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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Gudrun PAUSEWANG Parution: 1983
      La famille Bennewitz composée du jeune narrateur (13 ans), de sa soeur Judith (15 ans), de sa petite soeur Kersten (5ans), de papa et de maman, partent en vacances chez leurs grands-parents, à Schewenborn, un charmant village, proche de la forêt du Fleyenhang, non loin de la ville et de la rivière Fulda, proche de la frontière de la RDA. Ils n'arriveront jamais à destination comme ils l'ont imaginé. Une bombe nucléaire explose sur  Fulda et sa région et leur univers bascule immédiatement dans l'indicible. Après le flash lumineux, auquel ils échappent, la tempête soudaine les bascule dans le fossé comme les arbres autour d'eux. Choqués, ils reprennent leur route à pieds jusqu'à Schewenborn,  dont la majorité des maisons brûle. Les grands-parents qui avaient fait un saut un Fulda ce jour-là, ne reviendront plus. La famille s'installe donc dans leur maison encore intacte, quoique branlante, et regardent avec horreur les gens brûlés qui titubent dans les rues:
      "Je suis montée sur une colline qui domine Fulda. il n'y avait plus qu'un vaste espace noir, ondulé. Plus un arbre, plus une maison, seulement de place en place comme des traces de socles en béton, brisés. (...) J'ai rencontré des gens de Kämmerzell. Ils étaient dans un état effroyable: brûlés, mutilés, aveugles. Ils descendent la vallée de la Fulda. Ils cherchent des médecins et des endroits où ils pourraient faire panser leurs plaies, se procurer de la nourriture et des abris. Ils se traînent le long des rives de la Fulda, car les villages de la vallée, mais aussi les forêts, brûlent. les routes sont barrées par des arbres renversés, par des lampadaires; elles sont rendues impraticables par des amas de décombres (...) Beaucoup d'entre eux étaient nus. "Ca" leur a brûlé les habits directement sur le corps. Les prairies, sur les rives de la Fulda, sont couvertes de cadavres: dans les buissons qui bordent la rivière, dans les roseaux, sur les prés,  des cadavres sans peau, des cadavres calcinés. Et sur les prés, partout, des cadavres de vaches."
      Attendant des secours qui jamais n'arriveront, ils s'organisent. Alors que le père calfeutre la maison et la consolide, attentif aux retombées radioactives, la mère, obsédée, n'a qu'un unique désir, celui de renter chez elle à Bonames, un quartier de Francfort, bien que tout semble avoir été soufflé, là aussi. Il faut qu'ils survivent pourtant, de n'importe quelle façon. A côté des morts, des disparus, des pilleurs désespérés et en provenance du voisinage, avec une hygiène douteuse et des vivres en baisse, le jeune narrateur visite l'hôpital du village, devenu une succursale de l'enfer:
      "Je franchis la porte d'entrée. Ce que je vis était horrible et pourtant je ne pus détourner les yeux. je vis une femme au visage brûlé et complètement enflé; ses cheveux étaient grillés; une de ses oreilles n'était plus qu'un minuscule bout de chair rouge.(...) A côté de cette victime, il y avait une fille, à peu près de l'âge de Judith. Elle avait déjà un peu de poitrine. Elle n'avait plus sur elle, que son jean, rien d'autre; et il était brûlé et troué en plusieurs endroits. Ses jambes étaient écorchées, le pantalon collait à cette chair à vif. A un endroit, on apercevait l'os."
      Là, débordés, l'unique médecin et quelques infirmières improvisées, essaient de soulager une population condamnée qui présente tous les signes de l'empoisonnement radioactif: vomissements, brûlures profondes, anémie, taches corporelles... II les aidera en apportant de l'eau aux malades et en participant aux enfouissements des cadavres. La mort a déjà pris une dimension coutumière. Avec l'hiver qui s'approche, il est impératif de faire des provisions de bois et de nourriture, malgré les pillards de plus en plus nombreux. Le père et le fils marchent du matin au soir, rapportant surtout des sacs de charbon encore disponibles sur un ancien site industriel.
      A l'hôpital, le narrateur a rencontré deux enfants, Silke et Jens, son jeune fère. Il les adopte, ce qui permet à sa mère de trouver un dérivatif à la misère ambiante. Hélas! la jeune Silke meurt très vite et Jens restera au sein de la famille. Mais voilà que Judith tombe malade à son tour. Ses cheveux s'arrachent par poignées, elle se sait condamnée:
      "Le soir où ma mère se leva pour la première fois, Judith, elle, se coucha. Elle avait une forte fièvre. Son blue-jean tenait à peine à ses hanches. Elle ne voulut plus rien manger, seulement boire. Mais, de jour en jour,elle eut de plus en plus de mal à avaler. Une fois, le foulard glissa de sa tête: en la voyant ainsi, je poussai un cri: elle n'avait plus un seul cheveu (...) Son corps changea de teinte, se couvrit de taches; puis elle mourut, sans bruit, sans une plainte. Elle s'en alla, tout simplement."
      Deux semaines après la Bombe apparaissent les premiers signes d'une épidémie de typhus:
      "Ceux qui étaient restés en ville n'osaient plus sortir de chez eux, par peur de la contagion. Chaque poignée de porte, chaque balustrade pouvait porter des germes. Toute personne que l'on rencontrait pouvait représenter un terrible danger. Pendant des jours, la ville fut comme morte, bien qu'il y eût alors deux fois plus de monde qu'avant l'explosion"
      La contagion fait le vide autour d'eux. Ne pouvant s'en préserver totalement, ils évitent au moins de se contaminer, en buvant l'eau chlorée de la piscine. Mais la famine se fait sentir davantage et hormis quelques pommes grappillées sur les arbres voisins, le butin est bien maigre:
      "Les fermes s'étaient effondrées ou avaient brûlé. Les granges et la hangars avaient été comme soufflés. Et partout, encore, régnait une odeur de cendres. On ne voyait pratiquement personne. Les survivants qui n'étaient pas partis s'étaient installés dans les ruines. Les prés étaient jonchés de cadavres d'animaux, dont certains n'étaient déjà plus que des squelettes; aucun corbeau dans le ciel, pourtant. Sur les flancs des collines alors boisées, l'onde de choc avait brisé les pins comme des allumettes. un peu partout, des arbres s'étaient abattus sur les routes et celles-ci n'avaient pas encore été dégagées."
      Le narrateur est frappé à son tour par la maladie mais résiste en recouvrant la santé alors que sa petite soeur Kersten en meurt. Sa mère, à moitié folle, se rabat sur Jens. Les gens changent profondément. Chacun préoccupé par sa propre survie ferme sa porte aux autres. Le père et le fils, sillonnant toute la région pour trouver à manger font l'expérience de l'égoïsme et s'aperçoivent que les réalités politiques, tellement importantes jadis, ne sont plus que du vent. A plusieurs reprises, il leur arrive de franchir sans le savoir la ligne de démarcation séparant la RDA de l'Allemagne de l'Ouest. Or, les conditions sont identiques d'un côté comme de l'autre et aucun militaire ne leur en interdit plus le passage.
      Avec l'hiver qui approche, les vols se font de plus en plus nombreux. Bien que la saison ne soit pas trop rigoureuse, les gens, affaiblis, tombent comme des mouches, laissant des enfants orphelins, marqués, mendiants, qui survivent comme ils le peuvent, en chapardant de ci de là. L'assassinat d'une adolescente meneuse par un "nanti" déclenche l'hostilité générale contre les adultes. Des inscriptions telles que "Salauds de parents" fleurissent sur les murs:
      "Fumiers! lui cria le garçon qui n'avait plus de jambes. C'est à cause de vous que la bombe est tombée! Vous vous en fichiez de ce qui risquait d'arriver à vos enfants. La seule chose qui vous intéressait, c'était votre petit confort. Maintenant, ça y est, hein! vous êtes contents? Mais nous, nous payons les pots cassés. J'espère que vous allez tous crever!"
      Andréas, un jeune mutilé, affamé, désespéré demande au narrateur de l'aider à se suicider. Celui-ci accepte et enterre son corps dans une ravine, la terre gelée lui interdisant de creuser. En janvier, la famine est telle que les gens perdent la raison. La mère, qui se découvre enceinte, veut absolument rentrer à Francfort. Elle entraîne son mari, Jens et son jeune fils dans l'aventure:
      "Mon père avait attaché les deux valises et nos sacs de couchage sur la remorque de la bicyclette et, sur le porte-bagages, il avait fixé un sac de voyage plein à craquer. Nous portâmes, lui et moi, des sacs à dos remplis de pommes de terre, de pommes, de champignons, de carottes et de navets. Je poussai le vélo; lui, la voiture d'enfant dans laquelle Jens était assis. Celui-ci ne tarda pas à geindre, car on avait posé, en plus, en travers de ses jambes, une petite valise emplie de layettes."
      Lorsqu'elle aura constaté de ses propres yeux que Bonames n'est plus que cendres, le retour vers Schewenborn constituera un calvaire pour toute la famille. La neige freine chaque pas, les poux et les puces les assaillent dans les  étables, Jens, pris de fièvre, meurt brutalement durant le trajet. De retour au village, ils seront jetés hors de leur maison, occupée maintenant par une voisine, Mme Kammer, et des inconnus. La mère accouchera difficilement, au milieu des ordures, dans une des caves du château, démunie de tout. Elle donnera naissance à une petite fille mal formée que le père sera obligé d'euthanasier:
      "Je restai pétrifié. je ne pus même pas crier. Je demeurai paralysé. Ma petite soeur Jessica-Marthe n'avait pas d'yeux. Là où ils auraient dû être, il n'y avait que de la peau, simplement de la peau. Il y avait seulement un nez et une bouche qui explorait ma poitrine en cherchant à téter. L'horreur me glaça, au point que je ne pus même pas remettre le coussin correctement, quand le bébé se dénuda en gigotant. Elle était couchée là, contre moi, nue et couverte de sang; je vis alors qu'elle n'avait que deux moignons à la place des bras."
      La mère, folle de douleur, meurt à son tour. Seuls, traversant la tourmente, subsistent le père et son fils.
      Quatre ans après l'événement, ils ont récupéré leur maison, car les gens continuent de mourir peu à peu. La vie sociale a régressé vers un curieux moyen âge. L'argent n'a plus cours. Seul le troc permet des échanges laborieux. Le froid, la faim, la multiplication des insectes, la dénutrition font que les survivants s'accommodent d'un état de pauvreté insigne, semblable à celui d'un pays du Tiers Monde:
      "La plupart des Schewenbornois qui avaient survécu au jour de la bombe, décédèrent au cours des deux premiers hivers qui suivirent la catastrophe. C'est surtout le deuxième qui fit le plus grand nombre de victimes. Ce fut une saison particulièrement éprouvante. Les gens moururent de froid et de faim. Celui qui, en été, n'avait pas amassé assez de bois dans les forêts, celui qui ne possédait plus assez de vêtements chauds, celui qui tombait malade et n'avait personne pour surveiller nuit et jour son feu, celui-là mourait de froid. Celui qui n'avait pas constitué des réserves de nourriture mourait de faim (...) La nature, le paysage, ne se couvrit pas d'un manteau vert, mais d'une végétation chétive, d'un jaune sulfureux. le sapins perdirent leurs aiguilles; de nombreux arbres n'eurent pas de feuilles. Seules les mauvaises herbes les plus tenaces résistèrent."
      Fidèles à leurs valeurs, le père et le fils ont ouvert une école pour combattre l'analphabétisme mais sans illusion: tous les jours les rangs des enfants se creusent et les rats, qui se développent, les empêchent de travailler:
      "Il n'y a que les rats qui nous posent vraiment des problèmes. Il y en a des milliers dans le château. Ils courent entre les jambes des élèves. A Schewenborn, tout le monde se plaint de cette invasion; il est vrai qu'il n'y a plus de chats. Dans les rues, on les voit courir dans tous les sens. Il y en a de plus en plus et ils sont de plus en plus gras, de moins en moins craintifs. Ils ont même survécu à la famine du deuxième hiver, quand les Schewenbornois se mirent à en manger pour survivre. C'est dans ces conditions qu'il faut essayer de faire la classe: les enfants lèvent sans cesse les jambes, de peur d'être mordus,  depuis qu'une petite fille de sept ans  l'a été à un orteil."
      De plus en plus, ils surprennent les regards de haine que leur lancent les enfants qui les rendent responsables de leur misère, les derniers enfants de Schewenborn.
      Gudrun Pausewang a signé un récit sans concessions. Excluant délibérément les causes de la guerre, les implications géopolitiques de la Bombe, elle s'est exclusivement concentrée sur les effets individuels et sociaux de la guerre nucléaire, accentuant l'horreur en prenant comme personnages principaux de son récit des enfants. L'inscrivant dans un réalisme effrayant, elle espère, à travers une pédagogie de la douleur, éduquer  son jeune public à la détestation de la guerre et le gagner au sentiment écologique. Le réalisme dans la description , qui n'est pourtant que la stricte application des conséquences du mal radioactif, n'a pas plu à tout le monde. Ainsi a-t-elle été prise à partie par des responsables politiques qui n'aiment pas que l'on connaisse l'évidence, comme l'a été , en sont temps le film de Peter Watkins, "la Bombe", censuré en France pour les mêmes raisons. "Les derniers enfants de Schewenborn" est donc encore, à ce jour, un récit conjectural dont la lecture est hautement recommandée pour qui désire connaître les désastreuses conséquences d'un mauvais usage de l'atome.

    2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, menaces telluriques Auteur: Fritz LEIBER Parution: 1952
      La polyfamille  des Wolver, Céleste et Théodore, Rosalind et Frieda, Edmund et Madge ainsi que leur fille commune Dotty, s’inquiètent, en cette société future, de faits qui semblent corroborer le texte du Dr. Kometsvsky : " la Danse des planètes ".
      La disparition des satellites de Mars, suivie de peu par ceux de Jupiter, ainsi que les inductions psy de Dotty, accréditent l’idée selon laquelle le noyau ferrique de la Terre constituerait l’enveloppe externe d’un gigantesque vaisseau spatial. La Terre elle-même, sa lithosphère, sa biosphère et par conséquent les terriens, serviraient de camouflage à des extraterrestres cachés au sein de notre planète.
      Aujourd’hui, poursuivis par leurs ennemis de toujours qui ont éventé leur ruse, ils envisagent de repartir dans l’espace avec leur vaisseau vouant du coup notre planète et ses habitants à une totale destruction. C’est du moins ce que les Wolver apprennent de la bouche de Dotty dont les qualités perceptives lui permettent de communiquer avec les "intraterrestres ". Tout est-il donc perdu et le monde destiné à l’annihilation totale ? Oh ! que non, puisque les méchants, lassés sans doute de leur rôle, se sont décidés à devenir des gentils. L’humanité est sauvée.
      Une nouvelle formellement réussie mais au concept de base forcé.

    3. Type: livre Thème: l’entropie progresse…, la nouvelle glaciation Auteur: Eugène POUYDEBAT Parution: 1947
      «Les Oulahmrs fuyaient dans la nuit noire..», pardon, ce n’est pas «la Guerre du feu», mais ça y ressemble à s’y méprendre.
      Sauf que là, le monde court à sa fin. Le soleil se refroidit. Une vague glaciaire intense descend des pôles semant la mort et la destruction. D’innombrables générations d’hommes ont essayé d’enrayer le processus. Rien n’y a fait, ni l’idée de s’enterrer pour profiter de la chaleur du sol, ni les repliements sur des zones plus chaudes.
      Peu à peu les nations se sont effondrées, les communications interrompues, le village planétaire s’est réduit à une communauté de tribus néo-féodales. Encore plus en avant dans l’involution, ne subsistent que des tribus affamées et hagardes chassées par le froid vers un mythique équateur :
      " Réduits à quelques milliers de tribus à peine, séparés les uns des autres par des distances considérables, dispersés sur l’immensité de la terre, sans ressources, sans aucun moyen d’action sur la matière, dépossédés de leur antique puissance, traqués par des froids mortels, les derniers fils des hommes, semblables aux nomades des premiers âges, erraient misérables, à travers les savanes glacées, luttant sans trêve contre l’effondrement de leur race. "
      Leur chef Koundour, Ounrouch le géant, et Khem l’avisé, sont les trois meneurs de l’une de ces tribus. Fuyant dans la grande plaine blanche, poursuivant un gibier rare, ils vont sans espoir. Ayant perdu la mémoire de leur grandeur passée, il n’existe en eux que le seul désir de survivre, de se protéger du froid:
      " Leur intelligence sombrait au milieu de la tourmente qui les assaillait de toutes parts... Perdus à la surface des immensités terrestres, rejetés brutalement par leur destin vers cette glèbe d’où ils étaient issus et dont ils avaient réussi à s’affranchir depuis des millénaires, ils étaient retombés aux jours sombres de la préhistoire... Dominés par les éléments qu’ils avaient vaincus autrefois, esclaves du froid, de la faim et des maladies, ils reprenaient le masque farouche des ancêtres quaternaires, à peine différents de la brute. "
      Même le désir sexuel est annihilé. Le vieux Ghoûn conserve jalousement les silex du feu, qui est leur seule chance de survie . S’engageant le long des méandres glacés d’un grand fleuve, ils trouvent un refuge provisoire sous terre, dans une ancienne cité mécanisée, mais le froid les en chasse. Ils arrivent enfin en des terres plus hospitalières, où l’eau est liquide, la température douce, le gibier abondant. Ils s’y établissent. Avec la diminution de la pression vitale, le groupe commence à se déliter, des ambitions se font jour:
      " Une haine subite s’était levée dans le coeur des deux frères contre Koundour, chef de la horde, à cause de sa force et de son autorité, et qui, le cas échéant, se dresserait pour défendre sa fille; contre Khem, dont ils redoutaient la puissance mystérieuse, surtout depuis qu’il possédait Zyl; contre Ounrouch le colosse, le compagnon préféré d’Amra, fille de Hor. Peu à peu, l’idée d’un massacre se précisa dans leur esprit borné, lent à comprendre, incapable de réagir contre des instincts de brutalité millénaires. "
      L’ennemi par excellence, l’étranger, les ressoude dans une même haine. D’affreux petits bonhommes de type asiate, sanguinaires et violents, envahissent leur vallée, désireux de s’approprier les nouveaux terrains de chasse des nomades blancs:
      "C’étaient des hommes de race asiatique, trapus, à la peau jaune et aux jambes courtes. Leurs petits yeux mobiles enfoncés sous le front, leur visage plat aux pommettes saillantes et aux fortes mâchoires, leurs longs cheveux épais et huileux, leur donnaient un aspect repoussant. (...) Mais leur haine à l’égard des nomades blancs était telle qu’ils se seraient jetés sur eux sans motif, avec la même fureur, obéissant aveuglément à des sentiments d’atavisme sanguinaire qui avaient provoqué durant des siècles des massacres incessants entre les peuples d’Orient et d’Occident.  D’une férocité inouïe, ils ne reculaient jamais devant un ennemi, n’épargnaient aucun blessé et mutilaient atrocement même les cadavres de ceux qu’ils avaient abattus. "
      La tribu de Khem sort vainqueur de l’affrontement, non sans que Koundour, le chef, ait péri et que Ounrouch agonise.
      Khem reprend le commandement de la tribu, aux individus de moins en moins nombreux. Cela n’empêchera pas les jaloux et envieux de convoiter sa place, car même au bord de la tombe la nature de l’homme ne s’est pas modifiée. Khem méprise ses adversaires mais sent qu’il lui faudra partir avec ses amis s’il souhaite rester en vie, car il se fait vieux.
      Un grand froid progresse dans la vallée. Seul Khem se rend compte qu’il s’agit d’une situation définitive. Une nuit, à l’insu de ses opposants, il rassemble sa petite troupe et reprend sa trajectoire vers le sud, vers d’autres terres chaudes, abandonnant les autres, au froid, à la peur, à la nuit. Une progression chaotique les emmène dans un paysage tourmenté au bord du plateau continental atlantique, ravin prodigieux disparaissant dans le lointain en  vallées déchiquetées:
      " Khem avait, sans s’en douter, modifié légèrement et insensiblement l’orientation de sa marche à travers l’immensité des solitudes. Après avoir dépassé l’équateur, il était parvenu aux confins sud-ouest de l’Afrique australe, atteignant bientôt les anciennes côtes de l’Atlantique, dont les eaux avaient baissé considérablement depuis des siècles et s’étaient résorbées définitivement en un chaos colossal de glaces éternelles. De gigantesques vallées marines étaient apparues à plusieurs kilomètres au - dessous du niveau des vieux continents, abysses insondables des mers préhistoriques, devant lesquels les nomades venaient de reculer avec terreur. "
      Khem sent que la fin de tout est proche. Plusieurs de ses amis meurent de froid. Une nuit, il perçoit dans le noir les pas furtifs  de trois de ses adversaires, les seuls survivants du groupe délaissé, qui ont réussi à le retrouver. Il sait que nulle échappatoire n’est  possible et que la lutte à mort doit fatalement se déclencher. Une bataille se déroule,  brève, incisive, atroce, où les seuls survivants de l’espèce humaine s’entretuent, leurs cadavres se recouvrant progressivement de la neige dans un monde déjà mort:
      " Alors il se mit à ramper vers Khem, déjà raidi par la mort, lui cracha au visage en râlant et, du bout de sa pique, poignarda le cadavre. Puis, comme il levait le bras une deuxième fois, la mort le saisit brusquement et ses deux mains retombèrent inertes, dans ce dernier geste de haine, symbole abominable de l’histoire de toute sa race... La neige continuait de tomber en masses pesantes pétrifiées par la gel, et recouvrait peu à peu d’un véritable linceul de marbre blanc le tombeau des derniers fils des hommes. "
      Une oeuvre d’un pessimisme absolu où la mort de la terre répond en écho à la mort de l’espèce humaine. Une espèce haïssable, qui manifestement n’avait aucun droit à la pérennité, tant sa stupidité, son agressivité, son intransigeance ont précipité la catastrophe.
      L’ensemble du récit baigne dans une atmosphère sombre, farouche où les hommes sans pitié sont plus proches de l’animal que de l’humain. Aucune lueur d’espoir, aucun sentiment positif, aucune action désintéressée ne soulève ce couvercle de plomb: tout geste y est dicté par la seule nécessité de la survie individuelle. Se démarquant à peine du roman de Charles de l’Andelyn " les Derniers jours de la terre ", le roman de Poueydebat se situe dans la voie la plus noire du roman-catastrophe. Une dernière question reste en suspens : un récit relaté par quel témoin et pour qui?

    4. Type: livre Thème: pollution généralisée, menaces idéologiques Auteur: Jacques STOLL Parution: 1979
      Conte écologique moderne, l’auteur nous présente sans fioritures l’édifiante histoire d’une ville au bord du Rhin envahie par une pourriture blanche d’origine industrielle.
      Les comités de défense, les associations, les médias qui essayèrent d’en connaître un peu plus long au sujet de cette mystérieuse poussière furent tous muselés. La poussière s’accumulait au fil des jours, se déposant dans les habitations, sur les meubles et les objets sans qu’un danger autre ait pu être détecté, ce qui confortait les autorités sur l’innocuité de l’événement.
      Pourtant, lorsque des riverains inquiets voulurent quitter la zone, ils virent avec stupéfaction que leur quartier avait été bouclé par la police avec l’assentiment de la municipalité. La préfecture maintint cette disposition de sécurité, détournant l’attention des gens sur d’autres points, tels que le chômage ou la croissance économique en baisse.
      Le quartier, soumis à ce blocus changea d’aspect, devint misérable et les manifestations qui suivirent, furent réprimées à la matraque. Les habitants survivant  grâce aux rations alimentaires généreusement distribuées par les autorités,  devinrent de plus en plus passifs jusqu’au jour où l’on découvrit  les restes de deux époux, «des formes blanchâtres, côte à côte, sur le lit conjugal. »
      Une relation, pas si fictive que cela, d’une menace écologique majeure minimisée, puis étouffée par les autorités. Souvenons-nous que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière allemande et franco-suissse…

    5. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Jean FERRAT Parution: 1962
      Le poète, amoureux de la montagne, ne peut que s’émouvoir en face du sort réservé à la Terre :
      « Que restera-t-il sur la terre
      Dans cinquante ans
      On empoisonne les rivières
      Les océans ».
      La pollution par le pétrole, la menace atomique, la disparition des espèces animales, y compris les oiseaux : («Pour les enfants d’un temps nouveau, restera-t-il un chant d’oiseau »), l’amènent à faire appel à la jeunesse qui doit «crier plus fort pour que se réveille le monde ».
      L’attention est touchante mais la mélodie  molle et les paroles convenues manquent à leur but, faisant pâle figure auprès des chansons de ses débuts tels que « Potemkine » ou « Je ne chante pas pour passer le temps. »


    6. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Docteur Eusèbe MAGNUS Parution: 1875
      Cet ouvrage est mentionné uniquement pour son titre et sa rareté. Les seuls éléments en rapport avec notre thème sont représentés par des glaces polaires descendues jusqu’à l’équateur sur une terre à son déclin, appelée Hyranie. Pour le reste, l’ensemble du récit représente une charge féroce des mœurs politiques corrompus d’Hyranie – en fait ceux de la Troisième République -  et qui n’ont rien perdu de leur force de contestation encore aujourd’hui.

    7. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Anne SYLVESTRE Parution: 1965
      Chanson d’amour à la première personne «le jour où ça craquera» montre l’intensité du sentiment amoureux supposé durer jusqu’à la fin du monde et au-delà. Pudiquement métaphorisé dans l’expression « ça craquera », le thème de la guerre finale se décline en leitmotiv, repris et scandé par le refrain obsédant:
      « Quand à force de n’y pas croire
      Notre monde explosera ».
      Le malheur qui s’abattra sur l’humanité accumule les images de la mort :
      « Notre monde explosera…
      Quand se fera la nuit noire »
      Les causes de la catastrophe, quant à elles, restent inconnues, ce qui imprègne d’absurdité le conflit :
      « Comme ça n’est pas mon affaire
      De mourir en sachant pourquoi»
      (…)
      « Au diable ses lois trop grandes

    8. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Lieutenant-Colonel Emile MAYER Parution: 1919
      A La Haye, les états européens à l’instigation de la Russie, décidèrent d’une paix commune et prolongée entre eux. Les difficultés demeuraient nombreuses, dues surtout à l’arrogance de l’Allemagne, plus impérialiste et militariste que jamais. Les négociations semblaient donc prêtes à échouer lorsque se produisit un coup de théâtre. Le professeur Zorn, délégué allemand intransigeant, fut remplacé par le Dr. Friede, selon la volonté même du roi de Prusse.  Tout en rondeurs et aménités, le Dr. Friede se déclara en tous points d’accord avec le protocole, l’Allemagne étant prête désormais à jouer le jeu de la transparence et de l’harmonie, à condition, toutefois, que l’on ne touchât pas à sa marine de guerre, seule force légitime  qui devrait servir à défendre sa nation si celle-ci se trouvait d’aventure menacée.
      D’abord incrédules, les autres pays européens mirent du temps à admettre la sincérité de l’Allemagne. Enfin convaincus – sauf la France qui limita difficilement son armement-, ils virent avec étonnement l’ère de paix qui s’ouvrait devant eux :
      « Par contre, c’était surtout des Allemands qui inspectaient nos manufactures d’armes, nos fonderies de canons, nos ateliers de précision, nos cartoucheries, et les établissements du Creusot, du Havre, de Fourchambault- Commentry. Ils ne pouvaient pas ne pas constater qu’il en sortait des engins de guerre en quantité considérable, dont certains, à la vérité, étaient déclarés rebutés pour malfaçon, mais sans que la malfaçon rédhibitoire apparût en toute évidence. Au surplus, ils auraient été en droit d’exiger la destruction des exemplaires marqués du signe de rebut. »
      L’Allemagne, avec douceur, rendit l’Alsace-Lorraine à la France. Cette détente fit que de nombreux Allemands purent s’installer dans les pays riverains pour y faire du commerce, y vivre ou établir des industries de paix : machines agricoles, voitures de caractère, mais ni armes ou autres engins militaires. L’industrie allemande déploya des trésors d’ingéniosité et d’invention pour découvrir ou mettre au point de nouveaux produits chimiques destinés à l’amélioration du rendement agricole. Le tourisme allemand prospéra et de nombreuses colonies teutonnes et pacifiques se fondèrent en terre de France :
      « Le développement de l’Allemagne pacifique dépasse toutes nos prévisions. Les préventions qui flottaient autour de nous se dissipent. Nous nous sentons vivre dans une atmosphère de sympathie où nous respirons à l’aise. Ce nous est un grand soulagement. On nous accueille partout ; on nous aide, au lieu de nous rester hostile ; on nous sourit, au lieu de nous bouder. Et nous travaillons au milieu d’une allégresse que nous n’avons jamais connue. »
      La vigilance militaire française ne put prendre en défaut son voisin : l’Allemagne respectait scrupuleusement les décrets de La Haye. L’harmonie fut telle qu’au mois d’août 1914, le Kaiser fit part de sa décision de visiter Paris :
      « La saison, certes, n’est pas très favorable aux grandes cérémonies : les vacances vident Paris de ses habitants, et elles y ramènent des étrangers. Peut-être, après tout, était-ce justement ce qui avait motivé la détermination prise par l’Empereur. Qu’elle qu’en fut la cause, d’ailleurs, cette détermination provoqua une émotion extrême non seulement en France, non seulement en Europe, mais même dans le Nouveau-Monde. On câbla de New York et de San-Francisco pour le jour de l’arrivée du souverain.
      De leur côté, les Allemands redoutèrent sans doute qu’il arrivât malheur à celui-ci, car ils affluèrent en France, et se ruèrent sur les hôtels.  Depuis l’Exposition du Centenaire, Paris n’avait pas été aussi surpeuplé. Jamais autant d’automobiles n’y étaient venues, de toutes les directions : du Nord, en particulier. L’occasion, en effet, était tentante de visiter la Hollande et la Belgique en se rendant chez nous. »
      Bien que de nombreux Français fussent en vacances à ce moment-là, rien ne s’opposait à cette visite. Le lendemain de sa venue, rien ne fut plus comme avant. L’armée française se trouva paralysée en ses casernes, endormie par des gaz soporifiques, alias « produits chimiques agricoles » répandus judicieusement par une cinquième colonne germanique motivée. Elle se réveilla prisonnière et sans armes, à quelques exceptions près.
      Une lettre du Chancelier de l’Empire expliqua les faits, notamment qu’en une nuit, grâce à l’infiltration « pacifique» allemande en Europe et la transformation instantanée de tous les engins agricoles en engins militaires, du Danemark jusqu’à Paris, à l’heure dite, les « touristes » allemands, disposés suivant un plan rigoureux, s’étaient emparés de toutes les armes, neutralisant tous les régiments, et assignant les quelques unités résistantes en cours de justice à La Haye pour entrave à la paix et usage d’armements militaires !
      Elle expliqua qu’il était tout naturel pour l’Allemagne d’avoir à procéder de la sorte, étant donnée son exigence «d’expansion vitale» et «territoriale», celles-ci ayant toujours été une nécessité absolue, ce qui justifiait la ruse dont elle avait fait preuve et que devaient comprendre les Etats voisins. Enfin, tous les chefs d’états des pays soumis récemment seront convoqués à l’investiture à Paris de Sa Majesté qui a décidé de prendre le titre «d’Empereur d’Occident » :
      « Quoi qu’il en soit, la situation qui nous est faite nous crée des obligations nouvelles. Sa Majesté a décidé de prendre le titre d’Empereur d’Occident. Elle avait songé à se donner l’investiture à Aix-la-Chapelle, mais il a été décidé finalement que la cérémonie aurait lieu dans la Galerie des Glaces de Versailles, le 15 août, date anniversaire de la naissance de l’Empereur Napoléon. Vous comprendrez sans peine les motifs qui ont déterminé le choix de ce jour et de ce lieu. Vous remettrez au chef de l’Etat auprès duquel vous êtes accrédité la lettre autographe qui le convoque pour la solennité. »
      Une nouvelle féroce et ironique mettant à jour la duplicité prussienne, la noirceur de ses objectifs, son mépris du droit des peuples. Un brûlot à verser au gigantesque dossier des guerres conjecturales.

    9. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Alain DURET Parution: 1982
      Une famille mesquine, xénophobe, stupide, égoïste.  Le père, Edmond Pagliau, prévoit tout, y compris la guerre nucléaire. Il s’est fait construire un abri antiatomique dans son jardin. La mère est une femme qui obéit. Le fils, un fort en thème qui "bûche" ses maths pour réussir les concours d’entrée aux grandes écoles, " car les maths seront toujours utiles ". Or, pour Edmond, c’est le grand jour: les nouvelles internationales ne sont pas bonnes. Il prévoit la conflagration, entraîne sa famille - et avec beaucoup de réticences, sa nièce, car il hait les femmes - dans son abri.
      Coupés du monde, ils en ressortent prudemment après une semaine, le père supposant le danger passé. Autour d’eux c’est toujours le même décor. Nos gens, ravis et seuls survivants, pensent se servir abondamment de ce qui a été délaissé.  Les habitudes alimentaires habituelles se remettent en place mais de gros boutons noirs apparaissent sur la peau du fils: la guerre atomique s’était doublée d’une guerre bactériologique!
      Une nouvelle qui vaut  par le décalage d’ une vision de fin du monde à la prud’homme.

    10. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: F.RICHARD-BESSIERE Parution: 1962
      Sol 3, c’est  la Terre. Elle n’a plus que peu de temps à vivre; c’est ce que nous scande jusqu’à la nausée la petite phrase qui ouvre quasiment chaque chapitre en un procédé qui se veut stylistique  : "D’un instant à l’autre... d’un instant à l’autre...".
      Que se passera-t-il "d’un instant à l’autre " ? La Terre volera en éclats. Par augmentation inexpliquée de la pression interne, elle se fend un peu de partout.  En ce XXIème siècle, l’humanité sait construire des fusées, et les survivants (car il n’y aura pas de place pour tout le monde) partent  pour Vénus. Sauf nos héros, qui sont au nombre de sept. Chacun, pour une raison personnelle, reste sur Terre, sous l’aile protectrice du Père Maubry, qui les rassemble à Notre Dame. C’est encore la France éternelle et la ville de Paris qui résistent le mieux alors que l’Amérique est depuis longtemps un lac en fusion...
      La situation permettrait une exploration psychologique fine des personnages, mais les auteurs n’y voient que caricatures et catalogue de fantasmes les plus niais: collectionner les tableaux dans les musées, se déguiser en Napoléon avec les vrais habits de l’Empereur, organiser une course de voitures dans Paris, lancer des missiles sur les villes évacuées.  Ils passent leur temps à se lancer des injures racistes à la tête (il y a un Noir et un Juif), à se disputer le pouvoir (il y a un ancien général), à discuter de tout et de n’importe quoi. Y aura-t-il au moins une juste fin pour tous ? Même pas. Se rappelant d’un coup qu’il existe des " plateformes volantes " qu’il suffit de rafistoler pour survoler le cataclysme avant que Vénus ne puisse venir à leur secours, trois survivants sur les sept réussiront leur pari: échapper à la fin du monde.
      Un récit bâclé, une intrigue floue, des personnages caricaturaux. F.R. Bessière n’a rien à dire et le fait savoir.

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