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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Philip WYLIE Parution: 1972
    Dans ce récit d’un réalisme terrifiant,  le narrateur nous fait vivre l’agonie de notre planète. La période se situe entre 1970 et 2023. Le texte s’assemble sous forme de rapports et réunit des faits, des enquêtes ainsi que des analyses. Le tout permet de suivre l’évolution désastreuse vers laquelle l’homme amène inexorablement la planète:
    " 1975. Date de non-retour. Déjà dans les années précédentes, il y avait eu bien des désastres qui n’étaient que les signes annonciateurs des pires malheurs. A Londres, un "smog" avait durant quatre jours causé plus de mille morts par jour. Un pétrolier, le Torrey Canyon s’était échoué et fracassé, polluant une bonne partie des côtes de la Manche.
    Les écoulements des puits de pétrole sous-marins au large de la Californie avaient rapidement atteint Santa Barbara et les alentours. Tous les grands fleuves d’Amérique étaient affreusement pollués. Le lac Erié était " mort ". Les lacs communicants, Michigan, Ontario, Huron étaient "mourants."
    La technologie galopante, la course à la consommation, entraînent les grandes et petites industries à produire plus et plus vite. La pollution suit le même rythme. Centrales nucléaires, usines chimiques, alimentaires, industries minières, pétrolières, automobiles, militaires, chacun apporte son lot de déchets:
    " Dès 1970 on estimait que l’industrie et les activités humaines connexes déversaient dans l’environnement au moins un demi-million de composés chimiques dont beaucoup d’une incroyable complexité, dont des dizaines de milliers étaient connus pour leur effets toxiques sur certaines espèces, ou dont on pouvait prévoir les dangers. Ces additifs aboutissaient à la mer, entraînés par les cours d’eau, le ruissellement des pluies. Et si les quantités étaient faibles pour certains produits, ils se déversaient néanmoins dans la mer par milliers ou par dizaines de milliers de tonnes. En 1980, les mers de la planète charriaient plus d’un million de produits chimiques... "
    Les tentatives pour alerter l’opinion restent vaines, ou alors:
    " Les gens tournèrent le bouton pour ne plus entendre parler des nouvelles sans cesse plus alarmantes quant aux dangers courus par leur environnement. Ils étaient fatigués, ils en avaient marre... Ce qui advint ensuite, quand on fit un effort pour forcer l’industrie et les villes à mettre un terme à la pollution, fut pire. Une telle entreprise impliquait des pénuries passagères, et  cela, les populations, menées par les syndicats, se refusaient à le supporter. "
    Quelque part, une écume verte mutante se développe. Ailleurs, une rivière devenue poubelle, explose à la suite d’une réaction chimique. Il y aura plus de cent mille victimes dans l’agglomération se situant sur ses rives. Ailleurs encore, les habitants d’une grande ville d’Amérique sont fauchés par millions, l’air qu’ils respirent devenant toxique. Un virus qui détruit le riz dans les pays du Tiers Monde, et c’est la fin. La mer charrie des milliards de vers qui attaquent toute vie animale et humaine.
    La recherche de nouvelles énergies provoque le cataclysme final. L’Antarctique malmené entre dans une période d’activité volcanique. Les glaciers fondent, le niveau des mers monte. Mers polluées, atmosphère polluée, radioactivité, smog, formes de vie mutantes, climats bouleversés, tremblements de terre, monée du niveau des océans, telle est la situation en 2023. L’homme n’a plus aucun avenir.
    La "Fin du rêve" est un roman prémonitoire qui met l’accent sur la généralisation des pollutions en ce fin de siècle. Avec le "Troupeau aveugle" de John Brunner, il constitue l’avertissement le plus net quant à la probabilité d’une vraie catastrophe dans le monde réel du XXème siècle si aucune mesure n’était prise pour minimiser le phénomène. Or ce qui sépare le réel de la fiction est que ces mesures commencent à être prises.
    Néanmoins, en 2001, la mer Baltique reste une étendue d’eau polluée par les sous-marins soviétiques en train d’y pourrir, les rejets porcins en Bretagne stérilisent une terre devenue acide, les nappes phréatiques sont régulièrement polluées par les nitrates, les centrales nucléaires en Russie demeurent obsolètes et très dangereuses, la pollution aérienne par jours de grand beau temps au-dessus des villes atteint des pics dangereux. Et là, ce n’est plus de la fiction...

  2. Type: livre Thème: épidémies, invasions d’insectes Auteur: Yvon HECHT Parution: 1988
    Sous forme de journal, les événements sont relatés par différents protagonistes. Le Docteur Nathan, gynécologue est le premier à se trouver en contact avec l’horreur : un bébé que la jeune femme qu’il vient d’accoucher a mis au monde :
    " Je le regardais. Si je n’avais pas su son origine, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’une larve blanchâtre de hanneton ou de papillon tropical mais aux dimensions géantes ; une cinquantaine de centimètres sans doute. Les bourgeons dorsaux me semblèrent moins importants qu’à première vue. Les annelures étaient agitées par un flux interne. J’apercevais la tête. Contrairement aux larves communes, les yeux étaient clos. Une fine membrane, la paupière ( ?) les recouvrait. Des mandibules fonctionnaient devant l’orifice buccal, humecté par un liquide assez épais.
    A cette vue, il appelle son collègue Bovotny qui était déjà au courant car, selon lui, de nombreux accouchements provoquent l’existence de monstres. Une lésion des gènes aurait crée une mutation régressive. Les mises au monde des monstruosités augmentent continuellement. Déjà des journalistes signalent, ça et là, l’apparition d’insectes géants.
    Le deuxième témoignage provient de Vertin, chef des informations d’Express matin, et de Debroux, journaliste. Partout dans le monde, des foyers d’insectes s’attaquent aux récoltes. Les savants sont inquiets : ils sentent se profiler une menace abominable pour l’espèce humaine :
    « Songez que l’être larvaire (que la femme a engendré) ressent peut-être l’acte d’amour, la colère, la joie et que tout s’imprime dans ses jeunes tissus. Maintenant un parasite a pris sa place. Peut-être par un simple phénomène d’osmose, par une stase d’accoutumance au milieu, la larve qui naît conserve-t-elle aussi dans sa mémoire le jeu des sentiments et des passions humains. Rassemblez maintenant ces deux données : civilisation des insectes et mémoire fœtale : vous aurez à une puissance inconnue le développement d’insectes monstrueusement adaptés et riches. »
    En Inde, les insectes sont sacralisés et certains fanatiques se disent leurs serviteurs, s’opposant par là à l’ordre officiel qui  est d’éradiquer sans pitié tout insecte nouvellement né.L’infection progresse pour tous les mammifères : le bétail mettant bas, les insectes se reproduisent à une cadence accélérée, acculant l’Orient à la famine :
    "J’aurais voulu la saisir par les épaules, lui parler de fraternité universelle, de l’élan de générosité de tous les peuples riches quand ils apprendraient la situation effroyable de l’Inde, mais je savais que l’épidémie avait gagné déjà l’Europe et l’Amérique et que demain peut-être, la barbarie, la misère l’effroyable cyclone d’un destin ironique et vengeur égaliserait sans doute toutes les nations dans le dénuement. "
    Bientôt le pullulement des insectes est tel qu’ils se lancent à l’assaut des villes humaines, sources de nourriture. La lutte se durcit entre les hommes et les insectes qui ont pour eux l’avantage du nombre :
    " La rue était envahie d’un moutonnement. C’étaient des milliers d’insectes qui avançaient, énormes fourmis en cohortes,  serrés, tassés, comme un ruban indéfiniment long et lent. "
    Leur arme est une sorte de sérosité vénéneuse dont l’attouchement provoque une paralysie des nerfs. Avec la guerre, émerge une nouvelle catégorie d’êtres, les collaborateurs ou humains esclaves des insectes qui cohabitent avec eux en des complexes souterrains à la structure de fourmi-lières. En certains cas, il leur arrive même de leur servir de nourriture. :
    " Dans chaque niche, il y a un homme ou plutôt une gelée d’hommes. Les os ont été ou disloqués totalement ou, plus vraisemblablement, liquéfiés. On reconnaît le visage ou la main, mais les contours sont flous, étalés ; des yeux clos se plaquent sur le visage distendu et mou (…) et dans cette chair informe une petite larve respire ".
    Les hommes, par hasard, feront la preuve de l’intelligence des insectes en mettant la main sur des cartes topographiques annotées, décrivant des plans d’invasion de territoires humains en France ou en Espagne. Les humains perdent pied peu à peu alors que les insectes, sapant les fondations des villes, en provoquent leur chute.L’espèce humaine semble condamnée. Les insectes, qui non seulement se multiplient mais croissent en taille, adoptent une stratégie leur permettant de saper les fondations et de détruire tous les grands centres urbains, gardant un quota restreint  de villages et leurs habitants comme réservoir de main-d’œuvre.
    La nature même s’est transformée. Des fougères géantes, des prêles, qui poussent plus drues ramènent l’humanité, ou ce qu’il en reste, à l’ère secondaire.Néanmoins, tout le monde n’a pas abdiqué.
    En Europe, de rares centres scientifiques secrets ont trouvé une arme efficace issue de ces fougères mêmes : l’utilisation de phéromones et d’indicateurs olfactifs qui modifient le comportement des insectes, détournant leur agressivité contre ces derniers.Ainsi émerge, hormis le groupe des savants bientôt enrôlé dans la lutte,  un meneur d’exception : Kloppenbourg. Celui-ci instaure un système social autoritaire, satisfaisant à la fois son goût du pouvoir et sa volonté de mener les hommes, ou ce qu’il en reste, hors de la nasse. Tous plient devant lui. Il obtient d’ailleurs des succès appréciables dans l’utilisation de ces phéromones, faisant se battre entre eux termites géantes ou fourmis empoisonnées :
    «Antennes vibrantes, plusieurs milliers de fourmis avançaient sur le chemin de la nourriture balisé par l’hélicoptère. D’autres groupes se précisaient, suivant les aspérités du terrain. La terre se recouvrait peu à peu de ce tapis vivant, brunâtre qui oscillait dans sa marche. En observant mieux l’invasion de ces barbares, on devinait qu’il ne s’agissait pas d’une ruée indisciplinée.
    Des insectes en serre-file, tout le long du ruban, empêchaient toute dispersion, toute velléité de s’ébattre ou de musarder. Le flot était compact, les antennes de chacun palpaient le corps du précédent et la cadence de progression était rythmée par des éclaireurs dont les premiers parvenus au pied des tours, se déployaient comme pour les encercler.»
    Vivant dans un camp retranché, les derniers combattants ont fort à faire pour vaincre non seulement les insectes, mais aussi les collaborateurs, les traîtres, les défaitistes et les agitateurs de tous poils qui contestent son autorité. Même certains savants, dont Bolzinsky, trouvent que Kloppenbourg prépare la mort totale de la biosphère.
    Partant de l’idée que les insectes entretiennent une relation vitale avec les plantes à fleurs, il recrute et donne l’ordre à tous ces agriculteurs improvisés de commencer à raser les angiospermes, afin d’éradiquer les ennemis, mais condamnant consciemment à la famine le restant des humains. Sans oublier qu’une nouvelle religion, la « la Fraternité blanche » prêche l’équilibre d’une vie ou insectes et humains vivraient cote à côte. Sans oublier qu’un couple, qui a rompu les amarres avec la société autoritaire, se présente comme les nouveaux Adam et Eve d’une humanité régénérée…
    « La Fin du quaternaire (… et la suite) », en une série de tableaux et de relations faites par les divers protagonistes, multiplient les points de vue pour mieux faire saisir au lecteur l’étrangeté et la radicale transformation des sociétés, menacées de l’intérieur même par leur propre descendance dans laquelle elles ne se reconnaissant plus.
    L’adoption d’une telle composition augmente l’effet de vraisemblance mais provoque aussi un désagréable sentiment de rupture, accentué par les ajouts et remaniements successifs d’une deuxième mouture ou les positions philosophiques de l’auteur prennent le dessus sur le romanesque, sans pour cela être davantage convaincantes.
    En bref, un livre daté et obsolète qui n’a pas le souffle des «Furies», par exemple (voir ce titre).

  3. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Antoine Marius REY-DUSSUEIL Parution: 1830
    Dans cet ouvrage (en deux volumes) seul un mince fragment du texte est consacré à la fin du monde proprement dite.
    L’auteur met en scène un moraliste le jeune Brémond qui s’entretient avec diverses personnalités significatives de la société française en 1830, ce qui sert de prétexte à une critique virulente du gouvernement Guizot. Peut-être est-ce par là, à travers un glissement sémantique, qui part de l’idée de « la fin d’une société » ou de la « fin d’un régime », qu’il en est venu à évoquer la comète de 1832, porteuse de catastrophe, ce qui n’émeut d’alleurs pas plus que cela ses contemporains. Avec beaucoup de sang-froid il décrit les conséquences d’une collision  de la comète avec la terre, un déluge universel censé noyer toutes les parties basses du monde :
    « Hâtez-vous, mes amis, car une fois la fin du monde venue, si l’un de vous réchappe à la catastrophe, les eaux auront enseveli les bases de ces immenses monts, et ce qui restera des Alpes, modeste îlot, élèvera sur le front de la mer quelques insignifiantes aiguilles. Le Mont-Blanc sera une autre butte Chaumont, et sur son sommet dépouillé de neiges on cultivera des laitues. »
    Brémond se retire donc  dans les Alpes, à « Chamouny »,  où déjà se pressent des cohortes apeurées. Il y découvre Sara, le grand amour de sa vie, une « quackeresse » psycho-rigide qui ignore ce jeune homme que l’amour abêtit. La comète et ses désagréments seront donc les bienvenus, Brémond s’imaginant représenter le futur couple primitif avec Sara  pour compagne :
    « Tout à coup un bruit épouvantable, un bruit de cent tonnerres répétés par d’innombrables échos, se fit entendre; le ciel, tout de feu, sembla s’ouvrir, comme pour laisser tomber les astres qui y sont attachés ; les Alpes émues s’agitaient avec un craquement terrible, jusques dans leurs bases ; des milliers d’ouragans se heurtaient dans l’air, et de longs mugissements s’échappaient des plus profondes entrailles de la terre…Que se passait-il dans cette tempête suprême ? Aucun être humain ne le pourrait dire ; il faudrait une voix de prophète inspiré par une pensée divine, car aucun être humain ne l’a pu voir. Quand le jeune homme revint à lui, il avait la face contre terre, les membres sanglans ; sa pensée était frappée d’un long et terrible engourdissement. Il se leva, hâletant ; il voulut porter ses regards vers la vallée, et ses regards rencontrèrent un Océan, dont les vagues immenses semblaient défier en hauteur ce qui restait des Alpes.  Et Sara !… Sara avait disparu.»
    En conclusion que reste-t-il aussi de notre thème dans cet ouvrage cité par Versins et dont le caractère mythique (car introuvable) a enflammé les imaginations ? En réalité fort peu de choses sinon une belle idée que les successeurs de Rey-Dussueil reprendront avec davantage de sérieux.

  4. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Pierre Paul PARADIS Parution: 1895
    Le poète désire faire partager sa vision de l’apocalypse qui se présente sous les traits communs de l’eschatologie chrétienne. Son tableau est traversé par des images romantiques et modernistes. Comme si cette vision était trop horrible pour être appréciée de près, il est enlevé sur la planète Vénus :
    « La distance à Vénus est incommensurable.
    Jamais je n’eusse pu voir l’étoile admirable
    Sans l’électricité.
    Parvenue sur la nue un courant électrique
    Donna de tels élans au tourbillon magique
    Qu’en l’astre il m’a porté. »
    A l’instar de la Terre, Vénus possède des villes, des arbres, des palais mais apparaît déjà condamnée :
    « Le temps allait finir sa course séculaire.
    La sombre éternité, s’avançait sans mystère, (…)
    Déjà la fin des temps, ce spectre au front livide,
    S’abattait sur Vénus comme une hyène avide. »
    Des guerres sanglantes, des malheurs de toutes sortes se font jour :
    « Le soleil obscurci n’éclairait la nature
    Que par des jets sanglants rougissant la verdure ;
    Des tonnerres affreux, d’horribles tremblements
    Faisaient sécher d’effroi tous les êtres vivants. »
    Elles contrastent avec les périodes heureuses d’avant où la planète était féconde, où
    « Rien ne venait voiler l’éclatant horizon.
    Les plaisirs les plus doux doraient chaque saison ;
    Tout respirait l’amour sur cette étoile blonde. »
    Avec l’apparition du prophète de la mort, l’Antéchrist, qui fascine les foules :
    « Son règne s’étendit comme un nuage noir
    Quand un sombre ouragan éclate sur le soir
    Et déchaîne les vents et l’éclair et la foudre. »
    D’autres désastres suivront comme les blés qui se dessèchent, le soleil qui s’obscurcit, la famine, les désordres sociaux et les crimes, la guerre de tous contre tous. Les éléments naturels ajoutent à ce tableau sinistre : cyclones, ouragans, ciels ensanglantés, grondement des mers :
    « Sur le funèbre lit, tombeau des nations
    On eût dit le réveil des générations.
    Tout annonçait, hélas ! les derniers jours du monde.
    Les peuples cependant sur ce volcan qui gronde
    Bâtissaient des cités et des chemins de fer,
    Essayant de jouir encore en cet enfer.»
    Aussi, lorsque les hommes (tiens ! ne sommes-nous donc pas sur Vénus ?) s’obstinent à vivre comme ils le peuvent, le poète, témoin à un mariage digne d’un enterrement, voit venir un messager de la mort, annonciateur de la fin :
    « Chacun vers son foyer avec effroi s’élance;
    L’écho devient sonore ; un silence imposant
    Règne alors dans les airs pendant quelque moment ;
    Un poids lourd pèse aussi sur tout ce qui respire ;
    Tout se tait, nulle brise au-dehors ne soupire,
    Et la nuit est profonde ; une intense chaleur
    Se fait sentir et jette une morne stupeur. »
    Les signes se multiplient dans le ciel, les bêtes sauvages cherchent un refuge auprès des hommes, des églises et des temples volent en éclats, des cratères bouillonnants s’ouvrent sous les pieds. Au dernier moment, le poète, menacé dans sa chair, est enlevé par un ange et ramené sur notre planète. Depuis, sa vision le hante.
    Peu de science-fiction dans ce long poème à but apologétique mais une description de la fin du monde tellement précise et circonstanciée que nous l’avons pensée digne d’être inscrite à notre répertoire.

  5. Type: livre Thème: l’entropie progresse..., l’apocalypse réalisée Auteur: Blaise CENDRARS Parution: 1948
    Dieu le Père  en businessman américain, est très mécontent de sa création. Appelant à son secours le prophète Ménélik, roi d’Ethiopie, il en vient à suggérer à l’ange Notre-Dame (celui du haut de la cathédrale de Paris) d’emboucher la trompette de l’apocalypse. Aussitôt, suivent une série d’événements : le disque solaire s’agrandit, dessèche la terre; des vents et de la poussière soufflent en tempête. Un nouveau climat produit un nouveau règne animal composé de mutants. Le refroidissement survient ; de glaciations en glaciations, de sécheresses en sécheresses, la terre n’est plus qu’un immense désert parsemé d’os blanchis. Les hommes ont disparu depuis longtemps. D’autres formes vitales ont pris le relais :
    « Puis tout se fige. Les glaces s’étendent ; les mers sont envahies et le ciel les charrie. Les oiseaux sont morts et les animaux terrestres. Sur les rives d’un étroit chenal d’eau tiède, qui seul subsiste, viennent respirer des êtres humides, apodes, à face humaine, ayant les poumons à l’extérieur, des deux côtés de la tête.»
    La chaleur a fait se liquéfier les solides qui forment un fleuve de boue, les eaux se subliment en vapeur. Le brouillard granuleux qui en résulte rappelle les conditions primordiales de la genèse : bouillonnement, rayonnement, nuée ardente, existence d’une mer huileuse et lourde, d’une terre noirâtre et graisseuse.  De là surgira une nouvelle vie, qui, en accéléré, aboutira à une (nouvelle) ville de Paris au moment où l’ange N.D. repose sa trompette alors qu’un Dieu le Père, fatigué, s’assied lourdement à son bureau directorial.
    Etonnant petit opuscule que « la Fin du monde ». Blaise Cendrars livre un synopsis de film non réalisé qui fourmille d’idées et de tableaux à la fois apocalyptiques et surréalistes.
    La première édition de cette œuvre, illustrée par des tableaux de Fernand Léger, est rarissime et recherchée.


  6. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Thomas MURECAY Parution: 1934
    Une pièce en trois actes et quatre tableaux qui met en scène le Seigneur, fatigué de l’impertinence et de la cruauté des humains. Durant le jugement de Jeantilou, un condamné à mort décapité à tort, défendu par l’ange Patifol, Grégoire, ex-souverain Pontife, et le Suicidé, ex-professeur de philosophie, attendent leur tour, ce  qui met le comble à l'irritationde Dieu :

  7. Type: livre Thème: le dernier homme, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Pierre BOURGEADE Parution: 1984
    A la Gare Saint-Lazare , un jour de juillet, le narrateur attend sa " veuve ".  Elle arrive en compagnie d’une amie. Cette rencontre sera prétexte à une suite de fantasmes de type sexuel, plus délirants les uns que les autres, dont le point commun est la disparition des femmes.  
    La femme, être aimé et haï à la fois, nécessaire et superflu, se verra tour à tour, dominée, dominante, assassinée et poussée sur la voie du métro par le narrateur ou brûlée dans un incendie allumé intentionnellement par des mâles en rut.
    Le tissu même des mots s’érotise et les jeux de mots constants sur les boules de billard/ queue de billard,  et les testicules / verge, montrent le délire/désir croissant du narrateur. Le mal s’amplifie lorsque les femmes ne mettent plus de filles au monde: " Je lui demandai combien il avait enregistré de naissances à cette heure de la nuit. Deux, me dit-il. Garçons ou filles ? Deux garçons. Il fut un peu surpris de ma question : de toute évidence les enfants attendus ne pouvaient être que des garçons ou des filles, et nul ne saurait s’inquiéter de voir naître à la file deux , trois, ou quatre garçons. Mais à l’heure où je lui posai cette question, j’avais déjà noté que, dans mon propre service, étaient nés treize garçons et pas une seule fille. "
    Dans sa quête passionnée, le narrateur ne retrouve plus les femmes qu’il a connues. Elles ont mystérieusement disparu ou se sont transformées en petits garçons. La même vision semble être partagée par tous ses frères masculins. Par une sorte d’involution, la nature entière cesse de fournir des femelles :
    " On connaît la suite, : les horloges continuant de tourner à l’envers , le soleil roulant dans le ciel d’ouest en est , les jours s’enfuyant de la nuit à l’aube , les traités de paix précédant les guerres , les guerres revécues une à une sans que rien permettre de les éviter , les hommes frappés de rajeunissement , les vieillards contraints d’avancer vers l’âge mûr , les hommes d’âge mûr vers l’adolescence , les adolescents vers l’enfance , et tous, au fur et à mesure que le temps passe , vers ce moment effrayant de la naissance , devenant infimes au point de disparaître bientôt dans un autre être , ces êtres, les femmes, rentrant elles-mêmes les unes dans les autres , emportant dans leur ventre l’humanité, à la manière des tables gigognes ou des poupées russes, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une seule, la première, dont le ventre contient tout , y compris ce rêve. "(…)
    " Les événements se précipitent. Faute de donner naissance à des filles, les femmes se condamnent elles-mêmes à mort. Elles prennent irrémédiablement de l’âge alors que des hommes continuent de naître.  L’aspect des villes se modifie. Les rues se peuplent de garçonnets, d’adolescents, d’hommes mûrs ... et de vieillardes.
    Celles-ci s’éteignent l’une après l’autre, et d’abord en Occident , où la pollution urbaine et l’habitude des plaisirs ont rendu l’espèce plus fragile. Plus une seule femme blanche ! De grandes armées se mettent en marche. Elles vont arracher les femmes de couleur aux peuples qui les détiennent indûment. "
    L’état d’urgence est décrété. La civilisation est en péril : c’est la fin du monde par  extinction de l’espèce. De nouvelles lois seront promulguées qui permettront aux hommes de copuler avec les rares femelles animales que des expéditions guerrières auront pu retrouver. C’est pourquoi il reste au narrateur à jouer à Pygmalion en modelant dans la terre glaise un corps de femme à qui sa verge insufflera la vie,... et qui mettra au monde une fille, Eve :
    " Cette nuit-là dure mille ans. Le rêve du premier jour s’est accompli. Je vois , comme annoncé, les femmes disparaître , les hommes demeurer seuls sur la planète , puis s’éteindre eux-mêmes, un à un. Il ne reste que moi. La végétation a tout recouvert. Dans une clairière, je somnole.
    Un matin, suivant un chemin de fougères et de ronces, j’atteignis la lisière de la forêt. Le soleil se levait, faisant miroiter l’eau des fossés. Le ciel était blanc. Je regardai la terre. Elle était faite de limon épais qui donnait envie qu’on le touche, de la main. Je me mis  à genoux et, peu à peu, avec ce limon que je mouillai d’eau, je façonnai le corps d’une femme. "
    Un roman dérangeant par son intensité. Il a le mérite de libérer le roman cataclysmique de son carcan thématique  pour affirmer de façon native, brute, en quelque sorte, l’obsession du désir érotique, de la volonté de puissance, de l’amour fou , qui sous-tend toute la problématique du genre.

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Joachim RENEZ Parution: 1931
    Jean Novalic personnifie le Christ en croix dans le cadre d’une représentation théâtrale à laquelle assiste son frère astronome Martial Novalic, Geneviève de Murcie et son père, astronome également, ainsi que Schomburg, un banquier peu scrupuleux, et sa maîtresse Isabelle. Jean Novalic a la tête de l’emploi : pénétré des misères humaines il avait écrit un ouvrage prophétique, que peu de ses contemporains ont lu, « le Royaume de la terre », dans lequel il pointait l’amour universel comme moteur de l’évolution humaine. Attitude philanthropique que méprise Schomburg, véritable Satan incarné, qui convoite Geneviève:
    « Schomburg avançait lentement, mais sûrement. Le poison versé grossièrement par Isabelle, il le versait, lui, goutte à goutte, et cette distillation du venin agissait sur Geneviève, qu’il prenait peu à peu par le rire. Elle riait follement des propos malsains qu’il murmurait à son oreille, le regardant, elle le comparait à ces belzebuths de pierre que les sculpteurs du moyen âge mettaient en gargouilles sur le toit des églises. Il était vraiment satanique, et Geneviève trouvait une volupté malsaine à se voir désirer.»
    Le père de Murcie, s’apercevant du manège, jaloux de la réputation de Martial Novalic qui a eu le prix Nobel, propose Geneviève à Schomburg. Elle, qui n’a d’yeux que pour Jean, hésite devant l’hommage du banquier qu’elle sait intéressé.
    Pourtant, la situation internationale ne prête pas à rire. Partout des bruits de bottes confirment l’horreur d’une guerre mondiale future dans laquelle les Chinois seraient principalement impliqués comme agresseurs :
    « Les quatre cavaliers de l’Apocalypse cavalcadaient, farouches, et derrière eux, des milliers de cadavres échappés du néant suivaient, agitant leurs suaires ou se démenant dans des uniformes en lambeaux et leurs figures spectrales grimaçaient hideusement ; cette marée funèbre, grandissant peu à peu, envahissait l’inscription terrible et fugitive annonçant la révolte de neuf cent millions d’hommes prêts à la course à la mort. »
    Schomburg est aux anges. Avec Wester, un autre banquier douteux, il prend des options sur une vente importante d’armes, les deux complices étant assurés de s’enrichir énormément :
    « Les deux banquiers échangèrent un sourire. Cela marchait fort bien ; la tourmente allait s’abattre sur le monde, les cadavres s’entasseraient et, pour arriver à ce charnier, il fallait des munitions. La banque allait retrouver les heureuses heures de jadis ; on allait jongler avec les vies humaines pour entasser des flots d’or. Crève l’humanité, pourvu que les coffres-forts engouffrent l’or ! La Banque est internationale, elle est sans patrie, car le capital est universel, et c’est à cette preuve qu’il appartient de droit. »
    Alors que Jean survit misérablement dans une soupente, trahi par ceux auxquels il a fait du bien, y compris par Geneviève, qui, fascinée, s’acoquine avec Schomburg, survient un événement imprévu et dramatique qui va modifier les situations. Martial Novalic détecte l’arrivée d’une énorme comète :
    « Le noyau opaque de cette comète me paraît être sept fois celui de la Terre ; la longueur de sa chevelure, de trois cent millions de kilomètres. L’analyse spectrale me l’a montrée baignant dans le protoxyde d’azote et l’oxyde de carbone. Elle sera distincte à l’œil nu dans un mois et heurtera la Terre dans cent quatorze jours, sept heures, vingt deux minutes et sept secondes. »
    Ses calculs – dont tout le monde savant se gausse en les prétendant faux- sont sans appel : l’évenement dramatique aura lieu et il ne reste que cent jours pour en tirer toutes les conséquences. Schomburg est furieux. L’annonce de la fin du monde fait passer au second plan les guerre dont il espérait tirer profit. Après avoir violé Geneviève, il se dresse contre Martial pour le discréditer. Ce dernier, en rendant visite à Jean, s’aperçoit de l’extrême misère de son frère et lui donne une forte somme d’argent que le prophète utilise pour répandre ses visions d’amour sur tous les supports médiatiques possibles :
    « Si tu as besoin de mes écrits, puise dans ces manuscrits qui sont les gardiens fidèles de ma pensée. Si tu as besoin de ma présence vivante et de ma parole, l’industrie moderne t’en donnera les moyens. L’argent que tu m’as envoyé m’a été précieux pour mon œuvre. Voici des disques de phonographe, le verbe ; voici des films impressionnés, la présence vivante. Même, moi disparu, mon action peut s’exercer sur l’humanité. »
    Devant les attaques de Schomburg, Martial réagit. Il convainc Wester, l’ancien allié du banquier, de l’imminence de la fin des faibles et de la survie des forts. Il lui demande de mettre son argent à la disposition du Bien et, incidemment, de ruiner Schomburg. Ensemble, ils construiront une organisation mondiale dans laquelle une dizaine de relais autour de la planète seront chargés de propager les idées généreuses et fraternelles de Jean Novalic. La tour Eiffel leur servira de relais de communication principale jusqu’à l’arrivée de la comète.
    Bientôt, l’agitation gagne le monde entier :la comète devient visible à l’oeil nu :
    « Les gens campaient dans les rues. La visibilité de la comète se faisait de jour en jour, elle était devenue des trois quarts de la grosseur du soleil et présentait une teinte verdâtre. Un grondement sourd, continu, bruit étrange, jamais entendu, accentuait l’anxiété générale. Des orages magnétiques commençaient, des nuages noirs passaient devant la comète et l’éclipsaient par instants. (…) Le règne végétal commençait à être frappé (…) le feuillage se rétractait comme crispé par l’épouvante et tombait. Les arbustes se tordaient et mouraient. »
    Schomburg – toujours avec l’aide du père de Geneviève- déclenche une vaste campagne de calomnie envers Martial, mettant les policiers de son côté. Il désire éliminer physiquement Wester et Martial dans leur quartier général de la tour Eiffel. Quant à Jean, son rôle prophétique prend fin. Vaincu par trop de passion, sa raison s’altérant, il sera transporté dans un asile d’aliénés.
    Les jours passent et la comète, énorme maintenant, provoque un ensemble de bouleversements telluriques, météorologiques, atmosphériques qui créent la panique pour des millions d’êtres humains :
    « Une pluie lumineuse semblait s’abattre sur la terre ; des aérolithes tombaient, écrasant des maisons, apportant la terreur et si quelques-uns parmi les humains se terraient, fous de peur, d’autres, extatiques, écoutaient toujours les paroles salvatrices inspirées par Jean Novalic.
    La bourse en chute libre, le travail arrêté, les comportements les plus aberrants se font jour, soit de jouissance effrénée, soit d’agressivité incoercible. Geneviève, prise de remords, avertit Martial de l’attaque de Schomburg. Le banquier satanique mourra écrasé par la chute de la cabine d’ascenseur de la tour. Pendant ce temps, les émissaires de Martial, qui ont travaillé les populations en profondeur, rassemblent les hommes de bonne volonté, les « forts », ceux qui survivront au péril. La proximité de la comète modifie à tel point les conditions terrestres habituelles qu’une étrange sensation s’empare des survivants :
    « Chose curieuse, à la fébrilité des êtres succédait une sorte d’extase, leur figure rayonnait comme s’ils avaient la vision de quelque miracle. Une fluidité inconnue traversait les choses, tous les corps, comme si l’univers baignait dans de l’air liquide. (…) Martial, qui se débattait dans la torpeur qui vient de s’abattre sur tous, balbutia aux savants qui l’entouraient : -Courage : l’oxyde de carbone en rencontrant l’oxygène, forme le protoxyde d’azote. Nous baignons dans les gaz hilarants.(…) Tout devenait d’une diaphanité de rêve, plus d’ombre, et le triomphe de la lenteur dans une atmosphère irisée et splendide s’affirme. La Terre devient comme une sorte d’ectoplasme de la comète. »
    Sans perdre de temps, Martial et Wester avec De Murcie et Geneviève repentante, jettent dans les heures qui précèdent le cataclysme, les bases d’une république universelle fondée sur l’altruisme et la fraternité, proclamant la guerre hors-la-loi :
    « Un grand cri vint rompre le silence humain et domine l’effroyable sifflement de l’atmosphère incendiée.
    -La Terre brûle ! la Terre brûle ! hurlent des torches vivantes qui viennent d’un point touché par un aérolithe, qui courent et s’effondrent. Le bruit étrange redouble, on entend la plainte, le gémissement de la terre. Martial parle :
    -Article III : les Etats fédérés des deux Amériques sont constitués.
    Les Américains, sous une pluie de feu, agonisent, en acclamant ces mots. Et article par article, le Maître des forts proclame la fédération asiatique, africaine. Les noirs, fraternellement, embrassent les blancs. Qu’importe le cataclysme, puisque doit en sortir l’union des peuples. »
    Dans le monde entier l’on projette les images enregistrées de Jean Novalic où il explique ses idées novatrices à ceux qui survivront à la catastrophe :
    « En gros plan, sur l’écran, à genoux, suppliant les hommes, Jean, les mains tendus, avait une telle expression, que toute la foule, d’un seul élan, se leva et se découvrit comme devant l’apparition d’un saint. La voix de Jean se faisait encore plus persuasive.
    -Aimez la plante, l’oiseau, le vent, l’eau et les pierres mêmes. Aimez-vous ! Aimez-vous ! Aimez-vous ! »
    Enfin la comète, ayant rebondi sur l’atmosphère terrestre, se perdra à nouveau dans le cosmos, laissant une terre meurtrie et dévastée mais une société d’hommes nouveaux, lavés de tout mal et tournés vers l’avenir.
    « la Fin du monde » de Joachim Renez est une adaptation scrupuleuse du scénario filmique d’Abel Gance, lui-même inspiré par le roman de Camille Flammarion. Certaines idées peuvent sembler naïves mais le récit ne manque pas de grandeur. D'ailleurs, une rédition récente en DVD vous permettra de vous en faire une idée de visu.

  9. Type: livre Thème: menaces climatiques, fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Eugène MOUTON Parution: 1883
    Eugène Mouton, dans une nouvelle qui tient beaucoup de la dissertation, explique comment, d’après lui, se produira la fin du monde. La surproduction, la surconsommation, la surindustrialisation, le développement urbain, l’exploitation forcenée de la houille fossile et la déforestation produisent par accumulations successives, fermentation, distillation et un excès de chaleur qui seront à l’origine de la combustion spontanée de la Terre.
    D’abord les océans déborderont, qui noieront l’Europe, l’Afrique et l’Amérique avec leurs humanités. Puis, l’élevage intensif du bétail sur les terres restantes sera à l’origine d’une couche de détritus organique grandissante qui fermentera de plus en plus. La température ambiante ne cessera d’augmenter. L’eau disparaîtra, les océans s’assécheront. Les derniers ressortissants de l’espèce humaine, en une danse macabre, tomberont en morceaux : la terre sera morte.
    Quelques pages de pure ironie, un condensé conjectural qui ne manque ni de charme ni de…chaleur ! Amusant pronostic, avec, de-ci de-là, des intuitions géniales quant à l’avenir de notre pauvre planète.

  10. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, fins du monde, fins de l'humanité Parution: 1955
    Des expériences atomiques doivent se dérouler dans la mer des Sargasses. Le professeur Doucet, soutenu inconditionnellement par Annie, sa fille, lors d’une conférence chaotique, prévoit le pire si ces explosions se produisent, soit le bouleversement global de la terre, des ouragans et du volcanisme généralisé, puis la chute des villes et la disparition de la civilisation, voire de l’espèce humaine.
    Il ne sera pas pris au sérieux. Ni écouté, ni entendu. Des étudiants manifestent contre lui, notamment le jeune Michel Droit (ça ne s’invente pas !), souffleté par Annie et boxé par Jean Duhamel, le journaliste dépêché pour couvrir «l’événement ». Le professeur Doucet ne résistera pas à l’affront qu’on lui fait et succombera d’une faiblesse du cœur. Ses travaux seront repris par Annie, elle-même, soutenue par Jean Duhamel « le grand Ami ».
    La mort précoce du savant empêchera ce dernier  de connaître la justesse de ses prévisions. A l’heure annoncée, des cataclysmes se déclenchent urbi et orbi : typhons, vents surpuissants, jets volcaniques intenses, surrection de nouvelles terres, engloutissement d’autres, et, en guise de couronnement, déplacement des pôles, l’Antarctique se situant maintenant sous l’équateur.
    A Paris aussi, le chambardement est immense. La ville-lumière n’est plus qu’un champ de ruines où des secouristes aident du mieux qu’ils le peuvent, la population. Parmi eux trois personnalités bien connues, devenues maintenant amies se lancent dans la solidarité active : Annie, Jean Duhamel et, ô surprise, Michel Droit qui a fait sa contrition.Mais la tâche est immense et leurs efforts ne pourront rien contre la ruine universelle. Ils envisagent donc de quitter la cité frappée à mort.
    Découvrant une vieille jeep en état de marche, ils fuient la capitale vers le sud, vers Orly où leur concours s’avérera, là encore, précieux grâce à l’aide apportée au pilote d’ un super constellation, prêt à décoller pour les Etats-Unis et qui, vraisemblablement n’existent plus.
    Annie et ses amis découvrent stupéfaits, au milieu de l’Atlantique sud, une nouvelle terre, en plein dégel. D’immenses os de fossiles préhistoriques émergent de la glace. Trompé par le soleil et choqué par cette vision, le commandant de bord précipite l’avion à terre, laissant pour seuls survivants, la jeune femme et les deux hommes.
    Ils vivront donc là, sur cette terre nouvelle, de plus en plus chaude, sur laquelle se réveille une flore digne du carbonifère. Naufragés, échoués pour un temps indéfini, ils attendront jusqu’à l’apparition inattendue d’un voilier venu se réapprovisionner en eau douce.
    Annie apprendra par la bouche du capitaine que partout dans le monde s’étendent des ruines. Seul ce coin de terre, comme un authentique paradis terrestre, reste viable. Le voilier reparti, Annie et Michel, unis par de tendres sentiments sous l’œil bienveillant de Jean Duhamel, comme de nouveaux Adam et Eve,  se sentent prêts à repeupler. Pourtant nous resterons dans l’expectative quant au sort qui attend Jean Duhamel : participera-t-il à l’élan vital ou se contentera-t-il de sacrifier à Onan ?
    Une BD dessinée avec talent par Mathelot (celui du « Grand Cirque), et scénarisée par Marijac, selon l’esprit chrétien du type « jeune fille convenable » qui était de rigueur dans «Mireille », une publication catholique destinée aux adolescentes. L’intrigue, elle, est traitée avec réalisme. Solidement charpentée, elle renvoie aux craintes que suscite l’utilisation de l’atome militaire après la deuxième guerre mondiale.