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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Daniel WALTHER Parution: 1979
    L’Alsace après la catastrophe atomique de Fessenheim. Le Sundgau (dit « Sund’ ») devenu une zone tropicale et contaminée. Cinq hardis aventuriers alsaciens, des durs à cuire qui mordent à l’appât du gain, sont envoyés par m. Drop, le représentant du ministre à Strasbourg, et sommés de rapporter un petit moteur atomique égaré en cette région (on se demande bien pourquoi !) Ils seront accompagnés dans leur périple par des «askaris» c’est-à-dire des porteurs «béni oui-oui» qui ont abandonné le beau dialecte alsacien pour l’usage exclusif  du «français pointu» et qui, à l’occasion peuvent rendre de menus services :
    « Jäckele Wirtz, le hetman des askaris était un grand gaillard viril et rougeaud qui essayait désespérément de s’exprimer avec l’accent du midi mais il n’y parvenait pas, à moins d’avoir bu quatre verres de brändi.
    –hé là, Jäckele ! s’exclama soudain Hazel, viens « voir » ici.
    -oui, mensahib, sur le champ !
    Jäckele était dans les petits papiers de la gironde Hazel depuis que celle-ci l’avait vu sortir son membre de sa braguette pour uriner contre un baobab.
    Les dimensions réellement « primitives » du negerbibes du caporal-chef Wirtz l’avaient tellement impressionnée qu’elle s’était juré de se garder le beau militaire sous le coude jusqu’au moment où une « occasion » se présenterait.»
    L’expédition se passe plutôt mal puisque arrivés sur les lieux, ils seront assaillis et défaits par des guêpes géantes, formes mutantes et intelligentes, purs rejetons de la pollution atomique.
    La nouvelle qui, en soi, ne présente aucune originalité (sauf, peut-être, la référence implicite aux « Furies » de Philip Wylie) offre une saveur particulière pour les Alsaciens, ouverts aux connotations régionalistes et linguistiques.
    Ainsi en est-il des noms (Caspar «Schmarotzer» signifiant «Caspar le Parasite », « Andy Firlafanz », Andy « Double Langue »), de certains mots, comme « negerbibes » (la « b… de noir »), ou d’attitudes typiquement alsaciennes (« do s’mr gbora, do welle m’r starwa », soit « c’est ici que nous sommes nés, c’est ici que nous voulons mourir »).
    Il est donc certain que cette nouvelle, telle qu’elle est écrite et composée, réjouira un public, certes de qualité,  mais fort restreint

  2. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: David MAC AULAY Parution: 1979
    En 1985, un cataclysme détruisit en une journée toute la civilisation de l’Amérique du Nord. En 4022, l’archéologue Howard Carson et son assistante Harriet ont la bonne fortune de mettre à jour une ancienne tombe funéraire (une chambre de motel) remplie d’artefacts cultuels rarissimes.
    Une théorie des rites religieux des Yanks du 2ème  millénaire prit forme sur les correspondances suivantes : une cuve de WC = l’Urne Sacrée, le couvercle des WC = le Grand Collier, le bouchon de bonde munie de sa chaînette = le Pendentif Sacré, le Grand Autel = le téléviseur, etc. Cette remarquable démonstration de la rigueur scientifique dans la reconstruction du passé valut à son auteur la notoriété internationale et même un musée à son nom où il put montrer concrètement en quoi consistaient ces rites (voir ci-après)
    Dans ce récit didactique pour adolescent, l’auteur, avec un humour corrosif et décapant met en lumière les difficultés et pièges de la reconstitution historique. Un chef-d’œuvre à rapprocher de « Mutarotnegra » de Raymond Waydelich.

  3. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Ian WATSON Parution: 1978
    L’explosion de l’étoile Sirius ayant balayé la Terre de ses rayons de mort, faune et flore ont péri sous un flux mortel de 8500 roentgens durant trois jours :
    « Alpha Canis Majoris A, Sirius, l’Etoile du Chien. Une étoile gaspilleuse d’énergie à pas tout à fait neuf années-lumière de la terre, deux fois aussi grosse que le Soleil et vingt-cinq fois plus brillante, bien que possédant seulement le tiers de sa densité. Une candidate peu plausible au statut de supernova, vu sa position dans le diagramme de Hertzsprung-Russel.
    Elle explosa cependant, déchargeant entre 10(49) et 10(50) ergs d’énergie sous forme de rayons cosmiques, produisant une énorme marée dans les couches supérieures de l’atmosphère terrestre, et arrosant toute la planète d’une dose de radiation maximum atteignant 8500 roentgens au niveau de la mer, et pendant trois jours (…)
    Trois milliards d’êtres humains périrent en conséquence. Ceux qui n’étaient pas à l’abri.La plupart des oiseaux et des autres animaux périrent également, ainsi que les poissons des eaux peu profondes. La plus grande partie de la flore fut défoliée –mais récupérait de façon asexuée, ou par l’intermédiaire de graines et de spores. Le ciel s’enflamma de rose, de vert, et de violet, à cause des particules chargées que piégeait le champ magnétique terrestre. Il n’avait jamais été plus beau.
    Les vastes plaines de l’Afrique du Sud se sont transformées en d’immenses cimetières jonchés de squelettes blancs. La moitié de l’humanité est morte, mais pas les ressortissants blancs des pays développés qui ont pu se réfugier sous terre.
    Aujourd’hui, un groupe d’ingénieurs agronomes, chargés de surveiller les champs de céréales indispensables à la survie, discutent entre eux de l’aspect moral de l’événement : comment Dieu a-t-il pu être aussi injuste en sauvant les favorisés et en condamnant à mort les misérables ? Pour le major Woltjer, positiviste, cela aura été providentiel pour la Blancs qui pourront prendre un nouveau départ :
    « Bien d’autres créatures en-dehors de nous, les gens de couleur, n’ont plus à se sentir coupable de prendre de la place » (…) Comme tous les grands mammifères. Une bonne chose, hein, Major ? Adieu éléphants, girafes et chameaux. Adieu baleines, phoques et dauphins. Adieu corbeaux, aigles, colombes et faucons. Adieu, adieu. (…) A partir de maintenant, le monde sera un monde de très petites créatures. L’homme sera énorme et triomphant. A part lui, il y aura les insectes, les micro-organismes, et évidemment quelques poissons dans les mers. Mais principalement l’homme. Un homme de six pieds, dominant tout. Les graines sont très résistantes aux radiations, l’homme arrivera donc à se nourrir, de céréales et de plantes. Un monde végétarien, enfin! Quelques millions de gens mourront encore avant qu’il y ait assez à manger. Dans les pays les plus pauvres, inutile de le dire. »
    Andréa Diversley, la botaniste, se déculpabilise en faisant l’amour avec le généticien hindou, l’un des rares rescapés de sa race. Siméon, un autre technicien, se torture l’esprit pendant qu’ils roulent vers la ferme expérimentale de Smitsdrop. Leur rencontre inopinée avec une misérable troupe de Bantous conduit par un missionnaire blanc leur fait comprendre toute l’abomination de l’événement : Dieu ne les a pas sauvés ! Il les a condamnés à vivre en enfer pour très, très long temps…
    Une nouvelle expérimentale dont le traitement messianique altère quelque peu la force.

  4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, pollution généralisée Auteur: André CAROFF Parution: 1978
    Zalnakatar a vu le jour dans le camps de vacances  " Rio Dell " en Californie, au bord de la mer, près d’un entrepôt de réservoirs bourrés de déchets radioactifs. Etonnante symbiose d’eau de mer, de cellules animales et humaines radioactives, Zalnakatar accède à la vie sous la forme d’une masse protoplasmique verdâtre parcourue de pulsations rouges. En connexion avec son cerveau qui est la résultante de tous les cerveaux individuels des êtres humains par lui absorbés, Zalnakatar a pour unique ambition de s’étendre, de s’agrandir, en une coulée verte létale.
    Pour progresser plus rapidement, il envoie ses cellules – des hommes au sang vert appelé Rhésus Y-2 – infester les réservoirs d’eau des grandes capitales de la côte Ouest des Etats-Unis. Prenant appui sur les centrales nucléaires, sa masse, haute de trente mètres, aplatit tout sur son passage. C’est la panique dans les villes et les morts se comptent par centaines de milliers, de Temecula jusqu’à San Diego. La quasi-totalité de la Californie est recouverte par son corps gigantesque.
    Son point faible reste cependant son cerveau qui palpite au fond d’un trou d’eau là où tout a débuté, près du camping "Rio Dell ". Yvanovitch le scientifique, Suzan la journaliste et Nitosi le pilote, au risque de leur vie, annihileront l’organisme aberrant né de la pollution radioactive en pulvérisant sur sa surface l’aérosol " Wincat ", hautement toxique, découvert en derniers recours par des savants américains survoltés. Les USA se dégageront de justesse du piège mortel.
    Un récit transcrivant la vie du " Blob " cinématographique. Style efficace mais intrigue banale.

  5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Pascal MESLIN Parution: 1978
    Au sein du petit état imaginaire d‘Anabase se situe la centrale nucléaire d’Algave, orgueil de cette nation et productrice de la quasi-totalité de l’électricité du pays. Sophistiquée et bien protégée derrière ses enceintes de confinement, elle nécessite peu de surveillance, à travers un personnel hautement qualifié. C’est pourquoi l’ancien technicien Alain Londy, obligé de démissionner après plusieurs fautes techniques, n’aura aucune difficulté pour se venger. Esprit perturbé, Londy a fraternisé avec une cellule de jeunes écologistes de combat qui voient en lui le spécialiste capable de provoquer une prise de conscience du pays contre le danger nucléaire.
    Et comme rien ne vaut la démonstration par l’exemple, ils souhaitent saboter la centrale en créant un incident limité susceptible d’alerter les autorités. Mais Londy ne l’entend pas de cette oreille. Il programmera la sabotage du circuit primaire de manière à relâcher la vapeur circulant dans les tuyaux proches du cœur du réacteur, asséchant les piles d’uranium, pour provoquer leur fonte, puis leur explosion.
    Ils pénètrent dans le bâtiment par une bouche d’évacuation d’eau chaude puis investissent le centre de commande principal où l’ingénieur de surveillance, Robert Morand, sera réduit à l’impuissance. Corinne, Pierre et Vincent, les comparses de Londy , ne comprennent pas que l’homme les condamne à mort. Il disparaît pour désactiver la centrale de refroidissement et, en détruisant les commandes automatiques de fermeture des portes d’enceinte, il espère provoquer une explosion majeure par ce que l’on appelle déjà un « accident de référence » :
    « A ses pieds, la vaste piscine du réacteur, doublée d’acier inoxydable, asséchée à l’exclusion des périodes de chargement et de déchargement du combustible, lorsque, dans son fond, le couvercle de la cuve est enlevé. Trente mètres plus haut, le dôme de l’enceinte sur la face duquel serpentent les tubes d’aspersion utilisés en cas d’accident grave. Et, accrochés aux parois internes, les générateurs de vapeur qu’alimentent, pour le circuit secondaire, de grosses tuyauteries courant le long du mur, quelques mètres au-dessus de lui. La base d’un générateur de vapeur, quinze mètres plus bas, constituait son objectif. ».
    Mais Jean-Bernard Picot, un second ingénieur en tournée d’inspection dans l’intérieur du bâtiment, a échappé à la vigilance des terroristes. Il refermera les portes. Aussi, Londy, après avoir déposé sa charge de plastique pour faire sauter les canalisations aussi proches que possible du cœur du réacteur, trouvera-t-il le sas du retour hermétiquement fermé. Prisonnier de sa folie, il sera condamné à mourir dans l’explosion.Picot réussira aussi à joindre les autorités compétentes qui mettent aussitôt en place le plan d’évacuation de la zone dangereuse en faisant appel à l’armée. L’explosion aura lieu, mais grâce à la prévoyance de Picot, les effluves mortelles resteront contenues suffisamment longtemps pour que les dispositions prises puissent éviter le pire.
    Ecrit quelques années avant le tragique accident de Tchernobyl , le roman de Meslin, lourdement appuyé sur une foule de détails techniques, met en évidence la faiblesse du système qui peut provenir de l’intérieur même, ce que nulle autorité ne saurait prévoir : le sabotage prémédité et consciencieux par un personnel qualifié et décidé. Un récit travaillé en un style clair et qui incite à la réflexion.

  6. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, menaces idéologiques Auteur: Daniel SAINT-HAMON Patrick MOREAU Parution: 1978
    Entre fiction et réalité, ce roman se présente comme un reportage sur les dangers du nucléaire mis entre toutes les mains, notamment celles des terroristes. Remarquablement documentés, les auteurs entreprennent un récit au rythme soutenu, sans que jamais ne faiblisse l’intérêt du lecteur. L’objectif des terroristes est l’évacuation de l’état d’Israël qui doit être mis à disposition du peuple palestinien. Pour appuyer leur chantage, ils se proposent de faire éclater une bombe atomique "artisanale" sur la ville de  Paris, prise en otage. Emules de la bande à Baader, soutenus par Carlos et bénis par Kadhafi, les terroristes se mettent à l’oeuvre.Gisela Krüge-Fontäne est le cerveau du commando. A la fois psychopathe et sensible, émotive et inhumaine, elle dirige le groupe d’une main de fer. Son compagnon - occasionnellement de lit -  Christian Grüber,  est le savant atomiste qui a une revanche à prendre sur la société. Il sera le spécialiste, l’âme du projet. Les autres sont des comparses qui se feront éliminer au fur et à mesure que l’enquête policière progressera. Anderson , le métis haineux, est chargé de répondre de la poudre de plutonium dans les gaines d’aération du New York Hilton lors d’un congrès juif:
    " Il commençait à s’habituer à ces vomissements. Sa toilette terminée , un élan d’optimisme le remit sur pieds: quand il aurait déterminé quelle gaine amenait l’air conditionné dans la grande salle, par les ouvertures rondes pratiquées dans l’immense plafond au-dessus des congressistes, ses épreuves seraient enfin terminées. Il pourrait se reposer autant qu’il le voudrait, à plusieurs milliers de kilomètres de Gisela. Il fit glisser la fermeture de son blouson et sortit avec précaution la pochette de cuir enrobée de plastique et ses quatre cents grammes de plutonium en poussière. "
    Il échouera de peu et mourra de leucémie. Siegrid, l’homme de main, la brute aux armes multiples, se fera hacher menu lorsque la police, alertée, investira sa planque à Amsterdam, mais bien trop tard. Les principaux acteurs se seront volatilisés et ils ne découvriront qu’une boîte à gants artisanale ayant servi à la décantation de la poudre de plutonium.Jan, le Hollandais, est autant "les jambes" que Grüber "la tête". Chien fidèle, dévoué à Gisela, il " bricole " les outils nécessaires à l’extraction :
    " -Tout ira bien parce que tu vas nous construire la boîte parfaite. Et que je vais essayer de reconstituer le mieux possible l’environnement d’un centre nucléaire. Des boîtes à gants, tu en as déjà vu au cinéma ou à la télé, j’en suis sûr. Elles isolent les techniciens des matières radioactives qu’ils doivent manipuler. -Ah oui! dit Jan, ce sont ces trucs avec des grandes pinces qu’on peut actionner de l’extérieur?
    Il réfléchit et ajouta: - Grüber, si tu crois que je peux fabriquer des engins pareils, laisse-moi te... - Qui t’as parlé de ça? Une boîte à gants, c’est exactement ce que le nom indique. Une boîte avec des parois transparentes percées de trous bouchés par des gants de néoprène. Il n’y a plus qu’à passer les mains dans ces gants pour y manipuler sans danger les produits les plus toxiques. Tout est une question d’étanchéité. - Et il n’y a que ça? "
    La manière d’arriver aux fins prescrites est rapportée en des détails d’une grande précision. Tout débute par un vol de jetons radioactifs dans un container situé sur un train en Allemagne à destination d’une usine de retraitement. Le train, arrêté en pleine campagne par un feu de danger artificiel, permettra à Grüber, soigneusement protégé, de faire main basse sur le fuel nucléaire: :
    " Dans la pénombre, les fûts rangés contre les parois luisent comme des sarcophages. Christian se secoue : comparaisons historiques et états d’âme, c’est bien. Mais on est en 1978, on porte une foutue combinaison-sauna et un masque de martien. Derrière lui, les battants pivotent lentement. Il les accompagne de la main pour les empêcher de claquer, puis s’avance dans l’allée centrale entre les deux rangées de fûts. Son pas hésite à chaque cahot du wagon sur les aiguillages. Le faisceau de la lampe glisse sur le bas des tonneaux peints en rouge. Chacun est soudé à une plaque carrée munie, aux quatre coins, d’anneaux où passe une corde de sécurité. Ainsi arrimés, les fûts ne risquent pas de se renverser. "
    Une petite erreur de prévision de la part de Gisela provoquera la mort de Ulf, homme de main, fauché par un train qui arrive en sens inverse. Qu’importe, la matière première est en leur possession. De là, direction Londres où ils arracheront le document de base à un certain professeur Temple, le seul à y avoir accès. Ce document est un texte rédigé par des étudiants américains, expliquant par le détail la manière de fabriquer une bombe atomique opérationnelle rien qu’avec les produits disponibles dans la circuit de la distribution commerciale :
    " Phase 5 : Précipiter la solution obtenue en phase 4 avec de l’ammoniac (vendue 8F le litre) deux fois plus concentré que la solution aqueuse qu’il rejoint. Laisser reposer. Décanter en filtrant sur papier (filtre à café, rayon Arts ménagers); Regrouper tous les résidus d’aspect gélatineux dans un récipient résistant à la chaleur (plat Pyrex, rayon Arts ménagers). Chauffer à 800° C sur une plaque électrique (rayon Arts ménagers). Dessécher complètement par évaporation. Puis couvrir et " cramer " pour obtenir une poudre blanche d’oxyde de plutonium extrêmement volatile. Peser. Cela doit faire 100 grammes. Fin des opérations."
    Ce texte ayant été jugé trop dangereux pour être mis en libre circulation, il n’en restait que quelques exemplaires, dont celui de Temple.Muni du mode d’emploi, Grüber, avec Gisela, loue un entrepôt désaffecté à Amsterdam pour y raffiner le produit. Opération délicate dont ils se tirent bien avant l’arrivée de la police. Sacrifiant Siegrid, munis de dix kilos de poussière de plutonium, ils gagnent leur planque de Paris en vue de passer à la dernière phase du plan.
    Entre temps, les états occidentaux ont été mis au fait de la menace par les tracts de Gisela. Effervescence. L’enquête progresse lentement. Les présidents américains et français font appel à un spécialiste du nucléaire,  Harper,  qui doit prévoir les intentions des terroristes. Harper se rend à Paris en compagnie de l’inspecteur Sauniac, s’efforçant de comprendre la psychologie de Grüber afin de pouvoir le devancer.
    Grüber, lui, a quasiment terminé sa bombe en la maquillant en un inoffensif frigidaire, qu’il apporte, avec une camionnette de livraison, - quoique Paris grouille de policiers - dans les bureaux de la tour de la Défense. Le dénouement se jouera très vite. Harper a trouvé où était stationnée la camionnette. Il devine plutôt qu’il ne le sait, sa destination: la tour de la Défense.  En compagnie de Sauniac, il monte dans les bureaux. Grüber a terminé son œuvre. Il ne lui reste plus qu’à connecter deux fils et à appuyer sur la console des deux mains. Harper, s’avançant, l’oblige à abandonner l’opération de façon que Sauniac arrive à l’éliminer. Paris est sauvé.
    Un roman sophistiqué qui énonce de façon plausible les dangers guettant nos sociétés relativement à l’utilisation banalisée de l’atome. Nous sommes loin des récits d’après guerre envisageant le même thème (" Et la planète sauta " de B.R. Bruss ou "la mort atomique" de Pearson). Ici la connaissance s’appuie sur le réel du danger technologique et sur la psychologie fouillée du terroriste. L’ensemble mené avec le brio journalistique fait de cet ouvrage un bon thriller scientifique.

  7. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités, sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Chelsea Quinn YARBRO Parution: 1978
    En raison de pollutions diverses, d’essais nucléaires et de manipulations génétiques, l’Amérique a basculé dans l’horreur. Chelsea Quinn Yarbro convie le lecteur à une traversée de la partie ouest des USA.
    Evans et Théa, les protagonistes de cette terre future et dévastée, remontent vers le "nord", luttant contre les hommes et les éléments. Evans Montague est un homme de quarante cinq ans, ancien chef des "Pirates",  bandes organisés dont la vocation est d’exterminer les mutants qui prolifèrent par suite de déséquilibres génétiques. Fatigué de cette vie et sous la pression de rivalités internes, il a déserté, rejoint les montagnes et rencontré Théa.
    Celle-ci a survécu par la ruse, l’intelligence et l’énergie toute animale qu’elle a su manifester dans un monde sans pitié. Par une ironie du sort, il s’avère que les deux héros sont des mutants, aussi bien Théa, pourvue de membranes nictinantes qu’Evans, dont le bras coupé repousse progressivement. Le récit commence in media res:
    «Orland était une vraie boucherie, sous une lourde odeur de fumée et de mort. A la nuit tombée, Théa était passée à l’est de Chico - ce qui en restait-. Là, les pirates s’étaient vengés sur les rares survivants. Des hommes, atrocement mutilés, pendus par les talons aux lampadaires, et qui se balançaient en tournant. Et des femmes. "
    Une femme, une mutante, attaquée par des chiens redevenus sauvages, est suspendue, crucifiée à un lampadaire. Théa l’achèvera d’une flèche de son arbalète, son arme favorite et silencieuse.
    Quand elle rencontre Montague sa confiance en lui ne s’assied  que progressivement. Leur vigilance à tous deux ne leur permet pourtant pas d’éviter Lastly, un pirate dissident qui violera Théa:
    " Ecoute, conasse.. Tu es pour moi. Tu crois que je vais laisser un enculeur de Muts comme Montague t’avoir, hein? Il lui donna une tape sur les bras, les ramena en arrière, lui attacha les poignées avec un morceau de corde.
    " On lui a donné une leçon, à lui et à ses pervers, à Orland, tu entends? " Il tendit la corde sur le cadre du lit.  "Cette fois, j’ai ce qui me revient, d’accord? "
    Théa sortira profondément marquée par l’épreuve, éprouvant à  la suite de cela une telle haine pour le mâle, qu’elle ne s’offrira à Montague que tardivement et après beaucoup d’hésitations. Libérés de Lastly par Montague, ils commencent leur pérégrination à travers ce monde dément, évitant au maximum tout contact avec divers exemplaires d’humanité, empruntant malgré la rigueur de l’hiver, les crêtes des montagnes, se nourrissant, - quand cela leur était possible - des reliquats d’une société à jamais morte. Les endroits les plus divers leur servent d’abris de fortune:
    «Le matin arriva avant qu’ils ne trouvent un abri dans un vieux fourgon, là où les rails rouillés traversaient l’éclaircie de la ligne de haute tension.»
    Dans une cabane abandonnée, ils font une macabre découverte:
    «Ces trois-là, quels qu’ils aient été, ils étaient morts depuis longtemps. La chair s’était momifiée car l’air était chaud et se . Ils étaient étendus dans la position où ils étaient morts, au milieu des mares desséchées d’excréments qui indiquaient clairement la cause de leur mort. La dysenterie amibienne avait été fréquente dix ans auparavant et ces corps étaient morts depuis au moins ce temps-là. Leurs habits et les couvertures, une fois trempés de sueur et autres sécrétions, avaient pourri, laissant sur les cadavres quelques fils, qui se détachaient de façon pathétique sur les corps ravagés. "
    Au cours de leur voyage, ils tombent en pleine scène de bataille dans un village de fermiers qui se fait attaquer par des Pirates. Avec l’aide de Montague et Théa , les fermiers ont raison de leurs assaillants. En guise de remerciement, ils leur offrent l’hospitalité pour un temps donné. Puis, le couple reprendra la route, les Pirates ayant retrouvé les traces de Montague.
    Echappant de peu à une vieille folle qui se nourrit de viande humaine, ils découvrent un village abandonné, isolé dans les montagnes. Ils y font une longue retraite avant que les Pirates ne les talonnent à nouveau. En repartant, leur route croise celle de moines fanatiques et sadiques, issus de ces communautés pseudo - religieuses qui ont poussé après la catastrophe. Capturés, torturés par les moines, à cause de Théa, forcément impure parce que femme, ils doivent leur salut, ironiquement, aux Pirates, qui, les ayant retrouvés, attaquent la communauté.
    Ils parviennent à s’échapper à nouveau et Montague se souvient d’une cache d’armes automatiques par lesquelles la confrontation finale avec les Pirates tourne à l’avantage du couple.
    Seuls et meurtris dans ce monde délibérément hostile,  ils n’ont plus d’autre choix que de continuer, encore et toujours:
    «Elle fit une misérable tentative de sourire: -Il n’y a peut-être nulle part où aller. -Peut-être, admit-il. Il y eut un silence entre eux, tandis que le vent se faisait plus âpre.
    Puis elle se tourna à nouveau vers le Sud et gardant sa main bien serrée dans la sienne, Elle se dirigea vers les montagnes sombres, et la neige qui les suivait couvrit la trace de leurs pas comme s’ils n’avaient jamais existé. "
    Une écriture forte, un renouvellement du thème post-cataclysmique, une vision réaliste du monde; Chelsea Quinn Yarbro, aime ses personnages, les suit, s’attache à leurs sentiments et émotions. Les valeurs de la volonté, du désir de vivre, de l’amour sont exaltées par opposition à un décor sinistre d’une société en décomposition prouvant une fois de plus , s’il en était besoin, " qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ".

  8. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Yvon TOUSSAINT Parution: 1978
    Yves débarque dans sa ville natale, une bourgade provinciale de 7000 âmes. C’est l’été et il fait une chaleur écrasante. En provenance de Paris, criminologiste et écrivain, il initie une année sabbatique qu’il passera dans sa maison d’enfance en compagnie de Maria, la bonne qui l’a élevé et qui, bien que vieille, est toujours active. Il retrouvera son ami de toujours, Pergaud, ainsi que d’autres collègues policiers, Michel et Jaubert.
    Cette année sera également une année de réflexion, loin de son épouse Mireille et proche de sa belle-sœur Marie qu’il a toujours aimée en secret. Toutes les conditions sont donc réunies pour faire de ce temps un temps de vacuité, mais les événements en décident autrement. Le premier suicide réussi n’est guère suspect. Il est, peu à peu, suivi par d’autres, tout aussi inexplicables :
    " Mais le lendemain, 8 juin, avant même que le journal local ait fait état de la mort de Madeleine Larose, deux autres cas sont enregistrés. Un homme de soixante-dix ans, Victor Marot, se pend dans sa cuisine. Il est veuf et il vit seul, ses deux enfants travaillant à l’étranger. Il est pensionné depuis quatre mois. Et le même jour, Sébastien Defrance, étudiant, vingt ans, se tire une balle dans la tête à la terrasse d’un café de la ville basse. "
    Des cadavres de citoyens sans histoire s’accumulent sans que Jaubert ou Lorelle, le médecin - chef de l’hôpital, ne puissent établir aucun lien entre ceux-ci. L’ambiance de la petite ville se transforme et, lorsque les maisons de la carrière exploitée par le maire et Jean-Marie Suc son gendre et adjoint explosent, l’énervement devient perceptible. Yves est confronté à un insondable mystère : pourquoi tous ces gens se suicident-ils ?  Lorelle envisage l’hypothèse d’une imprégnation psychologique, par télépathie, Jaubert une contrainte d’ordre social ressemblant à celle des lemmings, ou encore une épidémie d’origine inconnue.La chose est prise très au sérieux par la préfecture et lorsqu’un suicide d’une famille qui a quitté la petite ville se constate à Lyon, les autorités bouclent la bourgade de crainte d’une propagation.
    Le colonel Costello est chargé avec son unité d’encercler la ville, d’y établir des barrages pour que nul ne s’échappe. Le contact avec l’extérieur est maintenu par hélicoptère. Cette vive tension, ressentie par les habitants, se traduira non seulement par une montée en flèche des suicides mais encore par une nuit d’émeute où des maisons incendiées, des jets de pierre sur les autorités, signent le désarroi de la  population. Lorelle propose une théorie sur l’évolution des divers états de l’agonie chez l’individu en la rapprochant de ce  qui se passe au niveau social :
    " En fait, on pourrait dire que c’est le véritable début de l’agonie, que le délabrement général qui conduit à la mort est imminent. Vous m’avez compris, n’est–ce-pas ? Vous avez saisi le parallèle que je suggère ? Notre ville vient de connaître sa période combative. Je prévois, je prophétise même qu’elle ne va pas tarder à entrer dans sa période dépressive. Et alors, mon cher commissaire, vous verrez que ce ne sera plus par dizaines que l’on dénombrera les cadavres… "
    Plus de cinquante suicides se perpétuent ainsi jusqu’à ce que la morgue de l’hôpital soit encombrée. Le médecin, qui se dévoue corps et âme aux soins, bascule dans la déraison. Yves semble " immunisé ", contrairement à Lortac, dont la femme s’est suicidée, qui met à profit le désordre ambiant pour empoisonner à l’arsenic, Jaubert, son chef qu’il déteste, sans y parvenir cependant. Soudain, l’épidémie semble marquer un arrêt : avec le temps qui passe, l’on enregistre une diminution notable des cas de suicide. Le dernier en date,  clôturant la série, est celui de Marie laquelle - mystérieusement - a décidé de se tuer en sortant définitivement de la vie d’Yves. Lorsqu’en novembre, l’état de siège est levé, Yves repart vers Paris, différent de ce qu’il était, aussi bien moralement que physiquement, sans avoir pu résoudre l’énigme de cette vague de mortalité
    Un roman à l’approche behavioriste dont le cadre en huis clos augmente l’intensité de l’intrigue. La minutie des descriptions jusqu’au moindre détail crée une atmosphère d’angoisse autour de personnages qui paraissent marqués par le destin. Les relations entre eux s’établissent dans l’ambiguïté, les sentiments sont exacerbés par la violence de la pulsion suicidaire. Un ouvrage original, à la limite du genre, entre enquête policière et  catastrophe sociale.

  9. Type: livre Thème: menaces idéologiques, menaces climatiques Auteur: Ben BOVA Parution: 1978
    En 2008, le monde est uni sous l’égide d’un gouvernement démocratique avec, à sa tête, le vieillard Da Paolo. Uni aussi dans la pauvreté, car un Directoire, composé des cinq êtres humains les plus riches de l’histoire, a pris la décision de faire éclater la Démocratie Mondiale.
    « C’est la guerre, je vous dis. La Quatrième guerre mondiale. Elle se mène avec des armes secrètes, silencieuses, des armes qui s’attaquent à l’environnement. C’est une guerre écologique. On trafique le temps de l’adversaire, on dévaste ses récoltes, on s’en prend à ses nappes phréatiques, on modifie le régime des pluies. La disette tue les hommes aussi sûrement qu’une balle. »
    Dans l’espace, Ile Un et Ile Deux sont deux énormes cylindres creux de vingt kilomètres de long, deux satellites habitables et terraformés entièrement financés par le Directoire et dirigés par le Dr. Cobb.  Ile Deux devra servir de base de repli pour les ploutocrates lorsque l’incendie révolutionnaire qu’ils auront eux-mêmes allumés sur la Terre, ravagera les différentes nations, détruisant du même coup l’autorité du Gouvernement mondial. La déstabilisation mondiale est d’ores et déjà initiée par le Colonel César Villanova, le grand Leader Maximo des peuples du Sud.  D’un autre côté le F.R.P. (Front Révolutionnaire du Peuple) gagne irrésistiblement du terrain. D’ailleurs, le déséquilibre climatique, soigneusement entretenu par le Directoire,  provoque des millions de morts :
    « Nous perturbons les climats. Nous tuons ces pauvres malheureux. Pourquoi ? Sommes-nous donc dans une situation à tel point désespérée…
    -Oui, le coupa sèchement Garrison. Nous sommes dans une situation désespérée et c’est pourquoi nous devons nous battre. Si nous restons à nous tourner les pouces en laissant le Gouvernement mondial libre d’agir à sa guise ; nous finirons à l’asile tous autant que nous sommes. La race humaine ne sera plus qu’une horde de chiens affamés et gémissants. Le monde entier sera réduit à la situation dans laquelle se débat l’Inde – Plus pauvre que Job. »
    Les grandes métropoles devenues des mouroirs et des réservoirs à miasmes, drainent une population de plus en plus pauvre :
    « D’un bout du monde à l’autre, de Sao Paulo à Tokyo, de Los Angeles à Calcutta, elles agonisaient. Il n’y avait plus de raisons d’habiter les cités. Ceux qui le pouvaient allaient s’installer à la campagne. Ceux qui étaient trop pauvres restaient en essayant de subsister tant bien que mal au milieu des monceaux de détritus qui ne cessaient de croître et les épidémies. »
    Sur Ile Un, David, le premier être humain né en laboratoire, en connexion permanente avec les ordinateurs, prévisionniste de son état, fils putatif de Cyrus Cobb, (lui – même est au service des membres du Directoire), échappe à la surveillance paternelle et parvient avec difficulté à rejoindre la Terre pour  y retrouver la journaliste Evelyn Hall avec qui il a eu une aventure sentimentale.
    Bahjat, la propre fille de Al Hachémi, l’un des membres du Directoire, aussi connue sous le nom de Shéhérazade, est l’une des responsables du FRP. Manipulée par Hamoud, dit le Tigre, elle assiste à la mort programmée de son amant irlandais et conçoit une haine terrible envers son père qu’elle rend responsable de l’assassinat.
    Ailleurs, dans les bas-fonds de Manhattan, Léo, le géant noir qui fonctionne aux stéroïdes dont dépend sa vie, tente de fédérer le mouvement de révolte des Noirs urbains, les «drop-out » de la société.
    Alors que Da Paolo, qui pressent le danger de l’éclatement du système démocratique mondial, est impuissant à convaincre Villanova, c’est–à-dire El Libertador, Bahjat, détourne la navette spatiale emmenant David sur terre,  lequel devient otage du F.R.P. Les villes s’embrasent et le Gouvernement Mondial se retrouve en grand péril. Le noir Boweto prend la succession de Da Paolo terrassé par une crise cardiaque :
    « C’était dans les grandes villes du Nord-Est que la situation était la plus grave, encore que les rapports fussent contradictoires et que Saint-Louis, Denver, Atlanta et Houston fussent la proie des flammes. Phoenix avait été submergé par des bandes hurlantes qui avaient mis à sac les foyers de retraite en l’espace d’une heure ou deux. Dallas-Fort Worth faisait face : les Texas rangers, épaulés par une milice de volontaires puissamment armés, contre-attaquaient rue par rue. »(…)
    « La plupart d’entre eux laissèrent simplement échapper un gaz toxique qui, réagissant sur les muqueuses nasales, provoquait chez ceux qui le respiraient des nausées et des vertiges épouvantables. D’autres, qui étaient des émetteurs microminiaturisés, engendraient des ondes à fréquence ultra-basse interférant avec les impulsions électriques du cerveau humain. Quiconque se trouvait pris dans un rayon de cinquante mètres risquait d’être pris d’une crise paraeliptoïdique. Pendant les tests, des sujets s’étaient tranché la langue à coups de dents et fracturé les articulations dans leurs convulsions spasmodiques. »
    Hamoud, croit avoir toutes les cartes en mains pour tirer profit de la situation. Accompagné d’Evelyn, devenu son jouet sexuel, le Tigre doit retrouver Bahjat et David dans un monde en insurrection. Garrison, l’un des Directeurs d’Ile Un se prépare à fuir à bord de la colonie spatiale, comme de son côté Al Hachémi, qui espère encore que sa petite fille chérie décidera de le rejoindre. La rencontre entre les révolutionnaires, Bhajat, Hamoud, Léo,  et leurs otages, David et Evelyn, leur suggère de soumettre le monde au F.R.P. en coupant l’approvisionnement en énergie solaire à partir d’Ile Un. Pour tenter ce coup de force, il leur faut impérativement gagner la colonie de l’espace, d’autant plus que Léo a besoin de ses stéroïdes pour se maintenir en vie. Utilisant Bhajat comme cheval de Troie, les meneurs du F.R.P s’emparent du satellite, réduisent le Directoire à l’impuissance et font régner la terreur à l’intérieur d’Ile Un. De vastes régions du monde seront privées d’énergie et vouées au froid intense :
    « C’est l’hiver dans l’hémisphère nord, reprit le Russe. Il y a déjà un mètre de neige dans les rues à Moscou. L’électricité ne fonctionne plus à Léningrad depuis l’aube. Rien qu’en Union Soviétique, il y aura des milliers de morts , peut-être un million ou davantage. »
    David ne se résigne pas à l’échec. De par sa parfaite connaissance des lieux, il sera le seul à pouvoir rétablir la situation. Porteur sain de nombreuses maladies, il contamine les belligérants, y compris Bahjat qu’il aime pourtant, se débarrasse de Hamoud le fanatique, libère les membres du Directoire et notamment son père adoptif Cyrus Cobb, remet en fonctionnement les satellites solaires. Sur terre, les émeutes s’arrêtent. Un moratoire est signé entre El Libertador et Boweto qui s’associent dans une nouvelle politique économique du développement. Garrison, et les autres membres du club des ploutocrates, seront dépossédés de leur jouet : David leur impose la mise à disposition des colonies spatiales - notamment Ile Un- à l’humanité pour que celle-ci ait une chance d’échapper à la dégradation écologique de la terre qui finirait, à terme, par l’éradiquer. La construction de multiples et d’immenses satellites, sortes d’arches stellaires assurera la pérennité de l’espèce :
    « Ile Un est le premier pas que fait réellement l’homme dans l’espace. Nous ferons en sorte que l’espèce humaine essaime dans tout le système solaire. Alors nous n’aurons plus rien à craindre. Quoiqu’il advienne de la terre, si stupides et myopes soient les terriens chez eux, nous serons assurés de survivre. (…) la dispersion… c’est la clé de la survivance pour l’Homme. Nous nous éparpillerons à travers l’espace, dans l’immensité de l’univers qui est notre patrie. Un système solaire débordant de ressources  naturelles et d’énergie nous attend. Qui a besoin de la Terre. »
    Cobb est satisfait puisque tout s’est passé selon le plan secret mis au point par lui, à l’insu de David, instrument essentiel de sa réussite. Bahjat, à qui David avait injecté un antidote, accompagnera dorénavant le jeune homme dans son épopée spatiale.
    Une vaste fresque d’un futur proche vécue à travers des destinées individuelles, porteur de valeurs et de croyances contradictoires. L’intrigue individuelle se déroule sur fond d’événements sociaux riches en éléments cataclysmiques, selon une trame simultanéiste. Seul le manichéisme Blancs/Noirs sonne faux aujourd’hui mais restait un thème plausible à l’époque de l’écriture du roman

  10. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Alain DOREMIEUX Parution: 1977
    Deux personnages, un homme et une femme, derniers survivants d’une conflagration mondiale, se tiennent l’un en face de l’autre, chacun énigmatique à l’autre dans un monde devenu énigme, fait de silence et rempli d’objets inutiles épaves d’une société défunte.
    Régulièrement, Carnal - c’est le nom de l’homme - se rend sur la plage déserte dans cette ville balnéaire sans nom où des " vents soufflent dans des fenêtres sans vitres ". Partout, dans l’hôtel en bordure de plage, c’est l’abandon obscène des choses. Carnal se réfugie dans un passé encore proche et déjà si lointain. Il fait chaud. Il est seul, ou du moins il le croit.
    Un jour, en se promenant dans le paysage nu , il croise une jeune femme, Karen Dubceck. Elle est muette, énigme parmi les énigmes. Il lui fait l’amour sur la plage, en silence, ses fantasmes sexuels s’accompagnant de visions de mort:
    «Dans son sommeil Carnal vit une pluie de cendre s’amonceler sur un paysage. Il vit une ville détruite, hérissée de carcasses noircies et parsemée de décombres. Il vit des fumées dans le ciel et des lueurs d’incendie comme à l’heure du couchant. Il vit la surface des mers se soulever et déverser sur les rives polluées des bancs de poissons morts. Il vit une femme avec une plaie au côté, portant dans ses bras le cadavre d’un nouveau-né carbonisé…»
    Sans que jamais rien ne se noue réellement en ce monde vide, la nouvelle se clôt sur l’assassinat de Carnal par Karen. Une mort entrevue, rêvée et souhaitée par le protagoniste.
    Un exercice de style « à la manière de...», en l’occurrence de Ballard