Sur l'auteur :
(1746 -
Préambule :
Le Dernier homme, ouvrage posthume par M. de Grainville (Cousin de Grainville), homme de lettres, chez Déterville Libraire, 1805, 2 tomes in-
1 ère parution : 1805
le dernier homme – fins du monde, fins de l'humanité – l’entropie progresse…
Synopsis :
Dans les ruines de l’antique Palmyre, le narrateur rencontre un esprit céleste qui lui conte les destinées d’Omégare et de Sydérie, le dernier homme et la dernière femme. Dans sa vision, il aperçoit l’ange Ituriel rencontrer un Adam vieilli à qui il fait voir une terre proche de sa fin. Adam en est stupéfait et attristé :
" Il se lève promptement, et jette autour de lui ses regards avides. Le soleil commençait sa carrière. De quel étonnement le père des humains est frappé, lorsqu’il voit les plaines et les montagnes dépouillés de verdure, stériles et nues comme un rocher ; les arbres dégénérés et couverts d’une écorce blanchâtre, le soleil, dont la lumière était affaiblie, jeter sur ces objets un jour pâle et lugubre. Ce n’était point l’hiver et ses frimas qui répandaient cette horreur sur la nature. Jusque dans cette saison cruelle, elle conservait une beauté mâle, et cette vigueur qui promet une fécondité prochaine, mais la terre avait subi la commune destinée. Après avoir lutté pendant des siècles contre les efforts du temps et des hommes qui l’avaient épuisée, elle portait les tristes marques de sa caducité. "
Puis, il l’emmène en terre de France auprès d’Omégare où il aura pour mission de lui annoncer la fin de toutes choses puisqu’il est désormais interdit au dernier homme d’enfanter avec Sydérie, la dernière femme. Adam, en la voyant, est tout ému :
" Pendant cet entretien, le père des hommes avait jeté les yeux sur Syderie. Les charmes de sa figure, sa modeste retenue, ses cheveux blonds qui flottaient sur ses épaules, la noblesse de sa taille légère et majestueuse, lui rappelaient une épouse chérie dont il ignorait le sort dans le séjour des ombres. Eve avait, comme Syderie, la fraîcheur du printemps de l’âge, et surtout la même pudeur aimable et touchante, lorsqu’à son réveil Adam la vit à ses côtés pour la première fois. Cet heureux instant se retrace à sa pensée avec des douleurs vives. Il s’attendrit et verse des pleurs. "
Omégare évoque son enfance en un passé lointain où déjà la terre était frappée à mort et où régnait la stérilité des femmes:
" Lorsque je vis le jour, l’hymen depuis vingt ans n’était plus fécond. Les hommes avançant tristement vers le terme de leur course, sans être suivis d’une jeune postérité qui dut les remplacer, pensaient que la terre allait perdre en eux ses derniers habitants. Ma naissance fut un phénomène qui causa leur surprise et les transporta de leur joie : ils la célébrèrent par des fêtes. On dit que des femmes accoururent des extrémités de l’Europe pour voir l’homme enfant : c’est ainsi qu’elles me nommèrent. Mon père me prit dans ses bras, et s’écria : le genre humain vit encore ! ô Dieu ! dit-
" Il n’est plus qu’une seule femme et toi qui pouvez aujourd’hui perpétuer la race des humains. Qu’elle périsse ou que tu meures, la terre va se dissoudre, rentrer dans le chaos , et je suis anéanti pour jamais. Le danger est extrême depuis que les hommes devenus stériles ne donnent plus à la mort de continuelles victimes, sa voracité n’est pas seulement une faim cruelle, elle se jette sur tous les êtres vivants. Cependant si tu pouvais échapper à ses coups, et t’unir par les liens de l’hyménée à la seule femme qui le rendra fécond, tu reculerais le moment de ma perte ; non que je mette un grand prix à quelques jours d’existence, je saurai mourir avec courage ; j’ai reçu des hommes cette leçon si difficile à donner. Mais je suis instruit que l’astre qui doit rallumer les soleils près de s’éteindre descendra bientôt sur notre sphère pour rendre à l’astre du jour sa chaleur et son premier éclat. Alors si la terre n’était pas détruite, elle se ranimerait aux feux nouveaux du soleil, elle se dépouillerait des vêtements de sa vieillesse pour reprendre sa robe brillante du printemps. "
Il lui enjoint de gagner Rouen en Normandie pour rencontrer Idamas qui saura le guider. En cours de route, Omégare fait la connaissance de Policlète habitant une ville immense et vide. Avec Céphise sa compagne, ils se souvenaient de lui :
" Quoi me dit Céphise, vous seriez cet enfant que j’ai vu : j’avais alors vingt ans. Heureux jours qui sont toujours présents à ma mémoire ! Ma mère me conduisit aux fêtes qu’on célébra pour votre naissance. Vous deviez être, disait-
" La capitale de la Normandie avait été longtemps un des lieux les plus célèbres d’où partaient les vaisseaux aériens. Il restait encore, dans les magasins nombreux de cette ville, des urnes pleines de ces esprits volatils qui, plus puissants que la voile et plus vite que les ailes des oiseaux, élevaient l’homme au-
Avec Idamas et ses compagnons ils s’embarquent à destination du Brésil, chez les Américains, toujours à la recherche de Sydérie. Du haut des airs, Omégare put observer à loisir les bouleversements géographiques de l’antique Europe :
" Il nous montre dans le nord la place où fut l’Angleterre, et que l’Océan avait engloutie. Sur la gauche, il nous fait remarquer l’ancienne Hibérie, où le fils d’Alcmène crut poser les dernières colonnes de la terre ; mais il peut à peine nous indiquer ces objets, qui ne font que paraître et s’évanouir. "
Le temps s’allongeant dans le vaisseau aérien, Idamas en profite pour raconter au dernier homme l’histoire des siècles passés et notamment la lutte âpre et gigantesque de Philantor, l’homme qui voulut s’opposer à la décadence. Ce grand savant découvrit le moyen d’allonger la vie humaine et de rajeunir les vieillards. Mais il craignit, en révélant son secret, de livrer la terre à la surpopulation et l’anéantir à coup sûr :
" L’espace de la vie humaine fut réglé par l’Eternel, sur la grandeur du globe et la fécondité de ses habitants ; que si cet ordre était troublé, si les hommes multipliaient leur jeunesse, la terre ne pourrait plus porter leurs enfants trop nombreux, qui s’égorgeraient pour le seul intérêt de vivre. "
Lui seul absorbera le sérum de longévité. Il put ainsi combattre la décrépitude, après s’être longuement retiré dans son temple, dans l’île de la Sérénité. Le temps passe :
" La terre parvenue à ce haut degré de gloire et de bonheur, éprouva le sort des hommes. Ont-
Les hommes mêmes retombent dans leurs ornières habituelles, l’agressivité et la haine refont leur apparition :
" Les hommes tombèrent dans le découragement en voyant des champs baignés de leurs sueurs refuser de produire la ronce stérile ; les uns furieux brisaient les instruments de l’agriculture, les autres désespérés invoquaient la mort. Alors les hommes commencèrent à se regarder d’un œil ennemi. Les lois ne pouvaient plus arrêter le meurtre et le brigandage. On dit même que plusieurs chefs liés par des serments exécrables, formèrent le projet atroce d’exterminer une portion du genre humain ; les poignards étaient prêts ; la nuit qui devait couvrir de son ombre cet horrible massacre, était sur le point d’éclore. "
La lune elle-
" La nature entière, les airs et les nuages, les plantes, les animaux et les hommes paraissaient enflammés. On crut qu’un nouveau soleil allait monter sur l’horizon, ou que le jour de l’embrasement universel était arrivé. C’étaient les approches de la lune qui causaient ce spectacle terrible. Elle se lève, sanglante, avec la forme d’une large bouche ouverte d’où jaillissaient sans cesse des torrents de feu. A cette vue, les animaux épouvantés poussent des hurlements affreux, tous les peuples tremblants attendent la mort, et se jettent le visage contre terre "
Heureusement, un autre grand homme, Ormus, de la race des conquérants, prend la suite de Philantor. Par une série de travaux gigantesques, il espère ralentir la décadence de la terre :
" Les peuples croient aux paroles d’Ormus. A force de travaux, ils détournent le Rhône, la Seine, le Danube, le Gange, l’Indus, le Tanaïs ; ils apprennent à tous les fleuves à couler dans des canaux creusés par leurs mains, et cultivent aussitôt la terre qu’ils ont abandonnée. Les moissons dorées revinrent égayer les yeux de l’homme, et les peuples comblèrent Ormus de leurs bénédictions. C’est alors qu’encouragés par ces témoignages de la reconnaissance publique, ce grand homme osa publier un projet plus vaste, et si hardi qu’il étonne encore mon esprit. Ce n’est point assez, leur dit-
Combien de fois des princes n’ont-
" L’hymen devint stérile ; à peine une grande ville donnait le jour à dix enfants dans une année, les peuples commençaient à murmurer contre Ormus. Nous manquons de postérité, disaient-
De partout affluent les jeunes Américaines dans l’espoir d’être choisies par Omégare pour épouse. Le génie de la terre lui-
« Sydérie était la seule qui possédait la flamme des passions; elle ne pouvait la retenir cachée ; l’incarnat le plus vif colore ses joues ; elle pousse des soupirs involontaires ; sa respiration est forte et rapide, des éclairs jaillissent de ses longues paupières abaissées. »
Son émotion est telle qu’à la vue d’Omégare, elle s’évanouit. Forestan, son père, qui descend de la race forte des Tupiques, la plus ancienne du globe à la vigueur originelle, s’élance à son secours. Ormus, exilé dans les ruines de Carthagène, sera pressenti pour bénir leur union. Eupolis part à sa recherche, il l’aperçoit :
« Assis sur les restes d’un amphithéâtre. A ses pieds des colonnes brisées, des statues mutilées sont confusément éparses. A ses côtés et sur sa tête, sont amoncelés, les uns sur les autres, d’énormes débris de rempart, de temples, de palais qui forment des masses effrayantes que l’œil ose à peine regarder. »
Coup de théâtre : Ormus n’est pas d’accord pour sceller cette union car elle serait un prélude à la fin du monde. Passant outre la funeste interdiction, Omégare et Sydérie s’unissent, sans toutefois consommer. Devant le danger de voir tout périr, Eupolis donne un seul ordre : il faut éloigner Sydérie d’Omégare qui sera enfermé dans une haute tour. Tandis qu’Ormus réclame la tête du dernier homme, Forestan fait s’enfuir le couple en direction de l’Europe où ils vivront dans une grotte en attendant des jours meilleurs. Mais toujours Sydérie se refuse à Omégare qui n’en comprend pas la raison. Elle est prête à mourir si le jeune homme la touche. Le trop-
« Dès que l’aurore éclaircissait les ombres de la nuit, je fuyais loin de ma demeure, je m’enfonçais dans les forêts, je gravissais les plus hautes montagnes ; je ne revenais qu’après que la fatigue m’avait épuisé. Ce fut par ces efforts magnanimes, que je domptais la plus terrible des passions. Ainsi la main qui veut soumettre un coursier rebelle, le lance sur les sillons que le soc de la charrue a profondément tracés ; il se consume en efforts laborieux, bientôt il blanchit le mors de son écume, la sueur ruisselle le long de ses membres affaiblis, et sa fougueuse ardeur s’amortit. »
Finalement, l’ombre de Forestan viendra à son secours Il inspire à Omégare des songes d’un futur fécond et heureux, et à Sydérie, plus prosaïquement, des scènes peintes décrivant l’acte de chair :
« Si ta pudeur n’ose lui répéter mes ordres, va dans le temple de ce palais ; tu trouveras deux tableaux sous l’autel qui regarde l’orient : expose-
« Au même instant Dieu permet que le tableau de sa postérité se déploie à ses regards. Il découvre dans une plaine aride, sous un ciel ténébreux, ses enfants d’une forme hideuse, aussi cruels que difformes, se faisant une guerre atroce et perpétuelle ; il les voit assis autour de tables ensanglantées, couvertes des membres de leurs frères, dont ils se disputaient les lambeaux palpitants qu’ils dévoraient.»
D’ailleurs, les prémisses deviennent de plus en plus évidentes :
« Déjà des présages terribles l’annoncent. Du fond des cavernes et des antres, il sort des sons lamentables et plaintifs : on entend dans les airs des voix nombreuses qui gémissent ; toutes les feuilles des forêts s’agitent d’elles-
« Paris n’était plus : la Seine ne coulait point au milieu de ses murs ; ses jardins, ses temples, son Louvre ont disparu. D’un si grand nombre d’édifices qui couvraient son sein, il n’y reste pas une chétive cabane où puisse reposer un être vivant. Ce lieu n’est qu’un désert, un vaste champ de poussière, le séjour de la mort et du silence. Omégare jette les yeux sur cette triste étendue, et n’y voyant que des cendres entassées, il dit tout ému : Sont-
Tandis qu’il marche enseveli dans ces pensées, il découvre au loin une statue échappée à ses regards. Omégare se demande par quel prodige elle survit entière à tant de monuments plus durables qu’elle, et dont les ruines même ont péri. La route qu’il suivait le conduisait à ses pieds ; il s’en approche, il la contemple ; il juge, aux divers attributs qui la décorent, qu’elle représente un ancien souverain des Français. »
Le dernier jour de la terre vient de débuter. Omégare cessera de lutter contre la volonté de Dieu. Le sort de Sydérie, séparé de son amour, n’est pas plus enviable. Bien que tentant de retrouver sa trace à Paris, elle connaîtra bientôt sa dernière heure. Dieu, pour adoucir sa peine lui fera voir en une ultime vision , comme pour Omégare, le jugement dernier :
« Il voit que Syderie ne survivra point à la fuite d’Omégare, et que la seule femme féconde parmi les hommes va périr. Libre de ses promesses et des lois qu’il s’imposa, Dieu donne le premier signal de la résurrection des morts. Les cieux y répondent par des cris d’allégresse ; les enfers en frémissent ; ses habitants s’enfoncent dans les flammes pour s’y cacher. Des anges placés aux pieds du trône de Dieu, sonnent les trompettes du dernier jour, dont les éclats sont entendus jusqu’aux limites de l’univers.
Aussitôt les corps qui recèlent des substances de l’homme, se hâtent de les rendre. Au nord, la glace se rompt pour leur donner un passage. Sous les tropiques, l’océan bouillonne et les vomit sur ses rives. Ils sortent des tombeaux qui s’ouvrent, des arbres qui se fendent, des rochers qui se brisent, des édifices qui s’écroulent. La terre est un volcan immense d’où, par un nombre infini de bouches, s’élancent des ossements et des cendres.
A l’aspect des tombeaux ouverts, des ossements sortis des entrailles de la terre, des cendres humaines éparses dans les airs, Omégare est oppressé de terreur ; ses cheveux se hérissent, il s’arrête ; il craint de fouler aux pieds la poussière qui lui paraît vivante. Soulevé sans cesse par les mouvements onduleux de la terre, comme s’il voguait sur les flots, et se soutenant à peine, il s’appuie contre un arbre, le serre dans ses bras, ferme ses yeux et se résigne à la mort, ainsi que des navigateurs qui, ne pouvant plus combattre la tempête, et livrant leurs voiles à la furie des aquilons, pâles et tremblants, attendent le flot qui va les submerger ou les briser contre les rochers.
Trois heures suffisent pour l’éruption des dépouilles humaines, tant elle est violente et rapide ! sitôt que Dieu, qui sait le nombre des atomes de l’univers, et dont les regards percent les replis les plus déliés de la nature, voit que la terre a rendu les cendres des hommes, il veut qu’elle se repose. Aussitôt l’océan rappelle sur ses rivages, ses flots débordés et furieux : les vents prennent la fuite, se précipitent les uns sur les autres, et rentrent en grondant dans leurs cavernes. Un morne silence succède à cette tempête universelle ; Omégare y renaît, Omégare ose y descendre, et s’interroger sur lui-
« Il était au centre de la terre dans ses ateliers qu’il creusa de ses mains, et qui joignent les deux pôles. Ce vaste laboratoire est l’abrégé de l’univers ; il y rassembla les instruments des arts, diverses machines dont lui seul connaît l’usage, tous les genres de corps qui couvrent la surface de la terre, ou qu’elle cache dans son sein ; là, sur des tablettes innombrables, il avait rangé des vases d’airain, où lui-
« La mort ne répond qu’en avançant sur lui : soudain le génie agite ses flambeaux dans sa caverne qui s’enflamme ; l’explosion en est si terrible, que la terre ébranlée, recule sur son orbite. Ses entrailles se déchirent, elle soulève les Alpes, les Pyrénées, et lance ces énormes masses jusques dans les hautes régions de l’atmosphère. »
Si nous nous sommes si longuement penché sur l’œuvre de Cousin de Grainville c’est parce qu’elle est inclassable et originale. Apparentée au romantisme, dont on retrouve la quasi-
En premier lieu, le thème central, celui du dernier homme, dont c’est la première apparition en littérature (si l’on écarte « le Dernier jour du monde », écrit en 1689 et paru chez Louis Rouillard le fils à Paris, plus proche de l’apologétique que du roman). La révolte vaine d’Omégare contre son terrible destin, son impossibilité à vaincre le puissant ennemi – Dieu !-
Le personnage de Sydérie n’en est pas moins touchant, dont la fragilité est vouée à la destruction. Bien que toute une pléiade de figures allégoriques ou symboliques – le Génie de la terre, l’ange Ituriel, la Nature, Adam, etc..-
En vrac : la terre creuse (le génie et ses feux), la ville utopique (la cité du Soleil), la science modelant les paysages ( l’action d’Ormus), le changement de climat et l’orogenèse (modification des paysages de l’Europe, engloutissement de l’Angleterre), les dangers de la surpopulation, le dépérissement du potentiel génétique des peuples et les mutations (les descendants d’Omégare), la disparition des villes (Paris en ruines), les transports aériens en d’immenses vaisseaux (départ vers le Brésil), l’hibernation et l’immortalité provisoire (Philantor dans le temple de la Sérénité), l’entropie finale et le refroidissement de la terre.
Trop originale pour l’époque, l’œuvre a eu peu de succès du vivant de l’auteur, aujourd’hui encore peu connue et difficile à trouver (un exemplaire subsiste à la Bibliothèque nationale). Pourtant ses épigones, surtout au XIXème siècle, ne se privèrent pas de le copier, sans jamais l’égaler.
Et en premier lieu « le Dernier Homme » de Creuzé de Lesser qui avoue sa dette envers Cousin de Grainville, dans son poème dramatique, et celui de Mary Shelley, dont la puissante personnalité domine le roman. Mais que dire d’Elise Gagne, qui avec « Omégar ou le dernier homme », une « prosopopée dramatique de la fin des temps » lénifiante, ne reconnaît pas ce qu’elle doit à son précurseur. De même « Mada ou le dernier homme » du baron d’Aiguy, « le Dernier homme » de Reboul, ou « la Divine Epopée » de Soumet se veulent originaux alors qu’ils ne sont que des copies, souvent proches du plagiat. Jamais elles n’atteignent la puissance de l’œuvre originale, engoncées qu’elles sont dans un fatras poético-
Elles se donnent toutes une mission de dénonciation et de prophétisme que l’on ne retrouve pas dans le récit de Grainville, pur jeu littéraire. Le seul qui échappe quelque peu à la critique est le roman – bien maladroit par ailleurs-
Aujourd’hui le thème du dernier homme a fait florès. On ne compte plus les ouvrages qui le pérennisent (ou plutôt nous avons essayé de les recenser dans ce dictionnaire) jusqu’au dernier en date à ce jour, « le Monde enfin » de Jean-