Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Alors que Jim Rivers, météorologue de son état, est accidenté en coulant étudier de trop près les conditions dans l’œil d’un cyclone, partout dans le monde se développent, de façon anarchique, des événements catastrophiques : volcanisme réveillé en Sicile, sècheresse et typhon au Texas, raz de marée au Bengladesh, etc., relatés à travers les témoignages divers d’individus fortement typés. Ce qui est étrange dans chaque cas, est l’apparition d’un petit globe lumineux (appelé « présage »), dont la vision provoque d’abord un sentiment d’émerveillement avant de se terminer en cauchemar. En ce décor, de plus en plus bouleversé, Rivers mis sur la touche pour « fatigue exceptionnelle » est contacté par une étrange famille résidant à Hazelrod, au nord de Londres. La jeune Diane – dont il tombera amoureux - assure le contact entre lui et deux jumeaux, Josh et Azel, aux pouvoirs psy très curieux. Ce sont eux qui ont convaincu Diane de ramener Rivers vers Bibby et Poggs, leurs parents adoptifs et éminents scientifiques écologistes. Rivers, d’abord très méfiant, n’adhère pas à la théorie de Poggs qui prétend que la terre, organisme vivant (hypothèse Gaïa) est arrivé à son seuil d’intolérance et tente de se débarrasser de l’horrible parasite qu’est l’homme :
« le mont Pinatubo éclata purement et simplement. Les cieux s’embrasèrent, et l’on entendit la déflagration à près de cinq mille kilomètres(…) Cette seconde explosion dévastatrice projeta des cendres et des roches à quatre-vingt kilomètres, et créa des vagues de pression qui firent le tour du globe. Séismes et raz de marée s’ensuivirent.(…) Les habitants des Philippines crurent que la fin du monde était finalement arrivée. »
Les rêves tiennent un part importante dans le récit. D’après les jumeaux, qui sont en contact métapsychique avec d’autres enfants semblables à eux dans le monde, Rivers aurait un rôle particulier à jouer, celui de retrouver «l’Homme du rêve ». Ce dernier, au rôle bénéfique, est seul apte à contrer le mal que la terre fait peser sur l’espèce humaine, notamment en la personne de Mama Pitié, une gargantuesque et monstrueuse prêtresse noire de Saint-Louis, Missouri. Mama Pitié se veut l’incarnation de la « Mère Terre » et de sa volonté de se débarrasser des êtres humains. Sa tâche sera donc de mettre les mains sur Josh et Eva qu’elle considère comme les catalyseurs d’une nouvelle nature en train de naître, et bienfaisante, celle-ci, pour les hommes (du moins les survivants).
Tandis que des présages se manifestent un peu partout dans le monde, de plus en plus nombreux et signant des catastrophes inattendues, tels que des tremblements de terre à Londres où des geysers d’eau bouillante au centre de diverses cités, Rivers, guidé par un présage s’envole en direction de l’Ecosse en compagnie de Diane et Josh, à la recherche de l’Homme du rêve. Parallèlement, Mama Pitié prend l’avion pour Hazelrod avec son âme damnée Nelson Shadebak, pour mettre la main sur Eva. Rivers y fera la connaissance d’un ermite aveugle au fond de la campagne écossaise qui lui enjoint de retourner immédiatement auprès d’Eva et d’écarter la terrible menace qui plane sur les jumeaux, car eux seuls seront capables de réduire la «colère» de la terre. A son retour à la propriété, Rivers se rendit compte que Mama Pitié avait déjà commencé son œuvre de mort. Bibby morte, la prêtresse noire s’apprêtait à dévorer Eva, comme l’ogre de la fable. Un combat titanesque se déroulera entre Rivers et la diabolique Mama jusqu’à ce qu’un coup de fusil de chasse de Diane mette fin à l’affrontement :
« D’un geste lourd mais rapide, Rivers s’élança et sauta. Son bras valide enserra la taille d’Eva, et son poids fit le reste comme il retombait sur le sol.(…) Rivers poussa un cri car son bras cassé avait heurté le lit, mais il reçut le poids d’Eva sur sa poitrine, ce qui amortit la chute de l’enfant.(…) et, les yeux à demi-fermés sous l’effet de la douleur, il regarda la géante ensanglantée qui se tourna vers eux. »
Alors la terre, délivrée de l’entité malfaisante qui était censée la représenter, put enfin s’apaiser, entrée par les présages bénéfiques d’Eva et de Josh, à Hazelrod, comme partout dans le monde.
Un récit peu crédible qui présente un salmigondis de descriptions catastrophistes liées à la sauce métaphysique : L’hypothèse Gaïa a bon dos ! Quant à l’intrigue,elle « flotte» entre la lutte Rivers/Mama Pitié et les annotations à caractère spiritualiste. Un roman raté qui nous fait regretter la série des « Rats ».
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Dans la région de Wiltshire en Angleterre se produit une terrible catastrophe : une faille énorme, longue de deux kilomètres engloutit maisons et gens, y compris John Holmes, employé du gouvernement dans le domaine de la Défense, amoureux de la jolie Casey, et en mission sur le terrain. John, pris dans la faille, arrive en dernière extrémité à s’en extirper non sans respirer une sorte de brouillard jaune qui monte des bas-fonds et s’envole au vent.
Ce brouillard, extrêmement toxique, est composé d’une multitude de virus, une arme secrète expérimentale que l’armée avait enterrée profondément et que la fissure – autre conséquence d’un essai d’explosion souterraine - a libéré de sa gangue.Le virus, qui se regroupe en un noyau lumineux au sein d’un brouillard toxique compact, s’attaque aux neurones.Tout en les détruisant, il les remplace par son propre contenu viral, libérant l’agressivité inconsciente de l’archéo-cerveau humain.
Les cas individuels de délire meurtrier se succèdent dans la région touchée, allant des plus simples (agressions de personnes à personnes, souvent horribles) aux plus complexes, comme le suicide collectif des habitants de Bournemouth :
« Les habitants et vacanciers de Bournemouth avaient quitté leurs maisons, hôtels et pensions de famille par milliers pour se déverser sur la plage. Le brouillard qui avait gâché leur journée de la veille les tuait ce matin. Ils allaient vers la mer se noyer comme des lemmings ; ceux qui venaient derrière grimpaient sur les cadavres entassés sur le bord. Ceux qui pour une raison ou pour une autre ne pouvaient marcher se donnèrent la mort de diverses façons. Des centaines de personnes ne purent atteindre le rivage, bloqué par trop de noyés. Celles-là furent emmenées hurlantes de la plage par ceux qui étaient accourus pour tenter de limiter l’hécatombe. »
Holmes lui-même est infecté, mais comme il est le premier à avoir respiré le gaz toxique encore dilué et qu’il vient de subir une transfusion sanguine, il est aussi le seul à être mithridatisé contre l’action du virus. Par là, il devient le personnage-clé du récit, amené à lutter contre un agent infectieux dont les savants ne possèdent pas la composition exacte, car son inventeur, contaminé dès l’origine, est mort fou.
En attendant que l’armée réagisse, le brouillard mortel poursuit ses pérégrinations en se concentrant et se dirige vers Londres. Tous ceux qui l’inhalent se transforment en forcenés, doués d’une force phénoménale. Ils ne ressentent ni douleur ni inhibition morale, et sont prêts à découper leur conjoint ou leur voisin en morceaux. Holmes en fait la triste expérience en la personne de Casey qui se transforme en furie. Il réussira à la faire interner et poursuivra le combat contre le virus, soutenu par les plus hautes instances de la Défense du territoire, qui n’ont plus d’autres moyens de protection que de se confiner dans un bunker atomique, lorsque le brouillard atteint les faubourgs de Londres.
En quelques heures, au sein de la capitale, c’est l’apocalypse. Pour Holmes, sommé d’éradiquer le fléau, il s’agit d’accéder au noyau viral, bien protégé par son cocon méphitique, afin d’en prélever un échantillon à fins d’analyse. Flanqué par l’adjoint Barrow (qui ne l’aime guère), Holmes avance dans un univers cauchemardesque où les rues de Londres, empuanties par le brouillard servent de décor à mille actes de barbarie. Les fous, en vertu d’un tropisme inexpliqué ont tendance à se regrouper lors de la mise à mort d’un des leurs, ou à se suicider de concert, le tout en une joyeuse ambiance de kermesse et de rires :
«Ils croisèrent beaucoup d’immeubles en flammes, beaucoup de voitures aussi ; des théories de gens errant dans les rues, la folie inscrite sur les traits ; d’autres prostrés dans un coin, qui de temps en temps relevaient sur le monde des yeux égarés, remplis de frayeur.
Ils doublèrent des corps qui étaient tombés ou avaient sauté d’immeubles voisins ; ils entendirent des hurlements de frayeur ou de rire, des chansons vociférées à tue-tête ; ils virent des gens prier à genoux. Et le plus surprenant, c’est qu’ils virent aussi des gens se conduire normalement, faire la queue aux arrêts de bus, marcher d’un pas vif vers leur travail peut-être, avec des parapluies ou des serviettes, pénétrer dans des immeubles ouverts, attendre patiemment devant des portes encore closes, bavarder tranquillement comme un jour ordinaire, sans s’apercevoir du chaos ambiant. Etait-ce leur façon d’être fous ? »
Holmes, progressant avec difficulté, doit à plusieurs reprises se débarrasser de ceux qui veulent sa mort, comme cet automobiliste en apparence sain d’esprit qui transporte à l’arrière de son véhicule le corps de sa femme sans tête, cette dernière soigneusement rangée dans une petite valise !Une première approche, après que le noyau ait été localisé dans la cathédrale de Westminster, échoue.Une deuxième sortie, dans des conditions de plus en plus terrifiantes, situe le noyau viral dans un tunnel de métro.
En liaison constante avec le centre opérationnel, Holmes préconise de l’emmurer en ces lieux, en faisant sauter les deux extrémités du tunnel. La manœuvre pourtant bien exécutée par des soldats du génie et sous la direction du savant Rycker, l’un des responsables civils de la Défense, échoue elle aussi : le brouillard parvient à s’échapper par une petite fissure. Attiré par le gaz complexe contenu dans des gazomètres géants disposés le long de la Tamise et remplis de méthane, le brouillard se love dans cet environnement.
Pour Rycker, c’est l’opération de la dernière chance, même si elle comporte d’énormes risques : il faut faire sauter les gazomètres ! L’explosion éventre la ville de Londres en provoquant une tempête de feu mais le virus sera définitivement éradiqué. Afin de sauver les Londoniens infectés et s’en approcher sans danger, l’on arrosera les différents quartiers par un puissant somnifère, ce qui empêchera les suicides de masse. En fin de compte, Holmes retrouvera Casey guérie, et sa tranquillité.
Un bio-thriller prenant qui évoque le possible danger couru par l’humanité dans le cadre d’une utilisation d’armes nouvelles non maîtrisées. Une fiction proche de la réalité.
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En 1948, Londres est un immense brasier. Hitler, avant de perdre la guerre, a expédié sur la capitale de l’Angleterre quantité de V2 bourrés d’un gaz empoisonné et de microbes, ce qui a déclenché une épidémie foudroyante par corruption du sang : la « Peste Sanguine » . Hoke, un ancien pilote américain volontaire dans la R.A.F. parcourt cet univers urbain délabré :
«Nous passâmes devant des immeubles détruits, certains par les bombardements de la Luftwaffe, d’autres plus tard, lorsque les canalisations de gaz avaient explosé, à cause d’une cigarette, d’un court-circuit ou d’une bougie, bref toutes sortes d’accidents domestiques provoqués par les victimes de la Peste Ecarlate Lente quand ils succombaient subitement. Les dommages infligés à la ville n’étaient pas terminés, d’ailleurs. Des canalisations de gaz continuaient d’exploser, des conduites d’eau de se briser, et des bâtiments frappés par les bombes de s’écrouler bien après la fin du Blitz. Londres était un endroit dangereux, même sans cette armée de barjots qui sillonnait les rues. »
Il est l’un des rares rescapés grâce à son sang de groupe AB. Pourchassé par les « Chemises Noires », les derniers nazis anglais sous la direction de Hubble, bras droit de Morlay, un leader fanatique, il a, pour leur échapper à coup sûr, constitué des planques disséminées un peu partout dans la ville morte. Les Chemises Noires sont elles aussi atteintes par le fléau mais meurent plus lentement, en pourrissant sur pied. Hubble est persuadé qu’en capturant Hoke, il parviendrait à survivre par une exsanguino-transfusion :
« Les victimes de la Peste Sanguine, appelée aussi Peste Ecarlate, ou Pandémie par les plus littéraires, n’avaient pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait à leur corps. Leurs artères s’étaient soudain gonflées avant de se rigidifier sous la peau ; leurs mains avaient noirci, les extrémités des doigts s’étaient gorgées de sang tandis que les veinules éclataient. Le liquide vital s’était mis à couler de tous les orifices corporels, des oreilles, des yeux, des narines, de la bouche, du sexe, de l’anus, puis des pores de la peau.
Ils ne s’étaient pas rendus compte que les artères principales coagulaient tandis que les organes principaux, engorgés, cessaient de fonctionner et qu’une hémorragie instantanée les envahissait. Leur poitrine avait été broyée dans l’étau d’une effroyable souffrance, jusqu’à ce que leur peau se fendille et que tout organe vital cesse de fonctionner. »
Pour corser le tout, la ville est régulièrement survolée par un aviateur allemand fou qui la bombarde au hasard. Quant au reste de l’Europe, l’on ne sait ce qui s’est passé mais l’on suppose que la Peste Sanguine a étendu partout son action.
Hoke est repéré dans l’une de ses planques et doit la vie sauve à Cissie, Muriel et Stern, trois personnes valides qui passaient par là. Poursuivis eux aussi par les Chemises Noires, ils manquent d’être capturés dans les couloirs du métro londonien transformé en nécropole. Finalement, ils prennent leurs quartiers au Savoy, le grand hôtel international pour élite, lui aussi rempli de cadavres ou décomposés ou momifiés :
«J’avais nettoyé la rue. C’était le dernier cadavre. Tous les autres étaient hors de vue, à l’intérieur des bâtisses. Comme on dit : loin des yeux, loin du cœur. Mais c’était faux. Je les voyais encore en pensée, avachis dans leurs fauteuils, écroulés sur les tables, recroquevillés sur le sol. Desséchés, des coquilles vides aussi légères qu’une plume, des silhouettes de poussière. Pour moi ils peuplaient toujours les magasins, les restaurants, les bureaux, les usines, les habitations, les stations de métro, les véhicules… La liste n’avait pas de fin. Et je ne pouvais les apercevoir tous. »
Leur repos sera de courte durée : trahis par Muriel pour des raisons idéologiques, Hoke et son petit groupe est capturé et immédiatement apprêté pour la transfusion, lors d’une séance dans le plus pur style d’un opéra wagnérien. Par une ironie du sort, le bombardier fou, apercevant de la lumière, prend le Savoy pour cible ce qui permettra à Hoke et consorts de se libérer. Re-poursuite. Finalement, ils aboutissent dans une autre planque, une maison du quartier de Pettycoat Lane. Stern, ayant été touché par les Chemises Noires, meurt. Hoke se retrouve avec Cissie alors que les chemises Noires, remis en piste grâce à Cagney, le chien ami de Hoke, les menacent à nouveau. Cette fois-ci, Hoke décide de faire place nette. Profitant du fait que les Chemises Noires sont occupées avec d’autres captifs sains dans leur repère de la tour de Londres (avec Muriel a qui la trahison n’a pas profité), le héros, armé jusqu’aux dents, les fait sortir de leur cache, les attire sur le pont de Londres dont il fait exploser le tablier, manquant de justesse d’y rester lui aussi. Les Chemises Noires définitivement rayées du monde, après un dernier adieu à la ville sous la forme d’un immense brasier funéraire qu’il allume dans le stade de Wimbledon, Hoke, Cissie et quelques-uns des nouveaux rescapés quittent la cité meurtrie à la recherche d’un endroit et d’une autre société à reconstruire.
Un récit curieux, efficace, irritant. Curieux, car c’est l’une des rares uchronies post-cataclysmiques que nous ayons rencontrées. (Si Hitler avait déclenché une épidémie pour rayer l’Europe de la carte du monde, cela se serait su !) Efficace, car la poursuite, la description de l’enfer urbain livré aux cadavres est d’un réalisme fort. Irritant, car l’action est inconsistante, Hoke étant convié, durant 368 pages, à une partie de cache-cache avec les Chemises Noires. Au final, un roman lisible mais qui manque littéralement de « sens », mise à part la critique lourdement appuyée d’un nazisme « vampire du reste du monde ».
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Le narrateur, Richard Malétrin, fait la connaissance de Saint-Léger qui, étudiant en médecine, devient son ami. Saint-Léger épouse Nadège, et Richard, qui est professeur, remarque l’une de ses élèves, Ludwine, sa future femme. Vivant à Boutrance en appartement avec Ludwine, il ne se rend pas compte à quel point sa vie sociale est sur le point de basculer en cette fin de siècle. Nommé à Nanterre, il acquiert une propriété secondaire dans le village de Saint-Germain d’Yrande pendant que Saint-Léger occupera le château de Rochegune, une vieille forteresse située dans la même région qu’il pressent assez solide pour résister aux événements dont les signes avant-coureurs se multiplient.
Des sauvageons, les " Zoulis " mettent à mal le consensus social avec une agressivité telle qu’elle entraîne des désordres sociaux graves et provoque des morts, surtout en milieu urbain :
" Visiblement un délire s’emparait des rues de la capitale ou des quartiers entiers, moins informés que nous de leur désastre, défilaient dans la joie jusqu’à des carrefours de l’horreur où l’on voyait des coques noires de voitures retournées devant des boutiques d’où s’échappaient des flammes. (…) Des grappes d’hommes et de femmes entraient en haine. On s’emparait de ceux qu’on prétendait reconnaître comme incendiaires à leur chevelure partiellement rasée, à leurs tatouages, à leur jeunesse. "
A la Saint-Sylvestre de l’an 2000, les troubles se propagent comme un feu de paille : les villes sont incendiées tandis que des forces urbaines de sécurité essaient d’appréhender les jeunes anarchistes. Mais rien n’y fait même pas la formation de partis politiques extrémistes tels que les P.O.R. (Parti de l’Ordre et du Renouveau) ou les P.U.R. (Parti de l’Urgence Républicaine). La situation est hors de contrôle.
Richard déménage dans sa ferme de Saint-Germain d’Yrande laquelle, bien qu’ayant déjà été saccagée, constitue encore un lieu de repli acceptable. Ses voisins, les Violis et les Renard, l’aident à s’installer tandis que Ludwine manifeste une nette mauvaise humeur à l’idée de jouer à la fermière. D’autre part, Saint-Léger a entrepris la restauration de Rochegune pour transformer la citadelle en abri sûr. Un tendre sentiment unit aussi Richard à Nadège sans que cela n’altère les rapports entre les deux amis.Les systèmes politiques se dégradent rapidement et Paris se retrouve brusquement scindé en plusieurs circonscriptions urbaines autonomes :
"Chaque quartier de Paris organisait des barricades. Les habitants du XVIIème avaient mis à profit la fosse du chemin de fer qui les enveloppait au nord pour fermer une partie de l’arrondissement. (…) Sur le boulevard de Courcelles, tous les volets étaient tenus fermés jusqu’au second étage, des barrières obstruaient les rues où on ne pouvait s’engager qu’avant huit heures et sur présentation d’une carte. Un couvre-feu de fait s’était peu à peu institué dans toutes les grandes agglomérations divisées en quartier qui assuraient leur propre protection. "
On pend les " Zoulis " aux lampadaires ; le président Gérard Furlace fait voter des lois d’exception. Les citadins commencent à fuir les villes avec beaucoup de difficultés car tous les services sociaux sont déficients. Mais il est trop tard pour se protéger des avanies et la plupart périssent en cours de route ou se retrouvent en manque d’essence. L’égoïsme et l’insécurité se généralisent. Saint-Léger travaillera à l’hôpital d’Auzarce, proche de Rochegune, Richard et Ludwine s’installeront définitivement dans la forteresse. Bien leur en a pris car la campagne environnante est gagnée par les troubles. Des voisins, les Lopez, sont sauvagement assassinés et leurs têtes décorent les plats de faïence trônant sur la table de la cuisine. Les Zoulis se sont spécialisés : il y a les " Iroquois ", qui tuent en silence, les " Cambrioleurs ", les " Violeurs ", etc. :
" Il y avait les crameurs, les gentlemen, les barbe-bleues, les grands saigneurs, les requiems, les petits marrants, les postiches, les asociaux, les chinois, les salopes, chaque bande classée selon son style. "
Ludwine, lors d’un des derniers séjours du couple dans leur ferme isolée, est violée par des Zoulis et Richard, en passe d’être noyé dans sa piscine, doit la vie sauve à l’intervention énergique de Jules Renard , un voisin, avec son fusil. Renard, dans l’action, perd son fils Jerry ; il deviendra de ce fait un farouche tueur de Zoulis. La vie à Rochegune est difficile. L’essentiel du travail de ses habitants, composés par d’autres voisins venus se mettre en sécurité, consiste à fortifier et à renforcer les défenses naturelles du château. Saint-Léger, bien que soignant encore les éclopés de passage, se rend compte que, pour ne pas être submergé par toute une plèbe de malheureux, il lui faudra modérer son ardeur. Parfois, des motos rôdent aux environs. Richard aidé par une amie, Tara, a découvert un souterrain qu’il s’emploie à déblayer. Paris a définitivement sombré dans le chaos. Des islamistes, profitant de la faiblesse de l’Occident, larguent deux bombes atomiques sur la capitale. C’est le dernier des soucis pour les habitants de Rochegune qui doivent faire front à la première attaque d’envergure des Zoulis :
" Par le chemin de Saint-Germain arrivait un cortège de voitures silencieuses. On avait retiré leurs portières et couvert le pare-brise d’une tôle généralement prélevée à la voiture elle-même, souvent le couvercle de la malle grossièrement fixé aux montants et perforé d’une fente qui permettait de voir. Quelques-unes des voitures dont le moteur fonctionnait en entraînaient d’autres en remorque, mais la plupart étaient poussées par des êtres des deux sexes, souvent très jeunes, et tous d’une maigreur que cachaient mal les peintures primitives dont leurs corps nus, enduits de blanc étaient partiellement ornés. Leurs yeux étaient couverts d’un masque plat, leur cou enveloppé de bandelettes pâles qui gagnaient le visage, annulaient la bouche mais épargnaient les oreilles soulignées de rose comme les parties sexuelles, et le crâne d’où les cheveux étaient absents, ou blanchis, ou tressés de nattes tentaculaires plongées dans des teintures multicolores. "
Ceux-ci, qui n’ont pas peur de mourir, entassent des carcasses de voitures pour combler les fossés, dressent des échelles contre les murs pour prendre d’assaut la forteresse, constamment stimulés par un orchestre dément. Ils sont près de réussir leur invasion, lorsque Richard et Tara, utilisant le boyau dégagé, font sauter l’orchestre, le réduisant au silence et démoralisant du même coup les Zoulis. Ludwine, dans l’action, s’était réfugiée chez les jeunes assaillants. Découverte, elle est immédiatement mise à mort par les défenseurs de Rochegune. Tara meurt elle aussi dans l’explosion, quant à Richard, sérieusement blessé, il se remet lentement du désastre. Une seule Zoulie est retrouvée vivante, créature falote et informe, qui, comme un chien, s’attachera à Richard pour lui servir de dérivatif sexuel.Le temps passe, interrompu par l’arrivée soudaine d’un hélicoptère de combat qui atterrit dans la cour du château.
De retour d’un champ de bataille en Italie, le colonel-pilote (surnommé 92) a décidé de jouer son propre jeu. Envisageant de se mettre à l’abri des hostilités, Rochegune lui semble l’abri idéal. Saint-Léger ne le détrompe pas car il faut un chef à compétence militaire pour défendre la forteresse. Prévoyant de se réapprovisionner en essence à Boutrance, ancien lieu natal de Richard, 92 lui propose un aller-retour en hélicoptère pour qu’il puisse prendre des nouvelles de sa mère. L’hélicoptère est attaqué dès l’atterrissage, 92 périt dans les flammes et Richard se retrouve isolé de Rochegune. Sa mère, qu’il a revue, ne le suivra pas dans son périple du retour à pied vers le château, ce qui, dans les circonstances actuelles, s’apparente à une odyssée. Il suit d’ailleurs des recommandations bien utiles :
" Il te faudra un jeu de brassards et au moins deux passeports. Je peux te céder un sauf-conduit du P.U.R. que tu feras transformer. Pour l’autre, on vous le vendra à la mairie. Dis - toi que partout où tu iras, qui voyage est d’abord suspect. Le mieux est de te procurer un plan de chaque patelin où tu es forcé de passer et de te présenter toujours comme quelqu’un de la région. Le truc des miliciens en civil est de se faire prendre eux-mêmes pour des gens de passage. Ils te demandent des directions. Ils veulent toujours savoir le nom du maire ou celui des églises. "
Echappant aux miliciens zélés dans telle ville, vivant d’expédients dans telle autre, subsistant quelque temps en compagnie d’une femme pour se refaire une santé, laissé pour mort par trois vagabonds, sauvé par un Arménien qui le prend en protection, Richard, après bien longtemps fait une entrée peu glorieuse à Rochegune. Saint-Léger est mort, tué par des rôdeurs. Nadège, devenue folle, meurt elle aussi dans ses bras. La situation du groupe est corrompue et l’on attend de Richard qu’il y mette bon ordre.Tout en réorganisant la vie au château, Richard arrive à s’emparer d’un engin à vapeur mené par d’anciens truands, dont il se débarrasse, et qui rendra dans l’avenir de signalés services à la petite communauté. Le nouveau moyen âge est définitivement retombé sur l’Europe en ce début du troisième millénaire :
" Les habitants de Bourges s’étaient donné un roi. Selon de mystérieux documents, il était l’héritier de la race mérovingienne qui, après treize siècles révolus devait régner de nouveau sur le royaume de France. Ou : Quelque par en Lorraine, des enfants entraînés par une fille de quinze ans qui promettait de les mener au paradis avaient créé une communauté dans un parc d’attraction imité de Disneyland. Ils y avaient grandi et adoraient un nain géant avec une tête à deux oreilles énormes surmontées d’un bonnet en forme de pénis auquel ils sacrifiaient les égarés pour s’en nourrir. Egalement : Des scientifiques et des gens de lettres fondaient des clubs dont les membres, la tête rasée, devaient se relayer jour et nuit pour réciter le texte de la Déclaration des Droits de l’Homme. "
La vie ne laissera d’autre choix à Richard, replié au sein de sa forteresse, que d’épouser l’ancienne Zoulie, surnommée la "succube" et appelée aussi "la Droite" qui lui donnera trois enfants pour lesquels il espère un avenir meilleur.
Un récit charpenté, des rebondissements constants, une écriture en finesse et un niveau de langue soutenu, font de ce roman une œuvre intéressante. Bien que le thème de la lutte des générations soit déjà bien implanté dans le genre ("2024" de Jean Dutourd, " les Loups dans la ville " de Kancer ) l’originalité formelle de ce texte le range parmi les meilleurs.
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Les Hordes - Par BenF
En plein Paris apparaissent « les Hordes ». Casquées, bottées, munies de gourdins cloutés, revêtues d’une cape noire en kevlar, elles se positionnent selon un ordre rigoureux aux divers carrefours, bloquant toute circulation :
" Sur le trottoir, ils sont sept d’un côté et sept de l’autre sous les ordres de ce qui semble être leur chef. (…) Leur carrure est impressionnante. Ils sont vêtus d’une grande cape noire qui descend jusqu’à terre (…) Tous portent une sorte de casque noir qui semble être fait de paille tressée et dont le protège-nuque descend jusque sur les épaules. Ils sont armés de longs gourdins plombés qu’ils frappent à terre et sont chaussés de bottes ferrées, noires également, qu’ils font résonner en cadence sur le macadam en marquant le pas.
Agencées de façon militaire, sous le commandement d’un chef de centurie , les Hordes rançonnent les automobilistes en leur faisant payer une taxe sécuritaire d’un dollar sous la forme d’un autocollant journalier à apposer sur le pare-brise. Tout réticent verra sa voiture détruite à coups de gourdin :
" Instantanément, ce qui était une voiture s’est transformé en épave. Ils l’ont littéralement désossée en frappant à la jointure du capot et des ailes avant, du coffre et des ailes arrières, tandis que le cinquième brisait vitres et pare-brise."
Des " petites mains " collationnent l’argent (en rendant la monnaie !). Ce sont les " servants ", c’est-à-dire les clochards, les délaissés, les méprisés, les laissés pour compte de la société : " Tous avaient été servants, c’est-à-dire des clodos de l’existence, mais tous n’avaient pas été clochards, même s’ils avaient cheminés d’abdications en renoncements jusqu’à ce qu’un jour, en entendant parler des Hordes, ils se trouvent assez de désespoir et de courage pour venir rejoindre l’Organisation. "
S’ils font leurs preuves, ils pourront, en étant parrainés, accéder au grade de " Compagnons " en adhérant aux idéaux qui fondent cette société dont la structure oscille entre celle de la mafia, du nazisme et de la fraternité initiatique. Le cloisonnement rigoureux entre les membres, leurs valeurs extrêmes, " réussir ou mourir ", les rendent pratiquement invulnérables :
" Nous ne connaissons pas la clémence parce que la clémence ne nous a jamais été accordée ! continua-t-il à hurler pendant que l’homme accroupi gémissait de terreur. Tous ceux qui offensent les Hordes en les niant ou en les reniant doivent savoir que nous sommes capables d’horreurs… Car nous sommes des échappés de l’Enfer ! Couteau levé devant les Compagnons gradés qui s’étaient naturellement placés en demi-cercle dans la pièce, Salomon arracha brutalement la tunique de l’homme accroupi, l’agrippa par les cheveux, lui tira la tête en arrière et lui trancha la gorge. "
Disparaissant et réapparaissant à volonté, ils paralysent jour après jour un peu plus la cité,et la police se perd en conjectures sur leur origine. Aucune piste sérieuse ne se dégage, même lorsque Elaine, une maîtresse femme-flic, est nommée coordinatrice de l’ensemble des services de renseignements.
Paul vient de sortir de prison. Ancien journaliste réputé, il a été condamné pour dettes à passer deux ans sous les verrous en une sorte de prison-citadelle à la tête de laquelle se trouvent deux directeurs, Joël Apesta et Philippe Maston qui se livrent à une expérience unique. Cette prison se veut le modèle d’un nouveau mode d’incarcération où les détenus seront totalement libres à l’intérieur d’un espace carcéral infranchissable puisque des murs-lasers entourent la forteresse, l’isolant du monde extérieur. Les deux dirigeants, pour leur expérience, ont les coudées franches. A l’intérieur, le personnage d’un détenu, le " Vieux ", s’impose à tous. Il a obtenu des deux directeurs la possibilité de constituer une salle informatique qui serait à la seule disposition des prisonniers.
Paul prend contact avec les Hordes. Il rencontre les deux chefs, Gabriel et Salomon, qui, après probation, lui laissent carte blanche pour donner aux Hordes une nouvelle impulsion. Paul met en place une énorme machinerie, actionnant les médias en la personne d’Yvan son ancien patron, qu’il rattache à la cause. Pour façonner une nouvelle image de marque, il crée une scission arbitraire et manichéenne à l’intérieur des Hordes. Les premières représenteront le Mal, en la personne des " Hordes Noires ", les seconds le Bien en celle des " Hordes Blanches ", qui assureront un rôle de protection. Au cours d’une action contrôlée médiatiquement, les Hordes paralysent entièrement la ville. Paul assure l’interview de Gabriel, met en évidence les exactions d’une police qui, pour les atteindre, n’hésite pas à matraquer femmes et enfants. En quelques jours, les Hordes, blanches ou noires, accèdent à la notoriété, leur trésor de guerre augmentant de manière exponentielle.
Georges est un policier en opposition avec sa hiérarchie. Il claque la porte du bureau et décide d’infiltrer les Hordes pour son propre compte. Avec l’appui de Sarah, une prostituée au grand cœur, il joue le clochard " servant ". Il sauve même la vie de Gabriel le soir de la charge policière où la rue est mise à feu et à sang :
" Sur les trottoirs, la panique était à son comble. Certains passants s’étaient accroupis afin que la Police soit immédiatement capable de faire la différence entre les belligérants et ceux qui n’avaient rien à voir dans l’affaire. Mais bien mal leur en avait pris car c’était sur eux que s’abattaient les coups des gardes dont la fureur décuplait minute après minute en voyant leurs collègues tomber comme des mouches à chaque fois qu’ils s’approchaient à portée de gourdins des Compagnons.
Des siècles de civilisation semblaient avoir été gommées d’un seul coup car l’on pouvait voir les hommes se frayer passage en frappant les femmes à grands coups de poings balancés à la volée, tandis qu’elles-mêmes faisaient trébucher les vieilles gens pas assez vives pour s’enfuir. Les mères de familles encombrées de paquets voyaient leurs mioches piétinés sans que leurs supplications puissent arrêter la foule en panique… "
Cette action promotionnelle lui vaut une ascension fulgurante auprès de Salomon et de Gabriel. La réussite engendrant la réussite, les Hordes diversifient leurs activités. Les compagnies d’assurance sont elles aussi soumises au chantage, les meilleurs avocats se mettent à la disposition des membres tombés. L’investissement dans l’immobilier leur ramène une immense fortune. Lorsque le monde politique s’effarouche de l’ampleur d’un mouvement qu’il prenait pour un mécontentement passager de la rue, il est déjà trop tard. La philosophie des Hordes a fait des adeptes au-delà des frontières, l’apport d’argent et l’augmentation des effectifs (60 millions de chômeurs en Europe) sont tels qu’ils deviennent inattaquables.
Georges lui-même s’investit dans l’organisation en occupant un nouveau créneau : éradiquer les souteneurs et la drogue en contrôlant aussi la prostitution qui fonctionnera désormais pour les Hordes. Lors de l’inauguration d’un immense " Palais des Plaisirs ", centre d’une prostitution de luxe drainant la nomenklatura européenne, une immense fête est donnée conviant l’ensemble du Gotha financier à une grande explication sur les moyens et les objectifs des Hordes à long terme, sur l’investissement sans limites dans la misère, réservoir inépuisable de revenus. Georges, présent lui aussi, a droit à une petite leçon de morale financière :
" Regarde-ça, lui dit-elle de sa voix de crécelle à l’accent indéfinissable tout en plongeant sa main entre ses deux seins flétris et en mettant en lumière un diamant dont Georges était incapable d’imaginer le nombre de carats. Depuis deux siècles, beaucoup de gens sont morts pour cette petite pierre. Pas seulement pour aller la chercher, se la disputer ou l’acheter mais pour la conserver. Tu ne peux pas imaginer combien cela demande de morts d’esclaves en mines, en usines, magasins et factories (sic) pour conserver ce caillou.
Est-ce que tu penses qu’on a le temps de perdre du temps à "s’encanailler" lorsqu’il y a tellement de cadavres autour d’une seule pierre? Crois-tu que ton uniforme noir soit le seul avec qui nous ayons traité ? Et crois-tu que je sois la seule femme américaine à traiter avec des Forces Noires à travers le monde alors que 45% de la fortune US est détenue par des méchantes-laides comme moi, qui se dessèchent la peau sur les plages des Caraïbes à longueur de décennies ?
Vos Hordes n’auraient pu être qu’une des multiples propositions offertes sur le marché de l’argent… Mais elles savent faire des " propositions qu’on ne peut pas refuser ". Sous peine de mort. Pas de mort physique mais de mort sociale. (…) Tu fais partie des Forces Noires, mon petit bonhomme. Mais la guerre se fait autour d’une tasse de thé servie dans un palace et c’est derrière un petit four pur beurre qu’on capitule et qu’on avale la pilule.
Il découvre que ceux qu’il connaît, son ancien directeur des RG, les divers chefs de la police, des hommes politiques de poids, des financiers internationaux, font déjà partie des Hordes, arborant avec fierté leur badge d’appartenance. Mais ce soir-là est exceptionnel. C’est maintenant que doit être révélé au monde entier le cerveau qui se cache derrière toute l’organisation. Son visage apparaît sur l’écran de télévision gigantesque disposé à cet effet. Paul y reconnaît avec stupéfaction le visage du … Vieux. !
Du fond de sa prison modèle, c’est lui qui a tout combiné avec ses deux anciens ex-détenus que sont Salomon et Gabriel pour que le monde appartienne aux déshérités. Pour cela, il a créé la subversion dans les valeurs d’argent. Grâce à ses compagnons informaticiens, et avec l’appui actif de Maston et d’Aspéta, il a infiltré les ordinateurs des plus grandes banques pour connaître avant les autres le cours des bourses. Ce délit d’initié donne aux Hordes une longueur d’avance. Pour éviter la tentation aux grands argentiers d’intervenir contre eux, il a dynamité tous les centres serveurs en y déposant des bombes virales.
A défaut de pouvoir détruire les Hordes, il ne reste plus qu’à l’Establishment de collaborer avec elles. Son œuvre accomplie, le " Vieux " décide de tourner la page. Durant le temps de son incarcération volontaire, il a formé à la dure son disciple Karl, lui léguant la direction des Hordes. Dans sa prison, le Vieux se mure en une retraite spirituelle, au fond d’un cachot humide, en face à face avec lui-même, jouant ainsi le rôle d’une sentinelle suprême de " l’Ordre "
Un récit atypique, attachant, écrit avec verve, qui évoque la subversion totale de la société. Par le détournement des valeurs d’argent, les Hordes font émerger une nouvelle société, plus juste, à travers une violence contrôlée. S’articulant autour d’un concept initiatique, le texte, sorte de conte philosophique, dégage un effet de réel qui inciterait le lecteur à se dire : " pourquoi cela ne serait-il pas ? "
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C’est Jacques Sternberg qui doit avoir un blanc. Pressenti pour écrire à propos du thème du « dernier homme », il répond qu’il n’a rien à en dire puisque, n’est ce pas, chaque homme est en somme…« le dernier ». Par une pirouette il traite le sujet… sans le traiter.
Et zon sur le groin du lecteur.
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La Guerre Des Mouches - Par BenF
Une espèce particulière de mouches devient intelligente par mutations successives dues à son extraordinaire taux de reproduction. Elle entreprend rationnellement la destruction de l’humanité pour prendre sa place comme nouvelle espèce dominante. La lutte est relatée par l’intermédiaire d’un homme, ce qui permet à l’auteur de décrire avec maestria les états d’âme des humains devant l’invasion. On ne connaît pas les "sentiments" des mouches, ce qui donne d’elles une image de monstruosité aveugle et noire, fléau diabolique sans âme qui poursuit sans relâche et sans faiblesse son oeuvre de destruction. Tout semble implacable et irréel comme dans un cauchemar obsédant: les mouches vont supplanter l’espèce humaine.
L’intrigue est menée, sans temps mort. L’auteur brasse peuples et pays, idéologies et civilisations, dans un maelstrom gigantesque. Mais le tour de force principal de Jacques Spitz, est de réussir à nous faire rire dans cette tragédie qui conduit implacablement l’être humain à sa destruction.
Comme il paraît petit et faible, mesquin et ridicule, sensible et touchant, cet humain qui refuse obstinément de disparaître. L’auteur se délecte à l’idée de mettre à nu les travers de l’homme avec un talent d’ironiste remarquable. Tout le monde y passe, l’individu et la collectivité, l’homme de la rue et le savant, le politique et le militaire. Voici Juste Evariste Magne:
"Né à Cahors, dans le Lot, troisième fils d’un tonnelier, avait échappé de justesse au ridicule d’être nommé Charles comme son père (...) L’enfance du jeune Juste, privé de mère, se trama comme tant d’enfances malheureuses, dans les ruisseaux d’abord, sur les bancs de l’école communale ensuite... Juste Evariste accepta avec reconnaissance d’entrer dans la voie royale de la recherche scientifique par l’humble porte des garçons de laboratoire. "
Là, Evariste Magne étudie les drosophiles, ces mouches bénies du chercheur parce qu’elles multiplient à l’envie les mutations. Il devient ainsi, par hasard, l’homme le plus capable de comprendre le fléau qui naît en Indochine. Tombé amoureux de Micheline, remarquable car elle a les yeux bleus, ce qui le change des drosophiles qui les ont rouges, Juste va étudier les mouches sur place, ces mouches dont le monde savant discute doctement pour savoir si elles sont des muscidés ou des stomoxes, alors que pour ces deux espèces
" il n’est pas plus possible de les séparer que d’enlever les Pangonies des Tabaniens, les Muliores aux Anthraciens, les Orthochiles aux Dolichopodes "
Les mouches tuent en inoculant toutes les maladies possibles et imaginables, ce qui rend la lutte des hommes contre elles difficile. Tout est essayé : incendies, DDT, papier tue-mouches, réseaux électrifiés, miel, résine, arsenic, pétrole, lance-flammes, fumigènes, prime pour cent mouches tuées.Or, voilà que déformé par son étude, Juste se demande brusquement si Micheline est intelligente. Question obsédante qui le préoccupe encore alors qu’il étudie une mouche, devenue "musca errabunta", et c’est le déclic: intelligence/ mouche, rapprochement fulgurant. Les mouches sont devenues intelligentes. Le monde va-t-il recevoir comme il convient cette fantastique nouvelle?
Ces satanées bestioles se mettent à porter minijupes et menacent l’URSS où elles sont considérées comme des "alliées des Trotzkistes", et l’Inde malgré l’intervention de la glorieuse Angleterre, l’Amérique et l’Europe. Les derniers combats seront menés par la vieille Allemagne sous l’impulsion du président Adolphe-Hermann Muller qui rugissait et brandissait l’épée de Siegfried avec la lance de Wotan. L’Allemagne au-dessus de tout ! Et particulièrement au-dessus des mouches (devenues " Musca Sapiens "). Et c’est le crépuscule des Dieux avec
"les batailles des jeunesses Mullériennes lancées nus, armées de torches contre l’ennemi ailé. Nudisme, carnage, incendie et orgie de saucisses, toutes les Allemagnes étaient à leur affaire. "
Tout se termine comme cela avait commencé. Dans une petite vallée danoise, Adolphe-Hermann Muller, Juste, un cardinal, un artiste, deux vieilles paysannes et Micheline, devenue folle, sont les derniers humains. Les mouches les ont mis là pour les étudier et leur permettre de se reproduire. Mais les femmes sont vieilles ou folles et Juste sera le dernier des hommes. Lui dont la fortune avait commencé par l’étude des mouches et dont la vie s’achève en sujet d’étude pour les mouches.
Une oeuvre étonnante de Jacques Spitz, pleine d’ironie, de sarcasme et de terreur. Un roman précurseur du thème de l’invasion d’insectes qui menacent la suprématie humaine et dont le cinéma moderne a donné plus d’un exemple comme dans "Them", "les Insectes de feu", "Phase 4", " Arachnophobie " , etc.
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L'agonie Du Globe - Par BenF
Des pluies continuelles tombent sur l’Europe. Surviennent les tremblements de terre, les glissements de terrain, les tempêtes sans que l’on puisse imputer ces désordres météorologiques à une cause quelconque:
" la situation devenait entièrement anormale. L’opinion publique, sans être précisément alarmée, se montrait nerveuse et inquiète. Les nouvelles les plus invraisemblables circulaient. On disait que le Japon, qui ne donnait plus signe de vie, avait été englouti par les flots; on disait que l’Angleterre, devenue île flottante, était partie à la dérive sur l’Atlantique; on disait encore que la mer allait disparaître. Que ne disait-on pas ? "
Les tempêtes se déchaînent à un point tel que la Méditerranée n’est plus navigable. D’ailleurs la mer reste barrée par un brouillard gris épais. Il semblerait que le niveau de l’eau ait baissé puisqu’un nouveau tracé de côtes apparaît. D’autre part, l’on est sans nouvelles de l’Amérique alors que les savants détectent une intensité volcanique majeure de la ceinture bordant le pacifique. Tout laisse supposer des événements telluriques d’une gravité exceptionnelle. Le doute est levé lorsque des secousses d’une ampleur inouïe qui détruisent les grands centres urbains sont ressenties par l’Europe entière:
" Paris était découronné. La chute de la Tour Eiffel avait été suivie par celle du Sacré-Coeur de Montmartre et du dôme des Invalides. Les tours de Notre-Dame n’avaient pas mieux résisté. Elles dressaient leurs deux tronçons ébréchés derrière lesquels apparaissait curieusement intacte, la petite flèche de l’abside qui, plus fine, avait plié sans céder, comme le roseau de la fable. Les voûtes des églises, en s’effondrant, avaient fait une bouillie des fidèles qui s’étaient, - contrairement à toutes les lois de la prudence humaine, mais conformément au besoin du divin que faisaient naître les circonstances, - rassemblés dans les sanctuaires. Les âmes purent s’envoler librement par les trous béants, ouverts entre les colonnes de pierre. "
Paris semble donc condamnée et toute la société désorganisée. Puis les éléments se calment. Issus des différents pays touchés (la Russie, l’Allemagne, la France, notamment), les commentaires à propos de l’événement n’apportent aucune lumière complémentaire. L’on constate que la Méditerranée se vide lentement de son eau et l’on est sans nouvelles du Nouveau Monde. Un avion de reconnaissance envoyé vers l’Ouest, revint avec d’effarantes informations: l’Amérique est introuvable, la Terre semble s’être scindée en deux suivant une ligne méridienne. Deux blocs terrestres coexisteraient, l’un constitué par l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’autre par les deux Amériques. Quant à la faille, elle ne serait plus visible puisque recouverte par une mer peu profonde et plane. Les deux moitiés du monde seront difficilement franchies par voie aérienne car il fallait planer en quelque sorte pour que les avions pussent s’arracher à l’attraction de la première moitié (l’Ancien Monde) afin d’aboutir à l’autre (le Nouveau Monde).
Les contacts entre les deux parties seront rétablis laborieusement et la première des tâches envisagées est de stabiliser les flux d’émigrants de l’une vers l’autre. La distance entre les deux blocs ne dépassant pas 56 kilomètres de large, les transports du fret aérien s’adaptèrent. La mer séparatrice fut baptisée le Grand Canal. Tout déplacement restait périlleux et le nombre de traversées strictement limité à cause d’un vent violent s’engouffrant dans la fissure. Au-dessus des rares bateaux osant s’aventurer sur cette mer nouvelle, profonde de 200 mètres, une mer symétrique remplaçait dorénavant le ciel bleu:
" Ils purent s’engager dans cette sorte de crevasse dont les deux parois étaient revêtues par la mer maintenue de chaque côté par l’attraction de la moitié du globe qui la portait. Ils observèrent que lorsque le soleil s’engageait vers midi, heure locale, dans la fissure de la terre, de même qu’il s’engage dans la fissure d’une falaise pour l’éclairer jusqu’en son tréfonds, on voyait alors au-dessus de sa tête un ciel étonnamment bleu qui n’était autre que la mer recouvrant la face de la fissure opposée. "
Quelques îles (plutôt des pics) apparues en même temps que le Grand Canal furent l’objet des convoitises des deux Mondes. C’est ainsi que les Britanniques accaparèrent l’île Georges, au grand déplaisir des Américains.
Comme les deux hémisphères ne se trouvaient pas en équilibre parfait autour du centre de gravité commun, ils se séparaient lentement l’un de l’autre. La largeur du Grand canal allait s’accentuant de manière géométrique. Les conséquences physiques et humaines de ce nouveau péril furent nombreuses : la gravité diminuait en proportion, l’eau ne bouillait plus à 100°, le feu s’allumait plus spontanément. Et surtout, le franchissement de ce qui représentait maintenant un abîme devenait de plus en plus hasardeux, les avions tombant dans le vide interplanétaire.
Malgré des communiqués officiels rassurants, ce fut un second choc: tout contact avec le Nouveau Monde (du point de vue de l’Ancien) deviendra bientôt impossible, l’Amérique évoluant comme une planète étrangère au-dessus des têtes… A l’aide de fortes jumelles, les Européens pouvaient détailler les lumières des villes américaines et suivre les activités journalières de leurs habitants. Le temps passant, et malgré les déclarations mutuelles de fraternité, malgré la position du Vatican qui permit l’instauration d’un second pape en Amérique, toute relation entre les deux mondes cessa définitivement. La distance qui les séparait était maintenant de 1000 kilomètres et augmentait de seconde en seconde. l’Europe se replia sur elle-même, s’occupant de ses affaires, tout en s’étonnant de l’aspect de la deuxième lune qui croisait dans son ciel:
" A mesure que l’obscurité se fit, la plage d’argent qui occupait la moitié du ciel ressortit avec plus d’éclat. Elle commença à se dorer légèrement, et bientôt ce fut une lune monstrueuse qui se trouva suspendue sur les têtes. Invraisemblable spectacle qui donnait involontairement le frisson! Qu’était ce monstre, surgi du fond du ciel, et tournant vers la terre comme pour l’engloutir, une gueule éclatante et silencieuse? Hélas! ce monstre n’était autre que la terre enfuie! "
De jour en jour les conditions physiques empiraient. L’air plus léger, la gravité moindre multipliaient les accidents de toute nature. L’ascension des pics devint bientôt impossible et les cités d’altitude durent être évacuées. La mer, plus facilement houleuse, présentait des tempêtes énormes. Mais le pire était à venir. Les deux moitiés de la terre, en s’éloignant l’une de l’autre, allaient fatalement croiser l’orbite lunaire qu’elles menaçaient de collision: qui, de l’Europe ou de l’Amérique allait périr? En Europe, la collision fut jugée imminente par les savants. Tout le monde se prépara à la mort définitive de la terre. Les autorités mirent en place un Comité de salut Public dont le seul but était d’encenser la grandeur humaine, bientôt réduite à néant. Chaque être humain réagissait devant le danger en fonction de sa nature propre, qui en hédoniste, qui en moralisateur, qui par la religion. Mais la fin du monde n’eut pas lieu, du moins pour l’Ancien Monde: la Lune rata cette moitié de la terre.
Après des explosions de joie, des congratulations mutuelles, les Européens surent avec certitude que le Nouveau Monde se trouvait désormais sur le trajet lunaire: l’Amérique allait donc périr. Alors, Ils s’installèrent pour assister au spectacle, non sans tristesse:
" la vieille lune, que la mort semblait avoir rendu plus coriace, pénétra dans la terre comme dans un ventre mou. On vit l’écorce terrestre se déchirer, voler en éclats, la lune s’embraser, et un immense globe de lumière, lançant des jets de matière ignée dans toutes les directions, enveloppa le lieu du cataclysme. Durant un instant, ce fut un vrai soleil qui s’alluma dans la nuit. L’espace en devint bleu pâle; on put croire au retour du jour; et si grande fut l’intensité lumineuse, si brusque le jaillissement, que maints observateurs terrestres qui n’arrachèrent pas assez tôt leurs yeux de la lunette en devinrent aveugles. L’éclair, la boule de foudre, où s’étaient consumées 600 millions de vies humaines, s’éteignit. "
Un roman-catastrophe étonnant dont l’hypothèse farfelue est cependant soutenue avec rigueur ce qui fait que, insensiblement, le lecteur se prend au jeu. Encore une fois, l’angoisse de la Seconde guerre mondiale se traduit par une catastrophe d’ordre cosmique permettant à l’auteur des coups de griffes à l’encontre des régimes politiques du moment. Récit bien documenté, " l’Agonie du Globe " reste parfaitement lisible aujourd’hui et demeure un témoin important de la vitalité française du genre durant l’entre-deux guerres.
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Les Evades De L'an 4000 - Par BenF
Dans la société future, le soleil s’étant refroidi, une nouvelle glaciation s’étend. L’humanité, réduite à sa plus simple expression, s’est enterrée pour rechercher un peu de chaleur dans les entrailles de la Terre. Cette société conserve un statut scientifique avancé. Ce n’est qu’aux Tropiques que subsistent à l’air libre certaines villes, comme Tombouctou 2, par exemple.
Evy de la Condamine, Pat Sendersen, Wasserman sont les héros du récit. Evy, jeune fille révolutionnaire, est la nièce d’un savant réputé qui milite en faveur de la sortie des humains de dessous la terre et de l’évacuation d’un ultime couple de Terriens vers Vénus, le soleil se refroidissant inexorablement et provoquant d’une manière inéluctable la fin de la race humaine . Elle se heurte dans ce projet au maître de la société terrienne, le Président, chargé de maintenir coûte que coûte la société dans la stabilité et l’ordre:
" Je vous disais que toute la politique du Conseil exécutif dérive de ce principe fondamental, d’une clarté enfantine: régler la courbe d’ascension démographique sur la courbe d’extraction du radium. Les huit cents grammes de radium que vous demandez représentent une chute de 15% de la réserve mondiale. Ce serait donc 15% de l’humanité, soit près de deux cents millions d’individus, qui se trouveraient privés de leur couverture radioactive. "
Mais le soleil, de l’aveu même du "Directeur du Soleil", savant chargé spécialement de suivre son évolution, est "touché à mort":
" Le Soleil n’en a plus que pour un ou deux millions d’années. Mais que ce chiffre ne vous rassure pas, monsieur le Président. Avant dix ans nous aurons une baisse de température de 20° au niveau du sol, et nous ne pourrons plus compter que sur une température moyenne de moins de 18° à l’équateur et à l’air libre. C’est à dire que nous serons au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, en c’en sera fini de la vie. "
Il faut donc prendre une décision drastique: celle de s’enterrer plus profondément, d’arrêter tous les projets en cours et de condamner à mort, car les ressources énergétiques deviennent insuffisantes, la majeure partie de la population mondiale.
L’état d’alerte est déclaré. Le "Club pour l’expansion intégrale" est interdit. A Tombouctou 2, Pat, amoureux d’Evy, assiste à une réunion subversive en sa compagnie. Le professeur Sandersen, l’oncle de Pat, a trouvé le moyen de lancer une fusée dans l’espace. Le Président, que ce projet contrarie, le fera enfermer comme fou à Sainte-Hélène, devenu un bagne glacé sur une mer gelée. Sandersen s’y retrouve en compagnie de Pat. Les détenus politiques à Sainte-Hélène sont des savants de tout acabit, dangereux pour l’ordre établi. Là-bas, entourés par la banquise glacée, on les laisse poursuivre leurs expériences :
" Chaque jour, pourtant, le soleil semblait se faire plus froid. L’un après l’autre, les thermomètres sautaient. L’encre des stylos gelait sur les poitrines. La carapace de glace couvrant l’île prenait des consistances d’acier et une étrange lourdeur allât jusqu’à s’emparer de l’air lui-même".
Malgré ces conditions infernales, Métro-Goldwinn Pasteur, un scientifique, trouve la formule de l’hibernation et la confie à Sandersen pour un usage futur. Durant ce temps, Evy continue d’agiter les foules en faveur du voyage sur Vénus.
Un autre danger se prépare. En s’enterrant de plus en plus profondément, les êtres humains sont sensibles aux rayons "hyper-cosmiques" qui ont une action néfaste sur leur intelligence: les hommes se crétinisent! Encerclés de partout par une nature hostile, les derniers hommes se rendent à l’évidence: il faut qu’un couple puisse quitter la Terre condamnée pour perpétuer l’espèce. Ils suivent donc Evy dans sa quête ; La Présidence est renversée, Sandersen et Pat libérés. Devenu dernier Président des Etats-Unis du Monde, Sandersen met son projet à exécution en envoyant Pat et Evy sur Vénus, nouveaux Adam et Eve d’une société future:
" Tandis qu’il rêvait dans le soir, Evy s’était silencieusement éloignée. Mais, proche ou lointaine, n’emportait-elle pas son image vivante dans son regard? Elle revenait vers lui, il la regardait gravir la pente dans l’auréole de gloire que lui faisaient les derniers rayons du soleil jouant sur sa chevelure. Il l’attendait, allongé sur le sol, le buste soulevé, l’accueillant par avance de toute sa confiance heureuse. A quelques pas de distance, elle tendit vers lui le bras et la main. La main tenait une chose ronde et rouge. Et le regard de Pat ne put se détacher de cette chose...Très loin en lui, par delà une nuit sans limites, il lui semblait que quelque part, ailleurs, il avait déjà vu ce que ses yeux présentement voyaient. Et des mots vinrent d’eux-mêmes à ses lèvres, avant qu’il en retrouvât le sens: -Un fruit d’une espèce disparue, une pomme... "
"Les Evadés de l’an 4000" brille surtout par un festival d’innovations scientifiques et de théories neuves (à l’époque) dans le champ de la science fiction prouvant que Jacques Spitz a su égaler les meilleurs romanciers américains du genre.
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Je Suis Une Herbe - Par BenF
Oziard, le héros journaliste de l’histoire, avec Bibille et Planchin, ses deux amis, enquêtant sur Fos-Chimie, découvre un péril inconnu: les chardons et les violettes, jusque-là inoffensifs, se mettent à proliférer et, doués d’une mobilité inquiétante, dévastent toute l’usine causant la mort d’êtres humains. Le péril s’étend ensuite jusqu’à Paris encerclé. Les autoroutes vacancières sont détruites, le barrage de Serre-Ponçon saute et toutes les plantes se mettent de la partie certainement écoeurées par la pollution.
Le règne végétal devenu subitement conscient s’élève contre l’Homme qu’il veut faire disparaître de la planète. L’ensemble de la végétation se transforme en une seule entité appelée l’Herbe, omniprésente et toute puissante.
Le dictateur d’opérette qui gouverne cette France du futur l’apprend à ses dépens car voulant allumer sa cigarette, il meurt illico. (L’Herbe tue, c’est bien connu!) Après moult investigations on découvre enfin que l’Herbe se calme en entendant les chansons de Bob Dylan et en percevant de la lumière rose (sic!). L’Herbe assassine mais pas nos héros qui l’aiment et qui parviennent à établir une communication avec elle.
Celle-ci leur fait la grâce de les transformer en mutants, mi-hommes mi-végétaux liés à la conscience unique et planétaire représentée par l’Herbe en un immense amour collectif. Il fallait bien cela pour qu’ Oziard accepte l’idée de faire l’amour avec sa fille Béatrice jalousement couvée par lui tout au long du récit:
" Nous ne sommes pas encore totalement transformés. Le Végétal nous a laissé la convoitise, le désir sexuel. Je me sens femelle car j’étais femme. Notre apparence ne compte plus beaucoup. Le Végétal a voulu que nous soyons végétaux supérieurs; phanérogames, plan à fécondation évidente. Cela veut dire que nous possédons des fleurs. Nous aurions pu être métamorphosés en lichens, en mousses, en bactéries... Peut-être le deviendrons-nous? Mais je ne le crois pas, la mutation s’arrêtera à un certain stade morphologique, à titre d’exemple, à titre d’expérience.
En tout cas, je deviens plante de l’intérieur. Des sécrétions chaudes et ondoyantes m’agitent. Un bouillonnement cellulaire, cellulosique, remonte le long de ce qui me reste de cuisses. La fente de mon sexe est là encore, mais sans pilosité autour. Je ressemble à une grosse aubépine luisante. Je n’ai pas, hélas, les rondeurs des femmes qui m’entourent. Je ne serai jamais une grosse jacinthe pourprée avec des seins et des fesses confondus de divinité nègre.
Une voisine est ainsi: bulbe de partout, la tête ronde comme une fleur d’ail - elle a beaucoup de succès auprès des mâles! Je devine leur appétit plus que je n’assiste à sa représentation. Car mes yeux ont disparu. Je vois quand même. Toute la vibration de l’Univers afflue vers moi. Je m’ouvre à Lui. Je vais accoucher... Je suis enfin à l’écoute du Monde, palpitante, disponible. Le désir des autres m’enfièvre, m’atteint en pleine tige. J’appelle mon voisin, le pommier mutant, mon compagnon de voyage mon "père" - à m’enserrer. Il a conservé un bras, à la chair pendante et sèche, qui bat l’air en cherchant désespérément à me toucher. Le malheureux, il m’aime, il piétine pour moi. Il sent confusément aussi que je ne peux le rejoindre: sa terre m’est inhospitalière. "
L’Herbe a gagné la partie. Le règne de l’homme s’achève. Bientôt elle va prendre conscience de la menace que constituent les animaux que, dans sa précipitation à éliminer les humains , elle avait complètement négligés. De ce fait, le roman se termine tragiquement pour l’Herbe et pour l’Homme. Bien fait pour elle et pour Lui.
Roman au style pénible et contourné (à moins qu’il ne faille le lire au énième degré) dans la veine idéologique des années soixante. La société est caricaturée: les bons journalistes s’opposent aux méchants ministres, les Français sont des veaux et le héros sauve sa mise en se transformant en végétal. Quelques pages descriptives intéressantes avec des tentatives de rendre compte d’une conscience radicalement " autre ".
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