et entrelardée de poèmes, prend sa source dans « l’Unitéide », œuvre de son mari, Paulin Gagne, cité en tant que « fou littéraire » dans l’excellent ouvrage d’André Blavier.
    L’Unitéide  est un personnage féminin, l’Eglise incarnée sur terre, missionnée par Jésus lui-même pour asseoir la foi en ce siècle impie :
    « L’Unitéide, Eliavas, était, je vous l’ai déjà dit, la personnification vivante de l’Eglise de Jesus-Christ. Tant qu’elle l’a pu, ou, pour mieux dire, tant que Dieu l’a permis, elle a continué l’œuvre du divin Crucifié en ce monde ; moi, je ne suis qu’une sorte de bouc émissaire plié sous le poids des iniquités d’autrui, et chargé de les laver dans les eaux de la pénitence, de la douleur et de l’expiation. »
    Le personnage d’Omégar qui apparaît à la fin de ce pesant ouvrage,  a inspiré l’épouse de Paulin,  qui l’en a extrait pour lui faire vivre une aventure autonome, celle de sa rédemption à la mort de toutes choses.
    Le deuxième pilier sur lequel s’appuie l’ouvrage d’Elise Gagne est l’apocalypse de Jean et ses sombres visions. Omégar sera entouré d’une pléiade de personnages représentatifs et symboliques, ou du mal, ou du bien.
    Théolinde, l’épouse d’Omégar, est une sainte femme,  lui ayant donné deux enfants, Romualt et Nésilda. Les domestiques fidèles font partie de la famille depuis le début : Omégar peut compter sur Babolein et Fabiane pour traquer le démon sous ses divers déguisements.
    L’Unitéide, déjà citée, est une figure extraordinaire avec laquelle Omégar s’entretient à plusieurs reprises et qui l’aide dans sa mission. Eliavas, évêque de Provence et directeur de conscience d’Omégar,  est aussi son ami. Il lui donne la réplique et l’aide à découvrir son moi profond. Adam, le premier homme est le mentor d’Omégar, Rosaniel, un ange(!),  amoureux de Nésilda. Enfin Satan, le tentateur,  apparaîtra sous diverses formes, notamment lors du jugement final où seront aussi convoqués tous les saints et les archanges, ainsi que la Sainte Trinité, les rois de France, etc., etc.
    Une quantité non moins grande de personnages porteurs de tares sociales ou anti-chrétiens,  servent de repoussoir à l’auteur. En vrac, on citera Babylas, le journaliste prétentieux et médisant, Hélémus, le poète médiocre, et Berthas, l’écrivain scandaleux.
    Ceux que Dieu vomit, bien sûr :
    « Au courroux tout-puissant  de la Divinité,
    Seule, la noble France a longtemps résisté ;
    Mais, se courbant enfin sous l’horrible tempête,
    D’un crêpe funéraire elle a voilé sa tête.
    Par vingt fléaux divers Hercule terrassé,
    Du livre des vivants son peuple est effacé ;
    Une trombe de feu s’est ouverte autour d’elle
    Et forme un noir volcan d’où la lave ruisselle…
    Maintenant sur les bords de ce volcan qui bout,
    Une seule famille est encore debout !
    Par le glaive divin jusqu’alors épargnée,
    Elle attend son arrêt, pieuse et résignée…
    Cette noble famille a pour chef Omégar. »
    Cette noble famille se réunit en divers lieux, soit à l’Hôtel-Dieu, à Paris, où se réfugient les survivants lors de l’écroulement de la cité, soit dans le domaine d’Omégar,  appelé le « Bouton d’or » ou la « Rose d’Or », près de Marseille, soit encore dans les ruines du vatican.
    Omégar, qui est enfin arrivé au bout de sa longue route, a connu un destin extraordinaire voulu par Dieu afin qu’il puisse par sa vie, racheter  à travers ses souffrances, les péchés des derniers humains. A l’instar du Juif errant, il traverse les millénaires. Très vieux, mais d’apparence mûre, il a connu bien des hommes et fait bien des sottises narrées sans complaisance par l’auteur, mais il n’a jamais perdu de vue sa mission, épaulé par Adam, et malgré les nombreuses tentations à son encontre permises par Dieu à Satan.
    Il a vu mourir avant lui –ce qui est logique puisqu’il est le «Dernier Homme »- sa femme Théolinde, sa fille Nesilda, sa bru Néréline, fauchée à la fleur de l’âge, et Romualt, qui, fou de jalousie et sous l’emprise du démon, s’est suicidé; Eliavas même, son quasi-frère, dont Dieu en personne a organisé les pompes funèbres. Les prémisses de la fin de toutes choses apparaissent sans équivoque :
    « Les villes, veuves des nombreux habitants qui les peuplaient, ne sont plus que des déserts sillonnés de cendres et de débris ; les plaines et les vallées ressemblent à des ravins profonds qu’une pluie sulfureuse aurait creusés ; le vent impétueux de la colère divine a tout balayé, tout anéanti, depuis le grand chêne jusqu’à l’humble violette, depuis l’aigle superbe jusqu’au timide moucheron. »
    Dieu est irrité par ce siècle menteur et pervers, par les immondices que charrient quantité de littérateurs pervers, principaux responsables du mal ambiant, boucs émissaires d’Elise qui les envoient dans les feux de l’enfer :
    « Entraînés sur la pente funeste de l’incrédulité, séduits par les dangereux sophismes de cette horde coupable d’écrivains dont les aïeux remontent surtout au XVIIIème et XIXème siècle, ils ont méprisé tous les signes qui leur annonçaient, d’une manière bien évidente pourtant que le triomphe du mal touchait à sa fin ; ils ont redoublé de bravades et de folies, et quand l’heure de la punition a sonné, ils ont osé se plaindre de n’avoir pas été avertis. Les malheureux !
    Comment étaient-ils assez dépourvus de raison pour ne pas voir dans le dévergondage des mœurs de la société, dans les révolutions, dans les guerres, dans les pestes et les famines qui fondaient sur eux rapides comme la foudre, des preuves incontestables du courroux de ce maître puissant qu’ils bravaient avec tant d’insolence et d’audace. »
    A la « Rose des Vents », Eliavas annonce à Omégar la survenue de la fin. L’agonie de la terre a commencé. D’ailleurs l’Antéchrist règne sur le monde, pourtant puissamment combattu par l’Unitéide.
    Nésilda annonce à son père qu’elle est amoureuse d’une colombe qui n’est autre que l’ange Rosaniel. Omégar attend des nouvelles de Romualt se trouvant à Paris, ou plutôt dans ce qui reste des ruines de la ville-lumière :
    « A la place où jadis trônait le Panthéon,
    Croissent en liberté l’ortie et le chardon,
    Ton Louvre colossal, tes vieilles Tuileries,
    Ton Luxembourg propice aux douces rêveries,
    Ton grand arc de triomphe où le nom des guerriers
    Flamboyait entouré d’un cadre de lauriers,
    Ta Notre-Dame au front tant de fois séculaire,
    Tout cela n’est plus rien qu’un amas de poussière !... »
    A l’Hôtel-Dieu encore debout,  les rares survivants viennent raconter leurs bienfaits ou leurs exactions, dressant ainsi un tableau des turpitudes morales de la société française de l’époque:
    « Les lois ? on les méprise ! Les enseignements que les ministres de l’Evangile laissent tomber du haut des chaires sacrées ? on va les écouter comme un drame o un opéra nouveau, sans en être touché, sans y puiser un seul motif de réformer sa conduite !...  Les liens de famille ne sont plus qu’une chaîne usée ; le mariage, une association mercantile; l’autorité paternelle a perdu toute sa puissance; la vieillesse, si respectée dans les premiers âges du monde, est devenue l’objet des plus cyniques railleries ! Prêché par des livres auprès desquels ceux des Balzac, des George Sand, Eugène Sue, des Frédéric Soulié étaient des traités de haute morale, l’adultère ne prend plus la peine de se cacher (…)
    Le luxe surpasse toutes les extravagances, toutes les modes ruineuses qu’on lui reprochait si justement autrefois : grandes dames, artisannes, bourgeoises, paysannes même, c’est à qui inventera les costumes les plus bizarres, c’est à qui se livrera aux excentricités les plus monstrueuses pour attirer les regards ! En un mot, le monde n’est plus qu’une vaste succursale de Charenton, de la Roquette, de Saint-Lazare, où la folie, le crime et le vice s’abandonnent sans aucune retenue à des excès qu’ont ignorés Sodome, Gomorrhe, Ninive, Babylone, voluptueuses et coupables cités que la colère divine a réduites en cendres ; »
    Perpétue, une bonne sœur et Thaïs, une prostituée, se repentent, et l’une et l’autre. Gaëtan, un jeune noble, reconnaît en Thaïs l’objet de ses désordres. L’abbé Philoxène, un saint homme, a sauvé la vie de Marc, l’oncle d’Omégare. Alors que le fringant Gaëtan est stigmatisé comme symbole de la jeune impiété, d’autres personnages, encore plus lourdement pécheurs, font leur apparition.
    Ainsi en est-il de Babylas, le corrupteur des mœurs, rédacteur du scandaleux journal « le Messager des étoiles ». Et Berthas, le critique, en qui Hélémus le poète reconnaît son « assassin littéraire ». Tous mourront dans l’écroulement de l’Hôtel-Dieu, sauf Romualt et Géréline transportés à bord du char de l’Unitéide vers la « Rose d’Or ».
    Durant le déplacement, le jeune couple perçoit le chœur des âmes de leurs compagnons défunts reçus malgré tout au paradis tant la mansuétude du Christ est grande; (Quoique Babylas…)
    A la Rose d’Or, les événements ne s’arrangent pas vraiment,  bien qu’Omégar a la certitude que c’est l’endroit du monde qui résistera le plus longtemps à la dégradation universelle, ce qui donnera le temps à Elise Gagne d’approfondir longuement le passé des principaux personnages. Elle ne nous cachera rien de l’amour éclos entre Romualt et Géréline, des soupçons que Géréline partage avec Nésilda, de la peine qu’elle a ressentie envers Gaëtan qui s’abandonna jadis à la débauche. L’arrivée de Satan déguisé en vieille femme, lequel espère attirer Géréline dans son piège,  permettra au lecteur de souffler un peu, jusqu’à ce que Eliavas déjoue le complot.
    Puis l’auteur se penche sur le passé d’Omégar. Celui-ci est né à Rochemaure, en Languedoc, en 1770. Nous sommes en 2800. Son enfance souffreteuse de petit garçon chétif rencontrera bientôt les annonces du curé de Candale qui lui prédit un destin exceptionnel.  Plus tard, toujours épaulé par Adam (qu’il ne reconnaît pas), il s’éloigne des grands centres urbains, à la vie agitée ; son austérité et son parler-vrai le livrent à la vindicte de ses ennemis à la cour du roi de France ; sa vision de l’histoire, son abjection devant la Terreur, son horreur en face de l’exécution de Louis XVI considérée comme un assassinat, son voyage en Suisse et en Europe avec d’autres émigrés,  lui permettent d’accumuler une grande expérience de vie.
    Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin. Son opinion (défavorable !) devant les grands mouvements littéraires de son époque, Romantisme surtout, l’instauration de la République, un voyage en Inde puis dans le monde entier, enfin un retour tardif en France, lui font préférer une installation en une retraite sûre qui deviendra « la Rose d’Or».
    Entre temps de si profonds changements avaient affecté son pays qu’il demanda conseil à l’Unitéide. Il confia aussi à Eliavas l’histoire de ses égarements féminins ou comment il a pu être berné par la perfide Mme de Boisgonthier « une nouvelle Armide, un serpent venimeux », en espérant que Dieu lui pardonnerait ce faux-pas. Eliavas le rassure. D’ailleurs d’autres sujets de préoccupation le retiennent, dont notamment, la mort de Romualt dans les ruines du Vatican, dont il ne peut que constater le décès, après son arrivée expresse sur les lieux par ballon dirigeable. En d’ultimes instants de doute partagés par Eliavas, assis devant un décor méditerranéen, après l’agonie de sa fille , Omégar constate qu’il reste le dernier vivant. Autour de lui croule la Terre :
    « Le vent hurlait, la nuit d’un lugubre suaire
    Recouvrait tous les points de ce vaste hémisphère,
    On entendait au loin le bruit sourd des grands monts
    Qui roulaient foudroyés dans les gouffres profonds,
    Les arbres se tordaient sous l’orage en furie,
    Les derniers animaux râlaient leur agonie,
    Des blocs de feux, poussés par l’aquilon fougueux,
    Tombaient en allumant l’incendie après eux,
    La terre s’enfonçait par degré dans l’abîme,
    Et l’avide Chaos attendait sa victime… »
    Au ciel se prépare le Jugement Dernier, le dernier acte.
    En concertation avec David et Isaïe, Saint Jean, la Sainte Vierge et bien d’autres, Jésus déplore la sévérité dont il va faire preuve mais, que voulez-vous, il ne peut se délaisser de sa rigueur et remettre le jugement des iniquités à plus tard : la Terre devra disparaître, Omégar devra être sauvé en dernier, puis, tout étant consommé, la Jérusalem céleste accueillera les âmes méritantes et l’Enfer les corrompues :
    « Quand la famille humaine, en deux camps partagée,
    Par l’arrêt sans appel tout entière est jugée,
    Il (=Dieu) se recueille et fait un geste de la main,
    Auxquels les morts-vivants obéissent soudain.
    A sa droite, et conduits par la paix et la grâce,
    Sur des trônes d’éclairs les élus prennent place,
    Tandis que précédés d’un groupe de démons
    Aux pieds tors, à l’œil louche, aux impudiques fronts,
    Les maudits, exhalant des plaintes sépulcrales,
    Prennent le noir chemin des rives infernales.
    La haine de son dard aiguillonne leurs pas,
    Derrière eux les rochers croulent avec fracas ;
    Comme un vaisseau géant, la terre ballottée
    Sur les vagues de feu d’une mer agitée
    Lutte avec l’ouragan, dont le choc furieux
    Tout à tour la rapproche et l’éloigne des cieux »
    Si nous avons analysé aussi longuement cet ouvrage d’une rareté extrême, c’est qu’il représente un exemple typique du dévoiement du thème du « Dernier homme », utilisé dans le seul but d’édification morale et pieuse,  et considéré comme un brûlot contre les hérétiques de tous poils. Personnage préféré des « Hétéroclites », le « Dernier Homme » souffrira, jusqu’à une époque avancée de son histoire, de cette thématique religieuse et de sa proximité avec l’Apocalypse de Jean. Il lui aura fallu très longtemps pour redevenir enfin le dernier homme sur une terre libérée de l’espèce humaine (Voir à ce sujet « le dernier Homme » d’Atwood ou « le Monde, enfin » d’Andrevon).
    Quoique l’ouvrage soit composé en un style soutenu,  et bien que sa prose poétique ne nous émeut plus guère, malgré ses interminables digressions, romans dans le roman qui alourdissent l’intrigue – déjà bien lourde en soi – Elise Gagne possède certaines qualités de style,  gâchées , hélas ! par sa monomanie anti-sexe et sa haine hystérique à l’égard des littérateurs « pervers ». Son conservatisme politique et son aigreur de n’avoir su percer dans le champ romanesque ne font aucun doute. Ce qui a pour conséquence qu’Omégar, le dernier homme dormira enfin tranquille du sommeil de l’éternité.

  4. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Eero TOLVANEN Parution: 1954
    Le narrateur est témoin des étranges événements survenus ce soir-là. Le papier, tout le papier, les livres, papiers d’identité, testaments, traités, pactes, papier-monnaie, etc. s’est transformé en une poussière grise à l’odeur désagréable. Avec son amie Laila, ils observent de leur chambre, désabusés, la décomposition sociale qui en résulte.
    D’abord, comme une inquiétude, puis un cri dans la foule : " C’est la fin du monde ! ", ensuite, des catastrophes individuelles (suicides) suivies par des actions collective en vue de s’approprier de la nourriture. La loi martiale est proclamée, les militaires prennent position dans les rues, le rationnement  et le couvre-feu sont proclamés.  
    Par la suite, l’on se rendit compte de l’immense perte survenue à la littérature, ce qui impliquera la mise en place de clubs de lecture et de cercles de conteurs. En attendant la nouvelle découverte d’un papier indestructible, l’ardoise et la craie, les microfilms et la photo, seront les supports les plus utilisés. Enfin le jour vint, où l’on découvrit un papier résistant à la maladie. Et ce jour-là, le monde fut à nouveau noyé sous un flot de paperasse inutile.
    Une courte nouvelle, malicieuse et poétique, qui traite bien mieux du sujet que les trois cents pages de Georges Blond dans " les Naufragés de Paris ".


  5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Edouard JACQUET Parution: 1987
    Le narrateur, romancier désoeuvré,  se trouve en poste à Alger quand il apprend par la presse que la première bombe atomique de l’histoire vient d’être larguée sur Hiroshima. En se promenant dans les rues, il rencontre John Purkson qui le confond avec un ancien camarade de classe et condisciple. Celui-ci l’invite à passer la soirée chez lui. Ne voulant le détromper, il se rend au rendez-vous à l’heure dite. Avec stupeur, il découvre que son interlocuteur est un authentique agent du FBI  qui lui fait un cours complet de physique atomique, lui expliquant notamment pourquoi cette nouvelle arme pourrait bien changer la face du monde.
    Un texte didactique sous le déguisement d’une nouvelle qui évoque le danger nucléaire.

  6. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Edouard HOOGHE Parution: 1903
    Sur la place du Vatican se dresse l’Antéchrist et son armée marquée de chiffre de la Bête. Le pape Pierre XII le Dernier contemple, fatigué, du haut de son balcon le triomphateur se proclamant Messie d’Israël. Devant lui, étendus à ses pieds, les cadavres d’Hénoch et d’Elie, couchés là sans sépulture, par dérision, puisqu’ils sont censés ressusciter au troisième jour et confirmer la victoire du Christ.  Sûr de son empire, établi sur la terre entière, l’Antéchrist venait narguer le vicaire du Christ :
    « Déjà le fils de la Bête, né à Corozaïn, grandissait dans Capharnaüm suivant la parole, et la puissante finance juive préparait l’avènement du Messie des Juifs, les trusts mondiaux accaparaient les richesses de la terre afin que s’accomplît la vision de l’apôtre et que nul ne pût acheter ni vendre que cela qui aurait le caractère ou le nom de la Bête ou le nombre de son Nom ». »
    Alors le vieux pape sut, pour que les paroles soient vérifiées, qu’il devrait mourir. Il bénit les corps des deux prophètes et fut abattu par l’Antéchrist. Au même instant le monde bascula quand les deux cadavres se réveillèrent. L’Apocalypse se réalisa, signant la défaite de la Bête.
    Une nouvelle étrange, plus proche de l’eschatologie que de la science-fiction. La description de ce dernier moment du monde dégage une beauté tragique non exempte d’un anti-sémitisme sournois à l’encontre de ceux qui ont déclenché l’apocalypse.


  7. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Docteur Eusèbe MAGNUS Parution: 1875
    Cet ouvrage est mentionné uniquement pour son titre et sa rareté. Les seuls éléments en rapport avec notre thème sont représentés par des glaces polaires descendues jusqu’à l’équateur sur une terre à son déclin, appelée Hyranie. Pour le reste, l’ensemble du récit représente une charge féroce des mœurs politiques corrompus d’Hyranie – en fait ceux de la Troisième République -  et qui n’ont rien perdu de leur force de contestation encore aujourd’hui.

  8. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Divers auteurs Parution: 1957
    contient les nouvelles :
    Rendez-vous en enfer (Fredric Brown)
    Le Maestro de Babylone (Edgar Pangborn)
    L’Année du grand coup (Robert Heinlein)
    Plus tard que tu ne penses (Fritz Leiber)
    Et puis ce fut la paix (Gordon R. Dickson)
    Plus âme qui vive (Dean Evans)

  9. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Divers Auteurs Parution: 1983
    contient les nouvelles :
    le Dernier terrien (Lester de Rey)
    l’Ultime rencontre (Harry Harrison)
    Autodafe (Damon Knight)
    Université (Peter Phillips) (hors corpus - non répertorié)
    Forteresse (Fred Saberhagen)
    Du danger des traités (Katherine MacLean et Tom Condit)
    Le Papillon de lune (Jack Vance)
    Le Roi de Nivôse (Ursula Le Guin)
    Les Chasseurs (David F. Galouye)
    Ancien Testament (Jérôme Bixby)
    Boulevard Alpha Ralpha (Gordwainer Smith)
    Pour une poignée de gloire (C.M. Kornbluth)
    La Main tendue (Poul Anderson)

  10. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Divers Auteurs Parution: 1983
    contient les nouvelles :
    la Crevasse dans la lune (Idris Seabright)
    le Chemin de la nuit (Robert Silverberg)
    Sans éclat… (Damon Knight)
    Danse macabre (Richard Matheson)
    Adam sans Eve (Alfred Bester)
    Le Collier de marrons (Jane Roberts)
    Le Navire des ombres (Fritz Leiber)
    Situation privilégiée (Vernor Vinge)
    Neiges d’antan (James Tiptree Jr.)
    Pour venger l’homme (Lester Del Rey)
    le Peuple du ciel (Poul Anderson)