- livre
- archéologie du futur
- André REUZE
-
la Vénus d’Asnières ou dans les ruines de Paris par André Reuze, Arthème Fayard éd., 1924, 1 vol. in-
12 ème, 252 pp. couverture muette. roman d’expression française. notice bibliographique in " le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne " N°25, 1 er trim. 2001
1 ère parution : 1924
archéologie du futur - 1924
Une équipe de savants ouest-
Curieux de connaître les restes de cette grande cité que fut Paris, l’on constitue un groupe de chercheurs composé respectivement de Merkanty, archéologue d’origine franque, du prince de Fouta-
Pour parvenir au but, ils prennent la direction du Nord vers la Franquie en longeant la mer saharienne avec leur caravane d’autos-
" Quel spectacle impressionnant et grandiose que celui de la Ville-
" Les édiles parisiens faisaient vraiment preuve d’un désordre extraordinaire. Que l’Institut n’ait pas été construit rue de la Gaîté, que la rue des Dames n’ait pas précédée immédiatement celle de la Fidélité, que la rue de la Paix n’ait pas fait suite à la rue de la Victoire, que le passage du Désir n’ait pas prolongé l’impasse Traînée, je l’admets encore, mais avez-
" A chaque nouvelle porte que la foreuse rendait à la lumière, nous nous précipitions dans l’espoir de lire enfin une inscription vraiment franque, et les enseignes rongées, les plaques vermoulues nous révélaient le nom d’un Fritz Weissmann, d’un Zigriphidès ou d’un Politouski et Cie. Le prince de Fouta-
" … non pas un buffle, mais cinq, mais six, qui paissaient paisiblement l’herbe grise entre les rochers. Ils étaient d’assez forte taille, quoique bas sur pattes, et leurs robes différaient par la couleur, la plupart me semblant largement tachés de roux à la manière des chevaux savants que la foule ignorante allait applaudir dans les cirques chez les anciens. L’un d’eux , une femelle, se tenait à dix pas de nous. Cette bête avait senti le danger, car, immobile, tandis que son bufflon batifolait gracieusement autour d’elle avec l’insouciance du jeune âge, elle braquait vers nous des yeux fixes et stupides en reniflant avec force. "
A défaut de buffle, ils viennent de tirer un veau, paisible ruminant, appartenant au troupeau de vaches gardée par une merveilleuse bergère blonde, à peine vêtue, et dont la grâce captive encore plus le cœur que son accent :
" Ayant saisi le bufflon par une oreille, tandis que M. Benvenuto-
Authentique descendante franque, barbare isolée dans ces ruines, la Vénus d’Asnières reste discrète quant à son origine et à son appartenance tribale. Elle sera adoptée par le groupe de savants qu’elle captive tour à tour avec sa gouaille:
" -
« -
Parmi les plus assidus auprès d’elle, le Vicomte de Kassoulé-
" Devant le jardin des Tuileries, l’oued Seine à cette époque de l’année, s’étale en un assez large bassin se prêtant relativement bien à la natation. Nous décidâmes d’y prendre nos ébats. Ayant, le vicomte et moi, apporté nos maillots de soie, nous nous déshabillâmes dans les ruines du Louvre, abandonnant par un sentiment bien naturel notre jeune amie sur la rive. Quelle ne fut pas ma surprise en la rejoignant de constater que, son tour de cou galopant au bord de l’eau, elle achevait de se dévêtir en lançant son trotteur aux orties, de sorte qu’elle nous apparaissait dans la pure lumière matinale plus nue que la vérité, qu’on travestit généralement, et incroyablement blonde. "
Les ruines exercent parfois une curieuse action sur l’âme humaine. En explorant les salles de la Chambre des Députés mises à jour, M. Benvenuto-
" M.Baba-
Plus tard, des monuments étranges apparaissent. Progressivement se dégagent le cimetière de Montrouge avec ses statues, les ruines du Louvre, avec la traditionnelle vision de la Vénus de Milo " bien abîmée ", la place de la Concorde et son obélisque brisé, ainsi que quelques traces de la Tour Eiffel. La vie des explorateurs se poursuivit ainsi, ponctuée par les discussions intellectuelles portant par exemple sur l’assimilation par la langue franque de quelques termes empruntés " aux aïeux nord africains " :
" Les Francs, qui avaient emprunté à nos aïeux nord-
Un jour, elle disparut. Grande inquiétude chez les savants qui mettent tout en œuvre pour la retrouver. C’est ainsi qu’ils firent la connaissance de la tribu de la Vénus d’Asnières, dont le chef, Pierre-
" La découverte du docteur Voronoff améliorée depuis par l’élevage rationel du singe, permettait d’allonger l’existence humaine de plusieurs siècles au besoin. Naturellement, le favoritisme s’en était vite mêlé. Des gens ayant de belles relations politiques faisaient jouer certaines influences pour obtenir le double ou le triple centennariat."
Depuis, lui et ses descendants vécurent au Mont-
" Le capitaine avait choisi un rivage désert pour y débarquer. Mathurin le Grand ne se souciait pas de révéler au vieux monde la survivance de sa race. Les membres de l’expédition n’avaient jamais vu de singes, de sorte qu’ils commirent une erreur bien excusable. Parmi les différents spécimens qu’ils rapportèrent en Armorique figurait un sujet tout à fait remarquable dont les cris articulés semblaient s’apparenter à un langage. Et, quant au retour, Mathurin le Grand l’examina, il reconnut que ce singe n’était pas un singe mais un nègre. "
Le nègre, appelé Loufoussou, s’installa plus au sud et engendra une tribu de métis qui entretint de bons rapports avec la tribu de Mathurin. La vie se perpétuait ainsi sans problème sur le sol de l’ancienne Europe et personne parmi les " barbares " n’enviait les explorateurs noirs. Pour entretenir leur amitié et avant que de rendre visite aux lointains cousins de la tribu de Loussoufou, la Vénus d’Asnières épousa le Vicomte de Kassoulé-
Tous furent particulièrement distingués par les sociétés savantes noires pour leur action d’éclat et Travelling-
La " Vénus d’Asnières ou dans les ruines de Paris " reste un roman curieux qui peut se lire à plusieurs niveaux. Basé sur la thématique des ruines, déjà fort prisée à l’époque de l’écrivain (voir " Archéopolis ", les " ruines de Paris en l’an 3000, " une exploration polaire aux ruines de Paris ", le récit de Reuze dévoile avec ironie et tendresse les efforts des savants pour reconstituer le passé ainsi que la difficulté à se rapprocher de la vérité historique.
L’ironie, toute contemporaine, est constamment entretenue dans la trame du texte et les allusions à la vie politique, à la vie quotidienne, aux mœurs des parisiens de l’entre-
Rejoindre la conversation
Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.
Remarque : votre message nécessitera l’approbation d’un modérateur avant de pouvoir être visible.