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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Martin WINCKLER Parution: 2004
      La terre polluée, les maladies de toute sorte débilitent l’être humain, qui meurt de plus en plus jeune. Le rêve d’une immortalité, ou du moins d’une vieillesse prolongée, s’éloigne à jamais. Ce que n’accepte pas le corps médical, tout entier représenté par « Médipark », un monopole de type privé. Cette entreprise a mis en route une incroyable procédure approuvée par les divers gouvernements. En vue de sélectionner l’individu le plus apte génétiquement et somatiquement, Médipark recrute au moyen de jeux télévisuels le maximum de cobayes. Les chanceux, sélectionnés, passent une semaine de rêve dans «Medicentre», où ils peuvent satisfaire tous leurs désirs. Non sans contrepartie. Car l’étude et l’exploration de leurs corps se fait avec des moyens de plus en plus lourds et invasifs, parfois sous anesthésie générale. Ceux qui présentent le moindre défaut seront impitoyablement recalés et repartiront chez eux les bras chargés de cadeaux. Une telle sélection révèle un seul individu parfait (par ironie de l’auteur un jeune inspecteur chargé de surveiller la régularité des jeux !).
      Ce qu’il apprendra, l’heureux gagnant, paralysé par le curare, c’est que son corps sera débité en pièces chargées de remplacer les organes branlants du président de Médipark et des divers « sponsors » ayant investi dans l’entreprise.


    2. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Thomas PAGE Parution: 1973
      Un tremblement de terre provoque l’ouverture d’un trou, près d’une ferme dans le comté de Montgomery, au Sud des Etats-Unis. De singuliers insectes, à l’apparence blindée, noirs et maladroits, apparaissent. Ils ont la curieuse propriété de mettre le feu au bois, et incidemment au reste, afin de se nourrir des cendres. Des spécialistes sont appelés à la rescousse, Linden le biologiste, Willy King le biochimiste, et l’entomologiste le plus réputé, professeur au Bainboro Collège avec son assistant Metbaum.
      L’on entreprend l’étude de l’étrange insecte qui s’avère être une blatte, de l’espèce cafard, et, au vu de ses propriétés, Parmiter lui donnera son nom: Hephaestus Parmitera. La carapace est très difficile à écraser, l’insecte entretenant une relation symbiotique avec des bactéries. Parmitera se déplace lentement et stridule très fortement avant de frotter ses cerques l’une contre l’autre, produisant ainsi des étincelles. Il apparaît d’emblée comme un danger potentiel pour les habitats en bois. Les incendies se multiplient, sans que la police n’ait un seul soupçon des causes réelles : Parmitera avait essaimé dans le Comté:
      " La source de carbone la plus abondante de toute la terre, c’était le réseau d’autoroutes des Etats-Unis. Les cafards s’étaient sans doute glissés dans toutes les voitures, tous les camions, tous les tracteurs du pays. Ils y avaient proliféré et, silencieusement, sans être remarqués, ils s’étaient infiltrés dans d’autres véhicules.
      Pour ces animaux, une automobile, c’était un festin. Le pétrole, l’essence... quel régal! Ils n’avaient sans doute pas cessé d’éclore, et, cachés dans les voitures, ils n’avaient jamais été repérés. Ils avaient inhalé le carbone de l’air : l’atmosphère en était imprégnée. Ils n’avaient pas eu besoin de bouger : les autoroutes les transportaient partout, et bien au-delà du comté de Montgomery. Ils continuaient à éclore, changeaient sans cesse de voiture, se répandaient de plus en plus loin... "
      La lutte contre l’animal s’accentue. De nombreuses solutions sont envisagées : contamination par le DDT, contamination biologique par des champignons, recherche d’un prédateur propre. Même la tarentule Bruno sera de la partie:
      " La lutte fut silencieuse, mise à part la stridulation du Parmitera. Bruno chargea avec violence, et si rapidement que le cafard fut renversé sur le dos. Bruno mordit et griffa mais ses crocs et ses griffes glissèrent sur la carapace d’obsidienne de la blatte; et le venin de la tarentule fut épuisé après trois morsures inutiles. (...) puis Linden vit très nettement les six pattes de la Parmitera agripper fermement la tarentule épuisée et tirer contre son abdomen le corps velu de l’araignée. Les cerques se tenaient prêts pour l’hallali et bientôt une stridulation rauque retentit. Bruno, en proie à une folle agonie, essayait de se dégager des pattes étreignantes et des cerques perforants du cafard. Les pattes de la tarentule trépidaient de désespoir; une mince volute de fumée s’éleva, puis les mouvements de l’araignée se firent saccadés avant de cesser complètement. Linden ouvrit la cage et, avec tristesse, en retira les restes calcinés de Bruno. "
      Les insectes se multiplient avec les incendies. Une course contre la montre s’engage entre les savants et Parmitera. Les habitants des différentes villes infectées assistent impuissants à la destruction de leurs immeubles. Parmiter, fasciné par cette blatte extraordinaire n’abandonne plus son laboratoire. Il ne comprend pas pourquoi Parmitera ne peut se reproduire alors que les oothèques de toutes les femelles sont remplies d’oeufs.
      Grâce à Metbaum, une intuition fulgurante le traverse: la raison en est la pression atmosphérique trop faible, ces insectes ayant vécu des millions d’années sous terre sous une pression nettement plus forte. Incidemment, il découvre que le seul moyen pour venir à bout des blattes est l’action des ondes sonores émises à une certaine fréquence :
      " Parmiter transféra les cafards d’une cage dans une autre à l’exception d’un seul. Il emporta celle qui contenait cet isolé dans son bureau et prit la radio de Metbaum avec lui. Il mit le son: c’était le même sifflement de parasite avec le même bruit de fond ronflant. Il plaça la radio dans la cage avec le cafard et poussa le son au maximum. Le parmitera se jeta sur la transistor, grattant furieusement de ses pattes les haut-parleur, les cerques vrombissant frénétiquement. Au bout de quelques secondes, il tomba sur le dos. Ses pattes se replièrent puis il demeura immobile. Parmiter le ramassa : sa carapace était ratatinée et molle, fendue de milliers de craquements qui s’entrecroisaient. Il disséqua l’animal: tous les tissus étaient réduits en pulpe. On aurait dit que l’insecte n’était qu’un petit hamburger. "
      Ce moyen fut mis en action à grande échelle, des haut-parleurs installés sur les autoroutes, à l’entrée des villes, dans les divers quartiers. Le fléau sembla enrayé, les incendies cessèrent.
      De plus en plus isolé et repoussé par ses collègues à cause de son attitude hautaine, refusant de répondre au téléphone, Parmiter poursuit ses expériences sur un couple de blattes. Les ayant enfermé dans un lieu pressurisé, il constate, avec l’augmentation de la pression atmosphérique, l’augmentation de l’activité sexuelle de Clarence, ainsi avait-il surnommé son cafard expérimental.. La copulation semblant avoir réussi, quelques temps après se développent, à partir des oeufs fécondés, de petites blattes. Elles sont différentes de Clarence, au corps plus mou, mais garderont les propriétés pyrogènes de leurs parents. Quant à leur organisation intérieure, Parmiter constate que les bactéries se sont entièrement installées dans le cerveau de l’animal. L’entomologiste surveille ses créations jusqu’à ce que se présente l’inconcevable : elles entrent en communication avec lui, car elles sont devenues intelligentes:
      " Les cafards de Parmiter grimpaient lentement le long du mur. Ils se disposèrent dans un espace vide, à côté d’une marine suspendue à la paroi. Leurs corps s’agitèrent pendant un instant, puis s’immobilisèrent, dessinant deux mots très lisibles : JAMES PARMITER. "
      Le nouveau Dr. Frankenstein des blattes approfondit la relation avec eux, étant sûr que ces cafards de la deuxième génération n’échapperaient pas à son contrôle puisqu’il était l’équivalent d’un dieu pour eux. La suite lui prouva qu’il eut tort. Se multipliant de façon exponentielle, les blattes envahirent le voisinage mettant le feu aux divers pavillons jusqu’à ce que Parmiter comprenne qu’elles ne recherchaient qu’un seul but : réintégrer le trou d’où elles étaient sorties. La migration eut lieu et rien ne put arrêter les animaux, coulant en un long fleuve vers leur origine. Le savant leur facilita leur évasion en faisant sauter à la dynamite la plaque de béton obstruant le trou:
      " C’est moi! C’est moi! " La marée d’insectes se retira autour de lui. Les stridulations s’éteignirent partout à travers champs. Maintenant la dalle de béton était tout à fait nue. Les antennes, dressées et immobiles, semblaient attendre. Parmiter sentait le regard de millions d’yeux, derrière lesquels des millions de cerveaux le surveillaient, comme de fines aiguilles braquées vers lui dans les ténèbres".
      Le fléau fut enrayé quand les blattes intelligentes retournèrent à leur destin souterrain.
      Un récit-catastrophe mené tambour battant où l’auteur a montré sa maîtrise de la chose littéraire, faisant croire au lecteur que ses bestioles pourraient être réelles, par une véritable enquête scientifique sur les cafards qu’il étudie avec un regard... d’entomologiste.
      Son personnage principal, le savant Parmiter, bourré de phobies et isolé dans sa recherche, à la fois savant fou, Faust et Frankenstein, est une réussite  Un film, " Bugs " en a été tiré qui a obtenu la Licorne d’Or et le prix du Public du Festival du film fantastique et de science-fiction à Paris, en 1975.

    3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Georges BORDONOVE Parution: 1962
      Unité de temps, de lieu, d’action, de personnages. Le lieu : Paris et la France. Le Temps : une journée de 24 heures, comme dans les pièces classiques, qui commence à 19 h le soir et s’achève à 19h le surlendemain, rythmée heure par heure. L’Action : la préparation de la bombe atomique se désintégrant au-dessus de Paris et renvoyant tous les personnages au néant. Les Personnages : l’analyse de leurs faits et gestes, généreux ou odieux, qui s’emploient à vivre leur dernière journée.
      Odart, tout d’abord. Un vieux biologiste, auteur réputé de plusieurs ouvrages sur l’ADN, qui entretient une relation coupable à ses yeux avec Mily, une jeune comédienne sans scrupules. S’étant intéressé aux conséquences des retombées d’Hiroshima, il en a publié un ouvrage d’avertissement qui n’a pas plu aux autorités :
      «Sa première leçon du monde moderne, deux mantes religieuses la lui donnèrent. (…) Au lieu de les écraser, il les avait enfermés sous une cloche de verre. Longtemps elles s’observèrent, cambrées sur leurs pattes arrière, la tête tournée, les ailes rigides. Ensuite l’une s’est avancée imperceptiblement, en suivant la circonférence, bientôt imitée par la seconde. Elles commencèrent à sautiller, toujours s’épiant et se menaçant de leurs bras hérissés d’épines, de leurs griffes tendues, de leurs mandibules ouvertes. Puis elles tournèrent de plus en plus vite, s’injuriant dans leur langage, gesticulant.
      Tout à coup, elles bondirent, s’étreignirent, se piquant, se mordant, se déchiquetant avec rage. Et des pattes tombaient, arrachées, parmi des fragments d’élytres. Un lait blanchâtre coulait des cuirasses trouées, fendues. Ainsi pendant un tragique quart d’heure, elles s’étaient acharnées, s’étaient entre-dévorées, pour s’abattre enfin et mourir presque ensemble. »
      En conséquence, le voilà mis au placard, avec assez de temps pour méditer sur la méchanceté des êtres qui ont tué son chien, ou la trahison d’Ermant, son disciple, qui lui a pris Mily :
      « Bon Dieu, encore une journée à tirer ! Le bus, le métro, les dossiers, le rien…  C’est Ermant qui travaillera au microscope électronique, la merveille que tu as tant réclamée. La laborantine que tu as formée, lui passera les plaques. La secrétaire que tu as choisie, sténographiera ses observations… Et toi, tu rédigeras des minutes qui seront amputées, dénaturées ou refusées. Tu attendras le soir. L’huissier chauve te fera un brin de conduite, en te parlant du temps, de la guerre ou des bonshommes de neige. Et la rue sera obscure. L’avenue, animée par une foule heureuse, parce que Noël approche. Le métro, le bus, l’œuf à la coque et le verre de lait… Un nouveau mensonge de Mily, une explication oiseuse, ensuite la nuit solitaire, les lumières du dix-septième étage, les rêves morbides, et rien, plus rien… Ce rien que tu as voulu… »
      Talvart, le ministre de l’Intérieur. Tout en façade et sourire qui cachent l’obscénité de son ascension sociale. Prêt à s’allier avec tous, pourvu qu’il en tire de substantiels bénéfices. Notamment avec Jullien, le banquier, et sa famille, égoïste, odieux, méprisant, à vomir. Criminel dans l’âme, prévoyant, l’instinct de survie chevillé à son corps lui a fait concevoir un abri anti-atomique opérationnel en sa propriété. Mais comme l’on ne peut gagner sur tous les plans, il a hérité d’un fils lucide et cynique qui le condamne, condamne son époque, préférant mourir à Paris, en faisant la fête avec ses amis.
      Monsieur Pascuel, dit « Bin-Bin » et sa femme. L’archétype du profiteur de guerre, pour qui toutes les situations dangereuses sont bonnes à se remplir les poches. Incrédule devant la radicale nouveauté de la guerre qui se profile, il mourra vaporisé, heureux d’avoir cru à la bonne affaire.
      D’autres encore, comme Tony Bartel, le syndicaliste, qui clouera au sol les avions d’Air France destinés à la fuite des ministres et hommes politiques, mais qui restera sans voix devant le cadavre de sa femme, tuée par les gardes civils. Ou les tendres amants, Martine et Jean qui s’aiment, fragiles et heureux comme au premier jour, avant l’embrasement final. Ou encore l’abbé Louis, qui incarne les doutes de la religion en face de l’épouvante humaine. Enfin, celui par qui le crime s’accomplit, l’ancien nazi Oberst Karl.
      Obsédé par la défaite allemande, bouleversé par la disparition de son père spirituel Adolf Hitler, il songe à réunifier les deux Allemagnes quitte à faire exploser le monde. Fomentant révoltes et émeutes avec d’autres aigris de l’histoire, un coup de main sur une base américaine d’occupation lui permet de faire main basse sur du matériel d’assaut. Il prépare un raid sur Magdebourg aux mains des Russes, pour leur faire croire à la duplicité des Américains. Le gouvernement de Bonn imprévoyant ou fragile, ne mesure pas immédiatement le danger. Les Russes, en la personne de M. Karine, confronté aux agissements des post-nazis, envoient un ultimatum aux puissances occidentales décrétant que la situation devrait être normalisée avant 19 heures, sous peine d’une intervention massive :
      « M. Karine hoche la tête. Ce qu’il aperçoit, au-delà du crâne ras de son général atomiste, ce n’est pas une gigantesque chaîne de déflagrations ravageant les territoires ennemis, mais la ruine de tant d’années d’efforts, le saccage de son propre pays. La mort hideuse est assise en face de lui. Elle ricane sous ce crâne ras. Elle dit :
      -Je suis à tes ordres, Camarade Président. »
      Les gouvernements allemand, français, américains ne cèdent pas devant ce qu’ils considèrent comme un chantage. Lorsque Oberst passe à l’action, les Français, anesthésiés par les médias et les annonces gouvernementales, vivent encore sans souci. Heure après heure, l’histoire s’accélère.  Odart est rappelé au ministère comme conseiller, pour ouvrir une «antenne psychologique d’aide à la population », le « Plan Soleil », le plan précédent d’évacuation de la capitale en cas de danger ayant montré son inefficacité. Les citoyens commencent à fuir Paris, la panique gagne de proche en proche, les armes individuelles apparaissent, et les incendies. Destins individuels et collectifs se croisent :
      «Des milliers, des millions d’hommes et de femmes s’en vont à la dérive, par ce début de nuit froide et venteuse, pareils à des barques dont se sont rompues les amarres et qu’emporte un courant irrésistible. Et les convictions, les traditions, les principes hautement invoqués, les résolutions, tout ce qui compose l’individualité, s’enfonce, se dilue dans le néant sombre et tumultueux de l’effroi collectif. Des barques folles, une mer balayée par une tornade, dont les lames claquent le long des pierres dans l’obscurité qui va en s’épaississant. »
      L’Amérique, en la personne du président Kellings s’est réveillée mais toutes les tentatives de communication avec M. Karine restent sans effet. Oberst est écrasé par les troupes russes. Il se suicide dans les ruines de la cathédrale de Magdebourg peu avant que l’échéance fixée par le président russe n’arrive à expiration. Odart meurt, enfin réconcilié avec lui-même,  en tentant de sortir une fillette d’un immeuble incendié. Talvart, dont le masque est tombé, attend la mort en compagnie du vieux président français. Jullien s’enterre pour prolonger une misérable existence en une vie de troglodyte ; le destin de millions d’êtres humains semble comme suspendu pour l’éternité. A 19 heures précises, la bombe éclate dans le ciel de Paris. L’apocalypse a débuté.
      Dans un style irréprochable, l’auteur fouille au scalpel l’âme de ses personnages, y mettant au jour les ordures qui s’y révèlent. Les destins individuels, aussi variés soit-il, convergent vers une même fin. L’ombre de la mort projetée au long du récit teinte de son angoisse la description d’un somptueux hiver. Enfin et surtout, l’immense imbécillité humaine, tellement énorme qu’elle en devient crédible, achève de convaincre le lecteur de la fragilité de son espèce.

    4. Type: livre Thème: le Dernier homme Auteur: Divers Auteurs Parution: 2004
      contient les nouvelles :
      Dernière Idylle (Gérard Klein)
      le Dernier Hédoniste (Martin Winckler)
      Shangaï Express (Frédéric F. Fajardie)
      Le Dernier Fumeur (Michel de Pracontal)
      L’Avant-dernier homme (A.D.G.)
      Robert (Chantal Pelletier)
      Le Rêveur de Pompéi (Olivier Delcroix)
      Le Mot de la fin (Sébastien Lapaque)
      Disparition d’une odeur (Serge Quadruppani)
      Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines (Jérôme Leroy)
      la Géométrie de l’invisible (Sophie Loubière)
      Elle (Jean Mazarin)
      But not least ! (Nicolas d’Estienne d’Orves)
      la Dernière des cinq (sotie) (Jean-Baptiste Baronian) (hors corpus, non répertorié)
      Hurlement (Jean-Pierre Andrevon)
      Charlie’s Angels (Roland C. Wagner)
      le Dernier Rhum (Philippe Lacoche) (hors corpus, non répertorié)
      l’Ultime salve de Brice Merloncourt (Daniel Walther)
      le Sourire des rats (Christophe Mager)
      la Secte (Marc Villard) (hors corpus, non répertorié)
      Ultime atome (José Nocé)

    5. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Jimmy GUIEU Parution: 1952
      Les Martiens (Kroniens) convoitent notre globe. Ressemblants étrangement à leurs frères décrits par Wells, ils habitent une planète quasi-morte dont les canaux (répertoriés par Percivel Lovell) n’assurent plus leur sécurité. Alors que notre globe, si bleu, à la température si douce…
      Mais ce forfait ne sera pas grâce au nain martien Kimdô et à sa femme Nommya qui avertissent les Terriens  si athlétiques et si beaux, les astrophysiciens Buck et Jerry en compagnie de leurs pneumatiques amies Juanita et Nicky. Empruntant une soucoupe volante supra-luminique laissée sur terre lors d’un précédent récit, ils rendent une petite visite à la planète Mars et ses habitants, libèrent Kimdô et son épouse puis s’en vont chercher des armes dans la nébuleuse d’Andromède (la galaxie Betlyor) chez les gentils Glamoriens eux-mêmes en lutte contre les abominables Taborok, géants vindicatifs et querelleurs.
      Appuyant l’ami Xung, le Betlyorien,  dans sa lutte contre Kamor le chef des Taborok, Buck et Jerry offriront les rayons démagnétiseurs de la soucoupe à la civilisation amie, ce qui permettra, petit 1 : de libérer deux princesses betlyoriennes qui épouseront in petto nos deux héros, petit 2: de supprimer la civilisation des Taborok (seulement quarante millions de mondes, excusez du peu !)
      Cette tâche accomplie, ils ont enfin le temps de songer à notre pauvre Terre déjà endeuillée par les premières vagues d’assaut des Martiens, pardon Krôniens. Volant à son secours, ils liquéfient les Martiens envahisseurs grâce à une arme ultime : le «liquéfacteur de Martiens»,  et libèrent la Terre qui pourra convoler en justes noces avec les Betlyoriens de la nébuleuse d’Andromède.
      Des combats titanesques, des vocables inouïs, des armes inédites, des milliards de parsecs franchis en une minute, du bruit, de la fureur, parsemés des notules « exact », «rigoureusement exact », « vrai », etc., bref, un véritable space-opéra comme on le concevait dans les années cinquante. Merci qui ?… Merci, monsieur Guieu. (Pourtant, quand on y songe, toute l’invasion de la terre tient en 20 petites pages sur 188)

    6. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Suzanne MARTEL Parution: 1963
      3000 ans après la « Grande Déflagration », la cité sous-terrienne de « Surréal »  (déformation de « Sous le Mont-Réal »), au Canada, reste prospère et stable.  En ce lieu utopique réussi, les Surréalais, descendants des survivants d’une guerre totale, ne manquent de rien mais leur existence est étroitement contingentée par le peu de place disponible:
      « Seuls ceux qui ont trouvé refuge dans les souterrains creusés à même le Mont-Royal ont été sauvés. Ces quelques centaines de privilégiés ont scellé les portes de plomb derrière eux et ils ont fondé la cité. Au-dessus d’eux mourait le monde civilisé, détruit par la bêtise des hommes et les guerres atomiques. »
      Trottoirs roulants, pilules nutritives, exercices physiques obligatoires et invocation au « Grand Moteur » qui les maintient en vie, forment leur quotidien :
      « … Une lumière rouge s’allume sur le mur, lui annonçant sans le surprendre que l’inspecteur-robot de l’hygiène ne le juge pas assez propre pour lui autoriser l’accès de la Demeure. Des traces de poussière et de boue ont alerté le mécanisme et déclenché le signal : « conseille une toilette immédiate ; »  S’il passait outre, le computeur électronique en prendrait note et, dès le lendemain, il recevrait par télétype un démérite du Conseil d’Hygiène. Plusieurs démérites entraînent une sanction du Grand Conseil et des sanctions répétés s’accumulent dans un dossier, pouvant disqualifier le coupable comme citoyen de première classe.»
      Les jeunes, toujours curieux de tout, dynamiteront sans le vouloir ce cadre de vie. Eric, Paul, Bernard et Luc, chacun selon son tempérament propre, écrira une nouvelle page d’histoire.
      Bernard, raisonnable et mature, courageux et estimé par les adultes, sera seul capable de ramper dans de dangereux tuyaux où reposent les câbles d’alimentation en énergie électrique de la cité pour détecter l’origine d’une perte énergétique inexplicable qui, à terme, mettrait en péril la société souterraine.  Bernard découvrira la cause du dysfonctionnement, un détournement du flux électrique, malversation opérée par de mystérieux petits hommes, qui, selon toute apparence, proviennent de la surface et seraient, peut-être, d’autres descendants des survivants du conflit de jadis. L’on n’en saura pas plus sur leur origine.
      Luc, aidé par Eric, jouit d’un privilège rare : il est télépathe sans le savoir, et très curieux. C’est pourquoi, en dépit de l’interdiction absolue de regagner la surface que l’on croit toujours dangereuse, il transgresse les lois de la cité, découvre la splendeur de la nature et…Agatha, une jeune fille de son âge, appartenant à une tribu de pasteurs établie dans un village appelée Laurana :
      « Luc ramasse son casque-lumière et le replace dans son tube de plastique. Puis il se met en route,  à petits pas prudents, arrêté à chaque seconde par une découverte nouvelle. Le chant d’un oiseau le ravit et son vol rapide encore plus. Le grand silence de la nature assaille ses oreilles après le ronronnement de son existence motorisée. Ses sandales foulent avec plaisir le sol spongieux et bruissant de la sapinière. Il touche l’écorce rugueuse et noircit son doigt à la gomme luisante. Comme Adam au Paradis Terrestre, Luc découvre le grand univers de Dieu. »
      Ebloui par Agatha, télépathe elle aussi, Luc vient en aide aux habitants contaminés par la variole, contre laquelle ils sont sans défense, en leur apportant les médicaments appropriés, prélevés sur le stock de Surréal, et les guérit en moins de deux grâce, notamment, à la fameuse onde Upsilon. Mais, surpris par la nuit et blessé dans une chute, il sollicite l’aide d’Eric pour réintégrer sa cellule familiale.
      Paul, enfin, féru de géologie et orateur hors pair, démontre aux Anciens que la vie est possible à l’extérieur et convainc les membres du grand Conseil d’entraîner les habitants de Surréal à la surface pour y rencontrer les Lauréanais.
      Un roman pour adolescents, d’une écriture aisée et rempli de préceptes moraux, qui a obtenu à l’époque le prix de l’ «ACELF » 1963, ce qui a sans doute justifié sa réimpression sous le titre de « Surréal 3000 ». Les jeunes héros, positifs et tout d’une pièce, provoquent une révolution tranquille pour le bien de l’humanité. Peu d’effets dans une intrigue, somme toute, banale.

    7. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Félicien CHAMPSAUR Parution: 1927
      Charles Bergheim en compagnie de son amie Alice Penthièvre s’endort lors d’un déplacement en train. Il rêve qu’une comète énorme frôle la Terre avec sa queue d’oxygène. Cet excès de gaz tue le monde entier, sauf lui et son perroquet, situés au centre du monstrueux tourbillon. Au contraire, l’excès d’oxygène le revigore et il se réjouit d’être le seul être humain vivant au monde et à Paris. Il en profite pour goûter aux plats les plus fins, aux vins les plus rares, pour contempler toute cette vie arrêtée en plein élan. Quant à son perroquet, il devient son unique confident. Le surplus de gaz a des effets inattendus :
      "La vie végétale était extraordinaire dans l’atmosphère surchauffée. La Seine coulait sous un enchevêtrement de lianes, sous une verdure exubérante et capricieuse. Les collines de Sèvres, de Meudon, les moulins de Montmartre, d’Orgemont, de Sannois étaient couverts d’un épanouissement de fougères arborescentes, de lycopodendrons, de prêles gigantesques. A Paris, des brins d’herbe, en s’accroissant, soulevaient les pavés et devenaient des arbres élancés et flexibles, avec un feuillage indéfiniment accidenté. Sur le boulevard des Italiens, autour de l’Opéra, la végétation ascendait vers les toits comme un flux de sève des forêts primitives. "
      Bergheim se déplacera en s’accrochant aux lianes, comme un singe tout en craignant que l’homme " allait finir comme les sauriens du lias, comme les mastodontes et les mégathériums de l’époque tertiaire. " Mais quel soulagement, ce n’était qu’un rêve!
      Dans cette brève fantaisie Champsaur s’empare du thème du dernier homme pour en faire un bijou d’humour et d’ironie.

    8. Type: livre Thème: savant fous et maîtres du monde, menaces animales Auteur: André COUVREUR Parution: 1910
      Jean Gérard, le narrateur et ami de coeur de Suzanne a beaucoup de chance d’être apprécié par le professeur Tornada,  un savant fou de la plus belle espèce:
      " C’était un petit bout d’homme simiesque, dont on ne remarquait d’abord que la barbe noire , si fournie qu’elle s’allongeait en deux tortillons très soignés jusqu’au niveau des jambes. Par contre, la tête était presque totalement chauve; et le crâne poli permettait de remarquer la conformation anormale de la tête qu’on eût dite pétrie à la diable, ondulée de bosses excessives qui devaient loger une intelligence particulière. Le reste de la physionomie, quand on la détaillait, n’atténuait en rien la surprise provoquée par ces premières impressions.
      Les oreilles surgissaient comme des appendices de loup, mobiles aux moindres sonorités. Les yeux très sombres, très petits et très mobiles, s’emplissaient d’éclairs par moments; et à d’autres, s’égaraient sous les paupières. Enfin de nombreux tics, plus singuliers les uns que les autres, secouaient à tout propos la tête, les bras et les jambes,  avouant des convulsions incessantes sous cet extérieur hoffmanesque. "
      Pour se venger de ses pairs de l’Institut des Sciences, Tornada élève une race de microbes, Microccochus aspirator, qui, pour le coup, deviennent gigantesques. Il les nomme " Macrobes " et s’en sert comme force d’invasion contre la bonne ville de Paris livrée à l’horreur et au socialisme. L’ordre s’effondrant, tous les instincts du populaire se libèrent:
      " -T’es un bourgeois, dis, pas vrai?... T’es pas d’la sociale... Moi , j’en suis... Mais quoi! On est tous des frères!... Faudrait qu’un chambardement qu’on soye tous égaux!... Hein? piges-tu, mon gros chéri, p’us d’patron!... p’us d’turbin!... l’égalité, pour tous!... et les pieds d’vant!... Hein? qué’qu’t’en dis?
      Ah! l’ignoble langage, qui m’eût peut-être fait pitié en d’autres circonstances, mais qui prit cette nuit-là, je ne sais quelle signification prophétique. Evidemment, si le cauchemar que j’avais vécu près de Mantes, pendant des minutes intenses, se réalisait jamais, si je ne rêvais pas, si je n’étais pas fou, toute l’ambition démocratique de mon ivrogne, ce grand nivellement social qui était la hantise des humbles, allait s’accomplir avant peu, par l’aboutissement normal d’une aventure biologique. "
      Jean est un privilégié. Ami des sommités scientifiques et militaires qui organisent la résistance contre les Macrobes, il a tout loisir d’examiner de près ces bestioles. D’abord, dans la forêt près de Mantes où il a failli devenir leur victime, puis à bord d’un dirigeable militaire:
      " Je saisis aussitôt son appareil et inspectai l’horizon à mon tour. En effet, du côté de Bezons, des masses confuses fondues au gris du sol, se tenaient arrêtés en arrière d’un pont nouvellement jeté sur la Seine, visible en cet endroit, d’un paysage dévasté. Le volume à cette distance était inappréciable; elle semblait cependant s’élever deux fois à la hauteur d’une maison qui restait seule debout. Leur forme était, toutes proportions gardées, d’un ovale très allongé, avec une extrémité qui semblait la tête, et une autre qui pouvait être prise pour la queue.
      Au niveau de la partie tête, un appendice naissait, d’une dimension au moins égale à la moitié de la longueur du corps; et cet appendice terminé, me semblait-il, par un évasement, s’agitait mollement en l’air, dressé comme une trompe paresseuse d’éléphant. "
      Les monstres semblent indestructibles, car, écrasant les habitations tout en aspirant leurs occupants,  ils envahissent Paris. C’est la panique, la cohue, la folie. Les gens s’écrasent, se tuent, se piétinent pour fuir le danger:
      " On ne peut se faire une idée de ce qu’était cette cohue. Ce n’était même pas une cohue car la cohue est extensible, la volonté permet de s’en échapper; c’était ici une condensation de tous les hommes, de toutes les femmes, de tous les enfants, amassés, comprimés, étouffés entre deux barrières infranchissables, les murs des maisons, et subissant des heurts, des remous, des tourbillonnements provoqués par les gestes exaspérés de ceux qui tentaient de se dilater. D’aussi loin que le soir tombant nous permettait de distinguer ce tableau de désordre, nous n’apercevions qu’un semis de têtes, la plupart sans chapeaux, une houle de bras levés, de cannes brandies, de gestes fous, que dominaient par places des enfants supportés par les épaules de leurs parents s’efforçant de les soustraire à l’écrasement.
      Le rez-de-chaussée opposait à cette anarchie l’implacable résistance de leurs devantures de fer baissées; mais dès l’entresol, et à tous les étages, les fenêtres bondées dégorgeaient, eût-on dit, la substance vivante des maisons remplies comme des fourmilières. La place de la Madeleine, l’église qui y dresse l’antique ordonnance de ses colonnes, les toits, les cheminées, tout était couvert du grouillement humain; il semblait que les êtres se montassent les uns sur les autres; des grappes faisaient ployer les arbres; et nous vîmes un balcon, succombant sous le poids, plonger dans la foule, y introduire le désastre et la mort. Quant aux hurlements, aux imprécations, aux blasphèmes qui accompagnaient cette furie, je n’ose pas les rapporter. "
      Jean a réussi à garder Suzanne auprès de lui. Ils s’enferment tous deux dans le métro tandis qu’au dessus d’eux les Macrobes montent la garde.  L’attente se prolonge et donne à l’auteur l’occasion de détailler quelques pittoresques échantillons d’humanité, parmi les plus représentatifs de la société de l’époque: l’Académicien, l’Homme de lettres, le "Journaleux ", etc. Bientôt, les denrées se font rares et les plus bas instincts se manifestent :
      " - Madame a faim?... Que madame me permette de lui offrir à déjeuner... En même temps, on nous jetait du gouffre un objet roulé dans du papier. Il y eut bataille autour de ce projectile. Mais, quand on l’eût dépouillé de son enveloppe, un cri d’horreur s’éleva. Ce qu’on nous envoyait, c’était une pauvre petite main d’enfant, portant encore à l’annulaire un modeste anneau d’or... "
      En désespoir de cause, Jean tente une sortie pour ramener des victuailles à Suzanne qui meurt de faim. Evitant la trompe éléphantine des Macrobes, il se dépêche de rentrer sous terre lorsqu’un nouveau danger surgit: les Macrobes se sont couchés dans le lit de la Seine, ont fait déborder le fleuve. L’abri est inondé. Il faut sortir à l’air libre sinon c’est la noyade.  Au-dehors, ils manquent d’abord de couler à pic, puis sont reconnus par Tornada qui, à bord d’un curieux vélocipède aquatique, les hisse sur son engin d’où ils pourront aisément prendre part à sa victoire.
      A la vue du désastre, Tornada a des remords. (Preuve qu’il n’est pas suffisamment fou!) Ne désirant se venger que des savants méprisants qui l’ont moqué, il envisage de mettre un terme à la catastrophe en tuant lui-même ses Macrobes. Pour cela, rien de plus facile: il suffit de leur injecter une solution acide (leur milieu d’origine étant basique). Les Macrobes meurent les uns après les autres et Tornada , s’étant approché de trop près, sera écrasé par l’un de ses monstres. Jean et Suzanne, sauvés de la noyade contempleront, heureux d’être en vie, la ville détruite.
      Un récit se lisant facilement et qui contient moult trouvailles ingénieuses, dont la meilleure est l’existence même des Macrobes. Se présentant comme l’ancêtre français des récits cataclysmiques qui mettent en scène des " grosses bêtes ", telles que Godzilla, le roman se veut aussi satire des moeurs savantes et contempteur de l’anarchisme populaire, idéologie que l’auteur, manifestement, ne partage pas.

    9. Type: livre Thème: menaces technologiques Auteur: Horace B. FYFE Parution: 1952
      Blakie, Vito le Trapu, Syd et Mike, disposent un énorme tronc en travers de la route pour arrêter la patrouille de robots qui passe immuablement par ce même chemin. Puis, ils se camouflent dans la végétation qui recouvre :
      « La puissance disparue de sa race… un immense amas de pierres brisées et de métal fondu. Des herbes et des mousses étranges envahissaient la zone, mais il s’écoulerait des siècles avant qu’elles puissent masquer les dévastations.
      Leurs tas disséminés au long de la route étaient mieux dissimulés, apparemment repoussés sans ordre derrière les accotements de gravier… Des monceaux pourrissants qui, selon la légende, avaient été des machines permettant de rouler sur la chaussée. »
      Tandis que ses congénères étaient occupés à dégager l’obstacle, le dernier robot de la file fut maîtrisé par une corde, abattu, entraîné dans les ruines, sa carcasse défoncée à coups de masse. Les femmes recueillirent religieusement l’huile qui coulait de son corps. Voilà qui permettra à la tribu de s’éclairer au moins deux mois sans interruption !
      Une nouvelle brossant un tableau sombre de notre futur avec une grande économie de moyens

    10. Type: livre Thème: le dernier homme, fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Auguste CREUZE DE LESSER Parution: 1832
      «A GRAINVILLE
      «Infortuné, qui, vaincu par l’adversité, succombas sans espoir et presque sans nom en laissant un ouvrage plein de génie, accepte l’hommage sincère de l’homme qui a essayé de compléter ce que le malheur ne t’avait pas permis de perfectionner ou d’achever. Il a cherché à monter dans tout son jour le diamant que tu as trouvé, l’œuvre que tu as crée. Il a pu ajouter quelques cordes à ta lyre, mais l’instrument était sublime, et son mérite, ici, s’il en a un, ne sera jamais que l’ombre du tien. » (Envoi ouvrant « le dernier Homme » par  Creuzé de Lesser)
      Creuzé de Lesser, polygraphe et poète, eut connaissance de l’œuvre de Cousin de Grainville. Stupéfié par sa radicale nouveauté, ému du sort injuste fait à son auteur, et désireux d’ajouter sa contribution au mouvement romantique, il entreprit l’écriture d’une épopée en suivant, au plus près possible, la trame du « Dernier Homme » de Grainville. Cette imitation versifiée du roman fut explicitement proclamée par de Lesser (voir l’envoi liminaire), contrairement à ce que firent plus tard et Elise Gagne, et Flammarion.
      Il ne s’agit donc en aucun cas d’un plagiat.
      De Lesser pensait notamment que les vers épiques resserreraient l’action. Il garda aussi les mêmes figures emblématiques que sont Dieu, la Mort, Adam, le Génie de la Terre, etc. en modifiant parfois leur distribution. Ce sont surtout les relations entre Sydérie et Omégare qu’il rendit plus étroites, pour les faire coïncider avec le « pathos » de l’amour romantique.
      Le poète se désespérait que l’œuvre de Grainville restât ignorée de son public malgré la réédition qu’en fit Charles Nodier, réédition elle aussi discrète et méconnue. Sachant que le Français « n’avait pas la tête épique », De Lesser aligna dans sa composition certaines nouveautés surtout après le Livre III, trouvant la fin du roman moins puissante que le début. Il y mentionna, et pour la première fois dans la littérature française, la théorie des arches stellaires :
      « Ormus, par le péril constamment agrandi,
      Ouvrit un vœu plus noble, un projet plus hardi :
      « le soleil nous trahit aussi bien que la terre ;
      Mais tout n’est pas perdu, dit-il, tant qu’on espère.
      Eh bien ! abandonnons, par un heureux conseil,
      Cette terre flétrie et ce pâle soleil.
      D’un univers vieilli quittons l’antique sphère,
      Et cherchons dans l’espace une nouvelle terre,
      Sous un soleil nouveau dont les feux triomphans
      Vont régénérer l’homme, heureux de ses enfans,
      Ces astres que la nuit nous montre sur nos têtes,
      Offrent à notre destin mille demeures prêtes.
      Car, éloignés en vain, par un art précieux,
      Nous les voyons de près, nous les touchons des yeux,
      Et pouvons reconnaître à toutes les distances
      Les Eden merveilleux de ces déserts immenses.
      D’innombrables esquifs, vaisseauxaériens,
      Du départ en tous lieux vous offrent les moyens,
      Et tout le genre humain, immense colonie,
      Peut s’élever bientôt , dans les cieux réunie.
      Je sais ainsi que vous que, d’un air trop subtil
      Il faut dans ce voyage affronter le péril ;
      Mais déjà Philantor, par son art admirable,
      A su rendre aux mortels le ciel moins redoutable.
      J’y joindrai mes efforts ; et, comme sur les mers
      On porte une eau salubre au sein des flots amers,
      Ainsi nous pourrions tous, par une heureuse audace,
      Munis d’un air vital, franchir un long espace
      Jusqu’au jour qui verrait le genre humain vainqueur
      Respirer librement sur un sol bienfaiteur.
      Naviguons dans les cieux vers ces terres fécondes,
      Venez, venez choisir dans le peuple des mondes.
      Vous voulez, en fuyant reculer vos revers :
      Bravez-les désormais, et changeons d’univers. »
      Il magnifia également par des tableaux puissants, les derniers instants de la terre, comme dans cette description de la destruction de notre lune :
      « A l’occident lointain, des jours l’astre brillant
      Disparaissait : soudain du lointain orient
      S’avance une clarté plus vive que l’aurore,
      Et qui croît par la nuit, et qui s’accroît encore.
      Un vaste feu, du ciel semble le vêtement ;
      La terre réfléchit l’éclat du firmament ;
      Tout paraît enflammé, même la froide plante ;
      Et tout homme paraît une flamme vivante.
      L’homme, à ce redoutable et pompeux appareil,
      Croit voir sur l’horizon naître un nouveau soleil,
      Ou croit voir, en ce feu dont la clarté l’inonde,
      La flamme universelle où périra le monde.
      La lune, en s’approchant des mortels malheureux,
      Seule causait ce trouble, hélas trop douloureux.
      Elle se lève enfin, et sanglante, et farouche,
      Présentant aux mortels une effroyable bouche…
      Ouverte, et d’où le feu jaillissait par torrens.
      Alors des animaux les cris sont déchirans ;
      Et leur prince lui-même, abjurant le courage,
      L’homme, contre la terre a caché son visage.
      Presque seul, Philantor ne trembla pas comme eux ,
      Et sur la lune encore osa lever les yeux.
      Lorsque d’un œil tranquille il l’a considérée,
      Il dit que d’un volcan la lune est décorée.
      Observant l’incendie, en observant la fin,
      Il annonce aux mortels le ciel rendu serein.
      « Regardez, leur dit-il ; mais, dans l’immense arène,
      De vos antiques nuits ne cherchez plus la reine.
      Cet astre a terminé le cours de ses travaux.
      Il a péri. Sa cendre est rendue au chaos,
      Et doit, un jour lointain que rien ne nous révèle,
      Former les élémens d’une terre nouvelle. »
      Voilà donc, entre autres, quelques- unes des raisons qui nous ont fait nous étendre aussi longuement sur cet auteur.
      Aujourd’hui, l’épopée de Creuzé de Lesser est inaccessible, oubliée, enterrée, comme l’est le roman qui lui a donné naissance. L’épopée n’est plus au goût du jour et il est vrai que le lecteur moderne ne peut se sentir à l’aise dans l’air stimulant des hauts sommets alors qu’il a pris l’habitude d’avaler la soupe épaisse de la médiocrité littéraire dont les médias, à longs traits, l’abreuvent constamment.
      Bref, les mauvaises habitudes ont la vie dure et, avec la mutation rapide de notre langue, le moment n’est plus très loin où nos contemporains,  non seulement ne comprendront plus ce qu’à voulu dire Creuzé de Lesser,  mais  n’arriveront même plus à en déchiffrer le poème.
      Dors en paix, ô Dernier Homme, dans le cimetière littéraire français !

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