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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2, menaces animales Auteur: Jean-Michel DAGORY Parution: 1985
    Les A.E. (Anglais - Enculés) lâchent sur le continent une petite troupe de loubards habillés en costume de personnage historique (Dagobert, Musset, Cromagnon, Grand Charles, Vercingétorix, Murat, etc.).  En France, ceux-ci s’achemineront vers le sud  afin de comprendre ce qui s’est passé cinq ans auparavant. Car tout et tout le monde a disparu sur terre, et en France notamment, à l’exception de l’Angleterre qui reste la seule nation active. Comment cela a-t-il pu arriver ? Nul ne le sait encore :
    " Enfin on est arrivé. La ville n’avait pas trop souffert ; ce qu’on voyait d’abord, c’était l’énorme bunker, enterré jusqu’aux oreilles, que les Rosbeefs avaient construit dare-dare quand la CHOSE s’était produite, couic ! Paris s’était tu, et la France et, depuis, rien…  Pas de nouvelles du reste de l’Europe, un vrai rêve d’Anglais. Mais pas de nouvelles non plus de l’Amérique, ni de l’Afrique, ni de rien. Plus jamais… (…)
    On aurait pu croire que tous les habitants étaient partis la veille faire un pique-nique. Mais, à la réflexion, ça ne nous rassurait pas du tout, car on savait que les habitants n’étaient pas partis. Ils avaient disparu… Un coup des Russes ? Dans ce cas-là, les vainqueurs auraient donné signe de vie, et le Parti Communiste Britannique aurait enfin gagné des adhérents. Une erreur de manipulation d’un vague plombier atomique, déclenchant une réaction en chaîne ? Pourquoi l’atome fou n’avait-il pas traversé la Manche ? Il y avait des ferries pour ça. Sinon, quoi ? "
    Le narrateur et ses amis vont apprendre ce qu’il en coûte, de s’enfoncer au centre du continent avec leurs motos. Contrastant avec un paysage uniformément gris, leurs souvenirs, extraordinairement vivaces, concrets et colorés, les assaillent comme en une véritable reconstitution surréelle, absurde et mortelle.  Depuis des fermiers qui en décapitent certains avec leurs faux, dans un "vert paradis des amours enfantines ", jusqu’à la mort de la quasi-totalité des membres du groupe, tués par des jouets devenus énormes et menaçants, les morts jonchent le parcours :
    " Ce fut comme le signal de l’orage ; tous à la fois des centaines, des milliers de jouets se précipitèrent sur nous, crépitant sur les nappes blanches, faisant exploser les bouteilles, écorchant les crânes, aveuglant ceux qui se précipitaient vers la sortie. Il y eut une bousculade, les plus paniqués glissant sur les jouets amoncelés, les suivants leur passant dessus. Des cris, des types qui lançaient les jouets vers le plafond, un motard qui s’ouvrit la main en sautant par une fenêtre. "
    Un livre à moitié détruit détenu par Musset, le leader du groupe, évoquerait vaguement l’annihilation de l’espèce humaine (à l’exception des A.E.) par des Martiens, outrés par l’action polluante de Terriens trop remuants. Ils les auraient donc tous " gelés " en rendant meurtriers leurs souvenirs. C’est pour trouver une parade à ce génocide que Musset a besoin du souvenir du narrateur qui a survécu à  l’événement de l’incendie d’un cinéma, au temps de sa jeunesse, lequel a détruit la bibliothèque qui contenait le seul exemplaire complet de l’ouvrage. Mais l’évocation sera la plus forte et personne ne sortira vivant d’un enfer grotesque et fantasmatique.
    Un récit dur, saccadé, abrupt, aux trouvailles souvent inattendues et au style dynamique. Une atmosphère baroque avec des accents de fantastique flamand qui augmentent le malaise du lecteur jusqu’à l’angoisse. Une réussite colorée tranchant sur la grisaille habituelle de la série.

  2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Daniel PIRET Parution: 1982
    Ahova, jeune fille de la tribu de Laat, vit dans un univers dangereux, au-delà des rives de la Mégapole. Parmi ces descendants primitivisés du futur, Algor le jeune guerrier et Ahova sont les rejetons des survivants de guerres ayant entraîné la chute des civilisations technologiques. Ils combattent les « Omuts », individus dégénérés pour cause de mutation, marqués par les effets d’une radioactivité parfois encore présente dans certains lieux proches de la Mégapole.
    Aujourd’hui, Ahova, vieille et prêtresse de la tribu, envoie Algor dans les ruines pour y retrouver la trace de «Prométhée », un être merveilleux, détendeur d’armes modernes, qui lui était apparu du temps de la jeunesse de celle-ci. Elle en était tombée amoureuse, sans pouvoir cependant percer le secret de son identité.
    Fidèle à Prométhée, elle l’attend depuis de longues années, croyant à sa promesse de retour. Mais celui-ci n’est pas revenu et pour cause: Prométhée est un Proxien, du système de Proxima, envoyé à la recherche des « Dormeurs », un équipage d’exploration proxien qui avait échoué sur la terre.
    Bien qu’amoureux d’Ahova, il lui avait été nécessaire de rentrer chez lui pour rendre compte de sa mission aux abominables dictateurs qui gèrent Proxia. Incarcéré à cause de son commerce avec une primitive, il doit sa délivrance aux dissidents qui rêvent de renverser le régime avec, notamment, les informations que les « Dormeurs » pourraient leur fournir. Il est donc sommé de retourner sur la terre pour les réveiller et préparer la révolution. Hélas !, le temps ne s’écoule pas de la même façon pour les deux tourtereaux et si, pour Prométhée, il ne s’est passé que quelques semaines, pour Ahova toute une vie s’ est déjà  écoulée. Heureusement, l’ex-épouse proxienne de Prométhée, scientifique et pas jalouse, redonne à Ahova sa jeunesse.
    Le volume 2 "les fils de prométhée" ne fait pas partie de notre domaine.

  3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Alphonse ALLAIS Parution: 1899
    Une lettre d’un (vrai) Breton qui en veut à tel point aux Anglais , parce qu’ils sont « unfrench », qu’il suggère deux manœuvres pour les embêter : d’abord le détournement préalable  du Gulf-Stream, ce qui refroidirait leurs côtes, puis l’invasion de ladite Angleterre par un corps d’armée français galopant sur la Manche gelée.

  4. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: James HERBERT Parution: 1992
    Alors que Jim Rivers, météorologue de son état, est accidenté en coulant étudier de trop près les conditions dans l’œil d’un cyclone, partout dans le monde se développent, de façon anarchique, des événements catastrophiques : volcanisme réveillé en Sicile, sècheresse et typhon au Texas, raz de marée au Bengladesh, etc.,  relatés à travers les témoignages divers d’individus fortement typés. Ce qui est étrange dans chaque cas, est l’apparition d’un petit globe lumineux (appelé « présage »), dont la vision provoque d’abord un sentiment d’émerveillement avant de se terminer en cauchemar. En ce décor, de plus en plus bouleversé, Rivers mis sur la touche pour « fatigue exceptionnelle » est contacté par une étrange famille résidant à Hazelrod, au nord de Londres. La jeune Diane – dont il tombera amoureux - assure le contact entre lui et deux jumeaux, Josh et Azel, aux pouvoirs psy très curieux. Ce sont eux qui ont convaincu Diane de ramener Rivers vers Bibby et Poggs, leurs parents adoptifs et éminents scientifiques écologistes. Rivers, d’abord très méfiant, n’adhère pas à la théorie de Poggs qui prétend que la terre, organisme vivant (hypothèse Gaïa) est arrivé à son seuil d’intolérance et tente de se débarrasser de l’horrible parasite qu’est l’homme :
    « le mont Pinatubo éclata purement et simplement. Les cieux s’embrasèrent, et l’on entendit la déflagration à près de cinq mille kilomètres(…) Cette seconde explosion dévastatrice projeta des cendres et des roches à quatre-vingt kilomètres, et créa des vagues de pression qui firent le tour du globe. Séismes et raz de marée s’ensuivirent.(…) Les habitants des Philippines crurent que la fin du monde était finalement arrivée. »
    Les rêves tiennent un part importante dans le récit. D’après les jumeaux, qui sont en contact métapsychique avec d’autres enfants semblables à eux dans le monde, Rivers aurait un rôle particulier à jouer, celui de retrouver «l’Homme du rêve ». Ce dernier, au rôle bénéfique, est seul apte à contrer le mal que la terre fait peser sur l’espèce humaine, notamment en la personne de Mama Pitié, une gargantuesque et monstrueuse prêtresse noire de Saint-Louis, Missouri. Mama Pitié se veut l’incarnation de la « Mère Terre » et de sa volonté de se débarrasser des êtres humains. Sa tâche sera donc de mettre les mains sur Josh et Eva qu’elle considère comme les catalyseurs d’une nouvelle nature en train de naître, et bienfaisante, celle-ci, pour les hommes (du moins les survivants).
    Tandis que des présages se manifestent un peu partout dans le monde, de plus en plus nombreux et signant des catastrophes inattendues, tels que des tremblements de terre à Londres où des geysers d’eau bouillante au centre de diverses cités, Rivers, guidé par un présage s’envole en direction de l’Ecosse en compagnie de Diane et Josh, à la recherche de l’Homme du rêve. Parallèlement, Mama Pitié prend l’avion pour Hazelrod avec son âme damnée Nelson Shadebak, pour mettre la main sur Eva. Rivers y fera la connaissance d’un ermite aveugle au fond de la campagne écossaise qui lui enjoint de retourner immédiatement auprès d’Eva et d’écarter la terrible menace qui plane sur les jumeaux, car eux seuls seront capables de réduire la «colère» de la terre. A son retour à la propriété, Rivers se rendit compte que Mama Pitié avait déjà commencé son œuvre de mort. Bibby morte, la prêtresse noire s’apprêtait à dévorer Eva, comme l’ogre de la fable. Un combat titanesque se déroulera entre Rivers et la diabolique Mama jusqu’à ce qu’un coup de fusil de chasse de Diane mette fin à l’affrontement :
    « D’un geste lourd mais rapide, Rivers s’élança et sauta. Son bras valide enserra la taille d’Eva, et son poids fit le reste comme il retombait sur le sol.(…) Rivers poussa un cri car son bras cassé avait heurté le lit, mais il reçut le poids d’Eva sur sa poitrine, ce qui amortit la chute de l’enfant.(…) et, les yeux à demi-fermés sous l’effet de la douleur, il regarda la géante ensanglantée qui se tourna vers eux. »
    Alors la terre, délivrée de l’entité malfaisante qui était censée la représenter, put enfin s’apaiser, entrée par les présages bénéfiques d’Eva et de Josh, à Hazelrod, comme partout dans le monde.
    Un récit peu crédible qui présente un salmigondis de descriptions catastrophistes liées à la sauce métaphysique : L’hypothèse Gaïa a bon dos ! Quant à l’intrigue,elle « flotte» entre la lutte Rivers/Mama Pitié et les annotations à caractère spiritualiste. Un roman raté qui nous fait regretter la série des « Rats ».

  5. Type: livre Thème: les fins du monde, fins de l'humanité, menaces telluriques, invasions extraterrestres Auteur: Stephen BAXTER Parution: 1998
    De retour de la Lune, l’astronaute Jays rapporte une pierre de lune « de fond », c’est-à-dire dérobée dans un sillon situé en profondeur. Stockée à l’écart durant de longues années, elle sera examinée par le géologue Henry Maelström à Edimburg, mis sur la touche. En effet, son projet «Shoemaker », celui qui consistait à  mettre le pied sur la lune pour se rendre compte in situ de la réalité géologique de notre satellite, ne verra pas le jour, par manque de crédits. Divorcée d’avec sa femme Geena, une astronaute, il reprendra du service avec Mickaël, un jeune géologue, pour examiner les fragments de la pierre lunaire. Lors de la découpe, un peu de poussière de lune s’envole. Elle sera ramassée par Mickael qui pense en faire cadeau à Jane sa sœur. Lors d’une promenade avec elle   sur le mont Arthur’s Seat, un ancien volcan, quelques grains de cette poussière tombent à terre. Mickael ignore qu’il vient de déclencher la fin du monde.
    Agissant comme un catalyseur, la poussière semi-vivante dans sa structure, transformera le basalte volcanique, ainsi que tout le substrat de l’écorce terrestre, en une nano-structure cristalline qui fera « fondre » les roches :
    « -Nous croyons que nous commençons à comprendre comment la poussière de lune fonctionne. A défaut de comprendre pourquoi. Elle s’attaque principalement aux roches basaltiques, surtout celles qui sont riches en olivine. (…) –Elle réorganise apparemment la structure cristalline d’une masse de roches sous une forme récursive qui… -En anglais, docteur, dit Monica. (…) – Elle transforme la structure des roches avec lesquelles elle entre en contact. Elle construit quelque chose. »
    Un signe aurait dû inquiéter l’humanité, celui de la transformation complète de la planète Vénus en une sorte de poussière cosmique dû au fait que les sondes terrestres à destination de Vénus ont pu, là aussi, contaminer la quatrième planète du système solaire. Le mouvement sur terre, d’abord peu perceptible, s’étend bientôt comme un cancer, détruisant de façon exponentielle toute roche, induisant un volcanisme de plus en plus actif, même dans les régions où des volcans avaient été en sommeil depuis des centaines de millions d’années :
    « Image animée de la terre. Points rouges sinistres apparaissant partout. Tout d’abord, ils se présentèrent comme une ceinture, à la latitude de la  Grande-Bretagne, s’étendant en direction de l’ouest au-dessus des Etats-Unis et de l’Asie ; puis de nouvelles taches et traces dans les régions les plus géologiquement les plus instables du monde: la Ceinture de feu, les volcans de subduction du pourtour du Pacifique ; les volcans du rift du milieu de l’Atlantique et des chaînes d’autres océans ; les volcans d’affleurement tels que ceux de Hawaï. Ailleurs, dans des régions généralement stables, la poussière de lune semblait créer du volcanisme, descendant jusqu’à l’asthénosphère grâce aux failles de l’écorce, comme elle l’avait fait à Edimbourg. »
    Mickael, se sachant responsable de l’immense catastrophe, adhérera à une secte qui attend le nouvel avènement d’une ère de feu. Parties d’Edimbourg, les catastrophes volcaniques se multiplient, ainsi que les tremblements de terre, les épanchements de champs de lave, les modifications météorologiques.
    Partout de par le monde, des séismes de plus en plus intenses, à une échelle jamais connue par l’humanité, désorganisent les sociétés humaines. Le sort d’un nombre important de personnages secondaires nous révèle les différentes facettes de la catastrophe : comme l’éclatement d’une centrale nucléaire qui anéantit l’agent Morag Docker, ou Ilbo, le géologue assis sur un volcan qui se soulève à une hauteur extraordinaire, ou Ted Dundas, l’ancien flic,  qui sauve le petit Jack, fils de Jane, avant de mourir carbonisé lui aussi. Il apparaît de plus en plus clairement que l’humanité entière est condamnée puisque la terre doit subir une refonte totale de sa surface. Selon Henry, cela prendra quelques décennies avant que la fin du monde ne soit définitivement accomplie. Pourtant, à partir d’une intuition, un plan extraordinaire jaillit de son esprit.
    La clé de la poussière de lune se trouve sur notre satellite où, manifestement,  la poussière est inactive sinon la lune aurait déjà volé en éclats. Comment arriver à convaincre la NASA de réactiver l’ancien plan « Shoemaker » pour acheminer une équipe d’astronautes sur la Lune ? N’ayant plus rien à perdre,  la NASA convaincue,  s’adjoignant l’aide des Russes en un projet commun avec un lanceur de type Soyouz , monte, en l’espace d’un mois, l’expédition du dernier recours.  Celle-ci nous est narrée avec une précision extrême dans le réalisme, de la phase de lancement jusqu’à l’alunissage. Les personnages de l’expédition sont des êtres hors-normes : il y aura Geena, la cosmonaute, chef de mission et ex-femme de Henry, Henry, le géologue génial mais malhabile en face des procédures techniques de la mission et Arkady, le pilote du module, l’amant russe de Geena.
    Se déroulant sans anicroches, l’expédition permet à Henry de rejoindre le site d’où Jays, l’ancien cosmonaute, a extrait l’éclat lunaire. Il peut effectivement constater que toute la lune, jusqu’en son centre, est contaminée par cette poussière dont l’origine remonte au planétésimal formateur de la lune et de la terre lors de  la collision initiale qui a présidé à la naissance du système solaire. Comment procurer à l’humanité un abri provisoire avant que l’homme ne disparaisse définitivement  du cosmos? La solution adoptée par Henry est de terraformer la lune, de la doter d’une atmosphère respirable, en faisant s’évaporer les immenses réserves de glace météoritiques centrées sur le pôle sud de notre satellite. A cet effet, une bombe thermonucléaire téléguidée par laser servira de détonateur, les nano-structures de poussière lunaire devant continuer le processus amorcé.
    Arkady meurt durant la mission, dans l’éclatement de la bombe. Et le miracle a lieu : la lune s’entoure progressivement d’une atmosphère suffisante pour les 10000 prochaines années, le temps pour l’humanité de repartir éventuellement à l’assaut de l’univers en quittant une terre totalement impropre à sa survie.
    Plus tard, Henry resté sur la terre, au fond d’un bunker, désire assister en témoin impuissant mais heureux, à la destruction wagnérienne d’une terre à l’agonie : « Mais le coup de grâce fut le jaillissement géant de magma qui se déclencha, sans avertissement, dans la vallée de la Yellowstone.  Ce fut une explosion dix mille fois plus puissante que l’aurait été celle de tous les arsenaux nucléaires. Jaillissant d’un cratère de la taille du New Hampshire, des matériaux en fusion étaient sortis de l’atmosphère –une partie restant même en orbite- l’essentiel retombant sous la forme de bombes volcaniques géantes qui incendièrent ce qui restait de la végétation terrestre. Et une énorme boule de feu, suivie d’un nuage de poussière, étaient montés jusqu’à la stratosphère, s’étaient ajoutés à la suie et la fumée des forêts en feu, créant un couvercle de ténèbres sur la planète.
    Extinction des feux sur la terre.(…)
    Des montagnes apparurent dans l’Antarctique, notamment quand la plaque indo-australienne décida brusquement de prendre le chemin du sud. D’autres jaillissements de magma avaient franchi l’écorce dans les régions volcaniques, aux Canaries, sous les restes , ravagés par les raz-de-marée, de Hawaï, sous l’Islande. Et les rifts, sur toute la Terre, s’ouvrirent, en Afrique orientale, au lac Baïkal, dans la mer Rouge , les continents se séparant. Le Rhin avait disparu dans une faille, puis une nouvelle plaque océanique apparut dans le graben qu’il occupait. Essentiellement, hormis tuer les gens et faire bouillir les océans, le volcanisme transformait l’atmosphère de la Terre : un air irrespirable d’oxyde de carbone, d’oxyde de soufre et d’hydrogène, mêlés d’arsenic et de chlore qui, selon les estimations, serait au bout du compte dix fois plus dense que l’ancienne, faite d’oxygène et d’azote. De vastes cycles d’effet de serre avaient commencé, les océans s’évaporaient et ne tarderaient pas à bouillir… Et la terre bien-aimée de Henry devenait ce qu’avait été Vénus. »
    Une décennie plus tard, les choses avancent sur la lune. Nadhezda, la petite fille de Henry, sera la première cosmonaute à conquérir définitivement l’espace, portant le flambeau de l’humanité sur le satellite Icare, dans une nouvelle rencontre avec la « poussière de lune » ce qui les met tous deux à égalité pour la conquête du cosmos.
    Un roman dense et touffu de plus de 700 pages, écrit avec une précision de bénédictin, fortement charpenté et documenté, et, pour aussi étranges que paraissent les hypothèses ou les théories énoncées, d’un grand réalisme. L’aspect psychologique est toujours présent, l’auteur nous laissant le temps d ‘apprécier l’évolution des personnages avant leur disparition. Un de meilleurs romans du genre récemment paru.

  6. Type: livre Thème: épidémies, la cité foudroyée Auteur: Michel VIALA Parution: 1995
    Une ville morte qui devrait être Genève, juste après la catastrophe. Une épidémie foudroyante a réduit drastiquement le nombre des survivants. Le narrateur y traîne une existence vide, à l’instar de quelques autres, tenant à jour son journal intime.  D’un naturel peu communicatif et sauvage, il s’est installé une niche sur les hauteurs de la ville, qu’il appelle " la Tanière " :
    " Je mange les haricots à la même boîte, actionne la pompe pour remplir un verre d’eau. Par bonheur la conduite n’a pas gelé. L’eau n’a pas mauvais goût. Il y a un sac de charbon à côté du poêle. Je le bourre jusqu’à la gueule, car je commence à avoir froid. Plus tard, je retourne au fourgon pour y prendre mon journal. La neige est toujours aussi épaisse. Elle craque sous mes semelles."
    Aménagée selon son goût, en compagnie de ses vieux 78 tours, il y coule une existence paisible se ravitaillant de temps en temps, à l’aide de son 4X4, en boîtes de conserve encore disponibles  dans les magasins :
    " Souvent, je pars seul à l’aventure ; j’ai trouvé sur un bateau au bord du lac, des talkies-walkies et des piles de réserve. Ainsi nous pouvons communiquer, Ji et moi, quand je m’absente.  Et, en variant les fréquences, j’ai même eu d’autres interlocuteurs. Malheureusement, ils sont à des centaines de kilomètres. Il faudrait carrément monter une expédition pour les rencontrer et Ji n’en a pas envie. J’ai rencontré en ville quelques solitaires que j’ai apprivoisés. (…)
    La ville se dégrade de plus en plus, au point de ne plus ressembler à une ville, mais à un champ de ruines. Ca a commencé par les toits. Un orage violent il y a quelques années, a cassé et déplacé des tuiles si bien que l’eau a pu pénétrer et a pourri les murs. Il n’a pas fallu dix ans pour que certaines maisons s’écroulent. De nombreuses rues sont obstruées de gravas, où pousse maintenant une envahissante mauvaise herbe, voire même des arbres. "
    Namor (c’est son nom, anagramme de Roman, autant pour désigner la Suisse que pour la narration) a également aménagé son fourgon pour y résider à l’occasion.  Sa tranquillité est cependant troublée par un groupe d’inquiétants survivants qui ont pris assise au café de la Rotonde, ont suivi ses déplacements, et aimeraient qu’il les rejoigne. Ce groupe désespéré, nihiliste en son essence, comporte la femme au manteau de fourrure, le Plongeur, l’Amiral, la Barbie et le Grand Noir, ainsi que Ji, une jeune asiatique. Tous se droguent ou s’alcoolisent sauf Ji qui devient la compagne de Namor, l’accompagnant en la Tanière. Le narrateur se coule dans ce sursis que lui offre la vie. Ji, en fonction de ses fantasmes matrimoniaux, transforme la Tanière, l’humanise. Au bout de quelque temps,  elle attend un enfant. Parfois, d’autres inquiétants personnages traversent l’espace du récit. Comme ce vicomte de la Parlotte qui vit encore selon les privilèges d’un ancien régime, enfin restitués par le cataclysme.
    En ville, près du parking où il s’était garé, Namor rencontre Gédéon dont la fonction, semble-t-il, est d’accumuler un quantité d’objets invraisemblables. Insensiblement, le narrateur perd la notion du temps. Au sortir de son éclipse –où était-il ?-, il estime que plusieurs mois se sont écoulés.
    De retour à la Tanière, il retrouve une Ji différente de celle qu’il a connue, en compagnie du " Mécanicien " qui l’aide en ses divers travaux. Elle apprend à Namor que son fils, baptisé Roman, est né. Elle est toujours prête à jouer à Adam et Eve avec lui mais selon des normes bourgeoises qu’elle veut imposer à Namor.  Sans un mot, le narrateur repart dans son fourgon :
    " Le mécanicien amateur de poule et de coq a garé le fourgon devant la palissade. J’ai vu son arrivée depuis la fenêtre. Il entre dans la maison comme chez lui, me salue vaguement et se précipite vers Ji qui tient Roman dans ses bras. D’autorité, il s’empare du bébé, le couvre de baisers. Le petit se met à pleurer. Je n’en supporte davantage, je sors. Je vais vers le fourgon. Je monte dans la cabine. Miracle, mon journal est là sur le tableau de bord ! Je mets le moteur en marche. Il tourne rond. Ji se montre à la fenêtre. Elle me sourit. Je démarre. Salut."
    En ville, les signes de la décomposition s’affichent de plus en plus nettement :
    " Je remplis mon sac à dos de provisions de bouche et d’objets de première nécessité. Je continuerai à pied, car les rues sont maintenant impraticables à tous véhicules. Même un char d’assaut n’y passerait pas. Les profondes crevasses et les énormes amoncellements de gravas sont autant d’obstacles infranchissables. La ville enfin rendue aux piétons !. "
    A la Rotonde, plus trace du groupe des " Immortels ". Ils résident maintenant dans un bateau, sur le lac d’où ils s’amusent à des jeux de pouvoir. Namor s’y rend, est capturé, réduit en esclavage selon les codes d’un jeu qui suit une stricte discipline militaire.  Libéré par la femme au manteau de fourrure, il remonte à la Tanière, mais il n’y a plus trace de Ji et de Roman ; ont-ils seulement existé autre part que dans son imagination ?  Le lieu est dégradé, envahi par la végétation : serait-il resté absent au monde encore plus longtemps qu’il ne l’avait pensé ?
    " Et si soudain, je me retrouvais il y a dix ans sur un parking encombré de véhicules, de cris, de rumeurs, de bruits, d’odeurs, de passants pressés, actifs, entreprenants, dynamiques ? Que cette césure verdâtre disparaisse ? Que je me retrouve à enseigner des banalités à des enfants dociles ? Car peut-être cette prison où je suis enfin seul, n’est-elle qu’un avatar ? Qu’un moment de ma folie ? "
    A Genève, il fait la rencontre incongrue d’un cheval errant dans les ruines urbaines :
    " Soudain, j’entends du bruit. Je regarde autour de moi. Aussi insolite que cela paraisse, on dirait un galop de cheval. Après tout, pourquoi pas ! J’ai déjà vu, dans cette ville que la nature reconquiert, des chèvres, des poules, des vaches et même un tigre ! le galop se précise. Débouche bientôt sur la place un superbe cheval alezan. ",
    Puis apparaît Lara la naine, comédienne en son théâtre,  où elle se joue une pièce sans spectateurs. Fuyant à nouveau vers la Tanière en sa compagnie, il y fait la connaissance de Paul Trachner, un soi-disant militaire qui s’est donné pour mission de réorganiser la société en recensant les survivants.
    Lara est séduite et accompagne Trachner en son illusion. Namor, resté définitivement seul et penché sur son journal, livre ses dernières réflexions sur la mort et la survie, la disparition de l’Homo Sapiens, se demandant si la naissance de son enfant Roman ne correspondrait pas à une nouvelle race, celle de l’Homo Post-Sapiens  sapiens:
    " Déjà, avant le bouleversement, j’étais un solitaire. Je n’avais avec les autres que des rapports absolument indispensables. C’est ainsi. Et pour Roman, ma foi, je ne vois rien à lui apporter , sinon un passé frelaté… la situation fait de ce petit bout d’homme ou le résidu condamné d’un désastre ou le début d’une autre espèce : l’homo post-sapiens sapiens. Prions pour cette dernière éventualité (…) Il faut que je cesse de penser. Que je n’écoute que le bruit du temps qui me conduit vers la mort. Une bonne fin, car alors tout disparaîtra lentement. Les souvenirs s’effilocheront. Ji et Roman se dilueront dans une brume indéfinissable… "
    Ce texte cataclysmique offre en une écriture serrée l’ensemble du bouquet thématique rattaché à la problématique du genre.  Dépassant la pure description d’un décor qui forme la toile de fond où s’inscrivent les événements, le romancier s’immerge de manière permanente dans le narrateur et transcrit des réflexions liées au vécu d’une situation dramatique, adoptant pour cela la posture de héros post-romantique.  Cette histoire,  baignant dans la couleur crépusculaire d’un désespoir tranquille,  forme la trame  d’un texte original et peu courant dans notre domaine.

  7. Type: livre Thème: guerres futures 1, péril jaune et guerre des races, menaces idéologiques Auteur: Philippe RANDA Parution: 1987
    Le dénigrement systématique des valeurs traditionnelles lié à l’immigration et à la faiblesse d’une démocratie exsangue, le relâchement des moeurs et la lâcheté des dirigeants provoquent la faillite de l’Occident et l’apparition du " Sida foudroyant ", une maladie mortelle qui décime les villes et les campagnes :
    " Le nombre de séropositifs a augmenté dans toutes les couches de la société. La psychose a gagné tous les pays lorsque la première centaine de milliers de morts à travers le monde est comptabilisée, trois mois à peine après la fin du conflit militaire. Alors que tout l’Occident commence à faiblir économiquement, que des impôts supplémentaires sont levés pour financer le surcoût hospitalier, le nombre de sidaïques augmente dans de telles proportions que l’on vient de reparler de créer des sidatoriums. Immédiatement, les associations humanistes, au nom des Droits de l’Homme, se sont opposées à cette mesure, tout autant qu’à celle du dépistage automatique aux frontières. "
    En quelques mois, tout est consommé. La société civile s’est effondrée et les immigrés essentiellement musulmans revendiquent un pouvoir laissé vacant. S’installant sur un front fortifié en Provence sous l’autorité du cheik Akim, les anciens Beurs constituent une armée forte de plus de 15 000 hommes, prêts à envahir les restes d’une Europe exsangue. Heureusement, des hommes de courage et prévoyants qui incarnent encore les vrais idéaux européens, selon l’auteur, c’est-à-dire l’idée de prééminence de la race blanche et sa supériorité intellectuelle, ont compris longtemps que l’égalitarisme était un leurre.
    Pierre Vallère, Tancrède le Beuve, Thibaut Guddard et Emmanuel Chanost anticipèrent la décomposition sociale en établissant en diverses parties de l’Europe (Suisse, Jura, Bretagne,…) ,des bases secrètes qui serviront de viviers à une renaissance souhaitée. Là, de vrais patriotes seront éduqués  en attendant des jours meilleurs sous la haute surveillance de Tancrède Le Beuve.  Plutôt que de laisser faire le hasard en ce qui concerne l’émergence d’un chef charismatique, Le Beuve le suscite par des parents-porteurs. Cela lui est d’autant plus facile qu’il est doué de capacités psy, en connection spirituelle avec les anciens Celtes : le jeune Gauthier, le fils des Grubarson sera considéré comme un authentique descendant du roi Arthur. En lui se conjugueront savoir et volonté. Tancrède, caché dans le château de la "Vouivre" dirige son éducation par imprégnation " in utero " :
    « Nous devons, déclarait André Grubarson à la création du PNE, retourner à des temps spartiates, guidés par des chefs rudes et intraitables, sans compromissions et sans flétrissures. Bousculant un régime taré, sceptique, vidé d’idéal, la génération nouvelle doit imposer au plus tôt au pays son honnêteté et son intransigeance. "(…)
    Le christianisme n’a pas été un progrès moral, bien au contraire. Il aurait fallu continuer, développer l’acquis gréco-romain. Le christianisme, par ses origines sémites, a reculé d’autant l’avènement d’une Civilisation définitive.  Le christianisme, c’est la page la plus sombre de l’histoire de l’humanité, la réaction suprême de la " brute " sur le véritable civilisé. Une preuve de la supériorité du paganisme, c’est sa renaissance, aujourd’hui, au-delà de vingt siècles de christianisme, de son obscurantisme, et de ses superstitions humiliantes. Pour reconstruire, nous devrons nous souvenir de Rome et d’Athènes, y rechercher les fondements de notre nouvel édifice moral. "
    Gauthier grandira en un monde difficile et sauvage, un nouveau moyen âge où la France est livrée à la barbarie de bandes de pillards. Sa première mission consistera à débarrasser son pays des vauriens qui le parasitent et qui rendent impossible le véritable combat, celui de Gauthier contre Cheik Akim, dont l’enjeu est la sauvegarde de l’Occident. La première bande de truands, celle de Lucas, est éliminée, suivie de près par celle de Manfunkel, un ancien chef de guerre.
    Les troupes de Gauthier s’étoffent bien que toujours numériquement inférieures à celles des Arabes. Une aide précieuse pour les Blancs consistera en la réactivation de la centrale nucléaire de Rouen, toujours opérationnelle, mais dont le fonctionnement exige un logiciel de décryptage. Le programme informatique, volé avant la catastrophe sociale, a abouti, par diverses voies, en la possession du grand-père de Cheik Akim, ancien éboueur parisien. L’expédition de récupération du logiciel est couronnée de succès et accroît l’indépendance énergétique des guerriers blancs. Cheik Akim, irrité par les différents coups de mains des Européens, se décide enfin, avec l’appui de ses 15 000 hommes, à crever l’abcès.
    Entre temps, des renforts inattendus en provenance de Baja, en Hongrie, apportent un nouveau soutien logistique à Gauthier ; avec deux hélicoptères de transports de troupes remis en état, la délégation hongroise est conduite par la jeune Anastasia –future femme de Gauthier- à la recherche de son frère, esclave des beurs. Tout est donc en place pour la confrontation finale qui aura lieu à Poitiers, là où Charles Martel arrêta les Arabes en 732.Leur chant de ralliement ne laisse planer aucun doute :
    " Nous sommes la jeune Europe
    Nous sommes les gens de l’avenir,
    Nous conquérons l’Europe,
    Nous combattons pour la bonne cause
    Pour l’Europe aux Européens
    Pas pour l’Europe aux Africains.
    Nous sommes nés dans la souffrance,
    et nous voulons vaincre ou mourir,
    Prenez garde à la jeune Garde,
    Vous les pourris, tous les mêmes et les tarés, et les tarés
    Prenez garde à la Jeune Garde.
    C’est la lutte nationale qui commence
    Et qui sera victorieuse demain
    C’est le grand nettoyage de la France
    La grande revanche pour les Européens.
    Prenez garde, prenez garde,
    V’la la Jeune Garde. "
    Cheik Akim est sûr de sa victoire : n’a-t-il pas le nombre pour lui ? A marche forcée, il se dirige vers le nord. Gauthier, de son côté, met dans la balance sa science de la guerre.  En véritable empereur, il confie à Edmond, son quasi-frère, le commandement de "l’armée régulière", appuyée par les hélicoptères. D’autre part, des pourparlers engagés avec  l’opposant du Cheik, Walid El Hatan, règle le sort futur des Arabes en cas de victoire européenne : ils retourneront à leurs frontières naturelles constituées par le Maghreb. Le combat engagé, la tactique de harcèlement porte ses fruits.
    Les archers de Gauthier, redoutables guerriers, malmènent les assaillants. La bataille décisive se déroulera à Poitiers même. L’ennemi blanc, insaisissable recule devant Cheik Akim afin d’attirer les Arabes dans un piège,  au centre de la ville , tout l’espace y étant miné. Les Arabes concentrés, les Blancs disparaissent par les égouts et l’explosion qui se déclenche ensevelit sous des tonnes de gravats les Musulmans. L’ambition pan-arabe a vécu. Cheik Akim est mis à mort, les beurs survivants se rendent.Une nouvelle ère européenne, brillante, inégalitaire, heureuse (pour les dominants), basée sur le culte du chef, se lève en cette Europe de 2023, sous le despotisme impérial de Gauthier et de sa garde noire :
    "Ce n’est pas avec des principes démocratiques qu’on sauve une nation : l’entretenir, peut-être ; la tuer, probablement. Dans l’état où nous sommes tombés, nous n’avons que faire d’une démocratie à l’usage interne.D’abord, la démocratie, c’est un leurre ; ça n’existe pas réellement, ça n’existe nulle part (…) le gouvernement du peuple, par le peuple à travers le bulletin de vote quadri-annuel et le suffrage universel : quelle dérision, quelle plaisanterie ! "(…)
    " Mai 2033… en ces magnifiques jours de printemps, toute la population de Rouen a été conviée à se rassembler dans le stade Friedrich Nietzsche qui s’élève à l’est de la ville. Près de vingt mille femmes, hommes et enfants attendent l’arrivée de Gautier, descendant du roi Arthur, chef suprême des armées et Empereur de la Nouvelle Europe. Les croix celtiques noires sur fond blanc se détachent sur les milliers d’étendards rouges flottant au vent. Les quatre mille membres de l’armée conduite par Edmond Le Beuve défilent les premiers, hurlant de toutes leurs poitrines le chant des lansquenets. "
    Un récit dont les idées extrémistes ont le mérite de la transparence. Les références  à l’idéologie du 3 ème  Reich, la supériorité native de l’homme blanc, de ses actions inspirées, sont constantes. Tout cela est articulé en un texte tendu, truffé de notes critiques et de références bibliographiques sélectives. Formellement, le roman est une réussite et se lit d’une traite.. Quant  aux idées…. A chacun d’apprécier.

  8. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Philippe RENFORD Parution: 1997
    La Terre, deux siècles après une guerre atomique totale. Des satellites de mort, planent immobiles au-dessus de rares cités encore habitées sous des dômes protecteurs,  traquant toute vie humaine. L’homme, ayant quasiment disparu de la surface de la planète, les plantes ont  survécu en modifiant leurs structures internes, se transformant en êtres mi-végétaux  mi-animaux. Les " Pieds-de-feu " se défendent contre les rayons mortels en croisant leurs épines monstrueuses en un dais protecteur au-dessus d’eux ; d’autres  se nourrissent d’animaux en les attrapant dans leurs pièges gluants.
    C’est dans ce décor extraordinaire que quatre individus venus de l’espace,  où les satellites qui subsistent contiennent encore une humanité évoluée, tenteront de gagner l’une des cités épargnées: StevAndr, télépathe capable d’accélérer à volonté son temps physiologique, composé de deux entités; Ina la douce mais psychopathe mortifère; Raâ, le pilote, qui sera transformé en légume vivant au sein d’une plante-mère.Tous les quatre, des mutants, relèvent de manipulations génétiques douteuses qui avaient pour objet d’acclimater les hommes à ce nouvel environnement hostile et radioactif. N’ayant pas répondu aux espoirs des généticiens, les " monstres de laboratoire " inspirèrent de la crainte aux derniers humains normaux qui envisagèrent  un programme complet d’éradication. C’est pour échapper à leur sort que les quatre amis se sont évadés de leur enfer mécanisé pour d’affronter une jungle terrestre démente et ses dernières cités hostiles.  
    Chacun d’entre eux y connaîtra un sort différent. Andr périra carbonisé mais son esprit se réfugiera dans celui de Steve (d’où StevAndr). Inna, blessée, sera recueillie et soignée au sein d’une cité. Raâ connaîtra le sort de l’esclave docile d’une plante-sac, amoureuse et vampire. Avec Kaâ, un mutant terrestre, StevAndr gagne(nt) la Cité pour délivrer Inna, en détruisant tout du même coup.
    Un récit qui n’est pas sans rappeler " le Monde Vert " de Brian Aldiss ainsi que la nouvelle " Ouvre-moi ô ma sœur " parue jadis dans la revue " Fiction ".  L’action y est enlevée, le style alerte, mais il n’y a rien de neuf dans cette oeuvre réduite à une intrigue minimale

  9. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Dean EVANS Parution: 1951
    Gannett, s’extrayant enfin de sa mine après plusieurs semaines de travail intense, se promet de prendre du bon temps à Reno. Peu cultivé et d’une mentalité sauvage, il remarque pourtant l’insolite immobilité des voisins de son village, comme statufiés en pleine activité. Dans la ville de Reno l’attend la même immobilité, le même silence. Ni le policeman ni le barman ne se troublent lorsqu’il emprunte de l’argent dans la caisse pour miser au casino, s’amusant avec ses compagnons de jeux pétrifiés.
    Les journaux, tous de la même date lui révèlent enfin que la menace russe d’utiliser leur nouvelle arme contre les USA a dû se concrétiser : l’Amérique entière a été plongée dans la mort et le silence, sauf lui, protégé dans sa mine. En sortant du drugstore, il contemple désespéré la guirlande clignotante de ce dernier jour avant Noël  où, du ciel, tombe une neige violette…
    « Il s’arrêta en face de l’église et la contempla. C’était un bâtiment bien construit, à l’air respectable. Il était agréable de la trouver ainsi, en plein Reno. – la veille de Noël, murmura Gannett, les lèvres glacées. – C’est la veille de Noël ! (…) Gannett appuya sur les poignées en cuivre de la porte en chêne close. La porte était verrouillée. (…) Dans le clocher, le haut-parleur était enfin prêt à chanter un joyeux Noël. – Que Dieu vous conserve la joie, messieurs ! entonnèrent les voix d’un chœur défunt dans une ville silencieuse. »
    La simplicité du traitement littéraire souligne l’horreur sans nom d’un crime de masse.

  10. Type: livre Thème: l’air empoisonné Auteur: Charles PLATT Parution: 1970
    Vincent connaît le risque que court la Grande-Bretagne. Employé dans un service ultra secret-défense, il est à la fois responsable des événements et victime d’un gaz libéré accidentellement, susceptible de provoquer une excitation érotique totale en imprégnant et activant les hormones sexuelles du corps de tout être vivant. Le gaz, de couleur jaune, s’étend progressivement en direction de Londres. Vincent désespérément tente de regagner la capitale pour  emmener sa famille en Ecosse à l’abri (provisoire) de l’effet du gaz. Il sait que la désorganisation sociale suivra immanquablement le déchaînement de pulsions érotiques dans la population et craint que ce dérèglement hormonal ne devienne une constante permanente de la vie, défaisant tous les liens sociaux. Il est confronté au problème en la présence de Cathy, une auto-stoppeuse qui le provoque de la manière la plus crue sans que Vincent n’arrive à lui résister. Cela s’achève par un accident, avec la voiture dans le fossé. Ils reprennent la route à pied. Vincent s’injecte de temps en temps des hormones femelles ce qui lui permet de garder les idées claires plus longtemps :
    " Cathy l’avait écouté bouche bée, les yeux écarquillés. Mais…, dit-elle, qui pourrait être assez naze pour vouloir fabriquer une cochonnerie pareille ? Vincent ne lui répondit pas. Elle soupira, haussa les épaules. Bon, je sais, tu n’as pas le droit de me le dire… Que va-t-il arriver quand le gaz retombera ? Est-ce que la population de villes entières sera prise de … ? Ce sera l’orgie généralisée, dit Vincent avec un rire sinistre. "
    Les conséquences de la transe érotique ont des effets de plus en plus considérables : durant les phases d’excitation érotique les souvenirs disparaissent, émergent par contre des pulsions sadiques ou de mort avec le déblocage des inhibitions. Vincent, après avoir sodomisé Cathy ainsi qu’un vieillard lubrique (un ¨Pasteur !), erre dans une ville en folie. Il aperçoit :  
    " La grosse femme toujours occupée à sucer le garçon de ferme. Autour d’eux, les corps inanimés revenaient tour à tour à la vie. Un garçonnet de douze ou treize ans, ravi, hilare, tressautait de plaisir sur l’asphalte tandis qu’un homme entre deux âges, en costume et en cravate, lui tripotait habilement le sexe. Une très jeune fille aux boucles dorées avait le visage enfoui entre les cuisses d’une dame qui aurait pu être sa grand’mère. Une femme à lunettes fourrait de force un petit caniche gris sous le tablier qui était son seul vêtement. Vincent s’approcha d’eux à pas de loup. Des buissons et des herbes qui bordaient la route s’élevaient un bruit de frottement continu et des couinements d’animaux minuscules. Dans les arbres, des milliers d’oiseaux gazouillaient frénétiquement. Un pivert martelait au loin, et des insectes vrombissaient et bourdonnaient de tous côtés. Cette symphonie champêtre était plus qu’à moitié couverte par la cacophonie grandissante produite par les villageois emmêlés, mélange de grognements, de ahanements, de gémissements  et de bruits de succion avides"
    Profitant du désordre total, ils s’emparent d’un avion de tourisme. Curieusement, jamais le temps n’aura été aussi beau, l’air aussi transparent. Survolant la région, luttant avec énergie contre leurs pulsions mais pas toujours avec succès, ils sautent en parachute sur la cité, l’avion allant s’écraser au loin. Vincent a un seul objectif : mettre Judith sa femme, Annette et Malcolm, ses enfants, hors de danger. Ils se cachent de la police devenue imprévisible et dangereuse du fait qu’elle est armée. Celle-ci quadrille la ville. Judith, en attendant Vincent, s’est préparée au départ en bourrant la Range-Rover de victuailles et en emportant des réserves importantes d’injection hormonales. Le petit groupe, en compagnie de Cathy et du Pasteur, se dirige vers le nord et décide de s’arrêter à Cambridge pour s’y reposer chez Edmond, le frère de Cathy, un étudiant. Vincent remarque qu’Edmond est atteint de troubles graves en ce qu’il se comporte de manière sadique avec Mme Denans, la logeuse. La soirée débouche sur une bacchanale indescriptible dans laquelle tous les personnages, y compris Annette et Malcolm se livrent à des excès érotiques impensables, de la zoophilie (avec le petit chien de la logeuse), en passant par l’inceste, jusqu’à la mort de Mme Denans, littéralement mise en morceaux par Edmond qui en apprécie gustativement  la qualité:
    " L’espace d’un court instant, un silence de mort les recouvrit de son aile blanche. Puis, une formidable détonation secoua la maison, et la pénombre du salon fut illuminée d’une grande lueur blanche et fulgurante. Avec un ensemble parfait, Vincent, Annette, Judith, Malcolm et le pasteur jouirent en poussant de grands cris, envoyant des giclées de sperme jusqu’au plafond. La logeuse explosa et la force de la déflagration les envoya tous rouler à terre. Toute la pièce fut éclaboussée d’un mélange indescriptible de sang, de viscères, de fragments de peau, d’excréments, d’urine, d’humeurs, de sperme, de morve, et de sueur. Le cylindre avait déchiqueté la grosse dame en mille petits fragments. "
    Cathy, devenue folle, s’empare de la voiture et disparaît dans la nuit. Edmond kidnappe Judith et l’entraîne vers la cité universitaire de Cambridge pour se livrer sur elle à des expériences scientifiques de la plus haute importance. Vincent reste seul avec ses enfants. Il erre à la poursuite de Judith. Le monde entier délire autour de lui. En ses rares moments de lucidité, il retrouve la trace de Judith pendant que ses enfants se livrent à des jeux sexuels dans un parc, avec d’autres enfants de leur âge.
    Vincent refait surface en contemplant avec horreur Edmond qui l’a drogué et qui lui fait accomplir – avec la monomanie qui le caractérise – des meurtres " à titre d’expérience ". Il lui laisse rencontrer Judith qui est encore entière et, le couple ne l’intéressant plus, il permet à Vincent de repartir avec Judith jusqu’à ce que Cathy réapparaisse dans sa vie. Totalement paranoïaque, elle hait Vincent en le rendant responsable de son état (ce qui est un peu la vérité). Avec d’autres mégères qui partagent sa haine du mâle, elles émasculent, étripent, lacèrent et tuent tous les hommes qu’elles enlèvent, les attachant au maître-hôtel de la cathédrale de Cambridge.  Vincent est capturé , prêt à être énuclée et châtré. Il est sauvé à la dernière extrémité par le Pasteur qui se prend pour le Christ et qui broie la pécheresse Cathy avec une croix avant de finalement se suicider devant toutes les femelles en rut. Vincent en profite pour s’éclipser vers sa famille qui l’attend en voiture grâce à la sagesse de Judith , heureux de s’échapper vers l’Ecosse dont ils atteignent les frontières vers le soir. Les choses rentrent dans la norme se disent-ils, tout en se livrant entre-eux  à l’inceste, Judith avec Malcolm et Vincent avec Annette , pratiques dont ils ne perçoivent même plus la déviance , l’effet du gaz étant devenu permanent :
    " Malcolm jouit le premier, bien avant sa mère. Il aurait voulu que cela dure plus longtemps, mais elle apaisa ses scrupules en lui disant qu’il l’avait agréablement foutue, et qu’elle avait bien pris son plaisir malgré tout. Annette jouit à son tour, mais elle continua à s’agiter sur Vincent jusqu’à ce qu’il éjacule. En sentant le sperme de son père jaillir en elle, elle eut un deuxième orgasme. Ils étaient tous au comble du bonheur.(…) Comme c’est merveilleux d’être à nouveau réunis , reprit Judith d’une voix pleine de langueur. (…) Nous sommes redevenus nous-mêmes. J’avais si peur… Si peur que nous restions comme  cela jusqu’à la fin de nos jours… Je craignais que…Que le gaz ait des effets irréversibles ? demanda Vincent. Judith hocha lentement la tête dans la pénombre. Oui, fit-elle en se serrant contre Malcolm et en lui attirant une main entre ses cuisses pour qu’il lui caresse le con. Vincent embrassa tendrement les mamelons dardés comme deux boutons de rose au bout des seins naissants de sa fille, qui dormait déjà à moitié. Tu vois, dit-il, tu avais tort de t’inquiéter. Tu as raison. De toute évidence, le gaz n’a pas d’effets durables. "
    Un roman étonnant, à la limite de  l’insoutenable. Débutant comme un récit de pure pornographie, il bascule dans l’horreur d’une apocalypse inattendue prouvant la charge explosive de la libido, sa nature profondément antinomique et sauvage, exclusive de toute récupération sociale. L’usage débridé de la sexualité lié au sadisme/masochisme de l’être humain dynamite toute structure sociale et provoque un malaise d’autant plus grand chez le lecteur lorsqu’il prend conscience que l’apocalypse est en lui, en quelque sorte. Une fin du monde originale qui peut se comparer aux romans de Farmer (" Comme une Bête "), ou de Ian Watson (" Orgasmachine ").