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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Christophe LAMBERT Parution: 2003
      La conurbation de Tokyo en 2030.La pollution y est telle que seules les hautes tours émergent d’une brume constante. Les citoyens japonais sont invités à se procurer l’oxygène et l’air nécessaires à la vie dans des boîtes vendues par Yi Yendi corporation. Shu Thi-shida, employé comme informaticien chez Yi Yendi, est très en colère. Jadis, sa femme et son fils sont morts, tué pas la pollution. Etant trop pauvres à l’époque pour se payer les services de Yi Yendi, la firme toute puissante leur a coupé l’énergie et l’accès à l’air pur.
      Aujourd’hui, Shu Tishida a rendez-vous avec Mashimoto, le grand patron qui se fait un point d’honneur d’accueillir personnellement, une fois l’an, chaque employé qui le souhaite. L’informaticien lui rappelle l’existence du dossier « Ogumi » stipulant que l’air pur vendu est additionné d’une drogue, « l’Euthinal polychlorique », destinée à rendre les consommateurs dépendants des services de l’entreprise.
      Mashimoto nie le fait, mais dès le départ de Shu, le fait assassiner. Soulagé d’avoir évité le danger qui risquait de couler l’énorme trust, il ignore que Thishida a rendu le dossier accessible en l’injectant sur les circuits informatiques planétaires par un virus du type « cheval de Troie » inséré dans les circuits de Yi Yendi. Aussi, dès que Mashimoto allume son ordinateur, c’est lui-même qui signe sa perte.
      Un futur proche et monstrueux lié au développement sans freins du libéral-fascisme .

    2. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Pierre BORDAGE Parution: 1972
      De retour de Téthys, une planète colonisée à seize  années-lumière  de la Terre, le narrateur, qui y a fait fortune, revient sur sa terre natale, retrouver les siens pour leur prouver que, contrairement  aux sinistres prédictions familiales, il n’a pas démérité.  
      A son arrivée, de la zone d’atterrissage jusqu’à Blois où vit sa famille, il constate que tous les processus sont automatisés : nul être vivant autour de lui. De même, la nature lui apparaît plus sauvage, la couverture végétale plus dense. Chez lui, sa maison a disparu. C’est comme s’il était seul au monde. Soudain une « chose » apparaît et lui parle :
      « C’était un amas de chair et de poils d’environ un mètre de hauteur et deux mètres de longueur, qui ne semblait avoir ni queue ni tête, ou, plus exactement, une multitude de queues et de têtes. J’ai entrevu deux éclats entre deux tentacules, les yeux sans doute, au-dessus d’une cavité béante, qui était peut-être une gueule, et d’une excroissance allongée qui ressemblait vaguement à un mufle. »
      Cette chose lui dit qu’elle est sa nièce chargée de l’accueillir, que la « transgénose », un programme génétique destiné à éradiquer les maladies chez les humains,  l’avait changée, ainsi que tous les autres,  et qu’ils vivaient désormais sous terre. Le narrateur repart, désespéré, vers Thétys.
      Une belle nouvelle à la chute inattendue pouvant porter en bannière la maxime de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Et nous ajouterons : « et du corps».


    3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Danielle MARTINIGOL Parution: 2007
      L’arrêt du Gulf-Stream dû au réchauffement climatique a paradoxalement précipité l’Europe dans une nouvelle ère glaciaire. La société humaine s’y est adaptée, retrouvant d’instinct les gestes et les traditions de nos ancêtres eskimos. Pas très loin de « Parisse », dans les Malroches, vit la tribu du petit Denilo. Grâce aux « Liseurs » qui perpétuent les souvenirs anciens, ils se rappellent le temps béni du «karbon et gas-soile ».
      Denilo porte un lourd secret. Dans les « Fondemines de Soulahaine », il a apprivoisé un « petit lapin tondu ». Il aime à le retrouver à la douce lumière des cubes marqués HAVL. Cependant, bientôt, il dépérit, se languit, développe des rougeurs et des plaques inattendues sur son corps. Son état empirant, il se rappelle avec nostalgie la belle fleur gravée sur la porte de sa cachette et de ses quatre lettres, dont il ne pouvait comprendre la signification mais qui disaient : «Déchets de Haute Activité à Vie Longue. »
      Un récit rapide, distillant, sans y toucher, un monde de froid et de terreur.

    4. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Jean FERRAT Parution: 1962
      Le poète, amoureux de la montagne, ne peut que s’émouvoir en face du sort réservé à la Terre :
      « Que restera-t-il sur la terre
      Dans cinquante ans
      On empoisonne les rivières
      Les océans ».
      La pollution par le pétrole, la menace atomique, la disparition des espèces animales, y compris les oiseaux : («Pour les enfants d’un temps nouveau, restera-t-il un chant d’oiseau »), l’amènent à faire appel à la jeunesse qui doit «crier plus fort pour que se réveille le monde ».
      L’attention est touchante mais la mélodie  molle et les paroles convenues manquent à leur but, faisant pâle figure auprès des chansons de ses débuts tels que « Potemkine » ou « Je ne chante pas pour passer le temps. »


    5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Lee HOFFMAN Parution: 1972
      Winston Adamson et son épouse, un couple bien intégré, vivent dans l’atmosphère douillette du cocon familial, s’attendrissant sur la gentille Lorette, leur petite dernière qui s’amuse avec des chatons.
      Ils ne comprennent pas ce qui pousse certaines familles à se révolter. Ne vivent-ils pas en sécurité dans ce monde,  même si, pour garantir l’équilibre de la population, ils devront euthanasier leur petite dernière ? Car le gouvernement a tout prévu, y compris la pilule mortelle et le service de voirie qui, dès le lendemain, cherchera le petit corps.
      Cela ne fera jamais que le troisième enfant que les Adamson perdront de cette manière, comme toutes les autres familles d’ailleurs, pour garantir la stabilité d’une population  dramatiquement pléthorique.
      Une courte nouvelle, horrible surtout par le degré d’amoralité que peut développer l’être humain placé dans une situation limite.


    6. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Rita KRAUS Parution: 1972
      La Terre est devenue un gigantesque poubelle, tellement énorme que, sur tous les continents, dans toutes les villes, jusqu’aux plus petits villages, des montagnes de détritus, des murs colossaux de déchets, empêchent désormais toute communication entre les êtres humains. Or Romain est amoureux de Sabine qu’il a entrevue dans le village voisin. N’étant pas dénué d’ingéniosité, il travaillera au rapprochement des corps et des esprits, souhaitant, avec un explosif de son invention, faire disparaître l’immense obstacle qui les séparait :
      « Lorsqu’on se rendit compte ce de qu’il avait combiné et qu’on voulût l’arrêter, il était déjà trop tard. L’étincelle initiale avait jailli… Dans une débauche de chaleur et de lumière, la Grande Décharge au complet fut annihilée et également, par suite d’une regrettable erreur de calcul sur les effets de la réaction en chaîne, son support : la Terre. »
      L’absurdité du cumul d’ordures poussée jusqu’au délire en une métaphore transparente.



    7. Type: Livre Thème: fins du monde fins de l'humanité Auteur: Théo "Izual" Dezalay Parution: Décembre 2016
      - Topic de discussion :
       
      - Interview de l'auteur :
       
    8. Type: livre Thème: menaces climatiques, la nouvelle glaciation Auteur: Jean JOUBERT Parution: 1987
      Simon, quelques années plus tard, se souvient. Il évoque la catastrophe qui l’a affecté en ces jours de printemps, lui, ses parents et sa soeur Noémie. Avec précision, il relate sa vie lors d’une saison épouvantable de l’an 2006, en compagnie de ses parents dans un chalet situé dans les hautes prairies des Alpes. En raison  d’expériences nucléaires effectuées dans le grand Nord, la neige avait fait son apparition. Une neige mortelle, épaisse et ouatée qui n’arrêta pas de tomber des jours et des jours durant, ensevelissant le chalet sous une chape glacée de neuf mètres de haut:
      " Le spectacle, en effet, était encore plus stupéfiant que la veille. La neige avait cessé de tomber, mais elle recouvrait tout le paysage, en effaçait les replis, et le rendait méconnaissable. Oui, c’était un autre monde, nivelé, simplifié, et sous cette vaste étendue blanche que la tempête avait modelé comme une houle, j’avais de la peine à situer le jardin, le pré, la route ou, plus loin, les crêtes et les vallées qui m’étaient familières. Au-dessus pesait un ciel bas, uniformément gris, mais comme phosphorescent. Le soleil restait invisible. Il n’y avait dans l’air immobile, aucun signe de vie. "
      Repliés sur eux-mêmes, Simon et Noémie, Pa et Man ne purent compter que sur leurs propres forces pour survivre dans cette arche isolée sur une mer blanche. Grâce aux deux animaux, une chèvre et une vache, ils purent se procurer l’essentiel. Le père, soucieux mais précis assigna une fonction à chaque membre de la famille, structura leur temps et leur permit d’éviter le pire.
      La mère, bonne cuisinière, leur redonna le moral lorsque celui-ci flanchait, à travers des repas attendus et appréciés. Ce temps de vacance - et non de vacuité - permit à chacun de se découvrir soi-même, d’user ses forces contre la dureté du monde, d’acquérir une maturité suffisante pour distinguer l’essentiel de l’accessoire:
      "Que de jours nous avons passés, près de l’âtre, dans cette pièce basse qui nous enserrait et nous protégeait, comme l’une de ces cavernes où vécurent, pendant des milliers d’années, nos lointains ancêtres! Un rien, et je m’y serais cru! La pénombre, la lueur du feu, la muraille grossière, l’odeur de bois et de fumée, et jusqu’à la barbe de mon père, de plus en plus hirsute, auraient pu faire illusion. "
      L’essentiel est préservé: le sens du travail bien fait, le respect des rythmes naturels, l’amour de la nature. L’analyse de l’auteur met en évidence la lente montée de l’angoisse dans le groupe et surtout chez les petits, ensuite la peur devant l’inexprimable: le sentiment de rester les seuls êtres au monde face à la mort.
      Cette angoisse culmina avec la maladie de Man et surtout l’arrivée des loups, surgis d’on ne sait où dans ce désert blanc, menace qui coagula les fantasmes les plus archaïques.
      La notion du " sens "  se fit de plus en plus pressente à leur esprit: pourquoi cette épreuve ? Et quoique les personnages ne soient pas religieux, ils ne purent manquer de s’interroger sur l’étrangeté du phénomène. En quoi l’être humain serait-il responsable de ce qui survenait ?
      " Le mal , notre monde l’a commis pendant tout le siècle dernier, dont l’histoire est abominable, et plus encore dans les années récentes où se sont déchaînés l’orgueil, le cynisme, la haine, la violence, la destruction. Les dernières illusions de progrès se fissuraient, les robots devenaient incontrôlables, partout on voyait surgir les monstres.
      Je lis encore: " Et moi, je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra. " Pour nous, c’est un déluge blanc, glacé, figé: celui donc que nous avons mérité. "
      La tendresse cependant survit à tout et l’on sent la famille soudée dans la pire épreuve qui ne lui ait jamais été imposée. Le père, surtout, apparaît comme un héros. Ancien avocat, tournant le dos à la société de consommation pour exister en fonction des " vraies " valeurs, se forgeant une âme d’artiste, d’organisateur , de technicien, de pédagogue et de chef spirituel, il est le porte-parole des idéaux écologiques de l’auteur. A la manière de Thoreau, il semble prouver que celui qui vit selon les rythmes de Gaïa ne peut se tromper:
      " En revanche, depuis que nous étions retranchés du monde, ces séances avaient repris une nouvelle vigueur. La radio et la télévision n’étaient plus là pour nous tenter. Le visiaphone était hors d’usage. Par la force des choses, nous ne voyions personne. Les mots devenaient notre seule ouverture: ils étaient comme des fenêtres et des trouées dans la muraille de neige. Désormais nous écoutions avec une sorte de gravité ce que nous lisait notre père. "
      Pour Simon, encore petit, il est l’incarnation du héros. Grâce au père, la situation se stabilise et la famille sera  sauvée. Quant à Simon qui vit une situation " limite ", l’aventure est pour lui une véritable initiation aux vraies valeurs sociales et humaines. Lorsque la neige disparaîtra et qu’ils seront en mesure d’établir un contact avec les autres habitants isolés des alpages, tout aura changé en lui et Noémie. Plus mûrs, adultes et responsables ils seront prêts à affronter un monde  sans pitié:
      " Quoiqu’il en soit, nous ne sommes plus les mêmes. Les illusions, l’orgueil, la démesure ont été rabaissés. Nous avons retrouvé la patience; l’humilité, le sens de l’effort, et beaucoup de nos concitoyens affirment que le bien est sorti du mal, et qu’il faut en remercier Dieu. "
      Ce roman, destiné aux enfants, d’une bonne facture, est un précis écologique et un roman cataclysmique. L’ensemble des événements est rapporté à travers les yeux d’un enfant. La sensibilité, l’honnêteté, l’analyse psychologique la plus fine ne se démentent pas un seul instant et donnent à l’oeuvre un intérêt soutenu. Encore une fois, c’est dans la catégorie trompeuse "d’ouvrages pour adolescents" que l’on trouve les plus intéressants du genre

    9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean-Bernard POUY Parution: 1928
      Vol.01 : Spinoza encule Hegel, Gallimard éd., 2003, coll. « Folio policier », N°127, 1 vol. broché, in-12 ème , 141 pp. couverture avec photo par Stone Images. roman d’expression française
      1 ère  parution : 1996
      La décomposition urbaine a fait émerger des bandes adverses de situationnistes, d’anarchistes, de révolutionnaires ou de conservateurs. Se rapportant à leur idole philosophique particulière, elles portent toutes des noms pittoresques comme les Hégéliens, les Spinozistes, le groupe de Jdanov, celui de Carlo Ponti ou de Thorez, et sont en lutte incessante les unes contre les autres, luttes ponctuées par des flash-backs et relatées en écho par la «Radio Cinquième Internationale » :
      « Quelques groupes de femmes avaient fait leur apparition, mais ne se mêlaient pas à nos petits jeux phallocrates. Certains hommes s’étaient frottés à ces féminités responsables et avaient vite compris que le néo-féminisme était armé jusqu’aux dents. Ces groupes avaient des noms bien aussi ridicules que les nôtres : Lesbos Rouge, Utérus d’Acier, 28 , les Deux Moitiés du Ciel, Tampax Aeternam. »
      Le jeune héros Julius Puech, leader des Spinozistes, déteste les Hégéliens, leur vouant une haine mortelle. Avec ses amis Momo, Riton et Nanar, tous sur leurs puissantes motos lourdement armés, ils se dirigent vers le sud de la France pour anéantir définitivement le groupe adverse, selon un rituel gestuel et langagier précis, à travers un code de comportement apparenté à celui du théâtre Nô.Délaissant leur raffinerie de la région parisienne, ils roulent vers Salon de Provence, considérant la mort comme l’un des Beaux Arts :
      « Ce soir, nous roulons vers Salon, dans l’air tiédasse, vers notre campement provisoire installé dans un casse de voitures. Là, protégés par les entrelacs de ferraille, les carcasses démentes et imbriquées, nous sommes tranquilles: ce labyrinthe de fer engloutirait nos attaquants éventuels.»
      Au passage, ils déferont le groupe Thorez Rouge, des cypto-staliniens, dont le viol, l’achat des armes, l’assassinat, le sexe, la musique et la drogue forment des valeurs appréciées par Julius. Mais avant de partir, ils détruisent aussi les symboles de la société de consommation, se cachant d’abord dans des entrepôts du BHV, puis mettant le feu à la Chambre des Députés dans une capitale en perdition sillonnée par des groupes violents et dissidents. Près du jardin des Plantes, Julius gagnera son trophée, emprunté au dernier survivant du groupe « Fourier Rose », une paire de bottes en peau de lézard mauve. Elles deviendront son symbole personnel et ne le quitteront jamais plus :
      « La seule chose qui me fit rougir l’œil, cette nuit-là, ce furent les bottes en lézard mauve, extrêmement neuves, que portait un des membres de Fourier Rose, le poète du gang, Ginsberg attardé aux Folies irradiés. La vision de cette tranche de beauté pure me speeda toute la nuit, et le sommeil ne vint pas. L’obscurité était de croco. »
      Se livrant encore à quelques facéties comme arroser de rose le Sacré-Cœur, Julius apprend à l’assemblée générale des dissidents que Hegel les attend sur le pont du Gard.Durant l’attaque, Momo, éblouissant de vertu guerrière, est frappé à mort sur sa moto, comme Jaja, le petit ami de Julius, qui s’éteint dans une mare de sang :
      « Nous avons attaché Momo sur sa moto, pantin grisâtre, car sa vie le quittait, personnage puissamment évocateur, car il voyait la mort et vivait avec elle. Une fois sanglé, il devenait également érotique, dans une sorte d’attirail sado-maso, prêt à l’acte, dans son aura de pulsion de mort. Prêt pour le grand éclatement. Un peu de sang coulait sur la selle et, avec sa main, négligemment, Momo en tartinait son réservoir. Le sang caillait sous la chaleur, et les résidus poisseux d’essence se mélangeaient au plasma en fusion. Ballard revenait en force, et ce n’était au fond que justice. »
      Spinoza n’oubliera pas ses héros même si la fraction armée spinoziste est provisoirement défaite. Repartant à Marseille avec son amant/ami François, Julius y aperçoit le traître, « le Niais » qui a passé à l’ennemi, et était responsable de l’anéantissement des Spinozistes. Il lancera les miliciens fascistes de Marseille à sa trousse, assistera à la mise à mort de Carlo Ponti où le Niais avait trouvé refuge, et lui règlera son compte, définitivement.Julius sait que « les temps anciens ne sont plus ». Alors il prépare sa Guzzi pour l’ultime affrontement avec Hegel pendant que, tout autour de lui, la société se normalise, la politique et la police reprenant force et vigueur. Pour finir, Julius, en partance de ce monde cruel, tombe entre les mains des femmes féministes qui lui font subir un esclavage humiliant dans le but de triompher de sa mâle résistance :
      « Enfermé et sous bonne garde, je repris des forces, et redevins, en moi-même, disponible et dangereux. Je me permis de rigoler, mais seulement des yeux. Quand mon infirmière ou bien l’une de ses sœurs me pansait et inspectait ma blessure que j’avais en haut de la cuisse, elle regardait obligatoirement mon sexe, et le touchait évasivement, en me remettant les pansements.Un jour, je fus ému pendant leur visite. Inexplicablement. Leur présence n’était pas érotique. Contre mon gré. Mais ce fut irrépressible. Je me pris un seau d’eau glacé et plusieurs coups de fouet. Maintenant je ne rigole plus. Je travaille. »
      François ayant disparu dans la lutte, Julius patiente dans la déréliction, prêt à tout pour sillonner à nouveau, sur sa flamboyante moto, une France déliquescente.
      « Spinoza encule Hegel », au titre intensément provocateur, est un récit original aussi bien au plan de la forme qu’à celui du fond. A la frontière entre la violence et la dérision, c’est le récit fantasmé d’une jeunesse à la dérive, qui dénonce les postures de la consommation et de l’idéologie. Hors de «l’esthétisme douceâtre » évoqué par Léo Ferré, c’est une œuvre originale, qui s’enferme difficilement entre les limites d’un genre, une sorte d’immense délire relatif aux excès idéologiques de mai 68.
      Vol. 02 : A sec (Spinoza encule Hegel, le retour), Gallimard éd., 2002, coll. « Folio Policier » N°149, 1 vol. broché, in-12 ème , 149pp. couverture illustrée (photo William Lesch). roman d’expression française
      1 ère  parution :1998
      Julius Puech reprend du service. A Bombay, où il s’était réfugié, il voit venir à lui deux spinozistes, Léonard et Iris, qui espèrent faire renaître l’Ethique. En effet, Hegel est de retour en France, intervenant autour des stades de football, soutenant la cause des  «fouteux ». Quand Julius se voit offrir une Guzzi toute neuve, il n’hésite plus, et, avec ses deux compagnons, il ressuscite le groupe Spinoza.
      La situation en France s’est encore dégradée.La démocratie déliquescente a fait place libre aux forces anarchistes ou fascisantes qui s’en donnent à cœur joie dans les tribunes, réunies dans une franche et haineuse inimitié, réactivée à chaque match de foot :
      « Et tout à coup, parce qu’un pékin un peu chanceux vient sans doute de pousser du pied la baballe dans un filet, une immense clameur éclate derrière les grands murs de béton. Les Verts venaient d’en marquer un. Trente mille gosiers kro-formatés hurlent la joie imbécile du supporter qui viole la ville d’en face. (…) Dans la nuit on voit luire les longs couteaux et l’acier nickelé des fusils à pompe. En face, la rage resserre les rangs des petits-beurres d’Ultra-Lu, le kop nantais réputé pour sa grande sauvagerie et une victoire historique sur le Koppa corse en huitième de Koupe de France.Les flics n’ont aucune réaction. Seuls quelques sourires luisent sous les visières, tant que les empaffés se bousillent entre eux, les oies étaient bien gardées et pouvaient voir les matches tranquille, sans se faire aplatir ce qui leur restait de cortex. Quelques coups de feu. Des étincelles dans le noir profond. Un corps qui tombe, le raclement de l’acier sur l’asphalte. Des ombres qui courent dans tous les sens, cherchant protection ou trahison. »
      Julius concocte un  plan pour se débarrasser de Hegel II, tête bicéphale puisque composée par deux jumeaux. Remontant du sud de la France vers Paris, traversant la région lyonnaise dévastée, il recrute quelques partenaires de premier plan. Notamment Luna, une jeune et efficace femme pilote d’hélicoptère, en passe d’être violée par une bande de «supporters ». Tout en distillant sa haine incommensurable à l’égard des hommes, Luna met son hélicoptère, son armement et sa science du pilotage à la disposition de Spinoza, embrassant la cause de Julius. Direction l’île Saint-Louis, camp retranché de Hegel et des « fouteux » :
      « De là où j’étais, tout cela semblait imprenable. Les ponts, absents, écroulés, tranchés à la dynamite, blessures pierreuses. Saint-Louis faisait désormais du bateau à voile. Au bout de l’île, du côté de l’ancien pont de Sully, une passerelle branlante, genre pont de singe, reliait les restes éboulés d’une ancienne arche au repaire flottant d’Hegel. »
      Julius appâte leur sentinelle avec la fausse prédiction d’un soi-disant retour charismatique de Spinoza, information suffisante pour déclencher l’envie chez ses opposants de le liquider définitivement.Pour ce faire, GWFH2 , l’un des deux chefs de Hegel, prend immédiatement langue avec les « Hell’s Angels », qu’il méprise, mais auxquels il propose une alliance objective. Du côté de Spinoza, ils seront six dont Ray, un homosexuel improbable mais dangereux, nouvel ami de Julius, prêt à en découdre.
      L’hélicoptère s’apprête à l’assaut. Les hégéliens investissent l’immeuble qui servira de zone de combat, lieu d’une explication définitive, se réservant le toit pour les snipers , les Angels occupant les envions immédiats.Déjà, ignorants tout de l’hélicoptère et de la stratégie de Julius, les hégéliens se croient vainqueurs. Lorsque les Angels sautent dans l’explosion de la voiture garée près d’eux, et lorsque Luna en quelques passes rapides et meurtrières mitraille le toit en le débarrassant de tous les hégéliens,  dont notamment GWFH2, le deuxième jumeau éclate de rage :
      « Une vague chaude de napalm lécha le toit de la base et des hégéliens sautèrent en feu dans le bassin. Le carton total. Rouge. GWFH2, planqué derrière la rambarde de la casemate, regardait toujours Julius de l’autre côté, immobile comme un épouvantail. Il vit aussi, du coin de l’œil, son frangin Hégueldeux péter les plombs, courir à découvert, hurlant des imprécations dialectiques, une kalache à la main, et tirer en direction de l’hélico. A bord, Luna repéra les cheveux rouges, manoeuvra l’appareil, fit un signe discret à Iris qui mit une charge dans le bazooka. Elle appuya sur le bouton de commande, une traînée blanche, une flamme jaune et Hégueldeux s’éparpilla, plus bas, en dahlia rouge sombre. »
      Voyant devant lui la Guzzi de Julius, il se l’approprie, persuadé qu’avec la disparition de ce symbole le royaume de Julius cessera d’exister.  La moto explose, l’envoyant lui aussi au royaume des fouteux éthérés.Julius, définitivement trop vieux pour continuer à incarner l’idéal éthique poursuivra sa destinée, pacifié, avec Luna, devenue sa compagne.
      « A sec » représente le deuxième volet des aventures de Julius Puech. Par cet ouvrage de commande, lié au succès du précédent, l’auteur s’en tire honorablement, avec toujours autant de verve, fascinant le lecteur par la structure étrange du récit, même si la surprise provoquée par le premier épisode s’est quelque peu ternie, et que certains procédés stylistiques ont une allure de déjà-vu.


    10. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Adolf SOMMERFELD Parution: 1913
      La France battue, écrasée, mise en pièces, démembrée et rendue soluble dans l’empire allemand, voilà «ce qu’on verra un jour ». La vision de Sommerfeld, crée
      « De l’outre pleine de vent dont a accouché le cerveau de l’officier français (c’est à dire le Commandant De Civrieux), (il n’a) donc pas perçu le moindre souffle. Etait-ce alors le livre de ce Français joint au fromage de roquefort ou bien était-ce bien celui-ci seul dont le parfum fit de (lui) l’émule de la Pythie (…) Il en résulta cet effrayant tableau de la dernière guerre et la chute de la France. »
      Pour lui, la France est entièrement responsable de son sort. Par traîtrise elle avait fait sauter le pacifique croiseur allemand « l’Hirondelle » qui patrouillait innocemment dans les eaux marocaines, ce qui révolta à la fois ses amis de l’Entente Cordiale (Russie et Angleterre), lesquels garderont une prudente neutralité dans le conflit futur, et mortifia dans son ensemble le peuple allemand qui déclara la guerre à sa voisine.
      L’engagement commença mal pour le coq gaulois puisque son front de l’Est, de Thionville jusqu’à Belfort, céda sous la poussée irrésistible des valeureux soldats germaniques. Une ligne irrégulière de front se stabilisa, en attendant que l’armée italienne, magnifique, ayant franchi sans coup férir le col du mont Cenis, occupa le Briançonnais, puis Grenoble  et poussa enfin jusqu’à Grasse.
      Le front maritime, en Méditerranée, se révéla tout aussi catastrophique pour la France qui perdit rapidement le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Les troupes coloniales censées défendre leur patrie fraternisèrent avec les troupes italiennes. Toulon, Marseille ainsi que d’autres places-fortes furent bombardées puis réduites à rien, jusqu’à Montpellier. Les tirailleurs sénégalais sur lesquelles les Français mirent beaucoup d’espoir, capitulèrent vite car:
      «Lorsque le combat a lieu sur une ligne de tir très étendue et à une distance d’au moins 1500 mètres (la technique de la guerre moderne) permet de prévoir la victoire finale. A cette distance, la vue et l’odorat ne jouent aucun rôle et il faut supposer que les soldats qui sont en train de charger et dont la narine est bouchée par la poussière et la fumée de la poudre ne tomberont pas en défaillance devant les exhalaisons malodorantes des Noirs.(sic!) »
      Le lendemain, les Italiens, en entrant dans la ville, s’y livrèrent à un carnage sans précédant :
      «Lorsque, le lendemain, le soleil levant parut sur Montpellier, on eût dit que la ville avait été détruite par un tremblement de terre. Partout des ruines fumantes ; sur les places et dans les rues, des monceaux de cadavres sans sépulture. Même les morts n’avaient pas été laissés en repos»
      L’escadre maritime anéantie, il ne resta à la France que deux corps d’armées : celle du Sud et celle du Nord. L’armée du Sud prit appui sur Lyon. Alors que les Allemands progressent, faisant bouger tout le front de l’Est, une lutte gigantesque s’engagea de Dijon à Châlons, atrocement meurtrière :
      « Comme des grêlons fouettés par la tempête, les myriades de projectiles des mitrailleuses balayent le champ de bataille. Avec le rauque éclat du tonnerre, les canons rugissent leur terrible chant de guerre et crachent infatigablement la mort et la dévastation, le feu et le soufre, à l’horizon lointain, où, décimés et à bout de forces, l’ennemi lutte pour un pouce de terre jusqu’au dernier soupir. »
      Elle s’acheva par la prise de Lyon. Au nord, l’armée française se replie sur Orléans au grand dam des citoyens qui se désolidarisent des militaires. L’approche des troupes ennemies, leur puissance de feu inspirent la terreur :
      «L’immense étendue de ce champ de bataille, le plus affreux de tous ceux que connaît l’histoire du monde, était parsemé de tas de cadavres hauts comme des collines et comme des montagnes. Lentement, les flocons de neige tombaient du ciel gris, en couche toujours plus épaisse, jusqu’au moment où la candide neige blanche étendit à perte de vue son linceul sur les victimes de la guerre… »
      Les morts en masse font vaciller la pusillanime velléité de l’Etat-major français qui se crut autoriser à négocier les conditions de la reddition.Un éclat de rire général teinté de mépris résonna du côté des Prussiens: Orléans leur appartenant déjà, il n’y avait plus rien à négocier !
      Avec la chute de la dernière forteresse s’ouvrit la voie vers Paris. Les centaines de milliers de prisonniers français, la perte quasi-totale de leurs moyens défensifs, n’arrêtèrent cependant pas les Parisiens dans leur folie de s’opposer à l’invasion. Les chefs légitimes de la cité ayant été démis par les idéologues et les anarchistes, ceux-ci, de manière brouillonne, placèrent tous leurs espoirs dans une défense aérienne de la ville, sans tenir compte des armes secrètes allemandes :
      « Presqu’aussitôt le ciel fut obscurci par une sombre armée de monstres qui partaient à grand bruit, dans toutes les directions de la rose des vents et qui, dans la détonation de certains gaz explosifs, laissaient tomber des excréments en forme de boulettes. Ces boulettes se dilataient au fur et à mesure qu’elles s’approchaient du sol, et, au moindre contact, elles éclataient comme des grenades d’artillerie, en répandant autour d’elles une grêle de petits projectiles
      Au premier moment, quelques centaines de soldats furent les victimes de ces bêtes ailées dont l’action, sans être écrasante, n’en aurait pas moins, en fait, été sensible, si les bombes asphyxiantes des Allemands n’étaient pas venues donner le coup de grâce aux pilotes en train de se soulager comme l’on sait. »
      Les Parisiens, d’abord sous le choc, défendront leur capitale, maison après maison, avant d’être vaincus et de subir toute la rigueur prussienne :
      « Mais à peine les soldats s’étaient-ils dispersés dans les places et les rues que, soudain, toutes les fenêtres jusqu’alors tenues fermées et derrière lesquelles étaient cachés les soldats français s’ouvrirent, et il tomba sur le dos des envahisseurs une avalanche de balles. Il en résulta d’abord un effroyable désordre ; beaucoup d’Italiens succombèrent ici sous les coups de la trahison. »
      Le traité de Zurich, auquel se joignirent les autres pays européens, opéra la mise en pièces de la France qui cessa d’exister au profit de l’empire prussien et de l’Italie. Selon l’auteur, cette conclusion s’explique aisément par la décomposition des vertus françaises :
      « Les vices latents qui avaient toujours existé dans la race se déployèrent de plus en plus. Les enfants français devinrent une rareté, l’absinthe s’affirma encore davantage comme la boisson nationale et ici aussi se manifesta l’étrange phénomène que l’on avait déjà pu constater chez les Polonais, à savoir, qu’après la chute d’une nation toute la race penche vers la ruine et devient la proie de la phtisie. »
      D’autre part, l’Allemagne qui a pour elle la probité et l’innocence, s’est trouvée dans l’obligation de défendre sa culture et ses valeurs :
      « La guerre est terrible, mais la peur de la guerre est encore plus terrible. A chacun donc de placer sa guérite devant sa porte, de hérisser son château-fort de bouches à feu et de s’équiper, -de s’équiper, non pas seulement pour la défensive, - ah ! certes, non, - mais pour porter droit devant soi un coup unique qui écrase à jamais l’ennemi héréditaire, -puisque tous les procédés humains n’ont pu venir à bout de la haine et du ressentiment, de l’envie et de l’ambition. »
      Authentique brûlot littéraire et militaire à ranger, au choix, dans la catégorie des uchronies ou des guerres futures, « le Partage de la France » souleva de nombreuses protestations. L’évocation de la lâcheté française et du désastre total – même conjectural- subi par notre pays, fit grincer des dents et appela une réponse cinglante, dans le même esprit, avec la parution en parallèle du « Partage de l’Allemagne ».

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