Sur l'auteur :
(1856-
Préambule :
La Mort de la Terre par J.H. Rosny Aîné, pp. 137-
1 ère parution :1912
fins du monde, fins de l'humanité
Synopsis :
Targ et Arva font partie du dernier noyau humain résidant sur terre. Des éons se sont écoulés depuis l’ère radioactive. Aujourd’hui, partout, s’étale le règne du minéral. La terre qui se transforme rend impossible la survie de l’espèce humaine. L’eau des océans, des lacs, des fleuves disparaît:
« Depuis cinq cents siècles, les hommes n’occupaient plus, sur la planète, que des îlots dérisoires. L’ombre de la déchéance avait de loin précédé les catastrophes. A des époques fort lointaines, aux premiers siècles de l’ère radioactive, on signale déjà la décroissance des eaux : maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse ».
Les derniers clans, ceux des Terres-
En dépit de leur lenteur, ils constituent une menace terrible pour les derniers survivants de la terre, que l’instinct de vie a déjà quitté. Une résignation faite de tristesse confuse et de fatalité leur fait choisir, quand la pression de mort est trop forte, l’euthanasie douce. Des tremblements de terre permanents finissent aussi par tarir les derniers points d’eaux:
« D’ailleurs les phénomène sismiques continuaient à remanier les terres et détruire les villes. Après trente mille ans de lutte, nos ancêtres comprirent que le minéral, vaincu pendant des millions d’années par la plante et la bête, prenait une revanche définitive. Il y eut une période de désespoir qui ramena la population à trois cents millions d’hommes, tandis que les mers se réduisaient au dixième de la surface terrestre. »
Targ est différent des autres : il sent encore couler dans ses veines un peu de l’impétuosité de la jeunesse. Arrachant des griffes des Ferromagnéteux Eré, celle qui deviendra plus tard sa femme, il s’aventure dans des failles profondes à la recherche d’une source souterraine. Son entreprise réussit et augmente pour un temps la longévité du clan des Terres-
« L’euthanasie était d’une extrême douceur. Dès que les condamnés avaient absorbé les merveilleux poisons, toute crainte s’abolissait. Leurs veilles étaient une extase permanente, leurs sommeils profonds, comme la mort. L’idée du néant les ravissait, leur joie croissait jusqu’à la torpeur finale. »
Targ sait cependant que pour survivre il lui faut gagner la zone équatoriale avec Avra, Eré et les enfants. Ils s’y établissent mais pour peu de temps car, de retour d’une expédition en planeur, Targ trouve Eré mourante et sa famille engloutie dans une faille. Tandis que ceux du clan des Terres Rouges se sont depuis longtemps euthanasiés, Targ reste véritablement le dernier humain sur terre. Constatant enfin l’inutilité de ses efforts, il livre sa vie aux Ferromagnéteux qui grouillent sur les ruines :
« La nuit venait. Le firmament montra ces feux charmants qu’avaient connus les yeux de millions d’hommes. Il ne restait que deux yeux pour les contempler !… Targ dénombra ceux qu’il avait préférés aux autres, puis il vit encore se lever l’astre ruineux, l’astre troué, argentin et légendaire, vers lequel il leva ses mains tristes… Il eut un dernier sanglot ; la mort entra dans son cœur et, se refusant l’euthanasie, il sortit des ruines, il alla s’étendre dans l’oasis, parmi les Ferromagnéteux. Ensuite, humblement, quelques parcelles de la dernière vie humaine entrèrent dans la Vie Nouvelle. »
« La Mort de la terre » se présente comme une nouvelle originale et envoûtante, autant par le style que le thème. La vision minérale d’un monde à l’agonie, l’improbable existence d’êtres radicalement différents, l’étrange comportement de désespoir tranquille manifesté par des hommes, l’ensemble de cette thématique, pillée à maintes reprises par les épigones de l’auteur, constitue une innovation majeure dans le genre.
Ajoutée à « la Force mystérieuse » et aux « Navigateurs de l’infini », ces rares récits suffisent à faire de Rosny Aîné l’un des maîtres de la science-