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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces idéologiques Auteur: Maurice LAUZEL Parution: 1915
      Ce manuscrit fictif de la domination du monde par les Prussiens a été communiqué à l’auteur via la Suisse. Il y est fait état de l’ambition dévorante du kaiser, partagée par ses contemporains appartenant tous à la race élue. Par le biais d’une logique perverse, le manuscrit stipule que cette ambition est fondée,  car basée sur le « rétrécissement » de la terre, liée à la vélocité des transports, sur « l’excellence » du machinisme allemand, le meilleur du monde, sur la vertu naturelle des races germaniques vouées au commandement.
      Confortés par l’existence des « Etats nuls » et  d’une certitude pour les Germains de s’entendre avec « les Grosses puissances » (Russie), il leur faut impérativement entreprendre une « guerre utile » contre les « grandes puissances », soit la France et l’Angleterre. La France, qui souffre d’un défaut rédhibitoire de « sentimentalisme » et de « droiture » sera prise en tenailles par deux vagues d’invasion, l’une au nord, à travers la Belgique, que l’on violera, l’autre à l’Est, par-delà le Rhin :
      « Voyons le cas de la France. Elle n’est dépourvue ni de ressources financières ni de qualités guerrières. Mais sa puissance militaire n’est de premier ordre ni par le nombre des combattants, ni par l’armement, ni par la discipline. Elle ne peut mettre en ligne que deux soldats contre trois Allemands ; elle n’a aucune idée de la fortification moderne, ni de l’artillerie lourde en parc léger, ni de l’emploi des mitrailleuses. Elle est rongée par l’alcoolisme, la tuberculose et la débauche. Enfin, ses socialistes, ou plutôt ses anarchistes, ne répondront pas à l‘ordre de mobilisation.»
      Une fois solidement implantée chez sa voisine, la Germanie écrasera la flotte anglaise sous des tonnes de bombes larguées à partir de ses merveilleux et énormes dirigeables. L’invasion de la Grande-Bretagne par voie de terre constituant l’étape suivante, ressemblera à une promenade de santé. La réunion de tous ces pays devenus protectorats allemands , fleurons d’un nouvel Empire germanique, aura insufflé assez de force  au Kaiser pour qu’il brigue désormais le titre « d’Empereur Universel » en s’attaquant à la domination du monde.
      L’Afrique ne posera guère de problèmes. Des troupes allemandes, stationnées au Maghreb, transportées vers le Sénégal par voie transsaharienne,  partiront à la conquête de cet immense continent avec un moral d’acier, celui de leurs canons :
      « Quant aux soldats, les uns seront des volontaires, les autres, recrutés de force, proviendront des criminels. Etant donné que l’action militaire emprunte les moyens les plus violents, il est naturel de la confier aux amateurs-nés de violence. (…) Qu’une population se sente terrorisée à fond : elle se tiendra tranquille. Tuer des femmes, des vieillards et d’innocents enfants ne constitue pas une besogne tout ce qu’il y a de plus « gemütlich », et il faut un cœur bien trempé dans la poitrine de celui qui l’exécute. C’est pourquoi une armée qui a recruté une forte portion de criminels-nés, voleurs ou assassins, sera plus encline au meurtre et au pillage, à toutes les « atrocités » qui abrègent la guerre. (…) . Je mets en fait qu’aucune nation ne pourrait subir sans plier aussitôt, une invasion dont les avants-gardes contiendraient une bonne proportion de nos bons gibiers de potence germaniques. »
      La prise du canal de Panama sera la clé de la réussite en Amérique du Sud et aux Antilles. Enfin, l’énorme masse des immigrants allemands aux Etats-Unis fournira plus d’un million d’hommes, des guerriers wagnériens entraînés secrètement sur le sol américain, dont les actions convergeront vers la maîtrise des grands centres urbains. Ils mettront la main sur les moyens de communication tout en surveillant les routes et en bloquant les points d’accès stratégiques, en attendant l’arrivée de  leurs camarades de Germanie.
      Alors, l’instauration de l’ordre germanique sur le monde assurera la stabilité universelle, comme le fit en son temps l’empire romain. Par un système de prébendes, des cadres allemands noyauteront toutes les structures. Il suffira donc, pour diriger ces pays, d’un corps réduit et formé d’excellents administrateurs germains qui, avec rigueur et «gemütlichkeit»,  draineront toutes les richesses du monde en instaurant des monopoles sur l’énergie, les minerais, les armes, les vivres, etc. La « race des seigneurs » coulera des jours paisibles dans l’abondance et la sécurité, programme qui devrait même plaire aux socialistes allemands susceptibles, en un premier temps, d’entraver la grande marche en avant :
      « Grâce à ces revenus véritablement titanesques, les sujets de la vieille Allemagne, dispensés de tout impôt, seront pourvus gratis de toutes les assurances sociales : maladie, invalidité, vieillesse. Je ne mentionne pas le manque de travail, car il n’y aura jamais de chômage involontaire pour un Allemand. (…)  Ce travail comportera des agréments : 1° il consistera toujours dans une direction, un commandement; 2° les fonctionnaires germaniques seront richement rétribués sur les fonds produits par l’exploitation générale du globe ; 3° la journée de travail de l’Allemand sera limitée à la durée maxima que demandent nos démocrates-socialistes ; 4° l’année de travail sera coupée par de longues vacances, analogues à celles dont profitent aujourd’hui les membres de l’enseignement : le nombre de fonctionnaires permettra d’assurer par roulement la permanence de la fonction. »
      Ainsi les Allemands, incarnations parfaite du « Surhomme » nietzschéen, pourront-ils s’exclamer d’une même voix : «Übermensch über alles ! » Que leur manquera-t-il encore ? Peut-être de naître avec un casque à pointes…

    2. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1961
      Le dernier refuge des Terriens se trouve sous terre,  deux siècles après la grande catastrophe que constitua la guerre contre Mars. La surface dévastée obligea les survivants à s’enterrer. Perkins prend la tête de la "légion Alpha", un groupe de cyborgs constitué pour l’occasion et chargé d’explorer la surface inconnue de notre planète. En émergeant, ils trouvent la mort partout. Un seul individu, le vieillard Kovak, mis en hibernation, a survécu. Il les met en garde contre les Khoreliahs, sortes de plantes élégantes, douées de mouvement et extrêmement agressives qui dominent à présent le monde :
      " Une fleur gigantesque lui faisait face, les racines hors du sol. Maître de lui, Smith hésita un instant avant de tirer, doutant encore de la scène dont il était le témoin. La tige, dressée comme un cierge , balançait à son extrémité supérieure un calice jaunâtre tacheté de rouge, dont la gueule béante laissait apparaître un pistil nerveux et fourchu comme une langue de serpent. Des vrilles vigoureuses, qui avaient la consistance du cuir, s’échappaient de la tige, à la naissance des feuilles cornues et dentelées qui claquaient comme des mâchoires de caïman.  Se détendant comme un éclair, une vrille fouetta l’air au-dessus de la tête de Smith ".
      Ces  végétaux crées artificiellement par les Martiens ont essaimé sur la Terre. Ils sont sensibles à la musique et entrent en transes lorsqu’ils en entendent. Quelques-uns sont vaguement télépathes et peuvent influencer les cerveaux humains. Le groupe des cyborgs diminue à vue d’oeil, tués par les Korelliahs. Sauvés par Kovak, les derniers cyborgs brûlent la ville maudite et regagnent leur cité souterraine. Une grande offensive est alors préparée pour libérer la Terre de l’envahisseur végétal.
      Une bluette dans la veine des " Triffides " mais avec le talent en moins.

    3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, pollution généralisée Auteur: André CAROFF Parution: 1978
      Zalnakatar a vu le jour dans le camps de vacances  " Rio Dell " en Californie, au bord de la mer, près d’un entrepôt de réservoirs bourrés de déchets radioactifs. Etonnante symbiose d’eau de mer, de cellules animales et humaines radioactives, Zalnakatar accède à la vie sous la forme d’une masse protoplasmique verdâtre parcourue de pulsations rouges. En connexion avec son cerveau qui est la résultante de tous les cerveaux individuels des êtres humains par lui absorbés, Zalnakatar a pour unique ambition de s’étendre, de s’agrandir, en une coulée verte létale.
      Pour progresser plus rapidement, il envoie ses cellules – des hommes au sang vert appelé Rhésus Y-2 – infester les réservoirs d’eau des grandes capitales de la côte Ouest des Etats-Unis. Prenant appui sur les centrales nucléaires, sa masse, haute de trente mètres, aplatit tout sur son passage. C’est la panique dans les villes et les morts se comptent par centaines de milliers, de Temecula jusqu’à San Diego. La quasi-totalité de la Californie est recouverte par son corps gigantesque.
      Son point faible reste cependant son cerveau qui palpite au fond d’un trou d’eau là où tout a débuté, près du camping "Rio Dell ". Yvanovitch le scientifique, Suzan la journaliste et Nitosi le pilote, au risque de leur vie, annihileront l’organisme aberrant né de la pollution radioactive en pulvérisant sur sa surface l’aérosol " Wincat ", hautement toxique, découvert en derniers recours par des savants américains survoltés. Les USA se dégageront de justesse du piège mortel.
      Un récit transcrivant la vie du " Blob " cinématographique. Style efficace mais intrigue banale.

    4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, savants fous et maîtres du monde Auteur: Henri-Jacques PROUMEN Parution: 1946
      Sir Archibald Dorchester, physicien atomiste de réputation internationale, travaille à Leipzig dans le laboratoire privé de Hugo von Hamersdorf, un Allemand, chacun en compagnie de son assistante, Colette Desaveines pour le premier et Elsa Rietenbach pour le second. Autant l’Anglais est séduisant, fair-play, noble et désintéressé, autant l’Allemand est retors, fourbe, crochu du nez et tout dévoué à la "cause" du Grand Reich. Il tente par tous les moyens d’arracher à Dorchester son secret, celui du bombardement de " l’éruptite " par les " primordions ", ce qui aboutirait à créer une explosion atomique bien plus puissante que celle d’Hiroshima.
      Par tous les moyens, par le chantage, la corruption, ou l’action d’Elsa (une espionne allemande secrètement amoureuse de Dorchester), Hugo s’acharne à obtenir les éléments qui lui permettraient de déclencher une guerre victorieuse en Europe. Dorchester feint de céder à son chantage et de vendre son secret contre de l’argent. Il travaille à " l’intégration " de la matière, soit à transformer le plomb en radium. Grâce à son appareil, " l’intégrateur ", il y parvint, mais incomplètement. Le produit final, nommé "fulgurium" par Dorchester est instable et prêt à se désintégrer spontanément sous l’action de l’énergie solaire, provoquant une explosion des millions de fois plus fortes que ne le ferait l’éruptite. Une expérience, tentée au-dessus d’une chaîne de montagnes autrichiennes avec quelques milligrammes de fulgurium, pulvérise celle-ci en une  déflagration titanesque.
      Dorchester, avec l’aide d’Edouard Guem son préparateur, effrayé par l’abominable pouvoir du produit, détruit l’intégrateur, confie le fulgurium restant (suffisant pour faire sauter la terre) à Colette,  charge pour elle de l’enterrer au fond du jardin de sa villa, en France. Il sera arrêté par les services secrets anglais, accusé de trahison et de complicité avec l’ennemi et jugé coupable d’avoir vendu le secret de l‘éruptite à l’Allemagne. C’est son vieil ami le procureur Harry Clefford qui prononcera la sentence. Dorchester ne se défend pas car son honneur lui dicte de ne pas révéler l’existence du fulgurium, même aux Anglais. Il est condamné et conduit en prison au grand désespoir de ses amis.
      Les années passent. Hausherr a accédé au pouvoir suprême et, comme Premier ministre du Reich, il prépare en secret l’invasion de l’Europe , sûr d’être victorieux, grâce à ses bombes à éruptite. Les Anglais, alertés, tentent en vain d’arracher la vérité à Dorchester en la personne de Harry qui se doute que son ancien camarade de classe cache un terrible secret. Petit à petit, et devant l’imminence d’une attaque allemande, Dorchester cède. Libéré officiellement (officieusement il est mort en prison), il se présente sous un faux nom à la villa de Colette. Celle-ci, hésitante d’abord, mais inondée de bonheur –elle est secrètement amoureuse de son maître à penser - poursuivra avec lui de nouvelles recherches sur " l’intégrateur ".
      Comment faire reculer le danger que représente l’Allemagne de Hausherr ? Dorchester ne peut toujours pas se résoudre à transformer ce pays en un désert de pierres vitrifiées avec le risque de déclencher une réaction en chaîne totale. Ce fut Colette qui lui suggère de convaincre Hausherr de l’effroyable pouvoir du fulgurium en lui envoyant un minuscule échantillon pour analyse.
      Le savant allemand ne pourra que se soumettre en constatant que ses bombes à l’éruptite ressembleraient à des pétards de feu d’artifice à côté du fulgurium. Les conditions de l’expérience sont précises : elles devront se dérouler à l’abri de la lumière. Hausherr en compagnie d’Elsa n’en fait qu’à sa tête et son obstination le perdra : une formidable explosion souffle la ville de Leipzig, ravage en un tremblement de terre dévastateur de nombreuses villes allemandes, creuse un cratère de plusieurs kilomètres dans le sol : c’est la " Brèche d’Enfer " :
      " La Grande Epouvante " se leva à Dresde, à Chemnitz, à Weimar, à Dassau, à Magdebourg, à Berlin, à l’heure même où Leipzig périssait avec toute la contrée à l’entour, non point pulvérisée, non point réduite en cendres, ni même proprement anéantie, mais strictement dématérialisée, en surface à trente kilomètres à la ronde : en profondeur à quatre kilomètres. A Berlin se fit entendre un grondement qui semblait monter des entrailles de la terre et s’amplifia en quelques secondes, comme si la foudre tombait en cent points à la fois. Puis le sol trembla, de profondes crevasses s’ouvrirent. Postdam, Charlottenburg disparurent tout entières dans un remous sans nom. Dans la banlieue méridionale de l’immense ville, trois mille maisons s’abîmèrent en un clin d’œil, dans les flammes et dans le chaos.
      L’énorme vague souterraine déferla vers le nord, bousculant tout, inclinant, comme des roseaux sous la brise, des édifices de trente étages, lézardant tous les murs, mettant à bas les maisons de construction légère, écroulant les tours et les clochers dans un inénarrable tumulte ; le fleuve, jeté en ondes écumantes hors de son lit, inonda les quais et les rues avoisinantes. Il y eut, dans l’espace de quelques secondes, des milliers de tonnes de pierres, de briques, de fer tordus, abattus sur la ville, écrasant sous les décombres les passants par milliers. "
      Dorchester, réhabilité officiellement, épouse Colette et, malgré les pressions des autorités militaires anglaises, s’empare du restant de fulgurium qu’il scelle dans du béton et de l’acier et le coule au large d’une des fosses marines du Pacifique, afin que jamais plus un produit aussi effroyable ne puisse mettre en danger la paix du globe.
      Proumen, en physicien expérimenté, dénonce, encore sous le choc de Hiroshima, la menace nucléaire. Son récit, à travers une intrigue traditionnelle largement empruntée au roman-feuilleton (les personnages sont plutôt des " types "), insiste sur une notion neuve à l’époque, celle de la dissuasion atomique ou équilibre de la terreur.

    5. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Alain DOREMIEUX Parution: 1977
      Deux personnages, un homme et une femme, derniers survivants d’une conflagration mondiale, se tiennent l’un en face de l’autre, chacun énigmatique à l’autre dans un monde devenu énigme, fait de silence et rempli d’objets inutiles épaves d’une société défunte.
      Régulièrement, Carnal - c’est le nom de l’homme - se rend sur la plage déserte dans cette ville balnéaire sans nom où des " vents soufflent dans des fenêtres sans vitres ". Partout, dans l’hôtel en bordure de plage, c’est l’abandon obscène des choses. Carnal se réfugie dans un passé encore proche et déjà si lointain. Il fait chaud. Il est seul, ou du moins il le croit.
      Un jour, en se promenant dans le paysage nu , il croise une jeune femme, Karen Dubceck. Elle est muette, énigme parmi les énigmes. Il lui fait l’amour sur la plage, en silence, ses fantasmes sexuels s’accompagnant de visions de mort:
      «Dans son sommeil Carnal vit une pluie de cendre s’amonceler sur un paysage. Il vit une ville détruite, hérissée de carcasses noircies et parsemée de décombres. Il vit des fumées dans le ciel et des lueurs d’incendie comme à l’heure du couchant. Il vit la surface des mers se soulever et déverser sur les rives polluées des bancs de poissons morts. Il vit une femme avec une plaie au côté, portant dans ses bras le cadavre d’un nouveau-né carbonisé…»
      Sans que jamais rien ne se noue réellement en ce monde vide, la nouvelle se clôt sur l’assassinat de Carnal par Karen. Une mort entrevue, rêvée et souhaitée par le protagoniste.
      Un exercice de style « à la manière de...», en l’occurrence de Ballard

    6. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: EMILE- PIGNOT Parution: 1925
      Le " lendemain du Grand Soir " ou la vie de Jacques Humus, dont le nom est tout un programme. Professeur d’université, intellectuel révolté par l’exploitation sociale, Jacques Humus, le libre-penseur chrétien,  se retrouve à  la tête d’une organisation révolutionnaire dont le but est la prise de Paris.
      Avec ses vrais amis, Franard, le révolté tuberculeux, bras armé de la révolution, et ses faux amis, Beuchin, l’idéologue puritain et traître à la cause, le Grand Soir peut commencer.
      Auparavant, comme Jésus au Mont des Oliviers, Jacques Humus s’abstrait des futurs lieux de combat , pour aller en Normandie où il rencontrera l’évêque Charles, le prédicateur de Notre-Dame, avec qui il joutera loyalement, en lui démontrant tout ce que l’Eglise a raté en se rangeant du côté des possédants. Il lui arrivera également de croiser la route de Tatiana, la "Princesse" russe, vraie noble, fausse semi-mondaine, vrai agent double et future épouse de Jacques. La prise de Paris, sur l’instigation de l’exalté Franard et du douteux Beuchin, a lieu. Les combattants courent les rues. Le Peuple se lève, dans un élan victorieux :
      " Eventrée, la colline de Montmartre croulait, entraînant, dans son effondrement, la basilique dont les pierres étaient projetées à plusieurs centaines de mètres. Une pluie de bombes venait de déchirer de part en part la Sainte chapelle et le Palais de Justice, qui gisaient dans un chaos effrayant de ruines fumantes. Des centaines de maisons s’écroulaient en un fracas de tonnerre. Des incendies gigantesques dressaient leurs vagues de flammes sous un ciel rouge de feu et noir de fumée. Des hurlements de blessés emplissaient de nombreux quartiers d’une clameur confuse et rauque. L’horreur de la mort passait, tel un spectre innombrable, dans les rangs compacts des combattants."
      Un Comité de Salut Public se met en place. La nationalisation des biens et des terres est proclamée. Jacques Humus tempère l’ardeur de ses compagnons. Il sait que le succès est fragile et qu’il reste à pérenniser les nouvelles institutions. Il n’a pas tort puisqu’il apprend de la bouche même de Tatiana repentante,  que la Révolution a été trahie par Beuchin à la solde de la Ligue contre-révolutionnaire.
      Les " infâmes " ont laissé faire en un premier temps pour prendre la totalité du peuple dans la nasse, à l’occasion des grands rassemblements. Tous les corps d’armée stationnés en Province sont en train de converger vers la capitale. L’élan révolutionnaire est brisé. Beuchin, découvert, tire sur Jacques Humus. Quant à Franard, convulsé à l’idée de la trahison, il meurt d’une crise tuberculinique. Jacques Humus, toujours bon et aimant, passe en jugement dans le cadre d’un grand procès inique où se côtoient tous les prédateurs de la Réaction:
      " Financiers douteux, anciennes demi-mondaines, converties sur le tard et devenues " dames - patronnesses " de leurs paroisses; jeunes gens aux allures équivoques; hommes d’affaires en mal de combinaisons, parmi des groupes de vedettes des établissements à la mode; publicistes - marrons, déshonneur de la presse; vieux beaux reniflant l’occasion, au passage des petites filles, de stupres nouveaux; toute la tourbe qui déferle dans l’omnipotence de la sanie aux jours des sociétés corrompues, passait et repassait dans les couloirs, esquissant des gestes louches et lassés, s’apostrophant de mots à double-sens, murmurés aux oreilles; une bacchanale de vices, grouillant dans la mêlée des rencontres d’où s’exhalait une âcre odeur de parfums dont tous ces corps s’étaient empreints pour refouler la puanteur des âmes ".
      En dépit du témoignage sincère de l’évêque Charles, du cri de Tatiana, il est condamné à vingt ans d’exil... en Espagne.
      Il coulera une retraite paisible dans sa maison " le Refuge ", dans le village de Loyola, en compagnie de Tatiana qui l’a suivi dans son malheur De là, en observateur privilégié, il mettra ses idées sur papier, toujours abondamment pourvues de citations en latin tirées de l’évangile. L’évêque Charles, qui a été prié de méditer dans un couvent espagnol après son témoignage en faveur de Jacques, lui rend une ultime visite. Pour remercier ce " Cher grand Ami ", le couple de révolutionnaires en exil donneront son nom à leur futur fils.
      Un livre qui se veut prophétique et qui n’est que prétentieux. On comprend que l’histoire de la littérature ne l’ait pas retenu en dépit de tous les témoignages en exergue des contemporains " qui comptaient " à l’époque de l’auteur. Quelques belles pages évoquant de la chute d’un " monde bourgeois ", catastrophe affectant une classe sociale obsolète (dans le roman évidemment!)

    7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Serge BRUSSOLO Parution: 1992
      Sur une terre arasée réduite à une affreuse plaine sillonnée par des mastodontes d’acier énormes comme des collines, l’homme est considéré comme un intrus. Les villes et les cités ont disparu, réduites à de fines pellicules, broyées :
      «  Rien ne résistait au passage du char. Le char aplatissait tout, enfonçant dans le sol les objets les plus solides. Les voitures, les camions se changeaient ainsi en de beaux crachats de métal luisant sans plus d’épaisseur qu’une plaque de tôle. Des villes entières s’allongeaient dans la poussière, telles les toiles peintes d’un décor brusquement abattu ».
      Le ciel étant parcouru par des « mouettes », c’est-à-dire des avions-robots détectant et détruisant tout humain adulte de plus de quinze ans, une vie robotique prodigieuse prolonge avec obstination une guerre périmée d’où l’homme est absent. De jeunes enfants, sans arrêt traqués, constituent des clans. Nus et primitifs, ils parcourent inlassablement un territoire plat et dangereux, autant à cause de la radioactivité résiduelle qu’au fait d’être écrasés durant leur sommeil. Les adultes restants, pour échapper aux mouettes ont élu domicile dans des trous de bombe où ils survivent autant par le cannibalisme que par le vol d’aliments parachutés à heure fixe pour des soldats fantômes. Les boîtes de conserve cherchées par « les petits », seuls capables de se mouvoir sans risque, leur seront envoyés au hasard :
      « Les choses se gâtaient aux niveaux inférieurs, là où s’accrochaient les plus âgé , les adultes ou les vieux aux capacités physiques déjà entamées. Ceux-là poussaient des couinements de souris terrifiée, ne sachant s’ils devaient se protéger des chocs ou tendre les mains. C’était une pitié de les voir se dandiner dans la pénombre, une expression d’avidité angoissée sur le visage. Leurs mains battaient l’air, suppliantes, grandes bêtes blanches couturées de cicatrices. Pour les conserves en folie, ils constituaient une cible d’élection. « Boum ! » scandaient les mioches chaque fois qu’une boîte de fer-blanc frappait un vieux au visage, le décrochant de son surplomb comme une maigre quille enveloppée de guenilles. »
      Dan et Suzie des « grands » de douze ans, dirigent les enfants de leur clan, des « mioches » ou des « bébés », leur permettant d’éviter les pièges d’un paysage où toute hauteur, toute montagne, tout nuage peut recéler en son sein des artefacts meurtriers. Ils feront la rencontre de Fucker Boum-Boum, un adolescent singulier abrité dans un trou à bombe. Son charisme, sa connaissance des automatismes technologiques et des nouvelles données sociales, le feront accepter comme nouveau meneur du clan, même par Suzie, reléguant Dan au rôle d’observateur moral et témoin horrifié face du destin qui attend les « mioches ».
      Pour Boum-Boum, la seule possibilité de survie à long terme se trouve sur l’un de ces chars immenses qui parcourt sans arrêt la plaine et s’arrête parfois sans raison. Ils vivront sur son énorme dos de métal  comme des puces sur celui d’un chien. Profitant de l’arrêt momentané de l’un des mastodontes, le clan se rue à l’assaut non sans risques : «Dan hésita, puis empoigna les barreaux des échelons à son tour. C’était comme d’escalader un mur et il crut une seconde qu’il n’aurait pas assez de force dans les bras pour aller jusqu’au bout. L’acier du blindage derrière lequel vrombissaient les moteurs était brûlant et il devait prendre garde à ne pas le toucher. Suzie et Antonin l’aidèrent à prendre pied sur le capot. Un hélicoptère explosa au même moment  et des fragments de pale tordue rebondirent sur la tourelle. Suzie hurla. Pris de panique, l’un des gosses sauta dans le vide sans réfléchir et s’écrasa sur le sol craquelé, dix mètres plus bas. »
      Lorsque le monstre, le « Rinocérox » se remet en mouvement, ils contemplent ravis leur nouveau territoire, désormais invincibles, à l’abri des mouettes, protégés par le géant. Mais comment faire pour se procurer à manger ?
      Fucker à l’idée d’envoyer par une trappe de ravitaillement le plus petit des bébés, le plus malingre de la bande,  récolter au fond d’une réserve d’aliments, dans le corps même de Rinocérox, les rations qui doivent indubitablement s’y trouver. Le petit « rat » est terrifié à cette idée. Après plusieurs tentatives, il remplit sa mission sans pouvoir participer à l’euphorie générale, Fucker lui ayant interdit de se nourrir :
      «Le garçonnet s’approcha de la calebasse du banquet et voulut plonger la main dans la nourriture chaude. Fucker le tira violemment en arrière, le faisant tomber sur les fesses. - A quoi tu joues ? intervint Dan en fixant le blondin dans les yeux. Il a droit à la première part… C’est lui qui a ramené la bouffe, non ? - Rigolo, va, siffla Fucker. Tu veux qu’il se bourre la panse et qu’il grossisse ? Comment il se glissera dans la soute ensuite, hein ? Tu y as pensé ? Ce gosse, il faut qu’il reste maigre comme une trique. Il en va de notre survie. – Quoi ? protesta Dan . Tu veux le condamner à mourir de faim ? - Le moyen de faire autrement ? ricana Fucker. Personne n’est aussi maigre que lui et pourtant c’est tout juste qu’il passe dans le conduit. C’est triste mais on n’a pas le choix. »
      Mais, à chacune de ses descentes, la terreur du petit grandit. Dan soupçonne qu’un engin-robot dépeceur de viande doit être sur ses traces. Fucker ne veut rien savoir jusqu’au jour où le filin de retenue coupé net et ensanglanté prouve la véracité du fait: le « rat » a été transformé en steaks juteux pour tankistes morts !
      « Du ventre du char monta soudain l’écho d’une cavalcade et les cris apeurés de l’enfant. Il ne hurlait pas, non, il poussait de petits gémissements de chiot malade, comme s’il essayait d’attendrir son implacable adversaire. Dan l’entendit murmurer une ou deux fois : « Bébé, le bébé recommencera plus… Pitié, monsieur, c’est rien qu’un bébé qui avait faim… », puis la supplique fut cisaillée par un couinement de souffrance qui s’éteignit brusquement. Sans attendre l’ordre de Fucker, Dan se mit à tirer sur la corde… mais il sentit tout de suite qu’elle était molle et qu’il n’y avait plus rien au bout. »
      Lorsque le jeune tyran obligea un autre enfant à se glisser par l’étroite lumière du gigantesque canon afin de leur permettre à tous d’accéder à l’intérieur du Rinocérox en leur ouvrant une écoutille d’accès, Dan évoque la possible catastrophe d’un cadavre obstruant le fût :
      « -Le canon, répéta-t-il d’une voix qui s’enrouait déjà, il va nous péter à la gueule au prochain obus ?. C’est comme ça que les soldats, dans le temps, piégeaient les pièces d’artillerie : en les bourrant avec des pierres, de la boue qu’ils tassaient pour former un bouchon… - Ta gueule, aboya Fucker , tu racontes n’importe quoi. L’obus éparpillera le cadavre de ce petit con. Il rentrera dedans comme une lame dans la glaise. – Non, s’obstina Dan. Il explosera et la tourelle sera mise en miettes. Les éclats nous éplucheront vifs, et pas un d’entre nous ne survivra. Il faut… il faut abandonner le char à la première occasion. Cette fois, Fucker le frappa au visage, lui expédiant son poing en pleine face, et Dan tomba sur le dos, sonné, du sang plein la bouche. »
      Le soir venu, Boum-Boum jeta Dan ligoté du haut du char dans la terre meuble où par miracle il put survivre. Seul, proche de la mort, sa rencontre inopinée avec une équipe médicale robotisée infléchit le destin de Dan. Pris pour un soldat blessé, il fut transféré en un hôpital militaire , base suspendue et camouflée en nuage, où, avec pour uniques compagnons des squelettes, les automates prirent soin de lui:
      « La litanie ne variait jamais, d’un lit à l’autre elle demeurait aussi stupidement optimiste, comme si ces squelettes desséchés depuis dix ans possédaient encore une bonne chance de voir leur « maladie » régresser. Un court-circuit s’était produit quelque part, à n’en pas douter, et l’ordinateur régissant l’antenne médicale n’était manifestement plus capable d’apprécier la gravité des cas qui lui étaient soumis. Jadis programmé pour sauver coûte que coûte les combattants les plus atteints, il continuait à appliquer cette règle de conduite, en dépit de toute logique, s’épuisant à soigner des morts dont la peau, dont les viscères étaient depuis longtemps retournés à la poussière. »
      Jamais il n’eut une meilleure vie. Bichonné, engraissé, il connut un intense sentiment de bien-être qui disparut brutalement lorsque, dans la salle opérationnelle, il put suivre sur un écran son clan posé sur le dos de Rinocérox.
      Fucker, tel l’ogre de la légende, y faisait régner la terreur tirant à la courte paille celui qui devait être mangé. Suzy sauvait de temps en temps quelques enfants, en les jetant du char, à l’insu du meurtrier. La rencontre de Rinocérox avec deux mouettes en recherche mit un point final à l’aventure. Comme prévu, le canon obstrué éclata, éventrant l’énorme engin, tuant le clan et déversant ses organes de métal dans la plaine environnante. Dan profita de l’expédition de secours pour être du voyage et disparaître dans le fouillis mécanique.
      Il arrivera à réunir autour de lui les quelques « mioches » rescapés en leur proposant de rejoindre un abri sûr de sa connaissance où ils pourraient survivre.
      Comme à son habitude, Brussolo signe un roman terrifiant où le mythe de l’ogre rejoint celui de la famille primitive, tout en disséquant le mécanisme absurde d’une guerre sans but. Ce récit charpenté et dense pourvu d’une intrigue simple mais puissante qui donne un relief psychologique fort aux personnages, constitue un bel exercice de style.

    8. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Jérôme LEROY Parution: 2002
      " Sueur de sang pour tout le monde
      La Rouge a commencé Sa ronde

    9. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l’humanité, Adam et Eve revisités Auteur: Manuel DE PEDROLO Parution: 1974
      La jeune Alba sauve le petit Didac de la noyade. En ressortant de l’eau, les deux enfants constatent que toute vie s’est arrêtée sur terre. Ils reviennent en courant vers leur village en ruines, aux maisons fissurées, effondrées, laissant apparaître partout des cadavres :
      « Et partout, à moitié ensevelis par les ruines, à l’intérieur des voitures arrêtées, dans les rues, il y avait des cadavres. Un nombre incroyable de cadavres qui avaient tous le visage contracté en un rictus étrange, et la peau d’un jaune rosé. Ils n’avaient pas été tués par des pierres ou des poutres, car certains gisaient au milieu d’espaces vides, intacts, sans blessures ni saignements apparents, comme s’ils étaient simplement tombés sous le coup d’une crise d’apoplexie. »
      Alba, qui a 14 ans, s’occupera de Didac, qui a 9 ans. Tout en s’interrogeant sur l’origine du désastre et en pleurant leurs familles mortes, ils se rendent compte que l’ensemble du pays est dans le même état. Le premier choc passé, ils songent à fuir Benaura, le village martyr.
      L’avisée Alba, ayant établi une liste des choses à emporter sur une charrette à bras, part avec Didac s’établir dans les bois qu’elle connaît bien, à cinq kilomètres de tout lieu fréquenté. Ce fut un effort terrible pour ces jeunes enfants qui durent s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir établir un campement de fortune au bord d’un ruisseau. Leur premier nettoyage dans l’eau appelle une série de questions de la part de Didac :
      « Comment se fait-il que les filles soient différentes ? demanda-t-il au bout d’un moment.
      Alba se rendit compte qu’il était gêné d’avoir posé cette question et lui sourit.
      -Si nous étions tous pareils, il n’y aurait ni hommes ni femmes, dit-elle.
      -Et tu es contente d’être une fille, toi ?
      Cette fois Alba éclata de rire .
      -Oui, Didac. Comme tu seras content plus tard d’être un homme. »
      la question du racisme est aussi abordée dans la franchise, Didac étant noir :
      « -Je préférerais être blanc, moi
      -Pourquoi ? le noir est très joli.
      -Mais au village les autres se moquaient de moi. Et quelques grandes personnes aussi.
      -Maintenant cela n’arrivera plus, Didac, il n’y a plus que toi et moi. »
      Jour après jour, ils organisent leur vie, jouant à Robinson, subsistant grâce aux aliments emportés, ainsi qu’aux champignons, pignons ou truffes trouvés dans le sous-bois. Alba est consciente de la précarité de leur condition, et inquiète de l’avenir. Elle pousse Didac à s’instruire en mécanique tandis qu’elle même s’intéresse fortement à la médecine. Ainsi le jour où elle se cassera le tibia, pourra-t-elle se soigner elle-même en pratiquant les gestes appropriés.
      Une année s’écoule ; Alba a quinze ans. Explorant les environs, ils découvrent dans une ferme vide à quelques kilomètres de leur grotte, une poule redevenue sauvage, et des pommes de terre dans une réserve. Grâce à la poule, leur nourriture s’enrichit désormais d’œufs. Pour faire face à la dureté de leur vie quotidienne Alba insiste sur une propreté absolue :
      « Et ainsi ils se lavaient chaque matin, au réveil, car Alba insistait sur la nécessité d’observer une hygiène rigoureuse ; à ses yeux, cela constituait la condition essentielle d’une bonne santé. La crainte de tomber malade continuait à la tourmenter, et elle ne passait pas un jour sans lire un passage du dictionnaire médical. »
      Tout en éduquant Didac, Alba le pousse à se procurer des livres pour pouvoir parer à toute éventualité. Didac, devenu habile en mécanique, remet en marche le vieux tracteur de la ferme grâce auquel, prudemment, ils poussent jusqu’au village. Les cadavres, toujours présents, ont maintenant la peau parcheminée d’où percent les os, un spectacle qui n’émeut plus  les deux adolescents. De retour avec des jerrycans d’essence, ils aperçoivent dans le ciel des appareils de forme étrange : ils ne seraient donc pas seuls sur cette terre ?
      A présent Alba prend des précautions. Elle ne tient pas à être découverte, ne sachant si elle a affaire aux ennemis qui auraient éradiqué l’espèce humaine. Cela est d’autant plus compliqué que Didac tombe malade, présentant tous les symptômes d’une rougeole qui manque de le terrasser. Alba le soigne avec dévouement, sachant il leur faut changer d’alimentation et de lieu.
      A peine ont-ils décidé de partir, qu’ils aperçoivent à nouveau l’un de ces étranges vaisseaux en perdition qui s’abîme dans les lointains. Se guidant sur la fumée dégagée par l’accident, Alba et Didac s’approchent, observant la scène à l’aide de puissantes jumelles. Ils aperçoivent une créature curieuse et inquiétante :
      «De dos, ainsi qu’ils la voyaient, elle avait l’apparence d’un pygmée doté d’un cou très long avec, au bout, une protubérance en forme de poire renversée, à savoir que sa partie supérieure était beaucoup plus large que sa partie inférieure. Sa peau, rose comme celle d’un porcelet, ne semblait porter ni poils ni cheveux et donnait une désagréable impression de nudité. »
      Alba a l’intime conviction que c’est son ennemi. Sans hésitation, avec son fusil, elle le tue et ramasse le curieux objet qu’il portait, qui s’avère être une arme calcinant tout à portée de rayon. Après avoir enterré l’extraterrestre, ils savent qu’ils ne sont plus en sûreté désormais dans leur grotte et conviennent de partir immédiatement. Juchés sur leur tracteur, ils quittent la région de Bénaura où la décomposition des choses s’accélère. Nulle part, le long de la route qui les conduit vers Barcelone, de signes de vie, mais partout la tristesse des tôles froissées, la solitude des villages, l’empilement des ruines qui les empêchent de progresser normalement :
      « De temps en temps, presque toujours au ras des fossés, ils trouvaient des motos renversées, les occupants changés en squelettes gisaient à terre, une jambe coincée sous la machine, leur casque protecteur sur le crâne. »
      Toute la campagne semble bouleversée comme si une main gigantesque avait broyé les terrains géologiques. Apercevant enfin une caravane abandonnée, ils l’utiliseront comme résidence en l’attachant à leur tracteur. L’exploration de Barcelone apporte de nombreuses déceptions. La ville est quasi impraticable, la nuit, l’absence de lumière les gêne. Que faire en ces lieux sinon récupérer ce qui peut leur être utile dans les bibliothèques, des livres dont ils font une ample moisson.
      Plus tard, Ils prennent leurs quartiers dans une villa, sise au bord de la mer,  entre Hospitalet et Llobregat, retournant parfois en ville avec une jeep remise en état. Même si leur exploration les amène parfois sur la piste d’un hypothétique survivant, ils n’en rencontreront jamais.Leur vie est douce au bord de la mer. Ils lisent et se cultivent. Alba a acquis de très bonnes connaissances en médecine. A la plage, ils pêchent des crabes, s’aventurent parfois en barque, se prennent en photos … et découvrent l’amour :
      « Ils s’enlaçaient, s’embrassaient avec un sentiment de bien-être et d’affection qui, peut-être, à leur insu, commençait à se changer en amour. Didac, à onze ans, avait déjà l’apparence d’un bel adolescent et il semblait à Alba que, depuis ce jour où ils s’étaient baignés à la plage, il la considérait désormais comme une femme. »
      Déconseillant à Didac d’apprendre à piloter un avion  à cause du risque encouru, Alba et son compagnon mettent en place un vaste projet. Tout d’abord, retourner sur leurs pas, jusqu’à la grotte initiale,  pour prendre une série de photos-témoins de la catastrophe. Puis, préparer un yacht et longer la côte espagnole jusqu’en Italie et en France. Didac s’y emploie avec ferveur et patience, ne laissant rien au hasard. Même leurs livres trouveront un abri dans la caravane –bibliothèque.
      Au printemps d’après, Alba ayant dix sept ans et Didac onze, ils prennent la mer, cap au nord-est, s’abritant dans les calanques, musardant le long de la Costa Brava jusqu’au Golfe du Lion.
      Un jour, à la Spezia, ils observent le long de la plage, une personne vivante. Tout à leur émotion, ils ne s’aperçoivent pas qu’ils sont tombés dans un piège. Les individus, au nombre de trois, envisagent de tuer Didac et de violer Alba. Celle-ci, toujours prudente, ayant en mains l’arme des extraterrestres, les tue sans remords. Pourtant cet épisode ternit quelque peu leur voyage.
      Lorsque l’été s’étire dans l’automne, ayant participé dans une fête de tous les sens à la beauté de la nature, ils décident de revenir chez eux. Ils savaient maintenant qu’ils étaient vraiment seuls sur terre, eux, et le petit être que portait Alba, enceinte de Didac.
      De retour à Barcelone, ils comprennent que toute leur vie doit être orientée vers le bébé à naître. Didac se plonge dans des ouvrages d’obstétrique, prenant très au sérieux son rôle de père. Il se soucie de tout ce dont a besoin l’enfant : des montagnes de boîtes de lait, des couches, des médicaments s’accumulent dans leur villa. Didac ne néglige ni le jardin, ni le poulailler, poussant de nombreuses fois jusqu’à Barcelone. Jusqu’à ce jour, le dernier, où il meurt écrasé par un mur branlant. Alba, qui le cherche toute la nuit, désespérée, le découvre enfin :
      « Mais Didac ne répondit pas, et elle ne le trouva pas non plus dans l’entrepôt où elle pénétra alors. Elle ressortit et là, éperdue d’angoisse, regarda autour d’elle. La lumière du jour était plus intense, à présent, mais son désarroi était si grand qu’elle n’identifia pas tout de suite comme une jambe, la chose sombre sur laquelle elle posa les yeux, et qui émergeait d’un tas de pierres à quarante ou cinquante mètres de l’endroit où elle se tenait. »
      Elle assurera seule le rituel funéraire du père de l’humanité :
      « Vers le milieu de l’après-midi, elle s’assit par terre à côté du jeune garçon et prit une de ses mains entre les siennes. Pendant deux heures, elle demeura immobile, ne remuant que les lèvres tandis qu’elle se remémorait en silence, pour elle-même et pour lui, l’histoire de peine et d’amour qu’ils avaient partagée. Elle resta là jusqu’au soir. Puis elle s’agenouilla et, penchée sur lui, embrassa ses lèvres froides tout en le réchauffant de ses dernières larmes. »
      Le texte s’achève par une postface ou d’érudits intervenants s’interrogent sur la vérité de ce récit qu’ils considèrent comme le manuscrit de la mère de l’humanité puisqu’aujourd’hui, l’on sait de quelle manière les habitants de Volria, à la recherche d’une planète où s’établir, ont utilisé le système Grac/D lequel, arrêtant les cœurs des humains et induisant des vibrations dans toutes les microstructures, a décimé l’humanité, à l’exception d’Alba et de Didac.
      Un roman de formation destiné aux adolescents, remarquablement intelligent et sensible. En cinq cahiers successifs (cahier de la destruction et du salut, de la peur et de l’étrangeté, du départ et de la sauvegarde, du voyage et de l’amour, de la vie et de la mort), le récit montre un raccourci de la vie avec ses hauts et ses bas et donne les moyens de la survie. Cahier intime, leçon de vie, leçon de choses, conte moral, roman cataclysmique, le « Deuxième matin du monde» fait exploser les limites dans lesquelles ont voudrait le maintenir. Un chef-d’œuvre.

    10. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: GEBE Parution: 1981
      " Où en sommes-nous ? Tout ce qui reste de vivant est sous terre. Un facteur roule en surface dans les cendres végétales et animales, parmi les superstructures concassées de la civilisation. Il zigzague pour éviter les trop gros morceaux. Il porte une lettre à une famille qui végète sous l’emplacement de sa pelouse atomisée. Plus de boîte aux lettres. Le facteur ne peut communiquer avec eux que de vive voix, par le conduit d’aération de l’abri anti-atomique. Il leur lit la lettre après l’avoir décachetée.
      C’est une longue lettre. Une très longue lettre à épisodes Elle parle des temps humides et verts d’avant la calcination. Les dessins qui, ici, illustrent la lettre, servent à montrer le facteur dans son morne paysage et les destinataires dans leur lugubre abri. Ils montrent aussi les représentations que le facteur et ses auditeurs forcés se font des récits de l’auteur de la lettre Pour toutes ces raisons les dessins sont utiles. ON CONTINUE… "
      La famille Bonnelle "d’avant la catastrophe",  se trouve coincée au sein de son abri anti-atomique. Au-dessus d’eux, des ruines et des gravats parcourus par des facteurs à bicyclette  en tenue NBC. Ils ont pour tâche de lire des lettres aux survivants pour qu’ils ne s’ennuient pas trop. Par le biais du conduit d’aération chaque lecture de lettre insiste sur la beauté de la vie d’antan en faisant émerger des "plages de souvenirs " où tous les sens (goût, odorat, toucher, vision, audition,) sont concernés, d’une manière synsthésique.
      Telle celle du petit garçon qui attend le train dans une bourgade ensoleillée avant que, vieillissant, il ne soit broyé par la vie, ou celle évoquant un moment de vacances au bord de la mer lorsqu’un vieux musicien joue de la mandoline spécialement pour la petite Marie Véronique pendant qu’elle sirote sa limonade ; ou celle qui raconte l’histoire de Joseph Banderin qui, circulant de village en village, propose dans les granges le spectacle de sa lanterne magique qui rend présent – ô miracle ! – un chou, une vache, les malheurs du charcutier Groboudin ainsi que ceux de Cirage, le petit négro. En ces temps-là " les lilas embaumaient "...
      Un récit étonnant, singulier et prenant, sous forme de roman dessiné. Les images accentuent le caractère concret, émotionnel des choses et des êtres pour ressusciter en les opposant, le monde d’avant, lumineux et poétique, au monde de maintenant terne et malheureux. Une fable en guise d’avertissement.

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