Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Incroyable! - Par BenF
Une expédition scientifique, partie sur le trois-mâts Springbook, achemine vers l’Antarctique quarante trois personnes dont Dane le capitaine, Rattray son second, dans le but est de dresser la cartographie des lieux se situant derrière la falaise de glace qu’ils abordent. A fins d’économie, aucun avion d’exploration n’a été prévu. Bien que le voyage se déroule sans incident, il ne s’agit de ne pas traîner pour ne pas se faire emprisonner par le pack de glace qui ne tardera à se former. Le point d’accueil, une sorte de vaste baie qu’ils baptiseront " baie de Mills " leur permettra d’approcher au plus près de la côte avec le bateau.
Les conditions météorologiques se dégradant rapidement, ils n’auront même pas le temps d’achever la totalité du déchargement qu’un bloc de glace qui se détache de la falaise, coule le navire. Avec des vivres en quantité limités et un abri prévu pour dix-sept personnes seulement, ils subsisteront en pratiquant la chasse aux phoques et aux pingouins.
Dane est persuadé que les secours ne tarderont pas, bien que tout appareil de communication ait été anéanti durant le naufrage. Une stricte répartition des tâches structurant le temps, leur donnera la force d’attendre. De plus en plus inquiet, sachant qu’ils ne pourront résister à un deuxième hiver dans la glace, Dane fait apprêter un Cutter et deux baleinières à bord desquels ils espèrent atteindre les îles Kerguelen sans autres instruments de bord que sa science de la navigation. L’équipée sur une mer inconnue et souvent hostile leur cause des souffrances inouïes et une perte importante en hommes.
Soit ils tirent leurs bateaux sur la glace pour éviter qu’ils ne soient broyés, soit ils subissent des tempêtes australes qui les laissent exsangues au fond de leurs embarcations :
" Le tableau que présentait l’intérieur du cutter eût paru fort lugubre à un spectateur non averti. Sales, tout couvert de l’inévitable suie, hirsutes, enveloppés de haillons, les hommes gisaient un peu partout au milieu des caisses de provisions. "
la chance leur sourit enfin lorsqu’ils croisent le Langford Hall, un cargo dérivant à propulsion diesel, manifestement abandonné. Parvenu à son bord, aux limites de leurs forces, ils découvrent les squelettes de l’équipage encore prêts au poste comme si une catastrophe survenue avait été d’une terrifiante soudaineté.
Se dirigeant vers la côte sud-africaine, un soupçon désagréable commence à naître en leur esprit parce que nulle part ils ne croisent de navires. Au-delà de Cape Peninsula commence l’approche du port de Simonstone. La nuit, tout est noir. On n’y voit ni phares, ni feux de navigation en ces lieux dangereux.
Au matin, une vieille chaloupe se propulsant à la vapeur se dirige vers eux. Le jeune officier qui la commande est incapable de s’expliquer, comme frappé de déficience mentale. Hagard, il prie Dane de l’accompagner voir l’Amiral, son chef. En abordant le quai désert, Rattray risque une explication : tout se passe comme si une guerre venait d’avoir lieu, une guerre au moyen de gaz :
" - Les gaz, interrompit Rattray. Que disait-il ? Un mur de gaz. On laisse tomber sous le vent une rangée de bombes à gaz… C’est ce qu’ils ont fait pour ce navire… Et l’on achève l’ouvrage avec des bombes incendiaires et explosives… mais certains, sûrement, ont eu le temps de mettre leurs masques à gaz. D’autres pouvaient être alors en permission et sont revenus plus tard… (…) Ils ne sont certainement pas tous morts à terre. Il y a l’Amiral… et il doit avoir un état-major, je pense."
Dane, à pieds, flanqué du jeune officier, traverse la ville anéantie :
" A mi-chemin, ils se trouvèrent devant une longue file de squelettes ; ils gisaient sur l’asphalte revêtus d’uniformes bleus en lambeaux. A la tête de cette terrifiante colonne, au milieu des ossements, Dane aperçut des instruments de cuivre couverts de vert-de-gris. Il s’arrêta, frappé d’horreur.
-Les malheureux !… Ils ont été fauchés en revenant de l’église, musique en tête "
L’anéantissement total ne fait aucun doute. Ne subsistent plus que de rares survivants dans des villes dévastées ; l’Amiral lui-même n’existe pas : c’est seulement un cadavre momifié auquel obéit encore le jeune officier. Dane, ayant rejoint ses amis, suggère au moyen de la chaloupe, de longer la côte jusqu’à trouver un hameau qui leur donnerait asile. Ils échouent finalement en un lieu appelé " Finis Terrae ", où dans un état semi-comateux et suicidaire, ils écoutent les explications d’un jeune couple qui a également trouvé un refuge précaire en ces lieux. Tous les doutes seront levés :
" - Mais… Mon Dieu ! j’espérais… je pensais que seuls étaient atteints ceux qui avaient été directement gazés… Comme c’était le cas ici…
-C’est justement ce qu’il y a de plus horrible ! répéta Hay. Imaginez la nocivité de l’atmosphère après…. Après ce qui est arrivé maintenant. (…)
Mais qui donc a fait ça ?… qui sont ces " ils " ? … fit une voix rauque derrière eux. C’était Rattray. Un Rattray fiévreux, au visage dévasté, aux yeux étincelants sous des sourcils broussailleux. Il faisait penser à quelque prophète de l’Ancien Testament. Qui a déclanché la guerre ?
-Qu’importe ! répliqua Dane. Nous ne le savons pas. Peut-être le saurons-nous jamais. Nous devons affronter l’inconnu. "
Les gaz nocifs, par le biais des courants aériens, avaient empoisonné la planète entière. Eux seuls présents en Antarctique ont été épargnés et représentent aujourd’hui les derniers éléments sains de l’humanité.
Un récit d’aventure qui se termine en roman-catastrophe. Palpitant, documenté, réaliste et entraînant de bout en bout, le récit se lit d’une traite, avec des personnages héroïques qui s’accrochent désespérément à la vie dans un monde hostile. Ce roman traduit (sans mention du pays d’origine) était destiné à un public adolescent avec une date d’édition (1934) qui suggère le pessimisme précurseur de la deuxième guerre mondiale.
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Le Virus Du Nevada - Par BenF
Le narrateur, le général Lindstrom, commandant en chef de la zone de quarantaine établie autour de Los Angeles, s’entretient avec Adams III, un commercial envoyé par la Cosmopolitan Life Insurance Company. Ce dernier tient à tout prix à obtenir une autorisation pour pénétrer en ville malgré la menace que ferait peser sur sa vie le " virus du Nevada ", un germe inconnu hautement infectieux, peut-être en provenance de l’espace, et qui éradique tous les êtres humains passés de quarante ans. Adams III dévoile certains secrets de ce virus, déjà connus par les médecins militaires et jalousement gardés jusqu’ici. Il sait que trois pour cent des individus survivent à l’infection et en sortent radicalement transformés, beaucoup plus jeunes et pleins de santé, c’est du moins ce qu’avait découvert un certain Fleming, statisticien de son état. Adams III tient absolument à vérifier ce fait.
Linstrom accède à sa demande avec réticence, mais se rend vite compte qu’il a été joué. Adams III – en réalité Fleming lui-même qui a usurpé cette identité- veut acquérir une nouvelle jeunesse, prêt pour cela à mettre sa propre vie en jeu. Lorsque les soldats de Lindstrom le retrouvent, il est déjà trop tard : ils mettent la main sur un homme mourant, rongé par les abcès et couvert de moisissures. Et la pandémie poursuit tranquillement son petit bonhomme de chemin…
Un traitement du thème faustien dans le cadre cataclysmique.
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L'assassin Du Monde - Par BenF
Le détective Serge Servin suit les traces du boxeur Trucq Bert, enlevé en Algérie. Après «une catastrophe incompréhensible» qui détruit le Transaharien, Serge saute en parachute au-dessus de l’Atlas, repaire d’un savant fou. Capturé par des robots, il est emmené devant le Docteur Satanas qui désire se venger de la société. Devant lui, celui-ci étale sa puissance, une usine entièrement robotisée et un « rayon de la mort ».
Serge s’élance sur Satanas et, avec de la dynamite, fait sauter son repaire tout en sauvant les robots, en réalité des êtres humains conditionnés, quelques Chinois ainsi que… le boxeur Trucq Bert. Satanas, reprenant ses esprits provoque de terribles éruptions volcaniques avec son rayon, s’apprêtant – dit-il d’une voix sarcastique - à « disloquer le monde ». Serge reprend du service et, par un terrible uppercut, met définitivement le monstre hors d’état de nuire.
Un récit complet comme en fleurirent beaucoup après-guerre, à l’intrigue convenue et au dessin effroyable.
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Deux intérêts narratifs se partagent le récit. Le premier concerne l’amour qu’Henri Dartan, astronome âgé, éprouve envers sa filleule Adrienne qui veut épouser Jean Dantinne, un jeune homme plein de fougue et héros de l’histoire. Cette intrigue recoupe la deuxième, qui est l’évocation de la catastrophe frappant la terre et la description sociologique de ses conséquences. Pour une cause inconnue, la rotation de la terre diminue régulièrement , le freinage va en augmentant jusqu’à l’arrêt. La Terre présenterait alors constamment la même face tournée vers le soleil et l’autre plongée éternellement dans une obscurité profonde:
" La lune comme vous le savez nous montre toujours la même face: fixité relative. Mais ce qui donne le plus de poids à ma conviction, c’est l’exemple des planètes intérieures Mercure et Vénus. Schiaparelli a démontré que ces deux astres, dans leur mouvement de translation, présentaient inlassablement la même face au soleil. Il est permis de supposer que cette fixité relative a succédé à un mouvement de rotation pareil à celui de la terre et des planètes supérieures. Et alors, en bonne logique, il y a lieu de penser que la cause mystérieuse qui va enrayer la giration terrestre, après avoir fixé Mercure et Vénus, agira successivement sur les autres planètes dans leur ordre distinct d’éloignement du soleil. Reste à déterminer quelle est cette cause. Jusqu’à présent je dois avouer qu’aucun indice ne nous permet de l’entrevoir. "
Le grand problème est de prévoir quel hémisphère sera plongé dans les ténèbres et lequel sera tourné vers le soleil. Que deviendront les masses humaines stagnant dans l’obscurité et le froid? Finalement seules les deux Amériques resteront face au soleil, ce qui est normal pour l’auteur puisque l’Amérique est "la lumière illuminant le monde ". Très vite, les campagnes deviennent inhabitables et vers tous les ports européens converge un monstrueux flot humain. Des chutes de neige se produisent sans arrêt, le gel s’étale en couches épaisses dans les villes. Dartan, qui se sacrifie en restant en France, se promène dans un Paris moribond:
" En traversant la place de la Concorde toute blanche sous la lumière crue des projecteurs, une impression soudaine d’indicible détresse m’a saisi à la gorge. Je me trouvais seul au milieu d’un désert glacé. Nulle vie, nul mouvement. Une bise aigre soufflait. Au-dessus de mon gros paletot d’hiver, j’avais endossé ma pelisse de loutre et je marchais d’un pas rapide, frappant le sol de mes bottes fourrées. Néanmoins, j’étais gelé, transi. Sous ces stalactites de glaçons, irisées par la lueur des lampes, le Carrousel semblait le portique irréel d’une fantasmagorique cité. Comme fond de tableau, la masse sombre du Louvre, gigantesque monstre accroupi dans l’ombre, me barrait la route."
En attendant, les Américains débattent de l’opportunité d’accueillir des survivants. Ils ont beau être libéraux, les faits sont là: tout le monde ne pourra trouver place au paradis. Quels vont être les critères de sélection? L’on tirera au sort les heureux élus en excluant les désaxés, les fous, les hommes au-dessus de dix-huit ans, les impotents et les autres (s’il en reste!). Les races américaines étant des races "saines", il est normal, comme le dit un Sénateur, que les Noirs soient exclus de la terre promise:
" la race noire est restée , même en Amérique, une race mineure. Que dire alors des nègres d’Afrique, que soixante-dix années de contact avec les Blancs n’ont su tirer d’une demi - sauvagerie, que le christianisme même n’a pu élever bien haut sur l’échelle des valeurs morales et sociales. "(…) " C’est la préservation de la race blanche, la conservation des caractères ethniques de cette race qui fait la grandeur du genre humain ". Et, selon ce même Sénateur: "Allez-vous permettre l’altération des formes physiques, l’adultération du sang et enfin le ternissement de cette blancheur chaude et nacrée qui fait la beauté de nos femmes, le charme de nos enfants, l’orgueil de nos races? "
Quant à la dernière catégorie d’exclus: " Numériquement, elle est de loin la plus faible. Du point de vue social, elle est la plus dangereuse. Je veux parler de ces semeurs de troubles, de ces fauteurs de désordre, de ces agitateurs, de ces fanatiques dont l’Europe et l’Asie n’ont que trop souffert: séparatistes, bolchévistes, anarchistes, extrémistes de droite et de gauche, illuminés et faux-prophètes de toute espèce et de tous acabits "
Leur introduction en Amérique provoquerait la "démoralisation des classes inférieures, la rébellion contre l’autorité, la ruine de l’ordre social et de la civilisation ". De la même manière, l’auteur vitupère " l’art décadent ", la mode féminine et le comportement laxiste des jeunes.
" L’Agonie dans les ténèbres ", par son outrance rhétorique est caractéristique d’un courant idéologique ultra-nationaliste, empruntant la voie romanesque, plus particulièrement le genre utopique, pour évoquer l’émergence d’un ordre nouveau prêt à balayer la décadence. Une telle attitude n’est pas isolée. Les fantasmes d’ordre se retrouvent aussi ailleurs, comme par exemple dans " le Duc Rollon " de Léon de Tinseau. La fin du monde est prétexte à un renouvellement social selon les vœux de leurs auteurs.
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La Bataille De L'ocean - Par BenF
Et pour une guerre future de plus. En 1937, l'Allemagne fait peur. Hitler vitupère et menace. La France compte ses forces terrestre, aérienne et navale, qui ne font pas le poids face à celles des Germains. Pour preuve, l'auteur met en scène le désastre futur limité au contexte maritime. Durant le temps que se déroulent les combats navals, le lecteur, à travers de rapides digressions, apprend ce qui se passe du côté de ses frontières, ce qui lui permet de prévoir le pire.
Dès 1935, l'Allemagne, après le diktat envoyé à la Pologne, réclame à la France la main mise de ses colonies d'A.O.F., du Cameroun et de la Mauritanie. Notre pays s'élève contre l'ultimatum et déclare la guerre à l'Allemagne, comptant sur un approvisionnement constant en matériel en provenance des Etats-Unis à travers une noria de bateaux trans-océaniques. Les Allemands, tout aussi futés que les Français, ne le permettront pas. Il importe donc de couper la route océanique par un engagement naval décisif. Or, la victoire semble aléatoire du côté français, les forces alignées étant trop légère en tonnage et trop faibles en armement. Une escorte navale se constitue pourtant du côté français pour accompagner le paquebot Paris, appareillant du port de New York avec , dans ses soutes, du matériel destiné aux forces françaises. Mais les espions germaniques sont déjà avertis. Les Anglais, eux, fidèles à leur politique d'équilibre européenne, ferment les yeux le conflit imminent. L'escorte du Nord commandée par l'amiral Duruit se trouve en juillet 1935 face à face avec deux croiseurs protégés allemands et leur pléiade d'escorteurs, le Deutschland et le Preussen, deux monstres de 35.000 tonnes, tirant des projectiles de 350 kilos chacun. A cette puissance de feu, rien ne résiste. Malgré leur vaillance, les croiseurs français, les torpilleurs et contre-torpilleurs, le paquebot Paris seront coulés corps et biens:
"Le Duguay-Trouin est touché le premier; un obus atteint une de ses tourelles arrière, en arrache le toit et en tue l'armement; un second le frappe en plein milieu et traverse ses deux ponts blindés pour faire explosion dans une chambre des machines; volant en mille éclats, il y exerce d'effroyables ravages, perfore les cloisons voisines, crève les tuyaux de vapeur et met hors de service trois turbines sur quatre. la vitesse du navire tombe à dix noeuds, faisant de lui un but facile pour les canons ennemis."
Pour compliquer encore la situation, du côté des frontières des Vosges, les Allemands bousculent les lignes françaises:
"Et là-bas, sur les Vosges, en Lorraine, nos soldats désarmés seront écrasés par le matériel allemand, massacrés par les chars d'assaut, asphyxiés par les gaz de combat; le front sera crevé, les hordes germaniques déferleront, la torche au poing, sur nos villes et nos campagnes, l'aviation ennemie portera ses ravages jusqu'à la Méditerranée et jusqu'à l'Océan! Six mille Français ont été sacrifiés en vain à l'accomplissement d'une tâche surhumaine... Le chef intrépide qui les a conduits ferme ses yeux mourants, et ses lèvres murmurent une dernière fois: "La France, la France...." La France, hélas! est perdue!"
La France, forte de l'expérience de ses chefs aura été trahie par l'incompétence, la lâcheté, la pusillanimité des hommes politiques. Un conseil des ministres houleux stigmatise l'imprévoyance du pays, en dépit du traité de Versailles qui laissait l'Allemagne en état de faiblesse. Les militaires français accusent les civils de laxisme, se défaussant d'avance de leur responsabilité dans un combat perdu d'avance:
"Après avoir construit cinq croiseurs protégés, l'Allemagne a mis en chantier tous les deux ans, depuis 1928, un bâtiment d'un nouveau type, véritable croiseur de bataille. Les deux premiers, le Deutschland et le Preussen, sont en service, un troisième commence ses essais. Au mépris du traité de Versailles, ils déplacent plus de 13.000 tonnes au lieu de 10.000, et le poids gagné par l'utilisation des moteurs Diesel, par l'emploi en grand d'aciers spéciaux et d'alliages légers, les rend comparables à des navires ordinaires de 15. à 16.000 tonnes. Ils portent six pièces de 280 millimètres, lançant à 30 kilomètres des obus de 350 kilos, et ils sont dotés, en outre , d'une forte protection; du fait qu'ils n'ont pas de chaudières, les parties vitales à mettre à l'abri des obus sont, en effet, beaucoup moins étendues que sur nos navires; elles ont pu être placées sous un cuirassement renforcé."
Héroïques, comme d'habitude, ils ne se déroberont pourtant pas à leur devoir. Rassemblant toutes les forces navales disponibles, accélérant le programme de construction d'énormes croiseurs équivalents à ceux de leurs ennemis, ils reconstituent une nouvelle flotte sous le commandement de l'amiral Frehel; le Foch, le Suffren, le Tourville , des engins de 13.000 tonnes, protégés par six croiseurs de 10.000 tonnes chacun, d'un porte-avion et de quelques torpilleurs, prennent le cap dans l'Atlantique Nord pour une bataille navale décisive dans l'océan.
Essuyant d'entrée une tempête qui l'affaiblit, l'escadre, par ses avions de reconnaissance, elle localise les forces ennemies. Immédiatement, la flottille, rangée en ordre de bataille, fait route de collision, s'approchant le plus possible de l'ennemi afin que les coups portés soient tous décisifs. Les Allemands, qui ne sont pas en reste, commandés par l'excellent von Rompel, procèdent de même. Le combat est bref et d'une brutalité inouïe. les bâtiments français, touchés de plein fouet, et dont les munitions explosent sous les coups de boutoir, coulent les uns après les autres:
"Six minutes après l'ouverture du feu, un premier obus abat une cheminée du Vauquelin; peu de temps après, un second ouvre à l'arrière une brèche par où l'eau commence à pénétrer; un troisième enfin, tiré à moins de 2.000 mètres, atteint le bâtiment à la flottaison, où il creuse une longue déchirure: ses chaudières noyées, le destroyer ralentit, puis s'arrête, incapable de gouverner; une vague énorme le prend de trois quarts et le couche sur le côté; la masse d'eau déjà embarquée l'empêche de reprendre son équilibre, la mer s'engouffre dans ses cheminées et le fait chavirer complètement. Il s'abîme au sein des flots, emportant avec lui jusqu'au dernier de ses marins, pendant que l'équipage du Koenigsberg salue sa victoire de hourras enthousiastes."
Les monstrueux croiseurs allemands ne semblent pas souffrir de la confrontation. Le 21 août, le Foch est une épave, le Colbert et le Dupleix n'existent plus. L'amiral Von Rompel a de quoi être heureux: le ravitaillement américain est interrompu, la France est à genoux, l'Allemagne a gagné.
Si le récit s'arrêtait là, on pourrait saluer l'exactitude prévisionnelle de l'auteur qui a anticipé la défaite française, bien que celle-ci se soit faite par voie de terre, à l'aide des tanks de Guderian, dans un Blitzkrieg inventé à l'occasion. Mais il est vrai que l'on se résigne difficilement à mourir. C'est pourquoi, Boverat ajoute une deuxième partie, plus brève, à son ouvrage. Celle où, en 1937, a lieu une deuxième confrontation marine, au cours de laquelle la France a tiré les leçons de son échec. Elle a enfin construit deux croiseurs de taille: 30.000 tonnes de charge, des obus de 500kilos, des blindages renforcés: les Allemands n'auront qu'à bien se tenir! A onze heures, durant ce mois d'été, débute la bataille finale sur mer, sous la direction de l'amiral Trémereuc, un breton de pure souche, tenace et combatif. Le combat est d'abord incertain:
"Cependant le Duquesne est furieusement martelé par le Preussen.; plusieurs obus perforent ses ponts blindés, crèvent les chaudières, brisent des turbines, démolissent une série de machines auxiliaires; un autre l'éventre au-dessus de la flottaison, avarie effrayant puisque toutes ses pompes sont hors de service. Le navire, aux trois quarts désemparé, dérive entre les deux flottes; il devient la cible de tous les croiseurs allemands."
Mais lorsque le Joffre entre en action, un déluge inouï de projectiles s'abat sur les navires allemands encore à flot. Finalement, le Preussen, tel un lion à l'agonie, hurle à la mort:
"Arrivé à moins de 9 kilomètres de son antagoniste, le Preussen à moitié éventré, constate l'échec de ses torpilleurs et de ses avions; il veut enfin virer de bord, mais deux obus d'une même salve l'atteignent en plein milieu: une fumée jaunâtre surgit aux points d'impact, puis soudain le navire semble transformé en un véritable volcan; une colonne de feu, projetée par l'explosion de toutes ses soutes, se dresse à plus de 1.000 mètres de haut, de gigantesques débris d'acier criblent au loin la mer, puis tout disparaît: le Preussen est anéanti."
La France est sauvée. L'escadre patriotique, meurtrie et blessée mais survivante, achève les derniers navires allemands, recueille les rares naufragés des deux bords, et rejoint, à petite vitesse, son port d'attache.
"la Bataille de l'océan" limite la conjecture aux engagements maritimes dans une guerre à venir, très proche, hélas! Le récit se développe de manière réaliste, à travers la description précise des diverses phases du combat sur les flots. L'on sent que l'auteur est dans son élément. Les tableaux comparatifs, les écorchés des forces en présence, les tableaux en couleurs et en hors-texte, démontrent sa volonté d'éclairer le lecteur. Patriote convaincu, Fernand Boverat, a désiré, sans nul doute, lancer un cri d'alarme devant des dangers qu'il sentait proches.
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La Guerre Des Fauves - Par BenF
Dans l’Inde mystérieuse et mystique, Nagda, une jeune fille, est enlevée par un tigre royal, sans que celui-ci ne la touche. Elle sera libérée par William Osborne, un savant anglais spécialisé dans le domaine de la psychologie animale. Kalkar, le fiancé de Nagda, appartenant à la société des Thugs, le considérera cependant comme responsable et tuera Osborne.
Jug Allan Wandel, le neveu du savant, à l’esprit fragile, fouille le laboratoire du défunt puis disparaît dans la jungle, emportant avec lui des papiers. Sa rencontre précédente avec la belle Djaïzal, bohémienne et princesse à la fois, a fait basculer sa raison, le rendant éperdument amoureux de la fière Indienne. Elena Rhead, sa fiancée légitime, discrètement protégée par son chevalier servant Malo Chanteloup, accepte son sort, poursuivant son chemin en compagnie d’une troupe de Sikhs dont font également partie l’aspirant Hartley et le capitaine Jasper.
Ils n’iront pas très loin dans la jungle, car la révolte s’étend dans tout le pays où de nombreux Anglais seront étranglés par des mains non-humaines, des mains d’anthropoïdes. En route vers la région de Tchandvavana, gouverné par le maharadjah de Narmad, et qui semble être à l’origine de l’embrasement, Malo décide de faire halte dans une casemate, en pleine jungle. Bien lui en a pris car ils est aussitôt assiégé par une armée de singes, suivie de panthères qui passent à l’attaque. Tout se passe comme si les animaux, téléguidés, s’opposaient aux hommes, principalement aux Anglais, et cela semble être le fait de l’invention d’Osborne que quelqu’un doit avoir activé :
« Tout ce qu’on peut déduire des faits, c’est ceci : le docteur Osborne avait réussi à découvrir que ce que nous appèlerons, faute de mieux, l’âme d’un être, ou, si vous préférez un terme moins abstrait, la sensibilité de son cerveau, est une sorte de récepteur des influences extérieures, analogue au détecteur d’un appareil de télégraphie sans fil, que des ondes, émanées d’une source plus ou moins lointaine, stimulent, dirigent ou modifient, au gré d’un opérateur. »
C’est ce que Jasper avait déjà constaté auparavant puisque les chevaux de la petite troupe s’étaient retournés contre eux, leur refusant tout service. Terrifiés et terrés dans la casemate, les soldats demandent au major Seelay, par pigeon voyageur, de venir à leur secours. Celui-ci, ayant arrêté le prophète Vivaravna, qui prêche l’amour universel et la tolérance, s’engage avec son armée dans une marche forcée pour délivrer les prisonniers dont le sort est de plus en plus précaire, quand les éléphants se mettent de la partie :
« Le fracas des détonations couvrit le tumulte du dehors. A la lueur des flammes qui jaillissaient des mitrailleuses apparut confusément dans l’ombre une sorte de vague gigantesque, comme si la nuit s’était soudain condensée en masses difformes et monstrueuses. Des fragments s’en détachèrent, s’écroulèrent, d’autres vinrent culbuter par-dessus, formant tout d’un coup une muraille énorme et pantelante. Mais un instant après, elle s’ébranla, oscilla, creva partout à la fois, laissa de nouveau passage à la ruée. Et cela vint s’abattre sur le mur du fort. »
Seelay leur recommande de creuser un tunnel sous la casemate d’où il pourra opérer la jonction. Traqués par les éléphants qui piétinent le sol au-dessus d’eux, Malo et Elena seront sauvés d’extrême justesse. Elena, sortie de danger, écrasée de fatigue, s’endort en sécurité au bivouac lorsqu’elle est enlevée par le même tigre qui avait déjà pris possession de Nagda, et qui l’entraîne au palais de Narmad. Elle se réveille aux pieds de Djaïzal et de Jug, les véritables responsables de la révolte.
Devenus déments par ambition, ayant réduit à l’impuissance le roi légitime du palais, s’étant appropriés l’invention télépsychique d’Osborne, les amants diaboliques rêvent de chasser les Anglais de l’Inde, puis de conquérir la terre entière grâce aux animaux :
« Regarde cette ligne bleue que le pouvoir des ondes psychiques pousse sur le versant de la montagne, c’est l’armée des éléphants. Elle atteint maintenant la crête, la surmonte, la déborde. Ce sera, avant quelques heures, un formidable écrasement. Que pourront les canons, les inventions du misérable génie des hommes, contre cette masse invincible ? Ah ! Djaïzal, Djaïzal ! Le ridicule petit royaume de Narmad aura pour bornes, l’an prochain, le golfe du Bengale et les plaines mongoles !… Dans dix ans, pour l’anniversaire de nos noces, je te donnerai la terre en cadeau ! »
En attendant, le major Seelay, arrivé sur les lieux, combat toujours les éléphants, en y laissant sa vie. Rien ne semble pouvoir arrêter la masse triomphante :
« La horde, maintenant, continua sa route. Des montagnes, des forêts, des vallées. Il en venait d’autres, d’autres, d’autres toujours. La Force développait son pouvoir, dépassait les frontières, envahissait la planète, commençait d’éveiller tout là-bas, dans les plaines chinoises, sur les plateaux tibétains, au fond des neiges afghanes, de farouches consciences animales qui aspiraient dans l’air un désir de tuerie. La terre s’en revenait peu à peu aux terreurs des premiers âges, quand les grands mammifères en étaient les seuls hôtes et que l’homme, tremblant, se cachait au fond des cavernes pour les éviter. »
Pourtant, le sort est capricieux. L’arrivée inattendue de Malo Chanteloup sur les lieux libère Eléna et mettra un point final aux menées diaboliques des amants fous.
Un récit populaire d’aventures exotiques sur fond d’application scientifique. Les personnages taillés d’une seule pièce, les actions héroïques et la sauvagerie de l’Inde, s’effacent devant la force brutale des animaux ligués contre l’homme. Un récit modèle du genre.
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Le Rayon Infernal - Par BenF
L’ingénieur Claude Cardan et son fidèle meccano Zanzi désirent faire apprécier au ministre de l’Air leurs nouvelles inventions « le rayon de la Mort » et mieux encore, le «Radiardant», capable d’incendier tous les moteurs électriques. Malheureusement pour eux, ils se découvrent un ennemi en la personne de « Fulgur », un puissant industriel vendeur d’armes, créateur de la « Fulgurite », un explosif extraordinaire, et commanditaire d’une puissance étrangère souhaitant déclarer la guerre à la France. Heureusement, ils ont des alliés en les personnes de Lucienne Morand, secrétaire de Fulgur et de son frère Robert, spécialiste en maquillages dans un cabinet de cire.
Ecoeurée par les agissements de l’odieux Fulgur, Lucienne sauve Claude qui manque d’être assassiné par noyade. Déguisés tous deux par Robert sous les noms de Greta (pour Lucienne) et de Boris Horlevitz (pour Claude), ils seront engagés par Fulgur qui croit pouvoir s’approprier les secrets de Cardan. Le jeune couple veille également à ce que Zanzi travaille avec eux. Fulgur est impatient d’observer le fonctionnement des armes nouvelles. Il programme un vol d’essai avec pour pilotes Claude et Zanzi. L’un des avions sera muni du Rayon de la Mort, l’autre du Radiardant. Zanzi et Claude qui dévoilent leur véritable identité à un Fulgur vert de rage éliminent les avions lancés à leur poursuite et font exploser le dépôt de Fulgurite dans le bruit et la fureur :
« Un cratère s’ouvrait sous ses pas. Une détonation dépassant en puissance les plus formidables explosions, secouait le sol. Un torrent furieux de flammes jaillit jusqu’aux nuages, entraînant avec lui les rocs calcinés et les charpentes de fer rougi des ateliers. Toutes les usines, désarçonnées par la secousse, semblaient s’écrouler une par une dans le cratère formidable. Puis une pluie de décombres commença à tomber interminablement. Il ne resta plus sur le plateau aride et désert que des ruines informes pour attester l’emplacement où se trouvait, deux heures avant ces événements, la plus grande usine de guerre du monde. »
Comme il se doit dans un si beau conte de fées, Fulgur meurt et Claude épouse Lucienne sur le conseil du ministre de l’Air. Quelle est belle la France de 1935 !
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Le Soleil Ensorcele - Par BenF
Claude Rodier fait la connaissance d’un couple curieux, une jeune fille qui l’intéresse et un vieux barbon qu’il suppose être son père, une sorte de prototype du savant fou :
"Une caricature vivante ! Un être inimitable, un grand vieux si maigre, que sa taille n’en finissait pas, bien qu’il marchât bizarrement courbé, ce qui lui donnait, sans métaphore, la forme d’un point d’interrogation. Sa redingote usée était beaucoup trop longue, son pantalon fripé était beaucoup trop court. Ses bras interminables semblaient traîner à terre. Et sa tête ? Non ! Il devait le faire exprès ! Des cheveux blancs tout frisés, presque laineux sur un crâne de microcéphale ; un long nez retombant de fée Carabosse ; un petit menton en galoche formidable, aussi décidé à monter que le nez à descendre, des joues creuses, une peau ridée (…)"
Engagé par Colquorès, l’ingénieur physicien, Claude se documente sur son ouvrage " les rayons 55 ". Le vieux barbon qui se trouve être le savant Casimir Maugrébien, condisciple, ami de classe et rival de Colquorès, en présence de sa pseudo-fille Hélène, se retrouvent également à la Bibliothèque Nationale pour consulter le même ouvrage. Hélène, manifestement intéressée par Claude lui fait savoir qu’elle se retrouvera bientôt à Kergrist en Bretagne. Entre temps, Claude a été mis au courant par Brigaud, autre condisciple de Colquorès, de l’existence d’un diamant rouge aux propriétés physiques extraordinaires qui appartiendrait au baron Guillauteaux. Claude se décide à rencontrer le baron. Mais il arrive trop tard à la propriété, le baron étant déjà mort, asphyxié par des gaz. Claude entr’aperçoit les meurtriers qui ressemblent étrangement à Maugrébien et à son valet Sylvain, un être obèse et vil.
Décidé à en avoir le cœur net, Claude, en compagnie de Favier, un détective privé, se rend à Kergrist sous une fausse identité pour surveiller le château de Maugrébien, prenant l’apparence d’un paisible jardinier engagé par le père Gall. Il s’avise que Casimir Maugrébien visite tous les jours une grotte, un trou d’une profondeur inouïe connu dans la région sous l’appellation de " Trou du Diable ". Hélène, elle, est manifestement séquestrée au château. Colquorès, qui ne croit toujours pas aux activités néfastes de Casimir, se rend aussi au Trou du Diable. Mal lui en prend, car il y est poussé par Sylvain. Exit de Colquorès et introït d’un nouveau personnage : le colonel Puyraveau, en réalité le véritable oncle d’Hélène et ancien beau-frère de Casimir. Il est assassiné à son tour avec raffinement : sa tête, détachée de son corps, survivra quelque temps grâce à l’habileté scientifique de Maugrébien :
" Il ( = Favier) s’approcha du lit et rejeta les couvertures… Il était vide !… le corps du colonel ne s’y trouvait pas ! Il n’y avait que la tête, complètement exsangue, posée sur l’oreiller blanc ; la tête " vivante " et dont les yeux douloureux, fixés sur nous, surveillant sans aucun doute nos moindres mouvements (…) Quand Hélène tomba au pied du lit, Favier vit les larmes rouler sur les joues du décapité ! "
A la suite de cet événement et talonnés par Favier, les deux criminels prendront la fuite, abandonnant Hélène qui de suspecte, devient victime avant d’épouser Claude. Quelque temps après, à Kergrist, se produisent des manifestations telluriques impressionnantes au Trou du Diable. Ces tremblements de terre dus à l’œuvre maléfique de Maugrébien et de Sylvain par l’entremise d’une force solaire amplifiée qui passe à travers le diamant rouge volé, prennent tant d’ampleur que l’axe de la terre en est légèrement dévié. Alors que les bandits, dans leur nouveau repaire de Nouvelle-Zélande, se demandent comment ils pourraient arracher Hélène des bras de Claude, la déviation de l’axe terrestre provoque des désordres climatiques extraordinaires. Paris se voit doté d’un climat tropical en plein hiver :
" Le thermomètre montait d’une façon régulière et continue. A cinq heures de l’après-midi, il y avait 35° à l’ombre. Les rues et les boulevards étaient remplis de promeneurs qui ne pouvaient tenir dans leurs appartements trop chauffés, cherchaient au-dehors une fraîcheur absente. Des farceurs circulaient en blazer et en chapeau de paille ! On s’étouffait aux terrasses des cafés. Dans l’immense agglomération parisienne, ma femme et moi étions peut-être les seuls à concevoir quelque inquiétude sur la fin de cette aventure ! "
La végétation pousse à une telle vitesse que le paysage urbain en est transformé :
" En arrivant aux Champs Elysées, je poussai un cri de surprise. Une fabuleuse verdure s’étalait jusqu’à l’Etoile ; je ne reconnaissais qu’à peine le décor familier des hautes maisons parées de leurs toitures gigantesques. Oui, les arbres des allées montaient à l’assaut du ciel ; leur ombre épaisse et bleue rappelait la célèbre avenue aux dragonniers du Jardin de Hamma, à Alger. "
On chasse même des bêtes inconnues en temps normal au Bois de Boulogne, dans le lac qui s’y est formé :
" L’affreuse bête ! Vous voyez Rodier, vous voyez ? Une horrible gueule de crocodile surgissait du lac si paisible ; le colossal saurien nageait avec vigueur, cherchant visiblement une proie !… Nous reculâmes instinctivement, sans chercher à dissimuler notre effroi commun. -Eh bien!… s’écria Brigaud, et moi qui voulais pêcher ce goujon à la ligne !… Mais c’est inconcevable !… Mais on a truqué le Bois de Boulogne !… Un crocodile !… Un vrai ? Ca passe les bornes, voyons !… C’est trop de couleur locale, à la fin."
Favier espérant trouver des renseignements dans l’ancien appartement de Casimir, s’y rend. Soudain parvient une nouvelle ahurissante : Colquorès serait vivant, bloqué dans une faille, quelque part près de Tarbes. Celui-ci, bien que tombé dans le trou du Diable, a été sauvé par une "densification extraordinaire de l’air" liée au déplacement de l’axe terrestre, et, comme le trou était manifestement profond, il s’est retrouvé coincé – mais vivant - dans une faille pyrénéenne, établissant le contact avec l’extérieur grâce à un contact magnétique fortuit. Nos amis s’empressent de le délivrer et le mettent au courant des perturbations climatiques et de l’utilisation malfaisante que Maugrébien fait des " rayons 55 ". Alors Colquorès se fâche car il entrevoit, si l’on n’arrête de telles activités, des désastres majeurs pour le globe avec un bouleversement climatique total.
Sylvain, revenu à Paris pour s’emparer d’Hélène, est contré par Favier qui le poursuit, lui et sa bande, dans leur repaire de tunnels situé au-dessous du Trocadéro. Le bandit parvient encore à fuir non sans indiquer à Favier sa destination finale: celle d’une petite île près de la Nouvelle-Zélande. Définitivement, peu de temps après, Colquorès et nos amis mettront fin aux activités du couple maudit. Par une nouvelle adaptation des " rayons 55 ", le bon savant broie ses ennemis dans son repaire entre des murs de " lumière opacifiée ".
Le " Soleil ensorcelé ", par son outrance et la démesure de sa thématique est le modèle du roman populaire : amours, crimes, rebondissements, criminels odieux, tromperies, déguisements, quiproquos, châtiments y abondent. Le savant fou, monstre scientifique, a bien failli, cette fois-ci encore, mettre la terre en péril.
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Les Derniers Hommes - Par BenF
«Les Oulahmrs fuyaient dans la nuit noire..», pardon, ce n’est pas «la Guerre du feu», mais ça y ressemble à s’y méprendre.
Sauf que là, le monde court à sa fin. Le soleil se refroidit. Une vague glaciaire intense descend des pôles semant la mort et la destruction. D’innombrables générations d’hommes ont essayé d’enrayer le processus. Rien n’y a fait, ni l’idée de s’enterrer pour profiter de la chaleur du sol, ni les repliements sur des zones plus chaudes.
Peu à peu les nations se sont effondrées, les communications interrompues, le village planétaire s’est réduit à une communauté de tribus néo-féodales. Encore plus en avant dans l’involution, ne subsistent que des tribus affamées et hagardes chassées par le froid vers un mythique équateur :
" Réduits à quelques milliers de tribus à peine, séparés les uns des autres par des distances considérables, dispersés sur l’immensité de la terre, sans ressources, sans aucun moyen d’action sur la matière, dépossédés de leur antique puissance, traqués par des froids mortels, les derniers fils des hommes, semblables aux nomades des premiers âges, erraient misérables, à travers les savanes glacées, luttant sans trêve contre l’effondrement de leur race. "
Leur chef Koundour, Ounrouch le géant, et Khem l’avisé, sont les trois meneurs de l’une de ces tribus. Fuyant dans la grande plaine blanche, poursuivant un gibier rare, ils vont sans espoir. Ayant perdu la mémoire de leur grandeur passée, il n’existe en eux que le seul désir de survivre, de se protéger du froid:
" Leur intelligence sombrait au milieu de la tourmente qui les assaillait de toutes parts... Perdus à la surface des immensités terrestres, rejetés brutalement par leur destin vers cette glèbe d’où ils étaient issus et dont ils avaient réussi à s’affranchir depuis des millénaires, ils étaient retombés aux jours sombres de la préhistoire... Dominés par les éléments qu’ils avaient vaincus autrefois, esclaves du froid, de la faim et des maladies, ils reprenaient le masque farouche des ancêtres quaternaires, à peine différents de la brute. "
Même le désir sexuel est annihilé. Le vieux Ghoûn conserve jalousement les silex du feu, qui est leur seule chance de survie . S’engageant le long des méandres glacés d’un grand fleuve, ils trouvent un refuge provisoire sous terre, dans une ancienne cité mécanisée, mais le froid les en chasse. Ils arrivent enfin en des terres plus hospitalières, où l’eau est liquide, la température douce, le gibier abondant. Ils s’y établissent. Avec la diminution de la pression vitale, le groupe commence à se déliter, des ambitions se font jour:
" Une haine subite s’était levée dans le coeur des deux frères contre Koundour, chef de la horde, à cause de sa force et de son autorité, et qui, le cas échéant, se dresserait pour défendre sa fille; contre Khem, dont ils redoutaient la puissance mystérieuse, surtout depuis qu’il possédait Zyl; contre Ounrouch le colosse, le compagnon préféré d’Amra, fille de Hor. Peu à peu, l’idée d’un massacre se précisa dans leur esprit borné, lent à comprendre, incapable de réagir contre des instincts de brutalité millénaires. "
L’ennemi par excellence, l’étranger, les ressoude dans une même haine. D’affreux petits bonhommes de type asiate, sanguinaires et violents, envahissent leur vallée, désireux de s’approprier les nouveaux terrains de chasse des nomades blancs:
"C’étaient des hommes de race asiatique, trapus, à la peau jaune et aux jambes courtes. Leurs petits yeux mobiles enfoncés sous le front, leur visage plat aux pommettes saillantes et aux fortes mâchoires, leurs longs cheveux épais et huileux, leur donnaient un aspect repoussant. (...) Mais leur haine à l’égard des nomades blancs était telle qu’ils se seraient jetés sur eux sans motif, avec la même fureur, obéissant aveuglément à des sentiments d’atavisme sanguinaire qui avaient provoqué durant des siècles des massacres incessants entre les peuples d’Orient et d’Occident. D’une férocité inouïe, ils ne reculaient jamais devant un ennemi, n’épargnaient aucun blessé et mutilaient atrocement même les cadavres de ceux qu’ils avaient abattus. "
La tribu de Khem sort vainqueur de l’affrontement, non sans que Koundour, le chef, ait péri et que Ounrouch agonise.
Khem reprend le commandement de la tribu, aux individus de moins en moins nombreux. Cela n’empêchera pas les jaloux et envieux de convoiter sa place, car même au bord de la tombe la nature de l’homme ne s’est pas modifiée. Khem méprise ses adversaires mais sent qu’il lui faudra partir avec ses amis s’il souhaite rester en vie, car il se fait vieux.
Un grand froid progresse dans la vallée. Seul Khem se rend compte qu’il s’agit d’une situation définitive. Une nuit, à l’insu de ses opposants, il rassemble sa petite troupe et reprend sa trajectoire vers le sud, vers d’autres terres chaudes, abandonnant les autres, au froid, à la peur, à la nuit. Une progression chaotique les emmène dans un paysage tourmenté au bord du plateau continental atlantique, ravin prodigieux disparaissant dans le lointain en vallées déchiquetées:
" Khem avait, sans s’en douter, modifié légèrement et insensiblement l’orientation de sa marche à travers l’immensité des solitudes. Après avoir dépassé l’équateur, il était parvenu aux confins sud-ouest de l’Afrique australe, atteignant bientôt les anciennes côtes de l’Atlantique, dont les eaux avaient baissé considérablement depuis des siècles et s’étaient résorbées définitivement en un chaos colossal de glaces éternelles. De gigantesques vallées marines étaient apparues à plusieurs kilomètres au - dessous du niveau des vieux continents, abysses insondables des mers préhistoriques, devant lesquels les nomades venaient de reculer avec terreur. "
Khem sent que la fin de tout est proche. Plusieurs de ses amis meurent de froid. Une nuit, il perçoit dans le noir les pas furtifs de trois de ses adversaires, les seuls survivants du groupe délaissé, qui ont réussi à le retrouver. Il sait que nulle échappatoire n’est possible et que la lutte à mort doit fatalement se déclencher. Une bataille se déroule, brève, incisive, atroce, où les seuls survivants de l’espèce humaine s’entretuent, leurs cadavres se recouvrant progressivement de la neige dans un monde déjà mort:
" Alors il se mit à ramper vers Khem, déjà raidi par la mort, lui cracha au visage en râlant et, du bout de sa pique, poignarda le cadavre. Puis, comme il levait le bras une deuxième fois, la mort le saisit brusquement et ses deux mains retombèrent inertes, dans ce dernier geste de haine, symbole abominable de l’histoire de toute sa race... La neige continuait de tomber en masses pesantes pétrifiées par la gel, et recouvrait peu à peu d’un véritable linceul de marbre blanc le tombeau des derniers fils des hommes. "
Une oeuvre d’un pessimisme absolu où la mort de la terre répond en écho à la mort de l’espèce humaine. Une espèce haïssable, qui manifestement n’avait aucun droit à la pérennité, tant sa stupidité, son agressivité, son intransigeance ont précipité la catastrophe.
L’ensemble du récit baigne dans une atmosphère sombre, farouche où les hommes sans pitié sont plus proches de l’animal que de l’humain. Aucune lueur d’espoir, aucun sentiment positif, aucune action désintéressée ne soulève ce couvercle de plomb: tout geste y est dicté par la seule nécessité de la survie individuelle. Se démarquant à peine du roman de Charles de l’Andelyn " les Derniers jours de la terre ", le roman de Poueydebat se situe dans la voie la plus noire du roman-catastrophe. Une dernière question reste en suspens : un récit relaté par quel témoin et pour qui?
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La Fin De La Terre - Par BenF
A Dove Castle, près des Rapides de Lachine, au Canada, le grand savant maître du monde, Herbert Stinson est très inquiet car la Terre donne tous les signes d’une fin prochaine. Déjà de nombreux cataclysmes précurseurs d’une suite plus intense ont bouleversé la géographie de l’ensemble du globe :
« Après une heure de sommeil à peu près, un grondement le réveilla. Il prêta l’oreille un instant, s’habilla et descendit par l’ascenseur hydraulique jusqu’au sous-sol de l’île. Les instruments sismiques lui apprirent qu’à quelque quinze ou dix-huit milles en profondeur le sol entrait en perturbation. La faille de Logan à son tour était hachée petit à petit par le cataclysme, il n’en fallait plus douter.
Demain, peut-être, toutes les collines monténégriennes cracheraient l’explosion sinistre d’un monde souterrain ameuté ; les entrailles de la terre vomies dans un spasme affreux ; la terrible destinée révolue d’un astre usé par les millénaires. »
Les causes en seraient une « consomption » naturelle du feu central, un vieillissement du noyau et une pression interne en augmentation constante.
En l’an 2380 l’humanité a accompli des progrès prodigieux , dans le domaine technologique et scientifique :
« Depuis cinquante ans, les derniers arbres étaient disparus de la surface de la terre et les journaux ne s’imprimaient plus. Les savants avaient découvert un moyen fort simple de renseigner les nations. A toutes heures de la nuit ou du jour on projetait dans le firmament les nouvelles imprimées en caractères énormes ; le jour, un pan de ciel s’obscurcissait, devenait noir comme de l’encre et la dépêche y apparaissait en blanc ; la nuit l’écran naturel suffisait. »
Herbert Stinson et son collègue Herman Stack ont décidé de réunir un Congrès mondial des Physiciens à New-York au cours duquel ils espèrent convaincre leurs collègues, les 700 000 délégués de tous pays, que la seule voie de salut pour l’humanité –ou ce qu’il en reste - passe par une émigration massive vers la planète Mars, déjà colonisée, où l’on travaille d’arrache-pied à accueillir les terriens orphelins.Le globe fait savoir, par ses secousses et tremblements, que le plan devra être mis immédiatement en œuvre.
Des catastrophes sans nom paralysent le monde : la plus grande partie de l’Amérique du Sud s’était effondrée, les fonds sous-marins bougeaient sans relâche et en Europe la chaleur et la sécheresse désertifiaient les paysages :
« La Corée avait été balayée par un raz-de-marée ; l’eau envahissait déjà le grand plateau du Tibet qui s’affaissait ; la mer Aggasiz se reformait au centre du Canada et au nord des Etats-Unis ; les Rocheuses se creusaient de vomitoires par où l’incendie du globe s’allumait ; le soleil paraissait sanglant à travers des nues de cendres et de feu. »
Le professeur Erzeberger explique aux délégués que l’énergie nécessaire à la propulsion des Vaisseaux cosmiques pourra être stockée dans des « bouteilles de Felsten » et acheminée à partir des chutes du Niagara. Herbert Stinson et ses amis doivent en effet convaincre le monde de la pertinence de leur projet, notamment le puissant Herbröm Shern, qui préconise l’immobilisme, ou le Dr. Ohms qui, devenu fou à l’idée de la mort, envisage la « transmigration des âmes » sur Mars, les corps restant sur la Terre.
Tandis que le camp de sauvetage se met en place au Canada, que la première vague des Vaisseaux devient opérationnelle, les désastres s’amplifient à travers le monde :
« Depuis environ soixante ans la navigation avait cessé sur presque toutes les mers du monde. Les océans en furie roulaient des vagues qui frôlaient presque les aérobus évoluant à mille pieds dans les airs ».
A Paris, sur un écran géant, l’on projette l’engloutissement de la région de Malacca. Marcel de Montigny, un vieil humaniste, conservateur du musée du Louvre, déplore la perte de tant d’œuvres d’art, expression du génie humain. En Inde, le cataclysme prend une ampleur inattendue. Avant que le sub-continent indien tout entier ne s’abîme dans les flots, les spectateurs parisiens, horrifiés, pourront suivre la révolte et la folie de la faune sauvage, menée par les extraordinaires mammouths géants, des créations du Dr. Singh :
« Les bêtes, au nombre de millions, arrêtées par les montagnes fuyaient vers le grand fleuve parsemant la plaine qui fléchissait de charognes innombrables. Les hameaux et casemates étaient disparus sous la vague féroce et bientôt les bêtes comme devenues folles obstruèrent le cours du fleuve sacré (…) Des milliers de tonnes de chairs pourrissaient sous un soleil ardent pendant qu’une mer intérieure se formait dans le Panjab. »
En face de l’effondrement de la chaîne alpine et de l’Oural, du réveil des volcans centraux en France, des raz de marées et la destruction de nombreuses parties continentales, l’urgence de fuir ce pays condamné est devenue absolue :
« La France avait sombré également. Toute la pointe bretonne de Rennes à Brest était tombée dans l’abîme creusé par la mer déchaînée. En peu de jours Cherbourg capitulait devant les raz-de-marée, toute la côte de la Manche fut dévastée et bientôt de La Rochelle au Havre un affaissement se produisit menaçant Paris. Au sud, les volcans des Pyrénées guettaient le territoire français. Pau, Tarbes, Carcassonne avaient agonisé sous la cendre et le feu et bientôt les secousses sismiques rendirent la vieille France inhabitable. »
Seuls l’Amérique du Nord et le Canada restent fermes, là où se trouvent les cratons les plus anciens de l’histoire de la terre. Lorsque le premier contingent volant disparaît dans la haute atmosphère, les survivants de Dove Castle, angoissés, attendent son retour, se demandant s’ils parviendraient jamais à se sauver avant que le globe n’explose en son entier:
« Les Etats-Unis d’Amérique et le Canada avec leurs populations de près de sept cent millions d’habitants devaient fournir les premiers contingents à se rendre sur Mars. Il fallait pour ainsi dire déblayer le territoire où onze milliards d’individus devaient stationner avant de prendre place à bord des aérobus de l’Union des Peuples. »
C’est aux derniers instants, plus de deux mois après le départ des engins, alors que la terre est prête à s’autodétruire en une apothéose wagnérienne, que les ultimes rescapés prendront place à leur tour à bord des vaisseaux martiens.
Un court et rare roman d’un auteur canadien dont les descriptions cataclysmiques ne manquent pas de charme. Elles seront hélas ! gâchées par un pathos moralisateur qui se perd souvent en un salmigondis historique et pseudo-culturel.
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