- livre
- menaces et guerres nucléaires
- David GRAHAM
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Destination Ténèbres par David Graham, Londreys éd., 1986, coll. « Alizés », 1 vol. broché, in-
octavo, 368pp. couverture illustrée par l’atelier Kornkoly, roman d’expression anglaise (GB)
1ère parution :1985 titre original : Down to a sunless sea
menaces et guerres nucléaires - 1985
Jonah Scott, le commandant de bord du 747 « Delta Tango», en compagnie de son adjoint Jerry Chambers et de Kate, première hôtesse à bord et dans son cœur, était loin de se douter du destin extraordinaire qui l’attendait en ce jour de l’année 1995, lors d’un vol vers les USA, alors que l’atterrissage sur une piste de l’aéroport JF Kennedy retenait pleinement son attention. Le monde avait changé. Les Etats-
« Et c’est alors que l’on vit le premier grand schisme de la population américaine : les gens affamés mais encore civilisés commencèrent à quitter les villes. A pied, à vélo, mais pas en voiture car depuis le Vendredi noir, il n’y avait plus d’essence et toutes les avenues et toutes les routes étaient complètement bouchées par les véhicules abandonnés.Ceux qui restèrent étaient habitués à vivre de leur débrouillardise. Les sans-
Jonah, qui avait ses habitudes lors de ses escales, et grâce à quelques cadeaux alimentaires, avait acquis la confiance de Charlie, un noir herculéen, reconverti en chauffeur d’un taxi fonctionnant au méthane produit à partir de la fiente de poulet. Charlie attendait l’équipage pour le mener à leur logement habituel à Manhattan. L’immeuble lui-
Les retrouvailles furent perturbées par des voyous qui voulurent forcer la porte de l’appartement, durant la nuit. Grâce à John Capel, blessé dans l’action, et celle de Jonah, pour qui ce fut le baptême du feu, les assaillants, seront tous tués et jetés sur le pavé, sans autre forme de procès. Jonah se disait qu’il vivait dans une curieuse époque où le meurtre était banalisé à un point tel qu’il apparaissait comme légal. Le retour vers l’aéroport fut du même acabit. Chambers, ayant entre temps récupéré Nickie, une jeune fille qu’il aimait, la décision fut prise en commun, de la camoufler à bord pour lui permettre d’entrer illégalement en Grande-
Avec la complicité plus ou moins ouverte des autorités directes de Jonah à l’aéroport américain, le Boeing 747 put repartir, emportant en son sein quelque six cents passagers. Parmi ceux-
La destination finale de l’avion, soit Londres-
« -
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Les Russes, ainsi que les Chinois, supposant l’Amérique à terre, voulurent en profiter pour lui donner le coup fatal en l’accusant d’avoir soutenu les Israéliens. Mais l’Amérique, quoique affaiblie, gardait intacte sa force de frappe. En quelques minutes, les ogives fleurissent sur le monde entier :
«Il me montra le ciel à bâbord. Environ 30 degrés au-
Pour l’équipage du 747 et Jonah en particulier, son désarroi légitime maîtrisé, le problème consiste à faire atterrir son avion géant sur un aérodrome à portée de navigation, ou, à défaut, sur un terrain plat suffisamment long. Le commandant de bord réunit une cellule de crise à laquelle sont conviés en particulier les Russes, les savants et le major Brand. D’entrée, les Russes tentent un coup de force espérant détourner l’appareil vers Cuba. Mais le major veille et avec Capel, ces derniers seront tués, leurs cadavres déposés dans la soute :
«Capel m’aida à me relever. Mes jambes étaient engourdies. Kate me fit rapidement avaler un grand verre et je jetai un coup d’œil circulaire tout en touchant avec délicatesse ma nouvelle tonsure. Nabokov était au sol, il regardait le plafond de ses yeux qui ne verraient plus. Sifflotant entre ses dents, Brand essuyait son poignard d’un air satisfait. L’homme du KGB, Sergei était face contre terre… La hache de Capel l’avait atteint presqu’horizontalement sur la nuque, sectionnant net la colonne vertébrale : il était mort bien avant de s’affaisser au sol. La seconde victime de Capel était avachie contre le bar. Il regardait avec une étrange indifférence le sang giclant de son bras gauche presque détaché ». De temps à autre, sa tête tournait d’un côté puis de l’autre. Il n’avait pas du tout l’air en forme, pensai-
Toujours en vol, ils accrochent l’émission d’un radio-
Jonah pose Tango Delta sans problème et est accueilli par Ed Burns, seul survivant du désastre, protégé par le sous-
Mais un choix drastique s’impose : comment décoller et toucher une destination à plus de 13 333 kilomètres sans réservoir supplémentaire, c’est-
Une autre et immense surprise les attend lorsque arrive un Antonov 10 russe, un gros porteur, en errance depuis la mer Noire, piloté par la jeune Valentina Borofsky, en compagnie, de nombreuses femmes et des enfants, Le contact se fera aisément et l’on oubliera les rancoeurs nationalistes dans la poursuite d’un but commun, car Valentina, en proposant de prendre à son bord des passagers du premier avion, soulagera Jonah dans sa décision. Départ est pris. Les deux avions abandonnant toutefois quelques sacrifiés volontaires, volent de conserve vers la base Mc Murdo. Avant tout, il faut atteindre l’altitude maximale qui leur permettra de toucher leur destination avec des réserves d’essence calculées au plus justes, et donc de traverser le couvercle de plomb du nuage radioactif. Jonah s’y risque en premier. Une demi-
« Chambers vomit un peu et se plaqua un mouchoir sur le nez. L’air était humide, fuligineux, épais et malsain, un mélange de crémation insoutenable et d’atroces cendres d’origine écoeurante. J’entendis Ben qui suffoquait, impuissant, dans un quelconque récipient et je sentis ma bouche se remplir de bile. Ce cauchemar sans fin continuait toujours… Le poste de pilotage était rempli de l’odeur intolérable des fumées sulfureuses, des vapeurs acides et douloureuses qui collaient la langue et brûlaient les yeux. Il semblait sans importance de savoir que la saloperie que nous avalions était radioactive et mortelle… nous étions assis, apathiques, baignant dans cette cochonnerie nauséabonde, tandis que notre avion vibrait et tanguait dans de violentes turbulences. »
Pour Valentina, la situation est plus délicate. Pour y parvenir, l’appareil doit encore s’alléger. Le sacrifice héroïque d’une quarantaine de femmes qui sautent dans le vide, lui redonnera vie et espoir. Ils atterriront, l’un à la suite de l’autre, sur le ventre, dans une épaisse couche de neige, à la base Mc Murdo où ils sont impatiemment attendus :
« Le Delta Tango voguait dans un océan de douceur blanche comme s’il avait flotté dans du coton hydrophile et je commençai à perdre la notion de mouvement. Le vertige faisait de l’équilibre sur le garde-
« C’est sur ce point, dit-
« (…) Ils descendirent dans la neige et marchèrent .Jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une neige profonde, vierge et humide autour d’eux, il n’y avait qu’un rayonnement blanc, qui devint rouge sombre et finalement noir et ils ne purent plus voir. Et vint le temps final, après qu’ils eussent combattu longtemps et vaillamment et que la faiblesse se fût emparée d’eux et ils s’allongèrent ensemble dans la paix silencieuse et le silence se transforma doucement en Eternité. »
Un excellent thriller apocalyptique mêlant adroitement thèmes catastrophistes et technologie. L’auteur, amoureux de l’aviation, est d’une précision extrême pour nous faire participer au quotidien de la vie d’un pilote et des conditions de vie d’un équipage. Se référant explicitement au «Dernier rivage», il établit, par un style tendu et de multiples rebondissements, une intrigue dans laquelle les événements tragiques s’enchaînent inexorablement. Le fait que la quasi-
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