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La Venus D'asnieres - Par BenF
Une équipe de savants ouest-africains est de retour à Tombouctou en 2924, après une expédition archéologique dans les ruines de Paris. Ils relatent par le menu leurs aventures en ce lieu hostile, inhabité, en une Europe désaffectée, retournée à l’état sauvage par la faute de ses habitants. En mille ans, des guerres incessantes, des rivalités permanentes ont fait basculer le pôle de la civilisation vers les tropiques où les Noirs ont repris le flambeau.
Curieux de connaître les restes de cette grande cité que fut Paris, l’on constitue un groupe de chercheurs composé respectivement de Merkanty, archéologue d’origine franque, du prince de Fouta-Djalon, du célèbre naturaliste Benvenuto-Félix, du Dr Organdina, de Baba-Duran, l’ingénieur en chef et du Vicomte de Kassoulé-Toulouzène, sous la direction avisée de Travelling-Robinson, le chef de la mission.
Pour parvenir au but, ils prennent la direction du Nord vers la Franquie en longeant la mer saharienne avec leur caravane d’autos-limaces. Sans problèmes, Ils arrivent en vue de l’Oued Seine :
" Quel spectacle impressionnant et grandiose que celui de la Ville-Lumière éteinte sous la poussière des siècles ! Au nord, l’ancienne butte Montmartre, pulvérisée par le bombardement de 1950, recouvre entièrement les ruines. Ailleurs, quelques murailles informes s’élèvent encore de-ci, de-là au-dessus du sol ravagé. Seul, au sud, se dresse un morne mélancolique. Les anciens l’appelaient " montagne Sainte-Geneviève ". Rien ne montre mieux que ce qualificatif ridicule l’exagération des septentrionaux. "
Immédiatement, les ruines seront investies et des fouilles s’ouvrent en plusieurs points : l’Opéra, l’Hôtel des invalides et, en banlieue (afin de se documenter sur la faune). Ils installent leur quartier général à l’angle de la rue Drouot et du Boulevard des Italiens. Les critiques fusent envers les urbanistes parisiens de l’époque, dont les plans leur paraissent désordonnés :
" Les édiles parisiens faisaient vraiment preuve d’un désordre extraordinaire. Que l’Institut n’ait pas été construit rue de la Gaîté, que la rue des Dames n’ait pas précédée immédiatement celle de la Fidélité, que la rue de la Paix n’ait pas fait suite à la rue de la Victoire, que le passage du Désir n’ait pas prolongé l’impasse Traînée, je l’admets encore, mais avez-vous remarqué que la rue Madame et la rue Monsieur n’aboutissaient pas à la rue du Rendez-vous ; que la rue de Bellechasse se trouvait fort éloignée de la Butte-aux-Cailles, de l’impasse Canart et de la rue des Alouettes (…) "
Ils mettent à jour plusieurs lieux dont ils déduisent (faussement) l’origine :
" A chaque nouvelle porte que la foreuse rendait à la lumière, nous nous précipitions dans l’espoir de lire enfin une inscription vraiment franque, et les enseignes rongées, les plaques vermoulues nous révélaient le nom d’un Fritz Weissmann, d’un Zigriphidès ou d’un Politouski et Cie. Le prince de Fouta-Djallon me posa un soir la main sur l’épaule. Il avait l’air grave et inspiré : - Commandant, nos historiens sont des ânes. Bien avant l’anéantissement de la Ville-Lumière par les Germains, celle-ci ait été envahie par une horde barbare. Paris n’était plus Paris. "
La vision des ruines les incite parfois à un brin de romantisme. Ils dégagent un cimetière pour chiens (" A Mirza, sa mémère inconsolable ") dont ils mettent la coutume d’embaumement en relation avec celle des anciens Egyptiens. Obligés de se pourvoir en viande fraîche et après avoir remarqué dans les environs des traces de " buffles ", ils envisagent une chasse. Le prince de Fouta-Djalon aperçoit:
" … non pas un buffle, mais cinq, mais six, qui paissaient paisiblement l’herbe grise entre les rochers. Ils étaient d’assez forte taille, quoique bas sur pattes, et leurs robes différaient par la couleur, la plupart me semblant largement tachés de roux à la manière des chevaux savants que la foule ignorante allait applaudir dans les cirques chez les anciens. L’un d’eux , une femelle, se tenait à dix pas de nous. Cette bête avait senti le danger, car, immobile, tandis que son bufflon batifolait gracieusement autour d’elle avec l’insouciance du jeune âge, elle braquait vers nous des yeux fixes et stupides en reniflant avec force. "
A défaut de buffle, ils viennent de tirer un veau, paisible ruminant, appartenant au troupeau de vaches gardée par une merveilleuse bergère blonde, à peine vêtue, et dont la grâce captive encore plus le cœur que son accent :
" Ayant saisi le bufflon par une oreille, tandis que M. Benvenuto-Félix tirait sur l’autre, cette indigène, qui était vêtue à peu près comme les bergères d’Arcadie, hurlait : -V’là qu’ils ont tué la Rouge, et ils voudraient encore me voler mon viau. Mais qué tas de sauvages… Ainsi nous fut révélée l’existence, en Europe occidentale, d’une race survivante. "
Authentique descendante franque, barbare isolée dans ces ruines, la Vénus d’Asnières reste discrète quant à son origine et à son appartenance tribale. Elle sera adoptée par le groupe de savants qu’elle captive tour à tour avec sa gouaille:
" - Mais qué qu’vous cherchez donc comme ça dans la terre? Y a seulement point eune faillie patate par ici. Le Prince de Fouta-Djallon, lui montrant des ossements et quelques pièces archéologiques intéressantes, essaya de lui faire comprendre le but de notre mission:
« -Et c’est pour ça qu’vous êtes venus de si loin. Vous n’avez donc point grand’chose à faire chez vous !.»
Parmi les plus assidus auprès d’elle, le Vicomte de Kassoulé-Toulouzène se laisse emporter par son enthousiasme, même (et surtout) lorsqu’elle manifeste son désir de prendre un bain :
" Devant le jardin des Tuileries, l’oued Seine à cette époque de l’année, s’étale en un assez large bassin se prêtant relativement bien à la natation. Nous décidâmes d’y prendre nos ébats. Ayant, le vicomte et moi, apporté nos maillots de soie, nous nous déshabillâmes dans les ruines du Louvre, abandonnant par un sentiment bien naturel notre jeune amie sur la rive. Quelle ne fut pas ma surprise en la rejoignant de constater que, son tour de cou galopant au bord de l’eau, elle achevait de se dévêtir en lançant son trotteur aux orties, de sorte qu’elle nous apparaissait dans la pure lumière matinale plus nue que la vérité, qu’on travestit généralement, et incroyablement blonde. "
Les ruines exercent parfois une curieuse action sur l’âme humaine. En explorant les salles de la Chambre des Députés mises à jour, M. Benvenuto-Félix se mit soudain à prononcer un discours, se sentant possédé par une ardeur réformatrice. Ce qui prouva derechef aux autres que le malheureux avait bel et bien perdu la raison.Les fouilles avancent rapidement : conduites de gaz dans la rue de la Paix, exhaussement du Palais Bourdon, visite de l’Odéon, tout va bon train lorsqu’une crue inopinée de l’Oued Seine les contraint à interrompre leurs travaux. Enfin, une trouvaille sensationnelle vint récompenser leur ardeur : celle de la découverte d’un pensionnat de la rue Blondel, un authentique bordel, qui est assimilé à l’institut d’hydrothérapie d’un pensionnat pour jeunes filles par M. Baba-Duran. La Vénus d’Asnières y trouve toute une panoplie vestimentaire qui lui va à ravir bien que certaines pièces ou objets fussent fort curieux :
" M.Baba-Duran m’entraîna dans une pièce voisine que nous n’avions pas visitée encore. C’était une petite chambre dont les murs, le plafond et la porte avaient été matelassés de surprenante façon. Aucun meuble, mais un banc garni de courroies de cuir, sorte de chevalet paraissant remonter à l’Inquisition et, dans un coin, rangés sur râtelier, des martinets, des verges de tous modèles. "
Plus tard, des monuments étranges apparaissent. Progressivement se dégagent le cimetière de Montrouge avec ses statues, les ruines du Louvre, avec la traditionnelle vision de la Vénus de Milo " bien abîmée ", la place de la Concorde et son obélisque brisé, ainsi que quelques traces de la Tour Eiffel. La vie des explorateurs se poursuivit ainsi, ponctuée par les discussions intellectuelles portant par exemple sur l’assimilation par la langue franque de quelques termes empruntés " aux aïeux nord africains " :
" Les Francs, qui avaient emprunté à nos aïeux nord-africains de nombreuses expressions comme " Klebs, maboul, kif-kif, bono-besef et macache-bono " eurent le tort de ne pas créer dans leurs écoles des chaires de Sabir. Je maintiens que la langue poétique et particulièrement riche en images que nous rapportons est celle qui doit triompher dans nos universités ",
ou par les différentes intrigues sentimentales autour de la personne de la " pastourelle ".Alors que plusieurs d’entre les explorateurs pensent lui demander sa main, elle manifeste une nette préférence envers la personne de Travelling-Robinson.
Un jour, elle disparut. Grande inquiétude chez les savants qui mettent tout en œuvre pour la retrouver. C’est ainsi qu’ils firent la connaissance de la tribu de la Vénus d’Asnières, dont le chef, Pierre-Marie le terrible paraît bien moins barbare qu’ils ne le supposaient. Le contact établi, Robinson apprit que la pastourelle, appartenant à ce groupe, avait pris son autonomie en quittant toute seule le clan. Eux-mêmes étaient les descendants forts vieux, d’un aïeul commun, Mathurin le Grand, qui a pu échapper à la catastrophe et profiter de la découverte du Dr. Voronoff :
" La découverte du docteur Voronoff améliorée depuis par l’élevage rationel du singe, permettait d’allonger l’existence humaine de plusieurs siècles au besoin. Naturellement, le favoritisme s’en était vite mêlé. Des gens ayant de belles relations politiques faisaient jouer certaines influences pour obtenir le double ou le triple centennariat."
Depuis, lui et ses descendants vécurent au Mont-Saint-Michel et de là ils ont essaimé en Bretagne puis en Ile de France. Un certain Alcide Loupin fit dissidence, et ses affidés, les " Loups ", créèrent une nouvelle tribu antagoniste de la leur sur la côte du Cotentin. Par mégarde, au cours de cette période, Mathurin le Grand apporta de curieux spécimens d’animaux de la côte d’Afrique :
" Le capitaine avait choisi un rivage désert pour y débarquer. Mathurin le Grand ne se souciait pas de révéler au vieux monde la survivance de sa race. Les membres de l’expédition n’avaient jamais vu de singes, de sorte qu’ils commirent une erreur bien excusable. Parmi les différents spécimens qu’ils rapportèrent en Armorique figurait un sujet tout à fait remarquable dont les cris articulés semblaient s’apparenter à un langage. Et, quant au retour, Mathurin le Grand l’examina, il reconnut que ce singe n’était pas un singe mais un nègre. "
Le nègre, appelé Loufoussou, s’installa plus au sud et engendra une tribu de métis qui entretint de bons rapports avec la tribu de Mathurin. La vie se perpétuait ainsi sans problème sur le sol de l’ancienne Europe et personne parmi les " barbares " n’enviait les explorateurs noirs. Pour entretenir leur amitié et avant que de rendre visite aux lointains cousins de la tribu de Loussoufou, la Vénus d’Asnières épousa le Vicomte de Kassoulé-Toulouzène. Celle-ci, retournée au sein de sa tribu, se maria juste par dépit puisque Travelling-Robinson n’était pas sensible à ses avances. Le temps des fouilles touchait à sa fin. L’expédition retourna à Tombouctou muni de trésors archéologiques inestimables et en compagnie de la pastourelle qui s’était déjà lassée du Vicomte.
Tous furent particulièrement distingués par les sociétés savantes noires pour leur action d’éclat et Travelling-Robinson, sa femme l’ayant quitté, put enfin goûter la sérénité entre les bras de sa douce pastourelle.
La " Vénus d’Asnières ou dans les ruines de Paris " reste un roman curieux qui peut se lire à plusieurs niveaux. Basé sur la thématique des ruines, déjà fort prisée à l’époque de l’écrivain (voir " Archéopolis ", les " ruines de Paris en l’an 3000, " une exploration polaire aux ruines de Paris ", le récit de Reuze dévoile avec ironie et tendresse les efforts des savants pour reconstituer le passé ainsi que la difficulté à se rapprocher de la vérité historique.
L’ironie, toute contemporaine, est constamment entretenue dans la trame du texte et les allusions à la vie politique, à la vie quotidienne, aux mœurs des parisiens de l’entre-deux guerres traversent l’ensemble de l’ouvrage. Quant au personnage de la Vénus, il agit comme un contrepoids sentimental apte à procurer cette légèreté de ton que demande le lecteur de l’époque. La naïveté de la pastourelle est également un bon procédé littéraire pour prendre " le point de vue de Sirius ". Bref, il s’agit d’un bon roman dont on ne peut que regretter l’excessive rareté.
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La Toussaint Blanche - Par BenF
De 1994 à 2000, la France est en danger de disparition. A travers l’influence des groupes de pression anti-racistes, tels que ceux de l’AIR (Association internationale contre le Racisme) animé par Raphaël Blumenfeld, appuyé par la SITIF (Syndicat International des Travailleurs Immigrés en France), avec l’assentiment des intellectuels de gauche, la compromission de tous les médias, l’action continuelle en faveur des minorités ethniques de la part du gouvernement Mitandier, les portes de l’immigration sont largement ouvertes à tout ressortissant du Maghreb ou d’Afrique noire. L’avortement est encouragé, toute contestation, la plus futile soit-elle, est immédiatement mise sur le compte de comportements racistes :
«21 mars 1995, le printemps pointait. Il était 19h 59, l’émission « les Français devant la masturbation », animée par la sexologue Rachelle Bensaïd, maître de conférence à l’université de sexologie Wilhelm Reich de Nanterre, venait de se terminer. On entendit les premiers accents ralentis de la carmagnole, par laquelle le Président Timandier aimait à se faire annoncer. L’écran s’imprima du traditionnel « le Président de la République vous parle » et, bientôt, apparut le visage de Timandier que l’on comprit, aux clignotements de ses yeux, fort ému. »
En cette France du changement, le récit relate la trajectoire de vie de Vincent Fournier, jeune Français orthodoxe et sa prise de conscience progressive du danger ethnique. C’est par lui que le scandale arrive : ayant fait paraître une annonce matrimoniale dans laquelle il se disait à la recherche d’une âme-sœur « distinguée, blonde aux yeux bleus et européenne », l’AIR, en la personne de Blumenfeld, crée de ce fait-divers un exemple. Par une publicité tapageuse, attaqué devant la justice pour délit raciste, Vincent est lourdement condamné :
« Le tribunal, statuant publiquement, contradictoirement et en premier ressort…déclare Vincent Fournier coupable du délit de discrimination publique envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance, de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, à une race ou à une religion déterminée (… )Condamne : Fournier Vincent à la peine de deux ans de prison avec sursis et à dix mille francs d’amende. Le condamne : A payer à l’Association Internationale contre le racisme, reconnue d’utilité publique, la somme de : un franc à titre de dommages et intérêts. Ordonne la publication du présent jugement dans le prochain numéro de « Femmes de Demain ». Ordonne la publication du présent jugement par extrait dans six journaux ou périodiques français au choix de la partie civile. Condamne enfin Fournier Vincent en tous dépens du présent jugement…
Il se revoyait bien encore devant le tribunal rendant le jugement final « Condamne Fournier Vincent à la peine de deux ans de prison avec sursis et dix mille francs d’amende… » et les hystériques à la sortie du tribunal qui applaudissaient la décision, hurlaient, le huaient, le sifflaient… et scandaient : « raciste, fasciste, salaud, le peuple aura ta peau ! »…
Il perdra son travail, restera au chômage ; sa jeune épouse (qu’il a finalement trouvée) enceinte vivra de plus en plus difficilement dans une capitale inter-ethnique. Alors que l’union franco-maghrébine se renforce par la décision du président Mitandier de faire de la France une terre d’asile pour tous les Palestiniens –décision applaudie par les Juifs autant que les Arabes- la sociologie urbaine se modifie : des migrations de population auront lieu de l’est vers l’Ouest de la capitale. Contrairement aux lénifiantes annonces officielles, les tensions racistes se font de plus en plus fortes, mais toujours aussi sévèrement réprimées.
Vincent, à qui son ami Georges a définitivement ouvert les yeux sur le danger que court la France, devient (comme chômeur il a du temps à revendre) messager à Paris de groupes européens dissidents. La situation du pays empire à un point tel que Mitandier fera appel, dans le cadre de l’amitié franco-maghrébine, à l’intervention, sur le territoire français, d’un contingent militaire marocain qui aura une tâche de maintien de l’ordre, d’abord dans la région de Marseille, agitée par des émeutes sanglantes, puis à Paris. Un incident entre deux communautés (noire et maghrébine) met le feu aux poudres. Alors que Paris est bouclé pour éviter la fuite des autochtones blancs vers la Normandie et la Bretagne, les quartiers Est sont contrôlés par l’armée du général Ali. Les émeutes ne s’arrêtent pas pour autant. Mitandier étant en voyage culturel chez ses amis africains, les rues, les monuments, les bâtiments officiels de la capitale sont incendiés :
« Il était plus d’une heure de matin, lorsqu’il avait pu atteindre, se frayant difficilement un chemin au milieu d’une foule compacte de badauds, les abords de la place de Clichy. La foule regardait, livide et atterrée, sans ne presque rien voir, la place remplie de policiers et de CRS l’arme au pied, qui attendaient vraisemblablement des ordres. Continuellement des flics repoussaient une foule compacte, venant des rues adjacentes, qui, semblable aux vagues sur un rivage, se jetait en va-et-vient contre eux. D’autres essayaient, tant bien que mal, de maintenir libre un vague chenal permettant aux voitures de police ou de pompiers d’aller et venir. Des lueurs d’incendie, venant de la droite, éclairaient lugubrement cette nuit profonde et triste de décembre. »
Les opposants « racistes », dont Georges et Vincent, seront arrêtés et mis dans des camps de détention. L’économie de la France s’anémie. Les régions-frontière quoique sévèrement contrôlées, dérivent vers l’autonomie :
« La fermeture des frontières était donc loin de faire l’unanimité au sein de la piétaille démocratique. A Paris, l’affaire passait car on avait d’autres soucis immédiats, mais dans les régions frontalières, de véritables jacqueries avaient éclaté un peu partout. En Alsace, Strasbourg était pratiquement en état de sécession. A Chambéry et à Annecy, des manifestations spontanées et violentes s’étaient déroulées devant les préfectures et des CRS avaient été envoyés d’urgence en renfort. A la frontière franco-belge, de Roubaix à Charleville, des foules manifestaient leur attachement à l’amitié franco-belge, de part et d’autre de la frontière. »
Vincent, enfin libéré, se hâte de rejoindre au péril de sa vie sa femme et ses amis en Vendée où subsiste la dernière enclave de la France libre et européenne. Là, avec la population et les forces de police dissidentes, il participe comme résistant à l’invasion à des coups de force contre l’armée maghrébine dont les interventions sont constamment approuvées par les thuriféraires médiatiques du régime «socialo-libéral ou libéral socialiste » en place :
« Normandie : meurtrière embuscade ce matin à l’aube. Un convoi des forces de l’ordre appartenant à l’armée maghrébine a été sérieusement accroché, à Pont-Douilly. Après avoir fait sauter le pont, alors qu’un important convoi se dirigeant vers Cherbourg venait de le franchir, une bande rebelle estimée à trois cents hommes, a attaqué le convoi aux fusils lance-grenades et aux armes automatiques. Une vingtaine de camions ont été détruits. Les forces de l’ordre auraient éprouvé de lourdes pertes estimées à une cinquantaine de tués et blessés. Malgré l’intervention immédiate de l’aviation alliée, qui a réussi à mettre hors de combat une vingtaine de rebelles, la bande a pu décrocher. Une vaste opération de ratissage se déroule en ce moment dans la région, afin de la retrouver. »
Malgré les efforts des héroïques résistants, l’Ouest est progressivement envahi. Déjà Blumenfeld, qui a su se garder des excès de la capitale, prend la direction de l’antenne régionale de l’AIR en Normandie pour y dénoncer « les inqualifiables atteintes racistes ».
La « Toussaint blanche », pourrait apparaître comme le récit romancé des craintes du Front National et pousse la vision à son terme ultime : le démembrement et la dissolution d’une France «ethniquement pure, et de ses valeurs, au profit d’un « Universalisme » menteur. Le récit, enlevé et intéressant au plan sociologique est hélas ! desservi, à certains endroits, par un style approximatif et fautif. Roman à comparer à l’oeuvre de René Sédillot : « la France de Babel-Welche ».
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La Theorie Des Dominos - Par BenF
Une famille : Andy Sutherland, Leona, sa fille, Jenny, sa femme, en instance de séparation. Chacun affronte l’horreur en trois lieux différents : l’Irak pour Andy, l’Angleterre pour Jenny et la ville de Londres pour Leona.
Tout commence de manière banale. Andy, ingénieur pétrolier, auteur d’un essai magistral sur les effets létaux du manque soudain d’approvisionnement en pétrole, poursuit sa carrière en Irak, en tant que conseiller. Il y a dix ans, son essai avait déjà été apprécié par trois mystérieux individus lesquels exigeaient d’Andy, contre une énorme rémunération, le secret absolu concernant sa spécialité. Or, la petite Leona, ayant par hasard ouvert la porte de la chambre d’hôtel où se poursuivaient les tractations, avait aperçu le visage des trois hommes.
Dix ans plus tard, dans le monde entier, d’une façon tellement soudaine qu’elle semble concertée, éclatent, en divers pays dont l’Irak, des attentats ou des catastrophes bloquant l’acheminement normal du pétrole. Tout se passe comme si les prévisions d’Andy s’étaient réalisées à la lettre.
« Après réflexion et ces bribes d’information, Andy était désormais certain que son rapport, rédigé huit ans plus tôt, avait mené à tout cela. Il s’était attaché à décrire onze nœuds dans le réseau mondial de distribution de pétrole : des points charnières rendus vulnérables aux attaques furtives qu’affectionnaient les groupes terroristes. Il avait compris que sept de ces nœuds avaient déjà été touchés. Ce simple élément était suspect, mais le fait qu’ils aient été pris pour cibles au cours des dernières vingt-quatre heures… cet élément lui avait mis la puce à l’oreille. Car c’était un des arguments qui figuraient vers la fin de son rapport…
Si ces onze plaques tournantes à haut risque venaient à être touchées dans un laps de temps de vingt-quatre heures, la distribution mondiale du pétrole serait complètement interrompue. Au souvenir des mots exacts, il frissonna. Quelqu’un était en train de mettre son putain de rapport en pratique ! »
C’était le cas, bien entendu, puisque le lecteur apprendra qu’une mystérieuse organisation, celle des « Douze », est à l’origine du désastre. Or la petite Leona, devenue adolescente entre-temps, se rappelait de l’identité de trois d’entre eux. Elle devait donc disparaître. Voilà pourquoi ils mettent sur sa piste un tueur racé surnommé Ash, efficace et silencieux et qui opère uniquement au couteau
Lorsque les troubles et les émeutes gagnent du terrain en Irak, Andy sait qu’il doit revenir de toute urgence en Angleterre pour y retrouver sa famille. Cela s’avèrera difficile car partout se déchaîne la haine à l’encontre des Occidentaux supposés avoir détruit la Kaaba :
« Ca a commencé avec les attaques à la Mecque, Médine et Riyad ce matin. Quelqu’un a fait sauter la Kaaba ou, du moins, a déclenché une explosion dans les environs. S’ils voulaient provoquer une guerre civile, ils ne pouvaient pas trouver mieux. Ca s’est répandu comme une traînée de poudre à travers l’Arabie Saoudite, un conflit civil à grande échelle : wahhabites, sunnites et chiites. Et ça se répand aussi vite que la grippe aviaire. Il y a déjà des émeutes au Koweït, en Oman et dans les Emirats. »
Se joignant à un groupe de soldats britanniques mus par une même volonté, courant mille dangers en compagnie de son ami Mike l’Américain, Andy, progressivement s’endurcit et s’affirme. Il sait aussi que quelqu’un a appliqué son plan prévisionnel. Il en connaît donc les moindres conséquences qui suivront, en l’espace d’une semaine par la désorganisation complète des sociétés humaines. L’arrêt total de l’approvisionnement en pétrole étant équivalent à une embolie cérébrale pour l’individu :
« On arrive à l’épuisement, vous savez ? Il y a bien moins de pétrole que l’on croit…Oui, bien moins que les quantités annoncées au public. Ils ont décrété que nous étions trop nombreux à vouloir des produits de luxe, trop nombreux à vouloir de grosses voitures, de grandes maisons, du pétrole et de l’énergie en quantité infinie. Ca ne pouvait pas durer éternellement. Ils l’avaient su bien avant tout le monde. Et ils savaient aussi qu’il y aurait des guerres, des guerres affreuses, et quelques bombes nucléaires balancées ici et là…afin de mettre la main sur les minuscules réserves de pétrole restantes. (…) Ils savaient que nos besoins économiques, notre soif de pétrole nous pousseraient à l’autodestruction. (…) Alors, au cours d’une réunion en 1999, ils sont pris cette décision. Cette décision de percer l’abcès, si vous me permettez une expression aussi grossière. Ils ont décidé d’effectuer une sélection au sein de l’humanité avant que nous n’allions trop loin. »
De toutes leurs forces, Andy, Mike et ses amis assiégés dans Baïji, forcent le blocus, se dirigeant vers un point de ralliement situé hors de la ville où les attendraient des forces militaires régulières, des hélicoptère, qui les achemineraient vers une position sûre.
Hélas ! Ils n’y parviendront pas à temps, et c’est en véhicule blindé terrestre , puis en camion, qu’ils se dirigeront vers le nord de l’Irak, traversant la Turquie au prix de mille dangers.
Leona , de son côté, attend son papa et s’occupe de Jack, son petit frère. Alertée par téléphone qu’elle aura impérativement à se cacher chez Jill, une voisine de la famille située à Shepherd’s Busch Road, après avoir fait le plein de provisions afin de ne pas mourir de faim. En appliquant ces décisions majeures comme une grande, elle cherche Jack à son école, dévalise le supermarché du coin avec l’aide de son petit ami Dan, puis se met en route vers la maison de Jill, qu’elle trouve vide de tout occupant. En deux ou trois jours, tout s’est défait à Londres. La police bloque les grandes artères et les autoroutes selon le plan suggéré par les « Douze » qui tiennent les politiques sous leur coupe.
Les citadins sont abandonnés à leur sort. La ville devient dangereuse lorsque surgit la loi de la force. Les rues sont envahies la nuit par des bandes errantes de jeunes qui tuent, se tuent, où cherchent à manger. Leona en fait l’amère expérience lorsque exposée avec Jack à ce danger mortel, elle sera sauvée in extremis par l’arrivée sur le terrain d’une seconde bande, hostile à la première. Jack et elle seront saufs mais traumatisés, planqués dans un réduit. Ils ont dû, pour survivre, tuer l’un des jeunes à l’aide d’une arme improvisée, une latte sertie de clous. Un souvenir qui ne s’effacera plus !
Enfin, rôde toujours l’autre menace, celle d’Ash, qui se rapproche de son gibier, semant derrière lui les cadavres exsangues de ses infortunés informateurs (Katie, la tante de Leona, sa colocataire, etc.)Entre Manchester et Birmingham, Jenny, elle aussi, est folle d’angoisse. Elle n’a qu’une seule idée en tête : regagner Londres au plus vite pour protéger ses enfants. C’est cependant un long trajet lorsque toute la circulation est interrompue et que le pays où l’on vit se transforme en jungle :
« Pendant la matinée, ils avaient procédé à la fermeture des autoroutes principales. Chaque barrage était justifié soit par un accident majeur, soit par un camion perdant son chargement sur les quatre voies en simultané. Une fois encore, cela ne leur laissait que quelques heures. Ou, avec un peu de chance, jusqu’au lendemain matin. La plupart des dépôts d’essence étaient surveillés par l’armée. Le pétrole qui circulait encore dans la chaîne de distribution –sur les navires et dans les stations plus importantes – devait être réquisitionné mais ce serait une démarche trop évidente et ne pourrait être mise en place qu’au dernier moment. L’astuce consistait à ne pas effrayer la population. »
Avec Paul, compagnon de hasard et ancien homme d’affaires, en ajoutant leurs forces, ils se dirigent vers leur destination, se gardant cachés la plupart du temps pour éviter les mauvaises rencontres. Dormant dans des endroits désaffectés ou trouvant parfois un asile fragile, comme en ce supermarché de Beaufort tenu par l’un des vigiles de l’établissement qui a pris sous sa protection des anciens clients, devenus ses sujets terrorisés :
« Ils roulèrent sur la bretelle jusqu’à un parking vide devant l’hôtel. Partout, de petits détails indiquaient que l’endroit avait subi les mêmes attaques que la sation-service de Beauford : le parking était jonché de débris divers, des fenêtres du hall d’entrée étaient brisées, mais rien de plus. Le restaurant adjacent, en revanche, avait été exploré de façon plus méthodique. Toutes les vitres étaient cassées et une traînée de détritus et de nourriture piétinée en maculait le seuil. »
En cours de route elle devient enfin consciente du fait qu’elle a eu tort de quitter Andy. Ses sentiments à l’égard de son mari se transforment et elle se promet une nouvelle vie si d’aventure sa famille était sauve. L’arrivée dans Londres désaffectée est catastrophique. Jenny y rentre seule, ayant semé Paul en cours de route, lequel devenait trop entreprenant. Elle s’engage dans des rues, véritables succursales de l’enfer. C’est là que, soudain, le miracle s’accomplit : elle retrouve ses enfants qui précisément cherchaient au-dehors de quoi subsister.. Andy, acheminé lui aussi dans la capitale anglaise, quitte ses amis, dont Mike, qui n’est pas seulement le soldat ami, mais l’un des membres d’une section secrète du FBI, sur la trace des « Douze ». Mike connaît l’histoire d’Andy et la menace qui plane sur Leona. Il révèle tout au père de famille et le met au courant de l’existence d’Ash.
Les retrouvailles au sein de la famille seront merveilleuses. Ensemble, ils seront plus forts pour survivre durant les années de ce moyen âge post-moderne ; du moins le croient-ils, car Ash a retrouvé leurs traces. Sans pitié, il élimine Mike et deux de ses compagnons. Bien qu’affaibli par un coup de feu tiré par Jenny et qui l’a blessé grièvement, il se bat avec Andy provoquant avec la sienne, la mort de son adversaire. Après la mort d’Andy, Jenny et ses deux enfants intègrent une communauté agricole qui vient d’éclore, maintenant que le monde, bouleversé au-delà de la prévision des « Douze », présente un nouveau paysage social :
«Evidemment. Le pétrole pourrait très bien couler à nouveau d’ici la semaine prochaine, mais d’où viendra notre nourriture ? Le fermier brésilien qui fait pousser le café, le fermier ukrainien qui fait pousser les patates, le fermier espagnol qui fait pousser les pommes… réfléchissez un moment. Ces fermiers-là, est-ce que leurs exploitations tournent encore ? Est-ce qu’ils sont encore vivants ou bien blessés, ou malades ? Ou mieux… est-ce que leurs récoltes n’ont pas pourri sur place, faute d’essence pour faire marcher le tracteur ou la moissonneuse ? Et tous les acheteurs, les usines de traitement, de transformation, les distributeurs… tous les maillons de la chaîne qui permet d’acheminer la nourriture depuis la terre jusqu’au supermarché du coin ? Est-ce que les entreprises fonctionnent encore ? Est-ce qu’elles existent encore, ou bien leurs locaux ont-ils été pillés et brûlés ? Et qu’en est-il de leur main-d’œuvre ? Les employés sont-ils encore vivants? Ou bien sont-ils chez eux à vomir leurs tripes parce qu’ils ont bu l’eau dans laquelle ils chient ? »
La « théorie des Dominos » joue avec l’idée très actuelle de « pic pétrolier ». Que se passerait-il si, soudainement le monde était privé de pétrole alors qu’il n’existe actuellement aucune énergie de remplacement digne de ce nom ? La thèse de la décomposition complète des sociétés humaines semblerait difficile à soutenir si l’auteur n’y mêlait celle du complot mondialiste en y faisant intervenir les mystérieux «Douze», des banques, des brasseurs d’affaires, des capitalistes de haut vol qui souhaitent ramasser la donne en réduisant l’humanité à la portion congrue.
Le traitement du thème est sans surprise mais efficace, avec des personnages en nombre réduit, tendus vers un seul objectif, chacun sous une menace spécifique, et une action ramassée, dans un montage alterné en plans-séquences cinématographiques, le tout en un temps limité. Se situant dans la thématique de la « disette d’éléments », « la Théorie des dominos » traduit une angoisse des plus actuelles.
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La Terrible Bombe X - Par BenF
Les trois petits galopins Jéro-Boeing, Mistropiou et Trésor, se livrent, au grand désespoir de l’oncle Athanase qui en a la charge, à moult tours pendables, dans la maison des Beaupié-Lassauçure qu’ils occupent comme locataires. Pour éloigner la menace, Beaupié-Lassauçure leur offrent, en occupation gratuite, leur merveilleuse maison sise devant une plage privée entre la base militaire américaine de Saint-Mariol et le petit village de Viroflette-les-flots, sur la côte brestoise. Tout le monde est ravi surtout nos galapiats qui fraternisent avec une famille de jeunes défavorisés, les Baraweks, débrouillards et amis des Américains auxquels ils vendent de menus objets (des ballons pour la chasse), notamment à Mills-Milliken, le commandant du navire « le Chicken ».
La base est quasi-désaffectée, juste maintenue en état de fonctionnement après la décision du président-général de Hauteligne de faire sortir la France de l’OTAN. Pourtant, tout n’y est pas clair, puisqu’elle excite les convoitises du quai de Gesvres car, à l’intérieur de la base, en sous-sol, elle cache la mystérieuse chambre secrète K29 qui dissimule peut-être elle-même une terrible menace : « la bombe X », arme si épouvantable que les Américains ne désirent pas l’entreposer sur leur propre territoire !Un combat homérique que nos brigands livrent contre une bande de jeunes de Viroflette stimule la fibre esthétique de « l’illoustre Signor» Croccoli, un metteur en scène et producteur de films en résidence sur les lieux. Il engage nos amis et envisage de tourner avec eux une séquence dans laquelle le « Chicken » bombarderait le Castel des Beaupié-Lassauçure et , en guise de riposte, ce dernier serait pris d’assaut par nos jeunes gaillards, notamment lors de la visite simulée d’un faux amiral. Aussitôt dit, aussitôt fait : les autorisations sont accordées, la maison vendue à Croccoli, la famille Athanase trouvant refuge chez les Baraweks pour la fin de l’histoire, et le commandant Mills-Mililken prêt à passer à l’action.
Un grain de sable – la découverte d’un indice sur la plage prouvant l’existence de la Bombe X- mettra le feu aux poudres.La France s’inquiète.Puis l’ONU (le «M.A.C.H.I.N.»). Puis le monde entier, devant l’existence d’une arme capable de le détruire. En face de l’agitation internationale, les Américains sont mis au ban des nations et l’onde de choc médiatique provoque une série de conséquences désagréables pour eux :
« TITRES ET MANCHETTES.
Rupture des relations diplomatiques entre la France et les USA
Désagrégation de l’Alliance Atlantique.
Les Etats-Unis rappellent 500 000 réservistes de la marine… Le Stratégic Air Command en état d’alerte.
Quatre-vingt divisions mobilisées en URSS.
A Monaco : suppression de toutes les permissions dans la garde princière.
Etat d’urgence proclamé en France
Condamnation des Etats-Unis par le conseil de sécurité du M .A.C.H.I.N.
Véto américain
Réunion extraordinaire de l’assemblée générale du M.A.C.H.I.N.
Ultimatum du M.A.C.H.I.N. »
Malgré leurs protestations, ils sont sommés de livrer leur secret ou de subir sur leur sol même une attaque atomique. Ils cèdent devant la menace. Un collectif d’amiraux et de généraux charge le vice-amiral Sir W. Archibald Boot-boat de la Royal Navy de se livrer à une inspection minutieuse de la chambre-forte de la base. Il arrivera au moment même où l’action filmique s’enclenche et les protagonistes le prenant pour un acteur particulièrement performant, lui font subir diverses avanies, dont une plongée dans l’eau froide. La chambre X-29 ouverte, les inspecteurs s’en retournent l’air déçus et fâchés. Mistropiou et Trésor qui se sont glissés derrière eux, découvrent le grand secret de la terrible Bombe X, « X » pour « Xérès », encore buvable dans le tonnelet que le commandant Mills-Milliken se réservait à son usage personnel comme grand admirateur de Bacchus. La crise est désamorcée, les Baraweks récompensés et le commandant américain promu à un autre poste pour raison d’état.
Une pochade truculente pour jeunes adolescents mêlant saines bagarres et crise internationale, en un style remarquablement distancié et ironique. Un récit tournant en ridicule la crainte nucléaire et l’anti-américanisme de l’époque gaulienne.
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La Terreur Grise - Par BenF
A Woodbridge, une petite ville du middle-west, il se passe d’inquiétants phénomènes. Alexandre Kirkland (Kirk), sa famille et ses amis se trouvent au centre du tourbillon. Des "Ombres", informes, curieuses, insaisissables et menaçantes se répandent dans la campagne, font disparaître les êtres humains, dont il ne reste plus que les vêtements :
" Trois ombres de taille moyenne, se mirent alors à danser sur la pelouse, à quelques cent mètres de là. Il les observa tandis qu’elles glissaient légèrement devant la maison, puis il leva les yeux vers le ciel pour observer les nuages dont elles étaient la projection (…) Il se leva et scruta le ciel, les jambes tremblantes sous le coup d’une panique soudaine. Le ciel, où scintillaient des points transparents d’intense luminosité, s’étendait bleu, tout autour de lui… Il n’y avait pas le moindre nuage. "
Kirk est épargné, ce qui éveille les doutes de gens malveillants qui le soupçonnent d’être de mèche avec les Ombres. Formées "d’énergie pure", elles sont apparues partout dans le monde pour traquer les êtres humains.Plus d’un million d’hommes sont anéantis chaque jour à travers le monde sans que l’on puisse arriver à résoudre l’énigme que pose " la Terreur Grise " :
" -J’étais persuadé qu’il s’agissait d’un phénomène localisé, d’un phénomène propre à Woodbridge. -Oh, que non… Ces sacrés trucs ont envahi toute la Terre. -Comment le savez-vous ? et Kirk se redressa sur sa chaise. -Le dernier bulletin d’informations que nous transmettions a été interrompu avant la fin de l’émission, mais nous avions reçu toutes les informations avant la coupure du courant. Les Ombres sont partout dans le monde. Il n’y a plus aucune activité, nulle part. Energie électrique, finie. Pas de téléphone, pas de radio, aucun moyen de communication. Plus possible d’entrer en relation avec qui que ce soit. Je me suis cramponné ici dans l’espoir que le courant reviendrait et maintenant me voilà littéralement pris au piège. "
C’est à Kirk qu’il appartiendra de résoudre le problème. L’ayant appelé à elles, communicant avec lui par télépathie après qu’il ait subi une sorte d’expérience d’outre-monde, les Ombres lui révèlent leur nature. A la recherche de "l’Esprit", elles sont décidées à éradiquer l’être humain qu’elles jugent responsable de leur impossibilité à accéder à la "Gloire", un état de conscience supérieur de leur vision de l’Esprit.
" -En d’autres termes, vous voulez notre Terre rien que pour vous. -Pas votre Terre. Elle nous appartient aussi. Nous sommes de la Terre tout comme vous. Nous sommes multicentenaires. Il se trouve simplement que nous ne nous manifestons que rarement.Trop de mondes nous séparent pour que nous puissions nous comprendre -Alors vous étiez ici avant ? -Nous avons toujours été ici. (…) -Quelle est donc votre manière d’exister ? Que faites-vous ? Que peut la force pure ? -Nous existons et nous pensons. Vous existez et vous agissez. (…) Nous sommes en train de perdre notre puissance. Et ceci par la force de l’Homme. Et cette situation a pris tellement d’ampleur que nous ne pouvons plus la tolérer, nous devons en faire disparaître la cause. -Ce qui explique, dit doucement Kirk, que vous êtes ici pour nous éliminer. -Vous tous, fut la réponse, dite sans émotion, sur un ton froid et tranchant. "
Elles le chargent de faire comprendre à ses frères humains qu’il est indispensable de changer ou de périr. Aidé par Redhorse, l’indien "sensible aux voix", par Prin, une jeune femme qui l’aime, par Haines, qui seul a foi en lui, Kirk entreprend une croisade désespérée qui l’entraîne très près du lynchage, pendant que les disparitions dramatiques se multiplient. Dans le but de contrer la Terreur Grise, Kirk fait appel à d’autres entités, plus normales celles-là mais dont les Ombres refusent l’existence, à savoir les fantômes. C’est le fantôme de Nancy, sa femme décédée, qui encourage Kirk à continuer la lutte :
" Je ne suis venue que pour t’apporter un témoignage. Ne permets pas à la Terreur Grise de te tuer. La Terre est trop belle. Je m’en souviens. Ne laisse pas détruire la capacité que l’Homme possède pour en jouir. Alex, la Terreur grise a raison. Jadis existait cette Gloire qui était connue de nous également. Trouve-là, Alex. Elle est trop merveilleuse pour être perdue. "
A l’ultime moment, alors qu’il va être tué par des paysans en colère, Kirk arrive à comprendre totalement les Ombres, leur but et leur stupéfiante réalité. Les hommes, les animaux et les entités atmosphériques que sont la Terreur Grise, représentent un seul et même objet, c’est à dire un Esprit universel qui se vit sur des modes totalement différents. La mort des entités est à la base de l’âme humaine et la mort des hommes crée les Ombres. Le tout forme l’Esprit. Comprenant enfin à quel point il est suicidaire pour les Ombres d’anéantir l’espèce humaine, la Terreur grise accepte de surseoir à son exécution. En contrepartie, Kirk les aperçoit telles qu’elles sont : non pas une sombre grisaille, mais des êtres d’énergie vibrants de pure beauté :
"Le groupe d’Ombres était gris. Mais, tandis qu’il les observait, elles se nuancèrent d’un gris plus doux. Son cœur bondit, empli de joie. Soudain, les Ombres s ‘épanouirent devant lui. Rouges et vertes, jaunes et bleues, oranges et violettes. Elles scintillèrent et luirent, rayonnèrent et clignotèrent, avec une phosphorescence comparable à l’aurore, dans sa plénitude éclatante. Elles étaient énergie, énergie scintillante dans sa pureté. L’épanouissement lumineux de leur mutation l’aveuglait. "
Ayant acquis à travers cette expérience incommunicable des pouvoirs psy étendus, il rappelle à lui les fantômes des personnes disparues pour qu’elles l’aident à convaincre les incrédules de la réalité du phénomène. Une nouvelle ère de bonheur semble donc être prête à s’installer sur terre où les hommes et l’Esprit dont ils font partie vivront en symbiose.
Un roman à la sauce Blavatsky, aux frontières du cataclysmique et de l’ésotérique, du spirituel et de l’hétéroclite. En un fourre-tout médiumnique, les animaux aident à la prise de conscience de l’homme, les fantômes se mettant eux aussi à l’ouvrage, en attendant que l’Esprit Universel noie l’humanité sous une dégoulinante bonté. Un brûlot moralisateur entouré des oripeaux de la science-fiction qui démontre une fois de plus à quel point notre genre est protéiforme.
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La Terreur Future - Par BenF
Description d’une révolution menée par des fanatiques, à l’aide de machines, dans une époque future. L’aspect farouche des révolutionnaires, leur mentalité les mettant à l’écart du reste des humains, impitoyables et zélés missionnaires le jour, assassins la nuit, les transforme en monstres mythologiques. Quand la nuit survient, la Révolution se met en marche :
« Les grands édifices tremblèrent, brisés par en-dessous ; un roulement jamais entendu franchit la terre d’une seule onde; les flammes montèrent comme des fourches saignantes le long des murs immédiatement noircis avec de furieuses projections de poutres, de pignons, d’ardoises, de cheminées, de T en fer, de moellons ; les vitres volèrent, multicolores, dans une gerbe d’artifices ; des jets de vapeur crevèrent des tuyaux, fusant au ras des étages ; les balcons sautèrent, tordus ; les laines des matelas rougirent capricieusement comme des braises qui s’éteignent, aux fenêtres distendues ; tout fut plein d’horrible lumière, de traînées d’étincelles, de fumée noire et de clameurs. »
La cité en flammes n’épargne pas les lieux de culte et des hordes pitoyables poursuivies par les masses sans âme des insurgés, fuient devant les machines à tuer:
«Ces machines galopantes s’arrêtaient de porte en porte ; des formes vagues s’en détachaient et entraient dans les maisons. Elles sortaient, chargées deux à deux de paquets liés et gémissants. Les hommes du brasier enfournaient régulièrement, méthodiquement, dans l’âme d’acier les longs ballots humains ; pour une seconde on voyait, projetée à l’avant, saillissant jusqu’au ressaut des épaules, une face décolorée et convulsée ; puis l’échancrure du disque excentrique tournoyant rejetait une tête dans sa révolution ; la plaque d’acier restait immuablement polie, lançant par la rapidité de son mouvement un cercle de sang qui marquait les murs vacillants de figures géométriques. Un corps s’abattait sur le pavé, entre les hautes roues de la machine ; les liens se brisaient dans la chute, et, les coudes étayés sur le grès dans un mouvement réflexe, le cadavre encore vivant éjaculait un jet rouge. »
Seuls deux visages d’enfants innocents, survivants de l’horreur, visibles dans les ruines, seront capables d’insuffler une once de pitié dans l’esprit farouche des assassins :
« le sourire des enfants s’élargit, et fut une révélation ; la pitié descendit en eux. Et, les mains sur les yeux, pour ne pas voir tous les yeux terrifiés des morts, tous les yeux qui n’étaient pas encore couverts de paupières, ils descendirent en chancelant du rempart d’hommes égorgés qui devait entourer la Cité nouvelle, et s’enfuirent éperdument, dans les ténèbres rouges, parmi le fracas des machines qui galopaient. »
Un texte d’orfèvre du style intimiste qui, à travers les touches impressionnistes où dominent les éléments visuels, extrait l’essence même de l’horreur du crime cachée au cœur des grands bouleversements sociaux.
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La Terreur Fauve - Par BenF
Une délégation de Balabares est attendue à Paris. Ces sauvages d’Afrique, plus proches de l’animal que de l’humain, ayant à leur tête Ban-Bahour le généralissime, sont accueillis avec curiosité car ils sont censés exercer une grande domination sur les animaux qui les accompagnent. C’est dans ce contexte que Chabanes, un ancien journaliste et aventurier, présente au richissime Desjardies qui a de l’influence en haut lieu, le Père Paul Vierge. Ancien missionnaire, il connaît les Balabares et s’en méfie. Souhaitant adresser une mise en garde aux autorités, l’ecclésiastique prétend que les Balabares représentent une menace terrible pour l’Occident. Lucile, la fille de Desjardies, fiancée à De Lixhe, est rattrapée par le charme exotique des Balabares qui séduisent aussi les Parisiens et qui mènent grand tapage dans les lieux à la mode :
" Au fond, rien n’avait changé. Seuls quelques hommes attentifs s’apercevaient de la déplorable influence que ces étrangers exerçaient sur les mœurs. C’était une corruption certaine, lente et continue. Les journaux, les théâtres, les cinémas descendaient aux pires platitudes pour plaire à ces clients monstrueux. Un vilain goût de grossièreté envahissait les esprits. de jour en jour, la langue parlée et écrite se dégradait en un obscur et détestable jargon.(…) Les Balabares étaient maîtres de la ville. Le peuple indifférent subissait sans révolte leur odieux contact. Paris n’était plus qu’un champ de foire. Partout, sur les avenues, les places, les boulevards s’élevaient des baraques, des toboggans, des scenic-railways et des cirques. la foule se ruait aux spectacles que donnaient les dompteurs Balabares."
Lucile succombe aux avances de Kali-Dhane le commandant en chef de la place, à sa philosophie de la nature et suscite la terrible jalousie de De Lixhe. Lorsque se constitue la "Parti de la Proclamation des Droits de la Bête ", Lucile s’enfuit avec Kali-Dhane. Chabane, le Père Paul Vierge et De Lixhe se préparent à combattre les Balabares. Ils constatent une insécurité croissante dans les rues de Paris, liée à l’augmentation de la gent animale, de plus en plus féroce et primitive. :
" J’ai aperçu moi-même un requin nageant entre deux eaux à hauteur du Pont-Neuf. Il y a une semaine, un crocodile est sorti du bassin des Tuileries et a mis en fuite toutes les bonnes d’enfant. A la suite des Balabares, les bêtes de la brousse ont envahi Paris. "
De Lixhe défie Kali-Dhane en duel. Le Balabare se sert d’une guêpe pour gêner son adversaire et le transperce de son épée. De Lixhe mettra longtemps à s’en remettre puis, cherchant à nouveau querelle au ravisseur de Lucile, il se fait dévorer, semble-t-il, par des loups. La puissance des Balabares augmente. Lucile, qui se rend enfin compte du danger qu’elle court, s’enfuit pour échapper à l’influence néfaste du Balabare. Elle rejoint le Père Vierge, Chabanes et, en compagnie de Denise, sa domestique, qui se mettent en sûreté sur la butte Montmartre pendant que la ville est entièrement livrée aux exactions des animaux féroces. Finalement, les Balabares opèrent un coup d’état : le gouvernement officiel de la France est renversé, les Droits de la Bête sont proclamés, et l’avilissement des Parisiens est de plus en plus perceptible :
" A mesure que la soirée avançait, les nouvelles arrivaient désastreuses. Elles étaient apportées par ceux qui avaient pu traverser l’émeute. Paris était au pouvoir des Balabares. En moins d’une heure, ils avaient désorganisé toutes les forces dont le gouvernement disposait. Leurs armes ? les bêtes ! Elles étaient sorties par milliers des égouts et des antres où elles se tenaient cachées. Sans compter les fauves, on avait vu des serpents, des rongeurs, d’énormes crapauds, des nuages d’insectes (…)
En très peu de temps, l’aspect de Paris était devenu invraisemblable. La boue, les immondices qu’on n’enlevaient plus, envahissaient tout. Les égouts vomissaient une répugnante odeur de pourriture et d’épidémie. Plus personne ne travaillait, se soignait, s’habillait, réfléchissait, espérait. Il ne restait qu’un peuple de vauriens, de mendiants et de parasites. (…) Rapidement l’espèce humaine se dégradait et retournait à un état qui ressemblait à l’état primitif comme l’extrême vieillesse ressemble à l’enfance. Au lieu de redevenir jeune, l’homme devenait extrêmement caduc, un singe, mais un singe de la famille paresseuse des lémuriens. "
Dans l’Europe entière se produit la subversion. Partout les êtres humains régressent et les bêtes dangereuses se multiplient :
" En Allemagne, l’invasion balabare produisit des effets encore plus extravagants. Depuis un an, tous les Prussiens couraient à quatre pattes et grognaient comme des cochons; les Bavarois imitaient les daims et les cerfs ; les Saxons portaient des muselières. On affirmait aussi que les Russes changeaient en ours, les Anglais en phoque et les Hollandais en castors. Les Belges se battaient entre eux. L’Italie s’était divisée en cent petits Etats gouvernés par des potentats fastueux et bavards. De l’Amérique, de la Chine et du Japon, on n’avait que des nouvelles très imprécises. "
Les nouveaux maîtres proclament que l’économie sera uniquement végétarienne ou ne sera pas. la nature même semble en accord avec ces lois puisqu’elle envahit les rues de Paris :
" Aux premiers jours de l’année, une nouvelle invasion menaça les ruines de Paris. Maintenant les plantes descendaient vers la ville. Une sève ardente montait au cœur des arbres. Les Tuileries et le Luxembourg devenaient forêts vierges. Partout, entre les pavés, les crevasses des murs, les lames des parquets, dans les caves, les monuments déserts, les maisons inhabitées, poussaient des herbes sauvages, des lierres désordonnés, des tiges folles, des vignes grimpantes, des fougères et des champignons. "
Alors apparaissent les " Cavaliers Blancs " qui porteront des coups décisifs au Balabares. L’opposition est enfin apparue au grand jour, sous la direction de De Lixhe qui, loin d’être mort, a été le premier à reconnaître que les Balabares se servaient de la suggestion hypnotique pour faire croire à la multiplication des animaux dans le monde entier. Au moment où Le Père Vierge est arrêté, torturé et mis en croix, les Cavaliers Blancs débarrassent la ville des Balabares en tuant Ban-Bahour et son âme damnée. Partout s’écroule l’état sauvage mais, plutôt que de renouer avec le système de gouvernement du passé, nos amis participent à la création de la Libre République de Montmartre :
" Je propose plutôt de créer ici, sur la Butte, un petit Paradis Terrestre conscient et organisé. (…) Nous n’avons absolument pas besoin de fabriques, de conserves, de bottines, de complets-veston, de pièces détachées, de corsets et de papiers peints. Nous nous passerons également d’huissiers, de concierges, d’employés d’administration, de l’octroi, de financiers, de directeurs de théâtre et d’agents de change. Au lieu de construire une Rome agressive, construisons une Rome défensive où quelques rares élus seuls pourront entrer. "
Un récit tout en finesse et ironie dont les idées fusent comme des étoiles filantes. Les critique des citoyens abêtis, des mœurs sauvages et de la modernité en font une œuvre réactionnaire mais intelligente, exploitant au mieux le concept cataclysmique.
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La Terre Hallucinee - Par BenF
Le journaliste Etienne Mansart se promet de passer une bonne journée avec Nadine, sa collègue de travail du journal " Femina-Magazine", aux charmes de laquelle il n’est pas insensible. Un incident curieux émaille la projection du film " Napoléon " qu’ils sont allés voir : un spectateur se lève et tire sur l’écran prétextant qu’il était le seul et unique Napoléon existant. Nadine, troublée, quitte précipitamment Etienne. Le lendemain, il apprend avec stupeur par l’article de " Femina-Magazine " signé Nadine que de nombreuses autres personnes se sont prises pour Napoléon. En arrivant à son journal, la confirmation lui en est donnée par son patron lui-même gagné par une sorte de folie hallucinatoire qui s’imagine être la personne même de l’empereur.
L’hallucination progresse, telle une vague de fond, et désorganise la vie publique. Seul Etienne est apparemment épargné par le fléau. Recherchant Nadine pour avoir une explication avec elle, il constate, en se rendant à son domicile, qu’elle s’est fait enlever. Le mystère s’épaissit. Il sera convoqué à une réunion par le préfet puisqu’il est l’un des premiers à avoir été en mis en présence de l’hallucination. Il y apprend que le contact avec le sud de la France est rompu. On ne sait pourquoi et rien n’y fait, ni les avions qu’on y envoie, ni les militaires dépêchés sur les lieux, qui ne donnent plus signe de vie.Soupçonnant M. Leroy, un soi-disant représentant qui recherche Etienne, d’être l’instigateur d’une sorte de complot lié à l’hallucination, le jeune homme apprend que cet individu est l’oncle de Nadine, désireux, tout comme Etienne, de faire toute la lumière sur l’enlèvement de sa nièce.
La folie gagne Paris. Chaque citoyen étant convaincu d’être le seul Napoléon, des bagarres et des rixes éclatent, rendant la vie sociale précaire. L’anarchie s’installe au cœur de la cité :
" Aussitôt, je comprends que l’inéluctable s’est produit. L’avenue ne présente pas plus d’animation qu’à l’ordinaire. Des gens errent sur les trottoirs, désoeuvrés. Plus désoeuvrés que de coutume, peut-être ? Je reconnais quelques ouvriers revêtus de leur costume de toile bleue, qui marchent très lentement, la tête droite, très raides. Des bourgeois en costume sombre font claquer les talons sur les trottoirs, et redressent leur courte taille, orgueilleusement Des sportifs, en culotte de golf agitent belliqueusement des raquettes de tennis…Malgré le froid, tout le monde circule à l’aventure, sans manteau, sans pardessus. Je m’avise alors que j’ai moi-même omis de me couvrir suffisamment. Je grelotte. Mais est-ce bien de froid ?… Ou d’épouvante ? Car tout ce monde somnolent, plongé dans quelque rêve halluciné, tout ce monde porte la main sous le gilet, sous le veston, dans cette pose popularisée par l’imagerie d’Epinal!… "
Ne comprenant toujours pas pourquoi lui, Etienne, et maintenant Leroy, sont épargnés, le journaliste s’arrête à un indice : tous les Napoléon disent être décédés un cinq mai. Or, c’est une erreur. L’empereur est décédé un 7 mai. Lors de la réunion chez le Préfet, un savant, Sommerfeld, était le seul à avoir fait cette erreur. La seule explication rationnelle qui convienne est que le responsable de l’hallucination collective est Sommerfeld. Procédant par recoupements, Etienne apprend que Sommerfeld n’habite pas loin du cinéma où s’est déclenchée la première crise, ni loin du domicile de Nadine. En réalité, Sommerfeld, amoureux de Nadine, l’avait fait enlever par Alexis son valet, et grâce à un générateur d’ondes de son invention, avait plongé progressivement la France, puis les pays environnants dans l’hystérie la plus totale. Pour rien, parce que cela l’amusait follement.Sommerfeld est sur les traces d’Etienne qu’il sait être dangereux. Il le fait donc enlever à son tour, avec Leroy.
L’oncle de Nadine, parvenant à se défaire de ses liens, fait sauter la machine, tuant du même coup Sommerfeld et Alexis. Auprès de Nadine enfin sauvée, Etienne comprend qu’il doit son immunité à la jeune fille laquelle lui avait passé au doigt, ainsi qu’à son oncle, préalablement à l’aventure, un anneau métallique qui les protégeait des ondes néfastes, car elle connaissait l’invention de Sommerfeld. La diabolique machine détruite, les innombrables Napoléon abandonnent leur personnalité factice.
Un petit roman, dans la veine populaire, jouant de la problématique du savant fou, et conté avec beaucoup de verve.
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La Terre Endormie - Par BenF
Mathias , le chef tout puissant, a crée une formidable organisation sur une île retirée où il met au point " la bombe verte ", un rayon capable d’endormir le monde entier en le plongeant en léthargie. Richard Sardain et Albane, la journaliste enlevée, se retrouvent au pouvoir de Mathias qui manipule leur inconscient durant leur sommeil. C’est Ming (comme chez Flash Gordon), autre scientifique prisonnier, qui, devenu fou, fera exploser la bombe verte, plongeant le monde entier dans le sommeil. Les seuls êtres réveillés au monde resteront le groupe des ravisseurs. Ceux-ci, sous la conduite de Mathias, fuient leur île et s’installent à Paris, une ville qui semble tout droit issue du conte de la Belle au Bois dormant:
"A la hauteur du pont d’léna, ils s’arrêtèrent devant un spectacle extraordinaire. Un car étranger de luxe était stationné devant le trottoir. Les touristes avaient été figés à l’instant même où ils sortaient à descendre. Dans le couloir, deux ou trois personnes s’apprêtaient à descendre. L’un d’eux, ayant perdu l’équilibre alors même qu’il sautait à terre, gisait sur la chaussée sous les roues du véhicule. Dans sa chute, son appareil photographique s’était ouvert et la pellicule se déroulait dans le ruisseau.
Sur le trottoir, un jeune garçon offrait du feu à une femme ridiculement habillée d’une jaquette lie-de-vin. Le contenu d’un paquet de cigarettes jonchait le sol. La femme ne tenait plus rien entre ses doigts écartés. Plus loin, un vieil homme, vêtu à l’ancienne mode - chapeau melon et jaquette de soie noire semblait les regarder, méditatif, les jambes légèrement fléchies, les deux mains croisées sur le pommeau de sa canne. Richard s’approcha de lui on pouvait percevoir sa respiration lente. Mue par un réflexe irrépressible, Albane le secoua par l’épaule pour le réveiller. Le vieillard pivota sur lui-même et tomba, raide comme un mannequin, le nez contre le pavé. Son pince-nez se brisa et le chapeau melon alla rouler doucement jusqu’au milieu de la rue. "
Ils déambulent dans les rues avec l’ivresse de la toute puissance. Quant à nos deux héros, enfin libres, ils se réfugient à Londres. Une conséquence inattendue de la Bombe verte est la prolifération extraordinaire de la végétation qui croît cent fois plus vite que la normale et encercle la totalité de la ville. Douée de mobilité, la végétation se montre très agressive envers l’homme :
" La masse sombre d’une forêt avait envahi la rue, la cernant de tous côtés, menaçant les maisons de ses rameaux velus, de ses branches comme des reptiles, de ses lianes comme des tentacules. Elle attaquait la ville, bruissante comme une foule innombrable. Une herbe qui arrivait à mi-corps avait envahi les endroits non recouverts d’asphalte. Les arbres des avenues avaient crû de telle sorte que Konrad reconnaissait à peine le quartier. C’était devenu une féerie de cauchemar. Le toit d’une maison avait été embroché et soulevé par une branche. Des plantes grimpantes étaient montées à l’assaut des immeubles. Cette croissance accélérée, qui faisait palpiter cette végétation comme des plantes marines, minait les immeubles de minute en minute. Konrad vit la cariatide d’une maison voisine se détacher sous la poussée des bras innombrables et fouineurs du lierre. Elle hésita un instant, puis basculant dans le vide, elle vint éclater contre le trottoir et la tête roula jusqu’à ses pieds dans un treillis d’algues qui jaillissait d’une bouche d’égout. "
Le petit groupe humain resté à Paris décide de contre attaquer à l’aide du feu, en se frayant un chemin jusqu’à la tour Eiffel d’où ils pourront s’enfuir par la voie des airs. Pendant ce temps, Richard et Mathias mettent au point une formule pour se débarrasser de la végétation.
Un roman acceptable pour l’époque dans le domaine français mais qui reprend tous les poncifs du thème. Pour du plus solide voir " les Triffides " de John Wyndham
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La Terre En Folie - Par BenF
Après 1975, à MioPark dans le Cher, le célèbre professeur Monnier, géophysicien, coule des jours heureux dans sa propriété. Entouré par sa fille Yette et son futur gendre , le jeune et savant disciple Roland Darnex, le professeur Monnier, riche de par ses nombreuses inventions, pourrait se livrer à ses chères études, s’il n’était préoccupé de l’état de la terre. Une grande secousse sismique a ébranlé l’Europe, réduisant en poussière la ville de Sébastopol. Sa femme est morte, il y peu dans le tsunami qui a ravagé la côte d’azur, faisant des milliers de morts. Le climat se réchauffe. Le niveau des océans monte car les banquises polaires fondent.
Monnier a une théorie toute personnelle à l’égard de ces événements. Selon lui, l’homme est responsable du désastre en sollicitant trop la nature. Le soleil qui réchauffe la terre avec sa « Chaleur blanche » a, depuis des centaines de millions d’années, stocké cette énergie dans la faune et la flore fossiles exploitées par les êtres humains: c’est la «Chaleur noire » Cette chaleur devrait être évacuée à nouveau vers le soleil, comme si la terre et l’astre solaire formaient les deux pôles d’un même circuit. Or, prétend Monnier, ce circuit a été brisé, notamment par le développement des applications atomiques. La Chaleur noire s’accumule donc sur notre globe avec des effets électriques qui affectent le sous-sol, en amplification constante, à moins que l’humanité ne réagisse immédiatement :
« Nous pouvons, si nous le voulons, nous rendre maîtres du grand circuit Lumière-Chaleur-Electricité. Ces trois forces naturelles sont étroitement solidaires les unes des autres. Si nous parvenons à régulariser le courant de l’une, nous agirons automatiquement sur les autres (…) Il nous est possible d’agir sur le circuit Chaleur noire. Nous venons d’être les témoins de catastrophes meurtrières dues à un gonflement anormal de ce circuit. NOUS EN SOMMES LES SEULS RESPONSABLES. »
Cette théorie est si novatrice que Monnier est contacté par le Dr. Lear pour l’exposer dans le cadre de la SGM (Société Géographique Mondiale) Entre temps, Monnier reçoit la visite d’un ancien condisciple, Daigremont, qui en profite pour lui voler sa dernière invention, un accumulateur solaire, avec l’aide de Thérèse, sa belle-fille et laborantine du professeur, habilement introduite dans la place précédemment. Le savant est si consterné par ce vol qu’il a un accident d’automobile, ce qui le plonge dans un coma dont le difficile réveil appelle un long repos.
Le déséquilibre thermique s’accentuant sur toute la terre, l’eau des rivières et des fleuves se réchauffe en accueillant une faune et une flore étranges, proches de celle du jurassique. En Méditerranée l’on aurait aperçu un plésiosaure ; un peu partout poussent d’immenses fougères ; des volcans se réveillent, y compris ceux d’Auvergne ; les orages et les cyclones dévastent les arrière-pays causant de nombreuses victimes ; en Chine surtout, des épidémies foudroyantes progressent :
« C’est aussi pendant ce mémorable été que la Chine fut durement éprouvée par une mortelle épidémie. On l’a appelée la grippe chinoise, sans pouvoir lui donner un nom plus précis. En effet, il n’a pas été possible, jusqu’à maintenant, d’en isoler le microbe. Chose assez curieuse, ce microbe ne s’attaque qu’aux individus de race jaune. On a cependant noté quelques cas, tous assez bénin, chez des métis. »
Enfin, les années passées depuis les guerres atomiques qui ont dévasté toutes les capitales européennes, participent aussi du phénomène :
« Paris… ! Où est le Paris de nos grands-pères ? (…) Un cratère de plus de 250 mètres de profondeur a littéralement englouti plus de la moitié de la cité. La Seine, avec une furie inimaginable, s’est engouffrée dans l’immense cuvette, noyant en quelques heures les ruines amoncelées en un chaos indescriptible, pendant que le reste de la ville finissait de s’écrouler dans les flammes sous une fumée si dense qu’elle mit une semaine à se dissiper. Vous avez certainement encore en mémoire les premières photos prises par les aviateurs qui survolèrent la ville martyre. Une des plus émouvantes est à coup sûr celle où l’on voit nettement la pointe intacte de la tour Eiffel couchée sur les ruines du Palais de Chaillot, émergeant du nouveau lac que la Seine achève de remplir. »
En face de l’urgence, le Dr. Lear nomme Monnier, qui a recouvré tous ses esprits, « coordonnateur de la Mission d’Etude » mise en place par la SGM. Peu avant l’an 2000, l’état du monde empire. En Bolivie, l’on rapporte la présence de gigantesques animaux semblables à des stégosaures. La disparition de la moitié du Japon sous les flots consterne le monde entier. Lors d’un voyage effectué par Monnier et sa famille dans la mer du Nord pour vérifier l’état de l’Islande, son yacht secourt, avec de grandes difficultés, un cargo prisonnier d’un maelström qui s’est subitement formé :
« Doucement le yacht s’approche et arrive au bord de l’entonnoir géant. Spectacle inoubliable et terrifiant ! L’eau tourne à donner le vertige. Le cargo est le jouet de cette force monstrueuse. Il lutte désespérément pour remonter les quelques mètres qui le séparent du salut. (…) Un bruit formidable de succion monte par brusques rafales du centre de l’abîme que l’on devine plutôt que l’on ne voit. Tel un monstre affamé, il avale les poteaux de mine que, sans arrêt, les matelots basculent par-dessus bord. »
Les destructions les plus dramatiques concernent la disparition de la chaîne andine et le raz de marée gigantesque qui balaya l’Amérique du Sud à cette occasion. Enfin, rien ne put se concevoir d’aussi terrifiant que la surrection d’une terre nouvelle issue du rift médio-atlantique, que l’on nomma « nouvelle Atlantide ». Quelque part, la Chaleur noire s’accumulait en déséquilibrant les climats, mais où ?
Son ancien condisciple et voleur, Daigremont, avait depuis longtemps disparu. Après un séjour en Russie, il s’était installé dans les hauts plateaux du Tibet, transformant le désert caillouteux de sa propriété en un jardin verdoyant. Un accident d’avion malencontreux permit à René Sauvat, en mission en Chine, aviateur et ami de Roland Darnex, de découvrir le repaire du malfrat. Monnier se livra à des recherches et s’aperçut que Daigremont avait crée une gigantesque usine thermique en utilisant son invention dont la Chaleur noire produite en énorme quantité était cause du déséquilibre enregistré. Avec Sauvat et deux enquêteurs de la SGM, le savant rencontra Daigremont. Il comprit que l’indélicat personnage avait détourné l’accumulateur solaire pour assouvir sa soif de richesses en opérant la transmutation des métaux en or, se livrant à cette activité sans retenue, et ne tenant pas compte qu’à chaque seconde, il accumulait dans l’atmosphère une énergie plus puissante que celle de plusieurs bombes atomiques. Daigremont fut sommé d’arrêter. Mais avant que quiconque ait pu prendre des mesures en ce sens, le laboratoire du bandit fut soufflé par un gigantesque embrasement volcanique, ce qui sauva la terre.
Un roman, naïf par endroits et maladroitement composé, la saga personnelle de la famille Monnier interférant souvent avec l’intrigue principale. Néanmoins, c’est la première fois dans notre domaine, que nous relevons une œuvre conjecturale, où, de façon aussi explicite, l’auteur décrit le phénomène de l’effet de serre, (mis à part le retour à l’ère secondaire !)
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