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  • Barbe Grise

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Brian W.ALDISS

    Parution : 1964

    Thème : épidémies


    Sur l'auteur :

    (1925-) Ecrivain anglais. S'adonne très tôt à la littérature par le biais de la SF (librairie à Oxford), capable, selon lui, d'exprimer au mieux les problèmes contemporains. A d'abord édité aux USA. Devient le Président de la British SF Association. Romancier, nouvelliste, anthologiste, essayiste, historien de la littérature d'anticipation. Participa à l'expérience "New Worlds" pour une SF expérimentale (psychédélique) Humaniste. A été récompensé par un prix Hugo. ("Le Monde vert") Ecrivain universellement connu.


    Préambule :

    Barbe Grise par Brian Aldiss, Denoël éd., coll. "Présence du futur", 1966, 1 vol. broché, in-12ème, 237 pp. couverture muette.  roman d’expression anglaise (GB)
    critique in « Fiction » N°160
    1ère parution : 1964  titre original: Greybard
    épidémies


    Synopsis :

    Un récit foisonnant, un voyage de découverte tout au  long de la Tamise et des personnages hauts en couleur. En 1981, l’irréparable est accompli: un "Accident" nucléaire (l’on soupçonne une guerre) a stérilisé les femelles du monde entier. Tous les mammifères supérieurs, l’être humain y compris, sont désormais inaptes à concevoir des enfants. L’auteur s’attache à la description d’une société de vieillards quand, quarante  ans plus tard, l’espèce humaine a vieilli.
    " Les êtres humains n’avaient pas été les seuls à souffrir. Presque tous les mammifères avaient été durement touchés. Les chiennes n’avaient plus mis bas , les renards avaient presque disparu ; mais l’habitude qu’ils avaient d’élever leurs petits dans des tanières avait sans aucun doute contribué à leur survie , en même temps que l’abondance de nourriture au fur et à mesure que se relâchait l’emprise de l’homme sur la terre. Les cochons avaient disparu avant même les chiens , peut-être parce qu’on les avaient massacrés imprudemment. Le chat et le cheval étaient aussi stériles que l’homme. Le chat n’avait survécu que grâce à des portées nombreuses. On disait même qu’ils avaient recommencé à se multiplier dans certaines régions. Les colporteurs passant par Sparcot parlaient de chats sauvages, un vrai fléau. Les grands félins avaient aussi souffert. Dans le monde entier, ç’avait été la même histoire dans les années quatre-vingt, les créatures terrestres ne pouvaient plus se reproduire. C’avait été un événement apocalyptique, les agnostiques même en parlait en termes bibliques. Sur terre, on ne croissait ni ne se multipliait. Seules les petites créatures abritées au sein de la terre même étaient sorties indemnes de cette période où l’homme avait été victime de ses propres inventions. "
    Algy Timberlane, dit Barbe Grise, est un jeune homme de cinquante ans. En compagnie de Martha, sa douce épouse à qui il est resté fidèle sa vie durant, et d’un groupe d’amis, dont Pitt le braconnier, il décide d’abandonner le village de Sparcot. Sous la pression des hermines, un prédateur sanguinaire qui se multiplie sans freins, Barbe Grise et son petit groupe décident de gagner l’embouchure de la Tamise. Ils traverseront des paysages qui ne portent plus l’empreinte de l’homme, paysages sauvages et naturels, champs et forêts, marécages  et plaines inondées:
    " De grandes organisations avaient suivi le même chemin que les grands animaux ,  les taillis se hissèrent vers les cieux et devinrent forêts , les fleuves s’étendirent en marécages et le mammifère au gros cerveau de plus en plus sénile subsista en petites communautés. La vie animale se multipliait sur la terre, plus abondante que jamais. Car la terre avait à l’infini le pouvoir de se renouveler , aussi longtemps que le soleil lui donnerait son énergie Elle avait nourri bien des espèces au cours de ses âges géologiques. La suprématie de l’homme n’avait que momentanément influé sur la richesse de ce grand courant de vie. "
    Le voyage au fil de l’eau s’agrémente du voyage en sens inverse accompli par les personnages dans leur esprit à la recherche d’un passé à jamais disparu. Entremêlant subtilement le présent et le passé, l’auteur donne à voir, par petites bribes, de quoi s’était composée l’histoire après «l’Accident» :
    " Les larmes vinrent aux yeux de Barbe-Grise. L’enfance gisait dans les tiroirs pourrissants du monde , souvenir qui ne pouvait échapper à l’usure du temps. Depuis cet horrible accident - ou crime , ou désastre?- au siècle dernier, il n’y avait plus eu de naissances , il n’y avait plus d’enfants , plus de petits garçons comme celui-ci. Il n’y avait plus d’adolescents, de jeunes hommes, de jeunes femmes fières. Il ne restait même plus d’êtres humains dans leur maturité. Des sept âges de l’homme, il ne restait que le dernier. "
    La vie d’Algy est la plus fouillée. Après la catastrophe, dans un Londres en pleine désagrégation sociale, il est contacté par un ami qui le fait entrer à DHUC(A). C’est un organisme qui s’est donné pour vocation d’être le témoin fidèle des derniers soubresauts d’agonie de l’espèce humaine dans le but d’en informer une hypothétique race future amenée à prendre la place de l’espèce. Issue de la crise, DHUC(A) se veut le témoin éclairé d’une histoire qui sombre. Chaque membre de DHUC(A) est formé à collationner tout témoignage et document, tout en étant forcément isolé mais opérationnel dans le grand chambardement qui ne fera que s’amplifier. Algy choisira comme terrain de manoeuvres l’Angleterre qu’il connaît bien, en compagnie de Martha, muni d’outils performants tels qu’un camion surabondamment équipé en matière d’enregistrement.
    Algy Timberlane, en compagnie de Martha, vivra à Londres où la décomposition sociale s’accentue. Des Seigneurs de la guerre émergent. Algy est invité à laisser son camion entre les mains du Commandant Croucher , un potentat local. Pitt, devenu entre temps l’ami de Barbe-Grise était d’abord mercenaire à la solde de Croucher et convié à tuer Algy. Il n’a pu s’y résoudre. Avec Martha dans le camion, il fuiront tous les trois la capitale en folie et trouveront refuge dans le village de Sparcot, durant de longues années. Chacun tentera d’oublier ces moments difficiles. Sous la menace des hermines, ils décident de se remettre en route, confiant à la Tamise leurs destinées, en compagnie d’un deuxième couple de vieillards:
    " Le paysage devint moins imposant quand ils dérivèrent au sud vers la ville. Des rangées de maisons misérables se dressaient au milieu de l’inondation, leur désolation augmentée par le soleil . Les toits s’étaient effondrés , on eût dit les carcasses d’énormes crustacés sur quelque plage primitive. Le lourd silence fut brisé un peu plus tard par le grincement d’un véhicule. Deux vieilles femmes aussi larges que hautes joignaient leurs efforts pour tirer une  charrette le long d’un quai aboutissant à un pont assez bas. "
    Au cours de la navigation, ils font connaissance avec un personnage singulier, Jingandangelow, une sorte de charlatan proposant l’immortalité à des vieillards crédules ou la jeunesse retrouvée à volonté. Algy démasque le tricheur, car il sait bien qu’il n’existe plus d’enfants nulle part, que les femmes resteront éternellement stériles, et que toutes les visions de lutins, d’elfes, de farfadets qui hanteraient des bois redevenus sauvages ne sont que des fantasmes. Il le sait d’autant plus qu’il a participé lui-même à une sorte de guerre, enrôlé dans «l’EnfanCorp», une armée consistant à retrouver à travers le monde, au moyen des armes s’il le fallait, tout enfant normal encore apte à concevoir. Cette opération de la dernière chance a elle-même échoué à cause des malformations congénitales dont ces enfants étaient déjà porteurs.
    Arrivé au village d’Oxford, Algy y retrouve son camion, qu’il avait été obligé de vendre bien des années auparavant pour survivre. Oxford est dirigé par les intellectuels. Impitoyables, ceux-ci ne lui rendront son camion que contre une imposante somme d’argent. Algy se décide courageusement à travailler des années durant pour racheter son engin tout en restant fidèle à la parole donnée jadis à DHUC(A). Presqu’arrivé au bout de son esclavage, il se rend soudain compte de l’inanité de ses efforts et de l’inutilité de DHUC(A), dans un monde condamné.
    Il décide de repartir avec Martha jusqu’à l’embouchure de la Tamise. En cours de route, ils rencontrent pour la deuxième fois Jingandandelow, devenu (faux) prophète. Le magicien fait entrevoir à Algy, dans sa cabine, à l’arrière de son bateau, une vision paradisiaque: celle d’une jeune fille de seize ans nue et irradiant la beauté:
    " Une jeune fille dormait sur une couchette. Elle était nue. Le drap tombé  de ses épaules révélait presque tout son corps. Un corps poli, bronzé, aux formes délicates. Ses bras repliés sous elle entouraient ses seins , un genou relevé touchait presque son coude , dévoilant la toison du pubis. Elle dormait le visage sur l’oreiller, la bouche ouverte, ses abondants cheveux bruns en désordre. Elle pouvait avoir dans les seize ans. "
    Algy renvoie Jingandangelow à sa vermine, enlève la jeune fille pour la recueillir et l’élever avec l’aide de Martha. Lorsque des lutins attaquent la maison pour délivrer la jeune fille, il découvre aussi un stupéfiant secret: ces lutins sont en réalité des enfants redevenus sauvages, se cachant des vieillards cacochymes au fond des forêts et qui se déguisent avec des peaux de bêtes pour passer inaperçus. L’imprégnation radioactive de l’Accident avait donc fini par s’estomper et certaines femmes, parmi les moins âgées, avaient été capables d’engendrer des rejetons sains. Il reste à l’humanité défaillante à refaire le long chemin vers la reconquête du monde.
    "Barbe Grise" est un grand récit, autant à travers la psychologie fouillée des personnages que par l’effet d’étrangeté que provoque la description du  genre humain à l’agonie. On pressent comment l’énergie vitale d’une espèce s’épuise puisque ces vieillards n’ont même plus le courage de se battre entre eux. Impression renforcée par le décor d’une nature incomparablement belle et sereine (vieux thème romantique) s’élevant sur les ruines laissées par l’homme. Contrairement aux autres récits s’inspirant de ce thème (" La mort blanche ", le " monde sans femmes ") Aldiss insiste sur la plausibilité de l’épisode, sur la lenteur d’une désagrégation silencieuse de l’espèce. Il conte l’histoire d’une agonie, la nôtre.


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