Synopsis :Le journaliste Etienne Mansart se promet de passer une bonne journée avec Nadine, sa collègue de travail du journal " Femina-Magazine", aux charmes de laquelle il n’est pas insensible. Un incident curieux émaille la projection du film " Napoléon " qu’ils sont allés voir : un spectateur se lève et tire sur l’écran prétextant qu’il était le seul et unique Napoléon existant. Nadine, troublée, quitte précipitamment Etienne. Le lendemain, il apprend avec stupeur par l’article de " Femina-Magazine " signé Nadine que de nombreuses autres personnes se sont prises pour Napoléon. En arrivant à son journal, la confirmation lui en est donnée par son patron lui-même gagné par une sorte de folie hallucinatoire qui s’imagine être la personne même de l’empereur.
L’hallucination progresse, telle une vague de fond, et désorganise la vie publique. Seul Etienne est apparemment épargné par le fléau. Recherchant Nadine pour avoir une explication avec elle, il constate, en se rendant à son domicile, qu’elle s’est fait enlever. Le mystère s’épaissit. Il sera convoqué à une réunion par le préfet puisqu’il est l’un des premiers à avoir été en mis en présence de l’hallucination. Il y apprend que le contact avec le sud de la France est rompu. On ne sait pourquoi et rien n’y fait, ni les avions qu’on y envoie, ni les militaires dépêchés sur les lieux, qui ne donnent plus signe de vie.Soupçonnant M. Leroy, un soi-disant représentant qui recherche Etienne, d’être l’instigateur d’une sorte de complot lié à l’hallucination, le jeune homme apprend que cet individu est l’oncle de Nadine, désireux, tout comme Etienne, de faire toute la lumière sur l’enlèvement de sa nièce.
La folie gagne Paris. Chaque citoyen étant convaincu d’être le seul Napoléon, des bagarres et des rixes éclatent, rendant la vie sociale précaire. L’anarchie s’installe au cœur de la cité :
" Aussitôt, je comprends que l’inéluctable s’est produit. L’avenue ne présente pas plus d’animation qu’à l’ordinaire. Des gens errent sur les trottoirs, désoeuvrés. Plus désoeuvrés que de coutume, peut-être ? Je reconnais quelques ouvriers revêtus de leur costume de toile bleue, qui marchent très lentement, la tête droite, très raides. Des bourgeois en costume sombre font claquer les talons sur les trottoirs, et redressent leur courte taille, orgueilleusement Des sportifs, en culotte de golf agitent belliqueusement des raquettes de tennis…Malgré le froid, tout le monde circule à l’aventure, sans manteau, sans pardessus. Je m’avise alors que j’ai moi-même omis de me couvrir suffisamment. Je grelotte. Mais est-ce bien de froid ?… Ou d’épouvante ? Car tout ce monde somnolent, plongé dans quelque rêve halluciné, tout ce monde porte la main sous le gilet, sous le veston, dans cette pose popularisée par l’imagerie d’Epinal!… "
Ne comprenant toujours pas pourquoi lui, Etienne, et maintenant Leroy, sont épargnés, le journaliste s’arrête à un indice : tous les Napoléon disent être décédés un cinq mai. Or, c’est une erreur. L’empereur est décédé un 7 mai. Lors de la réunion chez le Préfet, un savant, Sommerfeld, était le seul à avoir fait cette erreur. La seule explication rationnelle qui convienne est que le responsable de l’hallucination collective est Sommerfeld. Procédant par recoupements, Etienne apprend que Sommerfeld n’habite pas loin du cinéma où s’est déclenchée la première crise, ni loin du domicile de Nadine. En réalité, Sommerfeld, amoureux de Nadine, l’avait fait enlever par Alexis son valet, et grâce à un générateur d’ondes de son invention, avait plongé progressivement la France, puis les pays environnants dans l’hystérie la plus totale. Pour rien, parce que cela l’amusait follement.Sommerfeld est sur les traces d’Etienne qu’il sait être dangereux. Il le fait donc enlever à son tour, avec Leroy.
L’oncle de Nadine, parvenant à se défaire de ses liens, fait sauter la machine, tuant du même coup Sommerfeld et Alexis. Auprès de Nadine enfin sauvée, Etienne comprend qu’il doit son immunité à la jeune fille laquelle lui avait passé au doigt, ainsi qu’à son oncle, préalablement à l’aventure, un anneau métallique qui les protégeait des ondes néfastes, car elle connaissait l’invention de Sommerfeld. La diabolique machine détruite, les innombrables Napoléon abandonnent leur personnalité factice.
Un petit roman, dans la veine populaire, jouant de la problématique du savant fou, et conté avec beaucoup de verve.