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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: Livre Thème: fins du monde fins de l'humanité Auteur: Théo "Izual" Dezalay Parution: Décembre 2016
      - Topic de discussion :
       
      - Interview de l'auteur :
       
    2. World War Z - Par Invité Invité

      Type: Livre Thème: l'apocalypse réalisée Auteur: Max Brooks Parution: 2009
      L'histoire n'est pas directement racontée par le narrateur qui se contente de poser une question à un personnage différent à chaque fois (ethnie, pays, sexe) pour avoir son avis personnel sur la guerre contre les zombies et ainsi le fil conducteur n'est jamais perdu, même si c'est parfois difficile de passer d'un personnage à l'autre comme ça !
    3. Type: Livre Thème: épidémies Auteur: Max Brooks Parution: 2009
      Préparez-vous à découvrir un livre, que dis-je, une encyclopédie sur les zombies, les techniques pour lutter contre eux et bien d'autres éléments nécessaires à la survie d'un wastelander !
    4. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces et guerres nucléaires Auteur: Stéphane JOURAT Parution: 1968
      Le roman se partage entre trois parties dissemblables. La première est une évocation de l’évolution théorique et historique de la société politique des USA après l’engagement au Viêt-Nam. Démoralisés, les USA se retirent du conflit en y laissant leurs morts. Celui-ci aura été un champ d’expérience pour les noirs américains maintenant aguerris et capables de faire la différence selon  la manière dont on les a traités au front (toujours en première ligne) et au sein des villes américaines (toujours dans les ghettos)
      En peu de temps, l’agitation sociale se développe dans les quartiers noirs, encadrée par les vétérans noirs qui ont appris à se battre. En 1973, le fascisme américain triomphe avec l’arrivée au pouvoir du sénateur Chilson, évinçant le clan Kennedy, appuyé par l’empire militaro-économique représenté par la figure du général Klinger. Chilson utilise les gaz pour « dératifier » le quartier de Watts :
      « Il faut que le monde sache ce que cela a été : la folie collective donnée délibérément par des hommes à des hommes. Peu importe qu’il se soit agi de Noirs, ou de criminels ou d’émeutiers. Personne au monde, même pas Dieu, n’a le droit de traiter des hommes de cette manière, de les rendre fous, ou malades, ou aveugles. J’ai vu des enfants qui s’étaient crevé les yeux à force de les frotter, des femmes qui hurlaient en se tenant à deux mains les parties génitales brûlées au troisième degré par les gaz, des hommes armés, ivres de L.S.D. tourner en rond sur eux-mêmes en mitraillant tout ce qui passait à leur portée, même des femmes et des enfants de leur race. »
      Cela soulève peu d’émotion dans l’opinion américaine qui récompense Chilson pour cette action d’éclat, en le portant à la présidence, pour peu de temps, puisqu’il sera assassiné par un Noir à cause de ses hauts-faits. Le fauteuil reviendra alors à Klinger,  dont le discours reflète les idées :
      « Jamais les Etats-Unis d’Amérique n’ont été aussi méprisés et aussi combattus que depuis qu’ils se vouent corps et âme, au salut de l’humanité. Pire encore : les perversions, les vices, la pourriture morale et physique du reste du monde, et je pense surtout à l’Europe, se sont introduits chez nous et ont souillé une partie de notre jeunesse. La débauche sexuelle, l’athéisme, la subversion politique sont les cadeaux empoisonnés que nos faux amis nous ont faits en remerciement de notre aide. »
      Aussitôt, le nouveau président donne ses troupes. A l’intérieur des USA, les premiers camps de concentration apparaissent, à l’extérieur, notamment en Europe, les corps d’armées américains s’opposent frontalement à la Russie soviétique et la Chine. Tous les prétextes sont bons et toutes les armes seront utilisées avant que n’éclate la catastrophe finale. La pollution bactériologique de l’eau de New York, supposée provoquée par les Chinois (en réalité liée à la pollution agricole de terrains autour des monts Catskills), les gaz utilisés pour réduire la poche de résistance grecque dans le défilé des Thermopyles, mettent le monde au bord du chaos :
      « Leggitt donne l’ordre de charger les mortiers de têtes à gaz G.C. Le reste va très vite. Les « bérets verts » passent leur masque à gaz. Leggitt baisse les bras, les obus de mortier décrivent une trajectoire haute puis s’écrasent au fond du défilé. Dans leurs abris, les Andartès sentent s’élever autour d’eux une odeur vaguement fruitée. Ils n’ont pas le temps de s’en étonner. Leurs yeux brûlent, leur gorge se contracte, ils sont secoués de nausées, puis de vomissements, beaucoup sont saisis de diarrhée, d’autres hurlent en se tenant la tête à deux mains. Les uns après les autres ils s’écroulent sur les roches que recouvre une sorte de rosée incolore, agités de convulsions violentes, puis de plus en plus faibles et s’immobilisent enfin. Leggitt lâche ses jumelles, regarde sa montre.
      -Sept minutes seulement, dit-il à l’officier « C. and B. ».
      Un dernier sursaut de volonté des peuples qui ne veulent pas mourir, permettra -semble-t-il-  de juguler la menace représentée par Klinger et ses séides qui seront amenés à reculer faisant place à un règlement pacifique des conflits par les Nations Unies qui retrouvent de ce fait  un peu de crédibilité :
      « Dans toute l’étendue de l’Europe, les insoumissions et les désertions se multiplient. En Italie, quatre régiments prêts à s’embarquer pour la Grèce se mutinent. Les unités que l’on envoie mettre les mutins à la raison se rebellent à leur tour et une véritable guérilla commence dans la région de Bari, entre les Senza Noï (« sans nous ») et les troupes régulières. Des incidents du même ordre éclatent en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne de l’Ouest. »
      La deuxième partie du roman est en rupture totale avec la première. Un écrivain –nous ne connaîtrons pas son nom –, nous fait partager dans ses notes, qui ressemblent à un journal intime, l’existence d’une société post-nucléaire. Que s’est-il passé alors que tout semblait sur le point de s’arranger? Nous ne le saurons jamais. Quoiqu’il en soit, le conflit nucléaire a bel et bien eu lieu. Les bombes sont tombées en masse, en Russie, aux USA, en Chine, s’abîmant au passage sur la France et sur d’autres pays, en faisant exploser l’arsenal atomique du plateau d’Albion. Le choc électromagnétique lié à ces explosions a instauré le grand silence des ondes. La société a disparu, remplacée par une kyrielle de groupes de survivants non contaminés mais revenus à la  barbarie, à un dénuement total, à une détresse maximale.
      Le narrateur appartient à l’un de ces groupes d’une vingtaine de personnes vivotant à grand’peine dans la cave d’un village de l’arrière-pays provençal. Ils livrent une lutte continuelle aux rats qui les assiègent, au manque de médicaments, au manque de nourriture. Ils se connaissent à peine, rassemblés en ces lieux par des rencontres de hasard. Menacée par un autre groupe de survivants à qui la catastrophe n’a rien appris, menacée de l’intérieur même par certains d’entre eux  qui ne veulent pas abandonner les jeux de pouvoir, la poignée de personnes regroupée autour du narrateur-philosophe tentent, vaille que vaille, un nouveau départ dans la vie. L’aurore sera de courte durée. Les rats par millions reviennent traquer ces débris humains, contaminés par les radiations, jusqu’à la disparition finale d’une espèce trop agressive pour que l’évolution ait pu la pérenniser :
      «13 janvier. Le froid est devenu terrible et j’ai peur que la source ne gèle. Il ne peut être question de l’entourer d’un feu, la nuit, car de nouveaux groupes armés ont été aperçus sur la route de Sainte-Pétronille. D’après ce que les veilleurs en on dit, il pourrait s’agir de déserteurs italiens. Senza Noï ou simples pillards ?
      Le mistral s’est levé ce matin, et nous avons couvert les feux. L’air des caves est devenu presque irrespirable, mais il ne faut pas que l’odeur de la fumée aille éveiller l’attention de ceux qui passent sur la route. D’en bas, ils ne peuvent voir que les ruines du château. Le chemin qui mène au village ne va pas plus loin. Rien donc ne peut les tenter chez nous, à condition qu’ils n’aperçoivent pas le moindre signe de vie. Il est vrai qu’il nous reste si peu de vie. Deux enfants irradiés sont morts.»
      Un récit sans concession, bien documenté (dans sa première partie notamment qui touche à l’uchronie), manifestant la peur atomique, peur récurrente de l’Occident. Proche parent de « Malevil », mais avec l’optimisme en moins, le texte de Jourat est peu connu. C’est dommage.

    5. Type: livre Thème: l’air empoisonné Auteur: Jean-Pierre FONTANA Parution: 1986
      Quelque part , au centre d’une ville, un réservoir de gaz mortel, de couleur jaune a éclaté. Le gaz, plus lourd que l’air, se répand lentement dans les divers quartiers en enroulant ses volutes. Tout être vivant entrant en contact avec lui meurt en d’atroces souffrances avec force pustules, brûlures et empoisonnement du sang. Aucun remède possible.  A peine la nouvelle connue, la ville se vide de ses habitants qui se précipitent vers sa périphérie :
      " Mardi. Dix-sept heures. La ville hurlait de toutes ses sirènes et de tous les klaxons des voitures prises au piège des rues embouteillées. Devant le monument aux morts de l’avenue des Meuniers, la circulation était littéralement bloquée. Les automobilistes occupaient toute la largeur de la chaussée, flanc contre flanc, museau pointé en direction de l’est. Même les voies qui remontaient vers le centre ville étaient garnies de véhicules roulant en sens inverse. D’ailleurs qui aurait été assez fou pour aller faire un tour du côté des lieux de la catastrophe, au cœur même du nuage de la mort ? "
      Elle laisse derrière elle, comme une vague qui se retire, ceux qui, pour une raison ou une autre, ont décidé de mourir ou de se battre contre " la Jaune ". Ils ne sont pas nombreux, mais bien caractérisés : une bande de jeunes loubards, un groupe de travailleurs immigrés noirs que l’on avait enfermés dans leur atelier, des " destroys " décidés d’en finir avec la vie.  Tout ce monde se côtoie, se tue, s’étripe et ne se vient en aide que sous la pression de la nécessité, lorsqu’il s’agit de circuler de toits en toits, par exemple. Un seul couple représente la fraîcheur et la vie en cet enfer. Doo (prononcez "doux"), le marginal au grand cœur et Elisabeth, avec sa cage à oiseaux. Ils représentent l’amour et la soif de vivre, n’hésitant pas à tuer cependant pour conserver ce droit. Progressant de toits en toits à l’aide d’une échelle, ils tentent de gagner la terrasse de la cathédrale où ils seront en sécurité le temps pour que le gaz se dilue. Cheminement risqué, puisque plusieurs de leurs compagnons de route forcés disparaîtront rongés par " la Jaune " ou tués par les destroys :
      " Elisabeth ne put retenir un cri d’horreur. La femme gisait à présent dans la mélasse orange, les jambes brisées. Au bout de quelques instants, ils la virent qui tentait de se relever. Elle souleva un bras, gémit, progressa de quelques centimètres. A présent, son corps recouvert de boue gélatineuse, paraissait grésiller. Sous la brûlure de l’acide, Roddia arracha de sa poitrine un long et insoutenable hurlement. Doo n’hésita pas. Il visa soigneusement en posant le canon du revolver sur le rebord du toit pour assurer la précision du tir et lâcha la seconde balle du barillet. Le crâne de la femme explosa. Doo ferma les yeux et ne put retenir davantage le sanglot qui  lui encombrait la gorge. "
      Finalement,  prêts de succomber sous la poussée de l’ennemi, Doo et Elisabeth seront sauvés par l’un des hélicoptères que l’armée envoie pour combattre le fléau.
      L’intérêt dramatique constant, les personnalités bien affirmées des deux personnages principaux,  renforcent  ce récit par ailleurs assez inconsistant, à l’instar de " la Jaune ".

    6. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races Auteur: Christopher PRIEST Parution: 1972
      Alan Whitman est professeur d’université, marié à Isabel et père d’une jeune Sally. Avec sa mentalité d’appartenir à la classe blanche moyenne, il vit bourgeoisement près de Londres, en sa maison de banlieue. Mais des menaces s’accumulent avec les désordres en Afrique, fomentés par les Chinois qui font éclater là-bas une dizaine de bombes atomiques provoquant la mort de millions de personnes. Les survivants – et il en reste !- émigrent vaille que vaille,  délaissant leur continent agonisant pour l’Europe, plus particulièrement pour l’Angleterre.  Les premières arrivées, sur des bateaux pourris, seront suivies avec intérêt par les Anglais et des associations de bienfaisance se portent au-devant des Noirs pour les accueillir :
      « Nous les considérions avec une fascination mêlée d’angoisse. Il y avait des hommes, des femmes et des enfants. La plupart d’entre eux étaient dans un état d’inanition avancée : des membres squelettiques, un ventre gonflé, distendu, des yeux hagards dans un visage creux, et, chez les femmes, une poitrine plate, des seins tombants, translucides, attiraient les regards. La plupart étaient nus ou presque. Les enfants n’arrivaient pas à se tenir debout. Ceux que personne ne voulait porter restèrent sur le bateau.»
      Cela dure peu de temps. L’arrivée continuelle des Africains (les « Afrims ») remet en cause l’équilibre sociale du pays. L’invasion pacifique sera prise très au sérieux mais divisera la population anglaise en deux camps, ceci jusque dans les rangs de la police et des forces militaires.  Les «Sécessionnistes » appuient les Afrims et les arment dans leur désir de s’implanter sur le territoire anglais. Les «Nationalistes», émanation du nouveau gouvernement d’extrême-droite du président Treghar, les combattent violemment. En cette guerre civile d’un nouveau style, d’un côté comme de l’autre, les exactions sont nombreuses et horribles, le plus grave étant que les Afrims et leurs amis conquièrent pouce par pouce les villages et villes de Grande-Bretagne, s’appropriant les maisons, tuant ou jetant sur la route des centaines de milliers d’Anglais légitimes.
      Whitman et sa famille feront partie des spoliés. Sales et crasseux, ils vivront d’expédients, tandis que leurs conditions empirent au fur et à mesure. Leur voiture, prise immédiatement d’assaut, leur a été volée.  Dans leur errance, ils constatent la dégradation des niveaux de vie qui entraîne une dégradation morale. Whitman, se souvenant de la manière dont il a conquis Isabel, se rappelle aussi de sa frigidité et de sa mauvaise humeur. D’un commun accord, le couple décide de se séparer, Sally restant avec son père. Whitman, après une rencontre avec une bande de Blancs tirant des chariots, décide de se joindre à eux, faisant confiance au chef,  un dénommé Lateef qui, en homme avisé, prend les décisions pour l’ensemble du groupe. Grâce à un fusil trouvé dans des décombres, il deviendra même le bras droit de Lateef.  Le groupe doit être très prudent pour éviter les embuscades des Afrims ou les traquenards des Nationalistes, se terrant parfois dans les bois ou négociant leur passage.
      Un jour, Whitman menacé par des Afrims, se vit enlever Sally dont il connaît d’avance le destin : soit assassinée en peu de temps, soit mise au travail dans le grand bordel collectif noir de la banlieue londonienne. Quittant Lateef,  il tente de retrouver Sally en se dirigeant d’abord vers la côte. Totalement clochardisé, il eut cependant la bonne fortune de se refaire une santé dans un village, sorte d’enclave fortifiée où, grâce à une discipline de fer, les habitants vivaient comme à l’habitude, essayant d’oublier coûte que coûte l’immense désastre du déclin de la société européenne.  Le désir de retrouver Sally revenant en force, Whitman quitte le village, cheminant le long de la plage vers une concentration afrim où il espère avoir des nouvelles fraîches. Celles-ci lui parviendront plus vite que prévues sous la forme de deux cadavres souillés de pétrole, disposés sur le sable : les deux corps d’Isabel et de Sally :
      « Tandis que je marchais, mes pieds s’enlisaient continuellement dans les plaques de goudron qui recouvraient les galets. Les corps étaient à peine visibles de loin ; si je n’avais pas su qu’ils étaient là, je les aurais confondus avec les larges taches d’huile figée ; Il y en avait dix-sept tous noirs. Ils étaient nus  et à l’exception d’un seul, c’étaient des corps de femmes. La noirceur de leur peau n’était pas due à l’huile de la plage ou à la pigmentation naturelle, mais à de la peinture ou de la poix. J’errai parmi eux et ne tardai pas à découvrir Isabel et Sally. »
      Alors qu’il était disposé à déposer ses armes et à se soumettre à son destin, cette vue ranime en lui toute la haine dont il est capable et le fait basculer dans la résistance aux Afrims. Il s’enfonce à l’intérieur des terres anglaises…
      Sans aucune fioriture littéraire, en flash-back permanents et par le montage alterné des épisodes, Christopher Priest nous fait part du désespoir vécu au quotidien d’un être médiocre à travers l’évocation forte d’une inquiétude contemporaine largement partagée par d’autres auteurs comme Jean Raspail dans son « Camp des saints » , par exemple.

    7. Type: Livre Thème: épidémies Auteur: Arnould GALOPIN Parution: 1928
      Procas est un homme bleu. Non pas un Targui, mais un authentique malade congénital. Souffrant d’insuffisance artérielle chronique à cause d’un coeur rétréci, la moindre contrariété accentue chez lui la propension à la couleur bleue de la peau.  Or, des contrariétés, il en a beaucoup. Comme savant bactériologiste, sa seule ambition est de servir l’humanité. Il fait des communications magistrales à l’Académie des Sciences. Il est reconnu, adulé, poursuivi par les femmes. Sa maladie se fait toute discrète. En épousant Meg, une de ses plus ferventes "groupies", la déception n’en est que plus vive, quand il apprend, quelque temps après, qu’elle le trompe. Il en conçoit un choc si terrible que, de la tête au pied, la couleur bleue gagne, le coeur se rétrécissant. De crise d’épilepsie en crise d’épilepsie, atteint par un froid cadavérique, il devient objet de répulsion pour le reste de la société.
      " Qu’était cet être douloureux? D’où venait-il? Pourquoi, à son approche, détournait-on brusquement les yeux? Il fallait donc qu’il eût quelque chose d’effrayant, d’épouvantable ?... Oui... Il était laid, atrocement laid, d’une laideur qui dépassait tout ce que l’on peut imaginer, non point que sa figure fût ravagée de quelque lupus, labourée par un chancre répugnant ou couturée de plaies immondes...
      Elle n’avait subi aucune déformation, nul accident n’en avait bouleversé les lignes, mais ce qui la rendait ignoble, monstrueuse, c’était sa seule couleur... Elle était bleue, entièrement bleue, non point d’un bleu apoplectique tirant sur le violet lie-de-vin, mais de ce bleu cru, violent, presque éclatant, qui tient le lieu entre le bleu de Prusse et l’outremer. "
      Il lui faut dire adieu à sa vie scientifique, à renoncer à sa femme, à renoncer au monde, en déménageant dans un autre quartier de Paris, pour ne pas être reconnu. Son seul ami, le professeur Viardot meurt trop vite, le laissant seul sur terre.  Ses sorties nocturnes, à visage serré et recouvert pour s’approvisionner, éveillent l’animosité de la foule contre lui. Au départ on le conspue à cause de son apparence. Puis, un crime s’étant commis dans le quartier, l’hostilité se transforme en haine, attisée par trois sombres imbéciles qui jouent aux justiciers: Bézombes, Nestor le Boucher et Barouillet le politicien au petit pied.
      Sa vie est infernale. Constamment suivi, dénoncé -en dépit du fait que la police ne trouve rien chez lui-, il doit se procurer des vivres de plus en plus loin ou rester des journées entières cloîtré dans sa maison en proie à des crises à répétition. Il songe à se suicider. Mais, pour l’amour de la science, il continue ses travaux avec le modeste appareillage qu’il a pu sauver du désastre.  Il accueille un chien errant, le seul être qui lui fait confiance. Las, celui-ci est tué par le gros Nestor. Un soir,  en rentrant chez lui, il aperçoit son chien gisant dans le ruisseau, le crâne défoncé. C’en est trop pour cet être persécuté. Il en conçoit une haine terrible pour l’humanité et concocte par égard pour son ami canin une vengeance post-mortem.
      Grâce à la moelle du chien qui servira de support nourricier, il recherche le Bacillus murinus, le bacille du rat, qu’il avait déjà réussi à isoler dans ses recherches antérieures. Ce microbe, rare à l’état naturel, provoque la mort foudroyante du rat. Pourquoi pas des humains ? Il se met à la recherche de rats, en trouve, les utilise comme cobayes, isole le bacille et, par transvasement de cultures, en fait un engin de mort terrifiant qui délivre la mort en trois heures:
      " Quelle ne fut pas la joie de Procas lorsqu’il reconnut sur les rats qu’il venait de trouver morts, des lésions tout à fait semblables à celles qu’il avait observées dans l’Inde. Il fit sur ces bêtes divers prélèvements de sang, et, vingt-quatre heures après, il pouvait observer sur la gélose une strie blanchâtre avec des ramifications latérales très caractéristiques. Le doute n’était plus possible : il tenait enfin son Bacillus murinus ! Alors il prit une lamelle de verre, y déposa une goutte de culture, l’étala avec l’extrémité d’une pipette, colora la préparation avec une substance préparée par lui, et l’examina ensuite au microscope. Sur le champ de l’appareil il constata la présence de bacilles minces et courts... "
      Il prépare ainsi trois litres de ce bouillon mortel qu’il est décidé à verser dans le réservoir d’eau de Montsouris, déclenchant une épidémie sur l’ensemble de Paris :  
      " Procas attendait toujours. Il ne se souciait plus de la foule qui grondait sur son passage. Une idée l’obsédait: ce bacille sur lequel il avait compté, dont la nocivité lui avait paru évidente, aurait-il perdu de ses propriétés quand il s’était trouvé en contact avec une immense étendue d’eau? Le réservoir, il le savait, contenait, avec sa réserve, environ deux cent mille mètres cubes. Est-ce que cette masse ne renfermait pas un élément qu’il n’avait point prévu?
      Non, pourtant, son bacille devait anéantir tous les autres, car les expériences qu’il avaient faites sur cinq ou dix litres d’eau lui avaient suffisamment prouvé la virulence et la combativité de ses "colonies". Elles devaient être en train de se développer, mais n’étaient pas encore parvenues dans les canalisations. "
      Mais, ironie du sort, à peine eût-il lâché ses vilaines bêtes que le gros Nestor et Barouillet, ainsi que les habitants du quartier vinrent faire amende honorable en s’excusant pour s’être trompés: l’assassin du petit Claude vient d’être arrêté! Le savant ne put en entendre plus: il s’effondrera, terrassé, à leurs pieds tandis que des sirènes d’ambulance retentissaient un peu partout dans Paris.
      Un récit à intrigue linéaire, à trame plate, écrit en un  style qui se lit facilement, l’outrance étant dans le personnage et non dans la forme. Un personnage intéressant par ailleurs, entre le monstre de Frankenstein et Elephant Man. Les notations scientifiques précises de la préparation du Bacille déterminent l’effet de vraisemblance. Un humour s’y reflète constamment en filigrane: les coupables seront épargnés, les innocents frappés. Il est curieux de constater, au-delà des années et des pays, à quel point l’ouvrage de Galopin ressemble à celui de Frank Herbert avec "la Mort blanche": même haine de l’humanité, même démarche de persécuté, même résultat final. Un roman oublié qui ne le mérite pas.

    8. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Lester DEL REY Parution: 1965
      " Un conflit éclata. Une guerre mondiale à laquelle nul n’aurait pensé, rendue plus terrible que les autres par l’emploi de l’énergie matérielle. Sa violence fut assez grande pour modifier définitivement les climats: les glaces polaires fondirent et les anciennes côtes des continents se trouvèrent à cent mètres au-dessous du niveau de la mer.
      Mais, contrairement aux légendes de Dale, c’est à dire la planète antérieurement colonisée par les Terriens, la Terre survécut. Presque tous les êtres vivants se perpétuèrent. Seuls les hommes vinrent à manquer. Il n’en resta que quelques dizaines de milliers qui tentèrent un nouveau départ. Pourtant, c’en était fait de la vieille fécondité de la race: elle avait subi une mutation dont on ne comprit les effets que peu à peu, lorsque les femmes mirent au monde de trop rares enfants viables. "
      Au moment où commence le récit, exit la race humaine. Il ne reste plus que Herndon, un vieillard, avec Cala, une jeune femme et Egon, un cosmonaute, anciennement terrien, revenu de Dale.
      Herndon, le Gardien, avait été mis en hibernation pour "survivre à l’holocauste", durant dix siècles. Egon répara le mécanisme de conservation défaillant et  tira le vieillard de son sommeil. Herdon, dernier Terrien en compagnie d’une femme stérile, meurt au moment où une nouvelle fusée en provenance de Dale atteint la Terre, à la suite d’avaries  moteur. Egon, avec l’aide de Cala, ira à la rencontre d’un groupe mixte d’astronautes en se revendiquant comme " le dernier Terrien ":
      " Vous êtes sur la Terre, répondit Egon. Et un sourire lui vint tout à coup, tandis que son regard se tournait vers la masse sombre de la forêt, en direction de l’océan, baigné de lune. La Terre. Quant à moi, je suis le dernier Terrien. Soyez les bienvenus sur votre mère - planète "
      Une nouvelle disparate entremêlant divers thèmes classiques.

    9. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Boris VIAN Parution: 1986
      Le poète raconte les affres de la conception d’une bombe atomique domestique, à l’époque un pur fantasme, aujourd’hui une dramatique réalité. (voir à ce sujet l’essai de Mc Phee : comment j’ai fabriqué la bombe chez moi). Les préoccupations permanentes du tonton, le réalisme du quotidien,
      (« quand il déjeunait avec nous
      Il dévorait d’un coup
      Sa soupe aux vermicelles »),
      La stupeur muette de la famille qui participe au difficile accouchement, introduit la distanciation ironique nécessaire à la dénonciation d’un acte criminel. La chanson se clôt sur une double chute. L’oncle a enfin trouvé le point qui faisait obstacle à son projet :
      « Voilà des mois et des années
      que j’essaye d’augmenter
      la portée de ma bombe
      Et je ne me suis pas rendu compte
      Que la seule chose qui compte
      C’est l’endroit où c’que’elle tombe. »
      Il utilisera ce défaut pour débarrasser la terre des « grands personnages », responsables, selon lui, de la menace mondiale. Mais le meilleur reste à venir. Loin de lui en vouloir pour cet assassinat, « le pays reconnaissant » le décorera, car :
      « en détruisant tous ces tordus
      je suis bien convaincu
      D’avoir servi la France ».
      Une chanson célèbre en pays de conjecture, un bijou de la contestation anarchique et populaire qui donnera lieu à de nombreuses interprétations (Nous en connaissons une savoureuse en alsacien de  Humel et Ham à écouter ci-après!)

    10. Type: livre Thème: disette d'éléments, société post-cataclysmiques 1, la cité foudroyée Auteur: René BARJAVEL Parution: 1943
      Dans un monde uni et feutré dans lequel l’électricité fonde le  "village planétaire"  les villes sont toutes réunies en un tissu urbain, dense vers les centres et lâche vers les axes routiers, mais continu. Au-delà des terrains vagues et des champs en friche, des monorails glissent sans bruit dans l’air conditionné, le métal est remplacé par le plastec, matière universelle qui structure l’architecture des dômes et des cités. Parfois subsistent quelques champs cultivés auxquels "s’accrochent des paysans obstinés. " François Deschamps (remarquons la transparence du nom) arrive à Paris. Il y retrouve Blanche, une amie d’enfance, laquelle, sous le pseudonyme de Régina Vox, est en proie aux assiduités de Jérôme Seita, directeur de Radio 3000. La situation dans les villes avant l’accident se caractérise par une fausse joie de vivre, une abondance, une sécurité, basées sur l’argent et les conventions sociales derrière lesquels prolifèrent toutes sortes d’arrangements économiques douteux.  Puis, c’est la sortie de la civilisation, la " Chute des villes ". L’électricité défaille et disparaît. Est-ce à cause de cet imbécile d’Empereur noir, avec ses fusées ? Qu’importe. Le fait seul compte et les événements dramatiques se suivent en cascade; c’est le schéma classique d’un monde en décomposition:
      " Alors des gens ont crié. Des hommes et des femmes sont tombés. On a marché dessus. Et puis des hommes ont voulu allumer un feu dans une voiture avec des journaux et des morceaux de banquette pour y voir clair (...) et les gens qui étaient serrés autour se sont mis à griller comme des saucisses. "
      D’abord, quelques morts, dus à l’effet de surprise. Ensuite, l’inquiétude et l’angoisse qui pèsent sur les gens, l’impossibilité pour eux de sortir de la ville et la sensation d’être pris comme des rats dans un piège. Enfin, le processus s’emballe et le manque d’eau, les morts en masse déterminent des épidémies. Le vernis culturel se fissure de toutes parts. Il ne subsiste plus que la loi du plus fort.  Dans de telles conditions, pour survivre, il faut savoir s’imposer.  
      François comprend tout cela. Rassemblant autour de lui les éléments d’une petite communauté, il en prendra la tête pour la conduire hors de Sodome foudroyée vers une nouvelle terre promise.  La ville est laissée à sa pourriture et François organise le départ de son groupe qui compte plusieurs femmes. Son but est d’atteindre la Provence, peut-être épargnée par le fléau, en une longue marche. Les valeurs sociales basculent, seule compte la survie du groupe et l’objectif à atteindre. Le groupe affûte ses armes et tue pour se procurer le nécessaire. Sans pitié, une bande rivale, celle du Boucher, est anéantie:
      " François marchait sur la chaussée, à deux mètres environ du trottoir. Il était décidé, sans colère, sans peur. Parvenu à la hauteur de la boucherie, il saisit la lance à pleine poigne, la pointa en avant et s’élança. L’homme eut à peine le temps de le voir venir. Comme il ouvrait la bouche pour crier,  le poignard, enveloppé de papier blanc s’enfonça tout entier entre ses dents et lui ressortit, nu parmi les cheveux. "
      Durant le trajet, François fait preuve de la même violence quand il abattra une sentinelle qui s’était endormie et qui avait mis par cela même, la vie de la petite communauté en péril.  Arrivé en Provence, après avoir combattu mille dangers, François , devenu patriarche du groupe, instaure un nouvel humanisme.  Toute la vie sera désormais axée sur les "vraies" valeurs, soit le travail de la terre et la mise en commun des récoltes. Une société se fonde à partir de ses cent vingt-huit fils,  le patriarche y interdisant toute nouveauté technologique (il fera mettre à mort le Forgeron inventeur d’une machine à vapeur). La nouvelle société écologique reste statique alors que les fils de François et de Blanche essaiment dans toutes les directions.  Finalement, le patriarche mourra, écrasé par la " machine "  inventée par le Forgeron coupable.
      "Ravage" est l’un des romans les plus connus de Barjavel et l’un des plus représentatifs du genre. Bien que les apparentements avec l’oeuvre de Théo Varlet " la Grande Panne " soient patents, le récit est incomparablement mieux écrit, plus dense, plus réaliste. Les personnages principaux, simples mais bien typés, sont peu nombreux. A une intrigue linéaire au temps narratif univoque présentant l’action en trois phases - avant, pendant, après, - l’auteur superpose une morale écologiste avant l’heure, renoue avec le genre utopique et élabore une trajectoire initiatique.  Le périple de François et de son groupe peut se mettre en parallèle avec la fuite d’Egypte du peuple élu sous la conduite de Moïse. L’ensemble des valeurs s’articule autour de l’idée de la mort. François n’accède aux nouvelles valeurs (la Provence) qu’après un cycle d’épreuves (le voyage dans une France ravagée), ayant au préalable écarté la Maya (la Cité radieuse) et vaincu ses peurs (les vampires).
      La mort et la renaissance sont les deux thèmes centraux du roman : mort  glacée des " Conservatoires ", mort hideuse de la décomposition des corps, mort épurée et diaphane des squelettes, renaissance dans la symbolique des travaux de la terre.  Une lecture idéologique du récit fera cependant apparaître ces mêmes valeurs prônées par le Maréchal Pétain dans une France de la collaboration.
      Pourtant, les choses ne sont pas si simples. La question posée par le livre (et à laquelle ne répond pas Barjavel) est la suivante: La stagnation d’une société, donc sa régression,  est-elle préférable au suicide technologique ? La cité de Provence est un avatar moderne de la République de Platon et des phalanstères fouriéristes. Ce qui la caractérise le plus est la mise en commun des fruits de la terre et l’horreur de l’innovation destructrice de l’équilibre social. Dans "Ravage" Barjavel redonne ses lettres de noblesse au roman de science-fiction français en égalant les meilleurs romanciers anglo-saxons du genre. Une oeuvre incontournable.

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