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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Sur une terre arasée réduite à une affreuse plaine sillonnée par des mastodontes d’acier énormes comme des collines, l’homme est considéré comme un intrus. Les villes et les cités ont disparu, réduites à de fines pellicules, broyées :
« Rien ne résistait au passage du char. Le char aplatissait tout, enfonçant dans le sol les objets les plus solides. Les voitures, les camions se changeaient ainsi en de beaux crachats de métal luisant sans plus d’épaisseur qu’une plaque de tôle. Des villes entières s’allongeaient dans la poussière, telles les toiles peintes d’un décor brusquement abattu ».
Le ciel étant parcouru par des « mouettes », c’est-à-dire des avions-robots détectant et détruisant tout humain adulte de plus de quinze ans, une vie robotique prodigieuse prolonge avec obstination une guerre périmée d’où l’homme est absent. De jeunes enfants, sans arrêt traqués, constituent des clans. Nus et primitifs, ils parcourent inlassablement un territoire plat et dangereux, autant à cause de la radioactivité résiduelle qu’au fait d’être écrasés durant leur sommeil. Les adultes restants, pour échapper aux mouettes ont élu domicile dans des trous de bombe où ils survivent autant par le cannibalisme que par le vol d’aliments parachutés à heure fixe pour des soldats fantômes. Les boîtes de conserve cherchées par « les petits », seuls capables de se mouvoir sans risque, leur seront envoyés au hasard :
« Les choses se gâtaient aux niveaux inférieurs, là où s’accrochaient les plus âgé , les adultes ou les vieux aux capacités physiques déjà entamées. Ceux-là poussaient des couinements de souris terrifiée, ne sachant s’ils devaient se protéger des chocs ou tendre les mains. C’était une pitié de les voir se dandiner dans la pénombre, une expression d’avidité angoissée sur le visage. Leurs mains battaient l’air, suppliantes, grandes bêtes blanches couturées de cicatrices. Pour les conserves en folie, ils constituaient une cible d’élection. « Boum ! » scandaient les mioches chaque fois qu’une boîte de fer-blanc frappait un vieux au visage, le décrochant de son surplomb comme une maigre quille enveloppée de guenilles. »
Dan et Suzie des « grands » de douze ans, dirigent les enfants de leur clan, des « mioches » ou des « bébés », leur permettant d’éviter les pièges d’un paysage où toute hauteur, toute montagne, tout nuage peut recéler en son sein des artefacts meurtriers. Ils feront la rencontre de Fucker Boum-Boum, un adolescent singulier abrité dans un trou à bombe. Son charisme, sa connaissance des automatismes technologiques et des nouvelles données sociales, le feront accepter comme nouveau meneur du clan, même par Suzie, reléguant Dan au rôle d’observateur moral et témoin horrifié face du destin qui attend les « mioches ».
Pour Boum-Boum, la seule possibilité de survie à long terme se trouve sur l’un de ces chars immenses qui parcourt sans arrêt la plaine et s’arrête parfois sans raison. Ils vivront sur son énorme dos de métal comme des puces sur celui d’un chien. Profitant de l’arrêt momentané de l’un des mastodontes, le clan se rue à l’assaut non sans risques : «Dan hésita, puis empoigna les barreaux des échelons à son tour. C’était comme d’escalader un mur et il crut une seconde qu’il n’aurait pas assez de force dans les bras pour aller jusqu’au bout. L’acier du blindage derrière lequel vrombissaient les moteurs était brûlant et il devait prendre garde à ne pas le toucher. Suzie et Antonin l’aidèrent à prendre pied sur le capot. Un hélicoptère explosa au même moment et des fragments de pale tordue rebondirent sur la tourelle. Suzie hurla. Pris de panique, l’un des gosses sauta dans le vide sans réfléchir et s’écrasa sur le sol craquelé, dix mètres plus bas. »
Lorsque le monstre, le « Rinocérox » se remet en mouvement, ils contemplent ravis leur nouveau territoire, désormais invincibles, à l’abri des mouettes, protégés par le géant. Mais comment faire pour se procurer à manger ?
Fucker à l’idée d’envoyer par une trappe de ravitaillement le plus petit des bébés, le plus malingre de la bande, récolter au fond d’une réserve d’aliments, dans le corps même de Rinocérox, les rations qui doivent indubitablement s’y trouver. Le petit « rat » est terrifié à cette idée. Après plusieurs tentatives, il remplit sa mission sans pouvoir participer à l’euphorie générale, Fucker lui ayant interdit de se nourrir :
«Le garçonnet s’approcha de la calebasse du banquet et voulut plonger la main dans la nourriture chaude. Fucker le tira violemment en arrière, le faisant tomber sur les fesses. - A quoi tu joues ? intervint Dan en fixant le blondin dans les yeux. Il a droit à la première part… C’est lui qui a ramené la bouffe, non ? - Rigolo, va, siffla Fucker. Tu veux qu’il se bourre la panse et qu’il grossisse ? Comment il se glissera dans la soute ensuite, hein ? Tu y as pensé ? Ce gosse, il faut qu’il reste maigre comme une trique. Il en va de notre survie. – Quoi ? protesta Dan . Tu veux le condamner à mourir de faim ? - Le moyen de faire autrement ? ricana Fucker. Personne n’est aussi maigre que lui et pourtant c’est tout juste qu’il passe dans le conduit. C’est triste mais on n’a pas le choix. »
Mais, à chacune de ses descentes, la terreur du petit grandit. Dan soupçonne qu’un engin-robot dépeceur de viande doit être sur ses traces. Fucker ne veut rien savoir jusqu’au jour où le filin de retenue coupé net et ensanglanté prouve la véracité du fait: le « rat » a été transformé en steaks juteux pour tankistes morts !
« Du ventre du char monta soudain l’écho d’une cavalcade et les cris apeurés de l’enfant. Il ne hurlait pas, non, il poussait de petits gémissements de chiot malade, comme s’il essayait d’attendrir son implacable adversaire. Dan l’entendit murmurer une ou deux fois : « Bébé, le bébé recommencera plus… Pitié, monsieur, c’est rien qu’un bébé qui avait faim… », puis la supplique fut cisaillée par un couinement de souffrance qui s’éteignit brusquement. Sans attendre l’ordre de Fucker, Dan se mit à tirer sur la corde… mais il sentit tout de suite qu’elle était molle et qu’il n’y avait plus rien au bout. »
Lorsque le jeune tyran obligea un autre enfant à se glisser par l’étroite lumière du gigantesque canon afin de leur permettre à tous d’accéder à l’intérieur du Rinocérox en leur ouvrant une écoutille d’accès, Dan évoque la possible catastrophe d’un cadavre obstruant le fût :
« -Le canon, répéta-t-il d’une voix qui s’enrouait déjà, il va nous péter à la gueule au prochain obus ?. C’est comme ça que les soldats, dans le temps, piégeaient les pièces d’artillerie : en les bourrant avec des pierres, de la boue qu’ils tassaient pour former un bouchon… - Ta gueule, aboya Fucker , tu racontes n’importe quoi. L’obus éparpillera le cadavre de ce petit con. Il rentrera dedans comme une lame dans la glaise. – Non, s’obstina Dan. Il explosera et la tourelle sera mise en miettes. Les éclats nous éplucheront vifs, et pas un d’entre nous ne survivra. Il faut… il faut abandonner le char à la première occasion. Cette fois, Fucker le frappa au visage, lui expédiant son poing en pleine face, et Dan tomba sur le dos, sonné, du sang plein la bouche. »
Le soir venu, Boum-Boum jeta Dan ligoté du haut du char dans la terre meuble où par miracle il put survivre. Seul, proche de la mort, sa rencontre inopinée avec une équipe médicale robotisée infléchit le destin de Dan. Pris pour un soldat blessé, il fut transféré en un hôpital militaire , base suspendue et camouflée en nuage, où, avec pour uniques compagnons des squelettes, les automates prirent soin de lui:
« La litanie ne variait jamais, d’un lit à l’autre elle demeurait aussi stupidement optimiste, comme si ces squelettes desséchés depuis dix ans possédaient encore une bonne chance de voir leur « maladie » régresser. Un court-circuit s’était produit quelque part, à n’en pas douter, et l’ordinateur régissant l’antenne médicale n’était manifestement plus capable d’apprécier la gravité des cas qui lui étaient soumis. Jadis programmé pour sauver coûte que coûte les combattants les plus atteints, il continuait à appliquer cette règle de conduite, en dépit de toute logique, s’épuisant à soigner des morts dont la peau, dont les viscères étaient depuis longtemps retournés à la poussière. »
Jamais il n’eut une meilleure vie. Bichonné, engraissé, il connut un intense sentiment de bien-être qui disparut brutalement lorsque, dans la salle opérationnelle, il put suivre sur un écran son clan posé sur le dos de Rinocérox.
Fucker, tel l’ogre de la légende, y faisait régner la terreur tirant à la courte paille celui qui devait être mangé. Suzy sauvait de temps en temps quelques enfants, en les jetant du char, à l’insu du meurtrier. La rencontre de Rinocérox avec deux mouettes en recherche mit un point final à l’aventure. Comme prévu, le canon obstrué éclata, éventrant l’énorme engin, tuant le clan et déversant ses organes de métal dans la plaine environnante. Dan profita de l’expédition de secours pour être du voyage et disparaître dans le fouillis mécanique.
Il arrivera à réunir autour de lui les quelques « mioches » rescapés en leur proposant de rejoindre un abri sûr de sa connaissance où ils pourraient survivre.
Comme à son habitude, Brussolo signe un roman terrifiant où le mythe de l’ogre rejoint celui de la famille primitive, tout en disséquant le mécanisme absurde d’une guerre sans but. Ce récit charpenté et dense pourvu d’une intrigue simple mais puissante qui donne un relief psychologique fort aux personnages, constitue un bel exercice de style.
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Alien Earth - Par BenF
En 2300, la terre a été abandonnée par l’humanité. Les désastres écologiques se succédant, l’espèce humaine a été transférée sur un planète très lointaine dans le système de Castor et Pollux par l’intervention d’extraterrestres insectoïdes, les Arthroplanes, commandant des vaisseaux biologiques les « Anilvaisseaux », immenses organisme vivants de la grandeur d’une montagne au sein desquels les hommes, en vie suspendue (le Transommeil), lovés dans des « matrices biologiques », auront pu durer les siècles qu’exige une telle traversée :
« Il fit quelques pas de plus, se retourna à nouveau pour la regarder. Mais elle était plus haute que les plus hauts gratte-ciels qu’il ait jamais vus et si large que son regard ne pouvait embrasser d’un seul coup son énorme masse. Elle scintillait dans le soleil, ce qui la faisait encore paraître plus grosse. Son corps était d’une blancheur plus claire que le blanc : irisée, et agitée d’un mouvement constant qui captait la lumière et la renvoyait en éclats. Elle était incroyablement compacte à un moment, et tout de suite après se transformait en frémissements de dentelles, de brocarts et de rideaux de perles ondulantes. (…) Elle rayonnait de solidité en même temps que de lumière, comme une montagne neigeuse dont on aurait coupé le sommet pour y attacher des myriades d’ailes »
Sur Castor et Pollux domine la philosophie écologiste : tout doit être biodégradable et la compétition entre les espèces, bridée ou interdite. Les anciens Terriens survivants y forment une société dirigée par le « Conservatoire », un collectif gouvernemental agissant de concert avec les Arthroplanes, qui veille à l’éradication de tout déviant. En procédant à une mise entre parenthèse de la puberté, le Conservatoire permet à l’espèce humaine d’atteindre un âge avancé et de stabiliser son agressivité.
Un organisme contestataire caché, « Terre Affirma » possède cependant la nostalgie des origines et désire rendre à l’homme sa patrie qui, selon ces opposants, doit depuis longtemps être débarrassé de toute nocivité. Pour en rassembler les preuves, et par chantage, ils subvertissent John, le commandant de l’Anilvaisseau « Evangeline », qui, en compagnie de son second Connie, une jeune femme issue d’un centre de réadaptation, et de l’Arthropode Tug, véritable chef de l’expédition, est sommé de rapporter des échantillons biologiques de la planète mère.
Mais Terra Affirma se méfie aussi des gentils Arthroplanes, lesquels, sous les dehors d’une bienveillante fraternité, désireraient euthanasier en douceur l’espèce humaine puisqu’ils redoutent la concurrence que les hommes pourraient leur opposer dans le domaine économique : les Aliens tiennent à garder la maîtrise de l’espace.
John, le poète, et Connie , l’inadaptée, destinés à vivre des centaines d’années en sommeil, ont pour unique interlocuteur l’Arthroplane Tug. Celui-ci, enkysté au sein de la structure nerveuse d’Evangeline tel un monstrueux parasite la dirige au moyen du principe récompense -punition. Il la nourrit en émotions dont elle est friande, ou, si elle ne répond pas au moindre de ses désirs, la torture, en lui infligeant des douleurs atroces le long de son circuit nerveux. Manipulateur hors pair, Tug surveille aussi le comportement des deux humains, analysant constamment leurs rêves, les infléchissant s’il en était besoin, au sein du Transommeil.
S’étant spécialisé dans la compréhension de l’ancienne culture terrestre, il rassemble - bien que cela fût interdit - tous les documents historiques pour les intégrer au stock culturel de son clan avant qu’ils ne soient irrémédiablement détruits. Il a même réussi à faire se joindre au voyage, constamment lové dans sa matrice et sans que sa présence ne soit connue du couple, un authentique Terrien des origines, Raef, atteint d’un cancer stabilisé et maintenu en stase :
« Raef bougea légèrement dans sa matrice, un frisson saccadé en réponse à une légère stimulation électrique de ses muscles. Raef était dans le cycle tonique.(…) Le corps en somme, il devait être stimulé sans subir de vieillissement ni de stress. Le mouvement des yeux confirma que Raef était en train de rêver, que son esprit avait la possibilité d’être suffisamment stimulé pour éviter les dommages psychologiques provoqués par une trop longue période d’inaction. Depuis sa cellule, l’Arthroplane vérifia les points de pulsation réciproque qui lui permettaient de piloter la matrice de Raef. Tout allait bien. L’Evangeline contrôlait elle-même le cycle de rêves de Raef depuis toutes ces années, mais c’était un domaine qu’il continuait à piloter. »
Pendant que John, préoccupé par sa mission, combat l’influence de Tug à chacun de ses réveils, Raef est en communication constante avec Evangeline par le biais de ses rêves. Il informe et éduque peu à peu cet être extraordinaire qu’est l’Anilvaisseau. Evangeline, dont l’intelligence supérieure avait été laissée en friche par Tug, comprend alors qu’elle et les siens sont les esclaves des Arthroplanes.
L’empathie étant une nécessité vitale pour elle, elle crée un courant amical et amoureux avec Raef qui lui fournit les bases de la compréhension de l’univers.
Arrivée en orbite autour de la terre, John et Connie, suite à une avarie simulée de la navette, touchent un sol dont ils ignorent tout. Evangeline, qui a réussi à contrer l’influence de Tug malgré la douleur que le parasite lui inflige régulièrement, entend soudainement l’appel d’un petit de sa race près de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Déposant Raef sur le sol terrestre, au grand dam de Tug impuissant et malade, elle s’envole vers ce qu’elle croit être un berceau de petits Anilvaisseaux.
Pendant ce temps, John et Connie découvrent une terre dont tous les éléments –le vent, l’eau, le soleil, les animaux, etc.- leur paraissent étranges et hostiles. Insensiblement, ils se laisseront gagner par la beauté des lieux dont ils pressentent en faire partie :
« L’océan.
Complètement immobile, elle ne pouvait en détacher son regard. Il était aussi vaste que le ciel au-dessus de lui. Jusqu’aux limites mêmes de l’existence, inlassablement mouvant, bleu et salé. Des oiseaux blancs et gris glissaient dans le ciel en criant. John n’était qu’une minuscule silhouette, très loin sur la plage. La tache blanche de sa combinaison abandonnée était comme une gousse vide froissée sur la grève. Il se dirigeait vers elle en se faufilant entre d’énormes rochers. La chanson apaisante de l’océan peignait le monde de couleurs plus douces. Bleus sur bleus sur verts de l’eau mouvante ; »
Ces derniers humains sont semblables à des gnomes, sortes de trolls déformés par l’ingestion des retardateurs physiologiques. La crainte que leur avait inspiré Raef s’étant estompée, celui-ci leur explique leur véritable nature et le rôle néfaste joué par les Arthroplanes dans le destin terrestre. Entre temps, Evangéline découvre sur l’un des astéroïdes non pas un rejeton de sa race mais une arche, une « capsule-temps » lancée jadis par des Terriens au sommet de leur gloire, contenant des milliers d’échantillons biologiques, des embryons, des formes de vie mises ici en réserve dans l’attente d’un hypothétique retour de l’humanité en son bercail. Elle revient chercher John et Connie ainsi qu’un Raef à l’article de la mort, déjouant pour une dernière fois le machiavélisme du parasite logé en son organisme :
« Silence implacable. Son deuxième segment était en train de tomber. Il considéra son corps rétréci avec résignation (…) Il rompit l’inutile contact ganglionnaire et tenta de ressaisir ce qui restait de lui.(…) Sans se préoccuper de sa souffrance, il se traîna jusqu’à la cicatrice nourricière et brancha son scolex. S’alimenter. Elle ne pouvait l’empêcher de s’alimenter. Il ne savait pas très bien cependant comment son corps mutilé allait digérer les nutriments. Mais même s’il n’y avait qu’une petite partie qui atteignait son organisme, cela augmenterait forcément ses misérables forces. Se nourrir et prévoir un plan. C’était tout ce qui lui restait. »
Les quatre amis se donneront pour but de réensemencer la terre et de libérer les sœurs-esclaves d’Evangeline.
Une œuvre originale et forte d’une grande complexité, creusant, autour des problèmes d’ordre écologiques, les rapports de la poésie et de la littérature ou ceux des différents types de pouvoir.
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Alien Nation - Par BenF
Des signaux lumineux autour de la lune attirent l’attention d’un écrivain de science-fiction en mal de copie. En exhumant des documents écrits par lui jadis, il se rend soudainement compte que ces événements contemporains coïncident parfaitement avec le scénario qu’il avait élaboré, à savoir que des Martiens rassembleraient leurs troupes d’assaut dans la banlieue lunaire avant d’attaquer et de détruire la terre. Quand la fiction rejoint la réalité, à quoi bon encore écrire ?
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Y Le Dernier Homme - Par BenF
Vol. 01 : le dernier homme, Sémic éd., 2004, 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs) BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 2002 titre original : the last man (réunissant les comics US1 à 5)
Où l’on fait connaissance avec les principaux protagonistes, quelques heures avant le drame. Tout d’abord, le héros, Yorick, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui étudie la prestidigitation. Il sera le seul survivant humain mâle mais ne le sait pas encore. Il est amoureux d’Elizabeth qu’il pense épouser, actuellement en voyage en Australie. Il sera accompagné dans son périple par Esperluette, un macaque rhésus mâle, mis à sa disposition par des scientifiques de Boston en un but d’expérience.
A Naplouse, se trouve le colonel Alter, une femme juive, très volontaire et traumatisée par la lutte contre les Palestiniens qui ont déjà tué ses parents. Elle se mettra à la poursuite de Yorick pour le récupérer. La mère de Yorick, à Washington, qui assume un rôle politique. Elle est sénatrice démocrate à la Maison Blanche, à la fois soulagée d’apprendre que son fils est en vie et préoccupée par l’enjeu qu’il incarnera. 355 est une jeune femme agent secret, légaliste et loyale à son pays, très efficace, dont la mission est de retrouver le Dr. Mann, responsable de la mise au jour du premier clone humain (et peut-être de la catastrophe). Elle fournira aussi une protection à Yorick dans son périple à travers les USA sinistrés.
Puis, à l’heure H, dans le monde entier, tous les mâles de toutes les espèces, y compris l’espèce humaine, meurent soudainement en crachant du sang, laissant les femmes seules sur cette terre. Sauf deux exceptions ; Yorick et Esperluette ! Tandis que certaines femmes tentent de réorganiser la société, jouant aux jeux de pouvoir coutumiers des hommes, Yorick erre dans les rues à visage caché. Se sachant l’objet de toutes les convoitises, il veut rejoindre l’Australie pour y retrouver sa fiancée, en un monde devenu terriblement hostile. 355, ayant protégé la future présidente des Etats Unis, la seule capable de reprendre en mains les rênes du pouvoir politique, se voit confirmer par celle-ci son rôle de tuteur à l’égard de Yorick et d’Esperluette. Sa première quête les amènera à Boston où sont censés se trouver le Dr. Mann et son laboratoire .De son côté, le colonel Alter, obéissant à un mystérieux coup de téléphone l’affranchissant sur l’existence et l’importance de Yorick, se met à leur poursuite. Quant au jeune homme, qui se demande ce qu’il est advenu de sa jeune sœur « Héro » (c’est son prénom), il affrontera un groupe de femmes en furie, « les Amazones », en un combat dont il sort vainqueur grâce à l’appui de 355. Après avoir retrouvé le Dr. Mann dont le laboratoire avait été incendié, les deux femmes et Yorick, avec Esperluette perché sur son dos, prennent la direction de la Californie où subsisteraient encore des échantillons d’ADN susceptibles d’éradiquer le virus responsable du fléau.
Vol. 02 : Un petit coin de paradis, Sémic éd.,2004, 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
Pendant que Yorick monnaye leur passage vers l’Ouest à bord d’un train, dans un wagon à bestiaux, les Amazones, menées par Victoria, une théoricienne du féminisme, ne désarment pas. En effet, la reine s’est prise d’affection pour Hero, une petite jeune, qu’elle presse de suivre la piste du dernier mâle de la planète, c’est-à-dire son frère. Dans leur train, les trois fugitifs attaquées par d’autres méchantes filles, seront éjectés du train et 355, blessée dans l’action, ne sera plus d’aucun secours. Yorick, à sa grande stupeur, se réveille entre les mains de Sonia, l’une des soixante quatre femmes du village de Marisville, échappées d’un pénitencier proche. Elles ont réorganisées leur vie là, dans cette région désertique de l’Ohio, loin du monde, pour y faire oublier leur condamnation et la survenue de Yorick et de ses deux amies bouleversent leur tranquillité. Néanmoins, galvanisées par Sonia qui est tombée amoureuse de Yorick, elles s’apprêtent à leur dire la vérité lorsque la survenue intempestive des Amazones change tous les plans.
La confrontation entre Yorick et sa sœur Hero tourne au tragique à cause de Victoria qui veut à tout prix éliminer le jeune homme. Sonia tue Victoria, Hero tue Sonia, Yorick, sur le point de tuer Hero en est empêché par 355, qui calme tout le monde. Finalement, alors que Yorick, désespéré, reprend la route avec ses compagnes, les femmes de Marisville enferment le reste des Amazones dans leur ancien pénitencier. L’action est relancée cependant par Alea et ses femmes-soldates, lesquelles, en direction de l’Ohio par hélicoptère, selon les informations d’une mystérieuse informatrice, se mettent aussi à la recherche du dernier homme tandis qu’une stupéfiante nouvelle nous parvient : trois spacionautes russes en bonne santé, parmi lesquels une femme, s’apprêtent à atterrir sur la terre américaine.
Vol. 03 : Un petit pas, Panini Comics, 2004, coll. «Vertigo», 1 vol. broché, in-octavo, n pag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 2003
Continuant leur avancée vers l'Ouest, à bord d'un train, 355 y fait la connaissance musclée d'une de ses consoeurs russe, Natalya Zamiatine. Après une franche explication sur le toit d'un des wagons, il s'avère que Natalya a été envoyée de Russie pour réceptionner, elle aussi, le trio venu de l'espace. La capsule, qui aurait du atterrir dans les plaines russes, arrivera dans les plaines du Kansas par défaut, la Russie présentant de grandes zones irradiées.
En attendant, la générale israélienne Alter , se déplaçant en hélicoptère, ne reste pas inerte avec ses soldates. Traquant elle aussi Yorick , la seule "usine à sperme" disponible, selon ses propres mots, elle a été mise sur sa piste par la propre mère du garçon qui, croyant en la loyauté des Israéliennes, leur a confirmé le point de rendez-vous grâce à un traqueur disposé dans le collier d'Esperluette. La ferme du Kansas, proche du point de chute de la navette, est en réalité une bio-base secrète tenue par deux jumelles , des médecins. Alter, déjà sur site, capture Yorick, désirant l'évacuer en hélicoptère. Au même moment, la capsule atterrit. 355 passe un marché avec Alter: pour Yorick, elle échangerait les deux astronautes mâles. Alter feint d'accepter car son seul désir est d'éliminer tous les autres protagonistes (surtout mâles) pour ne garder que le jeune garçon à sa disposition. Mais cela ne se passe pas comme prévu. La capsule prend feu. Les deux astronautes mâles sont carbonisés. Seule en réchappe la femme astronaute, sortie la première, étant donné qu'elle est enceinte. Elle sera aussitôt mise sous surveillance par les jumelles.
Quant à Yorick, il ne se laissera pas mener comme un mouton à l'abattoir. Durant les tractations, il assomme Alter tout en convainquant Saddie, l'adjointe de cette dernière de lui venir en aide. Celle-ci, convenant qu'Alter a dévié de sa mission, la neutralisera définitivement, libérera Yorick et prendra la direction des opérations militaires. Elle ne pourra toutefois empêcher l'action du groupe- commando dépêchée par Alter sur le terrain. Heureusement Natalya, avec ses aptitudes de sniper, les éliminera les unes après les autres. Au final, nos amis sont vainqueurs sur toute la ligne. Le périple vers le labo du Dr. Mann à San Francisco pourra continuer.
Ailleurs, dans une autre localité située non loin de la ferme, un groupe de théâtre féminin joue une pièce de théâtre appelée "le dernier homme". Avant la représentation, elles ont la surprise de recueillir un petit singe, dont elles reconnaissent avec émotion le caractère mâle (car le virus avait atteint tous les mâles du règne animal). Il s'agit bien d'Esperluette et le lecteur se demande comment il a pu arriver en ce lieu. D'autre part, durant la pièce, l'on découvre une mystérieuse guerrière ninja qui surveille la scène... et Esperluette. Le spectacle, qui n'a pas le bonheur de plaire à une faction féministe et rétrograde de femmes menées par la maire de la petite bourgade, dégénère en pugilat général. C'est alors que trois formes voilées - Yorick, 355 et le Dr. Mann -interviennent armes au poing pour récupérer Esperluette. La chose faite, ils reprennent la route.
Vol. 04 : Stop/Encore, Panini Comics, 2004, coll. «Vertigo», 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 2004
Esperluette, malade, a besoin de soins. A Allenspark dans le Colorado, 355 connaît une retraite sûre où elle pourra confier Yorick à une de ses collègues, 711, avant de repartir avec le Dr. Mann à la recherche d'antibiotiques pour le petit animal. Yorick reste donc seul en compagnie de 711, une charmante jeune femme, mais ce qu'il vivra sera plutôt inattendu. Ayant bu du thé drogué, le jeune homme à son réveil, pendu au plafond et saucissonné comme un jambon, découvre 711 habillée en maîtresse sado-masochiste, un fouet à la main. En suspension, celui-ci subira un traitement de choc, d'une violence extrême, l'obligeant à fouiller dans les profondeurs de son inconscient pour y faire émerger ses angoisses existentielles et notamment, pour s'avouer sa crainte des femmes, qui l'oblige constamment à adopter une attitude suicidaire envers elles. Proche de la noyade et de l'étranglement, sommé de dire toute l'attirance qu'il ressent envers sa tortionnaire, il subit un programme thérapeutique de choc mis au point au sein du Culper Ring dans le but de le débarrasser de ses fantasmes morbides, son existence étant bien trop précieuse pour l'avenir de l'espèce humaine.
Lorsque ses deux compagnes reviennent, Yorick est différent, plus mûr, moins impulsif. Le trio repart à nouveau, laissant en arrière 711 dont on apprendra que le mari, agent secret lui aussi, avait été tué en mission. Elle ne jouira pourtant pas longtemps de sa solitude. Elle sera achevée par un mystérieux trio d'agresseurs voilés, agentes d'un service secret concurrent. Sur la route de Queensbrock en Arizona, ils feront la connaissance de P.J., une mécanicienne, maîtresse-femme, mais sympathique, qui les prévient que plus loin, la route est barrée par des camions disposés en travers de la chaussée. Les successeurs des "Fils de l'Arizona", les "Veuves Noires", un groupe de militantes d'extrême droite tiennent le pays. Elles se sont données pour mission de veiller sur un pays meurtri par les armes. La mère dirige d'une poigne de fer toutes ses filles, aussi fanatisées qu'elle.
Le Dr. Mann, sans en faire part à quiconque, tente de négocier seule leur passage. Le seul résultat fut qu'elle se retrouva le visage tuméfiée à force d'avoir été battue et emprisonnée, en attendant de passer par les armes. Yorick restera avec la gentille P.J. pendant que 355 vole au secours de sa compagne. Malgré une résistance héroïque, elle sera elle aussi prise dans les filets des Veuves Noires. La mère-générale, voulant savoir de quoi il en retourne précisément, envoie une de ses filles sanguinaires vers le garage de P.J. où elle découvre Yorick et Esperluette. La confrontation tourne mal. P.J. sera tuéee et Yorick devra éliminer l'agresseur.
A la base de Queensbrock les nouvelles ne sont pas meilleures. Attendant d'être exécutées toutes les deux , le Dr. Mann fait part à 355 de ses intentions, qui ne sont pas aussi sincères qu'elles le paraissaient. Au moment fatidique, seuls les réflexes foudroyants de l'agent 355 leur permettront de survivre. Les Veuves Noires seront toutes abattues, sans aucun remord. Alors que leur pérégrination se poursuit malgré tous ces contretemps, dans la bio-base du Texas où les deux jumelles veillent sur la rescapée du ciel, se profile une nouvelle menace: l'arrivée de Hero, la soeur de Yorick, qui traque son frère.
Vol. 05 : Alliance contre nature, Panini Comics, 2007, coll. « Vertigo », 1 vol. broché, in-octavo, npag ; (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 2004
Ce cinquième épisode est tout en ruptures et reconnaissances, chaque personnage poursuivant le fil de sa destinée individuelle ou se rappelant son passé. Yorick, venu se recueillir dans une église désaffectée, fera la connaissance de Beth, une ancienne hôtesse de l'air à vocation religieuse. Ils se racontent leur malheurs, lui, qui vient de tuer une jeune fille, et Beth, responsable du crash de son avion. Ils se plaisent bien et font l'amour dans le cimetière attenant, interrompus pourtant par des amazones violemment anti-religieuses dont ils arrivent à se débarrasser avec difficulté.
En Australie, la véritable Beth, fiancée de Yorick, vient d'être enlevée par des aborigènes femmes. Flash-back sur Hero, la soeur de Yorick, qui se rappelle son adolescence révoltée, comment, à la mort brutale de son fiancée, après une errance dans les rues, elle a intégré un groupe d'amazones, sous l'influence d'une figure terrifiante, Victoria, qui est devenue son mentor néfaste. S'étant libérée à grand peine, elle a entrepris un long périple pour retrouver son frère, le poursuivant d'étape en étape. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à chercher.
Trois formes féminines voilées en veulent à 355. Ce sont elles qui ont tué 711. Elles font partie d'un groupe dissident du "Culper ring" et veulent récupérer à tout prix l'amulette que 355 a en sa possession. Après des rencontres musclées et des tractations, l'échange a lieu de nuit dans le stade de San Francisco, en présence de Hero. Celle-ci apprend à 355 la mort de son amie 711. Folle de rage, l'agente secrète liquide ses trois adversaires. Les deux femmes reviennent vers le laboratoire du Dr. Mann. Yorick, lui, est malade et soigné par le Dr. Mann, très inquiète, qui pense que le jeune homme, vu les symptômes qu'il présente, vient d'être atteint à son tour par le virus qui a éradiqué les mâles de la planète. Il n'en est rien, heureusement. Ayant ouvert une boîte de conserve avariée, il présente une contamination d'ordre botulinique. En lui prodiguant ses soins, le Dr. Mann fait tout à coup une découverte fondamentale: les anticorps qui ont protégé Yorick contre le virus proviendraient du singe Esperluette, plus exactement des excréments que ce dernier avait l'habitude de projeter un peu partout, et qui contiennent les éléments naturels d'une défense que le petit singe avait élaboré dans son corps. Un grand pas vient donc d'être fait, même si l'on ne sait pas encore pourquoi ce singe-ci a pu évoluer de la sorte.
La rencontre de Hero et de son frère sera orageuse, car le garçon pardonne difficilement à sa soeur ses agissements passés. C'est ce moment précis que choisira Toyota, la mystérieuse guerrière ninja, pour intervenir et enlever Esperluette. Elles sera poursuivie par 355, qui traque Toyota sur les toits glissants de pluie, et qui sera blessée dans l'action, alors que Hero, munie d'une éprouvette contenant de l'ADN du singe, prendra la route du Kansas pour apporter l'espoir d'une guérison à l'astronaute russe et à son bébé-bulle. Pour ce qui est de nos amis, il ne leur reste plus, s'ils veulent récupérer Esperluette, qu'à s'embarquer pour le Japon sur un bateau dont le port d'attache est Yokogata.
Vol. 06 : Entre filles, Panini Comics, 2008, coll. « Vertigo », 1 vol. broché, in-octavo, npag ; (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 2004
Embarqué sur la Baleine pour voguer vers le Japon, Yorick est découvert , caché dans une caisse, et amené avec 355 devant la capitaine. Après moult explications, celle-ci, sensible au charme du dernier homme, l'invite à passer la nuit dans sa cabine au grand déplaisir de 355, qui se consolera dans les bras du Dr. Mann. Après tout, une petite séquence homosexuelle , quoi de plus normal dans ce monde rempli de femmes.
Une espionne à bord, qui a pour nom Rose, ayant neutralisé l'opératrice radio, communique les coordonnées du navire à un sous marin militaire en provenance d'Australie, et dont elle dépend. Cet engin a pour mission de traquer les pourvoyeurs de drogue à destination de l'Australie. Alors qu'un conseil de guerre débat de l'attitude à tenir en cas de conflit, le Dr. Mann rend visite à l'espionne emprisonnée, découverte durant sa mission, qui lui explique comment la drogue connaît une croissance exponentielle maintenant que toutes les forces de police ont disparu et surtout que l'équipage de la Baleine est fortement impliqué.
A bord, l'ambiance se dégrade. Le sous-marin, à l'affût, décide d'expédier une torpille vers le navire. Alors que Yorick se trovue encore sous le charme de la femme-pirate, Rose, avec l'aide de 355 et du Dr. Mann réussit à se libérer. Le bateau, frappé de plein fouet, se couche sur la mer. A bord, c'est le sauve-qui-peut général, sauf la capitaine qui, selon la tradition, coulera à son poste. Le sous-marin faisant surface, récupère les naufragés, et il faudra peu de temps à 355 pour convaincre la commandante du submersible, de sa bonne foi. Celle-ci, après un escale en Australie, se dit prête à rapatrier le petit groupe jusque sur les côtes japonaises.
En un autre lieu, à Tel-Aviv, Alter passe en jugement devant Saddie. Mais là encore, cela ne se passe pas comme prévu. Les geôlières, de mèche avec la criminelle, libèrent l'inculpée et tuent la juge. Enfin Beth , de son côté, vit un rêve qui la plonge au plus profond d'elle-même, au moment des jours heureux de sa rencontre avec Yorick et sa soeur Hero. Reprenant conscience, elle se voit au centre d'un cercle magique, attachée, nue et peinturlurée, prête à subir les incantations d'une sorcière aborigène.
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Jessica Richter et Cornélia, deux sœurs, résident à Obermenzing, en Allemagne. Jessica, souffrante, prête à essayer tous les remèdes « spirituels » qui guérissent, vit avec Karli Schwöhrer qui dort toute la journée, et « un certain Michaël », n’hésitant pas, à l’occasion, à se faire faire un enfant, le petit Ménélik, par Tobias Seelewig, lesquels deviendront des personnages fondamentaux dans la suite du récit. Jessica fait aussi la rencontre d’Eugène, dit «Nostradamus Deux », un charlatan doué, enseignant les sciences spirituelles de « l’Ere du Verseau ». Cependant, ce fut Cornélia qui s’entichera le plus de cette personne et qui connaîtra une carrière fulgurante grâce à la rencontre inattendue de Jessica avec un vaisseau extraterrestre. Ces immenses engins spatiaux atterrissent un soir près de Paderborn :
« Quand quatre-vingt-huit vaisseaux spatiaux avec des Saints d’or à leur bord atterrirent le vendredi 2 janvier, par une chaude journée annonciatrice du printemps, dans le territoire mentionné, les maisons, les forêts, les clôtures, les gens et le bétail furent aplatis comme par un gigantesque fer rouge. »
Après quelques heures, l’un des vaisseaux repartit non sans avoir prélevé des échantillons de la faune et de la flore terrestre. Jessica fut témoin de l’événement et, en fouillant les ruines avec Nostradamus Deux, elle découvrit un objet extraordinaire, une sorte d’artefact bleu pyramidal qu’elle baptisera « trèfle » et qui s’avèrera être un instrument de communication pour extraterrestre. A partir de ce jour Cornélia, enseignant « l’amour extraterrestre de l’Ere du Verseau », devint célèbre et riche par ses conférences données dans tout le pays. Elle parcourut le monde avec Eugène en écrivant de nombreux ouvrages.
Un deuxième atterrissage, puis un troisième, en Autriche, mit l’émotion à son comble. Cette fois-ci, Cornélia, bien décidée à prouver la sainteté des extraterrestres, suivie d’une foule nombreuse, s’approcha du gigantesque vaisseau en susurrant des mots d’amour et de bienvenue. Ce fut sa dernière tentative puisqu’elle fut proprement décapitée par un rayon issu de l’engin. Sans le savoir, l’humanité venait de basculer dans la nouvelle « Ere du Verseau »! Le premier contact avait eu lieu en 1993. En 2011, la Terre est totalement envahie. Partout s’étaient posés des vaisseaux extraterrestres grands comme des cathédrales :
« Aux premières heures du jour (heure d’Europe centrale), les Saints d’or apposèrent sur le globe à peu près à la hauteur du cinquantième parallèle une marque au fer rouge ayant la forme d’une couronne : tous les cent ou deux cents kilomètres, il y eut une brûlure qui fit siffler la terre et transforma en fumée et en cendres tout ce qui se trouvait sous les sceaux incandescents : les hommes, les animaux, les plantes, tout. »
Les « Saints d’or » ou les « On-ne-peut-plus-Vénérables » - c’est ainsi que l’on nomme les E.T.- sont incompréhensibles, énormes, muets, luisants et roulants, et se déplacent à grande vitesse. Ils n’entrent pas en relation avec les Terriens mais les exterminent en accaparant leurs territoires. Jessica – toujours muni de son trèfle d’or, appelé « Treutling », - y entend par hasard la voix de Nostradamus Deux, enlevé par les Aliens. Cette voix lui conseille de vénérer les Saints d’or qui, lors d’une sortie d’extermination, découvrent les sabots en bois portés par un autochtone autrichien. Poussés par on ne sait quelle motivation, ils demandent immédiatement une immense quantité de ces sabots. Les Européens, ne sachant comment lutter contre les entités, accèdent à leur désir en contrepartie d’un contrat qui leur laisse encore quelques terres à cultiver. L’intermédiaire privilégié et obligé entre les extraterrestres et les habitants d’Obermenzing est un certain Seelewig, dont le (supposé) fils Ménélik note les faits et les gestes .
Sous la pression étrangère, l’humanité a fondu. Il reste encore de par le monde quelques cinq cents millions d’êtres humains menacés également par l’effet de serre et la montée des eaux :
« A partir de cette époque, nous vécûmes au sein d’une communauté qui ressemblait à la fois à une forteresse assiégée, à une petite bourgade médiévale et à un îlot perdu au milieu du chaos. Comme les médias disparaissaient, les gens perdaient la vue globale des choses (…) Notre «village» fortifié compta tout d’abord cinq à six mille habitants, plus tard, quelques autres « villages » de ce genre, à l’ouest de l’ancienne Munich, se joignirent à nous pour constituer finalement une ville moyenne comptant quelque vingt mille habitants. « Village fortifié » n’est pas simplement une métaphore ; peu à peu on construisit effectivement autour du Grand-Menzing une enceinte surveillée jour et nuit. A l’extérieur, la violence et la peste faisaient rage. »
Ménélik, maintenant adulte, continue la relation des événements. Deux camps d’extraterrrestres se partagent la terre, les Saints d’or bleus en Europe, les « Violets » en Amérique, deux clans antagonistes. Les Bleus refusent que les Violets poussent plus avant leurs conquêtes territoriales. S’étant avisés que la seule arme terrienne susceptible de les anéantir était le bruit, ils chargent les habitants d’Obermenzing, sous la conduite de Tobias Seelewig, d’anéantir les Violets infiltrés dans la haute vallée du Rhin. Grâce à la « sirène atomique », un engin humain inventé à l’occasion et qui produit un son terrifiant, les hommes font littéralement « fondre » les Saints d’Or envahisseurs qui abandonneront la région. En contrepartie, les vainqueurs, dans leur réserve d’Obermenzing, seront choyés par les «Bleus » qui leur distribuent de la nourriture ainsi que des Treutlings, appareils agissant sur le cerveau humain à l’instar de drogues mais qui font tomber l’utilisateur en poussière au bout de quelques années :
« Certes, la pollution de l’environnement diminua et il n’y avait plus de plastique. Les nuits de pleine lune étaient longues et romantiques, et quand une jolie fille en jupe courte traversait la rue, tenant une cruche à la main gauche et une lanterne dans la main droite, pour aller chercher une bière à la buvette – peut-être pour son amant épuisé-, c’était un spectacle charmant. Mais quand un incendie se déclarait, comme c’était parfois le cas, et que les puits étaient vides, quand on entendait les hurlements d’un violeur que l’on éventrait sur la Steuber-Platz ou d’un voleur de petits pains auquel on coupait la main, quand les latrines, par temps lourd, répandaient leurs émanations nauséabondes et quand, comme chaque année, le grand fléau des mouches vertes s’abattait sur Grand-Menzing, les choses étaient très différentes. Les charmantes vitres en culs-de-bouteille des petites maisons de la Kemnahten-Strasse étaient ravissantes, mais quand un arracheur de dents opérait sans anesthésie et que les hurlements de son patient s’élevaient bien haut au-dessus du parc du château, ceux qui se souvenaient encore du bon vieux temps se disaient qu’il aurait tout de même été préférable que les Saints d’or ne vinssent pas nous « sauver ».
La situation reste critique dans la réserve à humains. Hormis la fabrication des sabots en bois, l’économie a disparu, la médecine remplacée par un chamanisme dégradée dont Jessica est la grande-prêtresse. Sous la tutelle de Seelewig, les humains filent doux sauf Burschi, le contestataire, qui suggère d’essayer la sirène atomique contre les Bleus, «ceux-là de là-bas qui nous ont volé nos terres ». Avec une bande de révoltés extérieurs à Menzing, il vole la sirène et entreprend une campagne victorieuse contre les Saints d’or. Rolff, le correspondant extraterrestre de Seelewig, affolé, demande aux humains « fidèles » d’éradiquer le péril, leur confiant l’arme à « rayons oranges découpeurs ». Burschi et les siens seront exterminés. Pour fêter l’événement, grande distribution de Treutlings. Quant à Seelewig et famille, ils accèdent à un statut de commandement privilégié.
En 2035, il ne reste plus que quelques centaines d’humains sur Terre, tous réunis dans le village d’Obermenzing, dont Ménélik et Jessica, maintenant vieille et toujours souffrante. Pour éviter à jamais toute révolte, les derniers humains, parqués dans le « zoo Menzing » devront avoir une jambe coupée, sauf Seelewig, évidemment. Ménélik, choyé par Jupp le remplaçant de Rolff, sera le dernier terrien. Il aura pour mission de relater le plus sincèrement possible, à l’usage des extraterrestres, ce qu’a pu être la civilisation humaine du temps de sa splendeur :
« Pendant un certain temps, je ne remarquai même pas que j’étais le dernier homme en vie. C’est lorsque six semaines eurent passé sans que j’eusse vu un unijambiste ou une femme que je commençai à m’inquiéter et que j’inspectai toutes les maisons les unes après les autres.Je criai, mais il n’y avait plus personne pour me répondre.
Récemment, j’ai rêvé que Mara était revenue. Elle avait onze ans et disait qu’elle continuait à rêver le monde, que je pouvais être assuré. Mara était âgée de plusieurs centaines d’années et elle était complètement nue. Elle portait le chapeau rouge puceron de tante Jessica. Dans mon rêve, Mara me dit qu’elle avait cessé de rêver les Saints d’or. Le monde n’est qu’une chimère argentée sortie des rêves de Mara. Je suis rassuré. »
Un récit grinçant, dérangeant, burlesque, révolutionnaire, relatant sous la forme d’une immense métaphore, la rencontre des Européens avec les Américains primitifs, et ce qui en résulta. Avec un style foisonnant, baroque (même en traduction, ce qui donne à penser de l’original), l’auteur s’attaque aux tares humaines : l’égoïsme, les jeux de pouvoir, les fausses religions et les combinaisons méprisables. Un récit à mettre en parallèle avec celui de Silverberg « le Grand Silence ». Une réussite !
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Les Fils De L'homme - Par BenF
Théo Faron, cousin, ami et ancien conseiller de Xan Lypiett le Gouverneur de Grande-Bretagne, s’est retiré dans sa solitude personnelle où, par le biais d’un journal intime qu’il détruira à la fin de son récit, il relate dans le détail la destinée de l’humanité.1944 est une date fatale pour l’espèce humaine, appelée ultérieurement l’âge Oméga : le début d’une stérilité absolue, complète et totale des hommes :
« Il y a maintenant vingt-cinq ans que naquit le dernier être humain, et rares sont parmi nous ceux qui, dans leur cœur, croient que le cri d’un nouveau-né se fera jamais réentendre sur notre planète. Notre intérêt pour le sexe va diminuant. L’amour romantique et idéalisé a pris le pas sur la grossière satisfaction charnelle, malgré les efforts du gouverneur d’Angleterre et les boutiques porno qu’il a promues à travers le pays pour stimuler nos appétits. »
Au moment où s’ouvre le récit, en 2021, la société anglaise s’est profondément transformée. Le monde est peuplé de vieillards ou d’hommes mûrs. La criminalité recule, les fauteurs de troubles étant bannis sur l’île de Man où, sans frein, ils pourront se livrer à leurs instincts meurtriers. Des activités de substitution –baptêmes et anniversaires de chats, promenades avec des poupées disposées dans des landaus, sont courantes chez les femmes, désespérées :
« Alors qu’il se rendait à Magdalen comme à l’accoutumée, il avait tourné St John Street dans Beaumont Street et approchait de l’entrée de l’Ashmolean Museum lorsqu’une femme s’avança vers lui en poussant un landau. La bruine avait cessé, et comme elle arrivait à sa hauteur, elle s’arrêta pour retirer la couverture imperméable et rabattre la capote. La poupée apparut, installée bien droite contre les coussins, les deux bras, mains gantées, posés sur l’édredon, parodie d’enfant à la fois pathétique et sinistre. »
Pour ceux et celles qui s’estiment trop vieilles est instauré le « Quietus », une atroce cérémonie de suicide assisté par noyade.Dans la campagne anglaise qui se désertifie, les petites bourgades se vident,leurs habitants se repliant sur les grandes cités.La dernière génération des jeunes, les trentenaires, ceux qui vont clore au moment de leur vieillesse l ‘épopée de l’espèce humaine, apparaissent comme des êtres étranges, sauvages, incultes, aux mœurs bizarres, incompris par les vieillards.
Les Omégas - c’est ainsi qu’on les nomme - ont souvent le visage peint de couleurs rituelles et se livrent à l’assassinat collectif. La police spéciale de Xan, réagit peu contre toutes ces dérives puisque la pièce est jouée. Les échanges économiques subsistent grâce à l’action du « Conseil des Sages », cinq hommes et femmes assurant le pouvoir autour de Xan, considéré par certains comme un dictateur. Théo note les faits insignifiants d’une vie vide de sens dans un monde désespéré :
« Même à travers la vitre, il entendait distinctement la télévision. Les vieux devaient être sourds. Il reconnut le programme : Neighbours, une série à petit budget réalisée en Australie entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. (…) Elle jouissait d’un regain de succès et faisait presque l’objet d’un culte. La raison en était évidente. Les épisodes, dans le cadre d’une lointaine banlieue baignée de soleil, suscitaient une irrésistible nostalgie d’innocence et d’espoir. Mais surtout, ils traitaient des jeunes.
Les séduisantes images de jeunes visages, de jeunes corps, le son de jeunes voix créaient l’illusion que, quelque part aux antipodes, cette jeunesse existait toujours, et que le monde rassurant où elle évoluait demeurait accessible. C’est dans le même esprit et en réponse au même besoin que les gens achetaient des cassettes vidéo d’accouchements et regardaient bouche bée des anciens programmes de télévision pour enfants. »
Pour le narrateur, universitaire d’Oxford, professeur d’histoire ancienne, sa vie avec Héléna, dont il divorcera après qu’il aura tué accidentellement leur fille, constitue une grande déception. L’ambition ne l’a jamais travaillé et s’il relate longuement son amitié de jeunesse avec Xan, c’est pour humaniser un personnage devenu hiératique aujourd’hui.
Une vie vide, des cours incompréhensibles devant de rares étudiants, une routine exaspérée par la mort qui s’avance, pas d’amitié, la solitude du célibataire, tout cela va être gommé par sa rencontre avec Julian.Ancienne auditrice de ses cours, la jeune femme de trente ans appartient à un groupe de contestataires (ils se dénomment les «Cinq poissons») qui espère infléchir la politique gouvernementale.
Ils comptent sur Théo pour porter leur message auprès de Xan. Chacun d’entre eux, Rolf, le mari de Julian, Luke le prêtre catholique, Cascoigne, l’ouvrier qui croit en l’utopie, et Myriam la Noire, infirmière et sage-femme, a des raisons différentes d’agir.
Rolf est travaillé par l’ambition et le pouvoir. Le frère de Myriam est mort, tué par la police spéciale, après son évasion de l’île de Man. Cascoigne ne peut supporter le Quietus. Théo, sceptique quant à leur sincérité, après avoir assisté à l’horreur d’un suicide collectif, consent à rencontrer Xan pour lui faire part des doléances du groupe des Cinq Poissons.
Le Gouverneur, sympathique et ouvert mais aussi inquiétant et mystérieux, l’accueille au sein du Conseil des Sages pour lui faire comprendre qu’il n’y aura aucun changement à espérer. Lorsque Théo rend compte de l’échec de sa mission au groupe, on lui apprend une stupéfiante nouvelle : Julian est enceinte des œuvres de Rolf !Basculant définitivement dans la clandestinité, il recherchera pour le groupe un endroit discret et sûr pour l’accouchement de Julian. Il sait que le temps leur est compté, que Xan agit probablement déjà et qu’il voudra s’approprier l’unique bébé à naître sur une terre au désespoir.
L’arrestation inopinée de Cascoigne qui sabotait les passerelles d’embarquement menant aux bateaux du Quietus, accélère leur décision : il faut fuir au plus vite, dans la campagne anglaise déserte, vers le pays de Galle, dans une grange dont Théo connaissait l’emplacement du temps de sa jeunesse, à Wytchcrafft.Malgré la haine de Rolf à son égard et les difficultés liées à un accouchement imminent, il vole une voiture, de la nourriture, un révolver pour se défendre, et, avec le groupe, s’enfonce dans la nuit. Arrêtés en pleine forêt par des Omégas, ils trouveront leur salut dans la fuite, Luke se sacrifiant pour leur survie.
La disparition du prêtre éclaire les circonstances de la naissance miraculeuse : c’est Luke le père de l’enfant et non Rolf. Ce dernier, mortifié et haineux, disparaît dans la nuit pour trahir Julian auprès du Gouverneur. La jeune femme arrivera juste à temps dans la grange déserte pour donner naissance à un bébé mâle, à la grande stupeur de Théo.
Mais ils sont traqués par Xan. Myriam, après l’accouchement, s’étant éloigné du couple, sera retrouvée par Théo, étranglée. Il sait qu’ils sont piégés mais aussi qu’il ira jusqu’à se faire tuer pour la liberté de Julian.Lorsque Xan apparaît dans la clairière, seul - hélicoptères, médecins, police étant restés invisibles pour ne pas traumatiser la jeune mère - , sa confrontation avec Théo tourne à son avantage. Un cri de l’enfant détourne l’attention du Gouverneur, ce qui donne l’occasion à Théo de le tuer. Prenant à son doigt la bague du mort – symbole de commandement - Théo sera reconnu par les membres du Conseil comme le nouveau Gouverneur, le père du seul enfant au monde, le sauveur de l’humanité :
« Ils arrivèrent sans se presser, sortant de la forêt (…) Parvenus à deux mètres du corps, ils s’arrêtèrent. Tenant l’anneau, Théo le passa alors ostensiblement à son doigt et leur présenta le dos de sa main. « le Gouverneur est mort et l’enfant est né, dit-il. Ecoutez ». le vagissement avait repris, à la fois pitoyable et impérieux. (…)
Ils entrèrent d’un pas hésitant, presque comme à regret. Woolvington, qui fermait la marche, n’essaya pas d’approcher Julian mais resta planté à l’entrée comme une sentinelle. Les deux femmes, elles, s’agenouillèrent, mais moins pour marquer leur respect, semblait-il, que pour être tout près de l’enfant. En réponse au regard suppliant qu’elles levèrent vers elle, Julian leur tendit l’enfant en souriant, et elles, partagées entre le rire et les larmes, avancèrent timidement la main pour lui toucher la tête, les joues , les bras .»
Les Fils de l’homme est un roman sombre et désespéré, d’une écriture envoûtante, qui traduit dans sa complexité une société à l’agonie.
Traitant du même thème que « Barbe grise » de Brian Aldiss, il dépasse ce dernier par le ton intimiste appliqué à la description d’une horreur sans nom, celle de la mort de l’espèce vécue à travers un seul individu. Un chef-d’œuvre.(contrairement au film adaptant l’ouvrage, qui est un ratage innommable!)
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Monde Mutant - Par BenF
Vol. 01 : Monde mutant, scén. Jean Strnad, éd. Campus, 1983, 1 vol. broché, 64 pl. couleurs, BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 1983 titre oiginal : Mutant world
Dumento, fort, naïf et généreux survit vaille que vaille en un monde post-atomique grouillant de formes de vie mutantes invraisemblables, produits mi-hommes mi-animaux. Le décor, constitué de ruines urbaines, d’immeubles détruits, sont autant de pièges pour Dimento qui, à l’instar des autres êtres peuplant cet univers de cauchemar, pense exclusivement à se procurer de la nourriture. Trop naïf, il se fait berner ou poursuivre par des créatures comme « Bugs » ou « Creeps » dont l’alimentation quotidienne se réduit au cannibalisme. Manger ou être mangé telle est la loi unique de cet univers.
Dimento croise cependant trois personnages étonnants. Le premier est le « Père Dove », un zélé serviteur de Dieu qui pratique le karaté et réduit Dimento en esclavage. Il est à la recherche des auteurs de ce qu’il considère comme une abomination. Le deuxième est Julie, une plantureuse blonde qui sauve la vie de Dimento. Notre gentil mutant tombe amoureux d’elle. Le troisième est Max, un soldat issu d’un laboratoire souterrain où s’est maintenue une activité scientifique. Max détient la clé de l’énigme.
Observant les tribulations de Dimento et de Julie, à moitié morte, torturée par des mutants cannibales, et en dépit des ordres reçus, il les fait entrer dans la base souterraine. C’est là que l’organisation travaille au repeuplement de la dernière chance. Le « Professeur » y élève des clones, tels que Dimento, Julie ou le père Dove, et les lâche à la surface pour tenter d’assurer un avenir à l’humanité.
Mais ils ne sont pas tous réussis, parfois génétiquement instables, comme ce Père Dove dont la violence maniaque menace le Professeur et son projet. Les progrès de Dimento et de Julie seront suivis avec attention, et puisque Dimento aime la jeune fille, le savant remplace l’ancienne Julie, trop abîmée, par un nouveau clone, la conditionnant à être toute dévouée au mutant, un grand enfant de six ans au corps d’adulte. Il les renvoie à la surface, Dimento avec Julie, et Max avec une autre Julie, en un autre endroit. A nouveau réunis, le couple goûte un bonheur parfait malgré la dévastation du monde
Vol. 02 : Fils du monde mutant, éd. Glénat, 1991, scénario Jan Strnad, coll. « Comics USA », 1 vol. cartonné, in-quarto, pl. couleurs, npag. BD d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 1990 titre original : Son of Mutant World
Dimentia, la fille de Dimento, batifole dans la forêt avec son grand ami le grizzli géant, Ollie, lorsque son père meurt, assassiné par des mutants. Il lui donne pour dernière recommandation de rejoindre son ami Max en sa petite enclave fortifiée, protégée par les « herbes suceuses de cerveau », où ce dernier essaye de reconstituer un noyau de civilisation ayant pris sous sa protection un groupe de mutants pacifiques. L’aventure est risquée malgré la vigilance d’Ollie car Dimentia croise la piste d’un vieux chasseur de grizzli et de son fils décidé à en découdre. Suivie de haut par le ballon de Herschell, l’astronome, elle sauve la vie au bonhomme lorsque blessé par inadvertance, il tombe dans la rivière où elle se baignait.
Mais la plus grosse menace est constituée par la terrible bande de Mudhead, le géant macrocéphale, qui voue une haine démente à Max pour l’avoir évincé de son territoire. Il attaquera l’enclave à l’aube, la barrière des herbes suceuses l’empêchant d’agir la nuit. Comme il désire un emblème à la mesure de sa puissance, il envoie son âme damnée, son «loyal crapaud » à la recherche de celui-ci. C’est Ollie, tombant dans un piège, qui sera le symbole de Mudhead.
Alors que Max, qui ne jure que par les cendres de sa Julia morte, connaît le découragement, les événements se précipitent. Herschell et Dimentia capturés également par les troupes de Mudhead, font d’abord plus ample connaissance puis, par l’action bienveillante des deux chasseurs de grizzli, ils libèrent Ollie.
Tous se dirigent vers le territoire fortifié de Max. Mudhead est sûr de sa victoire. C’était sans compter sur l’éclipse solaire prédite par Herschell. Une nuit inattendue s’instaure sur le paysage, activant les herbes suceuses qui nettoieront le terrain des mutants de Mudhead. Le danger envolé, la petite colonie prospérera en paix, Dimentia et Herschell ayant adopté le petit chasseur de grizzli, en attendant les jours meilleurs d’un monde nouveau.
« Monde Mutant » est l’incroyable harmonie entre un scénario fort et un dessin extraordinaire. Chef-d’œuvre de la bande dessinée de science-fiction , « Monde mutant » fait partie de l’œuvre de maturité de Corben qui a déjà une longue pratique graphique derrière lui, acquis dans le domaine des comix underground. L’on ne sait ce que l’on doit admirer le plus, le scénario ou l’habileté du montage, les figures sculpturales ou les couleurs pastels car tout y est ravissement, qui transcende l’horreur même du récit
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La Miss Du Château - Par BenF
Surprenante Miss qui survit sous les ruines effondrées, dans un abri de béton, en compagnie de sa « cousine Anne », sans aucun lien avec un extérieur que l’on suppose bouleversé par une guerre totale. L’arrivée impromptue d’un fier guerrier, mâle et viril, relève quelque peu un ordinaire plutôt fade. Une curiosité inextinguible la consume en premier:
« La guerre est-elle enfin terminée ?
Quelle est la nouvelle mode à Paris ? »
Enfin, comme le temps de jouir est bien court et que l’ennui suinte des murs, elle presse activement et avec malice le héros de s’exécuter, lui demandant de la combler dans ses fantasmes érotiques :
« Pas de chichis, et mettez-vous à l’aise
C’est dans un tout petit instant que l’on baise (…)
Enfoncez-moi à fond par tous les bouts
Laminez-moi par-dessus, par-dessous
Sous ces tonnes de béton
On manque de distraction
Normal… »
La chose faite, elle le somme de « récupérer (ses) douilles et (son) obus » et de disparaître de son univers.
Chanté d’une voix angélique, un instantané cru, ironique et débridé de la vie quotidienne après la catastrophe, et qui n’aurait certes pas mérité les foudres d’une censure stupide.
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Les Tueurs D'elmendorf - Par BenF
Vol.01 : la Vengeance, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation "N°1634, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée. roman d’expression française
1ère parution : 1988
Raff al Raff est le nom d’un gigantesque vaisseau extraterrestre qui croise au-dessus de notre planète. C’est de là que sont originaires les Raffs, des êtres tenant à la fois du félin et de l’ours, à la civilisation avancée, au code d’honneur intangible et pratiquant l’eugénisme dans un souci constant d’amélioration de leur race. Daniel Ivols est le nom de l’un des derniers terriens ayant participé à la bataille d’Elmendorf où les humains ont failli battre les Raffs. Aujourd’hui, habitant caché dans la Zone, sorte de no man’s land canadien où se retrouvent tous les marginaux agressifs et désaxés, Ivols, toujours efficace, la quitte pour venger la mort de sa femme et de sa fille, carbonisées par des Raffs chasseurs.
Au-delà de la Zone, c’est le monde normal, celui de la société humaine qui collabore et qui est soumise aux Raffs lesquels dominent l’humanité par l’intermédiaire des "Chiens", sortes de cyborgs humains dans le cerveau desquels est implantée toute une électronique incitant à l’obéissance. Quant aux autres, le niveau de civilisation que leur ont laissé les extraterrestres, les incite à la mollesse et la vie facile. Ivols, l’un des derniers tueurs d’Elmendorf, prend contact avec le M.O.R.T., une organisation secrète de résistance, peu efficace par ailleurs. L’organisation a besoin d’Ivols pour relever son prestige en lui proposant de tuer Jill Tarr le Raff, ministre de la Culture interraciale et incidemment meurtrier de la famille du héros.
Vol.02: la Mission, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation " N°1639, 1 vol. broché, in-12 ème , 187 pp. couverture illustrée.
1 ère parution : 1988
Nanook le Zonard, tueur d’ours et de Chiens, alias Ivols, le dernier des tueurs d’Elmendorf, s’apprête à liquider Jill Tarr, le chef des Raffs envahisseurs, sur l’instigation de Felice, l’un des dirigeants de M.O.R.T., mouvement de résistance à Raff Al Raff, le vaisseau des extraterrestres. Un doute lui fait épargner la vie du Raff. Bien lui en prend. Caché par Joanna Guanwista dans son appartement, Ivols apprend avec stupeur, et en un renversement absolu, l’incroyable vérité de la bouche même de celui qu’il a failli tuer. Felice est l’un des responsables des "Trois", les supérieurs des Chiens. La bataille d’Elmendorf a été gagnée par la Terre mais, dans le vaisseau des envahisseurs, les Trois, désireux de faire perdurer la pression exercée sur la société terrestre, ont obligé les Raffs à assumer leur rôle d’oppresseurs, eux, qui n’avaient qu’un désir, celui de repartir dans l’espace avec leur engin enfin réparé !
En désespoir de cause, et pour sauver l’honneur de sa Maison lors de la cérémonie du Kriss ou automutilation rituelle, Jill Tarr partage son secret avec Ivols : c’est lui, le chef Raff qui a subverti le M.O.R.T., c’est lui qui a travaillé dans l’ombre pendant plus d’une vingtaine d’années pour détourner la colère des Terriens sur les Chiens et non plus sur les Raffs, c’est lui enfin qui a surveillé et protégé Ivols pour le conduire vers la Zone d’où pourront sortir les nouveaux libérateurs de la Terre afin que les Raffs puissent enfin s’en retourner dans l’espace.
Un récit intelligent, structuré, original qui vaut par la crédibilité que l’on accorde à ces félins extraterrestres à travers la description de leurs rites sociaux et psychologiques. Un bon roman noyé malheureusement dans une gigantesque collection proposant une marée d’ouvrages illisibles.
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Depuis longtemps, la « Visiteuse » profile son globe noir sur le ciel nocturne, occultant progressivement la lumière des étoiles. Pourtant sa nature, sa densité, sa marche erratique restent un mystère pour l’humanité. Subsiste une seule certitude : elle se dirige vers la Terre qu’elle détruira dans sa course :
« La Visiteuse, obscure et gigantesque, d’un diamètre valant environ un dixième de celui du soleil, qui est donc près de mille trois cents fois plus volumineuse que la Terre, et qui fait son chemin dans la galaxie, est sur le point de rencontrer notre planète. »
L’espèce humaine, ébranlée, a déjà fait son choix. Les savants, les techniciens, les positivistes, les fortunés sont partis, emportés dans la première « Exode », préférant observer de loin la catastrophe :
« Nous sommes tenus dans l’ignorance presque complète de ce qui se passe sur le reste du globe, les communications sont rompues depuis des années. On ne compte plus… La fuite des élites avec le meilleur de la technologie a soudainement laissé les continents en ruine. Ici comme ailleurs tout se délabre. »
Mais il ne s’agit que d’une infime minorité. Les autres, s’agglomèrent, s’enterrent, se battent, ou prient. De nouveaux « Pèlerins » apparaissent, qui dirigent une horde de plus en plus importante en marche vers Montréal, lieu mystique où, selon leur croyance, ils seront épargnés. Parmi eux, les « Panthéistes » s’attendent au choc, car la Visiteuse est faite de roches dures disent-ils, alors que les «Rédemptoristes », cachés derrière leur mouchoir anti-poussière, croient en une survie possible, le bolide errant étant supposé former un nuage de particules qui épargnerait la terre en son ensemble.
Le narrateur est père et écrivain. Au sein de la horde comme tant d’autres, il tient la comptabilité au jour le jour, des derniers faits et gestes d’une humanité moribonde, adressant ces lettres à sa fille Arduina, sa petite fille, qu’il entraîne à sa suite comme les quatorze autres membres de sa famille.
Des assassins et des prêtres parcourent le troupeau, tuant pour les premiers, pillant pour les seconds :
« Voilà sans doute pourquoi, en ce troisième jour de marche, on retrouve en tête de ce convoi d’espérance, des prieurs et des prieuses qui appellent sur leurs épaules de bure le poids de toutes les fautes du monde. Ils illuminent leurs visages d’une flamme inextinguible qui élève leurs prières. Leurs dieux sont multiples, mais ils ne s’adressent qu’à eux, soit par le cri ou par le silence, par la danse ou par la marche, par l’intermédiaire des éléments ou par leur seule foi. Garderas-tu en mémoire des images de tout cela, Arduina, ou feras-tu abandon de ce passé ? »
Il racontera à Arduina comment sa famille se rétrécit inexorablement en laissant tantes ou cousins moribonds sur les bas-côtés de la route. En dépit de son angoisse grandissante et de sa culpabilité, il garde la foi du charbonnier dans l’espérance du miracle.
Les journées, « plus noires que des nuits » s’écoulent rapidement. Les épidémies, les affections de la peau, le nombre d’êtres contrefaits augmentent proportionnellement à l’approche de la Visiteuse. Sous un ciel enfin totalement noir s’allument soudain un peu partout de grands feux : ce sont les villes qui brûlent !:
« Je ne sais plus ce qu’il faut croire ou faire, s’il faut cracher au visage des Apôtres de la Poussière pour mourir d’un coup sec, s’il faut moquer les pèlerins rédemptoristes et panthéistes, pour ne pas périr sans ironie ou s’il vaudrait mieux adopter la prudence crasse de la majorité silencieuse, celle qui sillonne les routes ou qui creuse des galeries en tous sens, qui attend… »
A l’heure du grand choc, au moment décisif où les suicides collectifs atteignent une intensité inouïe, le narrateur s’aperçoit que la Visiteuse a épargné la terre. Elle ne l’a pas détruite, elle l’a a peine grignotée, la privant en surface de ses minerais de fer. Indubitablement vivante, composée de particules intelligentes, elle a su reconnaître la vie développée sur ce globe qu’elle s’apprêtait à détruire, l’épargnant pour disparaître à nouveau dans l’infini du cosmos.
Arduina survivra, ainsi que son père, mais dans un monde profondément transformé :
« (…) les grands édifices s’écroulent inexplicablement, les ponts, les pylônes, les restants de véhicules qui encombraient les rues s’émiettent et n’ont pas le temps de joncher l’île de bancs de poussière ; ces particules disparaissent mystérieusement en se mêlant à l’air. Les Apôtres de la poussière triomphent sous les lunettes et le mouchoir. Leurs chefs visent maintenant les pleins pouvoirs sur la nation, leurs mercenaires commencent à se constituer en police… Qui sait ce que vous souffrirez sous leur emprise, Arduina, toi et tes enfants, si le monde ne périt pas!
Une excellente nouvelle apocalyptique composée par un grand écrivain canadien. Par une grande économie des moyens littéraires et un style irréprochable, utilisant notamment la technique du resserrement de l’action dans le temps, il analyse les nouvelles morales du désespoir, arrache les masques de l’hypocrisie chez l’homme en prise directe avec sa mort. Un récit intense et peu connu en France.
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