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  • Le Dernier Homme (Shelley)

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Mary SHELLEY

    Parution : 1826

    Thème : le dernier homme, épidémies


    Sur l'auteur :

    (1797-1851) Femme de lettres anglaise. Epouse du poète Shelley. Romancière, essayiste, nouvelliste, etc. Education riche et variée. Libérale au plan des idées, puis radicale. Après un séjour à Genève, voyage en Europe avec son mari. Long séjour en Italie. Les dernières années de sa vie sont marquées par la maladie. Immortelle créatrice du "Frankenstein", une figure romantique. Mondialement connue.


    Préambule :

    le Dernier homme par Mary Shelley, 1988, éd. du Rocher, 420pp, in-octavo, 1 vol. broché,  couverture illustrée  par R. Begey.  roman d’expression anglaise (GB). notice bibliographique in " le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne " N°31, mai 2006
    1ère parution: 1826  titre original: The last Man
    le dernier homme – épidémies


    Synopsis :

    "Le Dernier Homme" est historiquement le deuxième roman traitant de ce  thème, le premier  étant "le Dernier Homme" de Cousin de Grainville (1805).  Il s’agit d’une oeuvre importante, de par la qualité de son auteur, créatrice de "Frankenstein", et des éléments romantiques qui se retrouveront désormais à la base de l’oeuvre cataclysmique: poésie des ruines, agonie de la nature, héros démesuré, destruction et mort de l’espèce, pérégrinations dans le monde..
    L’oeuvre est divisée en trois livres distincts. Le premier présente les héros de l’histoire et développe les liens qui les unissent. Le deuxième montre l’éclosion de l’épidémie de peste. Le troisième insiste sur les voyages du dernier homme.
    Y sont présents de nombreux archétypes qui deviendront stéréotypes dans les romans ultérieurs: description des ruines et des cadavres, ivresse de la liberté et de la possession totale des biens de ce monde , interrogation métaphysique devant la cruauté du destin , multiplication de la nature végétale et animale enfin libérés de la tutelle humaine.
    Le récit, de pure science-fiction, est daté: il débute en 2073 et s’achève une vingtaine d’années plus tard. Il s’ouvre sur les personnages de Perdita, soeur du narrateur, et de Raymond, le héros, libérateur de la Grèce, conducteur de l’Angleterre menacée par la peste, en fait le sosie de Lord Byron . Adrian est le fils de la Comtesse de Windsor et deuxième ami du narrateur. Il prendra la relève de Raymond, après la disparition de celui-ci, pour conduire les derniers rescapés anglais hors de leur pays frappé à mort,  jusqu’à un retour en Grèce supposée épargnée par le fléau. Idriss est la soeur d’Adrian, épouse du narrateur. Enfin Evadné est une jeune Grecque amoureuse de Raymond.
    Ces personnages sont des héros romantiques, êtres excessifs par nature et entiers dans leur jugement. Raymond possède un caractère sauvage, indomptable. Il est irascible et partial. Adrian, le futur roi d’Angleterre est fantasque, chimérique, et fin politique. Il fait penser au roi fou, Louis II de Bavière. Perdita , Evadné , Idriss, se montrent des femmes indomptables et les meilleurs soutiens des héros.
    Le premier livre place les personnages dans leur décor. Il s’agit de la campagne anglaise, du château de Windsor; l’Angleterre future restant soumise à la royauté et la technologie n’y faisant aucune apparition. L’oeuvre est truffée de références littéraires et philosophiques, de rappels quant à la situation politique au début du 19ème siècle.
    Raymond s’affirme comme leader naturel ; il remporte légalement le pouvoir en battant son opposant Ryland, le populiste. En façonnant une nouvelle constitution, il apprend par Evadné le triste sort de la Grèce pliant sous le joug turc. N’écoutant que son courage, le Protecteur - c’est son titre - part libérer la Grèce. Il vole de victoires en victoires mais bute sur Constantinople. Il fait le siège de la ville, si longtemps qu’une épidémie de peste s’y déclare, ravageant tout. Ses amis lui recommandent de repartir. Lui, au contraire, force l’entrée de la ville mais saute sur une poudrière. Le héros n’est plus et le fléau se propage.
    Les compagnons de Raymond retournent en Angleterre, autant pour fuir l’épidémie que pour assurer la succession du Protecteur en la personne d’Adrian. Les nouvelles ne sont pas bonnes: la Peste progresse et dévaste tout sur son passage. Elle menace l’Angleterre au moment où d’autres signes de destruction se manifestent dans le monde comme si le septième sceau de l’Apocalypse était brisé:
    " le 20 novembre, Adrian et moi chevauchâmes une dernière fois à travers les rues de Londres. Elles étaient désertes et envahies par les herbes folles. Les portes ouvertes des maisons vides grinçaient sur leurs gonds; une végétation exubérante et une saleté dégoûtante avaient envahi leurs marches. Les clochers muets des églises s’élevaient dans un ciel libre de toute fumée, les églises étaient ouvertes mais personne ne venait plus prier devant les autels, la moisissure et l’humidité avaient déjà endommagé leurs ornements. Les oiseaux et les animaux domestiques désormais sans maîtres, avaient fait leurs nids et installé leurs tanières dans des lieux consacrés. Nous passâmes devant St Paul. Londres, qui avait étendu ses faubourgs dans toutes les directions, avait un peu délaissé son centre, et beaucoup de ce qui masquait autrefois ce vaste édifice avait disparu. Sa masse pesante, sa pierre noire et son dôme imposant lui donnaient l’apparence non pas d’un temple mais d’une sépulture. Au-dessus du portique il me sembla lire le Hic Jacet de l’Angleterre.
    Nous poursuivîmes notre route vers l’est, tenant les propos graves et solennels qu’inspirait l’époque. Nous n’entendions aucun pas d’homme, ne rencontrions aucune forme humaine. Des troupes de chiens délaissés nous croisaient; et de temps à autre un cheval sans bride ni selle trottait vers nous;(...) Si tout était désert, rien n’était en ruine. Et ce mélange de bâtiments intacts et de résidences luxueuses, encore pimpantes, contrastait avec le silence macabre des rues désertes. "

    Le pays se transforme: le commerce s’arrête, les villes sont abandonnées au profit des campagnes, l’immigration est interdite, les dissensions politiques se font jour, la guerre civile éclate.
    Dans le troisième Livre, les bouleversements sociaux atteignent leur maximum. Il reste peu d’Anglais. L’agriculture est abandonnée. Londres ne compte plus qu’un millier d’habitants. En 2096, Adrian, le Protecteur, a décidé d’aller vers le Sud, via les Alpes, avec sa famille et la dernière tribu de ce qui constitua jadis le peuple anglais. Talonné par la peste, en dépit de l’air pur des sommets, il se dirige vers l’Italie:
    " (A Venise) algues et monstres marins étaient abandonnés sur le marbre noirci; le limon salé défigurait les oeuvres d’art incomparables et les goélands s’échappaient par les vitres cassées. Au milieu des ruines impressionnantes de ces monuments édifiés jadis par des hommes de génie, la nature affirmait sa prééminence, et le contraste rehaussait sa beauté. Les eaux radieuses frissonnaient à peine, et leurs ondulations légères étaient autant de miroirs dans lesquels se réfléchissait le soleil. "
    Durant le voyage, le groupe se désagrège: les uns disparaissent, les autres se laissent séduire par les accents d’un faux prophète. Idriss meurt. Adrian dépérit, puis meurt à son tour. Le narrateur, dans la ville déserte de Rome, restera le "dernier homme":
    " J’employais mes matinées à monter à cheval et à chasser dans la Campanie. -Je passais de longues heures dans les diverses galeries- je contemplais chaque statue, et je me perdais en rêveries devant maintes Madones ou nymphes superbes. Je hantais le Vatican, où m’entouraient des oeuvres de marbre d’une beauté transcendante. Chaque divinité de pierre était possédée par une joie sacrée, et par l’éternelle fécondité de l’amour. Elles me regardaient avec une froide suffisance, et souvent j’éclatais en reproches contre leur suprême indifférence -car elles avaient forme humaine, et la beauté divine de l’homme se manifestait dans chaque partie de leur corps. Le travail parfait de l’artiste créait l’illusion du mouvement et de la couleur. Souvent, à moitié par ironie amère, à moitié dans l’intention de me leurrer moi-même, je serrais contre mon corps leurs proportions glacées, et m’insinuant entre Cupidon et les lèvres de sa Psyché, j’embrassais le marbre stérile ".
    Après avoir usé de sa liberté toute neuve, il consigne par écrit la saga de l’espèce humaine et la confie aux anfractuosités d’un rocher. C’est là, dans une caverne que l’auteur, Mary Shelley, affirme avoir découvert le manuscrit à son époque, ce qui renvoie notre époque à un futur antérieur à l’époque du roman.
    Ce récit possède pour le lecteur moderne des lenteurs, dues au développement des descriptions romantiques et au pathos qui s’en dégage. Il revivifie cependant en les réactualisant les thèmes déjà notés par Cousin de Grainville avec son personnage Omégar.  
    La quasi-totalité de ceux-ci seront repris par le roman cataclysmique moderne, à savoir, la poésie des ruines, la cité privée d’humains en proie au végétal et à l’animal, la désagrégation sociale, la montée des sectes religieuses, l’ivresse de la possession totale, le mythe du bon berger conduisant son peuple vers une nouvelle Arcadie, la description réaliste de l’épidémie et ses conséquences atroces, le thème de la culpabilité humaine.  Aucune oeuvre du genre n’ira plus loin que celle-ci, en démontrant ce que le roman apocalyptique devra au Romantisme. Autant que le "Frankenstein ", " le dernier Homme "  est le testament littéraire de Mary Shelley.


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