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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Richard MATHESON Parution: 1954
      Trois couples et leurs enfants préparent avec une joie simulée leur descente dans les « Tunnels » préparés, comme ils le sont pour la totalité des Américains, en cas d’attaque nucléaire. La bombe ennemie est prévue pour le lendemain. A mesure que le délai se raccourcit, des failles commencent à apparaître dans le comportement familial. L’inquiétude se fait plus forte avec la nostalgie, de quitter la surface et ce merveilleux jour ensoleillé, leurs maisons et leurs beaux objets de consommation, leur vie quotidienne.
      Au dernier moment, l’un d’entre eux, Fred, refuse de descendre et Grace, sa femme, reste avec lui. Les autres se dirigent vers le grand centre de tri collectif, jetant l’ultime coup d’œil sur le beau paysage avant la descente finale.
      Une petite nouvelle irréaliste mais qui analyse bien la montée de l’angoisse devant le conflit.


    2. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Howard WALDROP Parution: 1974
      Après la troisième guerre mondiale et première guerre nucléaire, les nations traditionnelles se sont profondément modifiées. L’équilibre du monde en a été changé. De vastes territoires demeurent interdits d’accès. Les Etats-Unis d’Amérique ont volé en éclats et le Texas a fait dissidence :
      « Après la guerre de 92, les Etats-Unis, comme des tas d’autres nations, étaient dépeuplés et ravagés. Ils s’étaient alliés aux Russes et aux Anglais pour lutter contre la coalition irlandaise-sino-africaine et, en ce moment, ils devaient encore nettoyer l’Alaska et le Canada, infestés de troupes chinoises. En plus, le Texas venait de faire sécession, en privant l’Union de ses réserves pétrolières et agricoles. »
      Les Texans, inféodés à une milice d’extrême droite, la S.A. (les Fils de l’Alamo) résistent à l’invasion de leur pays par les troupes fédérées au nord et aux forces cubaines au sud,  grâce à leur armée, la « RexTex ». D’autre part , parcourent leur immense territoire, les chars sophistiqués des mercenaires israéliens. Car Israël paradoxalement, a survécu au bouleversement et s’est renforcé. Les mercenaires israéliens se vendent au plus offrant avec leurs machines de guerre ultra-modernes, des chars Saladin et Centurion qui crachent le « rayon ardent » de leurs « tubes Gatling ». Sol Ingestein et Myra dirigent chacun une unité motorisée d’invasion du sol texan :
      « La colonne avançait lentement dans les faubourgs. Elle emprunta un moment une artère à six voies, puis des rues perpendiculaires où elle avait moins d’occasions de se faire repérer. Une herbe pelée poussait entre les pavés. Les Centurions escaladèrent les ruines d’un grand magasin, puis contournèrent une immense crevasse, où une canalisation de gaz avait jadis éclaté. »
      Contre les forces de la RexTex, Sol est investi d’une mission secrète par la CIA : délivrer le président des Etats-Unis, Clairewood, gardé au secret à Death Smith, une forteresse-prison située près de Crystal City, au sud du pays.  
      Pour y parvenir, les mercenaires divisent leurs forces ; l’opération « Pion du Roi 1 », dirigée par Sol et Brown, un commandant noir, consiste à se maquiller en forces de la RexTex. Avec de vieux chars Sherman, ils devront prendre pied à l’intérieur du fort sans éveiller de soupçons. L’opération « Pion du Roi 2 », commandée par Myra, la maîtresse de Sol, doit, avec un armement sophistiqué, emprunter une autre route, passer inaperçu et se placer en couverture pour appuyer l’attaque de Sol au moment décisif. Les opérations seront difficiles puisqu’elles consistent d’abord à éliminer une forteresse flottante près du barrage «Ray Hubbard », ce qui leur cause de lourdes pertes :
      « Les Centurions rescapés furent soulevés du sol quand le navire explosa avec un vacarme évoquant l’écroulement des portes de l’Enfer. Un chapelet d’explosions plus sourdes, puis un mur de fumée se dressa d’un bout à l’autre du «Bean». D’un seul coup, le silence revint, stupéfiant. Le navire était mort, à demi immergé, ses canons définitivement réduits au silence. (…) Le « Juge Roy Bean » ne s’enfonçait plus, sa quille touchait le fond du canal. Les survivants s’accrochaient à ses superstructures comme des insectes terrorisés. »
      Le président en exercice, Mallow, un être pusillanime,  est disposé à accorder l’indépendance au Texas contre des concessions pétrolières. Il possède encore des supporters, qui, désireux d’empêcher l’opération «récupération», tentent une attaque mortelle contre Sol et ses mercenaires dans l’un des gratte-ciels de Dallas. En dépit de cette attaque, meurtrière mais déjouée, l’affrontement final aura lieu au moment prévu, en un déchaînement paroxystique:
      « Une autre détonation. L’avion explosa. Du carburant enflammé et des éclats de métal incandescent rebondirent sur les parois du char. Le Sherman chercha une autre proie. Il aboya. Un deuxième P-51 capota et prit feu. Brown arrosa les pistes avec sa mitrailleuse. Des soldats boulèrent comme des lapins. Des armes légères ripostèrent, mais les projectiles ricochaient en grappes sur le Sherman comme de bulles de savon.»
      Les tubes à laser Gatling incendiant les bâtiments du fort fourniront un délai suffisant à Sol pour libérer Clairewood et incidemment Myra, malencontreusement tombée entre les griffes du S.A. Kilburn, qui sera tué. A Pittsburg, siège de la nouvelle présidence, c’est Mallow qui fera une drôle de tête à l’apparition de Clairewood, lequel le destituera sans désemparer.
      Une bataille  pleine de bruit et de fureur menée dans le cadre d’une guerre future, en un monde bouleversé par l’usage généralisé de l’arme nucléaire. Captivant et à méditer.

    3. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités, le dernier homme Auteur: Régis MESSAC Parution: 1934
      Ceci est un roman épouvantable. C’est l’histoire triste, traitée  avec une ironie désespérée par le narrateur, du dernier groupe d’enfants survivants à la surface du globe.  Tout commença ce jour où, après de nombreux pas de deux, le conflit mondial éclata enfin, coup de tonnerre dans un ciel  serein. Gérard Dumaurier, futur dernier survivant adulte était en train de faire visiter les grottes de Lozère à un groupe d’enfants tuberculeux,  lorsque les gaz des belligérants produisirent une réaction en chaîne dans l’atmosphère qu’ils polluèrent complètement et que de grands tremblements, des cyclones et autres joyeusetés ébranlèrent le monde.
      Eux seuls -Ils n’auront aucun moyen de le vérifier- seront sauvés en se réfugiant sous terre.  Après une pénible période d’adaptation à la situation, Gérard Dumaurier devint le témoin privilégié de l’involution des enfants. L’auteur étudie, à la manière des "physiologies" du XIXème siècle, le langage, les rites, la philosophie des derniers petits d’hommes livrés à eux-mêmes.
      Ils sont neuf. Les voici: Tchaon, Manibal, TsiTroèn, Pantin, Bidovin, Lanroubin, Bredindin, Embrion, Sanlatin, Ilayne. Une seule fille. Le narrateur ne les aime pas beaucoup : "Ecorché, boueux et sanglant, j’étais d’assez mauvaise humeur. La petite fille était au premier rang et hurlait sur un mode plus aigu que les autres. Je lui décochai une paire de claques qui la fit reculer, et éloignai les autres à coups de pied. (...) Le tour de la fille venu, elle s’accotait en geignant à la paroi rocheuse, se tenant la joue. J’avais tapé de toutes mes forces. Je lui tendis sans mot dire le gobelet plein. Elle fit un signe négatif. Sans hésiter, je vidai moi-même la timbale. Le temps n’était plus aux douceurs. La fille resta jusqu’au soir à geindre avant de daigner accepter à boire. Quelle sale race de femelles sortira de ce ventre-là! "
      Sceptique voltairien, le narrateur, comme en un leitmotiv, répète:" je m’en fous! ".  Il " s’en fout " des enfants, de leurs tâtonnements, de leurs méprises, mais note avec une férocité joyeuse qui se veut lucide, leur dégradation. Les enfants créent donc un semblant d’organisation sociale, tout en régressant. Ils ne se lavent plus, leur langage est fait d’un sabir entièrement nasalisé. Le raisonnement mathématique a totalement disparu, et la causalité redevient magique. A cet égard, ils ont inventé " Quinzinzinzili ", la cause universelle, le "Grand Tout", déformation de "Qui est in Coeli", une ancienne prière.
      «Les enfants se suffisent à eux-mêmes, depuis longtemps. llayne entretient le feu dans la grotte. Ils ont élaboré un système à eux pour le faire couver et rallumer. Un système idiot. Il s’agit de mettre des bâtons d’une certaine longueur dans un certain ordre, suivant certaines figures géométriques, et de les combiner avec des braises.  Ils sont persuadés que s’ils omet un seul de leurs rites absurdes, le feu ne se rallumerait pas. Ainsi, ils ont trouvé un champ de fèves, je ne sais où. Mais comme ils s’en sont donnés une indigestion, ils ont décrété que les fèves était un poison. Mais ils n’appellent pas ça poison. Les fèves, toutes les fèves, appartiennent à Quinzinzinzili, et il se venge en vous donnant la colique Si on lui vole sa nourriture.  Dieu qu’ils sont bêtes! Effroyablement bêtes! Désespérément abrutis! Que sortira-t-il d’eux? Vaudrait-il pas mieux qu’une nouvelle catastrophe arrive et balaye cette insignifiante vermine?»
      De temps en temps le narrateur détaille la psychologie particulière d’un enfant. Par exemple, Lanroubin, qu’il trouve le plus fin, et sa rivalité avec Manibal, le plus costaud. Les deux s’affrontent. Lanroubin vaincu, réinvente le coup de poing américain, en assommant Manibal avec un fragment de cristal de roche détaché de la paroi.  Il ne nous cache rien non plus de la sensualité naissante des enfants. Ilayne est la seule femme. Elle domine le groupe et réinvente le matriarcat. Mais elle est laide:
      " Le teint rouge brique avec un nez en bouton de porte, tout rond au bout, avec ça, des fesses saillantes qui lui ballottent sur les cuisses quand elle marche, et elle marche avec une grâce de canard boiteux, sur des jambes courtes et arquées, sur des pieds plats qui s’étalent longuement sur le sol, les orteils écartés en éventail.  Et puis, un ventre saillant, tout rond avec le nombril au milieu comme un oeil au fond d’un vase. Et sa poitrine déjà plus que basse à quatre ans... Qu’est ce que ce sera plus tard! Et voilà Vénus! Quelle immense rigolade! "
      Qu’importe, telle qu’elle est, elle plaît à Tchaon, le fragile tuberculeux avec lequel elle fait l’amour, en méprisant Manibal, le baraqué. Alors ce qui devait arriver, arriva. En un tournemain, Manibal étrangle Tchaon. Ilayne, aussitôt,   laisse tomber un gros bloc sur la tête de Manibal et le tue. C’est donc Lanroubin qui profitera des largesses d’Ilayne et puis, plus tard, tous les autres, unis dans un grand amour communautaire. Tout ceci laisse le narrateur rêveur:
      " Je suis un survivant des époques préhistoriques, littéralement un fossile vivant. Cette llayne que je trouve affreuse, odieuse, hideuse, cette llayne qui n’est pas belle, est en train de créer sous mes yeux, devant moi, et malgré moi, un nouvel idéal de beauté. Ses fesses molles, ses tétines basses et son ventre en chaudron seront désormais les modèles de la beauté future. Je prévois que dans l’avenir, des poètes inspirés et des amants élégiaques rêveront sans fin aux vastes dimensions de ses pieds plats et à la rougeur éclatante de son visage. "
      Bien qu’Ilayne soit enceinte des oeuvres de tous (Quinzinzinzili!), il n’y a plus d’avenir. Ils n’enterrent même pas les cadavres qu’ils se contentent de jeter dans un ravin.  Cependant l’eau du lac (de l’océan?) qui les entoure  se met à baisser et les débris d’une civilisation morte apparaissent, tels que des allumettes par exemple, que le narrateur s’empresse d’allumer. Il observe Lanroubin qui essaye d’en faire autant:
      " Un léger bruit pourtant me fait retourner. Lanroubin a pris la boîte de métal dans sa main gauche et frotte une allumette sur la surface rugueuse. Mais il s’y prend drôlement. Il tient l’allumette comme il tiendrait un bout de crayon. On dirait plutôt qu’il dessine quelque chose. En effet, oui, il écrit, ou plutôt il dessine. Car, si j’ai fait du feu, moi, c’est parce que j’ai tracé une figure magique avec l’allumette sur le côté de la boîte. Il s’agit de savoir laquelle. Est-ce un carré, un octogone ou une étoile à cinq branches? Dommage seulement qu’il trace ses figures avec le bout non soufré. "
      Les enfants se décident enfin à quitter leur abri et remontent dans l’arrière-pays, en direction de la ville disparue de Lyon.  Le narrateur, de plus en plus malade, est proche de la mort. Mais il  "s’en fout". Il a encore le temps d’assister à la naissance de l’enfant d’Ilayne qu’il baptise "Eskato", le "dernier". Puis, c’est la fin :
      " Quand je songe à l’avenir, je vois un nouveau calvaire collectif, une nouvelle ascension pénible et douloureuse vers un paradis illusoire, une longue suite de souffrances. Ah! si j’avais le choix, je n’hésiterai pas. Je les tuerai tous et je ferais éclater le faible crâne de cet enfançon sur les parois de la caverne, comme une noisette. Je ne sais plus.  Je ne sais plus qui je suis. Ni si je suis. Oh, et puis... Qu’est ce que ça peut me faire? M’en fous. Quinzinzinzili! Quinzin zinzili!"
      Quinzinzinzili est une oeuvre majeure de la SF française. Régis Messac, mort en camp de concentration, livre tout son désespoir, son écoeurement en face d’une humanité symbolisée par ces enfants, humanité qu’il hait puisqu’elle ne sait se conduire avec dignité.  Prenant le contre-pied de Rousseau dans son " Emile ", il raconte comment la disparition de la culture humaniste façonne la sauvagerie d’une nouvelle morale de l’espèce. Le tout est observé expérimentalement sur un échantillon  in vivo. A comparer avec le "Seigneur des mouches" de William Golding.

    4. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jim HARMON Parution: 1962
      Danniels est un « Jonas », reconnaissable à ses cheveux verts, en route vers la ville de Chicago, une zone franche subsistant dans une région climatiquement perturbée par d’anciennes explosions nucléaires.
      Nous sommes en 1988 et la terre n’est plus la même qu’avant. Pour mettre définitivement fin à une guerre qui dépeuple le monde, les sociétés ont crées les ondes encéphalographiques qui empêchent tout être vivant d’en tuer un autre. Seul des simulacres de guerre peuvent encore se dérouler en certains lieux et les soldats pris à y participer sont exclus de toute vie civilisée, devenant des parias ou des « Loups », vivant en meutes, poursuivis par un désir de meurtre inassouvi, reconnaissables à leurs cheveux peints en vert : ce sont des « Jonas ». Incidemment, l’humanité y a gagné une famine perpétuelle car elle ne peut pas non plus tuer des animaux ou des végétaux pour se nourrir!
      Danniels a quitté la meute pour pénétrer dans la cité ancienne de Chicago. Grâce à une jeune femme, Julie Ambers, qui montre de la pitié à son égard, il espère travailler à résorber la famine endémique dans le monde. Quoique bien accueilli à Chicago et installé dans un laboratoire, Danniels échouera dans son projet mais une voie nouvelle lui sera suggérée par Lucie et Joêl, tous deux membres d’une même meute de Loups.Ces derniers connaissent l’existence d’une réserve de bombes H, susceptibles, de par leur puissance, d’anéantir définitivement un monde à la dérive.
      Ils espèrent s’en servir, les faire exploser suffisamment haut dans l’atmosphère pour détruire toutes les stations d’ondes encéphaliques et permettre à la terre de prendre un nouveau (et dangereux) départ.Danniels, tout en activant l’arsenal et en luttant contre Joêl, découvrira qu’il peut garder son libre-arbitre, puisque même sans les ondes,  il se refusera à tuer son adversaire. Ainsi les hommes mangeront à leur faim et pourront aussi faire le choix de ne plus s’entretuer !
      Une nouvelle ambiguë, embrouillée, lourde et heureusement courte. Le message moralisateur appuyé tue le plaisir du lecteur qui a déjà bien du mal avec l’intrigue.


    5. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: Maurice LIONEL Parution: 1938
      Une fête réunissant les grandes pontes de l’aéronautique mondiale eut lieu chez Raymond Garde, l’un d’entre eux, pour son anniversaire. Du pick-up sortent des parasites puis une voix, celle de Radio-Infernal, qui les menace de destruction. Pour appuyer ses dires, le hangar qui abrite le fameux prototype G-5 explose, provoquant la mort de Raymond Garde.
      Avec Patrice Maréchal, l’aviateur, Teddy Verano, le détective, recherche le site de Radio-Infernal dont la puissance menace le monde civilisé. Ils volent vers son repaire situé au Labrador en se guidant sur des relevés goniométriques. Mais le fou fait exploser les divers avions les uns après les autres. Ils atterrissent donc en catastrophe près de sa base secrète ce qui leur permet de neutraliser l’antenne émettrice haute d’une centaine de mètres, coupant le criminel d’une partie de sa puissance.
      Le véritable repaire se trouve sous terre. En y pénétrant, ils découvrent son poste de commandement, l’auditorium. Patrice Maréchal fait voler en éclats les miroirs du panorama photo-électrique ce qui rend le savant fou encore plus fou. Poursuivis par les malfaiteurs, Radio-Infernal en tête, nos deux héros devront la vie sauve à l’ingéniosité de Patrice qui a eu l’idée d’électrocuter tous les malfaiteurs en une seule fois :
      « Le bandit se para de la main armée du révolver. Le fil électrique toucha le métal de l’arme. Une immense étincelle violette en jaillit. Epouvantés eux-mêmes, Patrice Maréchal et Teddy Verano reculèrent. Le courant électrique foudroyait le speaker infernal et, de sa main, passait à son premier compagnon, de celui-ci au second, et ainsi de suite. Toute la bande des six forbans de Radio-Infernal, foudroyée en dix secondes, chancela comme une équipe de pantins. Les corps décomposés, devenus noirs comme du charbon, chavirèrent et tombèrent dans le torrent tous ensemble, comme une digne théorie de ceux qui avaient animé le poste de Radio-Infernal. »

    6. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, Adam et Eve revisités Auteur: Harold REIN Parution: 1957
      Divers personnages se retrouvent brutalement coincés sous terre à New-York, dans une station de métro. La rame n’arrivera jamais à destination car une catastrophe inexplicable (et inexpliquée) a eu lieu en surface bouchant toutes les issues possibles. Arthur, le clochard philosophe,  prend la direction d’un petit groupe constitué par Carl, gros bourgeois atteint d’une maladie cardiaque, de Thomas, jeune militaire falot et lâche, et de  Cassie, une jeune femme au passé trouble.
      Sur l’impulsion d’Arthur, le premier moment d’affolement passé, ils gagnent les niveaux supérieurs. La tentative échoue: les escaliers resteront hors d’atteinte. Ils  continueront leur trajet le long de la voie du métro espérant atteindre une station de Downtown d’où la sortie sera plus accessible :
      " Prudemment il fraya son chemin sur le quai, au milieu du brouillard qui peu à peu retombait; trébuchant contre des blocs de béton, contre des pointes menaçantes d’acier tordu, il atteignit l’escalier suivant. Celui-ci encore était obstrué. Il continua vers l’extrémité nord du quai, pour reconnaître les trois escaliers qui restaient. Deux d’entre eux étaient bloqués de la même façon et le troisième s’était complètement effondré, ménageant au faîte un énorme cratère par où s’était déversée une montagne de gravats. Autant qu’il pouvait en juger du fond du cratère, il parut à Arthur que là-haut les destructions étaient encore plus considérables qu’au niveau du métro et il pensa que les explosions, du moins cette sorte de cataclysme, avaient eu lieu en surface. "
      En se nourrissant chichement des confiseries accessibles dans les distributeurs automatiques, ils mettent d’avantage de temps que prévu pour progresser, tout en souffrant horriblement de la soif. Durant les moments de repos, ils se livrent à des introspections douloureuses pour se rappeler un passé qu’ils pressentent révolu:
      " ...Et maintenant qu’ils campaient pour la nuit dans la station de la 86ème rue, c’est avec soulagement qu’ils entendaient l’un des leurs prendre la parole. Le son des mots plaisait à leurs oreilles, en dehors de toute signification, simplement parce que le lien du langage de nouveau les unissait. "
      Leurs rapports mutuels se compliquent, surtout lorsqu’ils opèrent la jonction avec un second groupe de naufragés. Parmi eux, le révérend Garnet qui cherche des cadavres sous les décombres mais qui a perdu sa foi, ou Hirsch, le chauffeur de taxi , raciste et xénophobe , et qui le fait sentir au juif Carl.
      De plus en plus sûrement, tous ces personnages supposent l’existence d’une catastrophe d’une ampleur inouïe qui a dû balayer la ville au-dessus de leurs têtes.  Ils poursuivent avec acharnement leur périple. Les stations défilent sans qu’aucune sortie ne se révèle. Les preuves s’accumulent que d’autres survivants les ont précédés en ces lieux.
      Arrivés vers la 54ème rue, ils opèrent la jonction avec tous ceux qui ont survécu dans les tunnels. Ils rencontrent un groupe nombreux et déjà fortement organisé maintenu par la poigne de fer d’un chef surnommé le " Coordonnateur ", aidé par ses adjoints. Ce maître tout puissant commande au groupe de survivants et les fait déblayer les gravats. Arthur et les siens seront immédiatement embrigadés. Le Coordonnateur a établi la règle suivante: celui qui ne travaille pas ne mange pas. Avec ses adjoints, il fait régner la terreur en exécutant les vieillards considérés comme des  bouches inutiles.
      Ce n’est pas ainsi qu’Arthur s’imaginait la nouvelle société qui devait surgir du cataclysme. Il devint donc l’homme par qui le scandale arrive, en essayant de promouvoir la désobéissance civile, prêt à mourir pour que ses compagnons puissent se libérer du tyran.
      Fomentant une grève, il est arrêté et jugé par une parodie de tribunal, condamné à être exécuté par le supplice de la lapidation. La sentence est appliquée. Tout proche de sa fin, Arthur aperçoit avec satisfaction que son sacrifice n’aura pas été inutile: les hommes sont enfin prêts à se libérer de leurs chaînes et attaquent leurs tortionnaires:
      " Une autre pierre le frappa à l’épaule.
      -Allez-y tous! continuait de crier le Coordonnateur. Allez-y tous!
      Maintenant Arthur regardait le sol. Il ne supplierait plus. (...) Enfin la pluie de pierres s’arrêta... Arthur leva les yeux; il aperçut la foule qui progressait lentement et s’enfonçait comme un coin en direction de l’estrade. Chuck, Garnet, Hirsch, Cassie, ils marchaient tous en tête. Il n’y avait plus cette terreur dans leurs yeux.
      -Reculez! cria le Coordonnateur. Reculez! Etes-vous devenus fous?
      Mais ils continuaient d’avancer. Ils se penchaient pour ramasser des éclats de béton. "
      Premier roman d’un auteur peu connu,   dont la thématique catastrophiste structure une réflexion sur les rapports humains. C’est surtout l’écriture qui donne au récit une tonalité surréaliste, en entretenant l’impression de la présence indicible d’une catastrophe épouvantable, jamais clairement exprimée, qui conditionne toute la vie future des personnages.

    7. Type: livre Thème: l’air empoisonné, sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Paul Jean HERAULT Parution: 1984
      La comète Fech1 aura été fatale à l’espèce humaine en balayant l’atmosphère terrestre de sa queue empoisonnée. Un agent inconnu a déclenché une maladie mortelle du sang dont se retrouvent exclus les seuls porteurs du groupe AB+. Peu nombreux, ils représentent environ deux mille survivants épars en France après les convulsions sociales inévitables qui marquèrent le destin des hommes (ou du moins des Français). Kevin est un AB+. Maltraité par le groupe auquel il s’accroche, il en est heureusement rejeté, recueilli par André , un autre survivant mais cardiaque qui, ayant prévu l’ère de violence succédant au passage de la comète, deviendra le mentor de Kevin. Il n’est pas facile pour notre héros de réussir sa mutation : avant de devenir un tireur froid et déterminé, que d’hésitations !
      La mort d’André coupe l’ombilic avec l’ancienne façon de vivre. Kevin se lance à la conquête du vaste monde, mais pas n’importe comment : en avion. Sa passion ayant été le pilotage, il l’a mise à profit en s’envolant sur un Rallye 180 remis en état. Le problème de la maintenance ne se pose pas puisque des stocks de pièces détachées et des avions neufs l’attendent sur l’aérodrome de Tarbes. Il sillonne la France , le long de la côte atlantique, dans la vallée rhodanienne jusqu’à l’arrière-pays de Draguignan où il établira sa base en un village-forteresse. Accueilli par les uns en amis, en ennemis par quelques autres, il rassemblera finalement quelques personnes de bonne volonté. Jacqueline, Stéphanie, Claire, Bernard deviendront sa nouvelle famille. Le groupe assimilera quelques autres encore quoique avec méfiance, car l’hostilité des bandes errantes les font s’armer à outrance avec chenillettes blindées et grosses mitrailleuses.
      Kevin a trouvé un nouveau but à sa vie : mettre en contact, grâce à son avion, les divers survivants qui aspirent à s’intégrer à une communauté, en fonction de leur spécialisation professionnelle : agriculteurs, mécanos, etc. Du côté de Quimper, il retrouve les sinistres imbéciles qui l’avaient maltraité au début de son périple. Toujours aussi odieux à son encontre, ils ne comprennent pas à quel point Kevin a changé. Un coup de fusil à pompe le débarrasse du plus agressif mais obligé d’abandonner son avion, il rejoindra son village du sud par voie de terre. Peu de temps après survient l’impensable : le village a été pilonné , Jacqueline et Stéphanie grièvement blessées.  Kevin reconnaît son propre avion, piloté par l’un de ses adversaires. Animé d’une rage froide, il se débarrassera de l’ennemi en se lançant contre lui, en un acte d’une folle témérité, au péril de sa propre vie. La manœuvre réussit et Kevin restera le dernier pilote en exercice en un pays quasi-désert.
      Un récit efficace dans la construction et sans surprise dans le thème centré sur la passion que l’auteur entretient avec le pilotage aérien.

    8. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Nevil SHUTE Parution: 1957
      L’Australie reste la seule région du monde épargnée de façon transitoire  par les retombées radioactives. Une guerre nucléaire a eu lieu, sans que l’on sache exactement pourquoi et pour qui. L’hémisphère boréal, entièrement contaminé, a vu mourir tous les êtres humains. Les grandes capitales d’Europe, d’Amérique, d’Asie ont cessé d’exister.  
      Peter Holmes, de la Royal Australian Navy, sa femme Mary et leur fille Jennifer, sont en sursis. Habitants le sud de l’Australie, près de Falmouth, ils savent, comme tous les autres autochtones, que leur temps de vie est compté car les nuages radioactifs, qui suivent les courants atmosphériques habituels, descendent graduellement vers l’hémisphère austral, recouvrant de leur manteau de mort les dernières régions encore épargnées.En attendant la résolution finale, la vie continue dans une ambiance feutrée, doucereuse, morbide où chaque protagoniste fait semblant d’ignorer l‘échéance fatale :
      « Il y avait très peu de circulation sur la route. Il croisa un véhicule qui avait été un jour une automobile ; maintenant, moteur et pare-brise enlevés, un bœuf Angus le traînait. Il vit également deux hommes à cheval, se tenant avec précaution sur le bord sablé de la route et évitant l’asphalte.(…) » Les magasins étaient encore, pour la plupart, bien achalandés, mais il y en avait peu d’ouverts. Les restaurants et les cafés étaient tous pleins et faisaient des affaires d’or ; les bars étaient fermés, mais les rues fourmillaient d’ivrognes(…) Pas de circulation dans les rues, sauf les trams, et les chaussées regorgeaient de monde.»
      En ce décor Peter Holmes est chargé, avec le scientifique John Osborne, de prendre ses quartiers sur l’USS Scorpion, le dernier sous-marin nucléaire de la flotte des Etats-Unis. Le submersible est commandé par Dwight Taylor sommé de vérifier, en longeant la côte Ouest des Etats-Unis, s’il subsiste encore une trace de vie en ces régions.
      Avant l’appareillage, Peter se prend d’amitié pour Dwight et, comme il est privé de la compagnie de sa femme Sharon et de sa fille Helen (vraisemblablement déjà mortes,  ce que Dwight affecte d’ignorer), Peter l’invite à passer le week-end chez lui, dans sa maison de campagne en compagnie de Mary. Pour qu’il ne se sente pas trop seul, il invite aussi une jeune femme délurée, Moira Dickinson. Moira ne fonctionne qu’au brandy mais,  insensiblement, s’attache à Dwight qui restera un homme de principe jusqu’à l’instant fatal du dénouement.
      Lors d’une première sortie de l’USS Scorpion dans les eaux de l’Amérique du Sud, les marins survivants pourront contempler, le long des côtes, des cités mortes :
      «Ils restèrent quelques heures devant San Francisco et prirent des photographies au périscope. Ils retournèrent ensuite au sud jusqu’à Half Moon Bay et s’approchèrent à un demi-mille de la côte, naviguant en surface pendant un certain temps et lançant des appels par le haut-parleur. Ici les maisons ne semblaient pas avoir été fortement endommagées, mais il n’y avait aucune trace de vie à terre. Ils demeurèrent dans les parages jusqu’à la tombée de la nuit, puis mirent le cap au nord. »
      Une deuxième sortie, plus lointaine, a pour objectif de vérifier l’origine de signaux morse, de type aléatoire, réceptionné par les Australiens. Quelqu’un serait-il encore en vie ? Muni d’une combinaison anti-radiations, un marin spécialiste se rend sur les lieux. Il ne découvre que pur caprice du hasard dans l’origine du signal. Le retour d’expédition est morose. Les hommes sont fatigués et l’échéance mortelle de septembre est proche. Le sous-marin, désarmé relâche dans le port de Melbourne. Dwight, l’unique survivant militaire américain a été nommé amiral suprême de la flotte des Etats-Unis. Désoeuvré, sa « flotte » étant à quai, il se retrouve souvent en compagnie de Moira qui a décidé de redevenir sérieuse et à faire « comme si… » Elle s’est inscrite à un cours de comptabilité.
      Peter et Mary poursuivent une vie heureuse dans leur ferme qu’ils s’efforcent d’enjoliver. John, dont le rêve est tourné vers la mécanique, a déniché une Ferrari qu’il bichonne consciencieusement. Ainsi se continue la vie, toute en douceur et en joie amère jusque vers la fin du mois d’août où les premières retombées se font sentir. Melbourne est laissé à l’abandon, les gens se repliant sur eux-mêmes comme des animaux à l’agonie :
      « (…) Dwight regarda les rues et les maisons, dans la lumière grise de ce jour d’hiver. Bientôt, dans un mois peut-être, il n’y aurait plus personne ici, plus une créature vivante, sauf les chats et les chiens qui bénéficiaient d’un bref sursis. Bientôt eux aussi auraient disparu ; hivers et étés se succéderaient et, avec le temps, la radio-activité finirait par se dissiper. Dans une vingtaine d’années, et probablement beaucoup plus tôt, ces rues et ces maisons seront de nouveau habitables. Fallait-il que la race humaine fut exterminée et l’univers débarrassé de toutes ses souillures pour laisser sa place à des occupants plus sages?»
      Les pharmacies distribuent gratuitement des pilules euthanasiques pour ceux qui souhaiteraient en finir, plutôt que de traîner entre diarrhées et vomissements :
      « Le pharmacien en prit une de chaque  et défit la plus petite; elle contenait une petite fiole en plastique renfermant deux comprimés blancs. Il l’ouvrit, en retira les comprimés, les rangea soigneusement dans un tiroir et mit à leur place deux comprimés d’aspirine. Il replaça la fiole dans la boîte rouge, qu’il referma et tendit à Peter. -Voici ce que nous distribuerons à tous ceux qui veulent en finir, dit-il. Prenez cette boîte, et montrez-la à Mrs Holmes. Un seul de ces comprimés provoque la mort, presque instantanément. L’autre est un comprimé de réserve. Quand le moment viendra , nous servirons tout le monde au comptoir. »
      Lorsque la fin est imminente, Dwight reprendra la mer sur l’USS Scorpion qu’il coulera au large de l’Australie. John se suicidera dans sa Ferrari lors d’un grand prix d’Australie simulé. Peter et Mary décideront de mourir en couple après avoir euthanasié leur enfant :
      « Il fit l’injection au bébé dans le bras. Puis se déshabilla, mit un pyjama propre, éteignit toutes les lumières sauf la lampe de chevet, posa l’écran devant la cheminée du salon et alluma une bougie qu’il plaça sur la table à côté de leur lit ; ensuite, il coupa le courant.
      Peter se coucha auprès de Mary, prépara les boissons et sortit les comprimés des boîtes rouges.
      « Ma vie avec toi a été un rêve, dit Mary à voix basse. Merci pour tout, Peter. »
      Il la serra contre lui et l’embrassa tendrement .
      « Oui, un rêve ; c’était trop beau. »
      Ce furent leurs derniers mots. Ils mirent les comprimés dans leur bouche et burent. »
      Moira, sera la dernière à suivre des yeux, le long de la plage, le sous-marin qui sombre. Puis, un dernier verre de brandy empoisonné lui permettra de rejoindre Dwight.  Le rideau tombe définitivement sur l’espèce humaine.
      «Le Dernier rivage » relate une fin du monde morne et triste, en demi-teinte, au désespoir total. L’effet des radiations, dont le processus d’action n’est pas encore bien connu à l’époque du livre, ressemble à ce que pourrait signifier aujourd’hui l’emploi de bombes à neutron : toute chair qui disparaît et l’architecture seule qui reste debout. Apocalypse douce, fin totale de l’homme due à sa sottise, rarement les accents de la tragédie n’auront été si vrais. Une belle œuvre qui n’a rien perdu de sa puissance.

    9. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Tom CLANCY Parution: 1998
      John Clarke, devenu général, a constitué une unité de combat anti-terroriste ultra-secrète qui s’entraîne en Angleterre sur la base de Hereford. Elle comprend les meilleurs éléments des diverses armes, se trouve nantie des gadgets électroniques les plus sophistiqués et est assistée par la force de frappe d’un hélicoptère de combat.  Avec son frère d’armes Chavez, qui depuis est devenu son gendre, Clarke assume un rôle de veille international dans la lutte contre le terrorisme. Il n’est donc pas étonnant qu’on leur demande leur aide lorsqu’un attentat est commis en Suisse. Le groupe 1 (il y en a deux) délivre les otages sans désemparer et les méchants passent à la trappe. La situation est identique, quoique plus complexe, lorsqu’un couple de terroristes allemands, émules de la Bande à Baader, s’emparent d’un richissime banquier autrichien, Herr Ostermann. Le succès de cette seconde opération leur rapporte une considération universelle.
      Ce que John ignore, c’est que ces opérations ne sont que broutilles téléguidées pour instaurer une crainte salutaire à l’Occident. En effet, le véritable danger provient d’une vaste organisation écologiste ayant à sa tête le multimilliardaire d’un groupe de recherche biomédicales, John Brightling, patron de " Horizont Enterprises " et son épouse, Carol Brightling, divorcée pour la bonne cause, femme politique proche de la présidence. Ils sont appuyés par Kilgore, un médecin-chercheur épidémiologiste, et Hendrikson, ancien membre du  FBI qui a viré sa cuti et fondé sa propre entreprise de protection, Global Surveyors. Tous, et bien d’autres encore, ont purement et simplement décidé l’élimination de l’espèce humaine, afin de redonner à la terre sa virginité :
      " L’unanimité ne régnait pas au sein du Projet. Certains parmi les plus radicaux allaient jusqu’à soutenir que garder les médecins était contraire à la nature de la mission – parce que la médecine ne laissait pas la nature suivre son cours.  Ben tiens, ricana Kilgore. Laissons ces crétins pondre leurs bébés en pleine nature après avoir passé la matinée à la cueillette ou à la chasse et tous ces idéologues auront vite fait de s’éteindre. Il avait l’intention d’étudier et d’apprécier le milieu naturel mais il comptait bien le faire avec des chaussures et un blouson pour se protéger du froid. Il tenait à rester un homme cultivé, pas à régresser au stade du singe nu. Son esprit vagabonda…  Il y aurait une division du travail, bien entendu. Des fermiers pour faire croître les récoltes et soigner le bétail qu’ils mangeraient… ou des chasseurs pour tirer le bison dont la viande était plus saine, moins riche en cholestérol. Les bisons devaient revenir assez vite. Le blé sauvage continuerait d’envahir les régions des Grandes Plaines,  et les  bovidés ne tarderaient pas à engraisser " (…) " Il se demanda ce que penseraient ceux qui auraient l’occasion de visiter les cités mortes…  Ce serait sans doute une bonne idée de les laisser y aller, qu’ils puissent se rendre compte du nombre d’erreurs commises par l’homme et apprennent à ne pas les rééditer (…)
      Il faudrait bien mille ans, sinon plus, pour que les gratte-ciel finissent par s’effondrer par manque d’entretien, leurs poutrelles rongées de rouille…Les fondations de pierre ne bougeraient pas, mais assez vite, dans dix ans peut-être, on verrait de nouveau des daims gambader à Central Park. "
      Leur stratégie se déploie à plusieurs niveaux. Un homme-clé en est Popov, ex-agent du KGB mis à la retraite, motivé par l’argent, redoutablement efficace bien qu’ignorant tout du projet.
      C’est lui qui, sur les instructions de Brightling, a fomenté les deux attentats terroristes afin de permettre à Global Surveyors l’exclusivité du service de protection pour les jeux olympiques de Sydney, puisque c’est là que devra se déclencher l’apocalypse.
      Un deuxième pivot  en est le docteur Kilgore qui a développé, construit et conçu une arme bactériologique diabolique : le virus Shiva. Virus Ebola modifié, indécelable dans l’organisme, à effet retardé, Shiva est extrêmement contagieux :
      " Le résultat le plus probable de la pandémie serait un rapide effondrement de la société. L’armée n’y échapperait pas non plus, mais le complexe du Kansas était à bonne distance de la base militaire la plus proche et les soldats de Fort Riley seraient d’abord dépêchés vers les villes pour assurer le maintien   jusqu’à ce qu’ils soient à leur tour atteints par les symptômes.  Ils seraient alors traités par des médecins militaires –ça leur ferait une belle jambe – et le temps que disparaisse la cohésion de leur unité, il serait alors bien trop tard pour que les survivants, même en uniforme, soient en mesure d’organiser une action quelconque. "
      Shiva devra être libéré dans le système de brumisation des jeux olympiques de Sydney, respiré par des centaines de milliers de personnes qui s’empresseront de le transmettre au reste de la planète à leur retour des jeux. Horizont Enterprises a développé deux anticorps à Shiva, le A et le B. Le A renforce l’action du virus mortel, le B le rend inopérant. Lors de la première phase d’infection mondiale, l’entreprise médicale de Brightling fournira au monde entier le faux antidote, soit le virus A,  gardant pour les rares élus le virus B. En cinq mois, le sort de l’espèce humaine devra être réglé :
      " Viendrait alors la phase deux. Horizon Corporation fabriquerait et mettrait sur le marché le vaccin A. Il serait aussitôt distribué par milliers de doses, livrées par avion dans le monde entier vers des pays où l’ensemble des personnels de santé publique se mobiliserait pour l’injecter au maximum de gens. (…)  Quatre à six semaines après l’injection du vaccin A, les receveurs commenceraient à tomber malades. Soit, calcula Gearing, trois semaines à partir de maintenant, plus six, plus deux, plus encore six, et enfin deux. En dix-neuf semaines en tout, cinq mois à peine, même pas une saison de base-ball, plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population mondiale aura disparu. Et la planète serait sauvée. "
      Pour que tout se déroule sans anicroche, ils procèdent dans leur laboratoire à des tests in vivo sur des groupes de femmes et d’hommes enlevés qui serviront de cobayes à l’instar de la façon dont opéraient les nazis. Tous mourront et les preuves que représenterait leur existence seront détruites. Kirk Mc Lean, en enlevant le futur cobaye appelé F4, une certaine Marie Bannister, mettra la puce à l’oreille à des agents du FBI, sans toutefois les emmener très loin dans leur investigation.
      Le troisième pivot est constitué par deux bases ultra-secrètes édifiées en pleine nature, l’une au Kansas, l’autre, plus petite, au Brésil, près de Manaus. Sortes d’arches qui accueilleront les happy few écologistes survivants afin qu’ils puissent subsister plus tard avec délices sur une terre purifiée :
      " L’Olympe , tel était le nom qu’il allait donner au complexe, décida-t-il sur le champ. La demeure des dieux, car c’était précisément ce qu’il espérait en faire. D’ici, ils pourraient observer le monde, l’étudier, en jouir… l’apprécier dans toute sa plénitude. Il choisirait Olympe-1 comme indicatif pour sa radio portative. En partant d’ici, l pourrait d’un coup d’aile survoler la planète avec les compagnons de son choix, pour observer et comprendre comment l’écosystème était censé fonctionner. "
      Enfin Edward Gearing est la main qui devra, à la clôture des J.O., introduire Shiva dans le circuit des brumisateurs. Mais toute cette belle mécanique va se dérégler à cause  de Rainbow Six. Clara Brightning ayant appris l’existence du groupe, se rendant compte de la menace potentielle qu’il constitue, envisage à son encontre une nouvelle action terroriste, sur la base même de Hereford par l’entremise de Popov qui recrute des Irlandais menés par leur chef Sean Grady.
      Ceux-ci enlèveront les épouses de John et Chavez, un prétexte pour éliminer les membres du groupe d’intervention. Les terroristes faillirent réussir mais seront finalement détruits et Sean Grady sera capturé. Par lui,  Clarke remonte jusqu’à Popov qui se hâte de fuir vers le refuge du Kansas. D’un autre côté, l’enquête sur Marie Bannister fournira des présomptions fortes à l’encontre de Kirk Mc Lean. Mais c’est par Popov, horrifié de ce qu’il apprendra au Kansas, que John sera mis au courant du Projet.
      Chavez, délégué au J.O. avec son groupe, saura arrêter le bras d’Ed Gearson dans son acte meurtrier. La conclusion est à la hauteur du crime: alors que tous les responsables du Projet Shiva – une cinquantaine de personnes environ – cherchent refuge dans leur base brésilienne, John les poursuit dans leur retraite grâce à un réseau d’entraide militaire. La base des terroristes sera détruite et, puisque les écologistes aiment vivre en contact étroit avec la nature, il leur donnera satisfaction en les abandonnant nus et sans armes dans la jungle brésilienne.
      Un techno-thriller efficace comme tous les ouvrages de Clancy. Roman bien (trop ?) long – plus de 1200 page -, il développe l’intrigue à travers des actions en parallèle qui amèneront le coup de théâtre final.  Le dénouement heureux sera dû au retournement de Popov et l’on sent toute la tendresse de l’auteur envers ce personnage. Malgré cette mise en place redondante (entraînements interminables du groupe, actions terroristes préparatoires), le récit une fois entamé ne se quitte plus et l’horreur qu’il distille s’insinue peu à peu dans le réel

    10. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Pierre GAUROY Parution: 1953
      Au milieu du mois de mai, et sans aucune cause apparente, l’atmosphère de la terre devint moins claire et la température chuta partout de façon drastique. La neige apparut et persista. Le vent augmenta en puissance pour atteindre la force d’une tempête, puis d’un ouragan.
      Les humains, et tous les êtres vivants, se protégeant du froid comme ils le purent entrèrent, dans les semaines qui suivirent, dans une léthargie où seuls survivaient els plus forts.Puis, le phénomène disparut aussi vite qu’il était venu, cette glaciation exceptionnelle ayant provoqué plus de cinq cents millions de morts.Les scientifiques l’attribuèrent à la traversée, par la terre, d’un nuage de poussière cosmique.
      Une novelette inattendue par son pessimisme publiée dans un fascicule populaire édité pour la joie des familles.

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