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  • livre
  • l’entropie progresse, menaces idéologiques
  • René SEDILLOT
  • La France de Babel-Welche par René Sedillot, Calmann-Levy éd., 1983, 1 vol., grand in-12 ème , 234 pp. couverture illustrée.  roman d’expression française
    1 ère  parution : 1983
    l’entropie progresse - menaces idéologiques
  • (1906-1999) Historien. Etudes au lycée Henri IV à Paris, diplômé de Sciences Politiques. Licencé ès-lettres. Rédacteur en cherf de la "Vie française", président de l'association "Défense de la langue française". De nombreux ouvrages documentaires et historiques. Sensibilité de droite.
  • 1983

« La France de Babel-Welche » s’étend sur une période de cent ans, jusqu’en l’an 2100.
Le roman parle de la décomposition de l’Etat français jusqu’à sa disparition complète à travers de multiples aléas sociaux, financiers, économiques, politiques, biologiques, qui, à chaque période, ont accentué le délitement du pays.
Instaurant une pléiade de personnages apparentés et symboliques des pouvoirs en jeu, mais dont on suit aussi le destin particulier, l’auteur brasse les grandes théories politiques et économiques notamment par la mise en scène d’un historien-philosophe, Joseph Duplantier, qui compare le sort de la France d’aujourd’hui avec l’Empire romain de la décadence.
Le récit débute avec Frédégonde Boisjoli qui épouse Ahmed Carvalho en l’an 2005.
Les mariages entre migrants sont devenus fréquents. Sous la pression des ligues libertaires comme la L.S.F. (Ligue pour la Suprématie des Femmes), le F.N.G.C.P. (Fédération Nationale des Groupements Contre les Pollutions), le M.U.R. (Mouvement Universel contre le Racisme), les étrangers pénètrent la France, multipliant les mariages mixtes, francisant leurs noms, faisant voter des lois en leur faveur. Les Français de souche, surnommés « Welches » seront réduits à la portion congrue et sommés de faire état de leur « francité ».
Lorsque les migrants commencent à militer au sein des syndicats, ils deviennent de redoutables adversaires de l’ordre établi, tel ce Habib Teboursouk francisé en Habib Tambour, leader du syndicat majoritaire. L’élément allogène plie la langue à ses besoins, produisant un sabir indigeste, embryon d’un néo-français méconnaissable.
La pression fut tellement forte que l’on débaptisa le pays en « Welchie » et la ville de Paris en « Cosmoble ».
En attendant, le frère de Frédégonde, Xavier du Bois-Joli, occupe d’importantes fonctions au Ministère des Impôts. Sous l’impulsion de la présidente, Ursula Porfiro (d’origine bolivienne), l’Etat-Providence atteint son maximum. Comme elle avait pour règle de ne rien refuser, jamais, à qui que ce soit, chaque libéralité devait être compensée par un impôt nouveau inventé par Bois-Joli, dont le génie en la matière atteignait la démesure :
« Mais la nouvelle taxe fut mal accueillie. Le M.U.R. s’indigna qu’on put frapper ainsi les migrants : ce n’était pas leur faute s’ils arrivaient en Welchie sans bagage intellectuel. Il n’était pas tolérable qu’on favorisât les Welches de souche et qu’on imposât injustement ceux qui n’avaient pas eu la chance d’aller à l’école.
Comme le sultane et le vizir tenaient bon sur la nouvelle participation, le M.U.R. exigea qu’en contrepartie on frappât les citoyens trop instruits. Les privilégiés de l’éducation ne devaient pas être de surcroît les privilégiés du système fiscal.  Toussaint Giaccomoni ne reculait jamais devant la perspective d’une taxe supplémentaire. Il manda Xavier. « Il me faut maintenant une taxe sur les diplômés. »
Alors que la pression démographique de la Welchie s’affaiblissait, celle des migrants augmentait. En 2055, tout se gâta : ce fut l’époque de la « Grande Pressure ». Avec Toussaint Giaccomoni (un Corse) comme premier ministre, surnommé le « Grand Vizir »,  Ursula satisfaisait tous les désirs, jusqu’à faire remettre en liberté les prisonniers avec une rente appropriée, dont le sulfureux Malabar, un criminel notoire.
Bien que les aides de l’Etat tentaient l’impossible, sous les coups de boutoir du syndicat de Habib réclamant la journée de 4 heures et la semaine de 4 jours,  la récession inexorable s’accentuait. En 2058, Cosmoble était encore une ville active où les Bois-Joli (anciennement Ben Djali) avaient plaisir à résider et à aider leur amie Adélaïde Duplantin , championne de l’écologie, à lutter contre le bruit, en proposant une taxe sur les décibels.
Comme en vieillissant, Adélaïde était également choquée par la mode du nu, une taxe fut instaurée sur tout ce qui se présentait dévêtu (ce qui plut énormément aux inspecteurs chargés de l’appliquer.) Les taxes, contributions diverses, impôts, tailles, gabelles, contributions indirectes devinrent bientôt si exorbitants qu’une vague de suicide s’ensuivit jusqu’à ce qu’un Corse, rival de Giaccomoni, fit sauter le fichier informatique de tous les contribuables de la Welchie.
Un tel régime, forcément instable, fut la cause d’une hyperinflation monumentale et catastrophique. La Welchie glissa dans le rang des pays sous-développés. Les denrées ne circulaient plus. L’argent papier pléthorique ne valait plus rien. Fallait-il en revenir au troc ? fallait-il tout nationaliser ? Comment geler les prix et la hausse des salaires réclamés à grands cris par Habib ? Le 15 septembre 2070, Ursula Porfirio disparut mystérieusement de son bureau. Enlevée par un collectif de contestataires qui réclamait son poids en papier monnaie usagé (pour faire diminuer l’inflation !), elle sortit de leurs mains folle, et fut internée sans délai.
La nouvelle présidente Marigot Rosalie, une métisse martiniquaise, prit le parti de la non-intervention. Elle croyait au processus de la régulation automatique. L’absence du poids de l’Etat dans le désordre ambiant augmenta l’importance des syndicats qui préconisèrent une grève totale de tout envers tout et contre tout. Le pays s’immobilisa :
« L’asphyxie de la Welchie devint totale quand les ports furent bloqués. Furieux de ne plus pouvoir expédier le poisson sur l’intérieur, les marins pêcheurs, avec leurs chalutiers, obstruèrent l’accès des ports de commerce. Exaspérés par ce blocus, les armateurs de cargos obstruèrent les ports de pêche. Rien ne bougeait plus en Welchie, mais les télécommunications permettaient encore aux citoyens de s’informer les uns les autres.
Il n’en fut plus question quand le syndicat des agents du télévidéophone coupa tous les circuits et quand le Syndicat de l’audiovisuel suspendit les émissions.  L’un et l’autre avaient de bonnes raisons, dont personne n’eut connaissance, en l’absence de tout moyen pour les communiquer.
Il restait aux citoyens du pays welche à se déplacer à pied. Les citadins sans ravitaillement marchèrent en direction des champs, en contournant les barrages, et dans l’espoir de rejoindre un parent équipé pour survivre. De longues files de citoyens affamés s’étirèrent à travers la Welchie, en de douloureux exodes. »

Mais Habib fut aussitôt débordé sur sa gauche par un nouveau venu, un certain Kuala-Kota (thaïlandais) qui créa le parti révolutionnaire du C.G.L.O. (Confédération Générale du Parti Ouvrier).  Ayant francisé son nom en celui de Gaël Cotta, il partit à la conquête du pouvoir. Y étant parvenu, il mit Habib Tambour au placard et devint le «Grand Meneur » de la Welchie appliquant strictement le programme marxiste (dont il ne connaissait que le nom) de la confiscation de toute propriété privée, y compris les terres cultivables :
« Du jour au lendemain, par la vertu de l’ordonnance élyséenne, ils cessèrent d’être les propriétaires de leurs domaines. L’Etat qui les en chassait les indemnisait avec des titres de papier qui leur donnaient droit à des versements dont le premier commencerait dans dix ans, et le dernier s’achèverait dans vingt-cinq ans, après la fin du siècle. Entre-temps, fonctionnarisé, ils devenaient ouvriers agricoles sur leurs terres remembrées, dont la gestion était confié à un conseil local. »
La Welchie se mourut aussitôt  par une planification généralisée, descendant encore de quelques degrés dans le sous-développement. En 2081, l’eau cessa d’être distribuée à cause du manque d’entretien et de la vétusté des conduites, ce qui obligea les Cosmobolites à puiser l’eau dans des ruisseaux comme la Bièvre (un bourbier infect), ou à des fontaines naturelles. Le Grand Meneur impuissant et en fuite sera tué par Malabar, le criminel de jadis, et qui l’était resté.
La Welchie, à bout de forces, retrouva ses particularismes locaux. Le pays se fragmenta en autant de zones autonomes qui s’entourèrent de barrières douanières. Elle glissa vers un nouveau moyen âge dans lequel les technologies d’avant et les facilités d’antan n’étaient plus que souvenirs.
En 2090, un bateau sanitaire en provenance du Brésil qui avait conservé un haut niveau de vie, apporta une maladie nouvelle due à bactérie d’origine extraterrestre ramenée par de hardis spacionautes brésiliens dans leur exploration de Titan. Elle fut baptisée « la peste mauve » à cause de la couleur des bubons qui se répandaient sur la peau des malades. La contamination se fit à une vitesse extraordinaire, sans aucune parade possible. Les différentes « nations » de la Welchie moyenâgeuse furent affectées chacune à son tour, ce qui dépeupla les régions en masse.La religion, le culte de Théa, devint le dernier refuge des Welches.
Le fléau dépeupla Cosmoble à la plus grande joie de Joseph Duplantin qui put enfin se livrer à ses chères études dans une Bibliothèque Nationale désertée, évitant au passage d’être contaminé.Un remède pire que le mal mit fin à la pandémie. L’incendie qui naquit à Cosmoble, sans défenses naturelles, sans pompiers, sans eau, engloutit la quasi-totalité de la ville réduisant en cendres les connaissances transmises de générations en générations.
En 2098, la Welchie se présente comme un territoire dépeuplé où la faune et la flore sauvage revivent, où subsistent des villages isolés vivant chichement sur leurs productions locales. Ce territoire, pour une raison obscure, attira soudain l’attention des Orientaux, le peuple des Hautres et de leur chef Yuluwu qui entreprit une percée vers l’Ouest à bicyclette, moyen de locomotion volé aux Chinois.
Par vagues successives les Hautres pédalèrent en direction de l’Occident en empruntant les voies d’invasion tutélaires, dirigeant leurs guidons vers le sud de la Welchie que Yuluwu savait ensoleillé. Ses troupes épargnèrent Cosmoble, ville ruinée, cernée par les brouillards et des millions d’envahisseurs trouvèrent un nouvel asile autour de la Méditerranée où ils s’établirent :
« Lassés d’avoir tant pédalé, les Hautres se débandèrent à l’approche de la Méditerranée. Leurs vélos d’ailleurs refusaient tout service. Qu’étaient devenues les machines bien astiquées des Si-Chaniens ? Roues voilées, pédaliers faussés, guidons tordus, pignons édentés. Après huit ou neuf mille kilomètres, tout ce matériel était bon pour la ferraille. Les Hautres, pour leur part, étaient bons pour le repos.
On en vit se fixer entre Bandol et Cavalaire, entre Impéria et Viareggio. Il en fut qui s’égaillèrent en Lombardie, ou qui, par le Danube, reprirent à petites étapes le chemin de l’Orient. Yuluwu se laissa ensorceler par une fille de Vérone au regard de feu ; et il en fit sa quatrième femme.»
Près d’un feu de bois, dans le petit village de Gonesse, Joseph Duplantin réchauffait sa vieille carcasse tout en exprimant l’ espoir qu’un jour son pays puisse se relever et retrouver sa dignité.
Le récit, sérieusement documenté, le style tout en finesse, une ironie mordante et une philosophie doucement désabusée, amènent le lecteur à se faire une image d’un futur national plausible dans ses grandes lignes. L’entropie dont est frappé notre Etat quand ses forces déclinent, ressemble à celle de l’individu vieillissant. Une leçon de morale en forme de roman

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