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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: épidémies Auteur: André CAROFF Parution: 1979
      Garaway,  médecin reconnu en cette année 3000 (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’année 1979), est confronté à une épidémie de « stépule », maladie infectieuse mortelle, totalisant la somme des microbes pathogènes du passé, qui se communique par le sang et le sperme.
      Or, suite à une contamination de Sunie, son infirmière préférée, par son boy-fiend Bruce, il est de plus en plus réticent à l’idée de faire l’amour avec elle. En compulsant son emploi du temps, il se rend compte qu’elle ne chôme pas en ce domaine puisque, sans s’en rappeler toujours, elle contamine par voie sexuelle de nombreux partenaires, empruntant la voie bien connue du " ping-pong " pour répandre la stépule:
      " A midi, elle était dans les bras d’un directeur de banque dragué dans un aérobus. A 14 heures, elle faisait l’amour avec un jeune garçon de seize ans, dans une cave d’immeuble du quartier ancien de Brooklyn. A 16 heures , un clochard eut la bonne fortune de la posséder sous un pont de l’Hudson. A 17h 30, Sunie capta l’attention d’un policier. Il venait de terminer son service. Il l’entraîna dans une chambre d’hôtel et lui fit l’amour en dix minutes, avec des gestes d’homme habitué à régler la circulation. "
      Tout en la surveillant de près, Garaway échappe à plusieurs tentatives d’assassinat. Un immense doute commence à germer en son esprit: et si la stépule était la manifestation d’une invasion bactérienne à l’encontre de l’espèce humaine? Il observe aussi dans son environnement proche, comme dans la totalité de la ville de New - York, un comportement bizarre des gens qui affichent le signe de la maladie, une couleur rosée qui se répand sur leur poitrine.
      Décidé à chercher du secours - mais où ?- il en apprend plus sur ces bactéries intelligentes par une sorte d’induction télépathique.
      Il s’agit des micro-bulles (c’est le nom de leur espèce) qui reviennent coloniser la terre dont ils étaient exclus depuis longtemps. S’emparant des corps comme véhicules nécessaires, se propageant par les relations sexuelles, ils finissent par former un être collectif dont Garaway est exclu pour le moment. Ils se servent de Sunie comme d’une arme sexuelle pour rendre le médecin inoffensif en l’infectant. Mais Garaway , après avoir tué Sunie - c’est  à dire la colonie qui l’habitait - s’échappe de New - York espérant trouver des hommes sains près de la frontière du Mexique. Malheureusement  pour lui, il se fait piéger par une jeune beauté de quinze ans qui se dit vierge mais qui, elle aussi, est porteuse des bactéries intelligentes.  Toute résistance à leur invasion étant définitivement écartée, les micro-bulles réduisent l’humanité en esclavage.
      Un récit à l’intrigue plate, les seules pages intéressantes étant celles qui relatent l’anxiété du héros solitaire dans une société d’ennemis à son image (ce qui rappelle le livre de Kinney " les Chrysalides " ou le film tiré de celui-ci "l’Invasion des profanateurs de sépultures). Un bon point cependant. Composé en 1979, le roman met l’accent sur le mode de transmission de la maladie " par le sang et le sperme ". N’est-ce pas une belle reconnaissance du sida?

    2. Type: livre Thème: menaces cosmiques, la nouvelle glaciation Auteur: Paul BERNA Parution: 1974
      Sept adolescents défavorisés ou en rupture de ban avec la société,  s’apprêtent à vivre une grande aventure. Le centre d’accueil qui les héberge leur propose une virée à cheval, dans des conditions difficiles, qui devra les amener dans le sud de la France, en Languedoc, par les Cévennes et la Lozère.
      Sous la conduite de Stève, Billie, Josette, Claris, Robin et Christian, ainsi que Raphaël, vont vivre une épopée sans se douter de ce qu’elle leur réserve, au bout d’un trajet à caractère initiatique. Car une comète, appelée Kryla, devrait croiser l’orbite terrestre cet été-là et l’on prédisait de par le monde de fâcheux événements, sans que cela n’entame en rien la détermination de vivre " à la dure " de la part de nos héros. L’ambiance du groupe n’est pas franchement gaie et l’agitation inaccoutumée des automobilistes, lorsqu’ils leur arrivent de couper des nationales, est de mauvais augure. Les gens se déplacent en masse, peut-être effrayés par la comète:
      " l’apparition de Kryla ne justifiait donc qu’à demi la frénésie collective qui s’était emparée des foules citadines, les avait lancées sur les routes, dans toutes les directions . Peut-être fallait-il chercher ailleurs l’origine de ce malaise, dans l’humanité même de cette fin de siècle, d’abord endormie, puis submergée par une vague de progrès qui l’avait dépouillée peu à peu de sa véritable force morale... "
      Nos amis continuent de cheminer ainsi, avec leurs petits soucis personnels, en s’endurcissant au fur et à mesure de leur avancée. Monsieur Anglade, le directeur de leur centre, leur a même préparé une position de repli en faisant appel à l’un de ses vieux amis, Marc Peyrolles, qui habite une ferme isolée près de Mende, l’Hospitalou d’Ajenc, laquelle pourra leur servir de base arrière en cas de problèmes.
      Or, des problèmes, il allait y en avoir! La comète se rapproche et se fait de plus en plus inquiétante: " La tête de Kryla, un noyau d’or entouré d’une chevelure de flammèches et d’aigrettes, touchait déjà un horizon crénelé formé dans le sud-ouest par les montagnes du Quercy et l’arrière-plan plus ténébreux des Pyrénées. Elle déployait en arrière une fantastique écharpe lumineuse qui s’incurvait sous la voûte du firmament, frangée à sa base par des ondulations, des frémissements de draperies multicolores, pourpres, roses, dorées, violettes, ou d’un bleu-vert très délicat, comme celles des grandioses aurores polaires. Tout au bout, ce flamboiement s’effilochait peu à peu en laissant de pâles traînées vaporeuses à travers lesquelles on voyait scintiller de nouveau les constellations. L’extrémité de la queue commençait à se détacher de l’horizon nord-est barré par le massif alpin. La nuit noire, une belle nuit d’été, remontait lentement dans ce coin de ciel. "
      Les gens qu’ils rencontrent deviennent de plus en plus agressifs et ceci les incite à rester sur leurs gardes. Stève finit par convaincre ses compagnons qu’une solution sage, pour résister à une sécheresse de plus en plus forte, serait de faire un arrêt chez Marc Peyrolles. Celui-ci les attend, heureux d’accueillir dans sa solitude des jeunes aussi débrouillards et sympathiques. Il leur fait visiter sa demeure et leur montre les possibilités offertes par des caves et des souterrains jadis utilisés par les templiers. A l’aube du 2 août, date à laquelle la comète se rapproche le plus de l’orbite terrestre, l’ambiance se détériore. L’aube n’est pas celle d’un jour d’été. Soudain, c’est le cataclysme:
      " La coupole jaune recouvrant la terre venait d’éclater comme une bulle au-dessus de l’horizon, dévoilant un pan de ciel très noir, piqueté d’étoiles. Les lèvres de cette plaie béante se distendaient à vue d’oeil, ourlées d’une lumière bouillonnante qui s’effilochait en draperies multicolores, animées d’un mouvement spasmodique. Le froid de l’espace interstellaire se ruait par cette ouverture à la même vitesse que Kryla dans sa course aveugle. "
      La comète, dans sa course, avait arrachée une partie de l’atmosphère terrestre. Le froid mortel de l’espace s’abattit à l’instant sur la Terre, congelant immédiatement l’ensemble du monde vivant. S’étant réfugiés in extremis avec leur hôte au fond des souterrains, descendant de plus en plus bas pour échapper à l’étreinte mortelle du froid, les adolescents survivent. Leur situation apparaît intenable. Par manque de vivres, ils seront obligés de remonter en surface pour y constater un spectacle d’horreur : du ciel totalement noir, même en plein jour, tombe une neige drue qui ensevelit le paysage dans un linceul blanc.
      Lorsque Marc Peyrolles meurt de froid, Steve ne se décourage pas. Meneur naturel, il oblige les autres à quitter l’abri de la ferme, à avancer dans l’obscurité vers le seul salut possible: la direction du sud. S’étant fabriqués des skis, et prenant appui pour dormir dans quelques villages silencieux, ils avancent lentement et s’habituent à l’horreur quotidienne:
      " Ils aperçurent les premiers cadavres à l’entrée de Sainte-Enimie, dans la lueur jaune des falots balancés par les skieurs. Des gens débraillés assis le long du trottoir, écroulés en longue file à la porte d’une épicerie, ou dressés comme des figures de cire derrière une vitrine étoilée de givre, les yeux fixes et la bouche ouverte, pétrifiés sur place dans leur dernière attitude. "
      A un moment donné, ils suivent le couloir des gorges du Tarn dont la route, encombrée de voitures enlisées dans la neige avec leurs cadavres à bord, devient de plus en plus difficile à pratiquer. Stève, après avoir découvert Manuel, un agent d’entretien de la SNCF encore vivant, décide de continuer  la route en déblayant le terrain à l’aide d’un bulldozer remis en état par Manuel. La température augmente au fur et à mesure que les éléments se stabilisent et bien qu’il ne fasse pas encore jour, à la neige succède la pluie. Nouveau péril. Des trombes d’eau s’abattent et, sous peine d’être noyés ou en proie aux épidémies qui ne manqueront pas d’éclater, il leur faut progresser sans trêve. Le bulldozer est bientôt oublié. C’est à pieds, avec leur sac à dos, qu’à bout de force ils continueront leur chemin. A la limite de l’épuisement, ils suivent les traverses du chemin de fer vers Béziers, s’attendant à trouver un climat meilleur dans le sud, vers la mer. Mais à la sortie d’un tunnel,  nouvelle déception. Ils aperçoivent  avec horreur:
      " Une mer couleur de boue dont la surface étincelait faiblement sous le ciel blême. Elle était toute proche et puait horriblement. Ses molles ondulations poussaient un énorme bourrelet d’épaves contre le nouveau rivage. Il pleuvait moins, mais le plafond nuageux restait aussi opaque et la ligne d’horizon à peine visible se perdait dans cette grisaille. On apercevait çà et là des pitons dénudés, quelques villages émergeant comme des îlots, des clochers, des cheminées d’usine qui jalonnaient le territoire englouti et, très loin, les plus hautes maisons d’une grande ville qui semblait perdue au large.
      -C’est Béziers! bégaya Manuel. Et voilà tout ce qui reste du Bas  - Languedoc. "
      La catastrophe est donc universelle. Au moment où ils abandonnent tout espoir, ils rencontrent un groupe de survivants retranchés dans des H.L.M. sous la férule d’un individu qui s’intitule " le général " Caroube et qui compte remettre en route l’embryon de société ainsi constituée en y insufflant les fantasmes d’une organisation sociale fondée sur la loi du chef. Si Manuel consent à rester en ce lieu, Stève et ses compagnons refusent de se plier à une structure féodale. Ils reprennent la route, vers le nord cette fois - ci, et en hauteur, sur les pentes abruptes de la Valdonne, ils espèrent découvrir, maintenant que le temps s’améliore et qu’un bout de ciel gris apparaît, de nouvelles raisons de vivre.  Des idylles se sont nouées entre les garçons et les filles, êtres nouveaux dans un monde nouveau où la vie , malgré tout, persiste:
      " Tu as trouvé quelque chose? dit-il en accourant. Elle écarta l’herbe brûlée et lui montra son trésor : une mince touffe de graminées d’un vert éclatant qui commençait à remonter par-dessous l’humus. Au milieu, le bijou le plus fabuleux du monde : une minuscule fleur rouge à six pétales qui rayonnait faiblement dans le jour gris. "
      " La dernière aube " est un roman pour adolescents ni puéril ni fade. Des caractères trempées, un style sans défaut, une description terrifiante des épreuves qui attendent les héros, font de ce roman une oeuvre rivalisant avec les plus grandes du genre.

    3. Type: livre Thème: la cité foudroyée, menaces idéologiques, épidémies Auteur: Bruno JASIENSKI Parution: 1929
      Dans le monde ouvrier impitoyable de l’entre-deux guerres, Pierre se fait licencier sans espoir de retrouver du travail. Partageant la vie des sans-abris, il aperçoit les lumières de la ville comme un rêve perdu, et surtout Catherine, sa fiancée, sa promise, sortant d’un bouge, aux bras d’un gros richard. Fou de douleur, il en conçoit une haine terrible envers l’humanité qu’un ancien ami, venu juste à propos, lui permettra de réaliser. Prenant pitié de sa situation, Bernard, qui travaille à l’Institut, lui montre toutes sortes de  préparations biologiques mortifères dont le dosage minimum n’a d’égal que la capacité de nuisance :
      " Ici, dans ce verre qui ne paie pas de mine, nous avons un jardin d’acclimatation unique en son genre : toutes les épidémies terrestres. Dans cette éprouvette, à gauche, la scarlatine ; dans celle-ci, le tétanos ; à côté la fièvre typhoïde ; dans la suivante, le choléra. Hein, c’est pas mal comme collection ? Tu vois là, à droite, ces deux éprouvettes à liquide blanchâtre et trouble ? C’est la préférée de notre assistant – la peste (…) Les bacilles sont forts comme des éléphants ; (…) Représente-toi ça, si on lâchait toute cette horde pour une petite promenade en ville ! Il n’en resterait pas lourd, hein, de notre Paris !
      Profitant d’un moment d’inattention de Bernard, Pierre s’empare des tubes pestifères qu’il videra dans l’un des réservoirs d’eau potable de la ville de Paris :
      " Alors Pierre retira de sa poche deux petites éprouvettes. Il les examina attentivement. Un liquide blanchâtre et trouble les remplissait. Pierre les secoua légèrement devant la lampe. Ensuite, les éprouvettes dans une main, il s’approcha de la grande pompe centrifuge actionnée par un moteur Diesel. (…) Alors, avec la grosse clef, il se mit à ouvrir le robinet de l’entonnoir de la pompe. (…) Les deux éprouvettes débouchées, il versa lentement leur contenu dans la gorge de l’entonnoir, qui haletait lourdement. "
      Quelques heures plus tard, l’on emmène le premier pestiféré moribond à l’hôpital,  puis, la ville, prise de frénésie, constate une augmentation exponentielle du nombre de ses morts :
      " Des  milliers de robinets, comme des veines ouvertes de Paris, coulait avec bruit l’eau glacée et limpide et la ville, sans force, pâlissait de chaleur et de faiblesse. La première ambulance fut aperçue à dix heures du soir sur la place de l’Hôtel-de-Ville. (…) Le jour se leva suffocant et blafard : les magasins restaient fermés. Sur la chaussée, comme dispersées par la panique, des chaises traînaient. Les lampions se balançaient dans les rues désertes, comme des bulles gazeuses sur un marécage stagnant. La plupart des journaux ne parurent pas. Radio-Paris annonçait qu’à midi on avait enregistré 160.000 cas mortels. "
      En quelques jours, l’univers parisien se modifie profondément avec des services administratifs et policiers  totalement désorganisés.
      Le moment est venu pour le jeune Chinois P’an Tsiang Koueï d’imposer une nouvelle loi. Ayant vécu une enfance misérable de coolie à Pékin, il a pu acquérir un niveau de connaissances qui lui a permis de connaître le sens du mot "exploitation. ". Devenu leader ouvrier reconnu dans son pays, la peste le surprend pendant qu’il étudie à Paris. Ayant déjà tissé ses réseaux et devant la faiblesse de la ville, il décrète que le Quartier latin deviendrait zone chinoise d’où serait exclue les Blancs sous peine de mort :
      " le 30 juillet, Radio-Paris diffusa une nouvelle stupéfiante : dans la nuit du 29 au 30, les jaunes du Quartier Latin avaient fait un véritable coup d’Etat. Ils avaient chassé tous les blancs sur la rive droite et proclamé une république autonome des jaunes. (…) Le gouvernement provisoire déclarait, au nom de tous les jaunes, que sur le territoire de la nouvelle république, dans le but de lutter contre l‘épidémie des Européens, aucun blanc ne serait toléré et serait passé par les armes dès sa capture. (…)
      Suivait un court appel aux jaunes, dans lequel le gouvernement leur confiait les bibliothèques et les musées, trésors inestimables de la culture européenne que l’on devait conserver intact pour les générations futures. Les proclamations étaient signées au nom du gouvernement provisoire par P’an Tsiang-koueï. "
      Suivi aussitôt par le rabbin Eel-Zéar ben Tsui qui y voit l’opportunité pour lui et ses concitoyens juifs de se faire une place au soleil. Ainsi la zone de l’Hôtel de Ville devint zone juive dont l’entrée était sévèrement contrôlée. M. David Lingslay, le grand capitaliste américain en déplacement d’affaires s’était bêtement fait piéger au moment où la ville fut déclarée en quarantaine. Comme il lui était impossible de partir, il en profita pour rendre des visites régulières à sa maîtresse parisienne qui, au bout du compte, l’infectera, l’obligeant à réviser ses valeurs de vie.
      L’occasion fut splendide pour les Russes exilés à Paris, en la personne de Solomine, un ancien chauffeur de taxi, de prendre le pouvoir sous le sobriquet de "Capitaine Solomine." Avec les siens, il tiendra une autre partie de la capitale, exigeant des royalistes de la rue de Grenelle qui ont décrété le royaume de France retrouvé, la remise de leurs prisonniers soviétiques aux Russes installés dans un édifice du Faubourg St Germain. Mais c’est autour des Buttes-Chaumont que la peste fit surgir les camarades prolétaires de la République de Belleville menée de main de maître par les camarades Laval et Lecoq :
      " le 4 août, les ouvriers des quartiers de Belleville et de Ménilmontant, poussés par la nécessité impérieuse de s’emparer de la totalité des biens indispensables à leur vie, glissant entre leurs doigts, déclarèrent leur territoire république autonome soviétique. Les soldats passèrent de leur côté. En réponse, en signe de protestation, dans la même journée les camelots du roi avec l’aide de la population catholique du faubourg Saint-Germain prirent le pouvoir sur la rive gauche, des Invalides au Champ-de-Mars, en proclamant le rétablissement de la monarchie."
      Quoique bien structurés, les prolétaires meurent de faim, enfermés dans leur quartier. Le camarade Lecoq suggère un audacieux coup de main pour s’emparer des stocks de farine situés en aval de la Seine. Avec deux péniches,  il s’approche, rompant la quarantaine, des moulins du village de Tansorel. L’aller fut un jeu d’enfants, le retour un cauchemar, sous les bombardements et les tirs russes.
      Paris continuant de mourir, le destin de chacun fut bientôt écrit. T’san Tian, qui faisait fusiller à tour de bras les ennemis de la révolution chinoise fut contaminé intentionnellement par un étudiant dont la femme n’avait pas trouvé grâce aux yeux du tyran. Les Juifs, ayant eu vent de la présence de David Lindslay, établirent avec lui un compromis : ils l’emmèneraient  avec eux aux USA à condition qu’il établisse les contacts nécessaires leur permettant d’arriver à bon port. Il accepta mais, pris de remords et pour ne pas contaminer à son tour les Etats-Unis, il trahit les Juifs en donnant aux autorités américaines toutes les indications qui leur permirent d’envoyer le navire des immigrants par le fond.
      Solomine  fut tué dans une rixe. La peste poursuivit son œuvre de désertification dans Paris, puis s’arrêta faute de combustible. Elle avait épargné les prisonniers, les malfrats, les bagnards au fond de leurs geôles. Rendus à la rue, ils constatèrent leur bonheur. Avec des mots simples, empreints de bon sens, ils décidèrent tous de garder Paris isolé du reste du monde et d’y fonder la première Commune Libre du Premier Gouvernement mondial. Ils prospérèrent, veillant scrupuleusement à maintenir le silence radio, se nourrissant avec simplicité des produits agricoles cultivés dans la ville même. Paris devint la parfaite société utopique et égalitaire rêvée par les philosophes du XIXème siècle :
      " Là où auparavant s’étendait la nappe lisse de l’asphalte, de la Chambre des députés à la Madeleine, et des Champs-Elysées aux Tuileries, au souffle léger de la brise, se balançaient les épis d’un champ de blé. Des hommes aux larges épaules, hâlés, vêtus de blanc, moissonnaient. Des hommes et des femmes, aussi légèrement vêtus, glanaient et chargeaient des camions de gerbes d’or. A l’extrémité du champ des femmes allaitaient des enfants. (…) Là où auparavant s’étendait le Luxembourg, des carrés de choux-fleurs blanchissaient au soleil, et un jardin potager immense étalait ses quadrilatères. "
      Le pot aux roses fut découvert par un avion étranger qui survola la capitale par hasard. Mais il était déjà trop tard. Le puissant appel révolutionnaire issu de Paris, courant de ville en ville, fit rapidement des émules en Europe où s’instaurèrent de nouvelles formes de gouvernement basés sur le respect de la personne humaine..
      " Je brûle Paris " est une fable utopique dans laquelle un  temps de purification  précède nécessairement la mise en place d’une société nouvelle. Un style métaphorique, des destinées individuelles qui se fondent dans l’aventure collective, rendent ce roman encore lisible de nos jours. La preuve en est qu’il a été récemment réédité.

    4. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: F. CELVAL (aucune référence) Parution: 1935
      L’ingénieur Claude Cardan et son fidèle meccano Zanzi désirent faire apprécier au ministre de l’Air leurs nouvelles inventions « le rayon de la Mort » et mieux encore, le «Radiardant», capable d’incendier tous les moteurs électriques.  Malheureusement pour eux, ils se découvrent un ennemi en la personne de « Fulgur », un puissant industriel vendeur d’armes, créateur de la « Fulgurite », un explosif extraordinaire, et commanditaire d’une puissance étrangère souhaitant déclarer la guerre à la France. Heureusement, ils ont des alliés en les personnes de Lucienne Morand, secrétaire de  Fulgur et de son frère Robert, spécialiste en maquillages dans un cabinet de cire.
      Ecoeurée par les agissements de l’odieux Fulgur, Lucienne sauve Claude qui manque d’être assassiné par noyade. Déguisés tous deux par Robert sous les noms de Greta (pour Lucienne) et de Boris Horlevitz (pour Claude), ils seront engagés par Fulgur qui croit pouvoir s’approprier les secrets de Cardan.  Le jeune couple veille également à ce que Zanzi travaille avec eux. Fulgur est impatient d’observer le fonctionnement des armes nouvelles. Il programme un vol d’essai avec pour pilotes Claude et Zanzi. L’un des avions sera muni du Rayon de la Mort, l’autre du Radiardant. Zanzi et Claude qui dévoilent leur véritable identité à un Fulgur vert de rage éliminent les avions lancés à leur poursuite et font exploser le dépôt de Fulgurite dans le bruit et la fureur :
      « Un cratère s’ouvrait sous ses pas. Une détonation dépassant en puissance les plus formidables explosions, secouait le sol. Un torrent furieux de flammes jaillit jusqu’aux nuages, entraînant avec lui les rocs calcinés et les charpentes de fer rougi des ateliers. Toutes les usines, désarçonnées par la secousse, semblaient s’écrouler une par une dans le cratère formidable. Puis une pluie de décombres commença à tomber interminablement. Il ne resta plus sur le plateau aride et désert que des ruines informes pour attester l’emplacement où se trouvait, deux heures avant ces événements, la plus grande usine de guerre du monde. »
      Comme il se doit dans un si beau conte de fées, Fulgur meurt et Claude épouse Lucienne sur le conseil du ministre de l’Air. Quelle est belle la France de 1935 !

    5. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces idéologiques Auteur: Frédéric STAMPF Parution: 1873
      En 1909, l’Europe est aux mains des Russes et des Allemands. Le Tsar Nicolas, sa cour, ses féaux les autres princes d’Europe, ont asservi le côté oriental en distribuant des prébendes ou en faisant régner une terreur absolue. L’autre Europe, le côté occidental, gémit sous la botte de l’empereur de Prusse Guillaume III qui tient fermement par ses affidés, les rois et consorts,  la Hollande, la Belgique, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie :
      « Il y a dix ans, deux monarques, l’un russe et l’autre prussien, comme leurs ancêtres moins hardis avaient autrefois assailli la Pologne, se sont rués à l’improviste sur l’Europe terrifiée, et de ses dépouilles ils ont accru leurs empires, qui sont devenus l’empire de l’Est et l’empire de l’Ouest. »
      Parce que la princesse Amélie, la fille du roi de France Louis Philippe III, a refusé la main du Tsarevitch, la querelle, envenimée par l’ambassadeur de Guillaume II, déboucha sur une crise politique grave et sur la menace d’un massacre généralisée. Chaque autocrate, actionnant les pays soumis à son autorité, arma ses troupes et les fit marcher les unes contre les autres. Des coups d’éclat eurent lieu de part et d’autre sans que rien de définitif ne pût arrêter la machine infernale avec des morts qui, déjà, se comptaient par millions :
      « A côté de ces moyens nouveaux, les guerres d’autrefois semblent dans l’enfance de l’art. Des villes entières, avec tous leurs habitants, sont anéanties sans combat. (…) ici et là les armées en présence, sous le souffle terrible de leurs monstres d’airain, se couchent dans le sang des champs de bataille. A regarder faire les empereurs, on dirait que la Nature elle-même devient méchante. Elle manque devoir tuer tout ce qu’ils ne tuent pas. En Russie, elle déchaîne le typhus ; en Allemagne et en France, la variole ; en Italie et en Turquie, le choléra . En quatre mois, trois millions de soldats ont péri, mais rien de cela n’a fatigué l’espérance et l’orgueil des deux maîtres de l’Europe, entre lesquels la victoire continue d’osciller incertaine. »
      Du côté allemand, le relieur Liebell rêve d’un « unionisme » universel et songe à créer les « Etats Unis d’Europe » qui fédéreront tous les peuples de bonne volonté. Ce rêve est partagé par le russe Mikoff, gantier de son état, du côté oriental. Ayant appris à se connaître et à s’estimer, ils élaborèrent une nouvelle Constitution, attendant le moment favorable pour l’appliquer.
      Le front s’étant stabilisé vers Vienne, les deux conjurés passèrent à l’action, ayant déjà un appui solide dans les rangs des soldats unionistes des deux armées. Liebel avait réussi à s’infiltrer à un poste-clé du commandement de l’armée prussienne. Il déclencha à l’heure prescrite la «Révolution », dès qu’il sût que son homologue russe avait agi dans le même sens. Comme une traînée de poudre le même mot d’ordre circula : « Halte aux tyrans et aux rois, halte à la guerre ! » Le coup de force dissocia d’abord les généraux des pouvoirs intermédiaires, en les coupant de leur base. Puis Liebel, à la tête d’une troupe nombreuse, captura et emprisonna tous les rois d’Occident dans leurs demeures et châteaux de Vienne, comme Mikoff le fit du côté russe.
      Les deux armées, gagnées à la cause révolutionnaire, fraternisèrent, brisant dans l’œuf toute velléité de résistance. La jonction s’opéra à Ragelsbrün et déjà le monde entier suivait avec passion la naissance de cette nouvelle Europe. Mais pour que l’acte fondateur pût être fécond, l’ensemble des sommités royales et bourgeoises inféodées, princes et laquais des monarques, devaient être fusillés selon un rituel précis dans la plaine de Ragelsbrün, un lieu qui se transformera ensuite en symbole éternel de la chute des tyrans :
      « Tous ces poteaux improvisés seront rangés en file, mais ceux auxquels on attachera les deux empereurs occuperont le milieu de la plantation sinistre, et, distant l’un de l’autre de neuf mètres, chacun d’eux sera également planté à neuf mètres de ceux destinés aux rois. De chaque côté, six mètres seulement sépareront ceux-ci les uns des autres, ainsi que le dernier d’entre eux des premiers de ceux destinés aux princes, lesquels ne seront respectivement séparés que par un espace de trois mètres. Ainsi jusque dans l’expiation l’on conservera l’étiquette chère aux tyrans.»
      La nouvelle Europe des peuples était née, une et indivisible, pacifique et travailleuse, une « Internationale » de tous les hommes de bonne volonté :
      « Le libre groupement des nationalités, le divorce des Eglises et des Etats, la suppression des armées, l’absolue gratuité de l’enseignement, la création d’un impôt unique et progressif sur le capital acquis, l’abolition du salariat, tous ces desiderata si profondément justes, réfutés par d’odieux sophistes, ou éludés violemment par des exploiteurs éhontés sont proclamés en principe, et du jour au lendemain réalisés en fait ; et aucun trouble ne se produit, et pas une réclamation n’ose s’élever, car où il n’y a plus de prince la justice peut enfin régner ! »
      La « Dernière bataille » , courte et introuvable épopée de Frédéric Stampf, mena son auteur , militaire de carrière, à sa destitution dans l’armée allemande, puis à son emprisonnement sur l’ordre de Bismarck, qui fut interrompue par sa mort précoce, à 35 ans. Le récit est appelé « vision» ou épopée ». Publié en 1873, il montre comment les peuples pourraient avoir l’idée de prendre en mains leurs destins afin de bannir la guerre et d’écarter les rois, seuls criminels de ce monde. Le rêve d’un « Unionisme» encore utopique qui s’appuie sur l’expérience de la Commune de Paris. Une œuvre originale, brève et puissante, mais méconnue.

    6. Type: livre Thème: menaces végétales, pollution généralisée Auteur: Jacques MONDOLONI Parution: 1982
      Oziard, le héros journaliste de l’histoire, avec Bibille et Planchin, ses deux amis, enquêtant sur Fos-Chimie, découvre un péril inconnu: les chardons et les violettes, jusque-là inoffensifs, se mettent à proliférer et, doués d’une mobilité inquiétante, dévastent toute l’usine causant la mort d’êtres humains. Le péril s’étend ensuite jusqu’à Paris encerclé. Les autoroutes vacancières sont détruites, le barrage de Serre-Ponçon saute et toutes les plantes se mettent de la partie certainement écoeurées par la pollution.
      Le règne végétal devenu subitement conscient s’élève contre l’Homme qu’il veut faire disparaître de la planète. L’ensemble de la végétation se transforme en une seule entité appelée l’Herbe, omniprésente et toute puissante.
      Le dictateur d’opérette qui gouverne cette France du futur l’apprend à ses dépens car voulant allumer sa cigarette, il meurt illico. (L’Herbe tue, c’est bien connu!) Après moult  investigations on découvre enfin que l’Herbe se calme en entendant les chansons de Bob Dylan et en percevant de la lumière rose (sic!). L’Herbe assassine mais pas nos héros qui l’aiment et qui parviennent à établir une communication avec elle.
      Celle-ci leur fait la grâce de les transformer en mutants, mi-hommes mi-végétaux liés à la conscience unique et planétaire représentée par l’Herbe en un immense amour collectif. Il fallait bien cela pour qu’ Oziard accepte l’idée de faire l’amour avec sa fille Béatrice jalousement couvée par lui tout au long du récit:
      " Nous ne sommes pas encore totalement transformés. Le Végétal nous a laissé la convoitise, le désir sexuel. Je me sens femelle car j’étais femme. Notre apparence ne compte plus beaucoup. Le Végétal a voulu que nous soyons végétaux supérieurs; phanérogames, plan à fécondation évidente. Cela veut dire que nous possédons des fleurs. Nous aurions pu être métamorphosés en lichens, en mousses, en bactéries... Peut-être le deviendrons-nous? Mais je ne le crois pas, la mutation s’arrêtera à un certain stade morphologique, à titre d’exemple, à titre d’expérience.
      En tout cas, je deviens plante de l’intérieur. Des sécrétions chaudes et ondoyantes m’agitent. Un bouillonnement cellulaire, cellulosique, remonte le long de ce qui me reste de cuisses. La fente de mon sexe est là encore, mais sans pilosité autour. Je ressemble à une grosse aubépine luisante. Je n’ai pas, hélas, les rondeurs des femmes qui m’entourent. Je ne serai jamais une grosse jacinthe pourprée avec des seins et des fesses confondus de divinité nègre.
      Une voisine est ainsi: bulbe de partout, la tête ronde comme une fleur d’ail - elle a beaucoup de succès auprès des mâles! Je devine leur appétit plus que je n’assiste à sa représentation. Car mes yeux ont disparu. Je vois quand même. Toute la vibration de l’Univers afflue vers moi. Je m’ouvre à Lui. Je vais accoucher...  Je suis enfin à l’écoute du Monde, palpitante, disponible. Le désir des autres m’enfièvre, m’atteint en pleine tige. J’appelle mon voisin, le pommier mutant, mon compagnon de voyage  mon "père" - à m’enserrer. Il a conservé un bras, à la chair pendante et sèche, qui bat l’air en cherchant désespérément à me toucher. Le malheureux, il m’aime, il piétine pour moi. Il sent confusément aussi que je ne peux le rejoindre: sa terre m’est inhospitalière. "
      L’Herbe a gagné la partie. Le règne de l’homme s’achève. Bientôt elle va prendre conscience de la menace que constituent les animaux que, dans sa précipitation à éliminer les humains , elle avait complètement négligés. De ce fait, le roman se termine tragiquement pour l’Herbe et pour l’Homme. Bien fait pour elle et pour Lui.
      Roman au style pénible et contourné (à moins qu’il ne faille le lire au énième degré) dans la veine idéologique des années soixante. La société est caricaturée: les bons journalistes s’opposent aux  méchants ministres, les Français sont des veaux et le héros sauve sa mise en se transformant en végétal. Quelques pages descriptives intéressantes avec des tentatives de rendre compte d’une conscience radicalement " autre ".

    7. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, menaces climatiques Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1959
      Harry Scott, narrateur de SF réputé, fait une curieuse rencontre, celle de William Brent, un individu porteur d’un cristal , qui le force à le conduire à l’hôpital du Dr. Price, en service de neurologie. Puis, Brent lui abandonne sa pierre de cristal. L’individu sort rapidement de l’esprit de Scott qui a d’autres chats à fouetter. Notamment de mettre la touche finale à son dernier roman « Commandos pour Altaïr ». D’ailleurs les idées affluant de façon extraordinaire et avec une facilité déconcertante,  il termine son ouvrage.
      C’est quand il est convoqué par le F.B.I en la personne du colonel Hendrix que tout se complique. Celui-ci veut savoir comment Scott a pu décrire dans son roman, avec une telle exactitude, le mécanisme de l’anti-gravitation sur lequel travaillent sans succès, et depuis longtemps, une pléiade de savants. D’autres troublantes rencontres accentuent le malaise de Scott : des agents délégués de tous les pays lui font un pont d’or pour ces mêmes informations.
      Afin d’en avoir le cœur net et soupçonnant le cristal de jouer un rôle dans cette affaire, il contacte son ami, le professeur Stuart Hawkins. Peu après, un troisième personnage mystérieux, une jeune fille nommée Mira, enlève les deux amis à bord d’un engin extraordinaire et les entraîne en une cité située dans l’île de Kambora, en plein océan. Parallèlement, le climat terrestre se dégrade, des tempêtes, de la neige, des pluies incessantes affectant toutes les régions émergées de la Terre :
      « En fin de journée, on devait annoncer qu’un violent raz de marée avait dévasté les côtes de la Floride tandis que de gigantesques tempêtes étaient signalées dans l’Atlantique. Des orages d’une puissance extraordinaire se manifestaient en Europe, en Allemagne principalement, mais on prévoyait une accalmie pour le lendemain. »
      A Kambora, ils pourront apercevoir, grâce à un téléviseur spécial à ondes hertziennes rémanentes, les vestiges d’une civilisation passée, engloutie lors d’un déluge universel. Pourtant Hawkins et Scott sont bel et bien prisonniers dans cette île, en un lieu sauvage hanté par des créatures insensées, tels que cette femme-féline, ou cet homme-qui-rit, ou ce géant triste, ou encore cet homme-vampire, tout aussi prisonniers qu’eux, semble-t-il. Ils apprendront ultérieurement qu’ils se trouvent dans « le jardin des erreurs»,  de la bouche du véritable chef de Kambora, l’extraterrestre Vikroz, un être en provenance d’Aldébaran qui, depuis longtemps, s’était installé sur Terre. C’est lui qui, muni du cristal et avec ses connaissances avancées en génétique et en biologie a développé une race humaine synthétique, des androïdes, possédant une espérance de vie démesurée de plus de mille ans, destinés à remplacer l’espèce humaine traditionnelle, jugée trop brouillonne et trop remuante par Vikroz.
      Malgré quelques tâtonnements au départ, des androïdes ratés qu’il a relégués au jardin des erreurs, sa race arrive à maturité. Elle scellera le sort de l’humanité.  Vikroz, a scellé celui des ressortissants de sa race installés sur terre avant lui. En provoquant un déluge universel, dont les désordres climatiques actuels sont les prémisses, il fera place nette sur terre pour ses créatures,  qui seraient déjà opérationnelles dans de nombreuses autres bases sous-marines. S’il tergiverse encore, c’est parce que William Brent, un raté du jardin des erreurs, s’était échappé de la cité en volant le cristal dont Vikroz a un besoin urgent. Entre-temps la synthonisation de cet objet avec l’esprit de Scott l’oblige à prendre le romancier en considération puisque une bactérie maligne fait périr ses androïdes. Seul le cristal, et par conséquent Scott, pourraient y remédier, sous son impulsion.
      La situation déjà délicate pour Vikroz se détériore encore plus lorsque s’y ajoute un élément inattendu en la personne de Mira, tombée amoureuse de Scott. Elle s’arrangera pour libérer les Terriens du jardin des erreurs, envoyant deux de ses compagnons et complices faire sauter la cheminée d’évacuation  volcanique de l’île de Kambora.
      Alors que Vikroz succombe déchiqueté par les griffes de l’homme-vampire, nos amis s’échappent  de la cité maudite. La fin s’annonce prometteuse puisque le déluge sera remis à plus tard, les androïdes décimées par la bactérie tueuse, sauf Mira évidemment qui, en fin de compte, était une humaine enlevée jadis par Vikroz qui manquait d’éléments femelles. Acclamés par les leurs, Harry Scott et Stuart Hawkins recevront tous les honneurs avec, en prime pour le romancier, le cœur (et le corps) de Mira. Quel bonheur !
      Toujours dans la veine des pulps, « Réaction Déluge » ne décevra pas les auteurs adolescents de la collection «Anticipation »,  qui y retrouveront leurs thèmes favoris.

    8. Type: livre Thème: menaces animales Auteur: Paul FORT Alain BARRIERE Parution: 6886
      Ce court poème de Paul Fort, interprété par divers chanteurs tels que Reggiani ou Alain Barrière, dans sa simplicité de ritournelle, présente une charge révolutionnaire importante qui explose dans le vers de chute : « Et y’a plus de baleines».  Il est basé sur des contradictions tranchées entre les temps anciens et présents, entre la République et les fastes et tares de l’Ancien Régime.
      Le narrateur est un « piqueur de baleines », homme simple pour qui la chasse est une activité quotidienne et dangereuse. Le sort souvent atroce des cap-horniers explique la fascination populaire que dominent les clichés et les naïvetés religieuses.  Le regret du « Bon vieux temps », le temps de la Monarchie libertine (« les Marquis couverts de dentelle »), « des Grands Seigneurs » qui « crachaient » sur la religion ,  est mis en parallèle avec la « foi du charbonnier » qui honore « les Jésus en croix et les Saintes Vierges ».
      Un temps quasi-mythique que regrettent les « matelots qui avaient la foi ».
      Les bouleversements du présent ont instauré un nouveau système de gouvernement (« Y’a la République, y’a l’Président »), à la satisfaction de tous:(« tout le monde est content »).
      Sauf à celle du matelot,  car les baleines ont disparu, raréfiées ou obsolètes dans cette  nouvelle ère, comme ont disparu la religion et la foi.
      Complainte écologique avant l’heure, sensibilité envers une nature fragile mise en danger par l’exploitation moderne, le poème est d’autant plus fort qu’il est court, son message touchant à l’universel par l’usage d’une syntaxe populaire et d’un vocabulaire simplifié.

    9. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: James THURBER Parution: 1939
      " La douzième guerre mondiale, comme chacun sait, amena l’écroulement de la civilisation. Capitales, villes et villages disparurent de la surface de la terre. Bocages et forêts furent détruits. Ainsi que tous les jardins. Et toutes les œuvres d’art. Hommes, femmes et enfants furent ramenés au-dessous des espèces les plus viles. "
      Avec une grande économie de moyens, ce conte en images évoque, pour les jeunes  (et les petits enfants) comment l’homme en arrive à s’auto détruire. Avec des images naïves, l’auteur montre l’implacable engrenage de la violence, comment les généraux disent aux soldats de faire la guerre, comment les chiens quittent les hommes qui ont tout perdu, comment la dernière fleur qui subsiste dans un monde ravagé parvient à redonner du sens à l’amour, à la beauté, à l’homme et à la femme , seuls survivants au monde. Courageusement, la société se reconstruit jusqu’à l’apparition de l’idée de propriété, du sentiment de l’envie, de la jalousie et de la haine. Attisée par les militaires, la guerre reprend et dévaste tout. Il faut à nouveau reconstruire.
      Un pamphlet violent contre la sottise humaine et le mécanisme de la violence du capitalisme soutenu par le pouvoir armé. La situation de l’homme apparaît comme désespérée car la guerre ravage de manière cyclique l’humanité. Un livre à mettre entre toutes les mains pour l’édification des foules.

    10. Type: livre Thème: épidémies, le dernier homme Auteur: Richard MATHESON Parution: 1954
      Robert Neville, dernier homme sur terre, est cerné dans sa maison par des êtres humains transformés en vampires. Comme d’autres avant lui, il s’était gaussé jadis du phénomène du vampirisme le tenant pour un mythe. Mais cette fois, la réalité dépasse la fiction. Pour une raison indéterminée, peu à peu, tous ses contemporains ont basculé dans le camp des morts-vivants, y compris son ami Ben Cortman et sa femme Virginie. Vivants la nuit, se nourrissant de sang et de chair humaine, ils sont inoffensifs de jour.  Neville met à profit la pause diurne afin de nettoyer la zone autour de sa maison avant de chercher des provisions pour pouvoir survivre :
      " Il arrêta la camionnette et en descendit rapidement pressé d’en finir avec ce travail. Il tira l’un des corps jusqu’au bord de la fosse et l’y jeta. Le corps roula le long de la pente et s’arrêta sur l’énorme tas de cendres brûlantes, au fond du trou. Neville retourna à la camionnette, en respirant avec peine. "
      La nuit venue, les vampires envahissent à nouveau son territoire et Cortman surtout,  le supplie de les rejoindre. La lutte de Neville contre les vampires prend deux formes. La première, traditionnelle, consiste à empêcher l’approche des êtres de la nuit par de l’ail disposé en chapelets, par des croix, des miroirs. Il constate aussi qu’avec le traditionnel pieu dans le cœur ou la lumière du jour, ils sont immédiatement détruits. D’un autre côté, il cherche l’origine du vampirisme de façon scientifique. En examinant du sang corrompu au microscope, il découvre une bactérie inconnue, vraisemblablement à l’origine de l’épidémie :
      " Ainsi, ce n’était pas un virus. Un virus eût été invisible. Et ce qu’il voyait se trémousser légèrement entre les lamelles de verre, c’était un germe… Tandis qu’il regardait avidement, l’œil collé à l’oculaire, les mots se formèrent eux - même dans son esprit : " Je te baptise vampiris… "
      Cette bactérie  a le pouvoir de survivre lorsque les conditions sont mauvaises, en produisant des spores. Les tempêtes de sable incessantes, les retombées douteuses de poussière suite à une guerre antérieure, ont dû être les vecteurs de sa propagation sur une grande échelle.
      Quant à lui, il semble être naturellement immunisé contre le fléau. Cependant Neville se sent seul. Il aspire à une compagne et, à plusieurs reprises, souhaite en finir avec une vie si difficile. Une lueur d’espoir se manifeste cependant lorsqu’il trouve un chien qui, comme lui, paraît immunisé, car le fléau n’a pas épargné les animaux.Il essaye de s’en faire un ami. Après de longs efforts et au moment même de sa réussite, le chien meurt.
      Neville constate que la maladie affecte deux catégories d’êtres humains. Les déjà morts que la bactérie réanime artificiellement en investissant leur corps. Ceux-là tombent en poussière dès que leur sang se retrouve en contact avec l’oxygène (le pieu dans le cœur) car l’envahisseur est anaérobie. Les autres ont été infectés de leur vivant. Ils restent donc vivants, quoique vampires. Mais comment distinguer les deux types de mutants? Voilà pourquoi Neville les tue, sans distinction :
      " En mettant des chapelets d’ail aux fenêtres, en défendant la serre, en brûlant leurs cadavres, en les détruisant un à un, il réduisait lentement leur nombre. Mais à quoi bon se leurrer ? Il n’avait jamais rencontré un homme pareil à lui, un homme normal … "
      Un jour il rencontre Ruth, une jeune femme qui a échappé à l’épidémie. Neville, bien que  méfiant à son égard, l’entraîne dans sa maison. Après une nuit d’amour, Neville, pour être définitivement convaincu de l’innocuité de sa compagne, lui propose un test sanguin. Ruth feint d’accepter, puis, par surprise, l’assomme. Neville se réveille prisonnier tandis que dans les couloirs, au-dehors,  grouillent les vampires. Ruth lui explique qu’elle a été envoyée par les vampires pour le capturer afin de faire cesser ses inutiles tueries, que ses compagnons considèrent d’ailleurs comme des assassinats puisque Neville reste le seul être monstrueux dans une humanité enfin normalisée. Il lui faudra donc disparaître pour que le nouvel ordre puisse s’installer :
      " - Robert Neville, dit-elle. Le dernier représentant de la vieille race… Le visage de Neville se crispa. - Le dernier ? questionna-t-il, envahi par l’étrange sentiment d’une solitude affreuse. - Autant que nous le sachions, répondit prudemment Ruth. Lorsque vous ne serez plus, il ne restera personne de votre espèce dans notre société… particulière. Il regarda en direction de la fenêtre. -Il y a …des gens… dehors…Elle acquiesça. - Ils attendent, dit-elle. - Ma…mort? - Votre exécution. "
      Récit classique porté à l’écran par Bob Segal sous le titre "le Survivant ". Récit exemplaire qui fonde la différence entre les deux genres, fantastique et science - fiction en asseyant le mythe sur des éléments rationnels. Par une étrange inversion, Neville, le dernier homme, est le seul monstre aux yeux d’une humanité transformée. L’intrigue sans fioritures, l’approche behavioriste du personnage permet un texte tendu et une lecture aisée de ce roman toujours actuel.

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